Marine présidente ! Ce n’est plus seulement le souhait de ses électeurs mais une possibilité envisagée par un sondage IFOP paru dans Le Figaro de samedi et qui tétanise les partis de l’UPMS et les éditocrates de l’establishment (1). Pour la première fois, un sondage place Marine Le Pen en tête du second tour. Une confrontation avec François Hollande donnerait 43 % pour la présidente du Front national, 38 % seulement pour l’actuel chef de l’Etat.
Et une Marine Le Pen qui, au premier tour « et quel que soit son adversaire », arrive largement en tête. Recueillant 32 % des intentions de vote, elle devance François Fillon de quinze points et Alain Juppé de six : 32 -17 dans le premier cas de figure, 30 -24 dans le second. Le score se resserre un peu avec Nicolas Sarkozy : 28 -25 . Marine Le Pen se présente désormais en recours, au cas où le président de la République se résoudrait à dissoudre l’Assemblée, comme la présidente du Front national le demande. « Pour l’UMPet le PS, le temps de la facilité est terminé. Maintenant, il va falloir combattre idée contre idée, projet contre projet. » Sur l’immigration, sur l’insécurité, sur l’islamisation de certains quartiers, sur l’UE et l’euro, sur la préférence nationale… Des terrains où le Front national dispose d’un avantage certain sur ses adversaires. De Rome, où il festoyait dimanche avec la gauche italienne, Manuel Valls lance un cri d’alerte à la gauche : « L’extrême droite est aux portes du pouvoir. » Et l’UMPS au bord du gouffre ? Au nom du danger FN, le Premier ministre exhorte les élus de gauche à l’unité. Les « frondeurs » crient au « chantage ».
Ce sondage, peut-être historique par la tendance qu’il indique (mais qui ne fait, somme toute, que confirmer les élections de mars et mai 2014 en les amplifiant) bouscule bien des certitudes et plonge les dirigeants de l’UMPS dans un grand désarroi, que reflète bien l’affolement de Manuel Valls. Il achève de démoraliser une gauche déjà dans le trente-sixième dessous et va accroître un peu plus les tensions au sein de l’UMP. En effet, si Sarkozy fait mieux que ses concurrents pour décrocher la seconde place derrière Marine Le Pen lors du premier tour, en revanche, au second, il fait moins bien que Juppé. L’UMP, en plein dilemme, a donc un candidat pour le premier tour, et un autre pour le second. Avec Fillon dans les choux, mais qui s’accroche…
D’un choc l’autre
Vendredi un sondage, réalisé avant la parution du livre de Valérie Trierweiler, chiffrait l’impopularité record de François Hollande à 13 % de satisfaits. Dimanche, un autre sondage paru dans le JDD indiquait que 85 % des électeurs français ne souhaitaient pas voir l’actuel président se représenter en 2017. Les sondages, pour Hollande, se suivent et se ressemblent : tous semblables à des faire-part de décès…
Après le choc de compétitivité (raté), le choc Treierweiller (réussi pour cette dernière), le choc, donc, des sondages. On comprend que François Hollande, en train de boire la tasse dans la vague bleu Marine, soit choqué. C’est bien l’impression que ce président désormais en loques donnait vendredi après-midi au sommet de l’OTAN. Même Le Monde, quotidien pro-Hollande, parle d’une « légitimité personnelle en lambeau » et d’une « légitimité politique en ruine ». Son illégitimité devient donc de plus en plus apparente ? « Le président normal qui entendait établir une frontière étanche entre vie publique et vie privée pour mieux rétablir la dignité de sa fonction, se trouve – par sa faute – plongé dans des feuilletons indécents. »
Parmi tous les chocs que François Hollande encaisse actuellement, il faut sans doute y ajouter celui de son orgueilleuse et arrogante anaphore qui lui revient en pleine figure avec une violence inouïe, tant la réalité de son quinquennat est contraire à ses rodomontades de campagne.
Une descente aux enfers dans laquelle le président déguenillé entraîne aussi son Premier ministre : la cote de popularité de celui-ci s’amenuise également à vitesse accélérée. Pour Manuel, c’est la valse à l’envers… Hollande croyait, en le nommant à Matignon, pouvoir vampiriser un peu de sa popularité. C’est le contraire qui se produit.
Alors, la dissolution ? Marine Le Pen, lors de son discours de clôture de l’Université du Front national de la jeunesse qui se tenait ce week-end à Fréjus, l’a jugé « inévitable ». Elle n’est d’ailleurs plus la seule à le penser et à le dire. Y compris d’ailleurs un certain François Hollande lui-même, puisqu’en 2006 il écrivait : « Je ne crois plus à la possibilité de venir au pouvoir sur un programme pour cinq ans dont il n’y aurait rien à changer au cours de la mandature. Je pense qu’il y a forcément un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature. » Nous y sommes !
Mais, se démentant une fois de plus lui-même, François Hollande, bien qu’au fond du gouffre, affirmait vendredi en direct du sommet de l’OTAN, la mine décomposée : « J’ai été élu pour cinq ans par le peuple français, je suis à mi-mandat, il n’y a pas de sondage, aussi difficile soit-il (…), qui puisse interrompre le mandat que donne le peuple au président de la République. J’agis et j’agirai jusqu’au bout. » Jusqu’au bout de l’échec et du rejet qu’il inspire désormais aux Français ? Dimanche, Marine Le Pen a dénoncé un quinquennat « crépusculaire ». Que l’heure du redressement national vienne vite chasser ce crépuscule bruineux avant qu’il ne se fasse plus sombre…
(1) Cet anglicisme désigne, rappelons-le, « un groupe puissant de gens installés qui défendent leurs privilèges et leurs positions sociales ». Et Dieu sait si nos dirigeants sont bien installés, et depuis longtemps, dans leurs prébendes…