TOUT EST DIT

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mardi 30 octobre 2012

Jean-Marc Ayrault, les 35h et la danse des canards

Nouveau couac au gouvernement. Après avoir évoqué un éventuel retour aux 39 heures dans Le Parisien, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se fait recadrer par son Ministre du Travail, Michel Sapin.
Après le congrès du PS à Toulouse, on pouvait croire – certes naïvement – que le Premier ministre, promis, juré, allait se ressaisir et qu’on allait voir ce qu’on allait voir, face à cette méchante droite qui lui a intenté un procès en amateurisme. Las ! Les lampions de la fête toulousaine ne se sont pas encore complètement éteints que, bardaf, le naturel revient au galop et le Jean-Marc Ayrault se prend les pieds dans le tapis des 35h.
Résumons. Ayrault, après les multiples couacs de sa majorité et son propre couac relatif à l’arrêt prétendument rendu du Conseil constitutionnel sur la loi relative aux logements sociaux, déclare, dans Le Parisien que le retour des 39h de travail hebdomadaires payées 39h n’est pas un sujet tabou. Hourra ! Le PS a décidé d’arrêter d’ennuyer les Français ! Chansons dans les chaumières ! Même la très souriante Laurence Parisot, patronne des patrons, se fend d’une émotion non feinte…

Et soudain; un grand vide dans la tête....comme partout
Hélas ! Trois fois hélas ! Il s’agit d’un nouveau couac du Premier ministre qui, sur injonction de Guimauve-le-non-Conquérant emmitouflé dans son palais élyséen, le somme de se rétracter. Et Michel Sapin, ministre du Non Emploi et du Chômage, d’être envoyé rétablir la bonne nouvelle. Ainsi, ce matin, dans le journal de 8h55 de France 2, Sapin nous affirme-t-il de façon péremptoire que le Gouvernement ne touchera pas aux 35h, car « toucher aux 35h, c’est toucher aux heures supplémentaires, donc aux sursalaires, donc au pouvoir d’achat ».
Fin de récréation : le ministre a recadré son Premier qui se rétracte ! Au-delà de cette nouvelle cacophonie, qui fait ressembler l’équipe d’Ayrault plus à la danse des canards (couacs couacs) qu’à un gouvernement, ce qui choque dans cette nouvelle preuve d’amateurisme est la rhétorique utilisée par Sapin. Le postulat intangible est toujours le keynésianisme : pour relancer l’économie, augmentons le pouvoir d’achat des travailleurs ou, à tout le moins, n’y touchons pas. Partant de là, gardons les sursalaires, donc les 35h. Imparable ! Outre le fait que ce raisonnement est suranné, il est contradictoire et empreint d’idéologie.
Contradictoire. Si le raisonnement pour maintenir les 35h est le maintien du pouvoir d’achat, alors pourquoi diantre avoir supprimé la défiscalisation des heures supplémentaires ? Je ne vois qu’une seule raison : la défiscalisation avait été instaurée par Sarkozy…
Et là, on rentre de plain-pied dans l’idéologie. Les 35h, instaurées en 1997, sont l’œuvre de Martine Aubry. Or, on ne touche pas à la Vestale de la rue Solférino et du Grand Lille ! Ce que Sarkozy fait, on le défait ; ce que Aubry fait, on ne le défait surtout pas, même si le tout est frappé d’incohérences…
Faut-il encore rappeler ici, le dégât économique et social engendré par les 35h ? Le surcoût pour les entreprises, le report et la suppression d’embauches, la désorganisation du travail de l’entreprise.
Oui décidément, avec l’équipe de Jean-Marc Ayrault, la France se trémousse péniblement dans une danse des canards…  en attendant la nomination de la Dinde du Poitou ?

35 heures: Fillon déplore que "l'éclair de lucidité" d'Ayrault ait été "éphémère"


François Fillon, candidat à la présidence de l'UMP, a déploré mardi "une fois de plus" la "cacophonie du gouvernement", regrettant que "l'éclair de lucidité" du Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur les 35 heures ait été "aussi éphémère".

"Je déplore, une fois de plus, la cacophonie du gouvernement après la déclaration de Jean-Marc Ayrault sur les 35 heures. Je regrette que l'éclair de lucidité du Premier Ministre ait été aussi éphémère. Je constate l'absence de solidité et d'autorité du Premier Ministre qui est recadré par son ministre du Travail", Michel Sapin, a-t-il déclaré dans un communiqué.
L'ancien Premier ministre demande à son successeur "d'assumer ses propos et d'oser ouvrir le débat des 35 heures au nom de l'intérêt économique de la France et ce malgré les cris d'orfraie de sa majorité", assurant que "sur cette question vitale, l'UMP prendra toutes ses responsabilités et jouera son rôle d'opposant constructif".
Selon lui, la France "a, plus que jamais, besoin d'augmenter son temps de travail afin d'éviter la récession qui nous menace". "Il faut supprimer la référence à la durée légale du travail et autoriser une négociation collective dans les entreprises sur le temps de travail, dans les limites des règles européennes", réaffirme-t-il.
Alors que M. Sapin venait d'assurer qu'il ne fallait pas supprimer les 35 heures légales, M. Ayrault a indiqué qu'il n'était pas question de revenir sur cette durée du travail, s'efforçant d'éteindre l'incendie allumé par ses propos dans Le Parisien déclarant "non taboue" la question d'un retour aux 39 heures payées 39.

COMMENT LES SOCIALISTES FONT-ILS POUR RAISONNER À L'ENVERS ?

Réquisition des logements vacants : la dangereuse idée de Cécile Duflot

Cécile Duflot a déclaré qu'elle étudiait la possibilité de réquisitionner les logements vacants pour accueillir sans-abris et mal-logés : une idée inepte, liberticide et socialement calamiteuse. Explications.
À cinq jours du début de la "trêve" hivernale des expulsions locatives, la ministre du Logement Cécile Duflot n'a pas exclu, ce samedi 27 octobre, de mettre en œuvre la réquisition de logements vacants, "pour accueillir sans-abris et mal-logés".
Contester cette mesure peut aisément vous faire passer pour un sans cœur. "Comment ? Vous préférez favoriser le droit des propriétaires à laisser un logement vide alors que des sans-logis vont mourir dans les rues ?"
De bons sentiments ne font pas une bonne politique. Il convient d'insister sur les effets néfastes d'une réquisition, si elle venait à être mise en œuvre de façon intensive. Cette réquisition, loin de résoudre les problèmes des mal-logés, signerait sans aucun doute la fin définitive de leurs espoirs de trouver un logement décent. Cette ineptie doit donc être combattue. Voici pourquoi.

Incantations vs. Chiffres

Tout d'abord, comme le montrent les chiffres les plus récents de l'Insee ou d'EDF, les logements réellement vacants sur une longue durée et aux endroits où il y a pénurie effective sont relativement rares. La vacance est de l'ordre de 6%, et les données d'EDF montrent que la vacance est plus forte en zone rurale, les grandes agglomérations concentrant l'essentiel de la tension sur le marché du logement se situant généralement nettement en dessous de cette moyenne (cf carte ci-dessous).


En outre, moins de 25% des logements vacants sont réellement des logements vacants ET non remis sur le marché par leurs propriétaires (cf tableau ci-dessous). Soit moins de 500 000, alors que la pénurie était estimée en 2006 par la fondation Héritage et Progrès à au minimum 1,5 millions de logements - à condition qu'ils soient situés là où se trouve le marché - pour à la fois loger les 900 000 foyers "aux portes du logement" et purger le parc de logements des unités les plus insalubres, tout en assurant une bonne rotation des logements au gré des déménagements professionnels des ménages.

On voit donc que d'un point de vue purement mécanique, la réquisition des logements vacants ne règlerait en rien la situation de la plus grande part des foyers mal logés actuels.

Un signal dramatique pour l'avenir

Mais il y a pire : une telle réquisition enverrait un signal absolument dramatique aux investisseurs potentiels : "si vous ne faites pas de votre propriété l'usage qui convient le mieux au désir des clientèles politiques dans les petits papiers de l’État, alors l’État vous la prendra".
Un tel facteur de risque placé sur un investissement dont la rémunération est naturellement faible, de surcroît obérée par une fiscalité peu avantageuse, réduirait dans des proportions dramatiques l'incitation à investir dans le locatif privé, et exacerberait la pénurie que nous connaissons.
Il y a derrière cette proposition des attendus et des implications éthiques et institutionnelles bien plus graves que des considérations économiques, fussent-elles majeures. Une telle mesure créerait un précédent extrêmement grave contre le droit de propriété, qui est pourtant, nos politiciens ne l'oublient que trop fréquemment, un des piliers des droits de l'homme, ce que rappelle fort justement l'article II  de la déclaration du même nom de 1789 : "le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression".

Pourquoi la propriété ?

Les concepteurs de la déclaration n'ont pas fait figurer la propriété au même rang que la liberté par hasard, ou par esprit scandaleusement petit-bourgeois. Tout individu consacre une part importante de son activité d'homme libre à épargner. Pourquoi ? Parce que la maison ou les économies ainsi accumulées lui permettent de former du capital permettant de lui assurer un avenir meilleur.
De fait, la propriété est le fruit naturel de la liberté. Priver l'homme de ce fruit, c'est lui confisquer son avenir, c'est rendre totalement inopérante sa liberté, c'est prétendre que l'individu ne produit que pour satisfaire d'autres besoins que les siens, c'est le considérer comme un esclave.
S'il n'y a plus de limite à ce que l’État, par ailleurs déjà fiscalement bien gourmand, peut prendre à ceux qui épargnent et créent des actifs durables, alors l'exercice de la liberté perd son intérêt. Dans un tel contexte, les individus se contenteraient de produire ce qui serait juste nécessaire à leur subsistance mais ne consentiraient guère d'effort supplémentaire, quoi que cela leur en coûte en termes de difficultés quotidiennes.

Pas de propriété, pas de prospérité

C'est sur ces fondements totalement contraires aux aspirations naturelles des hommes que fonctionnaient, ou plutôt dysfonctionnaient les sociétés communistes. Mais cet exemple "évident" n'est pas le seul à pouvoir étayer cette thèse. Le prêtre écrivain Virgil Gheorghiu notait que la culture religieuse roumaine s'est surtout incarnée dans l'iconographie, facilement transportable, car la Roumanie fut régulièrement envahie par ses voisins, et les roumains, souvent obligés de ce fait de migrer, ne pouvaient former de capital. Aussi s'en sont-ils tenu à ce qu'ils pouvaient emmener avec eux en cas de malheur.
Sans aller jusqu'à ces extrêmes, l'économiste péruvien Hernando de Soto montre que dans les sociétés du tiers monde, où la reconnaissance légale des titres de propriété est dysfonctionnelle, autrement dit, où la propriété existe difficilement, les entrepreneurs du secteur informel forment peu de capital car celui-ci peut leur être facilement retiré faute de titre légalement certifié par des institutions sûres. Ils conservent donc des business de petite taille qui alimentent une économie de bidonville, mais ne peuvent pas facilement prospérer et faire prospérer leur communauté.

La réquisition : l'arrêt de mort de l'investissement neuf privé

Réquisitionner les logements vacants serait donner à la société un signal extrêmement fort indiquant que ceux qui nous dirigent choisissent de nier l'importance de la propriété, donc de la liberté, et donc de soviétiser la société française. Dans ces conditions, qui serait assez fou pour investir dans un logement locatif, même avec les plus grosses carottes fiscales possibles ?
Car si d'un côté le risque de se faire prendre un logement vacant serait élevé, de l'autre, il serait tentant pour un aspirant locataire de se placer volontairement en difficulté quelques semaines, puis de faire jouer le "Droit Au Logement Opposable", autre source de malfaisance démagogique, pour obtenir la réquisition d'un logement vacant dont le loyer serait de facto fixé par l'autorité administrative très en dessous de son prix de marché, plutôt que d'aller le louer dans une agence immobilière...
Dans de telles conditions, il n'existerait plus de relation saine possible entre un offreur et un demandeur de logement. Le marché du logement mourrait à petit feu, comme il l'a fait pour des raisons différentes techniquement (contrôle des loyers) mais identiques philosophiquement, entre les deux guerres.
En revanche, le marché gris des logements non déclarables, donc non saisissables, c'est-à-dire des taudis, des caravanes, des caves, prospérerait dans des proportions incontrôlables. Ce qui serait le prétexte à renforcer la criminalisation des mauvais loueurs... Et donc à placer le logement au mains d'organisations mafieuses. La liste des effets pervers que l'on peut anticiper suite à une mesure de réquisition autoritaire parait sans fin.

Les menaces ne résoudront pas la crise du logement. La liberté, si.

Pour augmenter le nombre de logements offerts sur leur marché, il ne faut pas brandir de nouveaux épouvantails tels que la réquisition des logements vacants au visage de ceux, aujourd'hui de plus en plus rares, qui pourraient être des investisseurs alimentant l'offre de logement locatif. Il faut au contraire réduire le niveau de risque législatif lié à ce type d'investissement afin de le rendre plus intéressant et désirable pour des investisseurs en quête de rendement faible mais régulier.
Comment ? En libérant l'offre de logement des chaînes et boulets que le législateur lui attache depuis plus de 100 ans.
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Une première version de cet article a été publié le 09.02.2010 sur Objectif Liberté, le site de l'auteur.

Une brève histoire de l'hyperinflation

Plusieurs fois dans ces colonnes, et bien évidemment ailleurs (mais, comme par hasard, très rarement dans la presse mainstream), on a parlé d'hyperinflation, notamment à la suite des dernières opérations aux noms magiques comme QE (pour les Américains) et LTRO (pour les Européens). Aujourd'hui, je vous propose de revenir un peu dans l'histoire récente de cette hyperinflation, définie comme une période où l'inflation mensuelle est de plus de 50%.

Grâce au travail de Steve Hanke et Nicholas Krus, du Cato Institute, on dispose de données fiables et intéressantes sur les périodes d'hyperinflations connues.
Première constatation : saperlotte, la monnaie papier, ça inflate drôlement dans les périodes de crise, et pas qu'une fois de temps en temps. Si l'on regarde le tableau des deux chercheurs, on se retrouve avec des périodes d'inflations étalées de 1920 à 2008, avec un regroupement de trois grosses périodes :
- la première, avant la seconde guerre mondiale, de 1920 à 1924
- la seconde, depuis 1941 jusqu'au sortir de la guerre, 1949
- la troisième, après l'explosion du bloc soviétique, de 1988 à 1998

Bien évidemment, on trouve aussi un saupoudrage de quelques pays jouant avec leur presse à billets en dehors de ces périodes, l'exemple le plus frappant étant le Zimbabwe de Mugabe pour la période récente, le Chili de la transition Allende/Pinochet, et la France des assignats (qui est donc un précurseur de tous les autres, puisqu'au 18ème siècle). Et en substance, le schéma est toujours le même : la situation économique du pays qui va subir une hyperinflation se dégrade rapidement notamment sous l'effet de dépenses de moins en moins contrôlées par l’État. Ensuite, pour éviter une dépression sévère, les autorités monétaires du pays commencent à emprunter et laisser filer la valeur du papier monnaie pour aboutir à un épisode de grand n'importe quoi dont l'aspect rigolo n'est perçu qu'au-delà des frontières par ceux qui ont eu le temps de fuir ou la présence d'esprit de n'avoir aucun intérêt économique avec les malheureux qui sont restés sur place. Pour s'informer, on pourra lire avec attention le dossier réalisé par Business Insider qui revient sur la période d'hyperinflation dans le régime de Weimar.
Par curiosité, voici les pics d'inflation constatés dans les différents cas. Comme on peut le voir, il n'y a pas vraiment de limite : oui, à proprement parler, lorsque les presses se mettent à cracher du billet, tous les nombres sont possibles et un doublement du prix des biens et services toutes les quinze heures a déjà été constaté (en Hongrie, donc).

daily peaks

(NB : certains pays sont présents plusieurs fois, parce qu'ils ont eu plusieurs épisodes de fête du slip monétaire)
La question qui vient ensuite à l'esprit est de savoir s'il existe une corrélation entre la durée de l'hyperinflation et sa force (importance du taux). J'ai réalisé un petit nuage de points qui donne ceci, et sur lequel on peut distinguer trois groupes de pays.

En gros, le premier groupe (bleu) correspond aux pays dont l'hyperinflation (quelques pourcents par jour) n'a pas duré très longtemps (jusqu'à trois mois). Le second groupe correspond à ceux qui ont eu ces mêmes taux (voire un peu plus soutenus) et qui ont fait durer le plaisir plus d'un an. On imagine le bonheur des populations concernées. Enfin, le dernier groupe, heureusement moins gros, correspond aux États dont la population aura eu a subir l'incurie et l'incompétence avec des taux records pendant de longues années. De ces trois groupes, on ne peut s'empêcher de remarquer qu'il n'y a pas de pays pour lesquels il y aurait eu des taux journaliers très forts et une courte période d'hyperinflation. Manifestement, si les taux d'hyperinflation galopent, c'est parti pour durer...
Il est intéressant de constater que certains de ces États furent des dictatures ou que dans la plupart des cas, la possibilité même de fuir la monnaie imposée était combattue avec d'autant plus d'acharnement que la durée d'hyperinflation était longue et que les taux étaient élevés. Autre point intéressant : dans aucun des cas le phénomène ne se sera arrêté de lui-même sans la mise à mort pure et simple de la monnaie considérée, éventuellement assortie de la chute du régime correspondant. Autrement dit : non seulement, l'hyperinflation est un phénomène qui est au début déclenché volontairement sous couvert d'une inflation "contrôlée", mais en plus, il échappe rapidement à tout contrôle.
Et maintenant, pour en revenir à la situation européenne ou américaine, on constate quelques similitudes. Par exemple, les efforts actuels des banquiers centraux, Draghi et Bernanke, visent à éviter autant que possible une dépression carabinée dans leurs deux grands blocs économiques, en compensant les déflations visibles sur les biens secondaires ou de luxe. Par une multiplication de jeux d'écriture et d'opérations dont la complexité apparente s'explique difficilement par autre chose qu'un désir de camoufler une création monétaire soutenue, les deux bricoleurs ont malgré tout du mal à endiguer le manque cruel d'enthousiasme des populations pour une nouvelle vague de crédit bon marché ; on sent que la succession de QE et de LTRO, dont chaque avatar suscite moins d'intérêt que le précédent, ne parvient pas à relancer le furieux bastringue monétaire.
Pour le moment, tout le monde s'accroche aux deux monnaies. L'Euro et le Dollar sont encore vecteurs de valeur. Mais comme dans tous les épisodes d'hyperinflation précédents, qui peut encore garantir que, un petit matin, la confiance qui sous-tend encore ces monnaies ne va pas s'évanouir ? Certes, le pire n'est pas certain, mais il est de moins en moins improbable, surtout vu les injections de monnaies auxquelles on assiste. Du reste, les mouvements récents d'abandon du dollar de certains pays, dont des acteurs majeurs comme la Chine, dans leurs transactions commerciales, montrent que le règne du dollar s'achève. Or, pour le moment, rien ne semble prêt pour le remplacer, et certainement pas l'Euro, dont tout le monde comprend que s'il doit partir en sucette, il le fera avant le dollar ; et bien malin qui pourra dire quand cela pourra advenir, encore que les tensions s'accumulant entre l'Allemagne et la Grèce pourraient déclencher des événements intéressants.
Si l'Histoire nous apprend quelque chose, c'est qu'elle réalise le paradoxe d'être imprévisible et de se répéter. L'hyperinflation n'est ni rare ni impossible sur un continent comme l'Europe ou les États-Unis. Et les mêmes causes (crises, tensions internationales, manipulation excessive de la monnaie) provoquent les mêmes effets (inflation galopante, perte de confiance, destruction de richesses). C'est dans ce contexte qu'un homme averti en vaut rapidement deux, puis quatre, puis 60 puis un million.

La restauration de la TVA au menu

La restauration de la TVA au menu


Après les « pigeons » des start-up, les restaurateurs ? Le rapport que le socialiste Thomas Thévenoud remet aujourd'hui à la commission des finances de l'Assemblée suscite déjà l'émoi, même s'il conviendra ensuite au gouvernement et aux députés de trancher. Et même si le diagnostic du député de Saône-et-Loire est sans appel. Selon lui, la baisse de la TVA accordée en 2009 est en effet injustifiable au vu des promesses non tenues par la profession. Et sa formule sur « une subvention de 153 000 ¤ par emploi » porte assurément. Cette vieille promesse électorale de Jacques Chirac, argument clientéliste plus que priorité économique, a finalement été honorée par Nicolas Sarkozy. Mais sans jamais vraiment convaincre. De plus, cette revalorisation - qui faisait partie du programme de François Hollande - s'appuie sur un autre constat difficilement contestable : son coût insupportable pour les finances publiques. Reste à voir quelle sera la suite donnée à ce dossier. La fin de la TVA réduite dans la restauration n'a pas été inscrite dans le collectif budgétaire de juillet, ni dans le projet de loi de Finances 2013. Au mieux s'intégrera-t-il peut-être dans le futur « pacte de compétitivité » à venir. Sauf si le gouvernement préfère éviter d'ouvrir un nouveau front catégoriel… En réplique, les restaurateurs annoncent déjà des suppressions d'emploi massives et une hausse des tarifs (après une baisse qui, elle, n'a jamais été très visible). Au moins la majorité pourra-t-elle, sans mal, plaider qu'il s'agit bien là d'un héritage du précédent gouvernement.

Cacophonie gouvernementale sur les 35 heures

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a recadré Jean-Marc Ayrault sur les 35 heures, avant que le premier ministre ne revienne sur ses déclarations. 

Du jamais vu! Le ministre du Travail recadre... le premier ministre. Cette fois c'est sûr, il y a un gros problème de hiérarchie gouvernementale au sein de l'équipe de Jean-Marc Ayrault. À peine le premier ministre avait-il évoqué l'idée, dans Le Parisien , que le retour aux 39 heures n'étaient pas un «sujet tabou» que Michel Sapin le contredisait. «Il ne faut pas supprimer les 35 heures», a assuré le ministre du Travail en direct sur RTL.
Le premier ministre a très vite compris l'ampleur de ce nouveau couac. Il est revenu sur ses déclarations sur France Info. «Il n'est pas question de revenir sur les 35 heures parce que ce n'est pas la cause de nos difficultés économiques, il y en a beaucoup d'autres», a corrigé le premier ministre.
En relançant d'une petite phrase le débat sur les 35 heures, Jean-Marc Ayrault s'est lancé dans une entreprise où il a, une nouvelle fois, beaucoup à perdre. La réduction du temps de travail est la dernière réforme d'envergure de la gauche, qui plus est mise en place par Martine Aubry en 1997. Et même à droite, Jacques Chirac, qui au début avait condamné ces «expérimentations hasardeuses», avait reconnu plus tard qu'elles étaient devenues un «acquis social».
Déjà, les réactions syndicales hostiles se multiplient, notamment de la CGT et de la CFDT. «Pas question de remettre en cause la durée du travail», a tranché François Chérèque. Laurence Parisot disait, elle, son espoir de voir réouvert le débat sur le temps de travail. «Si le premier ministre l'a évoqué c'est bien que, confusément, il sent bien qu'il y a un problème», relevait-elle sur Europe 1.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé s'est engouffré dans la brèche. Il a «applaudi» mardi la déclaration du premier ministre. «Je découvre aujourd'hui que Jean-Marc Ayrault reprend le programme que nous avons mis en avant à l'UMP sur les 35 heures», a réagi Jean-François Copé sur Canal+. «Non seulement j'applaudis», a-t-il dit, mais «si le gouvernement propose d'assouplir largement les 35 heures comme nous le proposons (...), il doit savoir qu'il me trouvera à ses cotés au nom de l'intérêt du pays», a-t-il assuré.
À l'Élysée, on rêverait de couper court rapidement à la polémique provoquée par les propos non maîtrisés de Jean-Marc Ayrault.«Ce n'est pas une déclaration», assure-t-on, contre toute évidence, dans l'entourage de François Hollande avant d'ajouter: «Le premier ministre a été très clair ce matin. (...) Il a souhaité préciser sa position», se réjouit-on à l'Elysée avant de reprendre un déminage complexe: «Il a dit que tous les débats étaient possibles par principes mais que ce débat n'est pas ouvert». Bref, à l'Elysée aussi on s'emmêle aussi dans les explications. À 13 heures, le chef de l'Etat et son premier ministre doivent déjeuner ensemble. François Hollande aura la possibilité de lui donner quelques conseils de communication, au minimum. Pour le chef de l'Etat, l'affaiblissement de l'autorité du premier ministre pourrait très vite devenir un sujet.

Une sortie de la Grèce de la zone euro: une solution ou pas?

On s’interroge souvent sur les effets d'une éventuelle sortie de Grèce de la zone euro. Serait-ce positif ou négatif ?
Ce débat reste assez idéologique en fait. On croit souvent que le fait d’être plutôt favorable à une sortie de la Grèce de la zone euro, cela signifie nécessairement que l’on est contre l’Europe. Très souvent, les eurosceptiques ne sont pas contre l’Europe mais pour une autre Europe ainsi qu’une autre monnaie unique avec des institutions sociales-démocrates. L’euro aurait davantage exacerbé les divergences économiques qu’assuré une quelconque convergence même non homogène.
À partir de là, il est possible d’évaluer le coût d’opportunité, c'est-à-dire le coût de renonciation à la zone euro. Il est possible de justifier économiquement une sortie de la zone euro au-delà des aspects politiques et psychologiques. Comparons les gains et les coûts de plusieurs scénarios possibles.

Première situation : le maintien de la Grèce dans la zone euro

Concernant les gains pour la zone euro du maintien de la Grèce dans la zone euro (A) : Il se résume aujourd’hui aux effets bénéfiques d’une politique de change inexistante, mais ces effets bénéfiques ont déjà bien été absorbés par les marchés si l’on peut dire les choses ainsi… Ces gains sont forts certes sur le plan symbolique, et dans l’histoire de la construction européenne, et dans le domaine du psychologique, élément essentiel au fonctionnement des marchés financiers.
On peut ajouter quand même les gains économiques passés liés au rattrapage opéré par les pays du Sud en matière de croissance économique pendant les premières années de la décennie 2000, l’amélioration des niveaux de vie, la qualité de beaucoup d’autres aspects de la vie quotidienne. Ces gains, d’ailleurs, semblent assez indépendants de l’existence de la Grèce dans la zone euro. On peut librement ici ajouter d’autres gains.
Concernant les coûts pour la zone euro du maintien de la Grèce dans la zone euro (B) : Le maintien de la Grèce dans la zone euro a un coût assez visible. Évidemment, tous les plans de sauvetage depuis le début de la crise et une situation de puit sans fond où pour la Grèce, les taux d’intérêt à dix ans sont toujours très supérieurs aux taux de croissance. Il faut ajouter à cela les coûts des politiques d’austérité réalisées en même temps et qui ponctionnent la croissance, politiques initialisées par la Grèce en premier lieu faut-il le rappeler avec un effet de contagion politique.
Enfin, les coûts sociaux bien visibles, si l’on considère que le cas de la Grèce a propulsé un certain nombre de choses en Europe… Il faut ajouter un vrai risque systémique facilement compréhensible par la méthode médicale. Comme la « cellule malade » est dans la zone, elle risque de contaminer les autres. D’ailleurs, le principe du défaut déguisé entre dans cette catégorie puisque les décotes des créanciers sur la dette grecque ont bien été effectives et mises à exécution.

Concernant les gains pour la Grèce du maintien de la Grèce dans la zone euro (C) :

Appelons les C : Ici, entre le principe de l’aléa moral. Quel est l’intérêt de la Grèce de respecter certains critères si elle considère que, de toute façon, les autres pays de la zone paieront. Ensuite, elle bénéficie aussi d’un espace commercial de qualité et compétitif qui lui permet de satisfaire l’ensemble des besoins de la population à des conditions intra-branches avantageuses. D’autres gains peuvent être ajoutés. Par exemple, étant un pays plus risqué en matière d’investissement, elle a pu réussir à attirer des investisseurs internationaux preneurs de risques.

Concernant les coûts pour la Grèce de son maintien dans la zone euro (D) :

Les coûts représentent la quote-part de la Grèce à l’ensemble des ressources du FESF. On peut ajouter bien sûr le coût économique pour la Grèce des divergences économiques accentuées ces derniers temps notamment par rapport aux pays du Nord. Cette liste non exhaustive peut s’étendre.

Seconde situation (hypothétique celle-ci) : sortie de la Grèce de la zone euro

Concernant maintenant les gains pour la zone euro sans la Grèce (E) : ici, on retrouve l’arrêt du risque systémique et la possibilité le cas échéant de mobiliser des capitaux vers des pays récupérables, c’est-à-dire lorsque le différentiel « taux d’intérêt à 10 ans – taux de croissance économique » est le plus faible possible pour simplifier.
Concernant maintenant les coûts pour la zone euro sans la Grèce (F) : objectivement, il est difficile de dire que l’absence de la Grèce soit une catastrophe pour l’économie européenne. Sur le plan strictement économique - et les chiffres ont été donnés -, le poids de la Grèce dans la zone euro est très faible et la Grèce n’est pas une plateforme de propulsion de l’économie européenne vers d’autres zones géographiques, les échanges en zone euro étant essentiellement intra-branches. Ici, l’inquiétude est surtout le défaut du coup total et non déguisé de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers et le risque d’une décote encore plus élevée.

Concernant les gains pour la Grèce de sa sortie de la zone euro (G) :   

Ici, il faut raisonner en deux temps, et l’on oublie bien volontairement le second temps, en général au bout de six mois (cas de nombreux pays qui ont décroché d’une zone à ancrage monétaire et qui ont dévalué). L’économie est caractérisée par des cycles. Ici, dans les commentaires et pour le cas d’une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro, il n’existerait plus de cycle.
Certes une récession encore plus profonde est possible avec exclusion du financement des marchés financiers à cause du défaut probable officiel, mais une récession s’accompagne toujours d’une stabilisation et d’une reprise économique au bout de 6 mois après la sortie de la zone d’ancrage monétaire (reprise de la production, diversification de l’activité, reprise en main des affaires publiques…). Cette reprise économique est permise par des politiques économiques appropriées et non auto-suicidaires. Les indépendances monétaire et budgétaire en somme.
Concernant les coûts pour la Grèce de sa sortie de la zone euro (H) : on dit que si la Grèce sort de la zone euro, il existe plusieurs types de coûts : d’abord, une inflation importée, une baisse considérable du pouvoir d’achat des Grecs, l’explosion de la dette en euro suite à une forte dévaluation du drachme (pas évidente puisque une part importante de la dette publique grecque est de droit privé national).
On évoque aussi souvent le risque systémique en oubliant que de toute façon celui-ci existe déjà dans la zone euro. Admettons alors la contagion. Remarquons que la métaphore médicale ne permet pas de valider l’assertion car, lorsqu’une « cellule malade » est enlevée, on comprend moins l’idée de contagion, et comment celle-ci peut avoir lieu lorsque la dette nationale est détenue par des nationaux. En revanche, à l’intérieur de la zone euro, celle-ci existe réellement.

Conclusion :

À la différence des coûts et gains du maintien de la Grèce dans la zone euro, les coûts et gains d’une sortie de la Grèce de la zone euro sont des estimations tournées vers le futur et extrêmement aléatoires alors que les coûts et les gains de la Grèce dans la zone euro, eux, peuvent plus facilement être estimés. Du coup, les coûts et gains tirés d’une situation hypothétique de sortie de la Grèce doivent être actualisés par un « discount factor », un taux d’intérêt de référence pour ramener ces montants à leur valeur présente. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive, libre à chacun d’y intégrer des éléments économiques, mais au final une sortie de la Grèce de la zone euro est-elle bénéfique ? Dans l’hypothèse où il est possible de déterminer un coût du capital, un discount rate ou encore un taux d’actualisation, alors le maintien de la Grèce est préférable si (A+C) – (B+D) non actualisée > (E+G) – (F+H) actualisées.

Maintien de la Grèce dans la zone euro Sortie de la Grèce dans la zone euro
GAINS COÛTS GAINS COÛTS
Pour la zone euro
A
B
E
F
Pour la Grèce
C
D
G
H

Marché de dupes

Marché de dupes 


Oui, il y a un « problème Google ». Parce que le géant américain nourrit son réacteur numérique avec les milliards de mots et d’images produits par la presse. C’est cette matière première qui a permis, en partie, au moteur de recherche de développer son audience, ses services et ses ressources. Il est donc légitime que les éditeurs posent la question d’une rémunération sur la base des références qu’ils produisent et qui sont souvent -mais pas toujours à l’heure du copier-coller- liées à des contenus à valeur ajoutée.
Mais l’économie du référencement développée par Google ne s’appuie pas sur la seule presse. C’est par des requêtes en ligne que vous allez de plus en plus souvent chercher les coordonnées d’un hôtel ou une offre intéressante pour un voyage.
Et il y a eu dans le contrat tacite passé avec Google un marché de dupes. Un gagnant-gagnant qui a échoué. Des contenus et des références pour le moteur de recherche, de l’audience en retour pour les sites d’information en ligne : le deal a été lucratif pour Google, mais côté presse l’audience n’a pas été convertie en chiffre d’affaires. En tout cas, bien moins que ne l’espéraient les éditeurs.
Aujourd’hui, le bras de fer est engagé avec Google. Qu’en sera-t-il demain avec Facebook et Twitter ? Car eux aussi se nourrissent en partie des contenus des sites d’information qui sont partagés, recommandés, « likés » et commentés ! La « recommandation sociale » est d’ailleurs une source non négligeable d’audience pour les sites d’information. Il y a là aussi un contrat tacite, plus récent certes, qui pourrait bien une fois encore se muer en différend.
L’heure est venue d’admettre qu’Internet est de moins en moins un écosystème régi par les moteurs de recherche et leurs mystérieux algorithmes. Le développement des réseaux sociaux, la multiplication exponentielle des applications pour smartphones et tablettes, la structuration du Net autour de nouveaux produits et services ouvrent des perspectives inédites. Elles invitent les marques de toutes sortes et les éditeurs en particulier à se tourner vers leurs « communautés », à les choyer et à leur proposer des services dont la valeur est reconnue, admise… et monnayable. Un contrat plus prometteur qu’un marché de dupes passé sur la Toile !

Quèsaco ?

Quèsaco ?

Pigeons ou grands patrons, les lobbyistes et communicants de tout acabit se régalent de ce débat abscons sur la compétitivité. Le mot est mal défini et les explications obscures. Entre choc, trajectoire ou pacte on y perdrait son b.a.-ba d'économie pour les nuls. Mais de faux ultimatum en vraies reculades, le vulgum salarié devine confusément que cette affaire pourrait encore lui retomber sur la feuille d'impôts. Car derrière les noms d'oiseaux échangés, la principale préoccupation des pétitionnaires du CAC 40 est la diminution du coût du travail que l'on ferait payer aux travailleurs. L'étrange bras de fer nous ramène à cette vision monarchique de l'État qui veut que le Prince doive trouver les solutions pour sauver les dividendes et les marges des patrons en piochant le moins possible dans leurs poches.
Comme si la compétitivité pouvait se décréter, comme si elle n'était pas la résultante d'un ensemble de facteurs complexes. La CSG, par exemple : ce que l'on gagne en coût du travail en l'augmentant, on le perd en pouvoir d'achat, donc en clients. Quand on aspire à la relance, est-il opportun de réduire la consommation ?
Si les entreprises sont peu compétitives, c'est de la faute de l'État. Si elles sont performantes, c'est grâce à leur talent. Dans le discours, elles sont créatrices de richesses et pilotées par des dirigeants compétents et remarquables qui n'ont de handicaps que l'État. Air connu. Ce ne sont jamais leurs stratégies industrielles ou leurs erreurs qui sont en cause. Doux met la clé sous la porte, PSA ferme Aulnayæ C'est la faute aux promesses non tenues. Et si l'urgence économique était de lancer un grand plan pour aider les entreprises à se remettre en cause ? On ne peut plus raisonner l'économie dans l'opposition État-entreprises.
L'enjeu est de mettre la recherche au service de l'innovation. En réinventant aussi des complémentarités pour favoriser le travailler mieux pour produire mieux. Un produit, c'est certes une fonctionnalité mais c'est aussi une image. Le rayonnement de nos productions n'est pas indépendant d'une certaine idée de la France. Et sur ce point, les interpellations dans la presse sont d'un effet désatreux.



«Taxe Google: c’est la liberté de la presse qu'on assassine»

«Taxe Google: c’est la liberté de la presse qu'on assassine»


Alors qu’Eric Schmidt, le président exécutif de Google, va être reçu lundi 29 octobre par François Hollande, Olivia Phélip, directrice de la rédaction de JOL Press, adresse une lettre ouverte au gouvernement au sujet du dossier qui oppose le célèbre moteur de recherche aux éditeurs de presse. Selon elle, le projet d’une éventuelle taxation des contenus référencés sur Google au profit des éditeurs, ne servira qu’à accroître le pouvoir des grands groupes et portera atteinte à la liberté de la presse.

Monsieur le Président de la République française, Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, Madame la Ministre déléguée au Numérique,

En recevant aujourd'hui Eric Schmidt, le président exécutif de Google, vous vous engagez dans une bataille dont nous pensons qu’elle pourrait aboutir au but inverse que celui que vous pensez atteindre.
En effet, vous prenez acte que la guerre est déclarée entre les éditeurs de presse et le géant Google. Au départ, il y a une situation de fait : Google référence les liens des articles publiés par les médias en ligne, ce qui permet aux internautes de chercher à partir d’une requête les articles qui correspondent le mieux à leur recherche. Le réflexe est donc devenu courant chez les consommateurs d’information de rechercher leurs lectures, non pas par le titre de presse qui produit les contenus, mais par l’article référencé par Google notamment.

La fronde des éditeurs de presse

Se souvenant peut-être des éditeurs de livres qui s’étaient attaqués à Google, afin de lui interdire de reproduire le contenu des livres dont ils possédaient les droits, les éditeurs de presse allemands, français et maintenant italiens, se sont unis pour faire pression sur Google, afin d'exiger que celui-ci les rémunère, sur la base des contenus référencés. En oubliant au passage, qu’ici, la situation est bien différente, car si d’un côté Google référence les titres des articles, il renvoie vers leur site initial et contribue donc à leur audience. Donc selon nous, le partage est équitable : Google bénéficie de la publicité qui accompagne sa sélection de liens dans la partie des requêtes générales (il n'y a pas de publicité sur Google Actualités), quand les médias, eux, vivent de la publicité générée par les renvois de liens, d'où qu'ils proviennent.
Or, vous êtes-vous demandé pourquoi ces éditeurs s’unissaient ainsi ? Le lobby des éditeurs de presse, représenté majoritairement par de grands groupes a fait pression sur vous au nom de la défense des intérêts de sa corporation, tout en prétendant défendre les contenus d’information. Ce lobby se permet même de parler aussi au nom des petits pure players (médias d’informations n’existant que sur Internet), sans jamais les avoir consultés et sans chercher à comprendre leur intérêt.

JOL Press soutient Google

Dans ce climat délétère qui semble diaboliser le moteur de recherche en le présentant comme un « pilleur de contenus », nous ne pouvons rester silencieux. Car, selon nous, Google est au contraire le meilleur défenseur de la presse et des journalistes. En effet, un site comme le nôtre, indépendant de tout groupe de presse, qui s’est lancé il y a un an sans budget et sans notoriété, n’a pu exister que grâce à Google. Car à partir du moment où Google nous a sélectionnés pour faire partie de Google Actualités, notre audience est montée en flèche. En ce sens, Google est donc un formidable levier pour la liberté de la presse et l’indépendance des journalistes. 
C’est donc exactement l’inverse de ce que prétendent les éditeurs de presse. Leur volonté d’exiger un paiement de leurs contenus est injustifiée et contrairement à ce qu'ils prétendent, une atteinte à la liberté de diffuser l'information.

La défense des corporatismes ou celle de la liberté ?

Injustifiée, car le travail de référencement que fait Google est un vrai service qui n'est pas payant et comme chaque lien renvoie vers le site initial, il sert en vérité son audience qui, elle-même, permet aux éditeurs de bénéficier de leurs revenus publicitaires.
Une atteinte à la liberté de l’information, car c’est Google qui a permis à des pure players d’exister.
En cherchant à s'unir contre Google, les éditeurs de presse souhaitent surtout défendre leur corporation contre les petits, car les petits contribuent à l’érosion de leur audience et ne pourraient exister sans Google. En prétendant défendre les journalistes, ils défendent avant tout leurs intérêts.

Une bataille économique

Le vrai sujet est économique. Comme l’explique très bien Fabrice Boé, ancien PDG de Prisma Presse, dans sa dernière tribune sur JOL Press,  là où les pure players ont su générer une valeur avec la publicité, des coûts de production optimisés et des activités de service, les groupes de presse ont des difficultés à rentabiliser leurs sites web, et à réussir la mutation de leur modèle papier. Quand on sait que Newsweek a décidé de passer au tout numérique à partir du début 2013, on comprend l’enjeu du déploiement de la presse sur le web. L'époque où les éditeurs regroupés en quelques grands groupes ont dominé la presse en kiosque depuis les années 60 est révolue et le web a redéfini le champ de diffusion de l’information dans un monde ouvert et libre.  
Alors il est facile de désigner un bouc émissaire pour tenter de régler les problèmes de trésorerie et de chercher des sources financières alternatives. Et bien tentant de se débarrasser de quelques sites qui dérangent, et d’imposer un paysage numérique maîtrisé, réservé à un club trié sur le volet, protégeant ses privilèges.

Les effets pervers d’un « droit voisin numérique »

Avez-vous imaginé concrètement les conséquences d’une loi pour taxer Google ?
Google vous a adressé récemment une note blanche annonçant qu’il déréférencerait tous les contenus français, italiens et allemands si ceux-ci devenaient payants. Dans une telle situation, ce sont tous les sites dépendants de l’audience que leur rapporte Google qui disparaîtraient, tout comme les emplois des rédacteurs concernés.
Nous avons lu sur le site du Nouvel Observateur, que, selon Nathalie Colin, présidente de l’IPG, (l’association qui regroupe la presse française) et co-présidente du Nouvel Observateur, la taxe permettrait à la presse « d'entrer dans un cercle vertueux où chaque média aurait l'assurance d'être rémunéré pour la production d'articles ». Et « avec un droit voisin numérique, des pure players pourraient être lancés avec peu de moyens, mais des contenus de qualité. Cela apporterait un réel pluralisme à la presse en ligne ». Mais ceci est illusoire. Il est abusif que soudain l'IPG prétende agir aussi dans l'intérêt des pure players, et tout autant abusif que seuls les tenants de l’IPG aient été consultés et aient participé au projet de loi en préparation au ministère de la Culture. La vérité est que le seul exemple de taxe Google se situe au Brésil et que cela s’est traduit par une régression de la presse et une crise grave pour les sites indépendants. Nous avons donc toutes les raisons d'être très inquiets.

C’est la liberté d’expression qu’on assassine

Selon nous, un tel texte ferait subir à de petits sites d’informations comme le nôtre, une double peine, car non seulement, comme nous ne faisons pas partie des corporations de la presse, nous ne bénéficions d’aucune subvention, mais en plus, nous perdrions notre unique vitrine de diffusion.
Il est étonnant qu’un gouvernement socialiste qui prétende être attaché à la liberté d’expression se soit laissé influencer exclusivement par les géants de la presse, plutôt que de replacer la question dans un contexte plus large en pensant à la défense des petits, et donc, paradoxalement, d'un géant comme Google qui est le meilleur garant de leur impunité.
En menaçant Google, c’est en réalité notre profession qu’on risque d’assassiner, car ce sont tous les journalistes et les sites indépendants qui seront amenés à être en difficulté.  C’est aussi ce formidable pluralisme de l’information qui a vu le jour grâce au remarquable travail de référencement de Google, qui sera attaqué.
Voilà pourquoi, au nom de tous les sites d’information indépendants comme le nôtre, nous souhaitons non seulement exprimer notre gratitude vis-à-vis de Google sans qui nous n’existerions pas, mais aussi vous demander de ne pas poursuivre dans une voie dogmatique et théorique qui risque de causer beaucoup de tort à notre profession et finalement aux consommateurs d’information.
Par conséquent, nous vous demandons, soit d’annuler ce projet de taxe qui nous semble très dangereux, soit, si vous souhaitez ouvrir les négociations, d'accepter de laisser les médias eux-mêmes libres de décider s’ils veulent ou non faire partie du champ de la loi. Car en ce qui nous concerne, nous souhaitons conserver nos conditions actuelles de référencement sur Google et ne souhaitons pas les voir remises en cause.

La déconstruction européenne

La société européenne se délite, que ce soit entre des communautés religieuses, envers les immigrés, ou contre le pouvoir du gouvernement.
L'image de l'islam se dégrade en France, décrétait il y a quelques jours Le Figaro, sondage à l'appui :

  • 43% des sondés considèrent l'islam comme une menace ;
  • 60% pensent que cette religion a trop d'importance ;
  • 18% sont favorables à la construction de mosquées (contre 33% en 1989) ;
  • 63% sont opposés au voile dans la rue (31% en 1989) ;
  • 89% sont opposés au voile à l'école.
Autre média, autre sujet. Les élections montrent l'accélération d'un mouvement autonomiste : "Des Flandres à l’Écosse, les mouvements séparatistes gagnent du terrain, sur fond de crise économique" explique le présentateur de la RTS.
Changeons encore d'horizon. En Grèce, les attaques "racistes" contre les immigrés ont atteint un niveau alarmant, selon le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR):
Les migrants en provenance d'Afrique ou d'Asie qui essaient d'entrer dans l'Union européenne par la Grèce font face à une hostilité croissante dans un pays victime d'une crise économique sans précédent depuis soixante ans. Le HCR fait état de 87 attaques racistes répertoriées par les groupes de défense des droits de l'homme entre janvier et septembre 2012 et qualifie ce chiffre d'"exceptionnellement alarmant". Les véritables chiffres sont sans doute bien plus élevés dans la mesure où les victimes ont souvent trop peur pour porter plainte, précise le HCR.
Quel rapport entre l'image de l'islam en France, des élections en Espagne et en Belgique, un accord politique dans ce qui s'appelle encore le Royaume-Uni, ou des violences en Grèce ? A priori, aucun.
Pourtant, toutes relèvent du même événement : la désagrégation de l'Union Européenne.
Elle est de plus en plus apparente, de plus en plus marquée, et de plus en plus rapide.
La société européenne se délite, que ce soit entre des communautés religieuses, envers les immigrés, ou contre le pouvoir du gouvernement. La solidarité et le respect des individus les uns pour les autres se désagrège. Le repli se généralise dans toutes les directions. Cela vaut pour toutes les mouvances politiques : les indépendantistes flamands sont classés à droite, ceux de Catalogne ou du Pays basque sont classés à gauche.
(Amusant, au passage, de voir les gauchistes espagnols radicaux de l'EAJ-PNV réclamer la fin des mesures de rigueur "venues de Madrid". Visiblement, la solidarité, c'est quand il y a de l'argent à prendre, pas quand il faut régler l'ardoise!)
Sur ce phénomène continental, les interprétations divergent : certains parleront de "prise de conscience nationale", de la volonté de "retrouver une véritable souveraineté" ; d'autres regretteront la "montée des extrêmes", les "troubles du vivre-ensemble" et la "banalisation de la stigmatisation". Toutes ces analyses pointent néanmoins le même facteur commun : la crise économique.
Et bien entendu, personne n'a de solution - parce qu'il n'y en a pas.
L'Europe est au confluent de flux migratoires, de tensions religieuses, de disparités économiques, de visions antagonistes du droit et du rôle de l’État. C'est une grande famille, mais une famille largement artificielle, recomposée, construite ex-nihilo.
Lorsque tout va bien, les tensions et les divergences font partie du quotidien, des difficultés à aplanir dans la marche vers un avenir meilleur. Nous ne sommes plus en temps normal. Comme dans la vie réelle où les difficultés financières peuvent dévaster un couple, la crise économique dans laquelle se débat l'Europe politique est un facteur aggravant, quel que soit le domaine concerné. Résultat ? Le continent tangue et craque de partout. La protestation menace de tout emporter et ne montre pas le moindre signe de faiblesse.
Le modèle de solidarité européenne a vécu, quoi qu'il ait jamais signifié pour la population de chaque pays membre. Alors que les caisses sont vides, le concept même se délite. L'immigré n'est plus une opportunité, une richesse humaine ou une célébration de la diversité, rien qu'un profiteur. Le musulman n'est plus qu'un conquérant. Le pouvoir central se réduit à une marionnette aux mains d'"intérêts financiers apatrides". Les institutions internationales n'apparaissent plus que comme donneurs d'ordre sans âme. Chaque Européen n'a confiance que dans son voisinage immédiat, et si cela doit signifier au passage le morcellement de pays épuisés, qu'il en soit ainsi.
Dans sa démonstration impitoyable, L'Europe, une nouvelle URSS ?, Vladimir Boukovsky rappelait que l'URSS était sensée amener la paix aux peuples, mais qu'au moment de son effondrement c'était le foyer de plus de guerres civiles et de guérillas que n'importe quel autre endroit de la planète. Appliquée à l'Europe en 2005, l'idée pouvait faire sourire ; aujourd'hui, il semble bien pourtant que nous en prenions le chemin.

Même les patrons de gauche se rebiffent !

Même les patrons de gauche se rebiffent ! 


Alors que l’ex-patron d’EADS, Louis Gallois, doit rendre le 5 novembre son fameux rapport sur la compétitivité (commandé par le chef de l’Etat), les grands patrons français ont fait monter dimanche d’un cran supplémentaire la pression en présentant leur propre version de ce que devrait être le « pacte de compétitivité » élaboré par le gouvernement pour relancer l’économie du pays. Moyen : la baisse massive des charges.
Tandis que début septembre Jean-Marc Ayrault promettait un « choc de compétitivité gagnant-gagnant », François Hollande ne parle plus que d’un « pacte » s’inscrivant dans la durée et sans incidence immédiate sur la TVA ou la CSG. Jeudi dernier, lors d’une rencontre avec des patrons réunis par la banque publique Oséo, il a réfuté « l’idée de choc, qui traduit davantage un effet d’annonce qu’un effet thérapeutique ». Par un subtil glissement sémantique, François Hollande et le gouvernement ont prévenu que le « choc » souhaité par les chefs d’entreprises (à commencer par le Medef), et notamment en matière d’allégements de charges, n’aurait pas lieu, se transformant plutôt en « trajectoire »
Les patrons de l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe la quasi-totalité du CAC 40 et des grandes entreprises françaises, ont donc lancé dans les colonnes du Journal du Dimanche un appel solennel présenté comme un ultimatum. Ils réclament notamment que, dans ce futur pacte, l’Etat s’engage à réaliser « 60 milliards d’euros d’économies au cours des cinq prochaines années », soit 3 points de produit intérieur brut.
Pour y parvenir, les grands groupes demandent une baisse des cotisations sociales de 30 milliards d’euros sur deux ans, qui viserait « les salaires moyens (2 Smic et plus) » et serait financée pour moitié par un relèvement de la TVA à 21 % (contre 19,6 % actuellement) et par la baisse des dépenses publiques. Ils réclament aussi une baisse de l’impôt des sociétés « au niveau de nos voisins européens » et le droit « d’explorer et d’exploiter nos ressources nationales comme les gaz de schiste », en appelant au « pragmatisme » dans la mise en œuvre de la transition énergétique.
Mais comment effectuer un tel transfert sans peser encore plus sur le pouvoir d’achat des Français et entraver la croissance ? Car, contrairement à ce que l’exécutif affirme sans cesse, l’effort fiscal déjà entrepris ne concerne pas seulement un Français sur dix. Interrogé dimanche sur Canal Plus, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici a repris les termes du chef de l’Etat : « Il faut absolument agir sur la compétitivité, mais pas par un choc », a-t-il commenté, en préconisant « une trajectoire continue dans le temps ». Une « trajectoire » qui a la saveur d’une infusion, commentent les éditorialistes : « On risque de passer de la tisane anisée à l’eau tiède » (L’Est républicain) ; « Je ne souhaite pas que l’on mette l’économie en récession ni qu’on touche davantage au pouvoir d’achat, notamment des classes populaires », a justifié le ministre.
Son homologue du Budget, Jérôme Cahuzac, a pour sa part relevé que les positions des uns et des autres n’étaient pas si éloignées dans la mesure où le gouvernement avait prévu de réaliser pour 50 milliards d’économies sur la durée du quinquennat. Pas de « choc » non plus pour l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer : « Je ne crois pas au choc de compétitivité. On ne modifie pas les choses du jour au lendemain », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche, rappelant qu’en Allemagne le processus a pris dix ans. Ce qui n’apparaît pas être l’opinion de la plupart de ses anciens collègues.
Singulièrement, à l’instar de Louis Schweitzer qui fut chef de cabinet de Laurent Fabius au Budget et à Matignon (1981-1986), ce sont les grands noms du patronat de gauche qui sont montés au front ce week-end à côté de Louis Gallois (estampillé également à gauche) : Pierre Pringuet, PDG de Pernod Ricard à la tête de l’Afep, est un ancien du cabinet de Michel Rocard (1981-1985) et Serge Weinberg, président de Weinberg Capital Partners, fut également du cabinet Fabius au budget dans le gouvernement de Pierre Mauroy.
« François Hollande les a reçus souvent », a d’ailleurs noté Cahuzac sur France 5 reconnaissant que ces grandes voix du patronat avaient su se faire entendre, en particulier à propos du budget : « On a ajouté beaucoup de chose, précisément parce qu’on a discuté avec eux », a-t-il reconnu. A tort ou à raison, ils ont en somme défendu un aspect de la politique de Sarkozy. « La baisse des charges est un refrain entonné par des générations de patrons depuis 20 ans. Suffira-t-elle à endiguer le déclin ambiant par une quête de “trajectoire” qui a déjà la saveur d’une infusion “jambes légères” au coin du feu », interroge encore Alain Dusart de L’Est Républicain.