L'ancien Premier ministre socialiste affirme que "priorité sera donnée à l'unité" lors de la désignation du candidat à la présidentielle de 2012.
L'ex-Premier ministre Laurent Fabius se dit convaincu que le PS ne retombera pas dans les divisions lors de la désignation de son candidat pour 2012 et confirme l'existence d'un pacte tacite de non-agression avec Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn "et d'autres dirigeants".
"Nous avons été tellement douchés par les divisions passées que nous ne retomberons pas dans ce travers", assure le leader socialiste dans un entretien au Monde daté de samedi 28 août.
"Cela se passera bien"
Interrogé sur l'existence d'un pacte entre lui-même, Martine Aubry et Dominique Strauss-Khan, le député de Seine-Maritime explique vouloir, "avec Martine, Dominique et d'autres dirigeants gagner la présidentielle, non pas faire un tour de piste".
"Sans avoir besoin de document écrit déposé chez notaire, nous partageons depuis plus de deux ans une cohérence politique et une concertation des intelligences. Nous savons toute l'importance de l'unité. Dans ce contexte, nous n'allons pas, tels les héros d'Homère, nous défier les uns les autres. J'ai donc le savoureux regret de dire à nos adversaires que cela se passera bien", dit Laurent Fabius.
Pour lui, cette entente préalable n'entre pas en contradiction avec l'idée de primaires car "il y aura sans doute d'autres candidats, des discussions, des débats". "Mais, insiste-t-il, en ce qui nous concerne, d'entrée de jeu, priorité sera donnée à l'unité".
vendredi 27 août 2010
Le PS ne retombera pas dans les divisions, selon Fabius
Chirac: coupable arrangement
envoyé par LEXPRESS. - L'info video en direct.
La nouvelle arme de l'ONU contre les pirates : Jack Lang
Décidément infatigable, Jack Lang, qui aura 71 ans le 2 septembre, a été nommé, jeudi, conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour les questions juridiques liées à la piraterie au large de la Somalie. Il avait été un temps question, l'an dernier, que le député du Pas-de-Calais fût nommé ambassadeur de France à l'ONU, mais cette idée avait fait long feu, soit qu'elle ait finalement été abandonnée par Nicolas Sarkozy, soit que l'intéressé ne l'ait pas trouvée suffisamment intéressante. Par la suite, le président de la République l'avait choisi comme émissaire spécial successivement à Cuba, puis en Corée du Nord.
Pour expliquer la nomination de Jack Lang, le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky a mis en avant les compétences du député français en droit international. De fait, ce socialiste s'était d'abord fait connaître comme un juriste éminent, agrégé de droit public et professeur de droit international. L'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand sera chargé "d'identifier de nouvelles mesures pouvant être prises pour aider les États, notamment ceux de la région, à poursuivre en justice et incarcérer les personnes qui se livrent à la piraterie." Le porte-parole a ajouté que Jack Lang devra "étudier dans quelle mesure les États de la région sont prêts à accueillir sur leur sol d'éventuels nouveaux mécanismes judiciaires dont la création a été envisagée par M. Ban dans son dernier rapport." Dans ce texte, publié le 20 août, le secrétaire général de l'ONU propose les options suivantes :
- Consolidation de l'aide de l'ONU pour renforcer les capacités des États de la région en matière de poursuite et d'incarcération des personnes responsables d'actes de piraterie et de vols à main armée au large des côtes somaliennes.
- Mise en place d'un tribunal somalien siégeant sur le territoire d'un État tiers de la région, avec ou sans la participation de l'ONU.
- Mise en place d'une chambre spéciale relevant de la juridiction d'un ou de plusieurs États de la région, sans participation de l'ONU.
- Mise en place d'une chambre spéciale relevant de la juridiction d'un ou de plusieurs États de la région, avec la participation de l'ONU.
- Création d'un tribunal régional sur la base d'un accord multilatéral entre États de la région, avec la participation de l'ONU.
- Création d'un tribunal international sur la base d'un accord entre un État de la région et l'ONU.
- Mise en place d'un tribunal international par une résolution du Conseil de sécurité en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, dans sa résolution 1918 d'avril 2010, avait appelé l'ensemble des États à criminaliser la piraterie et à durcir les lois destinées à juger et emprisonner les pirates interpellés au large des côtes somaliennes.
Lors d'une réunion sur la piraterie mercredi, le Conseil a pris acte de ces propositions, sans choisir entre elles, et s'est félicité de la création du poste de M. Lang.
L'ambassadrice américaine Susan Rice, qui représente les États-Unis à l'ONU, a adoubé le nouveau représentant spécial, dans un communiqué diffusé jeudi, dans lequel elle dit "se réjouir de collaborer étroitement avec lui et de pouvoir coordonner nos efforts"
Jack Lang a indiqué, de son côté, qu'il travaillerait en étroite coopération avec le Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes somaliennes.
Il a ajouté au micro d'Europe 1 : "Je ne suis pas un spécialiste de la piraterie. Mais je suis un spécialiste du droit de la mer." Dans un grand livre d'entretien biographique (Demain comme hier, Entretiens avec Jean-Michel Helvig, Fayard) publié l'an dernier, Jack Lang n'aborde nullement cette "spécialité", le droit maritime ne semblant pas appartenir aux centres d'intérêt qu'il souhaitait alors mettre en avant. Aujourd'hui, l'élu socialiste détaille sa vision. Selon lui, il convient d'"essayer d'imaginer des solutions juridiques pratiques qui permettent d'être beaucoup plus efficaces dans la poursuite, l'arrestation et le jugement des pirates (...). La piraterie est un symptôme. Il faut s'attaquer à la source même de la piraterie, la pauvreté, l'instabilité, la présence de plus en plus importante d'Al-Qaeda au sud de la Somalie."
Laurent Fabius : "L'insécurité est la rente viagère de Nicolas Sarkozy"
Une méthode pour gagner en 2012. C'est ce que livre Laurent Fabius dans un entretien au Monde – dont voici quelques extraits –, à l'ouverture de l'université d'été du PS à La Rochelle. L'ancien premier ministre définit son rôle comme "sage, actif et unitaire". Il qualifie la politique de M. Sarkozy de "gesticulatoire", en démonte les ressorts et appelle à définir un projet fondé sur "le triptyque effort- progrès-justice".
L'Eglise s'est indignée, Martine Aubry n'aurait-elle pas dû s'exprimer plus tôt sur l'offensive sécuritaire de M Sarkozy ?
Evitons d'appeler "sécuritaire" cette action. Pour 90 % des Français, ce terme signifie "qui apporte de la sécurité". Or, depuis 2002 où il a choisi d'en faire son thème central avec une pléthore de lois et de discours scénarisés, M. Sarkozy n'a pas apporté de progrès en matière de sécurité.
Au contraire, l'insécurité est, politiquement, sa rente viagère. Ce n'est donc pas une politique "sécuritaire", c'est une politique incendiaire. Au lieu d'agir efficacement, les ministres polémiquent et s'en prennent systématiquement aux autres : aux maires, aux étrangers, à la crise, aux bien-pensants, à Saint-Germain des Près. Ne manque plus dans leurs propos que Léon Blum et sa vaisselle d'or.
Pourquoi la gauche continue-t'elle à souffrir d'un déficit de crédibilité sur cette question de la sécurité ?
Parce que ces gesticulations électoralistes ne sont pas sans effets. Elles ont enfoncé chez beaucoup l'idée fausse que la gauche était du côté des délinquants et pas des victimes. L'imbécillité d'une telle imputation la dispute à la mauvaise foi (...).
Comment inverser l'opinion ?
En démontant les mécanismes et en contre-proposant. La gesticulation sarkozyste, c'est à la fois une aptitude, une habitude et une habileté. Comme un joueur de casino qui double la mise pour se refaire, M. Sarkozy veut aller toujours plus loin dans les fausses promesses, en espérant qu'on oubliera les vrais résultats. La gauche doit déconstruire ce système et assortir ses critiques légitimes de propositions sérieuses. C'est toute la question de notre projet, qui doit reposer sur le triangle fondamental : effort-progrès-justice.
Existe-t-il vraiment un pacte entre Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et vous ?
Avec Martine, Dominique et d'autres dirigeants, nous voulons gagner la présidentielle, non pas faire un tour de piste. Sans avoir besoin de document écrit déposé chez notaire, nous partageons depuis plus de deux ans une cohérence politique et une concertation des intelligences. Nous savons toute l'importance de l'unité. Dans ce contexte, nous n'allons pas, tels les héros d'Homère, nous défier les uns les autres. J'ai donc le savoureux regret de dire à nos adversaires que cela se passera bien.
Propos recueillis par Françoise Fressoz et par Sophie Landrin
Qui veut voyager loin? Ménage ses pointures. Plus qu'une question de personne ou de charisme et plus encore que les sondages, le choix du candidat socialiste à la présidentielle devra être dicté par le contexte politique. Et de grâce ne sortons pas nos boules de cristal pour décrypter au-delà du raisonnable les failles de La Rochelle, cette rentrée PS trop habituelle pour avoir grand intérêt. Il ne s'agit que d'un rituel du calendrier socialiste aoûtien qui, comme souvent, s'accompagne d'une littérature dont l'originalité est inversement proportionnelle aux gorges chaudes que l'on en fait. La meilleure des tactiques pour le PS sera celle qui, au moment opportun, fera coïncider l'impétrant et son programme.
La stratégie socialiste n'est certainement pas arrêtée. Si elle l'était elle donnerait l'impression dévastatrice que les primaires ne sont qu'un amuse gogo. Reste que le PS devra trancher entre deux alternatives prévisibles qui lui imposent la patience et la vigilance face aux sirènes des opinions favorables. Les candidats les mieux placés dans les sondages dix-huit mois à l'avance ne sont que rarement les vainqueurs de la lutte majeure. D'autant que le climat social et les propositions que doit faire la gauche, si elle veut marquer sa différence avec les méthodes des sortants, joueront un rôle déterminant.
Si les chances de victoire passent pour le PS par un fort rassemblement pour éviter la dispersion des voix de la gauche, ce qui supposerait qu'elle soit raisonnable, alors, dans la logique des primaires, le candidat socialiste sera Martine Aubry ou peut-être François Hollande de plus en plus dans la course.
Si, par contre, l'éparpillement de la gauche et le taillage de croupières habituels font courir au parti socialiste le risque de la jospinisation, il doit alors choisir DSK, qui mieux que les autres peut élargir l'électorat PS vers le centre. Sa limite c'est qu'il risque de perdre à gauche ce qu'il gagnera de centristes. Avec une sagesse qui n'a pas toujours été leur principale caractéristique, les socialistes attendent le meilleur moment et ne se grillent pas dans des combats sans intérêt pour 2012. Il sera temps quand sera lancée la campagne de parler d'économie, de social et de sécurité.
DANIEL RUIZ
Sur le dépliant de la colonie de vacances estivale des socialistes, rien que du fun. Et quelle météo ! Des soleils partout sur les cartes de la presse politique qui contrastent avec les nuages noirs sur Nicolas Sarkozy donné largement battu en 2012 par un sondage publié cette semaine (61 % des Français ne souhaiteraient pas qu'il se représente), les orages sur un ministre du travail empêtré dans les affaires, et une pluie de critiques sur le gouvernement touché par les grêlons d'une polémique qu'il a lui-même déclenchée.
Ah, les délices de l'opposition sans l'acidité des responsabilités du pouvoir ! C'est la première fois depuis longtemps, et la dernière avant longtemps, que le PS pourra profiter de ces rituelles journées d'été avec une certaine légèreté. Il pourra se contenter de ne faire que du positif. Parler social, les yeux vers le ciel, en passant bien au large du piège sécuritaire tendu par le pouvoir. Et puis penser, réfléchir gravement à « La vie qu'on veut », le programme-ligne d'horizon absolument sans danger de ce rassemblement atlantique. On pourra même s'embrasser sans serrer son poignard dans la poche. Et sans hyprocrisie. Enfin, presque... C'est que la compétition interne n'a pas encore commencé. Chacun peut encore croire qu'il sera le champion des siens et entonner, bras dessus, bras dessous avec les six ou sept autres prétendant(e)s, ce refrain, façon chant de marin : non, non, non, il n'y aura pas de « bal des ego ». L'an prochain, dans le vent mordant des primaires, le couplet, à coup sûr, sera moins sautillant.
Le PS veut avaler encore un peu d'oxygène avant de plonger dans les remous de cette année 2010-2011 pré-présidentielle plus périlleuse pour lui qu'il n'y paraît. Il en ressent déjà la pression. L'annonce de Martine Aubry sur sa probable candidature, les interrogations sur un DSK superfavori mais absent, et les menaces à peine voilées d'une Ségolène Royal distancée mais qui n'a pas renoncé à jouer perso (sans 2012 pourrait-elle seulement exister ?) sont autant d'incertitudes inquiétantes.
La perspective d'une victoire aiguise les appétits, pas encore les imaginations. Les socialistes, ils le savent, sont attendus à la balise des propositions. Les Français ne comprendraient pas qu'ils se contentent de hisser un pavillon de gauche conservateur ou de brasser une eau tiède mélangeant toutes leurs contradictions, comme ils l'ont fait sur le dossier des retraites. Sont-ils capables de conjuguer le verbe qu'ils ont tant utilisé : changer ?
Quand le climat s'assombrit de mauvaises nouvelles climatiques, sociales et politiques, pourquoi ne pas retrouver l'usage de quelques mots forts qui peuvent donner du coeur au ventre ? Il en est un qui a fait ses preuves historiques, morales et civiques : le courage.
Mot bien dédaigné et oublié. On ne l'apprend guère à l'école, et pas si souvent dans les familles. Seul le petit monde (si mal reconnu, si mal aidé, si mal sollicité) des associés et des militants, des bénévoles et des volontaires, des lutteurs isolés et désespérés tente de lui donner du sens. Et pourtant, comme son retour pourrait ragaillardir notre démocratie !
C'est en tout cas ce qu'une philosophe, Cynthia Fleury, qui avait naguère exploré Les pathologies de la démocratie, vient de rappeler très opportunément dans son nouvel ouvrage, La fin du courage (1). Pour surmonter le désarroi et la déprime. Pour cesser de nous complaire dans la mélancolie, le narcissisme ou le repli et refuser la démission, la capitulation, l'impuissance et, finalement, la décadence. Pour combattre « l'entropie démocratique », cette perte en ligne d'énergie civique et morale, déjà signalée au XIXe siècle par Tocqueville, qui nous empêche de voir notre « intérêt bien entendu ».
Pour retendre le ressort collectif et réarmer l'individu, réinventons donc « une éthique du courage ». Ayons « la volonté de ne pas laisser la dégénérescence l'emporter si facilement ». Parce que « désespérer, c'est déserter », comme disait déjà Victor Hugo en défiant Napoléon le Petit.
L'injonction vaut d'abord pour nos dirigeants, souvent prêts à confondre le vrai et le faux, feignant de briser les tabous, mais si prompts à stigmatiser et à désunir quand il faudrait rameuter au nom du droit, de la justice et même ¯ autres vieux mots oubliés ¯ de la raison, de l'intelligence et de la vertu. Ah ! Nos politiques si soucieux d'abord de ne pas déplaire, si soumis à l'opinion et aux sondages...
Le manque de courage, c'est aussi le refus de l'initiative, les élites qui oublient le peuple, les petits malins qui ne rêvent qu'au profit immédiat, ceux qui cultivent une passivité désarmante, se crispent sur les avantages et les « modèles » acquis. Sans oublier les individus décomplexés, qui n'ont rien à faire du collectif et préfèrent faire joujou entre eux mais sur écrans. Nos médias aussi entretiennent la couardise et le cynisme, quand ils confondent le spectacle et l'information, l'image et le réel.
Pourtant, prenons-y garde, le découragement galopant menace la démocratie. Seul l'acte courageux, individuel et collectif, redresse la chute, change la fuite en assaut, jugule l'égoïsme, ouvre aux autres vertus. Seul le courage peut unir la morale et la politique. Seul, il prend le risque de dire une vérité mais aussi nous fait accepter de l'entendre et de la laisser circuler entre nous tous, même si elle déroute ou blesse. Bref, le courage anime la démocratie. Malraux avait raison dans L'Espoir : « Le courage est une chose qui s'organise, qui vit et qui meurt, qu'il faut entretenir comme les fusils. »
(1) La fin du courage, Fayard, 204 p., 14 €.
(*) Historien.
L'homme le plus seul de la planète
Il est isolé au coeur de la forêt amazonienne depuis des années. Pour combien de temps encore?
L'homme le plus isolé de la planète passe toutes ses nuits dans une hutte recouverte de feuilles de palmier dans la partie brésilienne de l'Amazonie. Les insectes sont partout, les singes-araignées patrouillent à la cime des arbres, les cochons sauvages explorent les sous-bois. Et cet homme restera à jamais un détail anonyme du paysage, camouflé à en devenir quasiment invisible. Cette description ne s'appuie que sur des hypothèses invérifiables, mais elle ne doit pas tellement s'éloigner de la réalité. L'isolation de cet homme est tellement extrême et dure depuis tellement longtemps qu'un journaliste ne prend pas de véritable risque à le dépeindre en train de vivre en silence un moment de solitude totale.
Cet homme est un Indien dont les autorités brésiliennes ont conclu qu'il était le dernier survivant d'une tribu qui n'a jamais eu le moindre contact avec le monde extérieur. Ils ont pris connaissance de l'existence de cet homme il y a une quinzaine d'années, et ont lancé pendant dix ans de nombreuses expéditions à sa recherche, afin d'assurer sa sécurité et établir un contact pacifique. En 2007, l'élevage et l'exploitation forestière se rapprochant dangeureusement de son lieu d'habitation, le gouvernement a déclaré propriété privée la zone de 50km² qui entoure sa hutte.
C'est censé être une zone sûre, et il s'y trouve toujours. Seul.
L'histoire offre peu d'exemples de gens qui peuvent rivaliser avec la solitude de cet Indien. C'est peut-être celle qu'on appelait «The Lone Woman of San Nicolas» (Ndt: la femme solitaire de San Nicolas) qui s'en rapprocherait le plus. Une Indienne aperçue pour la première fois en 1853 par un chasseur de loutres, et qui vivait seule sur une île proche de la côte californienne. Les prêtres catholiques qui envoyèrent un bateau pour la ramener ont pu établir qu'elle était la dernière survivante de sa tribu, décimée 18 ans auparavant. Mais les détails de sa survie n'étaient pas plus étoffés que ça. Elle mourut quelques semaines après son «sauvetage».
Nul doute qu'au cours de l'histoire, d'autres survivants de ce genre sont morts dans l'indifférence générale. Mais ce qui fait de cet homme au Brésil un cas unique ce n'est pas le degré extrême de son isolement, ni le fait que le gouvernement est au courant de son existence, mais plutôt la réaction de ce dernier.
Nos sociétés modernes ont toujours assimilé et décidé du sort des populations autochtones, quelles qu'elles soient. Mais le Brésil est en plein milieu d'une expérience: si un contact pacifique est établi avec cet Indien solitaire, c'est qu'il en aura lui-même décidé ainsi. Le gouvernement a appelé ça la «Politique de non-contact». Après des années de tentatives aux conséquences souvent tragiques d'intégrer dans la vie moderne ces populations qui vivent encore dans les régions les plus sauvages de la planète, cette décision est un pas dans une direction totalement différente. Et c'est le cas complexe de cet Indien qui va permettre de la tester.
Quelques habitants avaient déjà entendu parler de cet homme solitaire en 1996, lorsque les bûcherons du Rondônia, un état situé au nord-ouest du pays, ont commencé à faire circuler une rumeur: un sauvage vivrait dans la forêt, et il serait apparemment seul. Les agents de terrain du gouvernement brésilien spécialistes des tribus isolés ont rapidement trouvé une de ses huttes –un minuscule abri de chaume avec un mystérieux trou creusé au milieu. En poursuivant leurs recherches, ils ont découvert que l'homme était en fuite, et qu'il allait de cabane en cabane, les abandonnant à mesure que les bûcherons –et les agents du gouvernement– se rapprochaient. Aucune tribu connue ne vivait comme lui, creusant des trous rectangulaires de plus d'un mètre cinquante de profondeur au mileu des huttes sans but apparent. Il ne semblait être le survivant d'aucune tribu répertoriée.
Les agents ont fini par le retrouver; il ne portait aucun vêtement, avait dans les 35 ans (il a aujourd'hui un peu moins de 50 ans) et ne se séparait jamais de son arc et de ses flèches. Ces rencontres se soldaient toujours par un échec, situation frustrante et parfois même tragique puisqu'une fois, l'Indien a délivré un message clair à un agent qui poussait trop loin les tentatives de contact, sous la forme d'une flèche dans la poitrine.
Les contacts de ce genre se sont toujours révélés compliqués, mais ces rencontres ont permis aux agents d'établir le profil de cette homme au passé tragique. Lors d'une opération de débroussaillage, on a retrouvé les ruines de plusieurs huttes détruites par des bulldozers (14 en tout), avec dans chacune d'elle le même trou rectangulaire que l'Indien solitaire avait creusé dans ses abris. Les autorités en ont alors conclu qu'il s'agissait du site de son village, détruit en 1996 par d'avides propriétaires terriens.
Ces affrontements ne sont par rares: la constitution brésilienne de 1988 garantissant aux Indiens la propriété des terres traditionnellement occupées par leur tribu, cela a poussé les colons à chasser hors des terres convoitées des tribus qui n'avaient jamais eu de contact avec le monde extérieur. Quelques mois avant de commencer la traque de l'Indien solitaire, des agents avaient réussi à établir un premier contact pacifique avec deux tribus vivant dans la même région. L'une d'entre elles, les Akuntsu, ne comptait plus que 6 membres. Tous les autres, expliqua le chef, avaient été tués lors d'un raid par des hommes armés de pistolets et de tronçonneuses.
Aujourd'hui, si vous vous rendez dans le Rondônia, tous les propriétaires terriens locaux nieront avoir connaissance de ces massacres. Mais beaucoup d'entre eux n'ont pas peur d'exprimer leur mépris vis-à-vis de la création de réserves pour ces minuscules tribus. Ils vous diront qu'il est absurde de protéger 50km² de terre pour la bénéfice d'un seul homme, alors qu'un gros ranch pourrait produire de la nourriture pour des milliers de gens.
Un argument de moins en moins valide, en partie à cause de ces milliers de mètres carrés de forêt amazonienne nettoyés mais désespérément vides et laissés à l'abandon. Le seul modèle économique dans lequel l'augmentation de la production dépend de façon vitale d'un nettoyage accru est strictement local. La question du profit –défrichage contre préservation– ne concerne que deux personnes: l'industriel et l'Indien.
Les agents du gouvernement le savent, c'est pour cette raison qu'ils considèrent la protection de cet homme comme une question de droit humain, et non d'économie.
Il se nourrit principalement de gibier sauvage, qu'il chasse avec son arc ou piège dans des trous hérissés de pointes. Il a planté quelques cultures autour des ses huttes, du maïs et du manioc entre autres, et recueille souvent le miel des ruches que les abeilles sans dard installent dans le tronc de certains arbres. Certaines marques laissées sur les arbres portent à croire que cet Indien a une vie spirituelle, ce qui selon les experts pourrait l'aider à surmonter la détresse psychologique qu'il y a à se retrouver, d'une certaine manière, le dernier homme sur terre.
Mais combien de temps peut encore durer cet isolement? Avec Facebook je sais ce que des gens qui habitent à l'autre bout de la planète ont mangé au petit-déjeuner, entreprises et gouvernement sont plus que jamais à la recherche de ressources monnayables; comment se fait-il que personne n'ait encore éliminé cet homme? En 2010, peut-on vraiment vivre en-dehors du système?
Certains Brésiliens estiment que c'est la rapidité du progrès technologique lui-même qui protège cet Indien au lieu de le menacer. Les agents qui étudient son cas depuis 1996 pensent que plus l'histoire de cet homme complètement isolé se propage –et rien n'est plus facile de nos jours– moins il aura à craindre ces raids anonymes organisés par les propriétaires locaux et qui ont déjà décimé des dizaines de tribus par le passé. Des technologies telles que Google Earth et d'autres programmes de cartographie peuvent aider à surveiller les frontières de son territoire. Au lieu de lancer des expéditions intrusives pour s'assurer de la sécurité des tribus indiennes, les autorités brésiliennes ont annoncé qu'ils allaient tenter une expériences avec des capteurs de chaleur installés sur des avions qui voleraient assez haut pour ne pas perturber ces populations.
La première fois que j'ai entendu parler de cet Indien solitaire, c'était il y a cinq ans, alors que je travaillais comme correspondant pour le Washington Post en Amérique du sud, et que j'interviewais quelqu'un qui dirigeait un organisme du gouvernement fédéral brésilien pour la protection des tribus isolées de l'Amazonie. Il a mentionné cet homme en aparté, me racontant la dernière tentative de forcer le contact avec lui, cette expédition où un agent s'est pris une flèche dans la poitrine.
J'avais dessiné une grosse étoile et trois points d'exclamation dans la marge de mon carnet alors qu'il changeait de sujet. Ces rappels, pour ne pas que j'oublie d'y revenir, étaient parfaitement inutiles, puisque je ne pensais à rien d'autre que cet homme solitaire et toutes ces tentatives téméraires d'établir le contact.
Aujourd'hui, ce qui occupe mes pensées est un brin différent: toujours cet homme solitaire, et la retenue sans précédent dont font preuve les agents pour ne pas que l'histoire se répète.
Monte Reel. Il est l'auteur du livre: The Last of the Tribe: The Epic Quest To Save a Lone Man in the Amazon (Le dernier de la tribu: Une aventure épique pour sauver l'homme seul de l'Amazonie).
Traduit par Nora Bouazzouni
Sortie de crise pour les hôtels parisiens Avec 36 millions de nuitées estivales, les hôteliers parisiens sont ravis.
D'atant qu'ils ont augmenté leurs tarifs :La nouvelle ne manquera pas d'être étudiée à la loupe par les conjoncturistes: les professionnels du tourisme ont retrouvé le sourire à Paris et prévoient d'atteindre le chiffre inespéré de 36 millions de nuitées en 2010 comme l'excellent année 2007. "Il y a un an, nous avions envisagé trois scénarios pour 2010 et pour le moment on observe une situation meilleure que notre scénario le plus optimiste", jubile Paul Roll, le directeur de l'Office de Tourisme de Paris.
Tous les indicateurs sont au vert. Entre janvier et juin et malgré le black out de plusieurs jours en raison de l'éruption du volcan islandais, 8,2 millions de touristes ont choisi Paris (+12%), les nuitées hôtelières ont augmenté de 7,3 % avec un taux d'occupation des chambres de 77,8 % (+3,7 points) et un prix moyen de 145 euros en hausse de près de 3 %.
Non seulement les hôtels parisiens ont mieux vendu leurs chambres mais en plus ils ont nettement augmenté leurs prix moyens. Principal moteur de ce redémarrage, le tourisme d'affaires, celui qui rapporte le plus, est en hausse de 12% avec 8,3 millions de nuitées enregistrées sur les six premiers mois de l'année.
Paris vu du Ciel de Yann Arthus-Bertrand
envoyé par mairiedeparis. - L'actualité du moment en vidéo.
Autre phénomène, les Français sont venus plus nombreux (+13,4% par rapport à 2009). "On constate une tendance lourde des touristes en direction du tourisme urbain et une attractivité forte de la destination Paris par rapport à ses concurrents européen Berlin, Amsterdam, Rome ou Vienne", souligne Jean Bernard Bros, adjoint au maire de Paris en charge du tourisme.
Enfin, alors que le nombre très important de touristes européens et nord américains en en léger retrait, la croissance vient des pays émergents dont le poids ne cesse d'augmenter dans le tourisme parisien. Parmi eux, la Chine (+33,6% de nuitées), l'Asie du Sud Est, l'Inde, la Russie, le Brésil et le Mexique ainsi que les pays du Proche Orient dont les nuitées ont augmenté de près de 30% également. Ces chiffres concernant le premier semestre de l'année, ne devraient pas être contredit par le reste de l'année car le calendrier est rempli de congrès et événements drainant un fort tourisme d'affaires.
La mairie de Paris en profite au passage pour s'attribuer une partie de ce succès. "Nous avons beaucoup travaillé pour rendre Paris très attractive, grâce à Paris Plage, au Vélib, et aux efforts des différents sites historiques de la capitale, nous allons maintenant développer l'attrait de Paris la nuit et réaménager les voies rive droite et une partie de la rive gauche", assure Jean-Bernard Bros.
Mais la meilleure publicité pour Paris cette année, a été offerte gratuitement et indirectement par Google qui a consacré un spot à Paris, diffusé le soir du Super Bowl à la télévision américaine.
Jean-François Arnaud
Deux conceptions différentes du Front national
Alors que Bruno Gollnisch veut d'abord rassembler la droite nationale, Marine Le Pen veut faire du FN un « grand parti populaire ». Et elle s'applique à « dédiaboliser » le Front national en insistant sur les thématiques économiques et sociales.
Sur le papier, leurs CV semblent calqués l'un sur l'autre. Marine Le Pen et Bruno Gollnisch sont tous deux nés à Neuilly-sur-Seine, sont titulaires d'un DEA de droit pénal, sont avocats de profession, sont vice-présidents du Front national et occupent les mêmes fonctions électives de conseiller régional et de député européen. Tout juste peut-il se targuer d'avoir été, en plus, député pendant deux ans à la faveur de la proportionnelle (de 1986 à 1988) et professeur de langue et de civilisation japonaises. Pour autant, il existe entre eux quelques différences majeures :
· La génération
C'est la distinction la plus évidente. Et elle pourrait beaucoup jouer dans la campagne interne. Agée de quarante-deux ans, la fille de Jean-Marie Le Pen incarne davantage la relève que son rival, qui accuse dix-huit années de plus et a subi, en 2007, un quadruple pontage coronarien. Compagnon de route de Jean-Marie Le Pen depuis plus qu'un quart de siècle, Bruno Gollnisch est, lui, un représentant de la vieille garde. Tentant d'en faire un avantage, il met en avant son « expérience » et sa « grande fidélité » au chef. « Il n'est de mo-dernité viable qu'enracinée dans la tradition », insiste-t-il, disant savoir se servir « d'un iPhone et même d'un iPad ».
· La stratégie
Bruno Gollnisch joue la carte du rassemblement de toute la droite nationale, éclatée en différentes chapelles « un peu orphelines ». Un rassemblement qui pourrait aller - selon lui -jusqu'aux souverainistes, notamment le MPF de Philippe de Villiers, allié à l'UMP. « Quand on veut gagner, exercer le pouvoir, il faut faire 50 % plus une voix. On ne peut pas se concentrer sur une portion réduite de l'électorat traditionnel », rétorque Marine Le Pen, qui voit dans le FN un « grand parti populaire » capable de parler aux « déçus de la gauche ».
· La ligne politique
Celle de Marine Le Pen tient en un mot : « dédiabolisation ». Tout en restant ferme sur les fondamentaux du parti, la fille de Jean-Marie Le Pen ne ménage pas ses « efforts » pour donner au FN une image plus respectable. Non contente d'avoir pris ses distances avec les dérapages de son père sur la Seconde Guerre mondiale, elle défend la laïcité et met plus en avant que Bruno Gollnisch les thématiques économiques et sociales. C'est sous son influence que Jean-Marie Le Pen avait relégué l'immigration et la sécurité au second plan en 2007. « Il ne faudrait pas, au nom de la lutte contre la diabolisation, altérer notre discours ou amoindrir nos convictions », martèle Bruno Gollnisch, qui insiste sur sa « sûreté doctrinale » et relève que sa rivale reste, « malgré l'image qu'elle veut donner, dans une stricte orthodoxie frontiste ». Au-delà de l'accent mis sur tel ou tel sujet, aucun n'a pris ses distances avec des mesures défendues par l'autre. « Il y a une différence de style, mais pas de différences programmatiques importantes », estime le politologue Pascal Perrineau. Du moins jusqu'au congrès de janvier. « Elle a compris qu'elle ne peut prendre le parti sur une ligne de différenciation », assure un fin connaisseur du FN.
Apple : spéculations sur les prochaines nouveautés
Le géant américain a prévu une conférence le 1er septembre à San Francisco, sans en préciser le contenu. Les spécialistes informatiques s'attendent à une présentation de sa nouvelle gamme d'iPod et au lancement d'une offre de locations de programmes TV.
Mais que peut bien cacher cette guitare ? Les spéculations vont bon train sur ce que le groupe informatique américain dévoilera le 1er septembre. L'invitation, envoyée à l'ensemble des spécialistes, n'indique quasiment rien d'autre que le lieu et la date de l'événement. Et pour seul indice…une photo de guitare acoustique ! Certains avancent que l'iPod et la boutique en ligne iTunes seront les principaux sujets de cette conférence.
«C'est l'heure de l'actualisation des iPod Touch» affirme ainsi Rob Enderle du Enderle Group dans la Silicon Valley. Cet expert explique que le groupe a «tendance à rafraîchir l'iPod» à la rentrée pour mieux se vendre lors des fêtes de fin d'année. Selon lui, le nouvel iPod Touch sera doté d'une caméra pour permettre le chat vidéo et d'une meilleure résolution d'écran.
Un nouveau service de location de séries télé
La deuxième grande nouveauté qui pourrait être dévoilée lors de cette conférence est le lancement d'un service de location de programmes TV sur iTunes, selon l'agence Bloomberg. Une offre qui devrait permettre aux utilisateurs d'iPhone, d'iPad, ou d'iPod Touch de louer un épisode d'une série pendant 48 heures, pour seulement 0,99 dollar, dès le lendemain de sa diffusion. Le tout sans publicité. Une avancée majeure, car jusque là, les utilisateurs ne pouvaient qu'acheter les séries télé, à un prix compris entre 1,99 et 2,99 dollars.
Les spécialistes s'attendent également à la présentation d'un nouveau boîtier Apple TV qui fonctionnerait sous iOS, le système d'exploitation qui motorise l'iPhone et l'iPad. Ce dispositif pourrait permettre d'accéder à la boutique iTunes depuis l'écran de sa télévision, sans passer par un ordinateur.
Enfin, un iPad moins cher et de taille réduite, avec un écran de 7 pouces contre 10 actuellement, pourrait être dévoilé par la marque à la pomme. Une hypothèse cependant écartée par la plupart des spécialistes.
Cultiver le mystère
Le géant informatique américain est un habitué des annonces énigmatiques, efficaces pour faire le buzz. La mystérieuse photo de guitare n'est qu'un exemple parmi d'autres. Déjà en 2007, les invitations envoyées à la presse montraient seulement une silhouette en train de se déhancher en écoutant un iPod, avec comme slogan «The beat goes on», sans aucune autre information.
Rob Enderle avait alors présagé, avec un air de déjà lu : «Il s'agit de rafraîchir l'iPod, voilà le sujet du mystère». Apple avait en effet présenté des versions améliorées de ses iPod, et avait surtout lancé l'iPod Touch. Ses prévisions seront-elles à nouveau justes ?
Université d'été du PS : le débat sur les primaires relancé
Alors que s'ouvre aujourd'hui à La Rochelle l'université d'été du PS, un livre d'un journaliste de « Libération » rouvre le débat sur les primaires. François Hollande estime que les conditions sont réunies pour accélérer le processus.
Décidément, Martine Aubry n'a pas de chance avec les livres qui sortent au moment de l'université d'été de La Rochelle ! », s'amuse un dirigeant du PS. L'année dernière, un ouvrage (1) prétendait révéler les fraudes commises par le camp Aubry pour s'emparer du PS à l'issue du congrès de Reims. Cette année, un autre essai, « Petits Meurtres entre camarades », du journaliste David Revault d'Allonnes (Editions Robert Laffont), publié la veille de l'ouverture des débats dans la ville portuaire, présente - notamment -la première secrétaire comme une femme au franc-parler vachard. Surtout, une petite phrase de la maire de Lille dans ce livre relance le débat sur les primaires pour la désignation du candidat socialiste à la présidentielle. « Je prendrai ma décision avant le début de l'année 2011, explique Martine Aubry au journaliste. Je ne sais pas quel sera le climat politique à ce moment-là et quel sera le candidat le mieux placé. » Elle poursuit : « Si j'étais candidate, bien sûr, je ne serais plus première secrétaire. »
Il n'en faut pas davantage pour « polluer » le début de ce midi de l'université d'été à laquelle la première secrétaire a l'intention de donner un tour très politique et combatif, à quelques jours de la mobilisation contre la réforme des retraites, sur fond de rentrée scolaire tendue, d'offensive sécuritaire et d'affaire Woerth-Bettencourt.
Eteindre les flammèches
Invitée hier soir, comme c'est la coutume, par la fédération socialiste organisant l'université d'été, en l'occurrence celle de Charente-Maritime, Martine Aubry a utilisé la lance à incendie pour éteindre les flammèches allumées par le livre. « La France va mal, elle n'est pas sortie de la crise, la rentrée scolaire va être très difficile, la sécurité est une catastrophe et vous me demandez si je vais prendre ma décision de candiature en décembre ou en janvier ? », a lancé la première secrétaire à des journalistes. « Les Français s'en foutent », a-t-elle à plusieurs reprises martelé.
« Il n'y a rien de nouveau, assurait, avant qu'elle ne s'exprime, le député Jean-Christophe Cambadélis. Martine Aubry a toujours dit qu'elle se déciderait avant la fin de l'année. Le livre est sorti en même temps que des sondages très favorables à Dominique Strauss-Kahn et sa phrase apparaît en quelque sorte comme une réponse à ces sondages. Ce n'est pas le cas. » Dans le dernier sondage TNS Sofres publié cette semaine dans « Le Nouvel Observateur », Dominique Strauss-Kahn est crédité de 59 % des intentions de vote contre 41 % pour Nicolas Sarkozy, tandis que Martine Aubry obtiendrait 53 % face au chef de l'Etat. Pour Jean-Christophe Cambadélis, « on les présente comme des rivaux alors que c'est le contraire : un seul des deux se présentera aux primaires socialistes ».
Il n'empêche, depuis le couac entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn sur l'âge légal de départ à la retraite, le discours que la première secrétaire tenait, reposant sur le fait que DSK ou elle, c'était peu ou prou la même chose, a volé en éclats. La maire de Lille manifeste depuis en privé son impatience et elle aurait la tentation de forcer « Dominique » à se décider un peu plus tôt que prévu. « Cela fait plusieurs mois qu'elle nous dit que Dominique devra lui avoir dit à l'automne ce qu'il compte faire, confirme un membre du bureau national. Dominique cherche à éviter que la porte se ferme et Martine veut que la porte s'ouvre davantage. » Selon Pierre Moscovici, quelles que soient les agitations des uns et des autres, il n'est pas imaginable que le calendrier des primaires (lire ci-contre), qui prévoit un dépôt des candidatures au mois de juin, soit chamboulé. « On ne peut plus attendre jusque-là, explique-t-on à l'inverse dans l'entourage de François Hollande. Au moment où la situation politique à droite est dégradée et que la perspective d'une victoire à gauche n'a jamais été aussi forte, on ne peut pas donner aux Français l'impression que les socialistes sont encore éparpillés. » Alors que les candidatures de Nicolas Sarkozy, Eva Joly, François Bayrou sont quasi acquises, « nous sommes les seuls à renvoyer à la fin de 2011 le choix de notre candidat, déplore François Hollande. Le plus étonnant aujourd'hui n'est pas que Martine Aubry envisage d'être candidate, mais qu'elle l'envisage maintenant et que la course aux primaires débute dès le mois de janvier. On ne peut pas avoir dix mois de campagne interne ! »
RENAUD CZARNES
L'Europe m'a changé », avait dit Nicolas Sarkozy à l'issue de sa présidence de l'Union en 2008. Du traité de Lisbonne à la guerre russo-géorgienne, elle lui a surtout bien réussi et a permis de faire remonter sa cote de popularité. Mais peut-il aujourd'hui faire bouger le monde comme il avait « essayé de bouger l'Europe » ? Le chef de l'Etat s'apprête à prendre, en novembre, la présidence du G20 puis, en janvier 2011, celle du G8 avec l'intention de s'en servir comme tribune pour ses projets de réformes du système monétaire et de gouvernance du monde.
En présentant son plan de bataille pour les prochains mois à l'ouverture, mercredi, de la 18 e Conférence des ambassadeurs, Nicolas Sarkozy a détaillé ses « ambitieux » projets pour le G20-G8. Certes, les lignes ne dérogent pas à ses prises de position depuis le début de la crise, voire à une certaine idée française de régulation, mais il les a énumérées avec force. Ainsi, le président souhaite une réforme du système monétaire international, tout en repoussant l'idée d'un retour au système de Bretton Woods. Il invite les grandes puissances à réfléchir aux conséquences de la forte volatilité des changes, suggérant la création d'un nouvel instrument de réserve internationale pour renforcer la stabilité du système et mettre ainsi un terme à la suprématie du dollar. Même réflexion sur l'extrême volatilité des prix des matières premières, en premier lieu agricoles. Il faudrait selon lui ouvrir le chantier d'une réforme du fonctionnement des marchés de produits dérivés des matières premières. La réforme de la gouvernance mondiale passe aux yeux du président - du moins pour discuter des monnaies -par la substitution du G20 (qui comprend les puissances émergentes) au G7, le club fermé des grandes puissances dominantes du XX e siècle (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada). « Comment peut-on parler aujourd'hui des taux de change sans la Chine ? », s'est-il interrogé.
Mais les propositions françaises risquent de se heurter à un certain nombre de réticences, en premier lieu des Américains, qui, notait un diplomate, restent « très loin de notre concept de régulation ». Sur les changes, Washington a jusqu'à présent préféré s'adresser directement à Pékin pour lui demander une réévaluation du yuan. De même, Barack Obama a mis en tête de son agenda le rapprochement avec la Russie du président Dimitri Medvedev, avant ses relations avec les pays européens. En outre, si la France est bien décidée à maintenir le G8, qui comprend quatre pays européens, Barack Obama, plus pragmatique, estime que désormais le « vrai lieu » de la concertation internationale est le G20. Surtout que, comme on le rappelle en marge de la Conférence des ambassadeurs, les pays émergents comme l'Inde se demandent pourquoi il y a « autant d'Européens » au sein du G20 (quatre pays plus deux représentants de l'Union). Et les Américains ne sont pas insensibles à cette préoccupation. Sans oublier non plus que, même si Barack Obama a montré des signes d'essoufflement, il occupe toujours le devant de la scène internationale. Un signe qui ne trompe pas : c'est à Washington que les dirigeants israélien Benyamin Netanyahu et palestinien Mahmoud Abbas doivent se retrouver le 2 septembre pour reprendre des négociations directes. De même, en dépit de la promesse de Nicolas Sarkozy de maintenir l'armée française en Afghanistan et du retour de la France au sein du commandement intégré de l'Alliance atlantique, la stratégie et la date d'un retrait de l'Otan sont fixées par les Etats-Unis. Enfin, pour le chef de l'Etat français, 2010 n'est pas 2008, quand le président Bush arrivait en fin de course sur la scène internationale.
De plus, la France est sur la sellette dans de nombreux pays non seulement pour l'expulsion des Roms et les déclarations fracassantes sur ce sujet, mais aussi pour l'interdiction du port de la burqa. Sans oublier que les moyens mêmes de la diplomatie française, comme l'ont souligné non seulement les anciens ministres Alain Juppé et Hubert Védrine mais aussi des ambassadeurs, n'ont cessé de diminuer.
Il reste que le président français est toujours bien décidé à faire preuve de volontarisme. Il aura un an à la tête du G20 pour faire ses preuves. Et le terrain n'est pas neutre. Surtout si Dominique Strauss-Kahn, actuellement directeur général du FMI, se lançait dans la course présidentielle de 2012.
Jacques-Hubert Rodier
On peut avoir macroéconomiquement raison et politiquement tort. C'est ce qu'a compris Nicolas Sarkozy, qui a décidé de maintenir intact le dispositif fiscal favorisant le logement étudiant. On s'en souvient, François Baroin avait annoncé dans nos colonnes la fin du cumul de la demi-part fiscale et de l'aide au logement dont bénéficiait chaque famille ayant un étudiant à charge. Le ministre du Budget pensait à bon droit qu'à l'heure où l'on cherche 10 milliards d'euros d'économies sur les niches fiscales, en supprimer une qui présente un tel avantage, profitant de surcroît autant aux classes aisées qu'aux foyers modestes, n'avait rien de scandaleux. D'autant moins que son efficacité entretenait année après année un véritable effet pervers : celui de rendre artificiellement solvable une demande pour des petites surfaces dont les prix défient l'entendement, contribuant du même coup à la paupérisation croissante de la population des jeunes. Il est vrai que cette générosité de l'Etat avait permis de masquer l'une de ses carences : celle d'avoir laissé se développer une situation où, dans notre pays, les 2,2 millions d'étudiants recensés ne se voient offrir chaque année que 160.000 logements en résidence universitaire.
Autant d'arguments solides, donc, qui n'ont pas empêché le chef de l'Etat de faire marche arrière. Une décision courageuse puisque, ce faisant, il prend le risque d'être accusé de laxisme à l'heure où les groupes de pression se mobilisent pour tenter d'atténuer la portée de la réduction des avantages fiscaux annoncée par le gouvernement. Mais, pour une fois, on ne pourra reprocher au chef de l'Etat de rester sourd aux revendications des élus de terrain au nom de l'ardente obligation de réformer la France. Le tollé soulevé par le projet, dans les rangs de l'opposition comme d'ailleurs dans ceux de la majorité, était, il est vrai, à la mesure d'une décision dont l'effet psychologique était potentiellement désastreux. Car chacun sait que les classes moyennes seront en première ligne face à la politique antidéficits décrétée par l'Elysée. Dans ce contexte, faire mine de s'attaquer à leur progéniture, c'était frapper au coeur même de ce qui suscite leur angoisse. Tous les sondages le montrent : ce qui nourrit le pessimisme récurrent des ménages français, c'est moins leur situation personnelle que le sentiment qu'elle sera encore pire pour leurs enfants. Dans un climat où le chômage des 15-24 ans n'a jamais été aussi élevé, alors que l'OCDE ou le BIT parlent d'une même voix d'une « génération sacrifiée » dans toute l'Europe, il n'était sans doute pas utile, en cette rentrée, de rajouter un nouveau boulet aux chevilles d'une catégorie de Français, les jeunes, dont l'humeur pèse d'un poids très lourd dans l'équilibre politique et économique de notre pays.
Daniel Fortin
Contraction de la haute atmosphère terrestre liée à l'activité solaire
De fortes fluctuations dans la quantité d'énergie solaire émise ces dernières années a provoqué de fortes contractions passagères et inattendues de la haute atmosphère terrestre, selon une recherche publiée jeudi.
Cette partie de l'atmosphère appelée thermosphère, qui commence à 90 km d'altitude et s'étend jusqu'à plus de 500 km, s'est contractée momentanément en réaction à une forte baisse des niveaux de radiation de rayons ultraviolets émis par le soleil, ont indiqué les chercheurs, du Centre national américain de la recherche atmosphérique (NCAR) à Boulder dans le Colorado (ouest).
L'émission d'énergie solaire est tombée à des niveaux très bas de 2007 à 2009, une période de calme plat du soleil particulièrement longue, durant laquelle les scientifiques n'ont observé quasiment aucune tache ou éruption.
En réaction, la thermosphère terrestre s'est refroidie de 23 degrés Celsius en 2008 comparativement à 1996, entraînant sa contraction de 30%, du jamais vu en 43 ans d'exploration spatiale, selon ces chercheurs.
"Nos travaux démontrent que les cycles du soleil, normalement de onze ans, peuvent varier dans les périodes d'activité minimum", explique Stanley Solomon, un chercheur du NCAR (National Center for Atmospheric Research), le principal auteur de cette étude parue dans la revue Geophysical Research Letters.
La plus faible densité de la thermosphère sous l'effet de cette diminution du flux thermique du soleil est une bonne nouvelle pour les satellites et la Station spatiale internationale (ISS) car cela signifie qu'ils pourront rester plus longtemps sur orbite, relève Thomas Woods, professeur à l'Université du Colorado et co-auteur de cette communication.
"C'est une bonne nouvelle pour les satellites actuellement en exploitation mais en même temps une mauvaise nouvelle car des milliers de débris et objets orbitaux demeureront plus longtemps dans l'espace, présentant un risque accru de collision", ajoute-t-il.
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