mercredi 2 mai 2012
Hollande / Sarkozy : le match des copinages médiatiques
La presse peut-elle faire une élection ?
Alors que les relations de Nicolas Sarkozy avec les propriétaires de
groupes de presse ont souvent été montrées du doigt, qu'en est-il des
liens entre François Hollande et les médias ?
Nicolas Sarkozy va perdre l’élection notamment
parce qu’il a perdu la guerre de l’image. Dans l’esprit de bien des
Français, il est aujourd’hui « le bad boy, le bling-bling, l’ami des riches et des puissants, en particulier des patrons des médias : Lagardère, Bouygues, Dassault…»
Bref, il est le Berlusconi français qui menace la liberté
d’information. Raison supplémentaire, s’il en fallait une, de voter
François Hollande, garant lui de la liberté des médias. On l’a dit aux
Français, on leur a répété, et même matraqué ce message. Il est donc
finalement ancré dans les esprits. C’était bien là l’objectif de
tant de journalistes pour qui la priorité n’est plus d’informer sur la
réalité, ou d’initier des débats contradictoires, mais de contribuer
avant toute chose à battre Nicolas Sarkozy.
Nicolas
Sarkozy proche des médias, et pas François Hollande ? Simplement
inexact si on regarde les faits. Oui, Nicolas Sarkozy est plus proche de
Serge Dassault et du Figaro que François Hollande, rien de
nouveau sous le soleil de ce côté-là. Martin Bouygues ? L’essentiel de
la présence de son groupe dans les médias se résume à TF1,
vendue en 1986 par François Mitterrand. Rien de nouveau là non plus.
Arnaud Lagardère ? Il s’est récemment désengagé du groupe Le Monde,
et n’est même plus le principal actionnaire de son propre groupe,
désormais davantage entre les mains d’investisseurs du Qatar.
Mais
la réalité est que le quinquennat de Nicolas Sarkozy aura été marqué
par 3 évolutions majeures en matière de presse, qui toutes témoignent
d’une collusion croissante entre dirigeants des principaux médias et la
garde rapprochée du candidat Hollande :
- Premièrement, le principal quotidien d’information, Le Monde,
a été vendu à un trio présenté comme « indépendant », composé d’un
milliardaire, du mécène privé de la précédente candidate socialiste aux
élections présidentielles (Pierre Bergé) et de Matthieu Pigasse patron
d’une des plus puissantes banques d’affaires, membre du PS,
ancien conseiller technique du cabinet de DSK et ancien directeur
adjoint du cabinet de Laurent Fabius au Ministère des Finances. Pour
réussir son opération de prise de contrôle de ce journal, Matthieu
Pigasse a été soutenu par Louis Schweitzer, qui en était alors président
du conseil de Surveillance, lui aussi ancien directeur de cabinet de
Laurent Fabius à Matignon, patron le plus payé de France en 2006 selon
le classement de Capital. Socialiste, patron et « cupide », selon le propre mot de Sophie Coignard dans « L’oligarchie des incapables » ? Mais, non, puisqu’on vous dit que c’est le monopole de Sarkozy, voyons…
Un
parti pris médiatique qui permet au candidat Hollande de déjeuner en
toute quiétude, en pleine campagne présidentielle, avec Pierre Bergé,
autre co-propriétaire du Monde, chez Laurent, l’un des restaurants les plus chers de Paris, sans que la presse bien-pensante s’en émeuve,
toute occupée à ressasser ad nauseam son indignation de l’épisode
Fouquet’s de Sarkozy, président coupable depuis cinq ans, à ses yeux, de
« croire être arrivé, alors qu’il n’est en fait que parvenu », pour reprendre un mot de Jacques Séguéla.
A noter que ce même Matthieu Pigasse, qui ne cache
pas vouloir faire une carrière politique au plus haut niveau, est dans
le même quinquennat devenu le patron propriétaire de l’hebdomadaire Les Inrockuptibles,
dont la nouvelle formule fut lancée en 2010 en présence de Laurent
Fabius. Ce journal « indépendant », organisateur du concert place de La
Bastille, anniversaire des 30 ans d’élection de François Mitterrand,
révèle comme par hasard dans ses colonnes cette semaine, juste avant le
second tour, un "deal secret" Sarkozy-Kadhafi qui daterait de 2007. On
comprend qu’avec de tels proches déjà en place, plus la bénédiction de
rédactions politiquement homogènes où il est le plus souvent inavouable
de préférer voter Sarkozy à Hollande, François Hollande puisse se
dispenser de toute intervention personnelle.
- Deuxièmement,
dans le même temps, un autre énarque, également ancien conseiller du
Ministre socialiste des Finances, et ancienne plume de Laurent Fabius,
Denis Olivennes, a pris la direction du Nouvel Observateur pendant près de 3 ans, avant de partir prendre l’actuelle direction du pôle Médias de Lagardère : Europe 1, Paris Match, le JDD, …, après l’échec de sa tentative de rachat du Monde.
Il fut alors remplacé à la tête du Nouvel Observateur par un autre membre comme lui du think tank socialiste « En temps réel » :
le bien connu Laurent Joffrin, directeur pour la troisième fois de
cette rédaction qu’il dirigeait déjà en 1988, il y a 23 ans, ce qui
relativise le caractère « nouveau » du dit observateur…
- Enfin,
Nicolas Sarkozy a inondé la presse de subventions depuis son arrivée au
pouvoir, en créant plus de 600 millions de subventions supplémentaires
pour une profession déjà gavée de cette « soupe aux sous ». Il a naïvement cru que sa main serait moins violemment mordue par ceux qu’elle avait grassement nourris. Grave erreur. La
détestation dont il fait l’objet dans tant de rédactions de quotidiens
et d’hebdomadaires est telle qu’elle exclut toute forme de gratitude.
Et la presse est de surcroît confiante d’obtenir au moins autant de
cadeaux de François Hollande, à l’image du récent projet de loi adopté
par les sénateurs socialistes, qui, au moment où la TVA augmente pour
tous les autres français, prévoit d’abaisser celle de la presse Internet
de 19,6% à … 2,1%, pour l’aligner sur celle des privilégiés de la
presse papier !
Pour mémoire, François Hollande
est l’élu d’une primaire organisée conjointement par son « représentant
spécial » Arnaud Montebourg et par le think tank socialiste Terra Nova dont la responsable du groupe Média n’est autre qu’Audrey Pulvar, devenue conjointe de ce probable futur ministre. Terra Nova, principal groupe d’influence socialiste, qui qualifie de « partenaire » le site Médiapart qui lui donne libre accès pour publier ses opinions de lobbyiste, en sa qualité de « rédacteur en chef de l’édition participative », tout comme le quotidien Libération qui lui sous-traite intégralement deux pages « Rebond » chaque mois.
Dans ce contexte, continuer à faire croire
que les médias sont proches de Nicolas Sarkozy, mais pas de François
Hollande, c’est continuer à prendre les électeurs pour des imbéciles,
c'est-à-dire alimenter le terreau des votes d’écœurement. Ce n’est pas
un hasard si les deux candidats qui ont le plus sévèrement dénoncé ces
rapports incestueux entre médias et pouvoir, gauche et droite
confondues, ont fait les deux plus gros scores au premier tour (Front de
Gauche et Front National) face aux deux partis dominants traditionnels
(PS et UMP). Un message à entendre, au lieu de débattre stérilement de
l’éventuel remplacement d’Etienne Mougeotte par Franz-Olivier Giesbert
ou un autre, au lendemain de la victoire annoncée de François Hollande.
Tesson : la tentation du repli sur soi
Pour Philippe Tesson, cette campagne, quelle qu'en soit l'issue, aura
fait un vainqueur : la nation, et une victime : la mondialisation.
On en fait beaucoup, un peu trop même, à propos de la récupération
politique de la fête du 1er Mai. La chose n'est pas nouvelle : 1936,
1947, 1981, 2002, sont autant de précédents mémorables. Comment
l'éviter, cette récupération, surtout lorsque les dates de la fête du
Travail et de l'élection présidentielle coïncident à quelques jours
près, comme c'est le cas depuis 1981 ? Franchement, ce n'est pas
méchant. Il y aura toujours des politiques de gauche pour se glisser
dans le cortège syndical.Toujours des Mélenchon pour croire que la Révolution est arrivée. Toujours des Aubry pour mélanger les genres. Toujours des Duflot, fortes de leurs misérables 2 % pour hurler leur haine. Hollande a été plus malin qu'eux en se défilant du défilé. Très judicieusement, les syndicats relèguent en fond de cortège ces importuns, soucieux de leur propre intégrité et de leur autonomie, comme cette année encore où l'on a vu le patron de FO, Jean-Claude Mailly, préférer défiler à Tunis, et celui de la CFDT, François Chérèque, condamner la récupération politique de la manifestation.
Il est vrai toutefois que cette tradition d'indépendance connut hier une entorse du fait de l'engagement personnel de Bernard Thibault, patron de la CGT, en faveur de François Hollande. Mais ce ne fut qu'une brèche de plus dans l'unité syndicale. Il est vrai également que la tonalité du défilé fut visiblement plus hostile que d'ordinaire à l'action gouvernementale et à la personne du président de la République. Une tonalité plus politique. Mais Nicolas Sarkozy avait fait ce qu'il fallait : sa référence récente au "vrai" travail, bien que corrigée par la suite, était pour les manifestants un prétexte inespéré (ou espéré) à exprimer leur rejet. Sarkozy eut alors beau jeu de répondre aux dirigeants syndicaux : "Votre rôle n'est pas de défendre une idéologie, mais les travailleurs", ajoutant : "Posez le drapeau rouge et servez la France."
Vocabulaire
La France ! Comme ce mot a résonné avec une insistance particulière au cours de cette campagne ! Certes, c'est d'usage. A-t-on jamais connu une élection sans qu'une référence constante soit faite à la France, à son redressement, à sa force, à son destin, son histoire et sa gloire ? Mais cette fois plus que d'ordinaire, avec des accents particuliers dans la bouche de tous les candidats. On était au-delà de la convenance. Quelque chose de nouveau s'est produit au cours de ces derniers mois : les mots de France, de nation, de patrie, de frontières se sont introduits en force dans le vocabulaire des hommes politiques. Allons plus loin et anticipons.Quoi qu'il en soit du résultat de l'élection présidentielle, elle aura fait un vainqueur : la nation, et un vaincu : la mondialisation. Elle aura rassemblé les Français dans une quasi-unanimité autour de la remise en selle de la première et de la remise en cause de la seconde. Telle est sans doute la leçon majeure que l'on doit tirer de cette longue campagne et de sa conclusion.
Défense
On sait le pourquoi de ce phénomène. Il est l'aboutissement d'une crise, apparue il y a quatre ans, et qui se traduit par un profond remuement de nos certitudes. Elle a affaibli notre pays, comme la plupart de ses voisins européens, elle a révélé nos manques, elle menace notre avenir, elle réveille nos peurs. Il était fatal qu'elle provoquât, au-delà des inquiétudes, la tentation d'un repli sur soi. Cette tentation est sensible dans la totalité des discours et des propositions, quel que soit l'endroit d'où ils viennent. Elle est depuis longtemps le fonds de commerce du Front national. Elle domine la pensée des souverainistes, de gauche et de droite. Mélenchon l'exprime à sa façon. Elle a gagné le MoDem. On en entend l'écho dans les propos de Hollande. Et enfin et surtout, elle marque désormais en permanence la réflexion et le discours de Sarkozy.Repli sur soi est un mot fort. Disons plus justement que la France semble aujourd'hui se resserrer sur elle-même, face à un monde dont elle a du mal à suivre l'évolution, un nouveau monde, et face à une Europe en crise qui n'a pas su s'unir comme il aurait fallu devant l'adversité. Chaque famille politique répond à sa façon, en fonction de son idéologie propre, de sa culture et de ses intérêts, à ces données externes, mais toutes le font dans une attitude de défense et de résistance, en invoquant le même principe d'identité et de souveraineté. Ce phénomène, que la présente campagne a révélé, est capable de dominer la politique française au cours du quinquennat qui vient.
Le duel des faux jumeaux
Ils ont grandi tous les deux à Neuilly, ils sont entrés à l’Assemblée
le même jour, ils ont gravi les marches quatre à quatre dans leur
parti, pugnaces et tenaces face au mépris de leurs pairs qu’ils ont
souvent subi…
Les duettistes du soir se sont croisés tant de fois
depuis 25 ans, jusqu’à se tutoyer, et ont tant de fois croisé le fer
dans d’obscurs colloques ou des plateaux télévisés de second rang qu’on
se demande comment ils peuvent encore se surprendre et nous étonner.
Après ce quinquennat bien court et cette longue campagne, on a
l’impression de les connaître par cœur. Nicolas Sarkozy avance depuis
toujours au culot, baïonnette au canon, animé d’une foi en lui sans
mesure. Dans cette campagne, il cogne plus fort, il tire plus à droite.
François Hollande marche à la normalité, avec une rare vivacité
d’esprit, piquée de pointes d’ironie. Depuis deux mois, il ne dévie pas
de sa posture de rassembleur. On devine que le Président va esquiver les
chapitres sur son bilan et son adversaire les questions sur
l’immigration. On pressent un Hollande cherchant à prendre de la hauteur
et un Sarkozy affichant son expérience… On peut penser qu’ils ne
s’étendront pas sur les affaires et les personnages qui pourrissent ce
second tour. Et pourtant, ils devront s’affronter, sans pitié ni
retenue. Pas parce que c’est un jeu. Mais parce que l’enjeu de ce débat
n’est ni plus ni moins que l’avenir du pays plongé dans une crise
profonde. A eux de nous dire ce soir comment ils envisagent de nous
construire cet avenir.
Haute tension
Nicolas Sarkozy électrise cette fin de campagne plus encore qu'il a
électrisé le quinquennat. Donné perdant par tous les sondages, depuis un
an, il compte que cette stratégie de la tension produira un déclic. À
voir son moral, il dispose manifestement d'éléments qui lui permettent
encore d'y croire, malgré l'avance toujours conséquente de François
Hollande.
Jamais un président sortant n'a accusé un tel retard à la veille d'un
second tour. Jamais un tel écart n'a été comblé en quatre jours. Jamais
un débat n'a changé l'ordre d'arrivée. Pour faire exception, il
faudrait que trois conditions cumulées soient remplies.
Primo, Nicolas Sarkozy a besoin d'une forte participation,
et surtout que les abstentionnistes du premier tour le choisissent
davantage que François Hollande. C'est possible, à condition de les
convaincre que les promesses seront tenues.
Secundo, il faudrait que les trois quarts des électeurs FN
votent pour le président sortant. On en est loin. Il n'est pas certain
que l'entreprise de séduction de Nicolas Sarkozy soit d'une grande
efficacité. Les Français détestent qu'on leur force la main. En ne
donnant pas de consigne et en annonçant, place de l'Opéra, qu'elle
voterait blanc, la patronne du FN fait objectivement le jeu de François
Hollande.
Ce qui est le meilleur moyen, pour elle, de préparer le troisième
tour. Ses 17,9 % lui laissent espérer, aux législatives, un maintien
dans plus de trois cents circonscriptions. Elle peut en attendre
quelques députés. Elle espère surtout multiplier les triangulaires, qui
feraient chuter l'UMP, et se rendre incontournable pour recomposer la
droite.
Tertio, il faudrait de bons reports de l'électorat de
François Bayrou dont une partie est tentée par l'abstention.
Curieusement, alors que c'est au centre que Nicolas Sarkozy peut séduire
le plus d'indécis, son discours - frontière comme Front, nation comme
national - reste peu enthousiasmant pour ces catégories.
Cet état des lieux explique les deux stratégies en présence. D'un
côté François Hollande continue de gérer son capital d'intentions de
vote. Son hommage à Pierre Bérégovoy, homme simple, honnête et
rigoureux, répond aussi au désir de rassemblement et de sobriété que les
Français attendent de l'exécutif. De l'autre, Nicolas Sarkozy met le
pays sous tension.
On l'a vu hier, au Trocadéro. En occultant le 1er mai
syndical, célébration internationale des conquêtes sociales, il joue les
travailleurs contre leurs représentants. Mais en leur faisant la leçon,
il accroît le risque d'une rupture de confiance avec les syndicats,
danger qui n'échappe pas à François Fillon, conscient qu'il y aura
besoin d'eux pour mener les réformes. En pointant les corps
intermédiaires, rouages de toute démocratie, il clive, comme on dit,
tout en assurant, dans le même temps, haïr tout ce qui divise.
On le verra ce soir lors du duel télévisé dont il se sent le favori.
Survolté comme jamais, Nicolas Sarkozy va bombarder François Hollande de
chiffres et d'arguments, tenter de révéler son incapacité supposée à
décider. Exercice périlleux, car la sérénité du candidat socialiste peut
l'obliger à une agressivité peu présidentielle. En privilégiant
l'esquive, François Hollande, à l'inverse, prendrait le risque d'une
petite victoire qui serait d'abord la défaite de Nicolas Sarkozy.
Sarkozy plus fiable sur l'Europe que Hollande
47% des personnes interrogées considèrent que Nicolas Sarkozy est "le plus fiable lorsqu'il s'exprime".
Une nette majorité de Français, 65%, considère que Nicolas Sarkozy
est plus capable d'avoir de l'influence au niveau européen que François
Hollande, qui recueille 27% des suffrages, selon un sondage CSA publié
mardi et effectué pour Vigie 2012 et le journal en ligne EurActiv.fr.
Interrogées sur le candidat qui "sera le plus capable d'avoir de l'influence au niveau de l'Union européenne", 65% des personnes répondent Nicolas Sarkozy, 27% François Hollande, 4% "ni l'un ni l'autre", 2% "les deux", et 2% ne se prononcent pas.
Les électeurs de l'UMP au premier tour (97%), ceux de François Bayrou (84%) et ceux de Marine le Pen (71%) sont le plus convaincus que Nicolas Sarkozy aura le plus d'influence. Ceux de François Hollande se prononcent majoritairement pour leur candidat (62%). Ceux de Jean-Luc Mélenchon sont partagés, 43% pour le candidat socialiste, 45% pour celui de l'UMP.
L'écart entre les deux candidats "est en partie à mettre sur le compte du statut actuel de Nicolas Sarkozy qui a déjà eu l'occasion de faire preuve de ses capacités à agir au niveau européen, à la différence de François Hollande", estime CSA.
Par ailleurs, 47% des personnes interrogées considèrent que Nicolas Sarkozy est "le plus fiable lorsqu'il s'exprime", 43% répondant François Hollande, 6% "ni l'un ni l'autre", 3% "les deux" et 1% ne se prononcent pas.
"Tandis que les électeurs respectifs des deux candidats qualifiés pour le second tour considèrent assez logiquement et de manière très large que leur candidat est le plus fiable, ceux des arbitres du second tour, François Bayrou et Marine Le Pen dans une moindre mesure, sont plus partagés", relève CSA: 55% des électeurs de Marine Le Pen considèrent que Nicolas Sarkozy est plus fiable tandis que 31% choisissent plutôt François Hollande. De même, les électeurs du candidat du MoDem penchent davantage pour Nicolas Sarkozy (45%) mais 39% voient François Hollande comme plus fiable.
Sondage réalisé par téléphone les 24 et 25 avril auprès d'un échantillon représentatif de 1.004 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas.
Interrogées sur le candidat qui "sera le plus capable d'avoir de l'influence au niveau de l'Union européenne", 65% des personnes répondent Nicolas Sarkozy, 27% François Hollande, 4% "ni l'un ni l'autre", 2% "les deux", et 2% ne se prononcent pas.
Les électeurs de l'UMP au premier tour (97%), ceux de François Bayrou (84%) et ceux de Marine le Pen (71%) sont le plus convaincus que Nicolas Sarkozy aura le plus d'influence. Ceux de François Hollande se prononcent majoritairement pour leur candidat (62%). Ceux de Jean-Luc Mélenchon sont partagés, 43% pour le candidat socialiste, 45% pour celui de l'UMP.
L'écart entre les deux candidats "est en partie à mettre sur le compte du statut actuel de Nicolas Sarkozy qui a déjà eu l'occasion de faire preuve de ses capacités à agir au niveau européen, à la différence de François Hollande", estime CSA.
Par ailleurs, 47% des personnes interrogées considèrent que Nicolas Sarkozy est "le plus fiable lorsqu'il s'exprime", 43% répondant François Hollande, 6% "ni l'un ni l'autre", 3% "les deux" et 1% ne se prononcent pas.
"Tandis que les électeurs respectifs des deux candidats qualifiés pour le second tour considèrent assez logiquement et de manière très large que leur candidat est le plus fiable, ceux des arbitres du second tour, François Bayrou et Marine Le Pen dans une moindre mesure, sont plus partagés", relève CSA: 55% des électeurs de Marine Le Pen considèrent que Nicolas Sarkozy est plus fiable tandis que 31% choisissent plutôt François Hollande. De même, les électeurs du candidat du MoDem penchent davantage pour Nicolas Sarkozy (45%) mais 39% voient François Hollande comme plus fiable.
Sondage réalisé par téléphone les 24 et 25 avril auprès d'un échantillon représentatif de 1.004 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas.
Comment la gauche a fait accroire qu'elle est le camp de la morale
Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en
feuilleton et alors que François Hollande fait figure de favori des
sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point sur les grandes
lignes des politiques passées et à venir des socialistes. 16ème épisode :
La gauche et la moralité.
La gauche joue volontiers les Père la Morale. Pour l’immense majorité des gens de gauche, il est évident que leur camp est le plus moral. Cette conviction alimente l’intolérance que l’on connaît.
Certaines
turpitudes de la droite étalées au grand jour : les affaires des
sous-marins du Pakistan et d’Arabie saoudite, séquelles du combat
fratricide Chirac-Balladur de 1995, semblent conforter ces préjugés.
D’autres,
plus récentes, sont venues à la surface telle l’affaire
Woerth-Bettencourt. Le comportement du président Sarkozy, qui voudrait
que la vie politique française perde ses complexes par rapport à
l’argent, sa familiarité ostensible avec quelques grandes fortunes, à la
manière des présidents américains, font mauvais effet.
Personne
n’a cependant dit que François Mitterrand était beaucoup plus proche
des Bettencourt que ne le fut jamais Nicolas Sarkozy.
L’éducation à l’ancienne du président socialiste le rendait plus discret
dans ses relations avec les grandes fortunes, avec lesquelles, bien
avant 1981, il avait noué, une à une, des liens étroits.
Mais le plus grave n’est pas là : le
bruit fait autour d’affaires récentes tendrait à faire oublier que
c’est d’abord sous le règne de Mitterrand que la grande corruption s’est
répandue au plus haut niveau de l’État.
Plus
sa vie privée s’éclaire, plus nous savons aujourd’hui que Charles de
Gaulle se situait très au-dessus de toutes ces tentations. Rien ne
laisse supposer que Georges Pompidou aux relations mondaines étendues,
ait mélangé les genres. Ce que l’on a reproché à Valéry Giscard
d’Estaing, avoir accepté quelques diamants offerts par Bokassa, empereur
d’opérette de Centrafrique, apparaît avec le recul bien futile si on le
compare à des affaires où se sont trouvés impliqués certains de ses
successeurs.
Nous ne pouvons
qu'évoquer les titres des nombreux scandales ayant éclaté au temps de
Mitterrand, qu'ils concernent les affaires intérieurs ou les affaires
internationales.
Affaires intérieures : Urba, Péchiney-Triangle, Irlandais de Vincennes, Elf, Société générale.
Affaires
internationales : le plus grave scandale des trente dernières années
est assurément celui des frégates de Taïwan. Les montants financiers en
cause sont supérieurs à ceux des autres affaires qui ont été
mentionnées. Rappelons en les éléments : pour vendre des frégates à
Taiwan, la France a dû verser des commissions aux autorités de Taipeh,
mais aussi, pour garantir leur neutralité, à celles de Pékin. Une partie
de ces commissions qui s’élèveraient au total à 520 millions de dollars
ont été reversées à des Français, hommes politiques ou autres, sous la
forme scabreuse de « rétro-commissions ». L’affaire se corse quand on
sait que, à la suite d’une condamnation par un tribunal taïwanais, le
contribuable français devra reverser une partie de ces commissions au
gouvernement de Taipeh. Cette énorme affaire s’est nouée à l’Élysée sous
le second septennat de Mitterrand. Absolument rien n’a filtré en
justice, toute investigation ayant été bloquée par le "secret défense".
Confidence d’un ancien ministre de la Défense : environ quinze
personnes auraient été assassinées parce qu’elles en savaient
D’autres affaires ont éclaboussé les deux
septennats de Mitterrand. Ainsi son amitié avec Bousquet, principal
organisateur de la déportation des juifs de France[1] . Et surtout les systèmes d’écoutes installés à l’Élysée qui ont touché plusieurs centaines de personnes. Le paradoxe est que ces dérives policières du régime sont le fait d’un homme qui avait au début de la Ve République
endossé l’habit du républicain intransigeant résistant à des méthodes
dictatoriales, dénoncé le "coup d’état permanant", alors même qu’on sait
aujourd’hui le général de Gaulle ne s’était, lui, jamais abaissé à de
pareilles pratiques.
La moralité publique n’est pas seulement affaire d’argent.
Il
n’est certes pas de bon ton aujourd’hui de remettre en cause ce qu’il
est convenu les acquis de la libération sexuelle : avortement et divorce
facilités, reconnaissance légale de l’homosexualité au travers du Pacs.
Tout cela ne fait pas partie des acquis sociaux, mais de ce qu’il
faudrait appeler les acquis sexuels.
Même
si les mœurs des hommes politiques ne sont sans doute pas, quant au
fond, différentes entre la droite et la gauche, la gauche a, plus que
d’autres, porté haut les valeurs de l’émancipation sexuelle. Les vices
des hommes de droite demeurent une affaire privée, plus ou moins
honteuse, ils sont pour la gauche post-soixante-huitarde, un parti pris
philosophique. Le progrès est de "jouir sans entrave" : « il est
interdit d’interdire ! »
Il est vrai
que l’acceptation des logiques de la mondialisation et de l’Europe par
le parti socialiste ne lui laisse guère de marge de manœuvre en matière
proprement sociale. Il y a un lien intrinsèque, nous y reviendrons,
entre l’ouverture généralisée des frontières et la montée des
inégalités. Sans écluse, plus de projet social possible, comme l’a bien
vu Arnaud Montebourg, partisan de la "démondialistion". On a évoqué les
conséquences calamiteuses de la dernière tentative de réaliser sur le
seul territoire français une avancée sociale : les 35 heures ;
aujourd’hui aucune réforme de ce genre n’est plus possible. De
ce fait, les principales "avancées" que propose aujourd’hui la gauche
touchent les mœurs, spécialement les questions ayant trait au sexe : en
1998, la loi Neiertz abolit le volet social de la loi Veil pour
faciliter l’avortement tenu pour un signe d’émancipation et non pas
drame, le Pacs est institué en 1999. Principal point du
programme de François Hollande : l’instauration d’un véritable mariage
homosexuel. Comme le dit crûment un vieux militant communiste, le
socialisme, ce n’est plus, comme autrefois, la revendication des ventres
creux, le socialisme du ventre, c’est le socialisme du cul ! Il ne
croyait pas si bien dire.
C’est tout
cela qui rend l’affaire Strauss-Kahn particulièrement emblématique.
Loin d’être un accident de parcours, comme on tend à nous le faire
accroire, elle constitue la pointe extrême, si l’on peut dire, d’une
certaine évolution de la gauche française.
Dans l’univers libéral libertaire qui est
désormais celui de ce que nous appellerons la haute gauche (comme on
parlait autrefois de la haute bourgeoisie), incluant les "milliardaires
de gauche" qui s’offrent Le Monde ou Libé,
Strauss-Kahn est apparu comme l’emblème d’un certain accomplissement :
riche, brillant, viril et, plus que d’autres, émancipé au de tous les
"tabous judéo-chrétiens" qui pouvaient empêcher de jouir un homme de son
calibre. La manière lamentable dont l’histoire s’est terminée a montré
où conduisait ce genre de logique. Par-delà l’impact proprement
politique, elle a été, pour les héritiers de mai soixante-huit, un
véritable choc culturel. On ne saurait comprendre sans cela son immense
retentissement.
Ceux qui croient encore que le parti socialiste est le parti de la morale ne devraient pas l’oublier.
______________________
[1] Auprès de Bousquet, Papon, dont le procès fut médiatisé, ne fut qu’un comparse de troisième rang.
trop sur
cette affaire sans que rien n’en soit jamais venu à la surface !
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