Je ne réagis que ce matin au désormais fameux "rapport au premier ministre sur l'intégration" qui faisait hier la une du Figaro, tout simplement parce que j'ai voulu prendre le temps de le lire, et n'ai pas été déçu... Sa lecture donne une sensation de vertige, celui des hautes cimes qu'on éprouve au bord du précipice, au-dessus d'un kilomètre de vide. Une première réaction m'est aussitôt venue à l'esprit : rarement je n'ai lu un tel pavé, en 5 tomes, aussi creux et indigeste, compilation de lapalissades et de lieux communs. Qu'on en juge :
« L’enjeu de la politique à mener réside dans le fait de se doter d’un « projet de société » inscrivant la France dans un processus reconnaissant l’atout que représentent sa diversité culturelle et les apports multiples dont elle veut être le creuset et dans un processus de réduction des inégalités sociales et de solidarité nationale envers les catégories sociales les plus précaires, les plus victimes de la mondialisation économiqu ... Il est
nécessaire donc de repartir du sens donné à l’action. Si l’action menée vise à favoriser la participation active de tous, dans un souci de réciprocité et d’égalité, à la société dans son ensemble, la mise en œuvre d’un tel « programme » passe assez logiquement par la mobilisation de l’ensemble des politiques publiques sectorielles et ne nécessite pas une intervention ciblée en direction de quelques personnes. Il s’agirait ainsi de concevoir l’action publique, relevant jusque-là de la notion d’intégration, dans une « approche intégrée ». Cela suppose par exemple de s’assurer que chaque politique publique et/ou intervention prend en considération les apports des migrations, de la diversité culturelle, tout en évitant l’enfermement dans des représentations culturalistes. Dans cette perspective, il n’y aurait pas forcément lieu de la nommer, sauf à considérer qu’il s’agit d’une politique articulant reconnaissance de la diversité de la société française et des apports des migrations et égalité (dans le cadre de la prévention et de la lutte contre les discriminations), donc une politique visant la cohésion sociale nationale. Ce qui suppose à la fois une articulation et un développement d’une action publique visant à assurer l’égalité par l’accès aux droits et la lutte contre les discriminations ».
Franchement, si j'avais à noter un tel charabia, une pareille bouillie pour chats, je mettrai 1/20, peut-être 2/20 par charité... Bien sûr, on retrouve dans ce rapport le fond idéologique à la mode, la repentance à haute dose, l'affirmation d'un multiculturalisme exacerbé, et pire, ce doigt vengeur pointé vers le nouveau bouc émissaire de la société française : « le quinquagénaire, blanc et hétérosexuel » celui, entre parenthèse, qu'on licencie à tour de bras dans l'entreprise et celui qu'on lynche à mort quand il vous tombe sous la main lors des émeutes urbaines. A quoi sert un tel monument, montagne de clichés, de vieilles lunes, d'oripaux idéologiques usés jusqu'à la corde qui figurent depuis 30 ans dans tout rapport sur l'intégration qui se respecte? Eh bien comme d'habitude, une belle provocation, une superbe polémique permet d'occuper les esprits et les médias pendant un jour ou deux, de gagner ainsi 24 heures sur la faillite et le néant politiques. Et puis, on en revient toujours au fondamentaux du socialisme à la française : à quelques mois des élections, rien ne vaut un bon chiffon rouge pour faire flamber les sondages en faveur du fn et affaiblir ainsi l'opposition.
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lundi 16 décembre 2013
Le chiffon rouge
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