TOUT EST DIT

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lundi 26 décembre 2011

Des flemmards ces Grecs?

Si l’Europe est un gâchis, c’est parce que les Grecs sont tout le contraire des Allemands travailleurs. Faux!
 


Poutine face aux mutins de l'avenue Sakharov

Même dans la Russie de Vladimir Poutine, même dans ce pays tenu d'une main plus que ferme, depuis douze ans, par l'ancien colonel du KGB soviétique, les scénarios les mieux verrouillés peuvent déraper.

Et c'est peu dire que le scénario du règne sans fin de Poutine et des siens paraissait déjà écrit, il y a trois mois encore. Président de 2000 à 2008, premier ministre depuis, faute de pouvoir briguer un troisième mandat d'affilée, l'homme fort de Moscou s'apprêtait à retrouver la plénitude du pouvoir après quatre années d'un interlude assuré par son homme lige, Dmitri Medvedev.
Avec sa morgue coutumière, il avait d'ailleurs annoncé, dès le 24 septembre, cet échange de bons procédés. Les législatives du 4 décembre et la présidentielle du 4 mars 2012 ne devaient être que des formalités.
Depuis trois semaines, pourtant, c'est une tout autre histoire qui s'esquisse. Le 4 décembre, contre toute attente, c'est un sévère désaveu que les électeurs ont infligé au tandem Poutine-Medvedev, dont les candidats à la Douma enregistraient une baisse de 15 points dans les urnes. Malgré une propagande omniprésente et des fraudes massives.
Le 10 décembre, quelques dizaines de milliers de manifestants contestaient ces résultats frelatés. Le 24 décembre, vingt ans presque jour pour jour après la disparition de l'Union soviétique, ils ont protesté, plus nombreux encore, sur l'avenue Sakharov, à Moscou. Le Kremlin misait ouvertement sur un essoufflement de la colère populaire. C'est l'inverse qui s'est produit. Il y a quinze jours, les manifestants protestaient contre les fraudes électorales. Dimanche, ils ont contesté directement Poutine et son régime "d'escrocs et de voleurs".
Comme l'a martelé Garry Kasparov, ancien champion d'échecs et opposant : "Le pouvoir a peur parce que nous n'avons plus peur." Sans doute est-ce beaucoup dire. Pour l'heure, en effet, cette opposition paraît encore bien fragile face à la "verticale du pouvoir" poutinien. Disparate, elle rassemble des forces très hétéroclites. Hormis pour contester le Kremlin, l'on imagine mal libéraux, conservateurs, communistes ou ultranationalistes capables de se mettre d'accord sur une alternative.
A l'exception peut-être d'Alexeï Navalny, l'avocat blogueur et rageur acclamé dimanche à Moscou, elle ne dispose pas d'un champion capable de rivaliser avec Vladimir Poutine. Enfin, elle n'a pas de stratégie évidente et a prudemment renvoyé à la mi-janvier, après les fêtes du Noël russe, le moment de dessiner la suite qu'elle entend donner au mouvement.
Il n'empêche : le pouvoir sans partage érigé depuis 2000 par Poutine est au moins ébranlé, sinon menacé. S'il a encore le soutien de la population âgée et rurale et des bénéficiaires du système, le divorce paraît consommé avec la Russie plus jeune, formée et informée, des villes et des réseaux sociaux. Le "printemps arabe" a démontré que ce genre de divorce peut être fatal pour les autocraties.

Aube d’hiver

L’important, c’est le matin. Le retour du jour. La conquête tranquille mais inexorable du ciel par la lumière. Qu’importe alors si l’aube est pâle ou triomphante puisqu’elle l’emporte. Qu’elle donne vie à cet éternel recommencement qui pousse les hommes à se remettre en marche et à attendre, une fois encore, d’être éblouis par le soleil.

Celui du 25 décembre est toujours empreint d’une vertu particulière. Il porte l’espérance, quoi qu’il arrive. Une sorte de mission définitive que lui assignent, comme un devoir, les médias saturés d’actualité anxiogène. Même pour les journalistes, revenus de tout, Noël n’est jamais une date comme les autres. Un moment en suspension, entre deux événements, où l’on se détache du quotidien. Où l’on s’élève. Où l’on oublie. Un territoire où l’imaginaire a décrété, définitivement, qu’ici tout est vraiment possible. Le cinéma ne l’a-t-il pas élu pour abriter les miracles, sur la 34 ème rue ou ailleurs? Intérieur, le film des rêves qui se terminent bien s’étire de New York à Strasbourg, d’océans en continents, au rythme de 25 images par seconde qui ont le temps, universel, de l’éternité. Et pas seulement dans les yeux des enfants.

Bien entendu, c’est une question de foi. Pour les uns, elle est portée par les convictions religieuses. Pour les autres, par les certitudes que procure une détermination sereine face à l’existence. Angélisme ? Dans tous les cas, l’époque, c’est vrai, lui oppose son redoutable scepticisme. La vie est le plus souvent moins spectaculaire et plus rude que sur le grand écran. La véritable histoire de cette fin 2011 laisse peu de pages, ni de chances, aux contes de fées. Jamais, nous disent les enquêtes d’opinion, les Français n’auraient été, collectivement, aussi pessimistes et cette période des fêtes, où le malheur ne fait pas relâche, est empreinte d’une morosité persistante perceptible jusque dans les allées des grands magasins et des marchés de Noël.

Pour poursuivre l’espoir, il nous faut donc apprivoiser la nuit. Prendre le temps de regarder les étoiles. Les astrophysiciens ont raison : c’est un travail de patience toujours récompensé. Au bout de quelques minutes, l’œil fait abstraction de la pollution lumineuse et finit par voir ce qu’il ne voyait pas : des constellations d’éclats qui éclairent les ténèbres, vous relient à l’humanité tout entière, et vous emportent dans leurs tourbillons. Jusqu’à l’aurore.

Joyeux Noël à tous !

Trois discours sur l'avenir de l'Europe

La crise a un avantage : elle oblige les leaders européens à se dévoiler. À Toulon, Nicolas Sarkozy a insisté sur « le choix de la convergence » fait par l'Allemagne et la France. Comme ses prédécesseurs, il découvre ainsi la communauté d'intérêts qui unit les deux côtés du Rhin dès lors qu'il s'agit de l'Europe. Parfois l'un donne le ton, parfois l'autre. Au final, un compromis est négocié.

Dans le débat actuel, l'Allemagne impose sans nul doute son leadership en ayant convaincu les autres Européens que le retour à la croissance nécessitait d'abord de mettre de l'ordre dans leurs budgets nationaux. Inutile d'y voir pour autant une nouvelle Allemagne qui voudrait dominer à nouveau l'Europe, en la comparant à celle de 1871 ou de 1939, comme l'ont fait plusieurs socialistes français d'une manière parfaitement démagogique.

Au Bundestag, le 2 décembre, Angela Merkel a rappelé l'importance qu'elle attachait à un contrôle des déficits budgétaires régi par des règles. Elle souhaite des sanctions automatiques mises en oeuvre par la Commission et la Cour de justice et non par les États, forcément juges et parties.

Passé plus inaperçu en France, le discours du ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, prononcé à Berlin le 28 novembre, est un engagement sans précédent de son pays (le seul épargné par la crise économique) à rejoindre une Europe renforcée. Le gouvernement polonais, qui achève une présidence réussie de l'Union, souhaite adhérer à l'euro. Il y a là une nette rupture avec l'europessimisme des Frères Kaczynski et avec la méfiance envers les grands pays voisins, et notamment l'Allemagne.

Alors que 26 États ¯ c'est-à-dire tous sauf les Britanniques ¯ rédigeront d'ici à mars un traité d'union budgétaire, il serait faux de penser que toute différence a disparu.

Nicolas Sarkozy n'a aucune conviction quant à l'implication des institutions européennes dans la mise en place d'une politique de gestion des déficits. Dans la tradition gaulliste, il préférerait que les États soient habilités à se contrôler mutuellement. Angela Merkel pense, elle, que seule une institution européenne, placée au-dessus des États, peut oeuvrer à une politique efficace de sanctions automatiques. Les faits lui donnent du reste raison : en 2003, lorsque la France et l'Allemagne ont violé le Pacte de stabilité qu'ils avaient eux-mêmes instauré, les autres États se sont gardés de voter des sanctions.

Une autre différence est que Nicolas Sarkozy conçoit la relance de l'Europe autour de la zone euro. Au contraire, Angela Merkel est soucieuse de ne pas créer un sentiment d'abandon chez ceux qui n'ont pas encore l'euro, mais qui y aspirent. Les faits lui ont donné raison, puisque le futur traité d'union budgétaire sera négocié non pas à 17 mais à 26. À cet égard, il faut, en France, cesser de penser que la crise serait le résultat d'un élargissement à l'Est non maîtrisé. Rien n'est plus faux. Il convient, au contraire, d'avoir un discours volontariste prônant une Europe rénovée avec tous ceux qui souhaitent aller de l'avant et qui ont vocation à rejoindre un jour l'euro.

On en revient au rapprochement avec la Pologne qui s'avérera crucial. Rien ne pouvant être attendu de Londres, le triangle dit de Weimar, Paris - Berlin - Varsovie, doit absolument devenir une priorité politique. C'est dans ce trio continental que réside le leadership qui pourra sauver l'Europe.

Quand la Russie se réveille

Après le printemps arabe de 2011, l'hiver russe 2012 pourrait amplifier la recomposition actuelle des équilibres politiques dans le monde nouveau. La perte d'influence des pays occidentaux, vieillissants et endettés, incapables de réformer le système qui les mène au bord du gouffre, fait face à la montée en puissance économique et diplomatique des nouveaux pays industrialisés et aux changements dans les pays arabes. La Russie vacille à son tour sur son assise. Fragilisée depuis la fin du système soviétique avant d'être reprise en main par Poutine et ses amis, la Russie vit la deuxième phase de sa révolution : celle où le pouvoir issu de l'ancienne dictature communiste arrive à son tour à bout de souffle. En 20 ans de liberté de pensée et de voyager, les Russes ont appris la démocratie. Beaucoup ne supportent plus de voir leur pays dévalisé et monopolisé par l'oligarchie. Face à la fronde naissante, le pouvoir ne peut plus se contenter d'emprisonner les opposants ou de brandir la menace terroriste et doit accepter d'évoluer. Le lent processus qui mène à un état de droit se réenclenche ainsi, grâce à une société civile, même divisée, qui se bat et croit au changement. C'est aussi un message envoyé aux acteurs des récentes révolutions. La naissance d'une démocratie et la construction d'une conscience citoyenne, avec l'accès d'une partie de la population à une certaine aisance, demandent des années d'obstination et de combat, non sans périodes de retours en arrière ou de repli sur soi nationaliste. Même le conservatisme le plus rétrograde ou brutal finit toujours par céder devant l'envie des peuples de s'émanciper et de vivre libre ….

L'égalité en souffrance

Une évidence : l'égalité, valeur républicaine fondatrice, régresse à vue d'oeil. Depuis une dizaine d'années, l'écart se creuse entre les moins bien lotis et une infime minorité très bien pourvue, tandis que la classe moyenne, réputée homogène, connaît elle-même un phénomène de forte polarisation entre haut et bas. N'alignons pas des chiffres fastidieux. Ils sont bien connus.

La faute à la crise ? Son effet mécaniquement déstabilisateur crève les yeux, jour après jour. Elle n'est pourtant pas seule en cause. Il faut aussi prendre en considération l'érosion insidieuse du socle social sur lequel se sont fondés les progrès de notre société depuis 1945.

Prenons le cas de la Sécurité sociale. Il était admis que nous étions tous exposés aux mêmes risques sociaux (maladie, accident...). Les assurés contributeurs étaient considérés comme des « hommes moyens », à l'image des citoyens : ni jeunes, ni vieux, ni hommes, ni femmes, ni bien portants, ni déficients. Tous placés sous un « voile d'ignorance » garantissant l'égalité devant la loterie de l'existence. Après avoir bien fonctionné, ce dispositif se trouve à présent contesté. On ne trouve plus anormal de réclamer des cotisations ajustées aux caractéristiques de chacun. Et certains approuveraient la prise en compte du profil génétique qui établit la probabilité de telle ou telle affection. Tant mieux, disent-ils, s'il est favorable à ceux qui ont la chance de « tirer le ticket gagnant [...]. Que les autres se débrouillent ! »

Simultanément, monte en puissance un discours, en apparence recevable mais néanmoins discutable, celui de l'égalité des chances. Il s'agit de donner à tous la possibilité de se placer sur la ligne de départ avec les mêmes chances de réussite, grâce à l'école, au système de santé, aux aides sociales. Ensuite, à eux de faire leurs preuves. Et s'ils échouent, « ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes ! On aura tout fait pour les aider ! ».

Le mérite personnel importe en effet, mais à la condition de ne pas omettre les handicaps de départ, parfois insurmontables, les accidents de l'existence, qui touchent d'ailleurs plus les uns que les autres, comme par hasard. L'égalité des chances appelle impérativement un travail complémentaire d'égalisation des conditions.

Et que dire de l'« employabilité », devenue mot fétiche ? Être « employable », c'est se montrer capable d'adaptation aux mutations de l'activité. Rien de plus naturel à première vue. À ceci près qu'en insistant presque exclusivement sur les qualités personnelles des salariés, on en vient à l'éclatement de la notion d'emploi et de qualification, qui égalisait les situations dans le respect des différences de niveau. Désormais, il importe de creuser ces différences, de s'imposer dans une course à la performance où ce qui distingue et sépare, le « moi d'abord », met en péril le statut d'égalité de principe et de solidarité.

Couverture sociale sur mesure, vraie-fausse égalité des chances, employabilité : ces trois exemples parmi d'autres illustrent l'urgence récemment soulignée par Pierre Rosanvallon (1) de « refonder l'égalité » comme base, aujourd'hui fragilisée, de la vie commune et condition du « refaire société ». Mais comment ? Cela reste l'un des grands défis des temps à venir.



(1) Refaire société, ouvrage collectif, coédition Seuil-La République des idées.

Gorbatchev à Poutine: "Trois mandats, ça suffit!"

L'ancien dirigeant soviétique soutient les manifestations et conseille à l'actuel Premier ministre de quitter le pouvoir pour "préserver toutes les choses positives qu'il a faites". 

Le dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, vingt ans après avoir consacré la disparition de l'URSS en démissionnant, a jugé que le temps de quitter le pouvoir était aussi venu pour Vladimir Poutine, qui fait face à une vague de contestation sans précédent. 
Discrédité, honni par sa population et confronté aux proclamations d'indépendances des républiques soviétiques, le 25 décembre 1991, M. Gorbatchev annonce à la télévision sa démission, prenant acte de la disparition de l'URSS après un accord signé le 8 décembre par l'Ukraine, le Bélarus et la Russie. 
Et samedi, après une manifestation d'une ampleur sans précédent depuis douze ans, l'ex-chef de l'Etat soviétique a estimé que Vladimir Poutine, au sommet du pouvoir depuis 2000, devait lui aussi se rendre à l'évidence. 
"Je conseillerais à Vladimir Vladimirovitch (Poutine) de partir maintenant. Il a déjà fait trois mandats : deux en tant que président (2000-2008), un en tant que Premier ministre - trois mandats, ça suffit", a déclaré le père de la perestroïka à la radio Echo de Moscou
"Il devrait faire la même chose que moi. Moi, à sa place, je le ferais car ainsi il pourrait préserver toutes les choses positives qu'il a faites", a-t-il encore souligné. 
Mikhaïl Gorbatchev a rappelé qu'il a longtemps soutenu M. Poutine après son arrivée au Kremlin dans une Russie plongée dans le chaos économique et politique post-soviétique, mais que désormais un changement de fond était nécessaire dans le pays. 
Agé de 80 ans, il a expliqué qu'il aurait voulu se rendre à la manifestation de samedi à Moscou où des dizaines de milliers de Russes ont scandé des slogans anti-Poutine, mais que sa santé ne le lui permettait pas. 
"Je suis heureux d'avoir vécu ce réveil" politique de la société russe, a-t-il dit, "ça créé un grand espoir". 
Le modèle polonais
Il avait déjà qualifié d'"historique" la manifestation précédente du 10 décembre et appelé les autorités russes à organiser de nouvelles législatives, celles du 4 décembre ayant été marquées par d'importantes fraudes, selon les observateurs et l'opposition. 
Le camp de Vladimir Poutine, qui à plusieurs reprises a dit regretter la disparition de l'URSS et estimé que ses derniers dirigeants s'étaient montrés trop faibles, a jugé dimanche à demi-mot que M. Gorbatchev n'avait pas de leçons à donner au régime actuel. 
"Nous respectons beaucoup (Mikhaïl Gorbatchev), mais je suis né en 1967 en Union soviétique et ce pays a cessé d'exister lorsqu'il en était le dirigeant", a déclaré dimanche à l'AFP, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine. 
Le dernier numéro un soviétique insiste cependant: les autorités russes sont confrontées aujourd'hui au même problème que la Pologne communiste des années 1980, lorsque le syndicat Solidarité a déstabilisé le régime du général Wojciech Jaruzelski en organisation des manifestations et des grèves. 
"Le général Jaruzelski, mon ami, m'a appelé et m'a dit: 'Mikhaïl Sergueïevitch, Solidarité est une réalité, la société semble soutenir (le syndicat) et nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était. Nous devons changer, organiser une table ronde. Qu'en pensez-vous?'", raconte M. Gorbatchev. 
"Et je lui ai dit 'Je soutiens ça'", se souvient-il, voyant dans cette approche un modèle à suivre pour le départ de Vladimir Poutine.