Après une rencontre avec le chef de l'Etat à l'Elysée, certains députés UMP ont acquis la certitude que le président briguera un second mandat. Avez-vous la même intuition?
"Il n'a jamais dit qu'il serait candidat même si on pouvait le déduire de ses propos", confie le député de la Moselle François Grosdidier. Il était reçu la veille au soir à l'Elysée avec une dizaine de ses collègues, dont David Douillet, Eric Ciotti et Dominique Dord. "Il l'envisage (2012) au moins aussi sereinement qu'il pouvait envisager la précédente élection (en 2007), en étant même plus tranquille, sûr de son fait, de son bilan et de son aptitude...", a poursuivi François Grosdidier.
Europe 1 a affirmé mercredi que le chef de l'Etat avait lancé à ses invités: "Rassurez-vous. Ne croyez pas que je ne réfléchis pas à l'étape d'après".
Dominique Dord (UMP, Savoie) est, lui, plus nuancé sur ce qu'il a retenu des propos présidentiels: "Quand des députés lui ont demandé de préciser ses intentions, Nicolas Sarkozy a répondu: 'c'est infiniment trop tôt'". "J'ai encore beaucoup de pain sur la planche. Les Français, ils attendent que je les sorte de cette foutue crise", a ajouté le chef de l'Etat, raconte Dominique Dord.
C'est alors que deux ou trois députés UMP sont revenus à la charge pour lui dire qu'il devait se représenter. "Si ça devait être le cas, nous serions dans un cas de figure inédit. Si je suis candidat, ce sera pour un dernier mandat", puisque la révision constitutionnelle de 2008 n'autorise plus que deux quinquennats successifs. L'annonce officielle d'une candidature aurait lieu à la fin de l'été ou au début de l'automne 2011, avait expliqué Nicolas Sarkozy dans une interview à la chaîne CBS.
Le chef de l'Etat a ironisé sur "l'archaïsme" de certaines propositions de la patronne du PS Martine Aubry face à la crise et le côté décousu de Ségolène Royal, son adversaire en 2007. Mais Nicolas Sarkozy a souligné qu'il ne fallait jamais "minimiser l'adversaire". "Les types qui arrivent là sont forcément bons".
jeudi 13 mai 2010
Sarkozy va-t-il se représenter en 2012?
Merkel appelle à sauver l'euro et à renforcer l'UE
La chancelière allemande Angela Merkel a appelé jeudi à sauver l'euro sous pression en raison de la crise grecque et de la dette européenne, ainsi qu'à renforcer la structure de l'Union européenne.
"Si l'euro échoue, ce n'est pas seulement la monnaie qui échoue mais bien plus, c'est l'Europe qui échoue et avec elle l'idée de l'Union européenne", a mis en garde la chancelière conservatrice à Aix-La-Chapelle (ouest) lors de la remise du prix Charlemagne au Premier ministre polonais Donald Tusk.
Les gouvernements de la zone euro ont promis de veiller à la stabilité de l'euro et "nous devons tenir cette promesse", a ajouté Mme Merkel alors que la monnaie unique subit les inquiétudes des marchés financiers.
La chancelière a répété que la crise de l'euro constituait "la plus grande épreuve" pour l'UE depuis 1990, et peut-être même depuis la signature du traité fondateur de Rome en 1957.
Selon elle, cette crise doit servir à renforcer l'UE.
"Nous avons une monnaie commune mais nous n'avons pas d'Union économique et politique", a-t-elle déploré, tout en considérant qu'un jour "tous les Etats membres de l'Union européenne auront l'euro comme moyen de paiement".
La chancelière, qui a elle-même reçu en 2008 le prix Charlemagne pour son engagement en faveur de l'Europe, a dit espérer que l'UE osera aussi "d'autres avancées, par exemple une armée européenne commune".
Le prix Charlemagne honore chaque année depuis 1950 des personnalités ayant contribué à faire avancer la cause européenne.
Donald Tusk est le troisième Polonais en douze ans, après le pape Jean-Paul II en 2004 et l'ancien ministre des Affaires étrangères, Bronislaw Geremek en 1998, à se voir attribuer cette récompense.
Une majorité de Danois contre l'adoption de l'euro
COPENHAGUE, 13 mai (Reuters) - Plutôt favorables naguère à l'entrée de leur pays dans la zone euro, les Danois y sont aujourd'hui majoritairement hostiles, révèle un sondage publié jeudi.
Le Danemark a refusé en 2000 par référendum de faire partie de la zone euro, mais l'opinion publique avait évolué fin 2008 en faveur de la monnaie européenne, en raison de la crise financière qui avait obligé le gouvernement à relever les taux d'intérêt.
Mais la crise que traverse actuellement la zone euro a modifié la perception des Danois vis-à-vis de la monnaie unique.
Selon une étude effectuée pour la chaîne de télévision TV2 et le quotidien Politiken, 50% des personnes interrogées voteraient contre l'adoption de l'euro, tandis que 43% y seraient favorables.
En mars, un autre sondage indiquait que l'euro serait accepté par 51% des Danois.
(Anna Ringstrom, Pascal Liétout pour le service français)
Bruxelles veut un droit de regard sur le budget des Etats
Le plan de sauvetage de l'euro à peine bouclé, les Vingt-Sept ont ouvert le chantier de la gouvernance économique. La Commission européenne a présenté, mercredi 12 mai, une série de propositions destinées à renforcer la coordination économique et budgétaire, en particulier au sein de la zone euro.
Une des pistes avancées par Bruxelles promet de belles empoignades entre les Etats membres : l'évaluation au niveau européen des grandes lignes du budget de chaque pays avant leur examen par les Parlements nationaux. Certains pays, comme la Suède, l'ont déjà rejetée.
"On ne peut pas avoir une union monétaire sans avoir une union économique, a plaidé José Manuel Barroso, le président de la Commission. Si les Etats ne veulent pas d'une union économique, ils doivent oublier l'union monétaire."
Or les capitales se méfient de tout abandon de souveraineté dans ce domaine. La chancelière allemande, Angela Merkel, a parlé d'un "pas important dans la bonne direction", même si "cela ne signifie pas automatiquement que les droits du Parlement sont remis en cause d'une quelconque manière".
Avec Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, M. Barroso se garde de parler du "gouvernement économique" cher à Nicolas Sarkozy. Contre l'avis de Mme Merkel, il ne plaide pas non plus pour une nouvelle réforme des traités, mais veut utiliser les différents outils existants à ce jour pour agir dans trois directions : renforcer (sans réformer) le pacte de stabilité et de croissance; traiter les écarts de compétitivité ; mettre en place un dispositif permanent de gestion des crises.
SURVEILLER DAVANTAGE L'ENDETTEMENT
En évaluant le plus en amont possible les budgets nationaux, la Commission européenne entend muscler la "dimension préventive" du pacte de stabilité, dont elle veut rendre l'application plus rigoureuse sans en modifier les règles fondamentales ni les critères. Elle suggère d'inciter financièrement les pays à faire des efforts d'économie en période de bonne conjoncture.
M. Rehn insiste aussi pour surveiller davantage le niveau d'endettement des Etats membres, limité à 60 % du produit intérieur brut (PIB) par le pacte, un critère passé dans l'ombre de celui sur le déficit (3 % du PIB). "Les critères du pacte sont ancrés dans le marbre des traités, il sera difficile de les modifier, dit-on à la Commission. Il s'agit de modifier le code de conduite du pacte, pour le piloter de façon plus efficace."
M. Rehn se méfie des appels de Mme Merkel à durcir le volet sanctions en cas de déficit excessif. Tout en accélérant les procédures, il veut pouvoir utiliser les pénalités déjà prévues, comme la suspension de subventions européennes. En revanche, la suspension des droits de vote des Etats les moins vertueux est vue d'un mauvais œil à Bruxelles, car elle nécessiterait une réforme du traité.
UN DISPOSITIF PÉRENNE DE GESTION DES CRISES
La Commission souhaite, par ailleurs, aborder la question des déséquilibres macroéconomiques résultant des écarts de compétitivité entre les pays. M. Rehn propose la création de nouveaux indicateurs à ce sujet. Il compte aussi faire usage des recommandations qu'il va pouvoir, en vertu du nouveau traité de Lisbonne, envoyer aux gouvernements sans avoir besoin de leur approbation.
Enfin, Bruxelles veut aller au-delà des récents plans de sauvetage de la Grèce et de la zone euro pour créer un dispositif pérenne de gestion des crises. Conçu dans l'urgence pour éviter l'embrasement de l'union monétaire, le fonds de stabilisation élaboré et approuvé le 9 mai à Bruxelles pourrait servir de référence.
La création de cet instrument a levé un interdit : désormais, les seize Etats de la zone euro disposent d'un outil pour voler au secours d'un des leurs en difficulté. A la demande de l'Allemagne, le mécanisme a cependant été limité à trois ans, et fonctionnera sur une base intergouvernementale, ce qui n'est pas l'option privilégiée par Bruxelles.
"UNE PISTE PARMI D'AUTRES"
Ces suggestions vont être étudiées de près par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Fin mars, ce dernier a été chargé par les chefs d'Etat et de gouvernement de présider un groupe de travail sur la surveillance budgétaire. A ses yeux, les propositions de la Commission sont "une piste parmi d'autres", selon un de ses proches.
M. Van Rompuy a, d'après son entourage, la ferme intention d'élargir le champ de la surveillance macroéconomique. Pour lui, il faut aller au-delà du pacte de stabilité et de croissance pour se pencher en particulier sur les problèmes de compétitivité. "La difficulté va être de concilier les points de vue, en particulier entre Allemands et Français", dit un proche du président du Conseil européen.
Comme les Etats veulent garder la haute main sur les discussions, il a été convenu que ce sont les ministres des finances qui siégeront dans le groupe de travail placé sous l'autorité de M. Van Rompuy. Leur première réunion est prévue le 21 mai ; le groupe doit rendre ses conclusions d'ici à octobre.
Philippe Ricard
L'electricité pourrait augmenter de 24% d'ici 2015
Publié à 9 h 34 - Le projet de réforme du marché de l'électricité, qui doit bientôt passer devant le Parlement, pourrait provoquer des hausses des tarifs de l'électricité comprises entre 7% et 11% selon des projections de la Commission de régulation de l'Energie (CRE), démenties par le gouvernement et EDF.
C'est un sujet récurrent pour le groupe public d'électricité. A chaque fois qu'il en a l'occasion, EDF tente d'obtenir du gouvernement une revalorisation de ses tarifs de vente, qu'il juge trop faibles. En juillet 2009, l'ancien patron Pierre Gadonneix avait réclamé une hausse de prix de 20% sur 3 ans, ce qui lui avait coûté son poste. "Cette question va se reposer", avait-il prédit juste avant de quitter ses fonctions.
En janvier, le quotidien
Les Echos avait fait état de "projections internes" à EDF qui envisageaient une hausse des tarifs aux particuliers de l'ordre de 24% entre 2010 et 2015, une information démentie par EDF. Mercredi, c'est la CRE, le gendarme du secteur, qui s'est livré à l'exercice des projections en se basant sur les demandes formulées par EDF dans le cadre de la réforme du marché de l'électricité.
Cette réforme, baptisée projet de loi "Nome" pour Nouvelle Organisation du Marché de l'Electricité, a été présentée mi-avril en Conseil des ministres, avec pour objectif de favoriser la concurrence dans un secteur ultra-dominé par l'ancien monopole public. Elle fait obligation à EDF de revendre jusqu'à un quart de la production de son parc nucléaire à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie...), afin de permettre à ces derniers d'accéder à une électricité à bas coût.
Le patron d'EDF, Henri Proglio, s'était initialement montré fermement opposé à ce projet. "Accepter un dispositif de ce type, ce serait accepter que la boîte ne vaille plus rien", avait-il dénoncé en novembre. M. Proglio a depuis lors largement revu sa position pour focaliser la négociation sur le prix auquel EDF vendra son électricité à ses concurrents. Il réclamait ainsi en mars que le groupe public "ne soit pas contraint de vendre en dessous du prix de revient".
Mercredi, M. Proglio a été plus précis, lors d'une audition à huis clos devant la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, en réclamant un tarif minimum de 42 euros par mégawatheure (MWh), a indiqué une source parlementaire. "En-dessous, ça ressemble à du pillage", a-t-il déclaré, selon la même source.
Or, selon les projections de la CRE, il faudrait relever les tarifs bleus (particuliers et petits professionnels) de 11,4% une fois la réforme votée, puis de 3,5% par an entre 2011 et 2025, si EDF obtenait gain de cause. M. Proglio estime pourtant ce prix de vente nécessaire en raison des énormes investissements qu'EDF doit réaliser dans le renouvellement et l'extension de la durée de vie de son parc de 58 réacteurs nucléaires.
La CRE plaide elle pour une hausse moindre, de 7,1% puis de 3,1% par an. Mercredi soir, le ministère de l'Energie a démenti "catégoriquement les rumeurs relatives aux tarifs de l'électricité". "Le gouvernement est responsable de la détermination des tarifs réglementés et nul autre n'a autorité aujourd'hui pour établir des orientations à ce sujet", a-t-il assuré. "Aucun élément dans les propositions d'EDF sur la loi Nome n'entraînerait les hausses de tarifs évoquées par la CRE", a de son côté affirmé le groupe d'électricité.
Quant au président de la CRE, Philippe de Ladoucette, il a indiqué qu'il avait "simplement donné aux parlementaires présents des scénarios réalisés par la CRE et sous la responsabilité de la CRE et qui n'engagent en aucune manière EDF".
Inutile de se tordre la langue pour tenter une explication « politiquement correcte » : ce que propose la Commission de Bruxelles signifie la mise sous contrôle de tous les budgets nationaux. Ils ne pourraient être adoptés par leurs parlements respectifs, tant pour les recettes que pour les dépenses, qu'après l'aval européen.
Les souverainistes de droite et de gauche hurlent à l'unisson contre cette « prétention ». Elle représenterait, il faut bien le reconnaître, un considérable transfert de pouvoir en direction d'un fédéralisme (autre mot tabou) qui, un jour ou l'autre, aboutirait à la constitution des Etats Unis d'Europe. Pourtant, la logique de la Commission est inattaquable : à partir du moment où les Etats peuvent, en cas de nécessité, disposer d'un énorme fonds de soutien (750 milliards € et sans doute davantage), un contrôle est légitime. Ne serait-ce que par justice, pour que les « fourmis » ne paient pas pour les « cigales ».
Mais que de problèmes ! D'abord, si tous les Etats de l'UE sont tenus à respecter les critères de Maastricht, les seuls vraiment directement concernés seraient les seize de l'euro (bientôt 17 avec l'Estonie... que la crise grecque n'a pas découragée à vouloir rejoindre le « club »). Ce qui signifie aussi qu'une Europe à deux vitesses (ou plus) va être créée de facto. Tant mieux. A chacun de choisir. Ainsi, le Royaume-Uni, qui ne participe pas aux nouveaux fonds de soutien, aura tout loisir de s'occuper de sa livre sterling défroquée et de ses déficits... bien plus importants que ceux de l'Espagne.
Ensuite se pose la question de la légitimité démocratique de la Commission de Bruxelles. Elle n'a été confirmée qu'en marge du traité de Lisbonne qui n'entrera vraiment en vigueur qu'à partir de 2014. Elle n'est pas un « gouvernement » fédéral obligé de rendre compte devant le Parlement européen, la seule assemblée (mal) élue de l'UE. Et que cette Commission, synonyme de quintessence bureaucratique, donne l'exemple ! Les frais de fonctionnement de l'UE témoignent d'une incroyable gabegie. Que penser d'une « politique étrangère commune » proche du zéro absolu et « servie » par 5000 hauts fonctionnaires payés par le contribuable ? Que dire des « déménagements » mensuels du Parlement européen de Strasbourg (seul siège officiel) à Bruxelles ? Sous la tacite approbation de tous les gouvernements français, il est vrai...
Conclusion ? Oui, la Commission de Bruxelles a le droit de proposer la mise sous tutelle des budgets nationaux. A condition d'être irréprochable et légitime. Et ce sera aux peuples d'Europe de décider, pourquoi pas par référendum ? Jamais, surtout jamais, aux eurocrates.
Qui ignore le surnom de la jeune femme qui encore mineure entretenait des relations tarifées avec des footballeurs ?
Les médias le ressassent, quelques-uns en donnent même l'image. Au nom du devoir d'information, disent-ils. En réalité, pour attirer l'auditeur ou le lecteur alléché par le scandale.
Qui connaît les raisons profondes de la crise grecque qui menace pourtant l'économie de l'Europe, c'est-à-dire le pouvoir d'achat, l'emploi de certains d'entre nous ?
En revanche, beaucoup ont entendu parler de l'affaire du financement de la campagne électorale d'Édouard Balladur en 1995, grâce à une sombre histoire de vente de sous-marins, ce qu'il s'est empressé de démentir et qui n'a pas été prouvé. Mais l'opinion, n'en doutons pas, a conclu, une fois encore, que politique rime avec corruption, comme les démagogues ne cessent de le répéter.
La vie privée elle-même n'est plus respectée. Ce n'est pas nouveau. Mais le phénomène était limité. Seuls les chanteurs de rue informaient le peuple de Paris, au XVIIe siècle, des relations intimes de la Reine de France, veuve de Louis XIII, avec le Cardinal Mazarin. Bien plus près de nous, nous fûmes, au début des années 1980, quelques-uns à savoir que François Mitterrand avait une fille. Mais, l'existence de celle-ci n'ayant guère d'importance politique, la presse n'en parla guère. Aujourd'hui, bien des médias ne s'en priveraient pas, concurrencés qu'ils sont par Internet, sorte de place publique mondiale où chacun peut lancer sans risque la plus folle rumeur.
Il est vrai que, soucieux de leur « communication », les personnes extérieures tombent parfois dans le piège : notre président de la République n'a-t-il pas commenté lui-même, dans un livre émouvant paru en 2006, l'état de ses relations avec son épouse de l'époque ? Et bien des chefs d'entreprise ou des financiers étalent leur luxe sans comprendre qu'ils nourrissent l'exaspération de ceux que la crise a durement frappés.
Bien entendu, cette dégradation de l'information est « justifiée » par la nécessité de la transparence en démocratie. Le mot est à la mode depuis une dizaine d'années. Françoise Giroud, grande journaliste, le qualifiait alors de « formidable hypocrisie où chacun veut voir mais pas être vu sans voiles ».
La transparence a certes des vertus. Comme la vérité avec laquelle on la confond souvent. Toutes les grandes religions et les grandes morales ont prôné la vérité. Avec raison, bien sûr. Mais la transparence n'est pas obligatoirement la vérité : on pourrait la comparer à un coup de projecteur donné sur une partie d'un paysage que la vérité, elle, éclaire dans sa totalité. Pour prendre un exemple simple, mettre en parallèle les consommations moyennes en carburant de véhicules de même puissance est certes utile, mais il faudrait informer aussi sur les autres caractéristiques de ces voitures.
Aux États-Unis, où existe un fort mouvement pour la transparence, un grand professeur de droit, Lawrence Lessig, a évoqué un autre de ces risques dans un article du New Republic, journal que l'on pourrait difficilement qualifier de réactionnaire. Il citait le cas d'Hillary Clinton qui avait d'abord fermement combattu un projet de loi sur les cartes bancaires, poussée par le monde financier. Elle fut élue en 2001 sénatrice de New York et vota alors pour ce projet. Or, sa campagne électorale, qui coûtait cher, avait été financée en partie (140 000 $) par des partisans de la loi. Qui peut jurer qu'Hillary Clinton a voté ainsi en raison de cet apport en dollars ? Elle a pu changer d'opinion pour d'autres causes, entendre d'autres arguments, constater que ses électeurs étaient favorables à une telle loi...
Nous expliquons bien des attitudes par l'attrait de l'argent, la cupidité. Et il ne faut certes pas les sous-estimer, les origines de la crise actuelle le montrent assez bien. Mais ils ne sont pas, dans tous les cas, la seule raison possible. Le résultat de cette explication simple, écrit Lawrence Lessig, est « la destruction de toute possibilité de confiance ».
Il existe, en outre, les secrets d'intérêt public ou privé qui ne sont pas moralement condamnables, nécessaires ou contraires à la bonne gestion d'un État, d'une société, à l'harmonie d'une famille. Dans un de ses plus grands livres, Franz Kafka a mis en scène le visiteur d'une petite société qu'un personnage guide dans un château. Et celui-ci lui explique qu'il existe de multiples commissions ou organismes pour vérifier la bonne gestion de ce petit monde. Le visiteur demande alors qui gouverne. Alors le guide hésite. Il n'en sait rien. La transparence a fini par tuer le pouvoir.