Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, a "lancé l'idée d'un couvre-feu ciblé sur des mineurs délinquants" de moins de 13 ans, mardi 3 novembre au soir, à Paris lors des "rencontres de Beauvau" organisées avec des élus de la majorité présidentielle.
"La part des mineurs [dans la délinquance] a augmenté de près de 5 % en un an, pour atteindre 18 %", a assuré le ministre, en ajoutant que cette délinquance des mineurs était également "de plus en plus violente, avec l'apparition d'armes blanches et d'armes létales". Elle est par ailleurs "de plus en plus jeune", a-t-il souligné.
Selon les statistiques policières "48 % des personnes identifiées comme membres d'une bande violente sont des mineurs", a relevé le ministre de l'intérieur. En outre, a-t-il avancé, "ces mineurs délinquants sont de plus en plus jeunes : sur les 2 500 personnes formellement identifiées" à ce jour "comme faisant partie d'une bande violente, 11 % ont moins de 13 ans".
LES FILLES "DE PLUS EN PLUS IMPLIQUÉES"
Dans ces conditions, "je suis de plus en plus partisan d'une mesure qui aurait le mérite de la simplicité, de la lisibilité et de l'efficacité : qu'un jeune de moins de 13 ans qui aurait déjà commis un acte de délinquance ait une interdiction de sortie nocturne s'il n'est pas accompagné", a-t-il dit. "C'est donc bien l'idée d'un couvre-feu ciblé sur des mineurs délinquants que je lance ce soir", a poursuivi Brice Hortefeux, ajoutant qu'il ne s'agissait "pas d'une décision, c'est une réflexion", a-t-il souligné.
Les garçons ne seraient pas seuls visés par cette mesure, si elle était mise en pratique, car "sont apparues des bandes de filles", a-t-il constaté. "Les filles sont de plus en plus impliquées dans les violences, leur part a augmenté de 10 % en un an dans les crimes et délits commis par des mineurs", a observé M. Hortefeux. Si ce "couvre-feu" entrait en application, il s'agirait d'une mesure administrative, puisqu'il s'agirait de "permettre au préfet de décider de l'interdiction de sortie [du] mineur une fois la nuit tombée", a envisagé le ministre de l'intérieur.
mardi 3 novembre 2009
Hortefeux pour un "couvre-feu ciblé sur des mineurs délinquants"
Carla Bruni-Sarkozy et sa famille à Venise pour un concert
Carla Bruni-Sarkozy a assisté mardi soir à Venise à un concert donné à l'occasion de la donation des archives de son père, le compositeur décédé Alberto Bruni-Tedeschi, à l'institut pour la musique de la fondation Giorgio Cini.
Mme Bruni-Sarkozy était accompagnée de sa mère Marisa et de sa soeur, l'actrice Valeria Bruni-Tedeschi, pour ce concert qui s'est déroulé dans le salon des tapisseries de la fondation Cini, sur l'île de San Giorgio Maggiore.
Parmi les invités figuraient notamment les couturiers Pierre Cardin et Miuccia Prada, et la directrice du Palais Grazzi Monique Veaute.
Alberto Bruni Tedeschi, un riche industriel né en 1915 à Turin, était également un compositeur de musique classique et un collectionneur d'art. Il avait quitté l'Italie pour la France en 1973 par crainte de la menace que représentaient les brigades rouges pour sa famille. Il est décédé en 1996 à Paris.
L'orchestre symphonique et le choeur de la radio-télévision croate ont interprété la "Messe pour la mission de Nyondo", écrite par le compositeur au retour d'un voyage en Afrique et jouée pour la première fois en 1953 à Hambourg.
Le fonds Bruni Tedeschi est constitué notamment de manuscrits, partitions, enregistrements et documents de travail du compositeur turinois.
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Débat sur les sportifs de haut niveau: Sarkozy siffle la fin de la polémique
Nicolas Sarkozy a réclamé mardi une mission de réflexion sur la rémunération des sportifs de haut niveau, afin de mettre un terme à la polémique dans les rangs de la majorité, après le vote d'un amendement controversé à l'Assemblée nationale.
Cet amendement, voté la semaine dernière avec l'aval du gouvernement malgré l'opposition de la secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade, prévoit la suppression au 31 décembre du Droit à l'image collective (DIC), un dispositif d'exonérations de charges sociales en faveur des clubs.
Le vote sera bien confirmé au Sénat avec pour seule modification un report de six mois, a de son côté affirmé mardi François Fillon lors d'une réunion avec les députés UMP durant laquelle le Premier ministre a tancé Mme Yade pour son manque de solidarité gouvernementale.
Nicolas Sarkozy a "confirmé le principe de l'amendement" mais a demandé la "création d'une mission de réflexion afin de trouver une solution", a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre.
"Le président a été à l'écoute de nos remarques sur le fait qu'on ne pouvait pas en plein milieu de saison déstabiliser les clubs. L'idée a donc été de repousser la suppression de la DIC à la fin de la saison", a-t-il ajouté.
"Il pense qu'on ne peut pas se satisfaire que la plupart de nos champions vivent hors de France et que nos clubs ne puissent s'offrir de grands joueurs", a encore indiqué M. Lefebvre, précisant que des discussions seraient engagées dans le cadre de la mission avec "tous les responsables du monde sportif".
L'amendement, voté à l'Assemblée dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2010, avait été fortement contesté par le patron de l'UMP, Xavier Bertrand, inquiet de voir les meilleurs joueurs s'exiler à l'étranger, ce qui avait fait bondir le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé.
M. Copé n'avait pas admis que son grand rival au sein du parti, réclame un réexamen du texte au Sénat, lui reprochant de "prendre les députés en otage".
M. Bertrand lui a répondu mardi qu'il ne fallait pas "faire un drame". "Ce ne sera quand même pas la première fois que le Sénat, sans casser la décision des députés, la modifie", a-t-il observé, notant que "Jean-François Copé lui-même a eu, à certaines époques, des positions différentes de celles du Sénat".
Le dispositif du DIC, voté en 2004 et censé initialement durer jusqu'en 2012, permet aux clubs de sport professionnel d'économiser 30% des charges sur les salaires de leurs joueurs au titre de l'exploitation collective de leur image. Selon le député UMP Yves Bur, le manque à gagner annuel, jusqu'ici compensé par l'Etat, est de l'ordre de 30 millions d'euros.
Sur ce thème, l'opposition n'a pas davantage été à l'unisson que la majorité.
Le porte-parole du PS Benoît Hamon avait dénoncé lundi "la docilité" de Xavier Bertrand devant "les oukases" de "quelques présidents de clubs professionnels".
Mais Jean-Luc Benhamias (MoDem) n'a pas paru opposé mardi au maintien des avantages fiscaux pour certains sportifs, même si leur suppression "dans un contexte de crise n'est pas illogique".
"Si un grand nombre de sportifs professionnels surfent sur des millions, une grande majorité d'entre eux, des kayakistes aux coureurs de biathlon, restent en marge du +star system+", a fait valoir dans un communiqué le député européen.
L'Etat français ne détient plus d'actions BNP Paribas
PARIS (Reuters) - La Société de prise de participation de l'Etat (SPPE), qui était intervenue pour renforcer les fonds propres des banques françaises lors de la crise financière, ne détient plus de titres BNP Paribas, indique l'Autorité des marchés financiers (AMF).
La banque dirigée par Baudouin Prot, qui avait reçu 5,1 milliards d'euros d'aide sous la forme d'actions de préférence, a décidé fin septembre de rembourser l'Etat français en procédant à une augmentation de capital de 4,3 milliards d'euros.
Dans un avis, l'AMF explique que la SPPE, qui détenait près de 15% du capital de BNP Paribas, a franchi à la baisse les seuils de 10% et de 5% du capital de la banque le 28 octobre dernier et ne détient désormais plus aucun titre BNP.
Outre l'augmentation de capital, le remboursement de l'Etat a été financé grâce au renforcement des fonds propres lié au paiement du dividende en actions (0,75 milliard d'euros) et grâce à une augmentation de capital réservée aux salariés (0,26 milliard).
Matthieu Protard, édité par Benjamin Mallet
Chirac règle ses comptes
Dans son autobiographie qui paraît jeudi, l’ancien président distille quelques critiques acerbes. Mais reste elliptique sur certains sujets.
"Sur Valéry Giscard d’Estaing
"La communication a toujours été difficile entre Giscard et moi, avant de devenir quasi impossible à la fin de son septennat, tant j’ai du mal à comprendre ses réactions, ses façons d’être et sa psychologie. Un jour, Giscard assurera avoir jeté la rancune à la rivière (après son échec à la présidentielle de 1981, ndlr). Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec, tant cette rancune est demeurée tenace et comme inépuisable. En démocratie, la défaite d’un homme est rarement une perte irréparable."
Sur Nicolas Sarkozy et son soutien à Edouard Balladur en 1995 :
"Cette première défection ne me laisse pas indifférent. Nicolas Sarkozy est à mes yeux bien plus qu’un simple collaborateur. Je l’avais remarqué à l’occasion d’un de nos meetings. Je lui demandai de venir travailler à mes côtés, ce qu’il fit aussitôt, prenant part efficacement à toutes mes campagnes, avec cette volonté, qui ne l’a pas quitté, de se rendre indispensable, d’être toujours là, nerveux, empressé, avide d’agir et se distinguant par un sens indéniable de la communication."
Sur François Mitterrand :
"Nos valeurs communes sont celles de deux provinciaux attachés aux traditions terriennes, comme aux idéaux de la République. Et si, pour le reste, nos convictions semblent à l’opposé, probablement l’un est-il moins à gauche qu’il ne le fait croire et l’autre moins à droite qu’il ne le laisse paraître. ‘Salut l’artiste’, m’est-il arrivé de penser en assistant à quelques-unes de ses prestations."
Sur Bernadette Chirac :
"Bernadette a son franc-parler et ses opinions peuvent être tranchantes, parfois trop à mon goût, surtout quand elles me concernent. Mais ses avis, ses conseils, ses critiques m’ont souvent éclairé. Son intuition, sa capacité d’écoute et sons sens politique lui valent souvent d’avoir raison avant tout le monde."
Pas un mot, en revanche, sur les affaires le concernant et qui devraient lui valoir un renvoi devant les tribunaux dans les prochains mois. Il pourrait comparaître pour "abus de confiance et détournement de fonds publics" dans l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris.
"Chaque pas doit être un but", par Jacques Chirac
Nil Editions
500 pages, 21 €.
MAM amorce la traque aux récidivistes
En présentant ce mardi devant la commission des lois de l’Assemblée Nationale son texte concernant la récidive criminelle, Michèle Alliot Marie s’est voulue catégorique. "Il ne s’agit pas de légiférer, comme on l’entend parfois, sous l’emprise de l’émotion, mais il s’agit de répondre à une problématique qui est extrêmement perturbante pour notre société". Pourtant c’est bien l’émotion – le viol et le meurtre de Marie-Christine Hodeau début octobre par un délinquant sexuel récidiviste - qui aurait pu conduire la Garde des Sceaux à ressortir des cartons un projet de loi présenté en novembre 2008 en Conseil des ministres par son prédécesseur Rachida Dati.
"De la poudre aux yeux"...
Parmi les nouvelles mesures, l’interdiction de séjour pour un agresseur sexuel, sur les lieux d’habitation et de travail de ses victimes. "Cela peut se faire à l’échelle de l’arrondissement, du village ou du département. C’est à la cour d’assises de se prononcer" précisait mardi à Metro la Chancellerie. Un amendement pourrait être voté, prévoyant l’arrestation immédiate du contrevenant, et sa présentation sous "24 heures" au juge d’application des peines. Le texte prévoit également un traitement inhibiteur de libido dans et en dehors de la prison. "Ces mesures sont de la poudre aux yeux. On se moque des victimes, car ce n’est pas via ces mesures que l’on va régler le problème" réagissait Serge Portelli, vice-président du TGI de Paris, réclamant "des réels moyens lors de la détention".
Pratiques abusives: Leclerc condamné à restituer 23 millions d'euros
Près d'une semaine après l'annonce de l'assignation par l'Etat de neuf distributeurs pour pratiques abusives, la justice condamne en appel Leclerc à restituer à des fournisseurs plus de 23 millions d'euros, perçus sans contrepartie commerciale.
La Cour d'appel de Versailles a confirmé le 29 octobre un jugement de 2005 du tribunal de Nanterre condamnant le Groupement d'achats des centres Leclerc (Galec) à rétrocéder 23,3 millions d'euros à 28 fournisseurs, dont Yoplait et Fleury-Michon, a-t-on appris mardi de source judiciaire, confirmant une information du site du journal de grande distribution LSA.
Leclerc, premier réseau d'hypermarchés en France, doit leur "rembourser des marges arrière indues, c'est-à-dire des sommes perçues sans contrepartie commerciale durant les années 1999-2001", explique une source proche du dossier.
Les marges arrière sont des ristournes déguisées que les distributeurs obtiennent au titre d'une coopération commerciale (mise en valeur d'un produit sur un rayon, présence dans un catalogue...), réelle ou non.
Le distributeur devra en outre s'acquitter d'une amende au civil de 500.000 euros pour "pratiques anticoncurrentielles" à payer à l'Etat, également fixée par le premier jugement.
Leclerc a réagi mardi soir prenant "acte de l'arrêt de la Cour d'appel", tout en soulignant que "les sommes en cause avaient été versées par les fournisseurs dans le cadre de transactions avec le Galec pour mettre fin à un litige qui les opposait".
En première instance, Michel-Edouard Leclerc, président du groupe éponyme, avait soutenu que les 28 fournisseurs en question avaient consenti de meilleures conditions commerciales à son concurrent Carrefour. Le "pot aux roses" une fois découvert, ils avaient accepté, selon M. Leclerc, de dédommager son groupe, formalisant la transaction dans deux protocoles d'accord.
Ce sont ces fameux protocoles qui ont valu à Leclerc sa condamnation, car ils avaient été signés rétroactivement en 2002 et 2003 mais portaient sur les années 1999 à 2001.
Le distributeur a rappelé mardi avoir présenté une requête en 2008 devant la Cour européenne des droits de l'Homme "au motif que le ministre (de l'Economie, via la Direction générale de la répression des fraudes ndlr) s'est substitué (en justice) aux fournisseurs concernés"
L'arrêt de la cour d'appel est susceptible d'un pourvoi en cassation.
Les déboires de certains distributeurs avec la justice s'accumulent ces derniers mois.
Carrefour a été condamné la semaine dernière à 192.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel d'Evry, notamment dans trois dossiers de pratiques commerciales trompeuses.
De son côté, l'Etat vient d'annoncer la poursuite en justice de neuf distributeurs, accusés également de pratiques abusives à l'égard de leurs fournisseurs, une action inédite par son ampleur.
Selon une source proche du dossier, Auchan, Carrefour, Leclerc, Casino, Cora et Système U font partie des enseignes assignées.
En lançant ces procédures, le gouvernement fait le constat que sa Loi de modernisation de l'économie (LME) n'a pas suffi à éradiquer toutes les dérives, même si depuis son entrée en vigueur de la loi, les distributeurs ont "joué le jeu" avec une résorption des marges arrière (passées d'environ 32% du prix des produits à 11% environ), selon le secrétaire d'Etat au Commerce Hervé Novelli.
La LME d'août 2008 vise à moraliser les négociations commerciales en autorisant les distributeurs à négocier librement les tarifs avec leurs fournisseurs.
L'ethnologue Claude Lévi-Strauss est mort 2
L'ethnologue et anthropologue Claude Lévi-Strauss est mort dans la nuit du samedi 31 octobre au dimanche 1er novembre à l'âge de 100 ans, selon le service de presse de l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) contacté par Le Monde.fr. Plon, la maison d'édition de l'auteur de Tristes Tropiques, a également confirmé l'information diffusée par Le Parisien.fr en fin d'après-midi. Claude Lévi-Strauss, qui a renouvelé l'étude des phénomènes sociaux et culturels, notamment celle des mythes, aurait eu 101 ans le 28 novembre.
A l'occasion de la publication de son oeuvre dans la "Bibliothèque de la Pléïade" en mai 2008, Roger-Pol Droit avait publié dans Le Monde un portrait de l'ethnologue que nous vous proposons de retrouver ici :
A qui doit-on cette pensée immense ? Un philosophe ? Un ethnologue, un anthropologue, un savant, un logicien, un détective ? Ou encore un bricoleur, un écrivain, un poète, un moraliste, un esthète, voire un sage ? Seule réponse possible : toutes ces figures ensemble se nomment Claude Lévi-Strauss. Leurs places varient évidemment selon les livres et les périodes. Mais il existe toujours une correspondance, constante et unique, entre ces registres, usuellement distincts et le plus souvent incompatibles. Car cette oeuvre ne se contente pas de déjouer souverainement les classements habituels. Elle invente et organise son espace propre en les traversant et en les combinant sans cesse.
Depuis une naissance à Bruxelles le 28 novembre 1908 jusqu'à la publication, ces derniers jours, de deux mille pages dans la "Bibliothèque de la Pléiade", le parcours de Lévi-Strauss suit un curieux périple. Il commence dans l'atelier de son père, qui était peintre, se poursuit par une série de mutations dont l'inventaire comprend, entre autres, l'agrégation de philosophie, le choix de l'anthropologie, le parcours du Mato Grosso, l'exil à New York pendant la guerre, l'adoption de la méthode structurale, la notoriété mondiale, le Collège de France, l'Académie française et l'apparent retour à la peinture dans son dernier livre publié (Regarder écouter lire, Plon, 1993). Résultat : des voies nouvelles pour scruter l'humain.
Trait essentiel : l'exigence sans pareille de remonter continûment d'une émotion aux formes qui l'engendrent - pour la comprendre sans l'étouffer. Lévi-Strauss ne cesse de débusquer la géométrie sous la peinture, le solfège sous la mélodie, la géologie sous le paysage. Dans le foisonnement jugé imprévisible des mythes, il discerne une grammaire aux règles strictes. Dans l'apparent arbitraire des coutumes matrimoniales, il découvre une logique implacable. Dans le prétendu fouillis de la pensée des "sauvages", il met au jour une complexité, une élaboration, un génie inventif qui ne le cède en rien à ceux des soi-disant "civilisés".
Cette symbiose du formel et du charnel, il n'a cessé de la parfaire. Le choix que Claude Lévi-Strauss a opéré parmi ses livres pour "la Pléiade" le confirme. Mais à sa manière : indirectement, sous la forme, au premier regard, d'un paradoxe. Il est curieux, en effet, que les textes qui eurent le plus fort impact théorique n'aient pas été retenus. Ainsi ne trouve-t-on dans ce choix d'oeuvres ni Les Structures élémentaires de la parenté (1949), ni les deux recueils d'Anthropologie structurale (1958 et 1973), ni les quatre volumes des Mythologiques ! Le luxe suprême, pour l'auteur de chefs-d'oeuvre multiples, serait-il de les trier sur le volet ? Réunir notamment Tristes Tropiques, la Pensée sauvage, La Potière jalouse et bon nombre d'inédits, c'est proposer une lecture indispensable.
EFFETS DE SENS
Malgré tout, on peut s'interroger sur les effets de sens induits par ce regroupement, les présences et les absences. Finalement, en écartant les travaux techniques qui s'adressent aux experts, cette "Pléiade" propose un Lévi-Strauss plus aisément accessible au public. L'ensemble déplace le centre de gravité vers la dernière partie de l'oeuvre, avec La Voix des masques (1975), Histoire de Lynx (1991), Regarder écouter lire. L'anthropologue se montre ici, globalement, plus écrivain que scientifique - à condition de ne surtout pas entendre par là un quelconque retrait de la réflexion au profit du récit et du plaisir du style. La force de ce maître est au contraire de toujours tenir ensemble et l'expérience sensible et son arrière-plan théorique.
On laissera donc de côté l'idée que les structures seraient des formes ternes, résidant dans des sous-sols gris. Elles habitent avec éclat les séquences chamarrées du monde, expliquent le système des masques indiens aux couleurs vives aussi bien que celui des mélodies de Rameau. Cette bigarrure bien tempérée est la marque de Lévi-Strauss. A New York, il apprit à fusionner l'insolite et le formalisme, en fréquentant André Breton aussi bien que Roman Jakobson. De Rousseau, il a retenu la fraternité de la nature perdue, de Montaigne le scepticisme enjoué, et le sens quasiment bouddhique de la discontinuité des instants. Mais il ne doit qu'à lui-même la fusion permanente de ces registres en un style.
Comment dire, par exemple, que le village bororo, de feuillages noués et tressés, entretient avec les corps de tout autres relations que nos villes ? "La nudité des habitants semble protégée par le velours herbu des parois et la frange des palmes : ils se glissent hors de leurs demeures comme ils dévêtiraient de géants peignoirs d'autruche." Une autre page de Tristes Tropiques précise : "C'est une étrange chose que l'écriture." Plus encore quand elle unit d'oeuvre en oeuvre mathématiques et poésie. Heureux ceux qui ont encore à découvrir.
Roger-Pol Droit
L'Assemblée approuve le budget de la Sécurité sociale
L'Assemblée nationale a approuvé, mardi 3 novembre, en première lecture, par 316 voix contre 218, le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2010, marqué par un déficit record de 30,6 milliards d'euros, que la majorité n'aura pu modifier qu'à la marge.
Donnant la priorité à la "sortie" de crise, le gouvernement a fait le choix, pour ce PLFSS, de laisser filer les déficits. Les députés, droite et gauche, ont pour leur part cherché à trouver de nouvelles recettes, s'attaquant à plusieurs niches sociales, comme le "droit à l'image collective", dispositif d'exonération de charges pour le sport professionnel.
Mais, face à l'insistance du gouvernement, la majorité a renoncé à la plupart des initiatives qu'elle avait prises, comme la surtaxe des cigarettiers et l'encadrement des dépassements d'honoraires des médecins.
Claude Lévi-Strauss est décédé
L'anthropologue Claude Lévi-Strauss est décédé à l'âge de 100 ans, a-t-on appris mardi auprès des éditions Plon.
Né à Bruxelles en 1908, Claude Lévi-Strauss a changé notre perception du monde en jetant les bases de l'anthropologie moderne et influencé des générations de chercheurs.
Claude Lévi-Strauss est décédé dans la nuit de samedi à dimanche, selon la présidence de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
Son autobiographie intellectuelle, "Tristes Tropiques", paru en 1955, est considérée comme l'un des grands livres du XXe siècle.
Professeur au Collège de France de 1959 à 1982, il est le premier anthropologue élu à l'Académie française en mai 1973. Claude Lévi-Strauss avait fêté ses 100 ans le 28 novembre 2008.
Il a proposé une appréhension nouvelle des mécanismes socio-culturels, en appliquant l'analyse structurale aux sciences humaines.
Né dans une famille de Juifs alsaciens, agrégé de philosophie, il a enseigné pendant deux ans en France (Mont-de-Marsan et Laon) avant de rejoindre en 1935 l'université de Sao-Paulo. Au Brésil, il a conduit des missions ethnographiques au Mato Grosso et en Amazonie.
De retour en France en 1939, il est mobilisé puis, l'année suivante, révoqué par Vichy en raison de ses origines juives. Réfugié dès 1941 aux Etats-Unis, il enseigne à New York puis devient conseiller culturel en 1946 près l'ambassade de France.
Il est nommé en 1949 sous-directeur du Musée de l'Homme à Paris. A partir de 1950, il occupe la chaire des religions comparées des peuples sans écriture à l'Ecoles des Hautes Etudes et, en 1959, celle d'anthropologie sociale au Collège de France.
Commandeur de la Légion d'honneur, il a publié notamment "Les Structures élémentaires de la parenté" (1949), "Anthropologie structurale" (1958), "la Pensée sauvage" (1962), "Mythologiques" (4 volumes de 1964 à 1971).
En juin 2006, il avait reçu un hommage appuyé de Jacques Chirac lors de l'inauguration par le chef de l'Etat du musée parisien du Quai Branly dédié aux arts premiers.
Le président tchèque Vaclav Klaus a signé le traité de Lisbonne
Il s'est fait prier, mais ça y est: le président tchèque Vaclav Klaus a annoncé mardi devant la presse à Prague qu'il avait signé le traité de Lisbonne.
Plus tôt dans la journée, la Cour constitutionnelle tchèque avait jugé mardi le traité de Lisbonne conforme à la loi fondamentale du pays, condition nécessaire à la ratification complète du traité et au choix du futur président de l'Europe.
>> Le traité de Lisbonne, ça marche comment? Cliquez ici pour le savoir...
«Le traité de Lisbonne, dans son ensemble, n'est pas en contradiction avec l'ordre constitutionnel tchèque», a déclaré à Brno (Est) le président de la Cour constitutionnelle, Pavel Rychetsky. Selon Jean Quatremer, le correspondant à Bruxelles de Libération, c'est «une nouvelle claque pour Vlaclav Klaus, celui-ci étant à l'origine de ce recours dilatoire introduit in extremis par un groupe de sénateurs tout aussi europhobes que lui.»
Dernier pays à signer le traité
Cette décision ouvre la voie à la signature du traité par Vaclav Klaus, dernier des dirigeants des 27 pays de l'UE à ne pas avoir encore signé ce document. Censé améliorer le fonctionnement des institutions de l'UE forte de 27 membres, le traité de Lisbonne doit impérativement être ratifié par tous les pays de l'UE pour entrer en vigueur.
Vaclav Klaus avait fait savoir vendredi qu'il ne poserait plus de condition à la ratification du traité de Lisbonne, après que les dirigeants européens eurent accepté d'accorder à Prague la dérogation qu'il demandait.
Comme celles déjà accordées à la Grande-Bretagne et à la Pologne, cette dérogation concerne la Charte des droits fondamentaux, document figurant en annexe au traité. Elle devrait empêcher, selon Klaus, toute restitution des biens des Allemands des Sudètes confisqués après la Seconde guerre mondiale.
Les Mémoires partiels de Jacques Chirac
"Chaque pas doit être un but", un précepte de vie, et le titre du premier tome des Mémoires de l'ancien président de la République Jacques Chirac. Nul doute que la publication de ce livre a un objectif bien précis, quelques jours seulement après le renvoi de l'ancien maire de Paris devant le tribunal correctionnel de Paris pour "abus de confiance" et "détournement de fonds publics".
Peu de choses sont révélées sur ce qu'il pense de son successeur, Nicolas Sarkozy. Néanmoins, c'est lui qui l'a lâché en 1994 en se mettant au service d'Edouard Balladur, premier ministre et candidat à l'élection présidentielle de 1995. "Cette première défection ne me laisse pas indifférent", note-t-il pour le moins pudiquement. C'est également Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, qui, selon le juge Halphen, a donné à la justice des éléments permettant l'ouverture d'une enquête sur les affaires qui touchaient la Mairie de Paris. Le premier tome s'arrête en 1995, lorsqu'il devient président de la République. La suite peut être plus croustillante…
Jacques Chirac est plus prolixe au sujet des présidents dont il a été ministre ou premier ministre. Il avoue que le successeur du général de Gaulle a été pour lui "plus qu'un père spirituel, Georges Pompidou a représenté pour moi un modèle".
En ce qui concerne Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac remet ses gants de boxe et rappelle les anecdotes qui ont creusé un fossé d'aigreur et d'incompréhension avec l'ancien président démocrate. "J'ai très vite compris que dans son échelle des valeurs, il y avait lui tout en haut, puis plus rien, et enfin moi, très en dessous." Une rancœur qui porta probablement François Mitterrand au pouvoir en 1981.
La trahison d'Edouard Balladur ne lui inspire que du mépris. "J'avais confiance en Edouard Balladur", rappelle-t-il, soulignant l'accord politique qui unissait les deux hommes. "Je n'aurai jamais d'explication d'homme à homme avec Edouard Balladur", assène l'ancien président. "Je ne l'ai jamais d'ailleurs cherchée." Fermez le ban.
L'admiration transpire de ses phrases lorsque Jacques Chirac évoque le président socialiste de la Ve République. "Je n'ignore pas la complexité du personnage, ni les zones d'ombre qui jalonnent son parcours, mais l'homme que je découvre au fil de nos entretiens m'apparaît d'une finesse de jugement et d'une tactique que j'ai rarement rencontrées dans le monde politique. Son amour de la France est indiscutable." " 'Salut l'artiste', m'est-il arrivé de penser en assistant à quelques-unes de ses prestations."
Jacques Chirac est également capable de jolis numéros de jongleur et d'équilibriste. Le tome 2 est attendu pour 2011.
Eric Nunès
DERNIÈRE MINUTE 17 H 06
L'anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Strauss est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 100 ans, indique, mardi 3 novembre, l'Ecole des hautes études en sciences sociales.
Identité nationale: Fillon s'explique
François Fillon a affirmé mardi à l'Assemblée que le débat sur l'identité nationale lancé par le ministre de l'Immigration Eric Besson ne visait pas à "assouvir" un quelconque "fantasme passéiste ou racial", ajoutant que cette question était "aussi vieille que la France elle-même".
"Refuser ce débat comme certains le font, ou stigmatiser l'idée même que notre peuple puisse avoir une identité singulière, c'est en réalité alimenter l'extrémisme, c'est donner des arguments à tous ceux qui contestent l'autorité et la laïcité de la République", a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement.
"Cette question de l'identité nationale c'est une question qui est aussi vieille que la France elle-même. Et c'est une question qui est aussi plurielle que les Français tant il est vrai, comme le disait le Général de Gaulle, que chacun porte en lui une certaine idée de la France", a-t-il poursuivi, répondant à une question du patron des députés UMP, Jean-François Copé.
"Renforcer notre identité ce n'est pas assouvir je ne sais quel fantasme passéiste ou racial", a assuré François Fillon, alors que l'opposition l'accuse de faire le jeu de l'extrême droite à quelques mois des régionales.
"La France n'a jamais été l'expression d'une race. La France n'a jamais été et ne doit pas être la juxtaposition de communautés qui obéiraient à leurs propres règles et qui se replieraient sur elles-mêmes", a-t-il encore dit.
"Cette Nation citoyenne, elle accueille et elle a assimilé depuis des siècles des générations d'étrangers. Et bien, il n'y a rien de choquant à dire ensemble qu'il est normal que ceux-là même qui sont venus dans notre pays s'approprient l'héritage du pays des droits de l'Homme", a ajouté le Premier ministre.
Fillon attaque Yade et Guaino devant les députés UMP
Le premier ministre n'accepte pas que sa secrétaire d'Etat et le conseiller spécial du président se désolidarisent des choix de l'exécutif. «Il faudra en tirer les conséquences le moment venu», prévient-il fermement.
Rama Yade plus que jamais sur un siège éjectable. Les oreilles de la secrétaire d'Etat aux Sports ont dû siffler mardi midi lorsque François Fillon a pris la parole, lors de la réunion hebdomadaire du groupe UMP à l'Assemblée. Tout en se disant «inénervable», le chef du gouvernement a regretté que tout le monde ne se soit pas rangé à l'arbitrage rendu par Nicolas Sarkozy et lui-même sur la suppression du «droit à l'image collective», dispositif d'exonérations de charges sociales pour le sport professionnel.
Il visait notamment Rama Yade, qui s'est exprimée, après les arbitrages, contre la suppression du dispositif, le jugeant «extrêmement dangereux». Un avis inverse de celui de sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot. «J'ai naturellement fait savoir à la secrétaire d'Etat ce que je pensais de la méthode qui consiste à se désolidariser de son ministre. Il faudra en tirer les conséquences le moment venu», a lancé, menaçant, François Fillon.
Dimanche, Nadine Morano avait déjà taclé les deux pieds joints les prises de position singulières et répétées de sa collègue des Sports. «Quand on n'est pas d'accord avec la politique menée par le gouvernement, c'est simple : ou on ferme sa gueule, ou on démissionne, vous connaissez l'adage», avait-elle déclaré. «Lorsqu'on n'est pas d'accord, on fait un choix, soit on se tait, soit on s'en va».
Guaino «ne fait pas partie du pouvoir exécutif !»
Lors de cette même réunion, François Fillon s'en est également pris - et c'est beaucoup plus surprenant - au conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Selon plusieurs participants, l'attaque du premier ministre est intervenue en réponse à des déclarations du vice-président du groupe, Jean Leonetti.
Ce dernier s'est justifié, selon les témoins, d'avoir cosigné avec 62 autres députés de la majorité une tribune en faveur d'un grand emprunt supérieur à 50 milliards d'euros, assurant que cette initiative avait été lancée en liaison avec «des membres de l'exécutif». Dans les couloirs, plusieurs députés UMP signataires ne cachent pas en effet avoir reçu l'aval d'Henri Guaino. «Le pouvoir exécutif était totalement en dehors de cette démarche. Les conseillers du président ne font pas partie du pouvoir exécutif !», a asséné le premier ministre, très applaudi par les députés UMP.
L'Europe voit poindre la reprise
L'économie européenne devrait rebondir l'an prochain après une forte contraction cette année, estime, mardi 3 novembre, la Commission européenne. Pour l'exécutif européen la reprise s'amplifiera en 2011, période à laquelle il faudra entamer, au plus tard, la réduction des déficits budgétaires des Vingt-Sept. Dans ses prévisions économiques d'automne, Bruxelles dit s'attendre à une croissance de 0,5 % au troisième trimestre 2009, contre 0,2 % attendus dans ses précédents pronostics publiés en septembre.
L'exécutif communautaire prévoit une croissance de 0,7 % dans l'Union en 2010 et de 1,6 % en 2011, après une contraction de 4,1 % attendue pour cette année. Pour les seize pays de la zone euro, la Commission anticipe une croissance de 0,7 % l'an prochain et de 1,5 % l'année suivante, après une chute de 4,0 % cette année. Ces chiffres marquent une révision en nette hausse par rapport aux prévisions présentées le 4 mai, qui anticipaient alors une contraction de 0,1 % pour 2010.
"L'économie européenne est en train de sortir de la récession. Cela doit beaucoup aux mesures ambitieuses prises par les gouvernements, les banques centrales et l'UE, qui ont non seulement empêché une crise systémique mais ont amorcé la reprise", déclare dans un communiqué le commissaire aux affaires économiques et monétaires européen, Joaquin Almunia. "Une fois que la reprise sous-jacente aura pris suffisamment d'ampleur, c'est-à-dire en 2011, une période de consolidation budgétaire devra suivre pour remettre la dette publique dans une position soutenable", ajoute la Commission. Toutefois, chômage et déficits publics vont rester élevés.
Quelques événements du 3 NOVEMBRE
3 novembre 361
Avènement de Julien à l'empire d'Orient.
3 novembre 1226
Blanche de Castille, veuve de Louis VIII, devient régente du royaume de France car son fils Louis IX n'a que douze ans.
3 novembre 1440
Fait prisonnier à Azincourt en 1415 et emmené en Angleterre, Charles d'Orléans, fils de Louis d'Orléans - frère de Charles VI et amant d'Isabeau de Bavière - et de Valentine Visconti, est remis en liberté après vingt-cinq années de captivité. Consolant cette dernière en cultivant les vers, il nous a laissé cent deux ballades, trente et une chansons et quatre cents rondeaux tous plus charmants les uns que les autres. « Encore est vive la souris », avait-il écrit dans une ballade où il décrivait ce « temps en espérance » passé en captivité et qui se terminait par ces vers :
Loué soit Dieu de Paradis, qui m'a donné force et pouvoir ;
Qu'encore est vive la souris...
3 novembre 1492
Charles VIII et Henri VII d'Angleterre signent le traité d'Etaples. Les Anglais acceptent de se retirer de France en échange de la somme de 745 000 écus d'or.
3 novembre 1534
Le parlement anglais confie au roi Henri VIII les pouvoirs judiciaires et politiques jusqu'à présent exercés par le pape.
3 novembre 1762
Les préliminaires de la Paix de Fontainebleau sont signés entre la France, l'Espagne et l'Angleterre.
3 novembre 1822
Mort de Caroline « de Fréminville ». Monsieur Fréminville était un officier de marine qui avait parcouru le monde entier, ainsi qu'un des grands archéologues de la Bretagne. C'était également un savant éminent qu'on venait parfois voir de fort loin et on comprend l'étonnement des visiteurs qui n'étaient pas avertis : « Au lieu du vénérable savant à lunettes qu'on imaginait, écrivit G. Lenotre, on voyait paraître une femme mince et minaudière, vêtue d'une robe de soie, coiffée d'un chignon à la maréchale, une mouche sur la joue rasée de près et fardée ; les favoris blancs du vieux loup de mer se dissimulaient sous les rubans roses d'un bonnet à fleurs, pomponné de noeuds de dentelles rares. » Fréminville était parfaitement conscient de l'étonnement de ses concitoyens et il essayait beaucoup de se justifier. « C'est une simple manie, disait-il, aussi innocente à satisfaire que les autres manies. » Son travestissement n'avait en effet pas de signification spéciale et le Chevalier était absolument normal. C'est là un point important pour comprendre son histoire.
En fait, il était sans doute « traumatisé » par un événement affreux qu'il avait vécu lorsqu'il était jeune et se trouvait lieutenant de vaisseau sur la Néréide. Un jour le bateau séjourna aux Antilles, et plus précisément aux Saintes. Fréminville, passionné d'histoire naturelle, passait ses journées à s'intéresser aux plantes, aux insectes, aux coquillages. On l'avait surnommé Monsieur Coquille ou Monsieur Papillon. Il ne regardait même pas les jolies créoles de l'île. Il menait une vie qu'il trouvait passionnante jusqu'au jour où, en essayant de cueillir une branche de corail, il manqua se noyer. Après avoir été roulé par les vagues et projeté sur des rochers, il se réveilla dans une jolie chambre. Il avait été recueilli par une jeune et riche veuve qui vivait là avec sa soeur Caroline.
Sa convalescence fut agréable et rapide. Il passa des moments délicieux à se promener,à parler ou à écouter de la musique... et, on s'en doute, était devenu très amoureux de Caroline lorsque brutalement il reçut l'ordre de rembarquer. On était alors en 1822, le Romantisme faisait ses premiers pas et Caroline tomba évanouie en apprenant la nouvelle. Puis elle passa des jours et des mois sur la plage à guetter le retour du bateau. Un jour, enfin, elle vit la Néréide au loin, mais le navire n'approcha pas de l'île et poursuivit son chemin : il avait encore une certaine mission à remplir.
Lorsqu'un peu plus tard, Fréminville revint aux Saintes, il se dirigea vers la maison de Caroline. Il entra, mais il n'y avait personne. En passant près du cimetière, il vit une tombe toute fraîche. Sur la dalle se trouvait gravé le nom de celle qu'il aimait. Elle avait cru que le bateau ne reviendrait plus jamais et elle s'était noyée le soir du 3 novembre 1822 en tenant serrées contre elle les lettres qu'il lui avait écrites.
Fréminville tomba malade, il eut une fièvre très violente, il délira plusieurs jours. On eut peur qu'il perde la raison. Une fois guéri, il semblait normal mais, en retournant à Brest, il rapportait avec lui la robe avec laquelle on avait retrouvé Caroline. Et cette robe, il lui arrivait souvent de la vêtir. Il en arrivait parfois à se croire être la jeune fille qu'il avait aimée, comme s'ils ne formaient plus qu'un. Il signait souvent Caroline et écrira même un petit livre sous ce nom. « Parfaitement raisonnable sur tout ce qui concernait et sa profession et la science, écrira Lenotre, il était devenu fou du seul amour qu'il avait connu. » On le verra même signer ses lettres La chevalière de Fréminville.
3 novembre 1870
Le gouvernement français se réfugie à Bordeaux.
3 novembre 1898
Incident franco-anglais autour du Congo. Alors que le drapeau français flotte sur la forteresse de Fachoda depuis le 10 juillet, le capitaine Marchand refuse de le retirer à lorsque Kitchener, à la tête d'une armée anglo-égyptienne de 20 000 hommes, arrive. Le gouvernement de Delcassé, redoutant que Fachoda ne devienne le prétexte d'une nouvelle guerre, ordonne à Marchand d'évacuer la forteresse. Les relations franco-anglaises s'enveniment, et la reine Victoria doit renoncer à ses séjours sur la Côte d'Azur.
Tous végétariens pour sauver la planète !
Manger de la viande est mauvais pour la planète, voilà ce que constate un éminent spécialiste du réchauffement climatique. L'élevage et ses animaux pollueraient trop. La solution est donc tout trouvée : devenir végétarien !
Le très sérieux Lord Nicholas Stern a avancé, dans le non moins sérieux quotidien britannique Times, une théorie qui peut paraître de premier abord saugrenue : limiter la consommation de viande pour sauver la planète. L'ancien économiste en chef de la Banque mondiale dénonce les conséquences désastreuses de l'élevage d'animaux à viande sur l'environnement fragile de la terre.
L'élevage mis en cause
"La viande entraîne un gaspillage d'eau et crée beaucoup de gaz à effets de serre. Elle exerce une pression considérable sur les ressources de la planète", explique Lord Stern. La production de viande serait en effet responsable, selon l'ONU, de 18% des émissions de carbone. A cela, il faut ajouter les grandes quantités d'eau utilisées et celles de méthanes dégagées par les animaux (vaches et cochons). Les flatulences des bovins et porcins ont en effet deux à trois fois plus d'impact sur l'effet de serre et donc le réchauffement climatique que les émissions de carbone.
Une histoire de pets
Certains pays, comme l'Irlande et le Danemark, envisagent de taxer les pets de vache pour financer la recherche sur les énergies renouvelables. Le phénomène inquiète aussi les scientifiques qui pointent du doigt l'émergence des classes moyennes indiennes et chinoises, qui augmente fortement la demande en viande. Et vu que nos amis les bêtes ne sont apparemment pas en odeur de sainteté, la Commission européenne a également mis son nez dans cette affaire. Elle propose que la nourriture utilisée dans les élevages soit modifiée afin de faciliter le transit des animaux.
Le végétarisme en force
Au delà de toutes ces histoires d'aérophagie, Lord Stern souligne qu'"un régime végétarien est bien meilleur" aussi bien pour son corps que pour la planète. Il semble en effet que le végétarisme autrefois l'apanage des marginaux écolo, se démocratise. Le monde de la cuisine végétarienne s'invite même à la table des mangeurs de viande, friands de ces nouvelles saveurs. Les stars hollywoodiennes, comme Brad Pitt, se font les porte-paroles de ce régime, symbole aujourd'hui d'un esprit sain dans un corps sain. L'association néerlandaise de lutte contre l'élevage industriel, Wakker Dier, fait d'ailleurs un véritable pied de nez à ceux qui ont encore l'image d'un végétarien maigre et pâlot, en organisant le concours du végétarien le plus sexy. La viande n'étant vraiment plus "in", il faudra bientôt penser à remplacer votre entrecôte par des légumes vapeurs. Lord Stern prévoit qu'au même titre que la cigarette, manger de la viande sera perçu par la société de demain comme une habitude malsaine et honteuse. A quand des zones carnivores dans les restaurants ?
Damien Bouhours
Lord Stern : devenir végétarien pour lutter contre le réchauffement climatique
L'une des plus influentes autorités sur le réchauffement climatique dénonce les effets de l'élevage animal. Il estime également que le monde a " désespérément besoin " de la participation de Barack Obama au sommet de Copenhague.
Manger de la viande va-t-il devenir socialement inacceptable ? Nicholas Stern, l'auteur, en 2006, d'un des plus influents rapports sur le changement climatique et autorité sur ces questions, n'est pas loin de le penser. Un peu comme vis-à-vis des automobilistes en état d'ivresse, notre tolérance vis-à-vis de ceux qui ne s'orientent pas vers un régime végétarien va diminuer au cours des prochaines années, compte tenu des conséquences pour la planète de l'élevage d'animaux, explique ce Lord britannique dans une interview au " Times " de Londres.
" La viande entraîne un gaspi d'eau et crée beaucoup de gaz à effets de serre. Elle exerce une pression considérable sur les ressources de la planète. Un régime végétarien est bien meilleur, " explique Lord Stern.
Le méthane, en grande quantité dans les flatulences des vaches et des cochons, aurait un impact sur l'effet de serre 23 fois plus puissant que le carbone. Selon les Nations Unies, la production de viande serait également responsable de 18 % des émissions de carbones si l'on inclut les gaz émis par toute la chaîne des fermes d'élevages à la production de nourriture pour les animaux, écrit le " Times ".
Les éleveurs britanniques ont accueilli froidement les propos de Lord Stern. Un membre du Syndicat national des paysans (NFU) a estimé que " devenir végétarien n'était pas la solution dont le monde a besoin. " Les paysans veulent des " politiques basées sur des preuves ", a-t-il ajouté. Hier, les sceptiques face au rôle de l'homme dans le réchauffement climatique n'ont pas tardé à voir dans les propos de Stern la preuve de l'" hystérie " des leaders du mouvement mettant en garde contre l'effet de serre.
Cependant pour Lord Turner, qui ne se définit pas comme strictement végétarien, un accord au sommet de Copenhague du 7 au 13 décembre prochain s'accompagnerait d'une forte augmentation des coûts de production de la viande et des autres denrées générant des gaz à effets de serre. L'émergence des classes moyennes indiennes et chinoises accroît fortement la demande de viande sur la terre.
Ancien économiste en chef de la Banque Mondiale et professeur à la London School of Economics, Lord Turner estime par ailleurs que le monde a " désespérément besoin " de la participation de Barack Obama à Copenhague. " Son leadership pourrait faire une différence énorme " sur ces questions, selon lui. Pour l'instant, la présence de Barack Obama n'est pas assurée car les chances d'un accord substantiel à Copenhague sont jugées faibles. Les opinions publiques n'ont pas encore compris l'urgence du problème du réchauffement climatique, déplore Lord Stern.
NICOLAS MADELAINE, Les Echos
Lègere baisse des factures mobile et internet en France
La facture mensuelle moyenne, pour un abonnement à l'internet haut débit, s'élevait fin juin à 23,90 euros hors taxes, en baisse de 1,3% sur un an. L'abonnement de téléphonie mobile est en recul de 2,5% à 26,90 euros.
Les factures mensuelles des clients à la téléphonie mobile et à l'internet haut débit ont continué de baisser légèrement au deuxième trimestre en France, selon l'observatoire trimestriel publié lundi par l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep).
La facture mensuelle moyenne, pour un abonnement à l'internet haut débit, s'élevait fin juin à 23,90 euros hors taxes, en baisse de 1,3% sur un an. Selon l'Arcep, quatre ans plus tôt, en 2005, cette facture était de 25,20 euros par mois.
Mouvement similaire dans la téléphonie mobile, où la facture mensuelle moyenne était, au deuxième trimestre, de 26,90 euros hors taxes, en recul de 2,5% sur un an. En 2005, cette facture atteignait encore 29,20 euros hors taxes par mois.
Malgré ces factures en baisse, les revenus de ces deux marchés continuent de progresser, grâce aux clients toujours plus nombreux: le chiffre d'affaires de l'accès à internet était de 1,5 milliard d'euros au deuxième trimestre, en hausse de 8,9%. La France comptait fin juin 19,4 millions d'abonnés à internet (en hausse de 8,2% sur un an) dont 18,7 millions au haut débit.
Le revenu des services mobiles s'élève à 4,7 milliards au deuxième trimestre, en hausse de 2,4%, un ralentissement toutefois par rapport à mi-2008 où la croissance avoisinait les 6%. Le nombre d'utilisateurs de la téléphonie mobile était de 59,2 millions fin juin.
L'ensemble du marché des communications électroniques, qui inclut aussi la téléphonie fixe (dont les revenus baissent de 6% à 2,5 milliards), les annuaires ou encore la gestion de centres d'appels, a généré un revenu de 11 milliards d'euros au deuxième trimestre.
Les services de renseignements téléphoniques continuent quant à eux leur déclin: ils n'ont reçu que 27 millions d'appels au cours du trimestre, contre 31 millions un an plus tôt. Leurs revenus sont toutefois en hausse de 3,7% à 40 millions d'euros, bénéficiant des tarifs plus chers appliqués depuis les téléphones mobiles, dont leur proviennent désormais sept appels sur dix.
Avec ses Mémoires, Jacques Chirac sort de sa retraite
Dans son livre, que notre journal s’est procuré, l’ancien président de la République dit tout le mal qu’il pense de Giscard et de Balladur. Mais rend hommage à Mitterrand.
Jacques CHIRAC est partout, à toutes les pages et dans toutes les rubriques. Côté ombre et côté lumière. Côté justice et côté politique. Jamais on n’avait autant parlé de lui depuis qu’il a quitté l’Elysée. Vendredi, il était renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris où il devrait normalement comparaître (sans doute pas avant 2011) pour « abus de confiance » et « détournement de fonds publics » portant sur 21 emplois fictifs à la mairie de Paris, sous son long « règne » de 1977 à 1995.
Et voilà qu’arrive jeudi en librairie « Chaque pas doit être un but » (Nil Editions), le premier tome très attendu des Mémoires de l’ancien président de la République.
Des coups mesurés
On craignait un récit sans aspérités de la vie de Chirac, de sa naissance en 1932 à son élection à l’Elysée, en 1995. En fait, Chirac le secret, Chirac « l’énigme », comme a pu dire un jour de lui sa propre fille Claude, le prince de la langue de bois, celui qui réservait ses mots cruels au cercle de ses intimes, a décidé de se lâcher un peu. En distribuant ses coups, mais en les mesurant. La principale victime de ce règlement de comptes ? Valéry Giscard d’Estaing bien sûr, le président que Chirac a largement contribué à faire battre en 1981. Mais il n’épargne pas non plus Edouard Balladur, qui n’a jamais été son ami de trente ans. Sur François Mitterrand, Chirac est presque affectueux. Sur Nicolas Sarkozy, il passe très vite. Pour en savoir (peut-être) plus de ce que Chirac pense de son successeur, il faudra attendre le second tome.
Devenu depuis quelques mois l’homme politique le plus populaire de France, Chirac va affronter cette semaine le regard des Français. Qui aiment ce père de la nation qu’il est devenu, mais approuvent massivement, selon un sondage, son renvoi devant la justice au nom de l’égalité des citoyens. Samedi, Chirac sera à la Foire du livre à Brive, dans sa Corrèze d’élection. Il n’avait sans doute pas prévu que ses ennuis judiciaires viendraient percuter le plan communication de ses Mémoires.
La fiscalité, encore et toujours.
C’est une constante dans l’histoire des hommes. L’idée de la démocratie s’est diffusée en Europe quand des sujets se sont inquiétés des dépenses du souverain. Vous voulez lever des impôts? Soit. Mais pour quoi faire? Et partout sur le vieux continent, c’est la question qui a dévoilé, puis nourri, la question philosophique de la liberté, puis celle de l’individualisme, son prolongement naturel.
Il est donc frappant de constater qu’aujourd’hui encore, dans la crise que connaissent les modèles de développement des sociétés occidentales, c’est la question de la fiscalité qui se trouve au premier plan des interrogations. Parce qu’il est complexe, composé de strates successives dont les pouvoirs ont trop longtemps négligés de questionner la pertinence, le système fiscal français alimente une spectaculaire série de contestations. La plus récente est celle des sénateurs, qui contestent la taxe professionnelle. Mais il ne faut pas oublier le bouclier fiscal, la taxation des bénéfices des banques, les avantages fiscaux des footballeurs, autant de thèmes à controverse au sein de la majorité durant ces dernières semaines.
Dans ce débat, il faut évoquer aussi les propos récurrents et abscons concernant ce que tout le monde appelle les « niches fiscales ». On en évalue le montant à 75 milliards d’euros et on regroupe sous ce terme générique tous les dispositifs susceptibles d’alléger la charge fiscale de tel ou tel contribuable. L’appellation même de « niches » est péjorative. Rien de hasardeux. Elle vise à disqualifier le dispositif, sans en analyser ni l’histoire, ni la pertinence, et résonne ainsi comme en écho à ce vieux principe issu du fond de nos âges qui pose comme un dogme l’égalité de tous dans la société face aux pouvoirs et aux puissances, et donc face à la fiscalité.
Il suffit de regarder deux secondes la réalité pour percevoir combien le mot de « niche » piège le débat et empêche la réflexion. Voilà vingt ans, un ministre de l’Outre mer a soigné sa clientèle en permettant une déduction massive pour les investisseurs des lointains territoires. Voilà bien le type de niches que tous s’accordent à supprimer. Sauf que la déduction n’est rien d’autre que la manifestation de l’incapacité de l’Etat a assumer la charge financière du développement de ces lointains territoires. Alors, il a fait reporter la charge sur les particuliers en les encourageant au moyen de la déduction fiscale. Les récents désordres, voire parfois les émeutes, en Guadeloupe et en Martinique montrent bien combien l’action publique a été et demeure insuffisante dans ces territoires.
Une autre « niche » a été construire pour venir en aide aux emplois ménagers. Le constat de départ était simple. Le poids des charges sociales dissuadait les ménages d’embaucher légalement des nounous, aides ménagères, ou autres personnes qui permettent par leur travail à domicile aux deux conjoints d’un ménage de travailler à l’extérieur. Pour être précis, le fort taux d’activité professionnelle des femmes en France est possible grâce à ce type d’emplois. C’est pour les légaliser, et donc réduire la part d’embauche clandestine, lourde de problèmes en terme de responsabilité lors d’un accident, que la puissance publique a allégé les charges de ces emplois et créé des incitations fiscales.
Les supprimer? La belle idée. Le travail au noir flamberait et ce serait par millions que les ménages, ceux des classes moyennes, entreraient dans l’illégalité. En fait, la « niche » fiscale liée à ces emplois n’est que le révélateur du coût trop élevé du travail, à cause notamment de l’assiette que celui ci représente pour financer la protection sociale. Ce qui était pertinent en période de de plein emploi ne l’est plus dans une situation de chômage de masse. Il faut noter que cette caractéristique de fort chômage est la réalité française depuis la fin des années soixante dix et que rien de fondamental n’a changé sur le sujet.
Les débats fiscaux sont donc passionnants parce qu’ils décrivent la réalité d’une société et figurent parmi les fondations de son organisation. Il est intéressant de noter que la fiscalité est aussi aujourd’hui l’arme principale de contestation du sarkozysme. Ce dernier peut sans doute se définir par son contenu. Il est aussi définissable par sa méthode. Toucher à tout, en même temps, à toute vitesse, sans proposer une vision d’ensemble, sans faire partage des buts, ce qui est le meilleur moyen de finir politiquement contre le mur.
La fiscalité et les débats qu’elle suscite disent enfin l’état d’une société, ses contradictions, sa lucidité, son courage. La multiplication des discussions et controverses sur le thème signalent le désordre structurel dans lequel nous vivons et le profond désarroi dans lequel nous nous trouvons. Impôts sur le revenu, TVA, CSG, CRDS et tant d’autres taxes ciblées se chevauchent et se contredisent, forment un système opaque et décourageant, rendu encore plus dérisoire par la multiplications des dérogations opérées au fil des ans.
On rêve de voir un jour un responsable politique capable de faire partager calmement à la Nation la nécessité de tout mettre à plat, de tout changer, de tout reconstruire. L’histoire, à l’inverse, enseigne que cela n’a été possible que par la violence et dans le paroxysme. C’est par là qu’elle est un éternel recommencement. Mais le recommencement est-il vraiment une fatalité?
Pas assez de troupes pour vaincre les taliban?
Dans un rapport révélé ce lundi, le plus haut gradé américain en Afghanistan affirme que l'armée manque de moyens supplémentaires. Le général McChrystal conclut que cette faiblesse met en péril le succès de leur mission contre les taliban.
Le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général américain Stanley McChrystal, a prévenu que sans augmentation des moyens militaires dans ce pays, la coalition risquait d'y subir "un échec".
Dans un document confidentiel révélé ce lundi, il écrit: "Echouer à reprendre l'initiative et à mettre un terme à l'actuelle offensive des insurgés à court terme (dans les douze prochains mois) -en attendant que les capacités de sécurité afghanes murissent- risque de nous amener à une situation où il ne serait plus possible de vaincre les insurgés".
Publié par le Washington Post, le rapport -une évaluation stratégique du conflit afghan- a été présenté au secrétaire américain à la Défense Robert Gates le 30 août. Il est actuellement entre les mains de la Maison-Blanche.
Dans ce document de 66 pages, également consulté par le New York Times, le général américain note que la mission afghane a "manqué de ressources dès le départ" et "continue d'en manquer".
Faute de moyens supplémentaires, la coalition risque "un conflit plus long, plus de victimes, des coûts plus élevés et, au final, une érosion cruciale de soutien politique. Chacun de ces risques (...), peut entraîner un échec probable de la mission", écrit le général McChrystal.
Le général est le plus haut gradé américain en Afghanistan où il dirige la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan et les troupes américaines.
"Eloignés des gens"
Le militaire dénonce aussi "la faiblesse des institutions afghanes", "une corruption rampante et des abus de pouvoir de responsables divers", ainsi "que nos propres erreurs (...) qui ont donné très peu de raisons aux Afghans de soutenir leur gouvernement".
Les forces internationales, dit-il, "ont agi d'une manière qui nous a éloignés -physiquement et psychologiquement- des gens que nous cherchons à protéger".
Un avis français
"Sur le moyen terme, il n'y a pas de victoire militaire à attendre" en Kapisa, constate pour sa part le colonel Francis Chanson, commandant des 740 soldats français déployés dans cette province afghane instable, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Kaboul. "Il n'est pas envisageable que la population de Kapisa bascule à court terme dans le camp de la coalition" internationale, poursuit-il dans un "retour d'expérience". L'expérience de terrain de l'officier français rejoint la stratégie révisée du général Stanley McChrystal, qui privilégie désormais la sécurisation des populations sur la traque des insurgés. "Il nous faut renoncer d'emblée à contrôler militairement toute la zone d'action", écrivait-il à une semaine de l'élection présidentielle afghane, constatant que "les gains territoriaux sont invariablement remis en jeu la saison suivante"."La Kapisa compte aujourd'hui beaucoup plus d'insurgés qu'il y a cinq ans" et si "beaucoup ont été mis hors de combat", le "réservoir est inépuisable".
"Les insurgés ne peuvent pas nous battre militairement (...) mais nous pouvons nous battre nous-mêmes", ajoute-t-il.
Le président américain Barack Obama est appelé à dire s'il dépêche encore davantage de troupes en Afghanistan, en plus des 21000 qu'il a annoncés en début d'année et qui porteront à 68000 les effectifs américains.
Il a cependant déclaré dimanche sur CNN que sa décision sur les renforts ne sera pas "dictée par la politique du moment" et promis de se montrer "sceptique" à l'égard des requêtes des généraux.
Les talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par les forces internationales emmenées par les Etats-Unis, ont considérablement intensifié et étendu géographiquement leur insurrection depuis deux ans.
Selon le général McChyrstal, les insurgés recrutent massivement dans les prisons.
Les prisons sont devenues "des sanctuaires et une base pour la conduite d'opérations meurtrières" contre le gouvernement afghan et les forces internationales, écrit-il en soulignant que les insurgés islamistes "représentent plus de 2500 des 14 500 détenus dans un système pénitentaire afghan surpeuplé".
Après huit années de présence, les forces internationales peinent de plus en plus à endiguer l'insurrection des talibans, tandis que les opinions publiques occidentales s'inquiètent de l'engagement de leurs troupes. Leurs pertes atteignent en outre des records depuis plusieurs mois.
Quelque 62 000 Américains se battent en Afghanistan aux côtés de 38 000 soldats de pays alliés.
Vers une "judiciarisation" du métier de soldat?
Plus d'un an après l'embuscade d'Uzbin, en Afghanistan, qui a coûté la vie à dix soldats, deux familles veulent porter plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui". Une initiative qui pourrait poser problème aux militaires en opération.
La volonté de deux familles de soldats morts le 18 août 2008, dans la vallée d'Uzbin en Afghanistan, de porter plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui" soulève de délicates questions, à la fois juridiques et déontologiques. Elles pourraient avoir également des implications sur le plan opérationnel.
Si le droit de la guerre est encadré par les conventions de Genève, qui fixent les règles du droit humanitaire international, la démarche du père de Julien Le Pahun, grenadier-voltigeur du 8e RPIMa, et de l'épouse du sergent Rodolphe Penon, infirmier du 2e REP, est inédite. De source militaire, il n'existe aucun précédent qu'une famille se retourne contre l'institution pour une action relevant du métier de soldat.
Quand les plaintes seront effectivement déposées, vraisemblablement lundi prochain, il appartiendra au tribunal -en l'occurrence celui aux armées- de se prononcer sur leur recevabilité. C'est l'argument défendu par le ministère de la Défense. L'armée française considère qu'il y n'a pas eu de "faute", notamment du commandement: les dix soldats français étant tombés dans une embuscade dressée par un ennemi plus nombreux qu'eux. C'est ce que conteste Joël Le Pahun, via son avocat Gilbert Collard : "Il est évident qu'un militaire risque sa vie, mais c'est autre chose de risquer sa vie dans une intervention mal préparée ; des fautes ont été commises par des responsables", a-t-il expliqué sur France Inter.
Si les plaintes sont considérées comme recevables, cette initiative posera un problème complexe aux militaires en opération. Celui de la "judiciarisation" de leur métier, qui touche, par exemple, déjà les métiers médicaux. La haute hiérarchie redoute cet avènement, que de nombreux observateurs considèrent pourtant comme inéluctable en raison de l'évolution des sociétés occidentales. "C'est une tendance lourde, à laquelle les armées françaises devaient être confrontées un jour ou l'autre, souligne Jean-Marc Balencie, consultant dans un cabinet spécialisé dans les questions de sécurité (1). A partir du moment où l'on recrute des professionnels et que quelque chose dérape, les gens cherchent des responsables et se tournent vers la justice."
Un officier s'en inquiète : "Si on suit cette pente, on risque de paralyser l'action militaire. Alors qu'on attend des chefs une réaction rapide, parfois instinctive, on va les inhiber, quel que soit leur niveau de responsabilité. Ceux-ci peuvent être amenés à ne pas décider ou à décider à contretemps. Au lieu d'éliminer le risque pour les hommes, on l'augmenterait." L'idée même qu'un magistrat puisse déterminer la "vérité" d'une action de combat ne passe carrément pas. "Sur quels critères un juge, huit mois après les faits, va pouvoir dire s'il y a eu faute ou pas ? On ne va pas rejouer l'action dans son cabinet pour savoir si sa version est la meilleure", s'énerve un autre gradé. Pour ce dernier, c'est même la négation du métier de soldat, qui évolue dans le "brouillard de la guerre".
Mission discrète à Kaboul
La guerre ! C'est précisément le non-dit qui empêche de comprendre pourquoi des soldats français meurent à Kaboul. Il existe manifestement un déficit de compréhension, donc d'explication. "Depuis le drame d'Uzbin, on tourne autour du mot, regrette le député Hervé Mariton, secrétaire national de l'UMP aux armées et à la défense. Ce serait la réponse la plus claire et la plus cohérente à donner à ce père qui pose des questions raisonnables. Je crois qu'il serait mieux avisé de qualifier explicitement ces opérations de guerre, qui bénéficieraient du consentement de la nation."
Cette affaire, sur laquelle l'armée française a multiplié dès le départ les erreurs de communication, illustre la fragilité de l'Occident face à la violence et aux pertes inévitables qu'elle entraîne. Alors que l'Otan semble s'enliser chaque jour davantage en Afghanistan, provoquant débats et votes chez de nombreux alliés (Etats-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Pays-Bas...), le sujet devrait refaire surface en France. Inquiétudes et doutes commencent à se développer mezzo voce au Parlement sur la stratégie menée en Afghanistan. Le président du Sénat, Gérard Larcher, accompagné des présidents de tous les groupes politiques de la Haute Assemblée, vient de mener une mission discrète à Kaboul pour étudier le dispositif français. Elle sera suivie d'un débat au Sénat avant la fin de l'année.
(1) Auteur, avec Arnaud de la Grange, des Guerres bâtardes. Comment l'Occident perd les batailles du XXIe siècle. Perrin, 2008.
Peut-on juger un soldat ?
Pour la première fois dans les anales militaires, des familles vont se retourner contre une action de commandement de l'armée. Cette démarche pose la question de la responsabilité des gradés officiant dans une armée désormais de métier. Responsables mais pas coupables, les militaires sont-ils au-dessus de la loi ?
Les familles d'au moins deux victimes parmi les dix soldats français tués lors d'une embuscade tendue par les talibans en août 2008 dans la vallée d'Uzbin en Afghanistan, ont décidé de porter plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui". À l'initiative de cette action, le père du parachutiste Julien Le Pahun, décédé à 19 ans, et l'ancienne épouse du sergent infirmier Rodolphe Penon, 40 ans. Cette plainte vise "des individus qui n'ont pas, à notre sens, assumé leurs responsabilités, qui n'ont pas su gérer la mission qu'ils devaient mettre en place" dénoncent les familles, qui soupçonnent l'existence "d'une série de manquements dans la chaîne de commandement", lors de cette opération militaire.
La version des familles
M. Le Pahun met en cause le commandement militaire direct des soldats, à savoir le capitaine Crézé (du 8ème RPIMa) et le colonel de Cevins (chef de corps du RMT, et à ce titre du bataillon français). Frédéric Pons dans son livre "Opérations extérieures" (Presses de la Cité) décrit l'opération d'embuscade : "Il n'y a pas eu de reconnaissance aérienne préalable, avec des hélicos et des drones, alors qu'on savait que le terrain était aux mains des talibans". Il évoque le fait que "l'officier qui a organisé la mission et qui devait l'encadrer n'a finalement pas participé à la patrouille de reconnaissance". "Nous sommes en droit de connaître la vérité", exige Joël Le Pahun qui précise "cette plainte ne vise pas le président de la République, son gouvernement ou le chef d'état-major des armées".
"La guerre, ce n'est pas un salon !"
Maître Gilbert Collard défendra les familles dans cette action. Il précise l'objet de cette plainte qui a pour but de "mettre en cause la hiérarchie militaire qui a commis des fautes dans l'organisation de cette opération militaire […] de connaître la vérité et de faire avancer les choses" sans toutefois annoncer vers quoi. Indigné, il explique le point de vue des victimes "On a envoyé les soldats français se faire tuer ! C'est inacceptable ! Pourquoi l'officier qui devait encadrer les troupes ce jour-là n'est pas allé sur le champ d'opération ? Parce qu'il devait accueillir à Kaboul des personnalités. La guerre, ce n'est pas un salon !"
Un cas inédit
La démarche est sans précédent bien que la question du niveau de responsabilité des gradés ait déjà été soulevée au Parlement. Le droit de la guerre est encadré par les conventions de Genève, qui fixent les règles du droit humanitaire international. Le tribunal aux armées de Paris est compétent dans cette affaire, il lui appartiendra de se prononcer sur le bien fondé de la plainte. L'irrecevabilité est le point stratégique de défense du ministère car l'Etat major considère qu'il n'y a pas eu faute mais une "erreur d'évaluation" de la situation, commise sur la base de "référence fausse", les dix soldats français étant tombés dans une embuscade dressée par un ennemi plus nombreux. Ainsi, les deux officiers n'ont pas été sanctionnés. Pour Gilbert Collard : "il est évident qu'un militaire risque sa vie, mais c'est autre chose de risquer sa vie dans une intervention mal préparée ; des fautes ont été commises par des responsables".
La guerre, un métier comme un autre ?
Si la plainte est considérée recevable, les militaires en opération devront faire face à la "judiciarisation" de leur activité devenue un véritable métier depuis 1996. "C'est une tendance lourde, à laquelle les armées françaises devaient être confrontées un jour ou l'autre. A partir du moment où l'on recrute des professionnels et que quelque chose dérape, les gens cherchent des responsables et se tournent vers la justice" note Jean-Marc Balencie, consultant dans un cabinet spécialisé dans les questions de sécurité. Un officier s'inquiète d'un glissement qui risquerait de "paralyser l'action militaire" qui se doit d'être "rapide, parfois instinctive". Il prévient : "au lieu d'éliminer le risque pour les hommes, on l'augmenterait". Un autre gradé témoigne de la négation du métier de soldat, qui évolue dans le "brouillard de la guerre".
Laetitia Gueugnon
L'identité nationale, un mythe nationaliste, selon Régis Meyran
L'identité nationale est un mythe aux échos nationalistes prompt à resurgir en période de crise et qui tend à flatter l'électorat d'extrême droite, estime l'anthropologue Régis Meyran, spécialiste de la question.
Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, a lancé lundi un débat sur ce thème avec l'ambition de valoriser les valeurs républicaines et "la fierté d'être Français".
Selon Régis Meyran, chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et auteur du "Mythe de l'identité nationale", ce terme est "très suspect" alors même que la question de savoir ce que c'est d'être Français aujourd'hui est "légitime".
"Le terme d'identité nationale me semble beaucoup moins légitime parce qu'il oriente le propos de manière beaucoup plus subjective, beaucoup plus idéologique, pour la bonne raison que c'est un terme qui a été introduit en France par Jean-Marie Le Pen dans les années 1980", a-t-il déclaré lundi à Reuters.
"C'est une rhétorique issue récemment du Front national mais qui s'inscrit dans la tradition du nationalisme français (...) et qui renvoie à une supposée authenticité des Français, en les renvoyant aux ancêtres, à la terre et à des symboles de la Nation comme la Marseillaise ou le drapeau."
Selon le chercheur, "parler de l'identité nationale revient au même que de parler de 'Français de souche', ça renvoie à une opposition entre les supposés vrais Français et les étrangers".
DISCOURS STRATÉGIQUE
Sur le fond, "je ne pense pas qu'il y ait une seule identité française", a-t-il poursuivi, "c'est un mythe, ça fait partie d'un récit national". "A l'inverse, il semble évident que nous sommes tous, en tant que citoyens de ce pays, traversés par différentes identités, mouvantes, et qui se mélangent."
Prié de dire pourquoi le sujet refait surface, Régis Meyran estime qu'"il ne faut pas négliger la partie stratégique de ce discours".
"J'y vois un appel du pied très clair à un électorat qui vote traditionnellement à l'extrême droite. C'est pour gagner des électeurs", explique-t-il.
Autre facteur, la crise économique qui favorise l'émergence des questions identitaires.
"On sait très bien, tous les historiens le disent, que quand ça va mal, en période de crise, il y a des questions identitaires qui surgissent avec le risque de tomber dans des crispations identitaires."
"Les poussées de racisme, d'antisémitisme, on sait très bien qu'elles interviennent à des moments de l'histoire de France très particuliers qui sont des moments de crise : l'affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle, les années 1930 avec les crises ministérielles et le krach boursier."
"Chaque nation se fonde sur des mythes, sur une certaine idée de la Nation", a-t-il souligné. Mais "en temps de crise, il y a une sorte de repli et un questionnement beaucoup plus fort avec, peut-être, des risques de dérive idéologique."
Lucien Libert, avec la contribution de Jean-Baptiste Vey, édité par Sophie Louet
Quelques événements du 2 NOVEMBRE
2 novembre 361
Avènement de Julien l'Apostat à la mort de l'empereur Constance II. Il devait régner deux ans et périt dans une guerre contre Sapor, roi de Perse. Il a laissé des traités philosophiques et des Lettres.
2 novembre 1570
Un raz de marée provoque la mort d'un millier de personnes en Hollande, suite à la rupture de digues sur la mer du Nord.
2 novembre 1699
Naissance de Jean-Baptiste Chardin. Surtout connu comme peintre de natures mortes, où il excelle, Chardin se convertit vers 1733 à la scène de genre.
2 novembre 1729
Mort d'Alexandre Menzikoff, garçon pâtissier à Moscou, puis favori et ambassadeur de Pierre-le-Grand. Il mourut en Sibérie, où il avait été exilé par un autre caprice de la fortune.
2 novembre 1755
Naissance de Marie-Antoinette d'Autriche. Fille de l'Impératrice Marie-Thérèse et de l'Empereur d'Autriche, elle épouse en 1770 le futur Louis XVI. Frivole et dépensière, deviendra impopulaire et sera condamnée à mort par le Tribunal Révolutionnaire en octobre 1793.
2 novembre 1789
Sur la proposition de Mirabeau : « qu'il soit déclaré... que tous les bien ecclésiastiques sont à la disposition de la nation, à la charge de pourvoir d'une manière convenable aux frais du culte, à l'entretien de ses ministres... », l'Assemblée nationale décrète, par cinq cent dix voix contre trois cent quarante-six, la nationalisation des biens du clergé.
Poutine reconnaît que la chute du Mur de Berlin était inévitable
MOSCOU (Reuters) - Le Premier ministre russe Vladimir Poutine reconnaît dans un entretien à la chaîne de télévision NTV que le Mur de Berlin représentait une construction artificielle et que sa chute a été "un événement normal et naturel".
Dans cette interview qui doit être diffusée en intégralité dimanche soir, Poutine s'exprime publiquement pour la première fois sur cet événement qu'il a vécu de près puisqu'il était officier du KGB en poste à Dresde au moment des faits.
"Ce qui devait arriver est arrivé. Je crois que la partition de l'Allemagne n'avait absolument aucun avenir", affirme Poutine dans un extrait de l'interview diffusé par avance par NTV.
Vladimir Kondratiev, le journaliste qui a réalisé l'entretien, travaillait à l'époque pour la télévision soviétique à Bonn.
Selon lui, "ni Poutine, ni Kohl, ni Gorbatchev - personne ne pouvait savoir que le Mur allait tomber à ce moment-là".
"Le Premier ministre Poutine ne se souvient pas dans le détail de la manière dont il a passé cette journée, d'autant moins que cela se déroulait la nuit, il était tard. De nombreuses personnes en Union soviétique, y compris Gorbatchev, ont découvert cela le lendemain matin", affirme Kondratiev.
"Honnêtement, je peux dire que Poutine répond à cette question avec beaucoup de modestie," a ajouté le journaliste. "Il ne cherche pas à mettre son rôle en avant."
AFFECTION PARTICULIÈRE
La chaîne publique Russia Today rapporte les propos de Volker Getz, un témoin présent lors des émeutes de Dresde en décembre 1989 et interrogé quelques années plus tard.
Getz raconte comment un "officier aux cheveux clairs armé d'un pistolet" a menacé de tirer sur la foule qui se trouvait devant le bâtiment du KGB dans la ville. "On a appris plus tard que cet officier du KGB est devenu votre président", affirme Getz, selon le site internet de Russia Today.
Kondratiev a dit avoir des doutes sur ce récit, affirmant que Poutine n'a jamais fait mention d'un pistolet au cours de l'entretien accordé à NTV.
Le Premier ministre explique qu'il est simplement sorti devant le bâtiment pour parler aux manifestants et leur préciser qu'il s'agissait de locaux appartenant à l'armée soviétique.
Cette version des faits concorde avec celle que Poutine avait déjà fournie dans un ouvrage d'entretiens intitulé "Première personne" et paru en 1999 lorsqu'il est devenu président par intérim.
Loin de se présenter comme un héros courageux, déterminé à sauver le QG du KGB à Dresde, Poutine cherche à apparaître comme proche des Allemands de l'Est. De son passage à Dresde, il semble avoir conservé une affection particulière pour ce pays.
Admettre que la chute du Mur était "inévitable" paraît pourtant en contradiction avec la conviction de Poutine selon laquelle la disparition de l'Union soviétique constitue la plus grande tragédie du XXe siècle.
"Qu'est-ce que vous espériez ? Que Poutine dise que la chute de l'Union soviétique a été une chance formidable ?" s'est interrogé Kondratiev.
Michael Stott, version française Pierre Sérisier
Rama Yade refuse de "s'abaisser" au niveau de Nadine Morano
La secrétaire d'Etat aux sports Rama Yade a refusé, lundi 2 novembre, de s'abaisser au "niveau très bas" de Nadine Morano, sa collègue chargée de la famille, qui lui a reproché la veille son manque de solidarité gouvernementale.
"En politique on ne répond pas en descendant à ce niveau-là. J'ai une haute idée de la politique et ce n'est pas celle-là", a-t-elle déclaré sur RMC, à propos des critiques lancées par Mme Morano. Cette dernière lui avait rappelé qu'"on se tait ou on s'en va", après le désaccord exprimé par Mme Yade à propos de l'amendement parlementaire voté, avec l'aval du gouvernement, sur la suppression d'avantages fiscaux à des sportifs de haut niveau.
LEFEBVRE : ELLE "VA PARFOIS UN PEU AU-DELÀ DE LA LIGNE"
A-t-elle été blessée par le "tacle" de sa collègue ? "Pas du tout. Non, il en faut plus. Je dis simplement que répondre ce serait descendre à un niveau très bas et je ne veux pas", a répliqué Mme Yade, dont l'indiscipline récurrente suscite un certain agacement au sein de la majorité. Proche de Nicolas Sarkozy, Mme Morano avait été une des premières à tancer la benjamine du gouvernement, personnalité parmi les plus populaires, lorsque celle-ci avait refusé de se présenter, contre l'avis du chef de l'Etat, aux élections européennes de juin dernier.
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a aussi désapprouvé lundi l'attitude de Mme Yade, estimant qu'elle "va parfois un peu au-delà de la ligne". "Là, je pense qu'elle a eu tort sur un sujet, s'il a été arbitré, d'en remettre une louche", a-t-il dit, même s'il s'est lui-même prononcé en accord avec la secrétaire d'Etat "sur le fond" à propos de l'amendement controversé.