lundi 25 août 2014
Rentrée de tous les dangers : François Hollande doit-il craindre l'explosion sociale et politique ?
Chômage, baisse du pouvoir d'achat, plans sociaux, gel des salaires de la fonction publique... Pour Eric Verhaeghe, tous les éléments sont réunis pour une rentrée explosive.
Comme avant chaque rentrée depuis plusieurs années (le phénomène a commencé sousNicolas Sarkozy, et s'amplifie constamment depuis), les couloirs des palais républicains retentissent des mêmes murmures: y aura-t-il une explosion sociale ou politique dans les semaines à venir? On ne dit probablement pas assez aux Français que cette grande peur du pouvoir face à un tsunami spontané qui submergerait les institutions guide une partie essentielle des politiques publiques: le pouvoir, coupé de la réalité, a peur des réactions populaires et, pour cette raison, renonce trop souvent à changer ce qui doit l'être, par crainte des mobilisations qu'une réforme trop ambitieuse peut nourrir.
Probablement plus que les autres années, 2014 s'inscrit dans la tradition maintenant bien ancrée de cette grande peur institutionnelle: et si les Français exprimaient leur ras-le-bol en donnant, comme ils l'ont fait à plusieurs reprises par le passé, un grand coup de pied dans la fourmilière du régime? Les scénarios par lesquels ces coups de pied-là arrivent sont bien connus. Un peu de tension sourde dans la société, quelques débrayages en guise de premières secousses, puis un blocage des universités qui s'étend plus ou moins rapidement à l'ensemble de la société, comme ce fut le cas en 1968.
De façon assez curieuse, alors que le moindre risque naturel est aujourd'hui documenté et détaillé, les risques sociaux sont mal connus et assez peu étudiés sous l'angle de la prévision. Le gouvernement ne dispose d'aucun indicateur «sismique» qui lui permette d'anticiper efficacement les convulsions sociales, et en dehors des notes rendues par les anciens renseignements généraux dont plus personne ne connaît le nouvel acronyme, il est incapable d'ausculter l'état d'esprit qui domine dans le pays réel.
Cette lacune est regrettable, car il est vrai que plusieurs indices concordent pour étayer la représentation d'une France au bord de l'explosion collective.
Les deux éléments les plus génériques sont bien connus. Premièrement, la France s'enfonce dans une stagnation économique qui érode le pouvoir d'achat, produit du chômage et, pire, une angoisse du chômage totalement castratrice pour la prospérité collective: qui oserait emprunter sur vingt ans pour s'acheter une maison aujourd'hui, quand les entreprises licencient à tour de bras? Deuxièmement, l'amateurisme ridicule avec lequelFrançois Hollande (très mal conseillé par les économistes arrogants et incompétents qui entouraient Moscovici) a certifié lors de plusieurs interventions publiques que la reprise était en cours constitue un important facteur de perturbation. François Hollande et son équipe sont manifestement dépassés par la situation, et peu de Français peuvent accorder, dans une période aussi difficile, du crédit à un président qui s'est, sans que personne ne l'y pousse, paré d'un costume beaucoup trop petit pour la pièce qu'il était supposé jouer.
Au-delà de ces évidences, le pays réel émet d'autres signaux qui ont de quoi inquiéter. En particulier, la vigueur dont le mouvement des intermittents du spectacle fait encore preuve prouve que la conflictualité sociale est, en France, à fleur de peau. Il nous manque ici un suivi exhaustif des grèves et autres débrayages dans le pays pour mesurer l'état réel de cette conflictualité. Sur ce point, il faut se garder d'une vision à l'emporte-pièce, car le nombre global de jours de grève reste très bas, alors que les plans sociaux sont légions, et que les indemnités de licenciement sont globalement en baisse par rapport à ce qu'elles pouvaient être il y a trente ans. Néanmoins, on peut dater de l'automne 2013 l'émergence d'une conflictualité durable, d'une intensité faible sans doute malgré quelques pics comme le mouvement des bonnets rouges ou les grèves à la SNCF, mais qui paraît s'être installée dans le paysage. Ce facteur nouveau est à ranger au compte des signaux faibles qui justifient une crainte particulière pour la rentrée.
Dans cet écosystème social difficile à cerner de façon monolithique, il faut probablement pointer des signaux encore plus faibles émis dans les rangs des services publics. Le gouvernement s'est en effet résolu à diminuer les dépenses des administrations, mais il n'a, pour le faire, aucune stratégie d'ensemble. En particulier, la direction générale de la fonction publique s'est définitivement perdue dans une vacuité hallucinante que l'abandon de la RGPP, pourtant critiquable en son temps, souligne de façon cruelle. La majorité avait beaucoup dénoncé les logiques comptables en vigueur sous Nicolas Sarkozy, mais elle en donne à son tour un exemple encore plus caricatural.
Ce point-là doit être suivi de près. Les salaires sont officiellement gelés depuis plusieurs années dans le service public, ce qui correspond au degré zéro de la gestion des ressources humaines. Ce gel est le prix à payer pour un maintien du nombre global d'emplois choisi par la majorité au pouvoir. Il est porteur de risques: les fonctionnaires ne progressent plus, et les moyens dont ils disposent pour remplir leur mission sont en constante diminution. Quelle entité productive peut ne pas exploser lorsque, à volume de travail constant, il n'existe aucune stratégie de réorganisation, aucune perspective d'évolution, et que les moyens diminuent jour après jour ?
Ce sont les armées qui sont les principales victimes de cette politique sans imagination, et, par nature, les armées obéissent sans état d'âme (moyennant quoi le gouvernement râpe petit à petit les attributs de notre puissance par peur de réformer le pays sans qu'un véritable contre-pouvoir ne s'oppose à ce suicide discret). Mais d'autres corps ne sont pas épargnés par ce mouvement. Des rumeurs parcourent les universités sur l'hostilité des enseignants aux réformes techniques opérées par leur ministre (en l'espèce des regroupements mal expliqués d'universités). Certains évoquent l'idée que ces enseignants pourraient stimuler un mouvement étudiant pour parvenir à leurs fins.
Tout cela n'est évidemment que conjecture. Mais le gouvernement se trouve incontestablement dans une impasse: la baisse du rendement de l'impôt l'oblige à trouver 10 milliards supplémentaires sur le budget 2014, ce qui est colossal dans une période de quasi-récession. Tôt ou tard, François Hollande devra faire son voyage à Canossa et lister clairement les interventions de l'Etat auquel il renonce. Jusqu'ici, il a cherché à amuser la galerie en assurant que la santé serait gratuite pour tous, que les retraites seraient préservées, que la pénibilité serait prise en compte, que l'Etat ne supprimerait pas d'emplois, qu'on recruterait plus d'enseignants, et que tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Tout ce temps passé à bercer (maladroitement) les Français d'illusions est un temps qu'il payera cher, car le grand mouvement de girouette que les agences de notation vont le contraindre à réaliser sera d'autant plus difficile à gérer.
Et le risque d'explosion est bien dans cette déception finale à laquelle il prépare ses électeurs.
L'Inflexible
L'Inflexible
A chaque rentrée, son Hollande. Cette année, le voici, selon quelques thuriféraires (il en reste), inflexible. Pas question de changer de politique. On allait voir ce qu’on allait voir : le qualificatif lui irait comme un gant, d’autant qu’il rappelle le nom des sous-marins nucléaires tels « le Redoutable » ou « l’Indomptable ». Cela en serait fini de ces pseudos analyses selon lesquelles notre chef serait mou, flou, hésitant, soucieux de ne peiner personne et de contenter chacun. Inflexible il était, inflexible il serait, rien ne le ferait dévier de son chemin. D’ailleurs, il donnera lui-même une preuve de cette détermination sans faille. Il tint à préciser à quelques journalistes qu’il n’était « ni maniaque, ni obstiné ». Ouf, on était rassuré, tout était en ordre.
Décès de Philippine de Rothschild, « grande dame » des vins de Bordeaux
Propriétaire avec ses enfants de trois grands crus classés à Pauillac dont le prestigieux Château Mouton Rothschild, la baronne est décédée vendredi soir à l’âge de 80 ans.
Philippine de Rothschild, figure emblématique des vins de Bordeaux, propriétaire avec ses enfants de trois grands crus classés à Pauillac dont le prestigieux Château Mouton Rothschild, est décédée vendredi soir à l’âge de 80 ans, a annoncé le château samedi.
La baronne de Rothschild était présidente du Conseil de surveillance et actionnaire majoritaire de la Société familiale Baron Philippe de Rothschild, qui produit et commercialise notamment Mouton Cadet, une des références mondiales du Bordelais.
Elle était, avec ses trois enfants, également propriétaire du Château d’Armailhac et de Château Clerc Milon.
Dans un communiqué samedi, la société familiale, confirmant une information initiale du site LePoint.fr, a annoncé que Philippine de Rothschild était décédée à Paris le 22 août des suites d’une grave opération.
Après une carrière de comédienne, de théâtre surtout, dans les années 50 à 80 sous le nom de scène de Philippine Pascal à la Comédie-Française puis aux côtés de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, Philippine de Rothschild avait abandonné les planches et pris au domaine la succession de son père, le baron Philippe de Rotschild à la mort de celui-ci en 1988.
A la tête de la société, la baronne de Rothschild avait contribué a moderniser l’outil et innover en matière commerciale et d’implantation, notamment en créant un second vin, et développant des vins à travers des partenariats en Californie (Opus One) ou au Chili (Almaviva), rappelle sa biographie sur le site de Mouton Rothschild. Elle représentait souvent ses vins en personne à travers le monde.
Elle était aussi, depuis les années 1980, responsable du choix des artistes désignés pour illustrer les étiquettes de château Mouton Rothschild, dans la lignée d’une tradition artistique remontant à 1945 (au fil des ans, Braque, Dali, Picasso, Chagall, Bacon ou Koos entre autres), et alimentant une exposition itinérante « Mouton Rothschild: l’art et l’étiquette ».
« C’était une grande dame du vin, remarquable par son énergie, sa volonté, son charisme », a réagi pour l’AFP Olivier Bernard, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, qui a notamment souligné « l’implication personnelle » de la baronne de Rothschild dans la gestion de ses vins, à l’heure d’assumer la succession « pas facile » de son père.
« Elle représentait ses vins »
« Elle avait un côté humain qui marquait beaucoup, une éducation, des valeurs. Elle représentait ses vins en personne; cela ne fait aucun doute: elle était +La Femme de Mouton Rothschild+ », a-t-il ajouté.
Plusieurs sources au sein de la profession ont salué samedi le surcroît de rayonnement que Philippine de Rothschild, de par son activité et sa personnalité, avait fait rejaillir sur les vins de Bordeaux, et l’appellation pauillac en particulier.
Fille unique, Philippine de Rothschild avait perdu sa mère, Elisabeth Pelletier de Chambure, déportée au camp de Ravensbrück et décédée en 1945. Son père avait rejoint le général de Gaulle en Angleterre. Elle avait épousé le comédien Jacques Sereys, dont elle a eu deux enfants, puis l’universitaire et écrivain Jean-Pierre de Beaumarchais, dont elle a eu un enfant. Philippine de Rothschild était officier de la Légion d’honneur et officier des Arts et des Lettres.
« Mort de Philippine de Rothschild. Grande tristesse. J’aimais cette femme à l’énergie admirable », a écrit le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre Alain Juppé, dans un tweet publié en début d’après-midi.
Dans un communiqué, Alain Juppé a rendu hommage à une « grande femme (...) qui a beaucoup oeuvré pour le rayonnement culturel de notre pays ». Il salue notamment son « action remarquable dans le développement de la filière du vin de Bordeaux et son soutien [au] projet de Cité des Civilisations du vin », un grand complexe de 14.000 m2 consacré à la culture du vin, qui doit voir le jour à Bordeaux en 2016.
Le bateau ivre
Le bateau ivre
« Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots » écrivait Arthur Rimbaud. L’image du bateau ivre s’impose en cette rentrée où l’on voit la politique du gouvernement vilipendée sur la place publique par certains de ses principaux ministres. La houle est forte, certes, et les vents contraires. Mais on croyait que le capitaine François Hollande avait fixé le cap, dans sa grande interview auMonde la semaine dernière. Quelques jours ont suffi pour comprendre que la barre n’était pas tenue.
Les frondeurs du PS, loin de revenir dans le sillage de l’Elysée et de Matignon, ont reçu ce week-end des renforts de poids venus des rangs mêmes du gouvernement. Après Arnaud Montebourg, c’est Benoît Hamon qui a réclamé un changement de cap économique, à gauche toute.
Les règles de la Ve République qui posent le président de la République en arbitre du jeu politique et le Premier ministre en chef de la majorité imposent au couple exécutif de réagir, faute de quoi la paralysie le guetterait. « Aucun ministre ne peut remettre en cause la politique qui est conduite » proclamait lui-même François Hollande en avril 2013. Le chef de l’Etat est, aujourd’hui comme alors, confronté à la contradiction fondamentale de son quinquennat : comment mener une politique de réformes avec une majorité qui n’en veut pas ?
Parce qu’il a cru pouvoir concilier les contraires, qu’il s’est bercé d’illusions sur la profondeur de la crise et qu’il n’a pas voulu jouer cartes sur table, le président de la République est confronté aujourd’hui à un problème autrement plus sérieux : celui de restaurer sa crédibilité et son autorité, en France comme auprès de nos partenaires européens. Faute de quoi l’esquif gouvernemental continuera à être ballotté par les flots, jusqu’à s’écraser sur les récifs.
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