TOUT EST DIT

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vendredi 3 septembre 2010

Revivez l'université d'été du Medef minute par minute

L'Université d'été du Medef s'est achevée ce vendredi midi. Pendant trois jours, chefs d'entreprises, politiques, dirigeants de grandes organisations institutionnelles et personnalités de la société civile ont débattu, à Jouy-en-Josas sur "l'étrangeté du monde, mode d'emploi", la thématique choisie cette année. Latribune.fr vous propose de revivre cet événement, y compris depuis les coulisses, avec nos trois envoyés spéciaux.
Mercredi 1er septembre

12h45 à Jouy-en-Josas, Yvelines: Des hommes en costume et des femmes en tailleur descendent du bus bondé qui a fait la navette depuis le siège du Medef, à Paris. A l'accueil, un haut-parleur diffuse le tube "Je ne veux pas travailler", apologie de la paresse signé Pink Martini. Ciel bleu azur, chaleur estivale: les cravates se desserrent, l'ambiance est décontractée. Une heure avant la conférence de lancement des Universités d'été 2010 par Laurence Parisot, le campus de HEC Paris, qui accueille l'évènement, est déjà bondé. La cafétéria est prise d'assaut. "Laurence Parisot fait beaucoup de bien à l'image du patronat en France, j'attends son discours avec impatience", s'enthousiasme une adhérente, tout sourire.

13H21: Laurence Parisot, la patronne du Medef est au micro de BFM Radio, sur les retraites, "Si nous continuons sur cette lancée, en 2015, nous serons à 100% de ratio de dette sur le PIB endettés jusqu'au cou."

13H31: En attendant le début de la conférence, les personnes flânent entre les stands. Selon Arnaud Delaunay, responsable de l'information sociétale au Medef, 4.000 personnes sont attendues sur les trois jours, 175 intervenants prendront la parole. Cette année, le thème de l'Université d'été du Medef est l'étrangeté du monde de l'emploi. "L'idée c'est que nous sortons d'une crise un peu étrange, on croit le connaître mais il évolue, le but est de trouver les clés pour le comprendre et nous adapter, nous avons trois jours!", sourit Arnaud.

14h40: John Chambers, président du Cisco, répond à Laurence Parisot qui l'interroge sur la sortie de la crise, en direct de San José, Californie. "Je suis globalement optimiste pour la reprise mondiale car de nouveaux emplois vont être créés grâce à l'essor des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Les cercles financiers et les gouvernements doivent travailler étroitement ensemble pour vaincre la crise, aux Etats-Unis et partout dans le monde."

15h00: "Je ne vais pas vous demander votre taux de croissance, car nous allons avoir un coup de blues ici". Laurence Parisot, à son interlocuteur chinois.

15h02: Pour Yan Wang, le président du 3è opérateur de téléphonie mobile en Chine, la Chine n'est pas encore passée de puissance émergente à puissance émergée. "Des déséquilibres dans la croissance montrent qu'une réforme du développement chinois est nécessaire. La Chine a des besoins énormes dans les infrastructures, le logement et les énergies."

15h20: Laurence Parisot conclut la première séance plénière de l'Université d'Eté du Medef en disant qu'il y a plus de signaux de confiance que de raison de s'inquiéter, même prendre ces signaux avec précaution.

15h53: Début de la table ronde ayant pour thème "Tectonique de la crise: les nouveaux centres de gravité économique". Dominique de Montvalon, Rédacteur en chef du service politique de France Soir, et maître de cérémonie, oublie de présenter Hubert Védrine. L'ancien Ministre des affaires étrangères déclarait par ailleurs ce matin au micro d'Edwige Chevrillon sous la tente de BFM Radio qu'il "faudrait un million de personnes pendant 30 ans pour moderniser l'Afghanistan". Il a aussi comparé le nouvel ordre mondial à "une réunion de 192 copropriétaires qui ne prendrait jamais fin".

16h15: La culture, voie d'avenir pour les entrepreneurs ambitieux? En ces temps de crise, le Medef cherche de nouveaux horizons pour les entrepreneurs français, notamment en Orient. La culture est-elle l'une des clés de l'intégration des entreprises françaises sur le marché asiatique ? Pour l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dans un marché ultra-compétitif, la France doit abattre la carte culturelle. "Les Chinois disent que la France est un pays romantique, un pays de culture. Cette civilisation de 5000 ans, qui a conscience de son importance, respecte et admire la civilisation française". De ses visites en Asie, Jean-Pierre Raffarin a tiré une certitude: la culture est un "média" pour les entreprises françaises. "Tout se conquiert. Il serait faux de dire que les Chinois nous attendent. Nous devons nous imposer avec nos armes." D'autant plus que dans un monde globalisé, l'influence culturelle est également un des critères de la puissance économique. Les Chinois l'ont bien compris. "A mesure que les performances économiques chinoises progressent, les normes culturelles de la Chine nous pénètrent peu à peu, doucement mais sûrement", analyse l'ex-Premier ministre. Le classement de Shanghaï, les festivals de plus en plus nombreux autour de la Chine en sont, selon lui, des exemples. "La France doit utiliser son potentiel culturel."

16h40: Jean-Pierre Raffarin, superstar du jour ? L'ancien Premier ministre, très éloquent, se distingue par des traits d'humour qui enchantent l'auditoire. Exemple: "On me demande souvent que penser des Chinois. C'est une question difficile, je ne les connais pas tous." Son intervention, dans le cadre du colloque sur l'Orient, s'est terminée par des applaudissements enthousiastes de la salle.

17h15: C'est à Hubert Védrine, oublié en début de table ronde sur les nouveaux centre de gravité économiques mondiaux, que revient la tâche de conclure la conférence. Et c'est sur un ton pour le moins sentencieux qu'il répond à la question posée par le Medef sur l'étrangeté du monde: "Nous avons déjà perdu beaucoup de temps dans notre compréhension du monde après la chute de l'URSS, qui a conduit les Américains à un triomphalisme absurde. Pour la première fois depuis quatre ou cinq siècles, nous n'avons plus le monopole du pouvoir. Elle est là l'étrangeté. Que l'Europe ne soit pas l'idiot du village global".

17h30: Ümit Boyner, la présidente du Medef turque, a déclaré en marge de la table ronde "Tectonique de la crise", que le référendum turque relatif aux amendements constitutionnels qui permettraient de traduire des officiers militaires devant la justice turque "n'est pas une régression". "Nous avons besoin d'une nouvelle constitution qui octroierait au citoyen une place centrale", a-t-elle ajouté.

17h32: Jean-Pierre Raffarin, sur la réforme des retraites: "Le talent politique, c'est d'être capable d'entraîner tout le monde derrière soi. Cela demande un certain talent, et certaines circonstances, qui ne sont pas toujours réunies. Aujourd'hui, le Président est fondamentalement déterminé sur la réforme des retraites. Mais certains veulent opposer la rue au gouvernement. Il va falloir tenir."

17h33: Aux questions d'entrepreneurs angoissés, Jean-Pierre Raffarin se prononce pour la création par la Caisse des dépôts d'un fonds d'intervention pour aider les entreprises à investir: "Je pense qu'il nous faut créer un fonds d'intervention et de financement des projets pour soutenir l'investissement des entreprises françaises. Je crois également qu'il serait bien, même en période de rigueur, d'avoir un ministre du commerce extérieur à temps plein."

18h15: Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, est applaudie alors que pour débuter la table ronde ayant pour thème "La Chine a-t-elle déjà gagné?", elle commence par rappeler, pragmatique, que "le nombre de touristes chinois a augmenté de 100% en France" cet été...

Jeudi 2 septembre

9h12: Loin de l'effervescence du premier jour, la table ronde intitulée "Monde à l'endroit, monde à l'envers, actualité de la chienlit" vient de débuter dans le calme. Sur cette thématique sociale, Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République, s'exprime le premier en affirmant que "la France vit un petit bonheur individuel et un grand malheur collectif. On ne pourra pas rester dans une société qui remplit les porte-feuilles et qui vide les coeurs" ajoute-t-il.

9h23 : Thierry Saussez, délégué interministériel à la Communication et directeur du service d'information du gouvernement prend la parole lors de la conférence intitulée "Quand l'écran brouille les images" : "Au bout d'un certain temps, j'ai compris qu'il fallait être très équilibré pour ne pas se suicider après un journal télévisé! Nous vivons dans une société où les Français sont très bien informés, voire surinformés...Mais jamais les gens n'ont jamais eu autant besoin d'autant d'exprimer, de communiquer" s'exclame-t-il.

9h32 : Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, invitée de la conférence "Quand l'écran brouille les images" : "Pourquoi les alcooliques auraient le droit d'être anonymes et pas les internautes sur Internet ? L'anonymat permettrait d'éviter un certain nombre de dérives et de risques. Je suis pour."

9h41. Pour cette deuxième journée des Universités d'été, le temps est, comme la veille, au beau fixe. La panoplie d'invités qui se succèderont aux conférences, tables rondes et débats du jour est impressionnante. Parmi les plus prestigieux : Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, ou Juan Somavia, directeur général de l'OIT. Des personnalités politiques sont également à l'honneur : Alain Juppé, ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, Michel Rocard, ex-Premier ministre socialiste, ou encore Jean-François Copé, le patron de l'UMP à l'Assemblée nationale. Autres grands noms présents aujourd'hui : le philosophe Raphaël Enthoven, le PDG de la Société Générale Frédéric Oudéa, Xavier Couture (Orange), Stéphane Truchi (Ifop), ou Patrick Poivre D'Arvor. Du beau monde.

10h58. En direct des allées de l'Université d'été. Nathalie Kosciusko-Morizet, la diva du jour. Entourée par son équipe, la secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement numérique provoque des bouchons lorsqu'elle traverse les allées du campus HEC pour se rendre à la grande conférence sur les nouvelles relations internationales. "Oooooh, c'est NKM !!", s'esclaffe une femme dans la foule. Les appareils photo crépitent, les passants s'arrêtent pour regarder passer l'icône du gouvernement, qui s'arrête devant les stands et serre des mains.

11h18. La conférence intitulée "Les nouvelles relations internationales" débute. Le plateau est le plus prestigieux depuis le début des Universités d'été. Animée par Laurence Parisot (qui, aujourd'hui, a délaissé la couleur-symbole du Medef, le violet, pour le marron), trois des plus importantes figures de la finance internationale débattent, en français, sur la sortie de la crise : Pascal Lamy, directeur de l'OMC, Juan Somavia, son homologue de l'OIT (Organisation internationale du Travail), et Angel Gurria, de l'OCDE.

11h38. Juan Somavia, le directeur général de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), donne ses pistes pour sortir de la crise : "Il faut penser global, c'est la seule solution" "On ne va pas sortir de la crise en reproduisant les actions qui ont mené à la crise. Il faut de nouvelles idées, remettre l'emploi au coeur des choses, comme l'a fait l'OIT avec le Pacte international pour l'emploi, signé l'an dernier.Il faut également un système financier au service de l'économie, et non l'inverse." Juan Somovia insiste également sur la nécessité d'une protection sociale universelle, notamment dans les pays en développement : "Il faut un socle universel de protection sociale, pour protéger le travail lui-même".

12h28. "Je suis très honorée d'être la seule femme parmi ce groupe d'hommes. Mais j'espère tout de même que dans quelques années nous serons une majorité parmi les chefs des grandes entreprises" Imoni Akpofure, déléguée générale en Europe de l'IFC Groupe Banque Mondiale.

12h41: Nathalie Nathalie Kosciuscot Morizet, sur les évolutions d'Internet: "Avec le net,il y a un risque vis-à-vis de certains pays, comme la Chine par exemple: du jour au lendemain, le pays peut transformer son Internet en Intranet et se couper du reste, c'est un nouveau combat à venir qui est devant nous".

13h35: Pascal Lamy, Président de l'OMC: "Si le sommet de Copenhague a été si catastrophique, c'est une question de valeurs qui sont derrière les pays: les Europeens, les Americains...n'ont pas les mêmes valeurs (...) on ne passe pas assez de temps sur les systèmes de valeurs, or il n'y a pas de système de gouvernance sans un système de valeurs."

13h41: Angel Gurria : "On a sauvé nos systèmes financiers, il faut finir. On est sortis de la récession, il faut finir. Maintenant il faut faire face aux déficits, à la dette. Comment le faire sans argent ? Il faut penser structures: éducation, retraite,sécurité sociale innovation, croissance verte... C'est ça qui peut permettre d'avoir une croissance. En 2011, le G20 est dirigé par la France. Elle a la possibilité de relancer, de rediriger mais pas de réinventer. Il faut que le G20 soit ambitieux et couronné de succès, comme l'a dit Nicolas Sarkozy."

13h52: "Je me fous de la publicité, je suis déjà leader mondial!" Pierre Bellon, Président de Sodexo, lors de la table ronde sur "L'émergence de nouvelles autorités."

14h32: pause déjeuner. Les participants se ruent sur les paniers repas distribués par le Medef. En dessert, des glaces d'une marque prestigieuse sont offertes aux plus rapides, qui les dégustent en mode farniente sur les pelouses.

15H46: L'amphithéâtre Tocqueville est bondé. Sur les marches ou serrés contre les murs, les gens tentent de se faire une place. La promiscuité est à son comble, réalité que souligne la plainte d'une observatrice "Ce débat est passionnant mais la chaleur est insupportable". Pour cause, le thème "Et nous et nous et nous" attire. Et surtout cette question qui revient souvent avec la montée de l'individualisme à laquelle on assiste: où va la société d'aujourd'hui? Florence Hosteau, docteur en théologie tranche: "Notre lien (social) est malade, la société est malade il y a beaucoup trop de peur, de l'autre, de l'étranger".

Alain Touraine, sociologue, est plus pessimiste encore. "La société, c'est fini, une météorite gigantesque a tout détruit et cette météorite, c'est l'économie globalisée. On a assisté à un éclatement de la société ces vingt dernières années. Le danger aujourd'hui est alors le repli entre communautés. Ca m'ennuie d'avoir à l'avouer car je suis sociologue, mais il n'y a plus de société". Les rires du public concluent cette boutade.

Riposte de Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des solidarités actives: "Je ne dirai pas ça, nous avons la nécessité de construire une société dans un nouveau décor. Il faut créer un baromètre pour les jeunes, car les jeunes ont des valeurs nouvelles auxquelles on ne pense pas comme le respect." Surenchère de Maria Nowak, Présidente de l'ADIE (association pour le droit à l'initiative économique): "Nous sommes une société de vieux au bénéfice des vieux. On veut aider la jeunesse ? Mais on est incapables de leur donner un emploi -rire nerveux de l'amphithéâtre- on leur laisse une dette énorme".

Question anodine de Claude aux intervenants: "Depuis le début nous parlons de valeurs, fraternité, égalité, liberté, mais nous n'avons pas entendu une seule fois le mot amour, alors je vous le demande: l'amour existe-t-il encore ?" -éclat de rire général - "Bonne question, nous allons la poser à l'Amiral", sourit François Lenglet, animateur des débats. Pas pris de court pour autant, le vice-amiral d'escadre Olivier Lajous conclura tout simplement par la positive.

16h59: Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, au milieu d'un débat de spécialistes sur les nanotechnologies. "Je n'ai pas tout compris à ce qu'ils ont raconté. Ce que j'ai compris, c'est qu'on est à l'aube d'une révolution technologique et sociétale. Je n'ai pas encore compris si notre action va dans le bon sens ou pas, mais je compte sur vous pour me le dire."

17h07: A la table ronde intitulée "Les best practice de la nature", on s'interroge sur les moyens de préserver la nature tout en utilisant l'écologie comme moyen de sortie de crise. Jean Therme, directeur de recherche au Centre d'études de Grenoble: "Je pense que le défi n°1 est le défi climatique. S'il y a une chose à faire dans la planète aujourd'hui, et ce n'est pas quelque chose qu'on entend souvent, c'est de développer le charbon propre. C'est-à-dire faire en sorte qu'on puisse utiliser le charbon sans mettre de CO2 dans l'atmosphère. C'est ce qui aurait dû sortir de Copenhague."

17h15: Eclats de rire et applaudissements dans la salle. Roselyne Bachelot, amatrice de bons mots, qualifie Jean Therme, directeur de recherche sur les nanotechnologies, de "seigneur des nanos". Le public s'esclaffe. La ministre met l'ambiance. Qui aurait cru qu'un débat sur les nanotechnologies, pourtant très rondement mené, puisse se révéler aussi drôle ?

17h26: Malgré la tenue de quatre conférences avec des invités prestigieux, le hall et les couloirs ne désemplissent pas. A l'espace café, c'est la cohue. Le stand de glaces gratuites vient de rouvrir. Une file d'attente déjà longue est formée. Un jeune entrepreneur fait la queue avec un collègue: "J'espère qu'il reste encore des pots au Macadamia Nut Brittle !" C'est l'été, il fait chaud, et aux Universités d'été du Medef, les participants sont comme tous les étudiants qui se respectent : ils ont aussi envie de se détendre.

Vendredi 3 septembre

8h32: Pour cette troisième et dernière journée des universités d'été du Medef, il règne ce matin une effervescence particulière. Eric Woerth, le Ministre du Travail, est attendu à 9h pour assister à la table ronde intitulée "De l'esprit d'entreprise pour soulever l'univers". Alors que les appels à sa démission se multiplient un peu partout, la question ici est sur toute les lèvres : "viendra-t-il?..."

8h51: Arrivée d'Eric Woerth. Le Ministre fend la foule de journalistes rassemblés devant l'entrée extérieure de l'amphithéâtre où va se tenir la conférence, sans faire le moindre commentaire.

9h11: Eric Woerth, installé à la table de conférence animée par Nicolas Doze de BFM Radio, déclare: " Je ne crois pas que ce soit la peine de répondre" à François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, dont les propos ce matin suggérait sa démission. A quelques jours du débat à l'Assemblée nationale relatif au plan de réforme des retraites, le Ministre du travail s'est dit par ailleurs "mobilisé à 120%", avant d'être applaudi chaleureusement par l'assemblée venue assister au débat.

9h30: Alors que la conférence retransmise en direct sur BFM Radio marque une pause, l'antenne, retransmise dans la salle, diffuse les titres du jour. Eric Woerth peut ainsi entendre ses propres déclarations faites quelques minutes plus tôt. La salle éclate de rire. Le Ministre lui, est hilare.

10h: Fin de l'intervention d'Eric Woerth, qui s'éclipse discrètement, sans faire plus de commentaires. D'autres intervenants s'installent pour poursuivre le débat portant sur l'esprit d'entreprise, dont Pascal Homsy, PDG d'Alcatel-Lucent France et Jean-Pierre Letartre, PDG d'Ernst&Young France.

10h17. La conférence "La France qui plaît", a accueilli une invité de marque, non annoncée dans le programme : Rama Yade. La secrétaire d'Etat aux Sports, qui caracole en tête des sondages sur la popularité des membres du gouvernement, s'éclipse avant la fin du débat. Elle remonte l'allée centrale de l'amphithéâtre, dévorée des yeux par le public.

10h24. Maxime Holder, PDG des Boulangeries Paul : "Dès lors qu'on mettra de côté une certaine arrogance et un individualisme forcené qui sévit en France, nous arriverons à créer un modèle d'entreprise française à l'étranger, car la France a des atouts et certaines entreprises font des envieux dans le monde."

10h28. Pierre-André de Chalendar, directeur général de Saint-Gobain : "Pour réussir à l'étranger, il faut que la France se plaise un peu plus à elle-même. Et là, il y a beaucoup à faire, notamment pour jouer collectif, par exemple pour qu'au niveau politique on soutienne les entreprises."

10h47: Dans les allées et couloirs de l'Université d'été du Medef, l'ambiance est différente, un peu plus tendue que les jours précédents. Une atmosphère de tension et d'excitation flotte dans l'air. La venue d'Eric Woerth, qui se trouve en pleine polémique, ainsi que le passage éclair de la charismatique Rama Yade ne sont pas étrangers à cette ambiance survoltée.

10H48 : Conférence sur le thème des "insolites réussites". Un peu le coin des artistes et des audacieux. L'ambiance est détendue dans l'auditoire face aux entrepreneurs, tous différents qui viennent raconter leur parcours. Du spécialiste du tag, au créateur du mur végétal à la fondatrice d'un rallye au Maroc...Les profils atypiques qui montrent que l'originalité est un secteur qui porte aussi.

10H50 : A l'issue de la conférence des insolites réussites, l'animateur, Nicolas Rossignol demande à chaque entrepreneur de donner leur conseil pour réussir. Les réponses sont simples, à méditer "être monomaniaque", pour l'excentrique Patrick Blanc, créateur du mur végétal, "savoir être très motivé et toujours se battre" pour Mireille Ballestrazi, Directrice adjointe de la police judiciaire ou encore "lutter contre le goût dominant" pour Alain-Dominique Galliizia, Spécialiste du tag et architecte.

11h13. Laurence Parisot a une méthode très patronale pour sermonner les retardataires à la conférence de clôture des Universités d'été : "S'il vous plaît, soyez audacieux, dépêchez-vous!"

11h15: Début de la séance plénière de clôture de ces trois jours d'université d'été du Medef, présidée par Laurence Parisot. La patronne des patrons ouvre la conférence ayant l'audace pour thématique, avec une citation de Goethe: "Quoi que tu rêves d'entreprendre, commence le. L'audace a du génie, l'audace a du pouvoir, l'audace a de la magie" dit-elle, avant de faire le parallèle, près de deux siècles plus tard, avec le "Yes we can" de Barack Obama.

11h59: Le professeur Bernard Devauchelle, chef du service de chirurgie maxillo-facial du CHU d'Amiens qui a réalisé la première greffe de visage voici 5 ans, lance un appel à l'auditoire: "Nous allons continuer les transplantations, nous allons poursuivre la recherche sur la transplantation et je vous annonce que nous souhaitons créer un institut dévolu à la défiguration, pour lequel nous avons besoin de partenariats, celui-ci ne pouvant reposer uniquement sur des fonds publics", a fait savoir le professeur.

12h39. Alain Ducasse, Chef multi étoilé et dirigeant de l'empire du Groupe Alain Ducasse, empire d'hôtellerie-restauration : "La naissance de mon audace a commencé le jour où je fus le seul rescapé d'un accident d'avion, en août 1984. Je n'ai jamais accepté ma condition physique. C'est cette farouche envie de rester en vie qui a façonné mon audace et mon envie de réussir. J'étais sorti de la société et j'ai voulu y entrer à nouveau."

12h48: "On va faire du homard et des patates au Plaza Athénée!" Alain Ducasse, chef, en réponse à Laurence Parisot lui demandant quel est son mélange culinaire le plus audacieux.

12h55. Pour conclure les Universités d'été du Medef, Laurence Parisot interroge ses invités sur l'audace, essentielle pour réussir dans les affaires, surtout en temps de crise. Le chef multi-étoilé Alain Ducasse, le chirurgien Bernard Devauchelle et d'autres entrepreneurs racontent des anecdotes sur leur carrière et donnent au public, essentiellement composé de chefs d'entreprise, quelques recettes pour prospérer. La dernière conférence de la patronne des patrons veut conclure ces trois jours sur un ton résolument optimiste. Laurence Parisot espère que son message sera passé : patrons, fini le blues de la crise, place à l'audace !

13h02: L'Université d'été touche à sa fin, Laurence Parisot donne rendez-vous aux participants en 2011 pour "un événement encore plus audacieux"

Réactions:

"Agréablement surpris". Paul-Arthur Patarin, jeune participant est content : « c'est la première fois que je viens aux Universités et j'ai trouvé ça vraiment bien. Alors que le Medef traîne une réputation de casserole dans l'opinion publique j'ai été agréablement surpris parce que ce n'était pas justifié. Pour mes le thème était pas mal mais en réalité ce n'est pas ça l'important, c'est juste un thème fédérateur, mais la finalité mais ici c'est avant tout un lieu de rencontre et d'ajustement".

"Pas assez business". Pour cette dirigeante e-commerce qui vient régulièrement, "l'Université de 2010 était trop tournée vers l'extérieur, avec les débats trop larges sur l'étranger, ce qui fait qu'on perd la concentration de ce pourquoi on est venus, c'est-à-dire faire du business, on est là pour parler business et cette année, on a moins fait de rencontres moins distribué de cartes, pas trop serré de mains, c'était pas très satisfaisant".

"Un bon moyen de sensibilisation". Pour Marc Schillaci, président du Directoire d'Oxatis (entreprise d'e-commerce), "les Universités ont été satisfaisantes. Notre but à nous c'est d'engager un dialogue avec les décideurs pour promouvoir l'e-commerce, nous avons été plutôt contents sur ce point". Sa collègue ajoute que "Laurence Parisot est restée 7 minutes à notre stand, vu son emploi du temps sur les trois jours, c'est très positif!".

"Ultra positif pour les affaires". Benoît Paget fait partie des entrepreneurs qui ont profité de l'Université d'été du Medef pour tenir un stand et faire la publicité de leur entreprise. La sienne, Canibal" est spécialisée dans le recyclage. Il a profité de ces trois jours pour présenter son dernier bébé, le "Canibal", une machine qui recycle les emballages des boissons, notamment les canettes. "Ces trois jours ont été ultra positifs pour les affaires. Beaucoup de chefs d'entreprise se sont montrés intéressés par notre produit, quelques contrats sont en bonne voie. Nathalie Kosciusko-Morizet est très intéressée par notre machine pour sa commune de Longjumeau, Laurence Parisot également pour le siège du Medef. C'est très bon."

"De bons échanges entre collègues". Chantal Fouquart, employée du Medef Paris, est comblée. "C'est de mieux en mieux tous les ans. Les thèmes des débats étaient en général de grande qualité, notamment celui sur la lutte contre la faim. En tant qu'employée du Medef, j'ai vécu cette expérience comme un enrichissement. J'ai pu découvrir des collègues sous un angle nouveau grâce aux pique-nique notamment, on a discuté d'autre chose et partagé de bons échanges. J'ai aussi appris des choses grâce aux conférences. Je suis comblée."

Elisa Perrigueur, Sylvain Rolland et Cindy Salhi

Sarkozy déterminé sur la réforme des retraites : "je la mènerai !"

"Passer de 60 à 62 ans, ça rapporte à la caisse d'assurance qui paie vos retraites 28 milliards d'euros, voilà. Est-ce qu'on ne vous a pas suffisamment menti dans le passé ? " a lancé ce vendredi le Chef de l'Etat.
Nicolas Sarkozy affiche sa détermination sur la réforme des retraites malgré la mobilisation sociale attendue pour mardi, jour de l'ouverture du débat sur le projet de loi à l'Assemblée nationale.

Il souligne qu'il ne quittera pas l'Elysée "sans avoir réglé la question". "Je ne serai pas le président de la République qui partira sans avoir réglé la question de l'équilibre des régimes de retraite. C'est clair, je suis extrêmement déterminé".

Il a fait ces déclarations ce vendredi lors d'un discours sur l'industrie devant des salariés de l'usine Valinox Nucléaire de Montbard qui appartient au groupe Vallourec, leader mondial des tubes sans soudure.

Le Chef de l'Etat a ajouté : "Il y a 10% des retraités français dont on finance les retraites par des emprunts parce qu'il n'y a pas d'argent (...), je ne serai pas le président qui laissera cette situation en l'état. Cette réforme des retraites, je la mènerai parce que c'est votre intérêt à vous les Français que quelqu'un dise +il n'y a plus assez d'argent pour financer les retraites, on doit trouver les moyens. Je veux que tous ceux qui travaillent puissent se dire +quand je partirai à la retraite, ma retraite sera payée+".

"Passer de 60 à 62 ans, ça rapporte à la caisse d'assurance qui paie vos retraites 28 milliards d'euros, voilà. Est-ce qu'on ne vous a pas suffisamment menti dans le passé ? Est-ce que c'est pas plus rassurant de se trouver face à quelqu'un qui vous dit les choses telles qu'elles se présentent ?".

Éric Woerth : "Sans moi, pas de débat sur la réforme des retraites"

Éric Woerth se bouche ostensiblement les oreilles. Le ministre du Travail feint de ne pas vouloir entendre les flashes d'actualité qui interrompent régulièrement le débat auquel il participe vendredi matin sur "l'esprit d'entreprendre, pour soulever l'univers". Il est 9 heures passées à l'université d'été du Medef qui se termine vendredi, à Jouy-en-Josas. À l'antenne, tournent en boucle les propos des syndicats selon lesquels il ne peut plus mener le débat sur la réforme des retraites à l'Assemblée...

Alors qu'il a implicitement reconnu, jeudi, avoir soutenu la demande de Légion d'honneur de Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, les critiques sont aujourd'hui plus vives encore. Mais le ministre n'en a que faire. Il s'accroche, se sent prêt lui aussi à "soulever l'univers". Il ne veut penser qu'à sa mission : mener à bien la réforme du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Non sans une certaine dose d'ironie, il répond à ceux qui en doutent. "Si on ne me retrouve pas (mercredi) dans l'hémicycle, c'est qu'il n'y a pas de débat", rétorque-t-il à l'animateur qui lui demande s'il sera encore à l'Assemblée mardi pour l'ouverture des débats. Le ministre peut être sûr de lui : assailli par l'opposition et les syndicats, il reste soutenu par ses pairs de la majorité, au premier rang desquels François Fillon qui, jeudi soir, lui a renouvelé toute sa "confiance", réaffirmant qu'Éric Woerth mènerait la réforme des retraites "à son terme".

Alors, même si, en coulisse, sa situation apparaît comme plus délicate, sur la scène de Jouy-en-Josas le ministre martèle aux patrons venus l'écouter que le gouvernement ne reculera pas sur l'essentiel. "S'il n'y avait pas de manifestation sur les retraites, on ne serait plus en France", lance-t-il à propos de la mobilisation syndicale. Applaudissements dans la salle. À ses côtés à la tribune, le directeur général de Cisco France, Laurent Blanchard, est convaincu. "Je l'ai trouvé en cohérence avec lui-même. C'est un alpiniste comme moi et, face à la paroi, il ne tremble pas", confie au Point.fr ce patron qui connaît bien le ministre. Éric Woerth, lui, est déjà loin, il file vers sa ville, Chantilly, dont il est maire. Sans avoir dit un mot supplémentaire à la presse.

LES SOCIALISTES RENONÇANT DEVANT L'INÉLUCTABLE MUTATION DU RÉGIME DES RETRAITES, S'ATTAQUENT À CELUI QUI PORTE COURAGEUSEMENT CETTE RÉFORME TABOU.
PEU IMPORTE LE MOYEN POURVU QU'ILS AIENT SA PEAU !

La dérive intellectuelle d'Alain Minc

Certains ont pensé qu'un excès de discours sécuritaire risquait de revenir comme un boomerang sur le gouvernement. Les sondages ne le vérifient pas.

En revanche, un célèbre conseiller du pouvoir – qu'il soit de gauche ou de droite – s'est exercé à ce sport avec un manque évident de talent. Emporté par le zèle médiatico-mondain anti-Benoît XVI, Alain Minc a reproché au pape d'être "allemand", et pour cette raison, lui a enjoint de se taire. Manifestement, dans son esprit, le fait d'appartenir au peuple qui a élu Adolf Hitler, il y a un certain nombre de générations, crée pour tous les Allemands une culpabilité collective. De même qu'il y a un peuple élu, il y aurait, en quelque sorte, un peuple maudit…
Sans doute, par distraction, Alain Minc ne se rend pas compte que son discours est précisément celui qui rend le nazisme particulièrement condamnable. Le nazisme consistait à reprocher à certaines personnes d'être nées, aux juifs d'être Juif, et en tirait la conclusion que tout ce que faisaient, ce que disaient, ce qu'écrivaient les juifs, était nécessairement mauvais. C'est ainsi qu'on a brûlé les œuvres de Stefan Zweig. Alain Minc conseille-t-il de brûler les encycliques de Benoît XVI ? Juge-t-il non les actes ni les discours, mais l'homme qui en est l'auteur, parce qu'il est né Allemand ? Qu'une pareille dérive intellectuelle se produise chez une personne qui a la réputation d'éclairer les responsables politiques au plus haut niveau est assez effrayant.

RESPECT MUTUEL

Dans le débat actuel sur l'expulsion des Roms, il y a deux interprétations de la politique gouvernementale. Ceux qui la critiquent considèrent qu'il s'agit d'une politique qui vise un groupe ethnique particulier : c'est ainsi que certains ont osé parler d'un "racisme d'Etat". Ceux qui soutiennent l'action menée par le gouvernement – et j'en suis – pensent, au contraire, qu'il s'agit d'une réponse à des comportements qui ne sont pas tolérables : occupations illégales de terrains, délinquance, mendicité agressive, prostitution… La solution consiste donc à demander au gouvernement Roumain, dans le cadre européen, d'améliorer la situation des Roms sur son territoire, et la France est prête à apporter sa contribution.

D'une façon particulièrement maladroite, Alain Minc vient "défendre" la position du gouvernement en employant à l'encontre du pape un argument évidemment raciste, germanophobe, comme si Benoît XVI était si peu que ce soit responsable des exactions commises par les nazis à l'encontre des tsiganes. Il est d'ailleurs assez incroyablement irresponsable qu'une personnalité réputée proche du président de la République stigmatise ainsi l'Allemagne, c'est-à-dire aussi celle d'aujourd'hui, avec laquelle il est essentiel, dans le contexte économique actuel, que nous ayons des relations de respect mutuel et de solidarité constructive. Son dérapage est toutefois révélateur de l'hostilité pavlovienne que le pape actuel suscite dans certains milieux.

Christian Vanneste, député (UMP) du Nord


Il n'y a pas plus pro-européen et pro-allemand que moi

Monsieur le député,

J'ai lu avec soin votre propos sur ma "dérive intellectuelle". Puis-je vous rappeler un fait ? S'exprimant avec la légitimité qui est la sienne, Madame Merkel avait rendu public son appel téléphonique au pape après la nomination de l'évêque révisionniste et avait précisé qu'elle lui avait demandé de revenir sur cette désignation.

Croyez-vous que la chancelière aurait appelé un pape italien ou argentin dans les mêmes circonstances ? Non, bien sûr. Pourquoi elle qui a en charge l'intérêt supérieur de l'Allemagne s'était-elle manifestée ? Parce qu'elle estimait qu'un Allemand, fut-il pape, était certes non responsable mais héritier de l'Histoire et donc tenu, sur certains sujets, à un degré de réserve supplémentaire.

Il n'y a pas plus pro-européen et pro-allemand que moi. En particulier à cause du doigté avec lequel les Kohl, Merkel, Fischer assument le poids de l'Histoire tout en donnant au monde l'image de la plus accomplie des démocraties européennes.

Se seraient-ils exprimés comme le pape ? Je ne le crois pas.

Veuillez croire, Monsieur le député, à l'expression de ma considération la plus distinguée.
Alain Minc, essayiste et consultant

Baroin à tort et à raison


Le plan de relance des Bleus

Ce n’est pas un bulletin météo, mais ça y ressemble. Pas non plus un sondage sur le moral des Français, mais quelque chose dans le genre, qui nous renseigne toujours un petit peu sur l’état de forme du pays : l’équipe de France de football et ses résultats.

Car même si pour parler aux filles cet été, il valait mieux être nageur ou sprinteur, le foot reste le foot. Peut-être parce qu’avec un ballon et deux maillots disposés par terre, on peut jouer partout. A la récré ou au pied des immeubles. Ce n’est pas un bulletin météo, mais ça y ressemble. À voir le fiasco de la Coupe du monde qui a tourné à l’affaire d’Etat, avec cette surenchère dans le vocabulaire : mention spéciale aux “caïds immatures”.

Autant de commentaires “inspirés”, à droite comme à gauche, qui ont conduit les “mutins” au tribunal. L’honneur est sauf. Ouf ! Qu’on se rassure, l’équipe de France n’est pas morte dans un bus en juin dernier. Le plan de relance a des allures de cause nationale, Blanc et Zidane ont fait leur rentrée. Et à en croire le Net, Domenech s’est mis au poker. Tant mieux. Les Bleus affrontent la Biélorussie, ce soir, en qualification pour le championnat d’Europe.

Ce n’est pas à proprement parler une affiche, certains vous diront même que le match a pour seul mérite de mieux situer la Biélorussie sur une carte. C’est faux. Car grâce à ce match, les profs de géo, à peine rentrés, vont aussi s’arracher les cheveux pour expliquer à leurs élèves ce que fait la Biélorussie en Europe.

Dieu n'a pas créé l'univers, selon Stephen Hawking

L'astrophysicien britannique Stephen Hawking affirme que l'univers n'a pas eu besoin de Dieu pour être créé. Dans son nouveau livre, The Grand Design, Stephen Hawking souligne qu'en comprenant une série complexe de théories physiques, la création de l'univers s'expliquera. Des extraits de cet ouvrage, écrit avec le physicien américain Leonard Mlodinow, ont été publiés jeudi dans The Times.
"Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu (...) L'univers peut et s'est créé lui-même à partir de rien", selon Stephen Hawking. "La création spontanée est la raison pour laquelle il y a quelque chose plutôt que rien, la raison pour laquelle l'univers existe et nous existons."

Dans Une brève histoire du temps (1989), Stephen Hawking semblait accepter l'éventualité d'un créateur. C'est la découverte d'autres sytèmes solaires en dehors du nôtre, en 1992, qui a remis en cause selon lui une des idées phares d'Isaac Newton – à savoir que notre monde était si intelligemment conçu pour la vie que seule une origine divine pouvait en être l'explication.

C'EST ENCORE HEUREUX, DIEU N'EXISTE QUE POUR EXPLOITER L'INCONNU ET LES PEURS DE L'HOMME, AFIN DE MIEUX L'ASSERVIR.

La croissance sera meilleure qu'attendu en zone euro

La Banque centrale européenne a revu à la hausse ses prévisions de croissance en zone euro. En 2010 elle sera comprise entre 1,4% et 1,8%. En 2011 elle se situera entre 0,5% et 2,3%.

C'est officiel: l'activité économique en zone euro sera meilleure que prévu. La Banque centrale européenne l'a reconnu ce jeudi en relevant ses prévisions de croissance pour 2010 et 2011. Selon les nouveaux chiffres, l'activité progresserait en 2010 dans une fourchette comprise entre 1,4 et 1,8%, au lieu de 0,7% à 1,3% estimée auparavant. En 2011, la croissance serait comprise entre 0,5% à 2,3%, contre +0,2% à +2,2% précédemment.

«La fourchette de croissance du PIB réel cette année a été révisée à la hausse grâce au rebond plus vigoureux que prévu de la croissance économique au deuxième trimestre ainsi qu'à l'évolution meilleure que prévu observée durant les mois d'été», a expliqué le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. «Pour 2011, la fourchette a également été revue en hausse pour refléter principalement les effets prolongés de la croissance plus forte attendue vers la fin 2010.»

Incertitude

Malgré ces révisions à la hausse, «l'incertitude continue à prévaloir», a nuancé Jean-Claude Trichet. D'autre part, «la reprise de l'activité devrait être freinée par le processus des ajustements de bilan dans divers secteurs et par les perspectives du marché du travail.»

Surtout, les écarts de croissance se creusent entre les différents pays de la zone euro, font remarquer des économistes. Quand l'Allemagne cavale en tête avec 2,2% de croissance au deuxième trimestre, la Grèce s'enfonce dans la récession avec un recul de 1,5% du PIB. Même tendance pour les taux de chômage nationaux. Dans ces conditions, la stratégie de la BCE s'annonce compliquée.

Ce n'est pas un problème, a rétorqué Jean-Claude Trichet: la Fed, aux Etats-Unis, se trouve dans la même situation depuis des décennies avec les 50 Etats. «Ces dix dernières années, la plus faible croissance d'un Etat américain a été de 0,9% (Ohio) et la plus forte de 4,7% (Arizona). Nous avons observé le même écart dans la zone euro sur la même période», a argumenté le président de la BCE. «Même chose pour le chômage: les taux se sont étalés de 3,5% à 14% selon le Etats. Encore une fois, nous avons relevé la même fourchette au sein de l'Eurozone.»

Sérénité

La sécurité est un droit de l’homme intangible : comment les libertés pourraient-elles se déployer dans un climat de peur ? Cette exigence guide l’action des gouvernements : assurer l’ordre nécessaire pour que la loi du plus fort cède la place au dialogue, que la règle s’impose et que le droit apparaisse à tous comme la seule méthode acceptable de gestion des conflits.

Aujourd’hui, il existe pourtant un écart manifeste entre ces principes, aux fondements de la démocratie, et les réalités de terrain. Depuis au moins dix ans, des inquiétudes sourdes parcourent la France. L’existence de zones de non-droit, des agressions nombreuses ou la répétition de délits contre les biens nourrissent un ressentiment d’autant plus fort que les engagements de vaincre l’insécurité se sont multipliés. L’implication de la police et de la gendarmerie a été plus visible, la politique pénale s’est faite plus répressive… pour un bilan mitigé. En tout cas, ceux qui ont eu la responsabilité de cette politique, au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, comme ministre de l’intérieur, puis comme président de la République, se préparent aujourd’hui à l’amplifier.

Cette spirale, nourrie de réactions à chaud, a, bien sûr, ses vertus. Elle donne à l’opinion le sentiment que le pouvoir agit. Elle a des appuis et des relais politiques : une trentaine de députés UMP, étiquetés sarkozystes, seront reçus jeudi prochain à l’Élysée pour défendre cette ligne claire. Ils espèrent que cette « droite populaire » (du nom de leur collectif) sera représentée dans le prochain gouvernement.

Mais cette voie n’est pas sans pièges. Les réponses sécuritaires peuvent aussi avoir pour effet de faire reculer les politiques de prévention, d’accroître les tensions pour des bénéfices difficilement chiffrables et rarement démontrés. Politiquement, elles ont aussi un coût. Aujourd’hui, elles divisent la majorité, jusqu’à pousser François Fillon à exprimer mezza voce ses réserves.

Contenir les violences a toujours supposé une politique globale. Jamais la répression, toute seule, n’a suffi pour assurer la sécurité. Dans nos pays réputés pacifiés, la sérénité devrait être la norme, et l’inquiétude, l’exception.



François Ernenwein

Le piège de Pinocchio

Les placards de l'histoire en regorgent. Et tous les grands cuisiniers de la politique - bien lire, tous ! - en font un usage immodéré. Des gros, des moyens, des petits. Des graves, des très graves et des moins graves. Des minables et des superbes. Des cyniques et des gratuits. Des méchants ou des inconscients. Des élégants et des vulgaires. Il y en a de toutes tailles en magasin et pour toutes les situations. Les mensonges, puisqu'il s'agit d'eux, sont devenus des accessoires incontournables du débat, des options obligatoires pour la scène démocratique, des éléments d'un langage à décrypter pour le public. Parfois, un réflexe conditionné. Et même, pour certains, une seconde nature. Alors, il faut bien affronter ces ustensiles d'arracheurs de dents.
Une pratique assidue les a rendus presque inoffensifs : ils sont tellement repérables. Ah, si les nez s'allongeaient... Ils n'en restent pas moins dangereux pour qui les manipule en amateur. Trop de désinvolture et, hopla geiss, ils vous explosent à la figure. C'est ce qui risque d'arriver à Éric Woerth. Bien sur, il bénéficie de la présomption d'innocence et on souhaite que la justice apporte une clarté qui lèvera des ombres ambiguës. Mais à force de dissimuler des petits détails gênants sur d'encombrantes décorations, et de rhabiller la vérité avec une bonne conscience presque trop naïve, le ministre du travail a stimulé la curiosité d'une presse toujours prompte à mettre sur la table ce qu'on cherche à planquer dessous.
Il n'est pas le cerf, traqué, d'une chasse à courre, simplement le chat d'un cache-cache pas très drôle mais qu'il a lui même initié. Les artifices de la communication se retournent cruellement contre ceux qui, parfois, comptent trop sur eux.
En répétant « je n'ai pas menti » contre toutes les évidences dans cette histoire de légion d'honneur, M.Woerth fait penser à un enfant pris la main dans le pot de confiture et qui, la bouche barbouillée, continue de dire « j'ai rien fait » comme pour s'en persuader lui-même. A cinq ans, cela peut être touchant. A cinquante-cinq, c'est toujours pathétique.
Il ne s'agit pas de jouer les redresseurs de torts. Le mensonge est humain, après tout. Qui n'en fait pas ? Encore faut-il le reconnaître à temps, avec simplicité. C'est tout ce qu'on demande aux hommes et aux femmes politiques. Si, de temps en temps, ils savaient dire « je ne sais pas », « je me suis trompé(e) », « j'ai été nul(le) sur ce coup là » ou même « j'ai menti parce que j'ai eu peur d'être injustement soupçonné(e) de malhonnêteté, et je le regrette », ils se grandiraient. Et nous feraient économiser beaucoup de temps et d'énergie.

Olivier Picard

L'espoir quand même ?

La photo de Barak Obama encadré de l'Israélien Netanyahou et du Palestinien Abbas, rejoindra-t-elle l'album des clichés de la paix aussi historiques que vite jaunis ? À chaque fois, on se prend à espérer, avant de voir les énièmes processus et négociations rejoindre le cimetière des espoirs mort-nés. Le fait qu'il ait fallu 20 mois au président pour rendre possible cette photo et le dialogue à suivre, n'incite guère à l'optimisme. D'autant que la mort de quatre colons et la décision de Nétanyahu de ne pas prolonger le gel des colonies sont plutôt de nature à doucher toute nouvelle illusion.

Et pourtant, il faut croire que si Barak Obama a décidé de se lancer quand même dans cette aventure, c'est qu'il en a mesuré tous les risques. Celui de l'échec, mais comme ses prédécesseurs, il pourra toujours dire qu'il a essayé. Ou plus probablement fait-il le pari d'un demi-succès que constituerait la solution de deux États, Israël et Palestine. Demi-succès parce que l'État palestinien, en l'absence du règlement des colonies, de Jérusalem et du reste, tiendrait plutôt du « canada dry», sous domination israélienne.

Même un ersatz d'État, espèrent les Américains et aussi l'Autorité palestinienne, donnerait une autre perspective à la population et créerait une dynamique nouvelle sur le terrain. À ce scénario, le plus optimiste, on opposera bien sûr les faiblesses cumulées de Nétanyahu, coincé par sa coalition et ses colons, prêts à tout, et de Mahmoud Abbas, dans la ligne de mire du Hamas.

La marge de manoeuvre d'Obama n'est pas non plus considérable. S'il est décidé à tout tenter, il lui faudra le moment venu faire pression sur Israël. On peut en douter, sauf si le lobby juif américain encourage finalement une solution pragmatique. Cela fait beaucoup de si, mais le jeune patron des États-Unis n'a pas d'autre choix que de montrer que l'hyperpuissance n'a pas déserté ses responsabilités mondiales. Tâche d'autant plus difficile que le pays doute de lui et que son désarroi est à la mesure des ravages économiques. C'est là que les Américains attendent Obama en priorité.

XAVIER PANON

Une si simple ambition

Plus loin que le bout du nez de sa rentrée, l'école ne perd jamais de vue que pour elle la performance ne se mesure pas à la réussite d'une matinée chargée d'émotions. Ce jour si dur pour la maman en larmes qui laisse son petit au monde hostile ou le retour vers le collège d'adolescents qui jusqu'aux prochaines vacances vont bourgeonner d'envies secrètes, ne sont que de courts moments dans le cycle. Derrière cette rituelle imagerie, le véritable enjeu est dans la durée et dans la qualité du service public tout au long de l'année scolaire. L'année ne se passera pas forcément bien parce qu'il n'y a pas eu d'accrocs de rentrée. La réussite et l'effort en continu se jugent sur les vingt ans à venir pour le bambin qui demain fera ses débuts à la maternelle.

Passée la dramatisation et les grains de sable, inévitables quand un million de personnes sont mobilisées, ce qui se joue à chaque rentrée c'est le passage de l'enfance à l'âge adulte. Et la seule question qui vaille d'être posée est celle des moyens mis en oeuvre pour faire progresser l'ensemble des jeunes et pas seulement pour trier les bons qui accéderont aux grandes écoles. De la nature de la réponse dépend que l'on mette fin à la dérive sélective et injuste du système éducatif, au formatage des élèves et aux fausses démocratisations de ces dernières décennies.

L'école n'est pas un compartiment étanche de la société et ses règles n'en sont pas indépendantes. Sans une véritable politique de la jeunesse et sans dynamisme économique, l'éducation ne peut pas offrir les débouchés conformes aux compétences qu'elle enseigne.

Un peu moins de maths, un peu plus d'histoire-géo ou d'économie? Mécomptes d'apothicaires que ces chicaneries quand il importe d'abord et avant tout que le maître enseigne bien et que l'élève apprenne bien. Les politiques décidées pour l'école feront, ou non, qu'elle soit émancipatrice et permette à chacun de tirer le meilleur parti de ses apprentissages. C'est dans cette si simple ambition qu'est l'avenir de notre jeunesse bien plus que dans un élitisme qui ne fait qu'accroître les inégalités et les reproduire.

DANIEL RUIZ

Bons points, approximations et impasses

Comment en vouloir à Luc Chatel ? Tous les ministres de l'Education nationale partagent la même coquetterie. A chaque rentrée, ils aiment annoncer des « nouveautés », comme si l'école, comme un élève turbulent, ne parvenait jamais à trouver son équilibre autrement que dans le mouvement permanent.
Traditionnellement, beaucoup d'innovations annoncées à grand fracas restent des engagements sur le tableau noir tout propre du ministère et ne deviennent jamais réalité. Celle qui domine toutes les autres dans cette édition 2010-2011 est pourtant prometteuse puisqu'en instituant un suivi permanent des élèves intégré aux heures de présence au lycée, elle s'efforce de privilégier l'introuvable égalité des chances. Un bon point, donc, pour le ministre. Il y en a d'autres qui pourraient récompenser de bonnes intentions, au moins celles énoncées sur la copie. Revalorisation des jeunes enseignants, révision du système des remplacements ou encore autonomie des établissements sont autant de principes prêchés depuis longtemps par l'ensemble de la communauté éducative. Il serait injuste de noter sévèrement ces têtes de chapitres au prétexte qu'elles restent conditionnées aux paragraphes très concrets de la pratique qui, eux, ne sont pas encore écrits.
Le problème du ministre, c'est le calcul. L'éternelle question des soustractions de postes -une opération qu'une large majorité de l'opinion ne comprend pas-, l'équation des moyens à laquelle elle aboutit, et les sempiternelles histoires de redistribution de l'argent injecté dans la machine, mettent de la confusion dans ce bulletin de septembre. Avec l'interrogation politique « Est-il possible de faire mieux avec moins ? », on bascule cette fois de la technologie à la philosophie, puis de la philosophie à la poésie quand on finit par éluder le réel pour fleurir les impasses.
Le manque de tuteurs, par exemple, est enveloppé d'un flou hamiltonien qui peut se transformer en un périlleux brouillard pour les jeunes stagiaires parachutés devant des classes sans avoir eu aucune formation spécifique pour y faire face. Comment s'étonner que cette virile stratégie du saut dans le vide -il (elle) retombera bien sur ses pieds, non ?- ne provoque l'inquiétude quasi unanime de l'ensemble du corps éducatif quand elle concerne un point essentiel du programme ?
Même s'il est à petit coefficient, le préavis de grève du 6 prétend d'abord sanctionner l'approximation ministérielle. Dommage pour le pouvoir, quand on sait que dans cette matière délicate, elle ruine fatalement la cohérence du devoir.

Olivier Picard

Le deuxième jour

Tous les élèves le savent bien. Le plus dur, c'est le deuxième jour. Ce matin donc. Sonne alors le « vrai » début de l'année scolaire, après le temps suspendu des premières heures de la rentrée, de la découverte de sa classe, de ses emplois du temps... et de la tête de ses professeurs. « Il a l'air sévère, on va pas rigoler, elle a des baskets, il est pas commode etc. ». Hier encore, les spéculations allaient bon train mais toujours avec la même éternelle frustration : le moment tant attendu ou, plus fréquemment, tant redouté, pourrait être plus intense et mieux organisé. Ah, si on arrêtait de le présenter, avec une psychologie pénitentielle, comme le commencement des travaux forcés. Ah, si la rentrée était une fête, même ! Mais défendez une telle revendication auprès d'un chef d'établissement, et vous vous sentirez aussi décalé que le jeune appelé réclamant une nouvelle couleur d'uniforme, plus seyante, dans le sketch de Pierre Palmade... Un grand moment de solitude, donc. Mais tout cela, c'est déjà du passé.
Ce deuxième jour, c'est le plus dur, aussi, pour le ministre de l'Éducation. Passés le rituel touchant de la visite d'une maternelle devant les caméras et la promotion de nouveautés alléchantes, il faudra bien justifier les insuffisances d'un dispositif scolaire qu'il s'est évertué, la veille, à présenter comme « au point ». Comment expliquer, par exemple, que de jeunes professeurs se retrouvent devant leur classe sans avoir été formés à les gérer ? Un handicap récurrent, hérité des lacunes des IUFM, qu'on devait régler... et qu'on aggrave, faute de préparation. Selon Luc Chatel, il n'y aurait pas de quoi en faire toute une histoire. On trouvera bien un petit bricolage. Et tout le problème de la grosse et lourde machine de l'éducation nationale est là, dans la négligence de ces « détails » qui, en vérité, n'en sont pas. La contrainte de la massification a alors bon dos.
Dans ce registre, la suppression de 16 000 emplois serait, elle aussi, marginale, sans qu'on n'arrive jamais à trouver des solutions convaincantes pour répondre à la demande de moyens humains dans les établissements. Vous verrez, l'année prochaine, on en parlera encore et le gouvernement, quel qu'il soit, écartera d'un revers de main cette exigence superflue.
Le deuxième jour, on garde à la bouche l'impression d'une occasion ratée de démarrer du bon pied. Ah si, tout de même, il y a un soleil. Dans la morosité ambiante, et malgré toutes les critiques justes ou caricaturales qui pleuvent sur le système éducatif, ces Français qu'on dit râleurs expriment dans les sondages leur satisfaction des enseignants, des programmes, de l'école. Enfin un souffle de confiance. Enfin une bonne nouvelle !

Michel Sardou

Voilà près de quatre décennies que sa « Maladie d'amour » a fait ses ravages dans le public français, mais, à soixante-trois ans, l'artiste aux 120 millions de disques vendus chante toujours le beau sexe, auquel son nouvel album, « Etre une femme », est tout entier consacré. Celui qui dénonçait dans « Les Ricains » le manque de gratitude de ses compatriotes pour leurs libérateurs et regrettait « le temps des colonies » a longtemps donné de l'urticaire aux intellectuels de gauche. Cela n'a pas nui à son succès chez les adeptes des « Bals populaires », et avoir entonné son « Ne m'appelez plus jamais "France" » devant les métallos des chantiers de Saint-Nazaire en délire reste un de ses grands souvenirs. Un clin d'oeil de l'histoire pour cet arrière-petit-fils d'un charpentier de marine toulonnais, qui, en se muant en décorateur de théâtre, donna naissance à une dynastie d'artistes. Si le chanteur a délaissé les textes polémiques, cela ne l'a pas empêché de critiquer les expulsions de Roms, lui dont les parents, les comédiens Fernand et Jackie Sardou, se marièrent aux Saintes-Maries-de-la-Mer. L'interprète de « J'habite en France » est, il est vrai, à sa façon un nomade, puisqu'il a déménagé une trentaine de fois avant de se fixer en Haute-Savoie. Non sans conserver une habitude rapportée de ses années à Miami et fort incongrue dans le show-biz : dîner chaque soir à 18 h 30.

Zapatero sur le fil du rasoir

Affaibli par la tempête financière qui s'est abattue sur l'Espagne en mai dernier, dans la foulée de la crise grecque, José Luis Rodriguez Zapatero s'apprête à connaître des mois particulièrement difficiles. Avec au menu, le 29 septembre, l'appel à la première grève générale depuis son arrivée au pouvoir en 2004 suivi, aux environs du 20 octobre, par le vote d'un budget 2011 des plus austères, par un Parlement où il ne dispose pas de la majorité. Et fin novembre, par des élections régionales en Catalogne où le Parti socialiste qu'il dirige devrait perdre les commandes de la Generalitat. Sans parler de la publication de chiffres économiques qui ont recommencé à se détériorer après une courte embellie, et d'une nouvelle possible poussée de fièvre sur les marchés. Dernière de la « bande des trois » à maintenir la note de l'Espagne au niveau AAA, l'agence Moody's doit, en effet, décider d'une éventuelle dégradation d'ici à la fin de ce mois. Dans ces conditions, le président du gouvernement espagnol va avoir besoin de toute son habileté politique pour éviter une chute que certains lui prédisent pour la fin de l'année.

Traditionnellement invité à présenter sa politique sociale lors de la fête minière de Rodiezmo organisée par l'Union générale des travailleurs (CGT), syndicat où il est encarté, Zapatero a été déclaré, cette année, « persona non grata » à la manifestation qui doit se dérouler dimanche. La réduction des salaires des fonctionnaires décrétée de façon unilatérale à partir du 1 er juin, et surtout la réforme du marché du travail, adoptée le même mois, ont mis à mal la surprenante mansuétude affichée jusque-là par les organisations syndicales face à une crise qui a entraîné un doublement du taux de chômage, à plus de 20 % de la population active en trois ans. Désireux de ne pas couper définitivement les ponts avec l'UGT et Commissions ouvrières (CCOO), son frère jumeau, le gouvernement a dû mettre en sourdine pour l'instant son projet de repousser de 65 à 67 ans l'âge de départ à la retraite, et d'allonger de manière concomitante la période de cotisations…

L'heure est aussi aux arrangements pour le vote du budget 2011 qui s'inscrit en baisse de 7,7 % par rapport à celui de cette année. Ce qui ramène l'enveloppe au niveau de 2006. Alors que, principale force de l'opposition, le Parti populaire (PP), donné gagnant dans tous les sondages, rêve d'élections anticipées et que communistes et Verts se refusent à cautionner sa politique d'austérité, José Luis Rodriguez Zapatero n'a pas beaucoup d'options pour faire avaliser sa copie par le Parlement. Les voix des nationalistes catalans de Convergence et Unio (CiU), grand favori des élections de Catalogne, lui feront inévitablement défaut cette année. Il n'a donc d'autre solution que de décrocher le soutien du parti nationaliste basque (PNV). Qui promet de faire payer chèrement son appui, après s'être fait écarter du pouvoir en Euskadi par les socialistes avec l'appui tacite du PP à l'issue du scrutin régional de 2009.

Ce type de négociations qui concerne aussi de plus petites formations comme Coalition Canaries et Union du peuple navarrais (UPN), se solde traditionnellement par des investissements financiers supplémentaires dans les régions concernées. C'est une libéralité que les caisses de l'Etat ne peuvent pas se permettre dans la conjoncture actuelle. Pour calmer les marchés et les inquiétudes de Bruxelles, l'Espagne a été contrainte de durcir son plan de rigueur au printemps afin de parvenir à ramener le déficit de ses comptes publics de 11,2 % du produit intérieur brut l'an dernier à 9,3 % cette année et 6 % en 2011. Dans l'objectif d'atteindre le sacro-saint seuil de 3 % à l'issue de l'exercice suivant. L'heure n'est donc pas aux largesses.

Certes, l'économie espagnole est sortie de la récession au premier trimestre avec une légère croissance de son PIB de 0,1 %, mais la légère embellie, confirmée sur la période avril-juin (+ 0,2 %), ne devrait pas durer. Après quatre mois de timide décrue, le chômage est reparti de plus belle en août, mois habituellement créateur d'emplois. Si, cumulé à une baisse des dépenses de 2,4 %, le tour de vis fiscal a permis d'augmenter de 10,4 % les recettes de l'Etat et de ramener le déficit de ce dernier à 25,7 milliards d'euros (2,44 % du PIB) à fin juillet, il est en passe de provoquer une nouvelle rechute de la consommation. Le second semestre s'annonce donc très difficile.

Les experts interrogés par la Funcas, le cabinet d'études de la confédération des caisses d'épargne espagnoles, voient ainsi 2010 se solder par un nouveau recul du PIB de 0,6 % (contre - 3,4 % l'an dernier) quand le gouvernement table sur une baisse de seulement 0,3 %. Surtout, ils ne tablent que sur un timide rebond de 0,6 % l'an prochain, contre + 1,3 % pour les prévisions officielles, ce qui rendrait totalement caduque le plan de retour à l'équilibre des finances publiques.

« Le défi fiscal de l'Espagne est le plus important de tous les autres pays bénéficiant de la note AAA avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui disposent d'une plus grande vitalité économique », estimait récemment l'agence de notation Moody's. Qui pourrait bientôt suivre Standard & Poor's qui a ramené la note du pays à AA avec perspective négative, le 28 avril dernier, et Fitch qui a abaissé le curseur à AA+ avec perspective stable, un mois plus tard. Le calme revenu sur le marché des bons du Trésor espagnols après la flambée du printemps pourrait donc ne pas durer. L'Espagne et José Luis Rodriguez Zapatero n'en ont sans doute pas terminé avec les turbulences.


Gilles Sengès

Le royaume des « mains courtes »

Après la décennie perdue, l'année pour rien. Le temps est loin où la Bourse de Paris, portée par les valeurs technologiques, tutoyait les sommets. Avec une chute de 34 % au cours des années 2000 et un recul de près de 8 % depuis janvier, le parcours du CAC 40 depuis 2000 ressemble davantage à une descente aux enfers qu'à des montagnes russes.

Au-delà de l'indice phare parisien, c'est en réalité le placement actions dans son ensemble qui n'a plus la cote. A se demander s'il mérite toujours sa réputation d'investissement le plus rentable. On se prend à douter. A moins, évidemment, comme aiment à le rappeler les boursiers les plus chenus, de raisonner à très long terme. Sur cent ans, la Bourse, c'est 5 % de croissance annuelle contre 0,8 % pour les obligations par exemple. Mais qui investit sur une période aussi longue ?

Si les actions ont perdu beaucoup de leur attrait ces dernières années, elles le doivent d'abord à la succession des coups de tabac qui ont conduit nombre d'investisseurs à s'en détourner. Et pas seulement ces particuliers dont il est aisé de railler la propension à se ruer en Bourse juste avant l'explosion des bulles. Depuis 2007, les investisseurs institutionnels aussi se montrent beaucoup plus prudents. Guère rassurés par les incertitudes macroéconomiques et inquiets des changements prudentiels à venir, ils ont réduit drastiquement leur exposition aux actions.

Résultat, la Bourse est aujourd'hui le royaume des « mains courtes ». Ces arbitragistes et autres « hedge funds » dont les stratégies - à l'horizon du millième de seconde parfois -ajoutent à la volatilité ambiante. Du coup, les volumes d'échange se contractent et la valorisation des titres n'a plus grand-chose à voir avec les fondamentaux des entreprises cotées, pourtant redevenus très solides. Le CAC est aujourd'hui à son niveau de 1998, alors que la richesse du pays s'est accrue de moitié et les profits des entreprises de près de 80 % ! Un peu comme si le thermomètre ne donnait plus d'indications sur la santé du patient, mais plutôt sur l'humeur du médecin.

On pourrait s'en amuser, si le sujet n'était capital. Car, au-delà de l'intérêt financier des actionnaires - souvent des épargnants in fine -, la désaffection de la Bourse pose la question du financement des entreprises. Et si le marché actions remplit toujours pour le moment cette mission, sa volatilité croissante et la sous-valorisation persistante des titres rendent l'exercice de plus en plus périlleux pour les groupes cotés.

Il est urgent que les parquets se repeuplent. Pour restaurer un semblant de confiance chez les investisseurs, on pourrait commencer par revoir la composition de l'indice phare de la Bourse de Paris. Car, de tous les grands indices boursiers mondiaux, il est celui dont la performance a été la plus désastreuse depuis le pic de septembre 2000. Trop exposé aux technologiques en 2000, aux financières en 2007, il est temps de le doter d'un profil plus équilibré.


François Vidal