Martine Aubry, Mazarine Pingeot, Ségolène Royal, Gilbert Mitterrand, réunis côte à côte devant la tombe de François Mitterrand, à Jarnac, samedi 8 janvier. A moins de cinq cents jours de l'élection présidentielle de 2012, le PS veut célébrer la mémoire du seul chef d'Etat socialiste de la Ve République.
Le temps n'est plus à l'inventaire comme dans les années Jospin. La gauche, après avoir essuyé trois échecs consécutifs (1995, 2002, 2007) veut retrouver les marches du pouvoir. Mais quinze ans après la mort de François Mitterrand, le parti reste sans leader naturel. Comme pour conjurer la spirale de l'échec, les prétendants sont venus toucher le symbole.
"Symbole du courage", du
"volontarisme",
"de la réconciliation de la France", diront Martine Aubry et Ségolène Royal.
"PARLER AUX FRANÇAIS"
Alors que les socialistes cheminent entre le cimetière et la maison natale de François Mitterrand, transformée en musée, la primaire socialiste souffle sur Jarnac. Ségolène Royal a comme, souvent, pris un pas d'avance sur tout le monde en revendiquant sa filiation avec celui dont elle fut la conseillère à l'Elysée puis la ministre dans un
entretien au
Monde.
"J'ai envie de succéder à François Mitterrand", déclare la candidate.
Devant les micros à la sortie du cimetière, sans la citer, Martine Aubry, lui rétorque :
"L'essentiel de ce qu'est la politique, ce n'est pas de parler de soi, de la façon dont on arrive au pouvoir, mais de ce qu'on veut faire pour la France, de parler aux Français. Les Français veulent retrouver la France qu'ils aiment, une France, forte, juste solidaire, enviée dans le monde".
QUELQUES ABSENTS
Le parfum d'élection qui entoure l'hommage n'a pas échappé à plusieurs grandes figures de la Mitterrandie :
Robert Badinter,
Pierre Joxe,
Michel Charasse,
Roland Dumas, ni aucun des anciens premiers ministres n'ont fait le déplacement. Il y a bien sûr quelques historiques :
Hubert Vedrine, Pierre Bergé,
Louis Mermaz,
Louis Mexandeau,
Jack Lang,
Anne Lauvergeon ou encore
Gilles Menage.
Dans les rangs des candidats,
François Hollande et
Manuel Valls ont boudé la cérémonie, comme les Strauss-kahniens. Arnaud Montebourg est lui au premier rang.
"Tu es venu chercher des signatures ?", plaisante
Bertrand Delanoë.
"AUCUN N'A SON SOUFFLE"
Le maire de Paris envoie aux journalistes son message :
"François Mitterrand, c'est l'exemple entre l'amour de la France et son engagement à gauche, cela doit nous inspirer. C'est une indication du chemin à parcourir pour qu'en 2012, il y ait rencontre entre la majorité sociale et la majorité politique du pays. François Mitterrand a construit patiemment l'alternative. Ce fut un long combat. Il donnait du temps au temps, n'avait pas le sens de l'éphémère et du spectacle".
Jack Lang dessine, lui, les qualités du futur candidat :
"courage et imagination, conviction forte".
"Il s'agira dans un an d'élire un président, non pas quelqu'un qui obéit à la mode du moment".
Observant le ballet à distance,
Jean-Claude Fournier, trente ans de militantisme charentais, ironise.
"Nous étions quinze l'an dernier. Nous sommes 450 aujourd'hui !" Grand admirateur de François Mitterrand, qu'il avait rencontré à deux reprises, ce proviseur en retraite juge le modèle sans héritier.
"Aucun n'a son souffle. Lorsqu'il parlait, il nous transportait".
Sophie Landrin