Pour démontrer notre soumission au pouvoir du petit écran, des chercheurs en psychologie ont mené un test déguisé en jeu télévisé où des candidats croient infliger des décharges électriques à un concurrent.
Pour les besoins d'un documentaire dénonçant les dérives de certains programmes télévisés, une équipe de chercheurs en psychologie sociale a réalisé une expérience grandeur nature mettant en scène un jeu d'une exceptionnelle cruauté. Des candidats, sujets de l'expérience, croient infliger des chocs électriques à leur partenaire pour les besoins du show. Objectif: démontrer notre incroyable soumission au pouvoir de la télé.Ça ressemble à un jeu télévisé. Le public applaudit et tape des pieds comme dans un jeu télévisé. L'animatrice a les dents blanches, comme dans un jeu télévisé. Mais la Zone Xtrême n'est pas un jeu télévisé. C'est une expérience scientifique de psychologie sociale, adaptée d'une célèbre étude imaginée dans les années 1960 par le chercheur américain Stanley Milgram, qui vise à démontrer la puissance de l'autorité télévisuelle. Autrement dit, la capacité de la télévision à faire obéir chacun d'entre nous à des injonctions qui vont, parfois, à l'encontre de nos valeurs, de nos émotions, de notre volonté profonde. L'enjeu est crucial: chaque Français de plus de 5 ans passe en moyenne 3h30 par jour devant le petit écran, faisant de cette activité la deuxième après le sommeil. Notre espérance de vie étant de 80 ans, nous y consacrons quatorze années entières de notre existence.
L'impressionnante machinerie télévisuelle
Réalisée et filmée pour les besoins d'un film documentaire diffusé en mars sur France 2, la Zone Xtrême met en situation des candidats candides. Vrais sujets de l'expérience, chacun de ces 80 "cobayes" représentatifs de la population française, recrutés par une société spécialisée dans les enquêtes marketing, croit participer aux répétitions d'un nouveau jeu télévisé. Il tient le rôle du questionneur. À ses côtés, Jean-Paul, un autre candidat -en réalité, un comédie- et une animatrice. Derrière lui, un public de cent personnes et toute l'impressionnante machinerie télévisuelle. Principe du jeu: Jean-Paul doit mémoriser des associations de mots. S'il se trompe, son questionneur lui administrera des chocs électriques de plus en plus violents, de 20 à 460 volts. Stupeur: la totalité des 80 candidats ont accepté de participer, donc d'administrer des décharges électriques à un inconnu pour les besoins d'un show sans enjeu (puisqu'il était entendu qu'il n'y aurait rien à gagner et qu'il ne serait pas diffusé). Pire: plus de 8 participants sur 10 ont joué jusqu'au bout, poussant la dernière manette malgré les suppliques désespérées et les hurlements de douleur de Jean-Paul. Dans leur livreL'Expérience Extrême à paraître le 4 mars, Christophe Nick, l'auteur du documentaire, et le philosophe Michel Eltchaninoff racontent les coulisses de cette étude et décryptent les conclusions des chercheurs.
jeudi 25 février 2010
Comment la télé nous manipule
Un président qui préfère dormir dans les avions
C'est la troisième fois depuis son élection à la présidence de la République que Nicolas Sarkozy se rend à Libreville (Gabon) ; la troisième fois, aussi, qu'il n'y dort pas, au grand dam de ses hôtes... En juillet 2007, déjà, Omar Bongo Ondimba, père de l'actuel président, avait pourtant exprimé publiquement sa déception que Nicolas Sarkozy ne lui fasse pas l'honneur de coucher sur place. Cette fois, le chef de l'État avait prévu de sacrifier à la tradition. N'était sa virée éclair à Bamako, qui s'est décidée très tardivement, il aurait passé la nuit de mercredi à jeudi à l'hôtel Méridien de Libreville. Las, non seulement il n'a pu faire ce plaisir à ses hôtes, mais, en plus, ces derniers ont été priés d'avancer d'une heure le dîner officiel, afin que Sarkozy puisse prendre congé dès 21 heures et s'envoler pour le Mali, où il devait rencontrer l'ex-otage Pierre Camatte .
Prévenus in extremis, les 400 invités du dîner de gala donné dans le palais présidentiel du bord de mer oscillaient entre surprise et désappointement. ''En fait, votre président préfère dormir dans les avions'', relevait une notable, parée d'une robe de mousseline violette fendue jusqu'à mi-cuisse. C'est à ce moment-là que Nicolas Sarkozy prit la parole pour porter un toast à ''l'amitié privilégiée'' entre la France et le Gabon. Haussement d'épaules de notre interlocutrice : ''La bonne nouvelle, c'est que pour se faire pardonner, il sera obligé de revenir...''
ETAT CIVIL - Vous êtes français, prouvez-le !
La prudence extrême dont fait preuve l'administration lorsqu'il s'agit de délivrer des documents d'identité était devenu un véritable casse-tête pour les Français nés à l'étranger ou issus de parents nés à l'étranger. Face à cette situation, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, met en garde son administration contre l'excès de vigilance et assouplit les procédures
"Toute personne qui présente une carte d’identité plastifiée ou un passeport électronique ou biométrique, n’a aucun autre justificatif à fournir pour attester de sa nationalité" ont annoncé à l'unisson Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, et Michèle Alliot Marie, la ministre de la Justice. Le Conseil d’Etat sera d’ailleurs saisi d’un projet de décret dans les tout prochains jours.
Ouf ! Voilà qui devrait rassurer bon nombre de Français nés à l’étranger pour qui prouver leur nationalité française était devenu un vrai parcours du combattant !
Pas moins de 19.000 refus ont été enregistrés en 2008. Ces refus ne sont ni des réponses à des premières délivrances ou à des documents perdus, ou des usurpations d’identité, mais de simples demandes de renouvellement de carte d’identité ou de passeports de Français… nés à l’étranger. Il fallait alors que ces Français prouvent leur nationalité souvent dans un climat de vexation, d’humiliation et parfois de traumatisme. "Débrouillez-vous" a-t-on dit à Mme Ciprut quand elle tentait d'expliquer à l'administration que ses parents, étant juifs, avaient perdu tous leurs papiers pendant la seconde guerre mondiale.
Excès de zèle et de vigilance !
Les témoignages de Français devant faire face à des situations ubuesques sont innombrables. "Je suis français, né en France à Lorient. Pour effectuer une nouvelle demande de carte d’identité, je dois prouver que je suis français parce que mon père comme ma mère, nés tous deux français, de parents italiens naturalisés français, sont nés en Tunisie, et plus précisément parce que la Tunisie était seulement sous “protectorat” français. Est-ce que ce n’est pas aberrant et scandaleux ? Est-ce que la France n’est pas devenue schizophrène ?" s'indigne un internaute. Difficile en effet de se voir exclu d'un pays quand on est persuadé d'y appartenir. Si ces difficultés ont été essuyées par des Français lambda, des patronymes plus connus du grand public, comme la famille de Martin Hirsch, ont aussi été refoulés. La journaliste Anne Sinclair relate dans son blog qu'elle a dû fournir la preuve de sa nationalité sur trois générations : "Aujourd'hui, la République française a besoin de s'assurer doublement que je n'usurpe pas ma nationalité. Ce ne sont pas que des tracasseries bureaucratiques. C'est un état d'esprit qui fait du mal à l'identité de la France".
Ces misères républicaines ont été relayées par des sénateurs de droite comme de gauche mais aussi par les médias ; l’émission radiophonique, le Téléphone Sonne du 12 février lui était consacrée. Tout cela a fait monter la pression. Interrogé sur les ondes France Inter, Patrick Weil, auteur de Liberté, Egalité, Discrimination explique qu’il existe un décalage entre les instructions, discours, circulaires et l’application de la loi sur le terrain. Il y a aussi des habitudes de travail qui sont très, très éloignées des textes législatifs surtout dans certains arrondissements ou départements qualifiés de difficiles comme le 93. Bref, il y aurait un manque d’homogénéité dans le traitement mettant à mal le principe d’égalité.
Point trop n'en faut
Avec le décret visant à simplifier les règles de renouvellement des papiers d'identité pour les Français nés à l'étranger, les tracasseries devraient diminuer. Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux a demandé à ses préfets de réunir les personnels concernés et de les mettre en garde contre un excès de vigilance ! Même Jean-François Copé a promis de voler au secours des Français en mal de papiers : toute personne rencontrant des "problèmes avec l'administration française pour des comportements tatillons est invitée à s'adresser à nous (députés UMP) et nous nous adresserons directement aux préfets des départements de résidence pour qu'ils traitent directement les problèmes concernés" a annoncé le patron des députés UMP. A bon entendeur!
Sylvie Forder et Marie-Pierre Parlange
Georges Frêche: The Le Pen of the left
His big mouth threatens to create a new schism among the ever-squabbling French Socialists
Georges Frêche, 71, is living proof that French Socialists do not have to be dull. Three years after being thrown out of the party for making racist remarks, he has provoked a blistering quarrel which threatens to split France's main opposition party, not on ideological lines, but between Paris and the provinces, North v South.
Mr Frêche, president of Languedoc-Roussillon, has been called the "Le Pen of the left". He is a virulently pro-Israeli politician who makes seemingly anti-Semitic remarks. He is a pro-business ex-Maoist who attacks the "anti-market" tendencies of the French Socialist Party but wants to erect a statue of Lenin in his home city of Montpellier.
As a young man, he fought the police on the streets of France in the cause of Algerian independence. He has since become a political Godfather of the expelled white Algerian ex-colonists or "Pieds-Noirs".
He is a university professor and expert on Roman law who likes to present himself – and talk – like a grumpy old man drinking a pastis on a shaded bar terrace in the South of France. He is also given credit, in his 27 years as Mayor of Montpellier, up to 2004, for developing the city into one of the most attractive and commercially thriving in France.
Outside his home region of Languedoc-Roussillon, stretching along the Mediterranean coast from the Rhône delta to Spain, Mr Frêche is a figure of fun or hatred or incomprehension. Within his region, he remains the dominant political figure and odds-on favourite to be re-elected regional president at the head of a rag-tag, centre-left coalition next month.
That coalition contains almost all the local chieftains of the Parti Socialiste (PS), despite the fact that the national party expelled Mr Frêche in 2007 for suggesting, inter alia, that there were too many black faces in the France football team. On Tuesday night, the national bureau of the Socialist Party, meeting in Paris, expelled all these local party dignitaries – 59 in all. They include the secretaries (bosses) of all five local Socialist Party branches in the region; two presidents of départment (county) councils; a senator and a score of mayors. In other words, almost all the leaders of one of the strongest Socialist regions in France have been kicked out of the Socialist Party – temporarily at least – for supporting Mr Frêche.
The family argument could not come at a worse time for the Parti Socialists and its national leader, Martine Aubry. The main French centre-left party seemed to have begun to lay aside its perennial internal struggles. It could, with its allies, sweep the board, and deeply embarrass President Nicolas Sarkozy, in the regional elections on 14 and 21 March. Sweep the board, that is, in all 21 regions of metropolitan France, save Mr Frêche's Languedoc-Roussillon.
Originally, the Socialist Party, at national level, had agreed reluctantly to back Mr Frêche's centre-left coalition, or "list". Last month, Mr Frêche once again outraged the leadership of the national party – and many other people in France – by making what appeared to be an anti-Semitic remark about the former Socialist prime minister, Laurent Fabius.
Mr Fabius is from a Catholic family of Jewish origin. After he had criticised Mr Frêche during a radio interview, the president of Languedoc-Roussillon retaliated by saying that the former prime minister had a "tronche pas très Catholique" – literally a "not very Catholic mug or hooter".
This may seem a trivial insult. Mr Frêche says that it was a version of a well-known phrase in the French south, "pas très Catholique", meaning not entirely straightforward. This is disingenuous. By referring to the "tronche", the face or nose, of Mr Fabius, Mr Frêche was indulging in just the kind of insidious, nudge-nudge anti-Semitism which still thrives in bourgeois, Catholic France, north and south.
This was far from Mr Frêche's first lapse. He has been accused of making anti-Semitic remarks before, despite being a strong supporter of Israel. He once referred to two ex-"Harkis" – Algerians who fought on the French side in the colonial civil war – as "sub-humans". In 2007, he repeated a complaint once voiced by the far-right leader, Jean-Marie Le Pen, that there were too many black players on the France football team.
Both supporters and enemies of Mr Frêche in Languedoc say that creative inconsistency – being left-wing in his policies and right-wing in his language – is the secret of his political longevity. There is anti-Paris feeling in all French provinces but none more so than Languedoc. Mr Frêche has skilfully exploited this resentment over the years. His status as a martyr for southern plain-speaking against Parisian political correctness has brought him many votes from the centre and further right.
In a book published this week – with quite coincidental timing of course – Mr Frêche attacked what he sees as the sterile moralising of the national leadership of the PS. "The party has erected itself into a vehicle for universal values: anti-bigot, anti-alcoholic, anti-smoking, anti-racist, pro-homosexual, pro-black, pro-white, pro-yellow, pro-red, pro-Jewish, pro-Muslim, pro-orthodox, pro-Japanese, pro-garden gnome, anti-pitbull, anti-unhappiness, anti-anger, anti-vulgar..."
"I am from the South and I will stay a man of the South... My angry tone of voice, and my accent itself, get up the nose of [the Parisians] but I don't give a stuff. I have other business to take care of."
Mr Frêche also accused "little" Martine Aubry of attacking him to promote her own hopes of becoming the Socialist presidential candidate in 2012. Ms Aubry, who was elected national party leader in a disputed (and rather doubtful) poll a year ago, has been left in a very difficult position. She decided three weeks ago to put her increasing authority on the line and order all Socialists in Mr Frêche's campaign to switch to a hastily organised official Socialist "list". Almost all of them refused. Opinion polls show Mr Frêche's list far ahead of the pack and the official Socialist list trailing in seventh place.
On Tuesday night, the national bureau of the Parti Socialiste reluctantly agreed to support Ms Aubry – and its own rules – and hurl its disobedient southern chieftains into outer darkness for at least two years. It was announced, however, that the party would investigate, or reconsider, the whole affair once the elections are over.
A judgement of Solomon? That was the intention but ex-Socialists in Languedoc were still spitting blood at the national leadership and threatening counter legal action yesterday.
The wit and wisdom of the Languedoc man
On football
"In this team [the France football team], there are nine blacks out of 11. The normal would be three or four. That would reflect our society. I'm ashamed of this country. Soon, there will be 11 blacks. When I see some football teams, it upsets me."
On colonialism
Replying to two Harkis (Algerians who fought on the French side in the 1950s and 1960s colonial war) who heckled him: "They massacred your people in Algeria and you are going to lick their boots. You are nothing. You are sub-humans. Nothing at all."
On the electorate
"I have always been elected by a majority of cons [arseholes] and that is not going to change."
On Laurent Fabius
"If I was in upper Normandy, I don't know if I would vote for Fabius. I would have to think about it. This bloke worries me. He has a not very Catholic hooter [tronche]."
On Toulouse
"I should really stand for election in Toulouse. When I was a student in that city, I screwed 40 per cent of the women."