TOUT EST DIT

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samedi 6 mars 2010

Nicolas Sarkozy à la rencontre des agriculteurs

Nicolas Sarkozy est arrivé samedi à 8 h 30 au salon de l'agriculture, une demi-heure avant son ouverture au public. Le chef de l'Etat a été accueilli notamment par Jean-Michel Lemétayer, président de laFédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Peu après, Nicolas Sarkozy a commencé à arpenter les travées du salon, admirant des vaches exposées au hall 1, aux côtés de du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et du ministre de l'Espace rural et de l'aménagement du territoire, Michel Mercier.

Nicolas Sarkozy devrait faire des "annonces" en faveur des agriculteurs, confrontés à la crise la plus grave de ces trente dernières années. Électorat généralement classé à droite, le monde agricole a été cette année très déçu, voire ulcéré de l'absence du chef de l'État à l'inauguration du Salon. "S'il était venu au début, cela aurait calmé la tension, mais si jamais il n'annonce rien à la clôture, cela risque de faire des dégâts", affirmait jeudi soir un éleveur de vaches Salers, devant ses collègues qui tous opinaient du chef. Les "annonces" que pourrait faire Nicolas Sarkozy consisteraient à compléter le plan de soutien de 1,6 milliard d'euros lancé en octobre 2009.

Des aides pour les jeunes agriculteurs

C'est ce que souhaite le syndicat majoritaire, la FNSEA, la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, dont le président, Jean-Michel Lemétayer, a été reçu mercredi par le chef de l'Etat. Jean-Michel Lemétayer n'avait pas ménagé ses critiques sur l'absence du Président à l'inauguration, estimant que ce dernier avait "beaucoup de difficultés avec le monde paysan". Un sentiment partagé par nombre d'agriculteurs, toutes tendances confondues, qui souhaiteraient une "reconnaissance", comme le soulignait une responsable d'un syndicat concurrent, la Confédération paysanne.

Parmi les annonces, devrait figurer une augmentation de l'enveloppe de prêts relais qui passerait à 1,5 milliard d'euros pour aider les agriculteurs à faire face à leur problème de trésorerie. Ce coup de pouce devrait coûter 30 millions d'euros supplémentaires à l'Etat, sans pour autant contenter nombre d'agriculteurs déjà surendettés. Le chef de l'Etat pourrait aussi annoncer un nouvel allègement des charges sociales. Celles-ci ont déjà diminué depuis le 1er janvier pour les travailleurs occasionnels. Enfin, des aides pour les jeunes agriculteurs en cours d'installation pourraient être également au programme.

Vers une politique agricole commune "forte"

Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a aussi promis que Nicolas Sarkozy s'engagerait pour une politique agricole commune "forte". La révision de la PAC, qui prendra effet à partir de 2013, devrait donner lieu à de vifs affrontements entre Européens.

Lors de la table ronde avec le chef de l'Etat, l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) compte souligner l'importance "stratégique" du secteur : "Les pouvoirs publics doivent être conscients que vendre de l'agroalimentaire est aussi important que de vendre des Airbus", a déclaré Jean-René Buisson, son président. Il souhaite aussi souligner la perte de compétitivité de la France sur le marché mondial. En 2009, l'excédent des échanges agroalimentaires français, un point fort du commerce extérieur de l'Hexagone, a dégringolé de 38,6 %, à 5,4 milliards d'euros, contre 8,8 milliards en 2008. Signe de la crise aiguë que traverse l'agriculture française : les revenus des agriculteurs ont baissé, en un an, de plus d'un tiers, et jusqu'à 50 % pour la filière du lait.

Nicolas Sarkozy annonce des mesures de soutien aux agriculteurs

Comme attendu, Nicolas Sarkozy a fait des "annonces" en faveur des agriculteurs, confrontés à la crise la plus grave de ces trente dernières années. Samedi, lors d'une table ronde au Salon de l'agriculture, le chef de l'État a annoncé une augmentation de 800 millions d'euros, pour la porter à 1,8 milliard d'euros, de l'enveloppe de prêts bonifiés destinés à la consolidation des trésoreries des agriculteurs.
En visite au salon de l'Agriculture, le chef de l'État a assuré les représentants du monde agricole que "l'argent sera(it) là pour financer tout ce qui vous permettra de passer le gros de la crise". L'annonce de l'enveloppe de prêts bonifiés avait été faite en octobre dernier dans le cadre d'un plan de soutien au secteur, qui traverse une grave crise marquée par la baisse l'an passé d'un tiers de ses revenus, qui avaient déjà reculé de 20 % en 2008. "On avait annoncé un plan qui prévoyait un milliard d'euros de prêts bonifiés. C'est très simple, à la minute où je vous parle, on est à 1,8 milliard", a dit Nicolas Sarkozy. "Nous allons financer en complément la totalité des prêts bonifiés de trésorerie et de consolidation déposés dans les délais impartis. Personne ne restera en dehors, on prend tout", a-t-il ajouté. Il a indiqué d'autre part que les aides aux agriculteurs endettés pour les aider à rembourser leurs intérêts d'emprunt seraient portées de 100 à 150 millions d'euros.

"Je crois à l'agriculture durable" (Sarkozy)

Concernant une autre disposition du plan de soutien à l'agriculture, Nicolas Sarkozy a annoncé que les décrets sur la suppression des charges sociales pour les travailleurs saisonniers seraient signés d'ici la fin du mois.

Le chef de l'État a également déclaré qu'il fallait "changer les méthodes de mise en oeuvre des mesures environnementales dans l'agriculture", souhaitant que la France soit au premier plan de l'agriculture durable. Il a précisé que les ministres de l'Agriculture Bruno Le Maire et de l'Écologie Jean-Louis Borloo allaient réfléchir à de "nouvelles méthodes d'analyse en matière environnementale dans l'agriculture". "Je crois à l'agriculture durable", a affirmé Nicolas Sarkozy, en assurant qu'il voulait que la France soit "au premier plan des pays, en matière d'économie durable et d'agriculture durable".

Nicolas Sarkozy est arrivé à la Porte de Versailles de Paris , samedi à 8 h 30, soit une demi-heure plus tôt que prévu. Le chef de l'État a arpenté les travées du salon, admirant des vaches exposées au hall 1, aux côtés du ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et du ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire, Michel Mercier. Nicolas Sarkozy avait provoqué la déception et la colère de professionnels en n'inaugurant pas le Salon le 27 février, sur fond de crise du secteur.

IL EST PLUS QUE TEMPS, NOS AGRICULTEURS SONT PRIS DANS UN ÉTAU QUI S'APPELLE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE, LA POLOGNE NOUS ÉTOUFFE À COUP DE SUBVENTIONS, LE LAIT NE VAUT RIEN LÀ-BAS, D'OÙ LA BAISSE DES PRIX, CE N'EST PAS NORMAL.

L'abstention fait trembler la droite comme la gauche

En s'exprimant dans la dernière semaine, Nicolas Sarkozy espère mobiliser son camp sans créer de sursaut de l'opposition.

«C'est aujourd'hui la principale clef du scrutin», rapporte un responsable de l'UMP. À huit jours du premier tour, l'abstention et son pendant politique, la mobilisation partisane, sont l'objet de toutes les inquiétudes dans les états-majors.

C'est que les instituts de sondages laissent entrevoir un record d'abstention pour le cru 2010 des régionales : près d'un électeur sur deux bouderait les urnes le 14 mars. Le scrutin cumule les handicaps : il est le plus récent du corpus électoral - il date de 1986 - et concerne l'échelon administratif le moins connu des Français. Il intervient en outre à mi-mandat présidentiel, dans une période de crise économique et sociale où les Français sont davantage en attente de politiques nationales que d'initiatives locales méconnues.

Pis, les régionales sont pour la première fois en vingt-cinq ans dissociées de toute autre élection, notamment des cantonales qui n'interviendront qu'en 2011.

Le précédent record d'abstention date de 1998, quand 58 % du corps électoral seulement s'était déplacé. Le résultat des élections avait alors été marqué par une poussée de la gauche - qui a notamment fait basculer l'Ile-de-France, le Centre ou Provence-Alpes-Côte d'Azur - et une grave crise de la droite, divisée entre partisans et opposants d'une alliance avec le Front national.

Au dernier scrutin régional, deux ans après la présidentielle de 2002 qui avait vu Lionel Jospin être éliminé au premier tour, le regain de mobilisation (66 % de participation) a profité à la gauche, qui dirige depuis 24 des 26 régions.

C'est pourquoi le PS et ses alliés craignent cette année une forte abstention malgré des intentions de vote qui leur sont favorables. Martine Aubry, la première, redoute cette victoire annoncée dans les sondages qui la priverait d'une victoire dans les urnes : «Tout est possible, nous pouvons gagner toutes les régions, mais rien ne serait pire que croire que la gauche a gagné», expliquait la première secrétaire du PS mercredi. «Il y a beaucoup d'hommes et de femmes en difficulté qui hésitent à voter. Je leur dis : l'abstention sert Nicolas Sarkozy et sa politique», a-t-elle ajouté.

Papillons sous les essuie-glaces

«À la différence de 2004, il n'y a pas de mobilisation contre nous et nous le sentons bien sur le terrain», assure le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre. Comme pour la gauche, la majorité semble en mesure de faire le plein des voix de son électorat fidèle, ce qui lui permet d'arriver en tête au premier tour dans les sondages dans une majorité de régions. Manquent cependant à l'appel ceux des électeurs qui voteraient davantage pour rejeter le projet de l'adversaire que par adhésion. D'où les mises en garde qui se multiplient à droite contre «l'abstention boomerang». Celle qui, en faisant perdre la majorité, ferait «gagner les hausses d'impôts et le laxisme sur les questions de sécurité», selon Lefebvre.

C'est d'ailleurs sur ces deux thèmes que la majorité s'apprête à faire le coup de force, en glissant d'ici le premier tour des milliers de papillons sous les essuie-glaces des voitures. Il y sera notamment question de la délinquance «qui a diminué de 14 % depuis que Nicolas Sarkozy a été ministre de l'Intérieur». Au-delà du choix de traiter de la sécurité, question sur laquelle les régions ne disposent pas de prérogatives, c'est l'entrée en lice du président de la République qu'il faut souligner. L'UMP espère que son implication saura créer le sursaut nécessaire sans mobiliser l'adversaire. L'entretien qu'il accordera au Figaro Magazine à la fin de la semaine prochaine relève à ce titre du quitte ou double.