TOUT EST DIT

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jeudi 12 décembre 2013

Elle est où, l’Europe ?

Elle est où, l’Europe ?


Mais elle est où, l'Europe ? Cette Europe dont on nous rebat les oreilles avec ses normes futiles mais qui fait si peu dans les grands moments. Que ce soit à l'occasion de la crise centrafricaine ou des manifestations en Ukraine, l'Union européenne est renvoyée à ses carences et à son imprévoyance. Et cela, en raison de l'absence de politique étrangère commune. Les quelques gesticulations ou condamnations verbales qui en tiennent lieu ne sauraient suffire. On le voit en Centrafrique où, même si le drame couvait depuis des mois, la France a dû intervenir seule et en urgence faute d'anticipation et d'implication des partenaires européens dans la constitution d'une force africaine.
On le voit encore en Ukraine où la situation intérieure se radicalise, mais où les considérables enjeux extérieurs n'ont pas été appréhendés assez tôt par les Vingt-Huit. Une chose est de condamner, au nom des libertés fondamentales, les violences policières commises par le pouvoir pro-russe, une autre est d'offrir aux Ukrainiens une solution viable à leur problème. Ce qui se passe en ce moment à Kiev dépasse la seule aspiration démocratique du peuple.
C'est un véritable bouleversement de l'équilibre géopolitique du continent qui est en jeu. L'UE a eu tort d'ouvrir ses bras aux Ukrainiens de l'Ouest en ayant les mains vides, ou presque. Elle a eu grand tort aussi de mésestimer la résistance de Vladimir Poutine, peu disposé à abandonner le berceau historique de la Russie à l'influence occidentale.
Attaché à la constitution d'une union eurasienne faisant concurrence à l'UE, Poutine a usé de l'arme du chantage pour conserver l'Ukraine dans son giron. Bruxelles n'a pas les moyens de compenser ce que coûterait aux Ukrainiens la politique de rétorsion de Moscou. Impréparée à cette rude leçon de « realpolitik », l'UE peut juste regretter d'avoir manqué de vision. Alors que les USA restreignent leur champ d'intervention, elle gagnerait à élaborer une politique étrangère commune et à négocier avec Moscou. Même si l'Europe de l'Atlantique à l'Oural reste une fiction.

Prises d’otages


La gauche française a le génie, si l’on peut dire, de démonétiser les causes les plus honorables. On s’en est aperçu ces jours derniers avec le congrès des Verts et les barnums “antiracistes”. Double ratage, double imposture. La menace d’un sac de la planète à moyenne échéance n’est pas un fantasme ; en conséquence, il n’est rien de plus opportun ni de plus urgent que de nous en prémunir. Mais après avoir été jadis l’otage du régime de Vichy (“La terre ne ment pas”), l’écologie connaît une infortune du même ordre : le gauchisme issu de Mai 68 l’a confisquée depuis quarante ans pour l’instiller à titre d’adjuvant dans son brouet idéologique.
En dérivant de Vichy au Larzac, elle s’est enlisée dans un “ordre moral” guère moins pesant que celui de Pétain. La nouvelle égérie des Verts, une certaine Emmanuelle Cosse, ancienne militante d’Act Up (« hétéro », souligne curieusement la presse), est un clone gaucho-bobo de Cécile Duflot, la ministre la plus impopulaire du gouvernement, et peut-être bien la plus sectaire en dépit de son sourire enjôleur. Cette dame incarne la double mise sous séquestre — par idéologie et par arrivisme — d’un sujet qui devrait transcender les clivages partisans et dont les Français se désintéressent, au grand dam des écolos sincères.

Même enfumage avec ces manifs soi-disant fomentées pour combattre le “racisme”. Les Français ne sont ni plus ni moins xénophobes que tout autre peuple sur la planète depuis la nuit des temps, et grâce au ciel, les racistes invétérés ne courent pas les rues. De nombreux compatriotes estiment que trop d’étrangers vivent sur notre sol et que l’on fait la part trop belle aux récriminations des minorités. Certains redoutent un fractionnement du pays en communautés ingérables par l’effet de flux migratoires incontrôlés. Rien à voir avec le racisme, pathologie universelle de la conscience identitaire quand elle se sent menacée ou brimée.
En amalgamant des craintes légitimes et des dérapages rarissimes, en feignant d’accréditer la menace bidon d’un “fascisme” introuvable et en enrôlant leurs dupes dans un simulacre de “résistance”, les socialistes et leurs alliés insultent l’histoire et jouent avec le feu. Serais-je raciste, se demande le Français lambda qui ne se voit pas manifester avec des “alternatifs” de souche stalinienne, des trotskistes du NPA, des apparatchiks du PCF ou du PS, des “associatifs” improbables ? Sans doute le suis-je, se dit-il, puisque leur puritanisme compassionnel et leur mépris de l’autochtone m’insupportent. Ainsi, le citoyen ordinaire se résigne à en dosser une appellation banalisée par le cynisme, le pharisaïsme, le sectarisme des Harlem Désir de service.
A l’aune de la gauche, l’antiracisme ne se porte que sur ses terres, c’est une chasse gardée où l’on tire à vue sur le gibier de droite. En sorte que le droitier a tendance à confondre une cause avouable et ceux qui la monopolisent aux fins de le culpabiliser. Le même réflexe l’incitera logiquement à récuser l’écologie dévoyée par la bande à Duflot, comme semblent le penser — un peu tard — Daniel Cohn-Bendit et Noël Mamère.
Par captation indue, la gauche aux abois discrédite pour longtemps le souci écologique. C’est fâcheux. Elle suscite des pulsions malsaines en embarquant l’antiracisme dans ses galères partisanes. C’est dangereux. Chacune de ses manifs attise la vindicte de citoyens exaspérés par la théâtralisation agressive de la bonne conscience, version rive gauche. La France n’est pas raciste, mais si par malheur elle le devenait, on saurait qui sont les incendiaires.

Pourquoi Giscard n’a pas été invité aux funérailles de Mandela


L’« ex » est amer : « je n’ai pas été invité », a lâché Valéry Giscard d’Estaing à nos confrères du Lab en se rendant à l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris pour signer le livre d’or. A-t-on « oublié » VGE dans ce voyage à Johannesburg de François Hollande ET Nicolas Sarkozy ?
Réponse : non. C’est faire injure à l’histoire que de considérer que Valéry Giscard d’Estaing aurait eu sa place à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, alors qu’il a présidé la France à une époque de collaboration active avec ses geôliers. De surcroît, VGE n’a jamais rencontré le premier président noir de l’Afrique du Sud après sa libération.
Durant son unique septennat, Valéry Giscard d’Estaing a poursuivi le développement d’une collaboration entre la France et le pays de l’apartheid, symbolisé par la construction, par les entreprises françaises, de la centrale nucléaire de Koeberg, près du Cap.

Des intérêts géostratégiques

Mais au-delà de l’économie, il y a aussi des intérêts géostratégiques. En 1974, au moment où VGE est élu, la « révolution des œillets » emporte la dictature Salazar au Portugal, et ouvre la voie à la décolonisation du Mozambique et de l’Angola, qui emportera toute la région dans la guerre.

En Angola, trois mouvements de libération rivaux se disputent le pouvoir : Paris et Pretoria partagent le même désir de bloquer les « marxistes » du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) soutenu par les Soviétiques et les Cubains. L’armée sud-africaine pénètre en territoire angolais par le sud, tandis que les Français, présents au Zaïre (aujourd’hui la RDC) de Mobutu Sese Seko, soutiennent activement les rebelles anticommunistes.
Le MPLA d’Agostinho Neto – toujours au pouvoir en Angola quarante ans après... – remporte cette confrontation grâce à l’intervention cubaine massive, et les Sud-Africains doivent battre en retraite.
Nous sommes en 1975. Ces événements font renaître l’espoir au sein de la population noire d’Afrique du Sud.
La première manifestation contre le régime de l’apartheid après des années de « glaciation » consécutive à l’écrasement du Congrès national africain (ANC) et l’emprisonnement de Mandela a pour slogan « viva Frelimo », le mouvement de libération qui a pris le pouvoir à Maputo, au Mozambique (et qui est présidé par... Samora Machel, dont la veuve, Graça, deviendra plus tard l’épouse de fin de vie de Nelson Mandela).
Le 16 juin 1976, les jeunes de Soweto se révoltent, et meurent par centaines sous les balles de la police, et pendant plusieurs mois, le soulèvement gagne l’ensemble du pays avec une répression féroce.

Un émissaire en Afrique du Sud

A Paris, on se demande que penser, et le ministère des Affaires étrangères envoie un émissaire en Afrique du Sud pour étudier la situation.
J’étais à l’époque au bureau de l’AFP à Johannesburg. L’ambassadeur de France m’appelle et me demande, un peu embarrassé, si je peux faciliter des contacts au sein du leadership noir pour cet émissaire, l’ambassade ne voulant pas de problème avec les autorités.
J’organise alors un dîner chez moi avec l’avocat de Nelson Mandela, et un médecin de Soweto, proche de la famille Mandela...
Au même moment, les Etats-Unis ont à leur tête Jimmy Carter, qui met la défense des droits de l’homme en tête de l’agenda, et ordonne à son ambassade en Afrique du Sud d’inviter autant de Noirs que de Blancs à ses réceptions, nomme des diplomates noirs, et multiplie les signes d’hostilité au pouvoir blanc. Cette politique ne durera pas une fois Ronald Reagan élu en 1980.
La France de Valéry Giscard d’Estaing n’a jamais osé s’engager contre le régime sud-africain. Lorsque Oliver Tambo ou Thabo Mbeki, les dirigeants de l’ANC en exil, passaient à Paris, ils étaient à peine reçus par de jeunes diplomates sans pouvoir, dont un certain... Dominique de Villepin.

Le virage de 1981

Il faudra attendre 1981 et l’élection de François Mitterrand pour que l’attitude de la France change progressivement, et que l’ANC ait officiellement droit de cité à Paris.
Voilà pourquoi VGE a été « oublié », même si, on le sait bien, l’hypocrisie n’est pas étrangère au monde de la diplomatie, surtout lors des « grands » décès.

Vidéo. Sarkozy aide Hollande à retrouver son avion

Gaffe. François Hollande en rentrant des obsèques de Nelson Mandela a semblé perdu au moment de prendre son avion. Nicolas Sarkozy, assistant à la scène, l'a aidé à trouver son avion pour retourner en France.


Il est où l'avion ? par Gentside
 Visiblement bouleversé par l'enterrement de Nelson Mandela, François Hollande a eu du mal à identifier l'avion qu'il devait prendre pour son retour à Paris. Nicolas Sarkozy, amusé par la situation, a montré du doigt l'avion, un airbus A330 que devait emprunter son successeur.