mardi 14 septembre 2010
GB: seuls 14% des Britanniques favorables à la visite du pape
Seuls 14% des Britanniques sont favorables à la visite du pape au Royaume-Uni, de jeudi à dimanche, selon un sondage publié mardi dans le quotidien The Times.
Seuls 14% des 1.508 adultes interrogés par l'institut Populus approuvent la phrase "Je suis tout à fait favorable à la visite du pape et nous ne devrions pas pinailler sur les coûts inévitables" du déplacement. 57% se disent en revanche d'accord avec la phrase: "Je n'ai pas d'opinion arrêtée sur la visite du pape mais nous ne devrions pas dépenser l'argent des contribuables".
Le coût total de la visite papale, dans un pays qui ne compte qu'environ 10% de catholiques, continue de faire polémique au Royaume-Uni. Le gouvernement prendra à sa charge 10 à 12 millions de livres (12 à 14 millions d'euros) et l'Eglise catholique locale 9 à 10 millions de livres (11 à 12 millions d'euros).
Dans un geste controversé, l'Eglise locale a décidé de demander une "contribution financière" aux fidèles qui voudraient assister aux événements en plein air.
L'Eglise a admis lundi qu'elle avait des difficultés à écouler les billets, notamment pour la grand-messe de Birmingham où "la contribution" s'élève à 25 livres (30 euros).
Le sondage publié dans le Times confirme de plus l'écart existant entre l'opinion publique britannique et les dogmes catholiques. 73% des personnes interrogées estiment que le pape devrait abandonner son opposition à l'avortement (contre 21% qu'il devrait la réaffirmer), aux moyens de contraception (79% contre 17%), à l'homosexualité (70% contre 24%) ou encore à l'ordination des femmes (72% contre 24%).
Le déplacement de Benoît XVI sera la première visite d'Etat d'un pape au Royaume-Uni. Jean Paul II avait été en 1982 le premier souverain pontife à se rendre dans le pays, depuis que le roi Henry VIII a rompu avec Rome et le catholicisme en 1534, établissant l'Eglise anglicane. Mais il ne s'agissait alors que d'une visite pastorale.
François Bayrou : « Pourquoi je vais voter contre la réforme des retraites »
« Le déplacement de 65 à 67 ans du seuil où l'on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation est une punition pour les carrières incomplètes, particulièrement pour les femmes », dénonce dans une interview le président du Mouvement démocrate, qui par ailleurs pose une question : « Bernard Tapie a-t-il bénéficié du bouclier fiscal ?».
Quel sera votre vote, mercredi, sur l'ensemble du texte de la réforme des retraites ?
J'aurais voté pour une réforme juste. Une réforme des retraites est vitale, et je considère comme raisonnable qu'elle comporte un déplacement de l'âge légal de 60 à 62 ans. Mais le déplacement de 65 à 67 ans du seuil où l'on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation est une punition pour les carrières incomplètes, particulièrement pour les femmes. C'est une injustice et je voterai contre cette injustice.
Le report à 62 ans était-il inévitable ?
La situation actuelle est intenable. Les retraites versées aux Français représentent cette année 280 milliards d'euros et il y a, sur cette somme, plus de 30 milliards de déficits. Ces dizaines de milliards sont empruntés et leur charge renvoyée sur les années à venir. Les actifs doivent donc assumer la charge de retraites toujours plus nombreuses et, en plus, rembourser les montants empruntés les années précédentes ! Effet boule de neige ! Les solutions comptables, comme la baisse des pensions, sont impossibles à assumer. Il n'y a donc qu'une piste logique : il faut supprimer les déficits en augmentant le nombre d'actifs par rapport aux retraités. Cela suppose une politique de reconquête de l'emploi, donc de la production en France -qui en parle et que fait-on concrètement ?-et un déplacement du curseur de l'âge de départ à la retraite.
Alors pourquoi voter contre ?
Parce qu'il est absolument injuste d'en profiter pour cibler les plus fragiles. Déplacer de 65 à 67 ans l'âge de validation des droits, c'est la double peine : ceux qui ont eu des carrières incomplètes, qui ont eu des difficultés dans la vie professionnelle, par exemple les femmes qui ont élevé leurs enfants, auront des retraites minuscules, et c'est eux qu'on cible pour financer l'ensemble. C'est extrêmement choquant. Encore davantage quand existent des situations protégées, à commencer disons-le par les parlementaires, bénéficiant d'un régime spécial très avantageux, sans exigence de carrière complète ! En outre, je récuse les chiffres qui nous sont présentés. Il n'y a que 18% des personnes qui partent après 65 ans, et leurs pensions, surtout celles des femmes ayant élevé des enfants, sont largement inférieures aux pensions complètes. Arithmétiquement, il est impossible qu'il y ait là un tiers du financement de la réforme comme le prétend le gouvernement.
Dans l'hypothèse où vous seriez élu en 2012, reviendrez-vous en arrière sur les 67 ans ?
Je ne laisserais pas subsister pareille injustice. Dans le cadre d'une réforme globale, je demanderai au gouvernement et au parlement de corriger ce volet de la loi.
Mais n'est-il pas tout aussi injuste, comme le dit le PS, de reporter l'âge légal à 62 ans ?
Dans l'analyse du PS, tout n'est pas à critiquer. Les reproches sur le financement de la réforme sont par exemple absolument fondés. Mais la position socialiste est très ambiguë pour ne pas dire un peu hypocrite. Pour l'opinion, en défendant les 60 ans, le PS est contre la réforme. Mais en fait, le PS soutient bel et bien l'allongement de la durée de cotisation et une forte augmentation de la pénalisation en cas de carrières incomplètes ! Dans un monde où l'entrée dans la vie active, notamment pour les étudiants, se fait de plus en plus tard, c'est en fait accepter que des gens partent très tard ou avec des retraites très basses. Quant à financer les retraites par l'impôt, Michel Rocard a qualifié cette position d'« absurde », de « dangerosissime » et d'« imbécillité ». Je suis sur la même ligne. L'impôt, c'est pour le budget. Les régimes de retraite doivent être équilibrés en eux-mêmes et financés par les cotisations.
A terme, que préconisez-vous pour que le système soit viable ?
Si l'on veut un système équilibré, il faut changer d'architecture. Il faut passer à une retraite par points, un régime universel, par répartition, équilibré sur le long terme, géré par les partenaires sociaux, permettant à chacun de choisir lui-même l'équilibre entre âge de départ et montant de la pension et de savoir, à tout moment de la vie, où il en est de la retraite qu'il peut espérer. Il aurait été intéressant que le gouvernement accepte de réfléchir à un tel changement de système, qui a déjà convaincu une partie des syndicats, et même certains à l'UMP et au PS. En refusant cette réflexion, il a enlevé tout horizon crédible à la réforme. Il faudra donc tout repenser.
Cette réforme serait donc une occasion manquée ?
Il aurait été beaucoup plus courageux d'aller vers une réforme vraiment durable. Si j'avais eu à la conduire, je m'y serais pris bien différemment. J'aurais organisé une négociation longue, publique, télévisée, sur plusieurs semaines, qui aurait permis à chacun des intervenants de défendre ses idées et ses principes. Cela aurait détruit les fantasmes et conduit chaque Français à se forger une conviction personnelle. Je suis sûr que l'on aurait trouvé des zones de consensus. Et j'aurais traité en même temps de la question des fins de carrière progressives, d'un nouveau rôle pour les seniors dans l'entreprise, du tutorat, du changement du travail selon les âges de la vie.
Le gouvernement en fait-il assez pour réduire les déficits ?
Depuis dix ou quinze ans, les décisions prises sont sans commune mesure avec la menace qui pèse sur notre pays. Cela finira par poser des problèmes insolubles. Pour éviter le drame, il faudra une volonté nouvelle, qui commence par la dépense, par les interventions de l'Etat, par exemple les sommes consacrées aux 35 heures. Il faut en même temps un pacte avec les collectivités locales. Et il faut poser clairement la question de la justice fiscale. Les affaires Bettencourt et Tapie viennent de le démontrer si c'était encore nécessaire : les plus fortunés en France sont proportionnellement moins imposés que les classes moyennes. Il faut une vraie réforme fiscale, supprimer le bouclier fiscal, et parallèlement, il faut une réforme radicale de l'ISF qui est un impôt mal pensé et, qui plus est, contourné par les plus gros contribuables. Et la justice exigera l'introduction d'une tranche marginale de l'impôt sur le revenu à 45%.
Christine Lagarde a en creux reconnu que l'Etat s'apprêtait à verser 210 millions à Bernard Tapie, mais a nié tout privilège. Cela vous convainc-t-il ?
C'est un scandale civique ajouté à un mensonge d'Etat. Une décision ayant des conséquences aussi graves pour le contribuable ne pouvait être prise que par la justice. Là, il s'agit d'une décision d'arbitrage privé, sans légitimité ; et elle a abouti à un résultat effarant : par exemple 45 millions d'euros de « préjudice moral ». C'est 1.500 fois plus que ce qui est donné aux parents dans le malheur quand un enfant meurt dans un accident ! 1500 fois plus que le pire des drames ! Et puis il y a le mensonge : le gouvernement a laissé croire qu'il n'en coûterait que quelque 30 millions ; ce sera au final sept fois plus. Je pose la question : quels avantages, en particulier fiscaux, ont-ils permis d'en arriver à une telle somme ? Bernard Tapie a-t-il bénéficié du bouclier fiscal ? 210 millions d'euros c'est l'impôt sur le revenu de plus de 100.000 foyers fiscaux, ou encore c'est la totalité des salaires annuels des 15.000 postes d'enseignants supprimés l'an dernier.
« SOS on coule! » C'était, il y a quelques mois, l'appel au secours de la FNSEA, le premier syndicat agricole français. Malgré un plan de sauvetage en partie basé sur de nouveaux prêts aux agriculteurs, qu'il faudra bien rembourser, la situation s'est encore aggravée. C'est encore plus vrai dans l'Ouest, première région de production animale en France. En Normandie, l'an dernier, les revenus des agriculteurs ont chuté de près de 60% et de près de 50% en Bretagne. Très sensibles au prix de l'alimentation animale, les éleveurs voient, depuis le début de l'été, le prix des céréales s'envoler.
C'est dans ce contexte difficile que Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, devrait annoncer, ce matin, au Space, le salon international de l'élevage, à Rennes, un plan stratégique pour relancer des éleveurs plongés dans la tourmente.
Des conjonctures difficiles, les agriculteurs en ont connu d'autres. Mais, cette fois, le mal est plus profond. La première puissance agricole européenne doit relever un triple défi : affronter des concurrents plus agressifs, aider les agriculteurs à se réconcilier, anticiper la réforme de la Politique agricole commune. Le tout dans un contexte budgétaire tendu.
Défi économique. L'élargissement de l'Europe a entraîné une redistribution des cartes. De nouveaux concurrents poussent à l'Est. L'Allemagne, de son côté, récolte les fruits d'une stratégie offensive. Face aux risques liés à la remise à plat de la politique agricole européenne et aux incertitudes de la mondialisation, elle a doté ses agriculteurs d'amortisseurs. Ils carburent aux énergies renouvelables quand la filière de méthanisation française en est encore à ses balbutiements.
Défi syndical. L'agriculture reste une exception dans le paysage social. C'est le seul secteur où les syndicats minoritaires, qui représentent plus de 40% des voix, ne participent pas aux négociations interprofessionnelles, tout en voyant leurs adhérents soumis à des cotisations volontaires obligatoires dont ils ne profitent pas. Tous les ministres, droite et gauche confondues, ont calé face à l'opposition résolue de la FNSEA. Entraînant ainsi une radicalisation du discours des autres syndicats : Confédération paysanne et Coordination rurale. Alors même que les agriculteurs, moins nombreux dans la société, devraient se rassembler pour faire face aux échéances cruciales de la nouvelle Politique agricole commune.
Défi européen. La France a longtemps campé sur des positions intransigeantes à Bruxelles, défendant pied à pied un volume de subventions. C'est d'un plan stratégique dont elle a, aujourd'hui, besoin. Demain, la Politique agricole commune devra d'abord être une politique alimentaire capable de répondre aux incertitudes du réchauffement climatique. En s'appuyant sur la richesse des écosystèmes pour diminuer la consommation de pesticides et moins dépendre du pétrole. C'est, en tout cas, le message de Dacian Ciolos, le nouveau commissaire européen à l'Agriculture.
L'environnement est au coeur de cette nouvelle politique. La France aurait tort de l'oublier. À condition de l'inscrire dans une logique dynamique et moins tatillonne sur le plan administratif, elle ne manque pas d'atouts. Partout, des initiatives fleurissent. Des agriculteurs expérimentent, innovent en lien avec la recherche. Un nouveau monde est en germe. Reste à l'accompagner pour l'aider à se développer.
Patrice Moyon
Et un soupçon de plus ! Depuis des semaines sortent à un rythme soutenu, dans différents médias, des informations mettant en cause Éric Woerth, qui dénoncent un conflit d’intérêts entre ses responsabilités ministérielles et sa casquette de trésorier de l’UMP. Le quotidien Le Monde, hier, a porté contre le pouvoir une accusation nouvelle : la direction centrale du renseignement intérieur, c’est-à-dire les services de contre-espionnage, aurait été chargée par l’Élysée de rechercher le haut fonctionnaire à l’origine de certaines « fuites » dans les journaux, concernant l’embauche de Florence Woerth par le cabinet gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt. Le Monde annonce vouloir porter plainte, car serait ainsi mise en cause la protection des sources des journalistes qu’une loi de 2010 a pourtant nettement réaffirmée.
L’Élysée a aussitôt démenti l’accusation. Autant dire que les faits sont à établir : l’enquête, à la suite du dépôt de plainte, devra les éclaircir. Cela n’empêche personne – et certains responsables politiques ne s’en sont pas privés – de tirer de cette affaire dans l’affaire des conclusions définitives. S’étonner qu’une administration cherche à savoir qui, en son sein, divulgue des informations et des documents pouvant porter atteinte à son action serait naïf. Même s’il arrive à ces mêmes administrations, en certains cas, de bafouer elles-mêmes le secret de l’instruction. La loi de 2010 précise d’ailleurs qu’« il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie ». Reste à définir, en l’occurrence, l’impératif d’intérêt public ! Les deux parties n’en auront pas la même vision…
L’important sera donc de connaître les méthodes employées pour découvrir la « taupe » : a-t-on espionné directement le journaliste et ses communications ? A-t-on eu recours à des services de l’État qui ne doivent pas être utilisés sans mandat juridique clair ? De la réponse à ces questions dépend l’évaluation de la menace pesant, dans notre pays, sur la liberté d’informer.
Quelle tempête ! C'est un Woerthgate, dénoncent les socialistes. Un Sarkogate, accuse Madame Joly, qui s'y connaît en scandale judiciaire. Enfin qu'importe le détail, c'est un Machingate, en souvenir du Watergate qui fit chuter le président Richard Nixon… On ne va évidemment pas dire ici qu'il est juste et bien d'envoyer les espions de la République écouter les sources des journalistes. Si notre Président en est coupable, il doit être condamné. Mais l'explosion soudaine et violente de ce Machingate témoigne d'autre chose : le climat général d'hystérie dans lequel baigne le petit monde politico-médiatique. Notre Président, l'opposition et quelques médias semblent vouloir rivaliser d'outrance et de brutalité. C'est mépris contre mépris, bourre-pif permanent, avec le même objectif d'emporter l'adhésion populaire, des électeurs ou des lecteurs. Et si on se calmait un peu ?
Si l’exécution a été “suspendue”, la peine court toujours. Sakineh, cette Iranienne accusée d’adultère, est condamnée à la lapidation. Haut-le-coeur dans le monde entier devant une telle barbarie. En France, cette mise à mort d’une bestialité rare marque le retour de “l’humoriste” Dieudonné.
Il est à Téhéran pour réclamer la clémence de son “ami le président iranien”. Ahmadinejad “est un guide pour moi” répète à l’envi Dieudonné...
On ne choisit pas ses amis. Pas plus que ses avocats. Surtout lorsque l’on est au secret au fond des geôles d’un régime tyrannique...
Avant de partir, Dieudonné a donné des gages à son “ami” de Téhéran. Car Dieudonné ne fait jamais les choses à moitié. Tenez, pour lui, le chef du Hamas en Israël n’est rien d’autre que “le général de Gaulle de la Palestine, en plus charismatique”. Ou encore, “je me suis converti au judaïsme, j’ai rejoint la religion du profit”. Visiblement les juges qui l’ont épinglé pour antisémitisme ont mal fait leur boulot...
Évidemment, Dieudonné n’a aucun mandat du gouvernement français. D’ailleurs, “le soutien du Quai d’Orsay dans cette affaire”, Dieudonné déclare “s’en tartiner le...”. C’est dire si la prudence diplomatique l’anime...
Coluche en avait fait le triste constat : “Il y a deux genres d’avocat” plaisantait-il à moitié, “celui qui connaît bien la loi et celui qui connaît bien le juge”.
Sous certaines latitudes, seul le second est écouté...
La circulaire ciblant en priorité les évacuations de Roms et le recours au contre espionnage pour débusquer les informateurs du journal Le Monde dans l'affaire Woerth-Bettencourt n'ont apparemment rien à voir entre elles. Pourtant ces deux affaires, de nature et d'ampleur différentes, ont un point commun. La manière dont le pouvoir est passé à l'offensive traduit un embarras qui ne peut que s'accentuer dès lors que le voile est levé. Le nez de Pinocchio s'allonge au fur et à mesure de ses mensonges.
L'avalanche de circulaires, jusqu'à la dernière, signée en catastrophe hier par Brice Hortefeux tourne au pathétique. Voilà le ministre contraint de démentir son propre directeur de cabinet qui démentait lui-même un autre ministre, celui de l'Immigration. Faites ce que je dis, virez les Roms illégaux, mais ne dites pas ce que je fais, car c'est juridiquement et politiquement intenable. Cette gestion calamiteuse, en attendant la bavure, est en fait la conséquence du choix politique de Nicolas Sarkozy, qui balaie toutes les objections car il est sûr de son succès auprès de l'opinion. Dehors les voleurs de poules !
Son offensive contre les camps illégaux se veut pourtant respectueuse des textes français et européens, mais le ciblage d'une communauté et l'acharnement médiatique, à seule fin de rafraîchir son image sécuritaire, ne peuvent que conduire à cet embrouillamini. Et à cette situation choquante qui voit la France, championne du droit d'asile, montrée du doigt dans le monde entier, jusqu'à l'ONU, pour sa politique migratoire jugée honteuse.
Dans l'affaire Woerth-Bettencourt, si l'enquête consécutive à la plainte du Monde conclut à la violation de la loi sur le secret des sources, renforcée par le président lui-même, on entrera dans une autre dimension. Le journal accuse l'Élysée qui dément, mais s'il apparaît qu'au sommet on a voulu empêcher des révélations gênantes, il s'agira bien d'une affaire d'État. On n'en est pas encore là, mais ce climat est bien malsain. Entre la guerre sécuritaire et l'inquiétude prioritaire des Français sur le chômage, on voit bien le choix du président, ou plutôt du candidat.
Comment qualifier le lundi politique que nous avons vécu hier ? On hésite, en effet, entre incrédulité et stupéfaction. Même parmi les supporters les plus convaincus de Nicolas Sarkozy, c'est avec une certaine gêne qu'on a commenté la circulaire du directeur du cabinet de Brice Hortefeux visant directement les Roms. Le président de la République n'est pas raciste, alors comment un tel document ouvertement stigmatisant envers une communauté précise a-t-il pu être rédigé par le ministère de l'Intérieur ? Car ce n'est ni d'une maladresse, ni d'une instruction subalterne dont on parle, mais d'un document incontestable dont la rédaction a été clairement condamnée par le Haut représentant de l'ONU pour les droits de l'homme.
Nous sommes là bien au-delà de la politique d'immigration musclée et décomplexée, légitime parce que « légale », que revendique le gouvernement. Il ne s'agit pas non plus, comme l'a dit un peu vite Xavier Bertrand, d'une polémique de belles âmes. Une frontière a été repoussée qui déplace le débat sur le terrain des valeurs qui engagent l'image de la France, bien au-delà des clivages politiques ordinaires. Si M. Hortefeux a pris soin de modifier immédiatement les termes de la lettre incriminée, c'est qu'il a clairement conscience qu'elle était absolument indéfendable... y compris dans les yeux du ministre de l'Immigration.
Qu'importe ce recul précipité... si du point de vue du ministre de l'Intérieur, l'objectif a été atteint. L'électorat du Front national courtisé par sa politique depuis le début de l'été a eu le temps d'être séduit. La popularité du chef de l'État dans cette cible électorale a grimpé de... vingt points en un mois. Champagne ! Et tant pis si, pour parvenir à ce résultat, on a flatté, voire justifié, le sentiment d'exclusion le plus primaire à l'égard d'une communauté pauvre, dérangeante dans le paysage, d'autant plus facilement méprisée qu'une partie de ses membres est effectivement en situation irrégulière... A lire les sondages sur l'approbation des expulsions, le mécanisme, qui recourt à l'amalgame facile, a parfaitement fonctionné.
Quand elles sont inspirées par un antisarkozysme primaire lui aussi, les spéculations sur les dérives « vichystes » du régime, et maintenant sur le « Sarkogate » sombrent évidemment dans une caricature regrettable. En revanche, les dérapages successifs du pouvoir qui, hier, ont tourné à l'embardée, mettent en évidence une fébrilité dommageable. Ces petites paniques répétitives rétrécissent dangereusement le pays à l'heure où il devrait être grand pour affronter des périls autrement plus dangereux que des campements sans défense... et de simples journaux.
Économie : les migrations jouent un rôle décisif dans la croissance économique à long terme, selon l’OCDE
Les migrations internationales ont diminué pendant la crise mais, à mesure que la reprise économique progressera, de nouvelles entrées de migrants seront nécessaires pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre ou de compétences, d’après un nouveau rapport de l’OCDE.
Dans l’édition 2010 des Perspectives des migrations internationales, il est indiqué qu’en 2008, les entrées de migrants vers les pays de l’OCDE ont reculé de 6 % environ, tombant à 4.4 millions d’individus, alors qu’au cours des 5 années précédentes, leurs effectifs avaient augmenté de 11 % par an en moyenne. En outre, selon des données nationales récentes, le recul de ces effectifs s’est encore accentué en 2009.
Voir les données ici
Ce déclin témoigne d’une baisse de la demande de travailleurs étrangers émanant des entreprises des pays de l’OCDE. Les immigrés ont été durement frappés par la crise de l’emploi, notamment les jeunes qui, dans bien des pays, ont enregistré une forte diminution de leur taux d’emploi.
D’une manière générale, les chiffres du chômage des immigrés de sexe masculin (dont beaucoup travaillaient dans les secteurs durement touchés par la crise comme le bâtiment ou l’hôtellerie-restauration), ont progressé davantage que ceux de la population autochtone. Néanmoins, les immigrés au chômage qui retournent dans leur pays ne sont guère nombreux. Dans certains pays, on a même observé une hausse du taux d’emploi des femmes immigrées, qui ont pris un emploi pour compenser la perte de revenu provoquée par le chômage de leur conjoint.
Même si, à court terme, la crise a eu un impact sur l’immigration, cette dernière continuera de jouer un rôle crucial, à long terme, dans les pays de l’Organisation parce qu’ils auront besoin de travailleurs supplémentaires pour préserver la croissance et la prospérité.
C’est en pensant à cela, d'après l’OCDE, que les gouvernements des pays de l’Organisation devraient faire tout leur possible pour aider les immigrés qui ont perdu leur emploi, en veillant à ce qu’ils bénéficient des mêmes droits en matière de prestations de chômage que leurs homologues autochtones, et en leur offrant une aide à la recherche d’emploi et à l’apprentissage de la langue du pays d’accueil en vue de favoriser leur intégration.
« Il est important de souligner que les immigrés apportent une contribution bénéfique à l’économie nationale, en particulier en période de croissance », a fait observer le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría. « Les tendances démographiques de long terme demeurent quelle que soit l’ampleur des difficultés économiques actuelles. Ces dernières ne devraient pas servir d’argument pour imposer des barrières excessives à l’immigration. Il est important de conserver une perspective de long terme en matière de politique migratoire. »
En maintenant les taux d’immigration à leur niveau actuel, prévoit l’OCDE, la population d’âge actif des pays de l’Organisation n’augmenterait que de 1.9 % au cours des dix prochaines années. Ce pourcentage contraste avec les 8.6 % d’augmentation de la population en âge de travailler enregistrés entre 2000 et 2010.
La naturalisation est un des déterminants majeurs des bons résultats sur le plan de l’emploi et, à terme, de l’intégration des immigrés. Les immigrés remplissant les conditions d’accession à la nationalité de leur pays d’accueil devraient être encouragés à la demander, recommande l’OCDE. Dans l’intervalle, les pays devraient envisager d’aplanir les obstacles à la naturalisation comme la limitation de reconnaissance de la double nationalité ou la rigueur excessive des critères d’admissibilité.
Des cortèges très impressionnants, la France au ralenti, le pic de contestation contre la réforme de 2003 au moins égalé, une rentrée sociale aussi chaude que précoce et même François-Marie Banier qui défile… On pourrait conclure, après le coup de force syndical de mardi et avant le deuxième round jeudi 23 septembre, que le bras de fer sur la réforme des retraites est totalement relancé. On pourrait, comme les syndicats, évoquer un « tournant » et assurer que « rien n'est joué ». On pourrait. Mais ce serait probablement une erreur.
Le contraste entre l'ampleur des mobilisations et les gestes limités concédés en réponse est surtout venu confirmer aux syndicats ce qu'ils savaient déjà : les Français s'opposent au projet, mais l'Elysée ne reculera ni sur le passage de 60 à 62 ans de l'âge de départ, ni sur l'équilibre financier global de la réforme.
Politiquement, un recul serait un quasi-suicide pour Nicolas Sarkozy. « Il en fait une réforme emblématique et un marqueur politique en vue de 2012. C'est un vrai problème pour nous », reconnaissent plusieurs leaders syndicaux. Economiquement, des gestes vraiment d'ampleur, sur la pénibilité par exemple, seraient risqués : l'Europe exige des gages solides dans la lutte contre les déficits et cette réforme constitue probablement la dernière chance de sauver le système par répartition.
La plupart des syndicats, réformistes en tête, ont intégré ce constat. Ils savent aussi que le combat de la rue est particulièrement compliqué dans un calendrier aussi resserré. Ce n'est pas une, mais trois ou quatre mobilisations monstres qu'il leur faudrait pour reprendre totalement voix au chapitre. Pas impossible mais presque en si peu de temps, par inévitable effet d'essoufflement. Et cette fois-ci, contrairement à l'épisode victorieux du CPE en 2006, ils ne pourront pas compter sur les étudiants pour faire toute la différence : la retraite est une préoccupation bien lointaine pour ces derniers et l'Elysée a pris soin de déminer le terrain en maintenant les aides au logement. S'appuyer sur les salariés du privé ? La mobilisation y progresse mais reste loin d'un niveau à même de changer la donne. Les amener à râler à la machine à café contre la réforme est une chose, en pousser un nombre assez important à basculer de la résignation à la contestation active, et durable, en est une autre.
C'est pourquoi en coulisse, derrière les discours combatifs de rigueur, certains cherchent déjà la meilleure porte de sortie possible. Voir l'intersyndicale attendre quinze jours pour remobiliser après un succès comme celui de mardi en dit long. Pour les plus modérés, l'objectif est désormais de remettre le couvert encore une ou deux fois en s'appuyant sur la lancée de mardi pour tenter d'arracher d'ultimes gestes - par exemple sur une plus forte mise à contribution des hauts revenus -puis, très probablement, tourner la page… en attendant 2012. La CFDT ne s'en cache plus vraiment et tous les regards sont désormais tournés vers la CGT.
Ira-t-elle au conflit dur ? Certes, une partie de sa base, dans les transports et la fonction publique d'Etat notamment, milite pour des grandes grèves en brandissant le glorieux souvenir de 1995. Certes, Bernard Thibault affirme ne pas l'exclure, comme quand il explique dans « Le Monde » d'hier qu' « on peut aller vers un blocage, une crise sociale d'ampleur » si l'Etat ne recule pas. Certes, FO et Sud poussent en ce sens et la FSU suivrait le cas échéant. Mais le leader cégétiste est-il vraiment prêt à lancer sa centrale dans ce périlleux exercice ? Rien n'est moins sûr tant il doute encore profondément du succès d'un tel mouvement ; il rechigne à faire le jeu de l'extrême gauche en mettant de l'huile sur le feu ; il préférerait éviter de redonner du poids à sa frange la plus radicale qui le conteste en interne ; il est aussi soucieux de privilégier l'unité avec la CFDT qu'il entretient savamment depuis plus de deux ans.
Seule une poussée particulièrement forte de la base, de l'opinion et des salariés du privé, avec un espoir réel d'arracher alors une victoire historique, pourrait l'amener à revoir cette analyse. Impossible n'est pas français, a fortiori dans le domaine social, mais cela apparaît encore bien improbable.
Si ce scénario devait se confirmer, on pourrait conclure au manque de courage des syndicats. On pourrait crier à leur défaite et souligner leur impuissance. On pourrait. Mais ça serait là une autre erreur.
Même s'ils ne gagnent pas la guerre, leur bataille aura été tout sauf inutile. Tout d'abord parce qu'ils ont déjà arraché des concessions qu'ils n'auraient sans cela pas obtenues et que d'autres gestes pourraient suivre. Ensuite, parce que dans le prolongement des mobilisations contre la crise de 2009, ils ont continué à donner corps et à fournir un cadre d'expression à la contestation de la politique économique et sociale du gouvernement. Enfin, parce que les syndicats, là aussi dans le prolongement des actions de l'an passé, ont confirmé leur capacité à dépasser leurs divergences de fond pour agir dans l'unité autour d'un axe CGT-CFDT renforcé.
C'est déjà une vraie victoire pour eux et un changement profond qui pèsera sur le climat et le paysage social bien au-delà de l'épisode des retraites.
Derek Perrotte
Un champ de ruines… Voilà à quoi ressemble la science économique deux ans après la faillite de la banque Lehman Brothers, point culminant d'une crise encore inachevée. Une crise où les économistes ont une lourde responsabilité, car ils avaient encouragé par leurs analyses une foule de décisions et d'attitudes fondées sur une idée simple mais fausse : le marché laissé à lui-même est toujours le meilleur outil pour parvenir au meilleur équilibre. Depuis, on ne compte plus les débats sur leur (in)utilité. Ni leurs citations avouant leur aveuglement, leur complaisance ou leur propre crise systémique.
Pourtant, il y a encore des congrès d'économistes. Et, dans ces congrès, on peut même trouver des éclairages précieux. C'était le cas des deux conférences données vendredi lors du colloque de l'Association française de science économique (AFSE), qui regroupe universitaires et chercheurs des institutions publiques ou privées. Roger Guesnerie, professeur au Collège de France, a posé un diagnostic pour le coup sans complaisance. Il décrit une science balkanisée, travaillant sur des hypothèses erronées. « Les économistes écrivent des modèles qui leur font plaisir mais qui sont irréalistes » - un travers encore présent dans certains travaux présentés au colloque. L'homme est certes rationnel, comme le supposent la plupart des chercheurs, mais cette rationalité bute sur des limites. C'est vrai dans nos décisions comme dans nos anticipations. Or l'hypothèse « incroyable » des anticipations rationnelles a été au coeur de l'appareillage qui s'est imposé depuis la fin des années 1960, et qui avait disqualifié l'action publique. A l'ère de John Maynard Keynes, des années 1930 aux années 1960, a succédé celle de Milton Friedman, des années 1970 jusqu'à la fin des années 2000. La catastrophe montre qu'il est temps de passer à autre chose.
André Cartapanis, professeur à Sciences po Aix et président de l'AFSE, a justement expliqué qu'il y a une vie au-delà du champ de ruines. Il suffit de regarder vers des auteurs jusque-là considérés comme relevant de la vieillerie ou de l'hérésie. Il y a en fait trois lignées de chercheurs à suivre pour comprendre ce qui s'est passé. D'abord, les historiens, comme Charles Kindleberger ou tout récemment Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart. Leurs travaux montrent comment, maintes fois dans l'histoire, un excès de confiance a entraîné, dans un climat souvent propice à la déréglementation, une sous-évaluation du risque, une flambée du crédit et un emballement de la dette débouchant sur un krach.
Ensuite, les théoriciens de l'instabilité. Dès 1802, le Britannique Henry Thornton avait théorisé la contagion bancaire et la crise de liquidité : « Si la défiance vient à se répandre, la prudence veut qu'on néglige le petit bénéfice d'un intérêt de quelques jours et qu'on ait sa provision de billets de banque prête, pour faire face au moment nécessaire. » Un siècle plus tard, le Suédois Knut Wicksell a analysé le « processus cumulatif » qui se développe dans la finance, amplifiant les booms et les chutes. Keynes, lui, affirmait que « le risque d'une prédominance de la spéculation tend à grandir à mesure que l'organisation des marchés financiers progresse ». Plus récemment, des chercheurs, dont Roger Guesnerie, ont montré comment la spéculation pouvait être déstabilisatrice. Troisième lignée : ceux qui jettent des ponts entre économie et finance à l'échelon global, en décortiquant les liens entre comportements individuels et risques collectifs. Le Français hétérodoxe Michel Aglietta mène ici les travaux les plus passionnants.
Les économistes vont maintenant devoir rassembler ce que Willem Buiter, un ancien de la Banque d'Angleterre devenu « chief economist » de la banque Citigroup, appelle ce « pot-pourri » de théories, où l'on pourrait rajouter les « esprits animaux » de George Akerlof et Robert Shiller. La « macrofinance » naîtra de la « grande récession » comme la macroéconomie était née de la Grande Dépression. Une macrofinance articulée à la macroéconomie, dans laquelle s'inscriront naturellement les réglementations macroprudentielles qui émergent dans le cadre du G20 et d'autres organismes. Mais ça ne suffira pas. Pour expliquer le monde, pour le faire mieux tourner, pour devenir presque aussi utiles que les dentistes cités en exemple par Keynes, les économistes devront aussi faire preuve d'une qualité qui ne les a pas étouffés jusqu'à présent : l'humilité, devant les hommes et devant les faits.
en promettant, au printemps 2007, avant son élection à la présidence de la République, d'alléger de 68 milliards d'euros en dix ans - oui, en deux quinquennats, pas en un seul -la facture globale des impôts et cotisations, Nicolas Sarkozy a sans doute été imprudent. Non pas sur l'objectif lui-même. Après tout, il n'est en rien déraisonnable de vouloir réduire de 4 points en dix ans un taux de prélèvements obligatoires (PO) publics qui oscille depuis 1981 entre 40 % et 45 % du PIB, la fourchette la plus haute des pays de l'OCDE. Plus que raisonnable, c'est même souhaitable dès lors que l'exécutif s'est assigné pour saine ambition de faire reculer la dépense publique.
L'imprudence de celui qui n'était pas encore chef de l'Etat fut plutôt d'avoir pris comme indicateur de résultat politique ce taux de prélèvements obligatoires, qui n'est qu'un fragile échafaudage statistique. Fragile, d'abord, car extrêmement sensible au moindre coup de vent conjoncturel. Ainsi, en l'absence de toute hausse des taux nominaux d'imposition ou de toute extension des assiettes fiscales, le niveau des PO peut grimper sous le seul effet mécanique d'une accélération de la croissance économique. C'est exactement ce qui se passe en ce moment et le risque est de faire dire à ce chiffre sacralisé le contraire de ce qu'il signifie en réalité !
Fragile, le taux des prélèvements obligatoires l'est aussi parce qu'il est trop souvent lu indépendamment de celui des dépenses publiques. C'est pourtant l'autre face de la médaille et elle en dit long sur ce taux de prélèvements caché que représente le déficit public, dont la fonction n'est autre que de faire financer par un impôt sur la société de demain notre modèle social d'aujourd'hui. Aussi conviendrait-il, à présent, de mettre en regard de la hausse cyclique du taux des PO la baisse de niveau du déficit.
Faute d'une réforme de cet indicateur aussi imparfait qu'incomplet, Nicolas Sarkozy risque d'avoir du mal, en 2012, à convaincre qu'il n'aura cessé de baisser les impôts. Or la simple exigence de vérité des chiffres invite à l'élaboration d'un taux de prélèvements obligatoires corrigé des variations du cycle économique dont le niveau soit le reflet fidèle du poids structurel de l'impôt dans l'économie et l'évolution, la photo exacte de la politique fiscale. Plutôt qu'un mauvais cliché.
Jean-Francis Pecresse
Bruxelles confirme un reflux de la croissance européenne au second semestre
Si la Commission a relevé, hier, à 1,8 % ses prévisions de croissance pour 2010 dans l'Union européenne, grâce à la bonne performance du deuxième trimestre, le rythme est en train de ralentir.
olli Rehn, le commissaire aux Affaires économiques et monétaire s'est montré d'un « optimisme prudent » en annonçant, hier, un net relèvement des prévisions de croissance dans la zone européenne. Alors qu'en mai dernier, sa direction tablait sur une croissance du PIB de 1 % pour l'Union européenne, elle annonce désormais une croissance de 1,8 % pour l'Union et de 1,7 % pour les 16 pays de la zone euro. La bonne nouvelle, a souligné Olli Rehn, vient d'un regain de la demande intérieure. Le moteur allemand semble de nouveau fonctionner. L'Allemagne, qui a enregistré un spectaculaire rebond au deuxième trimestre, se dirige vers une croissance de 3,4 % pour 2010, tirée pour la première fois par un redémarrage de sa consommation intérieure et pas uniquement par la vigueur de ses exportations. Pour autant, le commissaire ne crie pas victoire, inquiet de la fragilité persistante des marchés financiers, que dénote la faible reprise du crédit, mais aussi du ralentissement de la conjoncture américaine.
Après la bonne surprise du deuxième trimestre, confirmant les pronostics de l'OCDE, le commissaire prévoit que la croissance européenne « fléchisse au second semestre ». En cause : un ralentissement attendu de la croissance mondiale, alors que les effets des mesures de relance s'estompent.
Une meilleure coordination
Les prévisions de la Commission ne reposent pour l'instant que sur les sept économies les plus importantes de l'Union. Or l'histoire récente vient de montrer à quel point le redressement difficile de l'économie de « petits » pays comme la Grèce peut menacer la monnaie européenne. Contrairement aux propos du premier ministre espagnol, Bruxelles n'attend pas une sortie de récession de l'Espagne cette année.
Pour Olli Rehn, la reprise ne doit pas provoquer le moindre relâchement sur les efforts d'assainissement des finances publiques. Le commissaire est d'autant plus enclin à appeler à la prudence qu'il sait que l'unanimité qui s'est dégagée après la crise grecque pour promettre une meilleure coordination des politiques budgétaires risque de se fissurer avec la reprise. A propos de la France, « la confiance est la clef », a-t-il rappelé, en laissant entendre qu'elle revenait grâce au plan fiscal présenté par le gouvernement et surtout grâce à la réforme des retraites.
TF1 veut la suppression de la taxe France Télévisions
TF1 va demander l'abolition de la taxe destinée à compenser la suppression de la publicité sur France Télévisions, a déclaré son PDG Nonce Paolini, dans une interview à paraître mardi 14 septembre dans Les Echos.
Il estime que la suppression de la publicité en journée sur les chaînes de l'opérateur public serait durablement reportée, au-delà du moratoire de deux ans récemment évoqué dans la presse, et qu'il fallait rétablir un équilibre économique en conséquence.
"Nous allons demander une suppression de la taxe France Télévisions puisque c'est France Télévisions qui bénéficie de l'effet d'aubaine", annonce-t-il.
La loi sur le service public de télévision prévoit que le coût de la suppression progressive de la publicité sur les chaînes publiques soit compensé par une taxe sur les chaînes privées et sur les fournisseurs d'accès à internet.
Une première étape a été franchie au début 2009 avec la suppression de la publicité avant 20 heures sur les chaînes de l'opérateur public. Selon des articles de presse récents, le gouvernement pencherait toutefois en faveur d'un moratoire, en vertu duquel la suppression de la publicité en journée, dont la mise en œuvre était prévue pour fin 2011, serait repoussée au-delà de 2012.
"Je ne crois pas au moratoire. Je suis convaincu que cette situation va s'installer durablement", estime pour sa part le PDG de TF1. "Il faut impérativement rétablir un nouvel équilibre économique".