lundi 3 novembre 2014
L'avenir du futur
L'avenir du futur
Ils doivent le savoir : les politiques nous surestiment. Habitués à résoudre sans faiblir les maux les plus difficiles tel le chômage, habités par une vision que personne ne peut leur contester, ils pensent que nous sommes à leur image. Et ils nous proposent des objectifs certes exaltants mais largement au-dessus de nos forces. Mme Royal a ainsi expliqué que notre société était en mutation, que ce qui a fait la puissance du pays hier n’aurait plus le même le poids demain et qu’il convenait de se préparer à ces changements. Raisonnement imparable. Bref, a-t-elle conclu, il faut dessiner « l’horizon du futur ». Beau programme mais lourde tâche. Déjà, dans le présent, l’horizon a la sotte tendance de s’éloigner au point qu’on ne l’atteint jamais. Alors l’horizon au futur…
La France « apaisée » de François Hollande
La France « apaisée » de François Hollande
Mais où est-elle cette France apaisée promise par François Hollande ? Sans aller jusqu’à transformer en insurrection générale des spots de guérilla urbaine déclenchés par des groupuscules extrémistes. Sans verser dans une instrumentalisation du décès tragique de Rémi Fraisse, quand une Cécile Duflot trop pressée dénonce la « tache indélébile » sur le gouvernement et un José Bové trop content invoque la « violence légitime sur les biens ». Sans oublier que, ravages de la crise obligent, Nicolas Sarkozy redoutait déjà pour la France un scénario à la grecque (d’où sans doute une retenue toute en maturité de l’opposition)… Malgré ces nuances, il est difficile de ne pas lier ces explosions de violence avec l’affaiblissement du pouvoir, de ne pas corréler le mépris inédit pour la puissance publique avec le rejet sans précédent du gouvernement, de ne pas rapprocher l’acharnement contre les forces de l’ordre avec le recul de l’Etat de droit. Intermittents, Bonnets rouges, casseurs de Sivens et d’ailleurs… Le gouvernement n’a eu de cesse de tergiverser, puis de reculer laissant à chaque fois accroire que l’exécutif délaisse l’intérêt général sous la pression de minorités. Pire, qu’il est prêt à renier sa parole, à nier le vote démocratique, à désavouer les accords sociaux faute de résister à des activistes anti-système. Comment ne pas voir que cette crasse faiblesse précipite le populisme, la fin de notre contrat social, la décomposition d’une société civile réduite à un agrégat d’« individus-atomes » (Alain Minc), de « résignés-réclamants » (Jacques Attali), cherchant dans un Etat corporatiste quelques compensations à leur servitude ? La France de François Hollande : un pays désespéré.
C’est difficile, de faire des économies
Bon, le budget, aussi pourri soit-il, a fini par passer à Bruxelles. C’était parfaitement prévisible, et le psychodrame en carton n’a trompé que les plus naïfs. Cependant, le problème initial (trouver des sous) reste entier. L’État est exsangue, et avec la brochette de clowns de compétition qui le gouvernent, on se demande exactement comment il va parvenir à boucler son année.
Le plus drôle, dans ce constat économique désolant, est la propagande détendue dont font preuve les médias qui, il faut bien le leur accorder, ne savent absolument pas où donner de la tête. Noyés dans des informations contradictoires qui leur arrivent en vrac, délivrées par des politiciens tous plus avides d’exposition médiatique que de souci de cohérence, nos fiers organes de presse subventionnés se relaient pour expliquer aux Français que, si la situation est critique, elle n’est pas désespérée et que, déjà, on aperçoit des lueurs d’espoirs.
Je n’ai pu ainsi m’empêcher de glousser en tombant sur les différents articles relatant, avec de gros titres bien aguicheurs, toutes les économies enfin générées par le fameux choc de simplification que nos preux gouvernants ont provoqué à la force de leurs petits bras musclés.
Pour les Échos, on apprend ainsi que l’économie globale, pour la France, des gros paquets joufflus de mesures annoncés ces douze derniers mois aurait atteint 2,4 milliards d’euros, selon un chiffrage aux petits oignons effectué par les services de l’État, pas du tout juge et partie dans l’affaire. Pour rappel, en avril dernier, une cinquantaine de mesures avaient été présentées par Mandon, le secrétaire d’État en charge de cet épineux dossier, mesures que le papier des Échos ne rappelle pas en détail (c’est dommage), et qui se contente de claironner, de concert avec Bercy, quelques conditionnels putatifs hypothétiquement probables sur les gains réalisés, en notant toutefois que « parmi les mesures présentées en avril, très peu sont appliquées à ce jour », sans pour autant s’étonner qu’on ait déjà pu économiser autant.
Pour Le Figaro, c’est 11 milliards d’économies qu’on atteindra courant 2017. La trajectoire est connue, le guidon est fermement tenu, les petites jambes pédalent, la tête est baissée, et … l’article enfile alors des mesures qui, si elles simplifient assurément la vie des Français concernés, laissent franchement perplexe en ce qui concerne les 11 milliards annoncés, qui ne sont pas du tout, contrairement à ce que la tendance actuelle laisse penser, une petite somme : congés d’été des boulangers organisés librement, apprentissage assoupli pour les mineurs, petit nettoyage de la définition de « jour » dans le code du travail, différents bricolages technoïdes (oraux du bac par visioconférence, « chat » avec Paul Employ, etc.)… Bref, on peine franchement à voir dans cette litanie de petits ajustements certes utiles mais vraiment pas fondamentaux autre chose qu’une amélioration à la marge des conditions dantesques des contraintes bureaucratiques et administratives en France. Quant à croire que ceci va vraiment permettre d’économiser 11 milliards d’euros, cela relève d’un vœu pieux quasi enfantin.
Par analogie, ce choc de simplification représente tout au plus le dépôt d’un peu d’huile dans les rouages d’une porte de prison aux 58 verrous. Ils seront plus faciles à fermer et à ouvrir (chouette !), la porte ne grince plus lorsqu’elle se referme (youpi !) et ce nettoyage de la cellule assure une hygiène décente (hourra !), mais les murs sont toujours aussi épais, et les gardiens se foutent toujours aussi ouvertement de votre gueule.
Car pendant le temps où on nous détaille les calculs de Bercy concernant ce fabuleux choc de simplification, on découvre que les (encore très) hypothétiques économies réalisées seront bien vite englouties dans différentes gabegies dont l’État a le secret.
Par exemple, comment ne pas mettre en face de ces économies les émoluments en hausse croissante des conseillers ministériels ? Pendant que Bercy prétend économiser des milliards avec des « tickets resto dématérialisés », la rémunération des conseillers ministériels a augmenté en moyenne de 7,1% entre 2013 et 2014 et leurs primes ont grossi de 4,3% sur la même période, soit une augmentation moyenne de 6,5% de plus cette année que l’an passé.
Par exemple, comment oublier, d’un coup, le magnifique fiasco de l’écotaxe qui va, selon toute vraisemblance, coûter à l’État français (et donc, à tous les contribuables) largement plus que les modiques économies réalisées par ces petits ajustements paperassiers ? Eh oui : cette taxe, que les camions (puis les voitures) n’auront finalement pas à payer le sera, de façon détournée, par l’ensemble des contribuables à la suite d’un procès qu’on sent déjà long, riche en rebondissements débiles, en déclarations ridicules et en petites phrases stupides, entre l’État (et son actuel gouvernement) et la société Ecomouv’, officiellement en charge de la collecte de la défunte taxe.
Et lorsqu’on voit les sommes en jeu, on comprend qu’il va y avoir du sport, ne serait-ce que dans les estimations de ce que tout ce bordel endimanché va nous coûter, la presse, comme à son habitude, barbotant dans l’incertitude et l’approximation globale. Pour Le Monde, ce sera plus de deux milliards d’euros. Peut-être. En tout cas, HuffPost évoque un milliard, et Le Figaro, certainement plus d’un. En tout cas, difficile de faire la part des choses entre la bêtise de nos dirigeants lors du précédent gouvernement et celle de ce gouvernement-ci. Le capitalisme de connivence, bien gras, bien dégoulinant, qui aura présidé à l’instauration de cette taxe idiote et la création de la société collectrice se dispute avec les manœuvres gênées des actuels dirigeants qui, après deux ans d’atermoiements pathétiques, se décident à laisser tomber le bazar, une fois que toutes les infrastructures sont en place et que les salariés sont déjà en poste. Le temps de réaction de ces gens (pour une facture minimale de 800 millions, quoi qu’il arrive, je vous le rappelle) laisse perplexe dans un monde qui va toujours plus vite. Et lorsqu’on apprend que ces mêmes mollassons vont triturer le contrat (au demeurantsigné en juillet 2013 par … Bernard Cazeneuve) par tous les bouts pour tenter d’y trouver une faille et se sortir du pétrin dans lequel l’autre majorité d’abrutis les a poussés, on voit déjà se dessiner la coûteuse bérézina.
Mais ne vous inquiétez pas. Entre les petites réductions des uns, les petites augmentations des autres, les ajustements micrométriques ici et les nano-rabotages par là, tout se passera bien, forcément. S’il faut des miracles pour sauver le pays, le gouvernement fera des miracles. Je vous le rappelle :
Le socialisme, vraiment, c’est magique™.
Sivens: Ségolène Royal et "l'erreur d'appréciation" du gouvernement
Le barrage de Sivens participe d'une "erreur d'appréciation" et sa construction "ne serait plus possible aujourd'hui", affirme dimanche Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie.
Il y a eu "une erreur d'appréciation" dans la décision de construire le barrage de Sivens dans le Tarn et "un tel ouvrage ne serait plus possible aujourd'hui", a estimé dimanche la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
"Il y a eu manifestement une erreur d'appréciation", a déclaré la ministre lors du Grand Rendez-vous La Monde/i Télé/Europe 1. "La durée de la réalisation, d'obtention d'autorisations, des délais, est beaucoup trop longue sur ce type d'équipement, ce qui fait qu'au moment où les travaux commencent, souvent les ouvrages sont périmés", a-t-elle expliqué. "Aujourd'hui, une décision de construction d'un ouvrage tel que celui-ci ne serait plus possible".
Réunion mardi avec les élus locaux
Interrogée sur un possible arrêt du projet, Ségolène Royal a dit ne pas vouloir "se substituer" aux élus locaux, qui sont maîtres d'ouvrage, mais la ministre a rappelé qu'elle les recevrait mardi pour "trouver des solutions".
"Le moment est venu de donner une suite au rapport que j'ai commandité (...) ma responsabilité est de trouver des solutions, l'objectif de cette réunion, c'est de trouver des solutions", a-t-elle dit. "Nous allons examiner ensemble, avec les deux experts mandatés, les différents scenarii possibles", a déclaré la ministre.
Condamnation des violences lors des manifestations
Ségolène Royal a condamné les actes de violence qui ont émaillé depuis plusieurs jours des manifestations en mémoire à Rémi Fraisse, le jeune militant écologiste décédé sur le chantier du barrage.
"Je condamne toutes les formes de violence qui ont eu lieu, notamment de la part de personnes qui n'ont rien à voir avec le territoire, ni la protection environnementale", a-t-elle affirmé.
Les investisseurs américains abandonnent la France
Cette fois, c'est hélas confirmé : les investisseurs américains ne veulent plus de nous et ils estiment avoir de sérieux arguments.
À propos d'image de la France aux États-Unis, au propre comme au figuré, il en est une et même deux qui ont choqué, mais aussi beaucoup fait rire - de commisération - les hommes d'affaires américains : les photos officielles de François Hollande et de ses ministres, lors des réceptions, le 4 février dernier, des grands patrons de ces entreprises américaines installées en France - le président mondial de General Electric était venu spécialement des États-Unis -, et le 17 octobre d'une trentaine de présidents internationaux lors d'une réunion à l'Élysée du dérisoire et prétentieux Conseil "stratégique de l'attractivité" (sic).
Chaque année à la même époque, la chambre de commerce américaine en France (l'AmCham) publie les résultats de son baromètre sur le moral des investisseurs américains à partir d'une étude du cabinet de conseil Bain & Company. Pour cette quinzième étude annuelle, les résultats sont très mauvais : ils ne sont plus que 12 % à avoir une "perception positive" ("bonne" ou "excellente") de la France "par rapport à d'autres destinations d'investissement".
Quand on sait qu'ils étaient 56 % en 2011, la chute de l'image de la France est spectaculaire. L'année de l'arrivée de François Hollandeà l'Élysée, ils étaient déjà tombés à 22 % en 2012. Pour être précis, ce sont les dirigeants des filiales françaises qui sont interrogés par Bain & Company sur "la perception de la France" par leur maison mère des États-Unis, les Américains étant très présents dans l'Hexagone avec 4 000 entreprises employant 440 000 salariés, comme le souligne Les Échos en date du 24 octobre.
Au chapitre des perceptions négatives ("mauvaises"), la hausse est énorme, par contrecoup, celles-ci passant de 15 % en 2011 à 34 % en 2013, pour finir à 46 % en 2014 ! Le balancier a brutalement changé de côté et les investissements américains créateurs d'emplois ont déjà commencé à chuter de 22 % en 2013, selon l'Afii, l'Agence française pour les investissements internationaux. Dernier élément significatif de cette enquête : lorsqu'il est demandé à ces dirigeants d'entreprises américaines installées en France s'ils recommanderaient la France à leurs amis américains qui souhaitent investir à l'étranger, ils ne sont plus que 2 % à nous mettre une bonne note, autant dire zéro !
Sans trop entrer dans les détails, il n'étonnera personne de sensé que les principaux problèmes soulevés par l'AmCham tournent autour de la réforme du marché du travail, de l'allégement de la fiscalité et du poids démesuré de l'administration dans l'économie. À propos du marché du travail, il faut clairement mettre au passif de notre pays l'impact outre-Atlantique d'affaires interminables de type Goodyear, de prises d'otages de cadres non condamnées ou de l'interventionnisme rétrograde de l'État dans des entreprises paraît-il "stratégiques" comme Peugeot. Sans compter les grèves fréquentes et abusives des soi-disant défenseurs du "service public" qui, en réalité, ne défendent que leurs privilèges, les moulinets maladroits et les vociférations intempestives d'un Arnaud Montebourg lorsqu'il était ministre de l'Économie, les interventions mortifères de l'inconsciente verte Cécile Duflot avec sa loi Alur sur la construction ou du marxiste borné Benoît Hamon sur les nouvelles contraintes qu'il a installées à l'encontre des entreprises quand les dirigeants veulent céder leur société. L'addition des mauvaises manières finit toujours par être présentée à la fin du repas, même et surtout en cas d'indigestion.
Pour ces deux événements et pour les deux photos-souvenirs officielles, les puissants personnages étrangers que l'État voulait séduire ont été relégués au deuxième ou au troisième rang, le premier étant occupé par François Hollande et sa brochette de ministres convoqués pour l'occasion. Aux États-Unis, lorsqu'on reçoit des invités que l'on veut honorer, on les place au premier rang sur les photos et on se met en retrait. C'est une question d'éducation et une question d'intelligence des situations, l'une et l'autre ne faisant pas partie apparemment de la boîte à outils présidentielle.
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