vendredi 7 février 2014
CACOPHONIE
CACOPHONIE
François Hollande a-t-il rêvé à voix haute quand il a sifflé la fin de partie pour décréter, en patron, l’ajournement sine die (ou presque) de la loi sur la famille ? Une décision forte… mais imposée à une ministre qui, lors des conseils du mercredi, figure tout au bout de la table. Également une façon de donner le la à une majorité contrainte de jouer sans fausse note le requiem des illusions sociales. Priorité à la croisade de l’économie. Un jeu d’apparences. Car ce nouveau tir de sommation a encore raté sa cible. Dès hier matin, Jean-Marc Ayrault avançait être disposé à « examiner sans tarder » des aspects de la loi. Alors que Vincent Peillon jetait carrément un pavé dans la mare. Le ministre de l’Éducation nationale, l’un des garnements de la classe gouvernementale, évoquant le gel de l’avancement automatique des fonctionnaires. Une bombe lancée, à quelques semaines des élections municipales, en plein milieu de l’électorat de gauche. « Un sabotage », ont jugé des élus PS. « Une rumeur », a désamorcé le Premier ministre. Surtout, au milieu d’une cacophonie qui prend de plus en plus des allures de pagaille, une suicidaire façon de se tirer une balle dans le pied. Car les sondages le prouvent. À souffler le chaud et le froid, on ne satisfait personne.
Devises olympiques
Devises olympiques
Il faudra bien se résoudre, à un moment ou un autre, à réviser la célèbre devise olympique « Plus vite, plus haut, plus loin » pour la mettre au goût du jour. Il ne serait pas exagéré d'y substituer un triptyque du genre « Plus cher, plus fou, plus inhumain ». Ce n'est pas qu'il faille jouer à tout prix les grincheux et gâcher le plaisir du milliard et demi de téléspectateurs qui vont suivre les 22 es JO d'hiver à Sotchi, mais, plus lucidement, de dénoncer la « récupération » et la défiguration du sport par complicité des instances sportives avec les dirigeants politiques. Ce n'est certes pas d'aujourd'hui que le sport sert d'outil de propagande à des régimes en quête de respectabilité, mais l'on assiste désormais à une surenchère qui défie l'entendement.
C'est ainsi que Vladimir Poutine a obtenu l'organisation des JO d'hiver dans une station balnéaire au climat subtropical où il ne neige pas. La « poudreuse » a été livrée par camions pour couvrir les pistes. De quoi ouvrir des perspectives au Qatar qui, pour l'heure, se contentera d'accueillir en 2022 un Mondial de football se disputant dans des stades climatisés pour échapper aux conditions caniculaires.
Les plus condamnables, dans tout cela, sont les notables du CIO (pour les Jeux) ou de la FIFA (pour le foot), plus sensibles aux « attentions » corruptrices des pays candidats qu'à l'intérêt des sportifs qu'ils représentent. Et que dire, dans cette course au gigantisme, des populations « saignées », au propre comme au figuré sur des chantiers titanesques, pour satisfaire la folie des grandeurs de leurs dirigeants ?
Les JO de Poutine vont coûter deux fois plus cher (37 milliards d'euros) que les JO d'été de Pékin. Avec quel profit pour les Russes ? Jamais une compétition sportive planétaire n'a été à ce point le fruit de la volonté d'un seul homme et l'occasion, pour lui, d'exalter sa présidence musclée. Il ne sera pas interdit, ce soir, pour la cérémonie d'ouverture, d'accorder aux compétiteurs l'attention qu'ils méritent, tout en déplorant cette perversion de la devise olympique devenue devises sonnantes et trébuchantes.
PARIS: BERTRAND DELANOË QUITTE LA SCÈNE APRÈS DEUX MANDATS
Promesse tenue: le maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë, qui s’était engagé dès 2007 à ne pas briguer de troisième mandat, s’apprête après 13 ans à la tête de la municipalité à passer la main pour retrouver sa «liberté».
M. Delanoë, qui avait été élu conseiller de Paris en 1977 dans le XVIIIe arrondissement, présidera son dernier conseil de Paris lundi, avant de remettre les clés de l’Hôtel de Ville à son successeur début avril. Sa première adjointe, Anne Hidalgo, est pour l’instant la favorite des sondages, devant la candidate UMP Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le maire, âgé de 63 ans, quittera ses fonctions au faîte d’une popularité qui n’a pas fléchi depuis son agression par un déséquilibré, le 6 octobre 2002 lors de la première «Nuit Blanche».
«Bertrand Delanoë est en train de réussir sa sortie. Il s’applique comme il l’avait promis le non-cumul (des mandats) dans le temps. Il n’y a pas tant que ça d’hommes politiques qui l’ont fait avec cette détermination, cette classe», juge Jean-Louis Missika, un des artisans de son élection en 2001.
A la différence de Jacques Chirac, maire RPR de 1977 à 1995, M. Delanoë laisse une maison en ordre, ayant très tôt mis en selle sa première adjointe.
Elu en 2001 à la faveur des divisions de la droite, l’ancien porte-parole du PS, qui avait promis dans son livre programme «Pour l’honneur de Paris» d’éliminer «un système dévoyé», a effectivement mis fin au climat délétère ayant entouré la fin de règne du RPR, et changé en profondeur le visage de la ville.
Ses deux mandats auront été marqués par d’incessants travaux de voirie: pour aménager des couloirs de bus et des pistes cyclables; rendre aux piétons les voies sur berge ou la majeure partie de la place de la République; permettre le passage du tramway T3; installer des stations de vélos et de voitures électriques en libre service (Vélib et Autolib).
Ces deux dernières innovations se sont exportées avec succès à l’étranger, tout comme les incontournables «Paris Plage» et «Nuit Blanche», pendant lesquels la ville s’offre -le temps d’un été, d’une nuit- sous un jour ludique et poétique.
Un maire «aphrodisiaque»
La plus grande fierté de Bertrand Delanoë ? Avoir fait repartir à la hausse la population parisienne (124.000 Parisiens de plus depuis 2001), qui déclinait depuis la fin des années 60. «Je suis un maire aphrodisiaque», a souri M. Delanoë lors de ses derniers voeux à la presse. Le financement de «70.000 logements sociaux», portant leur part à 20% plusieurs années avant l’échéance prévue par la loi, a contribué à cette «vitalité», se félicitait-il aussi récemment.
Si le bilan du maire est controversé -certains dénoncent un «cauchemar pour les automobilistes» sciemment entretenu, le goût prononcé de cet ancien noctambule pour les «paillettes», et le déclin de Paris dans le concert des grandes métropoles- il fait selon les enquêtes d’opinion l’objet d’une très large approbation des Parisiens.
Que fera Bertrand Delanoë de la popularité et de la crédibilité acquises pendant ces deux mandats ? Régulièrement cité parmi les poids lourds susceptibles d’entrer au gouvernement voire à Matignon, M. Delanoë n’a cessé au cours de l’année écoulée de dire son désir de prendre du «recul», d’être «dégagé de toute perspective de pouvoir». Interrogé sur son avenir le 5 janvier, le maire s’est plu à citer Jacques Chirac : «Quand on a été maire de Paris pendant plus de dix ans, on n’a plus envie de patron».
En septembre, il avait dit son souhait de passer «quelques mois par an» à Bizerte, en Tunisie, où il a grandi. Et en mai, il avait affirmé qu’il ne «souhait(ait) pas» entrer au gouvernement, parlant d’un engagement auprès de «fondations» ou de possibles «activités internationales».
Beaucoup dans son entourage pensent qu’il faut prendre M. Delanoë au mot, et que sa carrière comme figure politique de premier plan s’achèvera le 30 mars. D’autres pensent que «si les circonstances politiques lui permettent de jouer un rôle national, il le jouera». Pour son ami de 40 ans et adjoint Pierre Schapira, «il faut le croire. Mais la vie politique ce n’est pas écrit. Il a toutes les potentialités pour qu’on fasse appel à lui».
Copé-la-débrouille : le succès de la Manif pour tous, c’est le sien
Jean-François Copé n’était pas à la Manif pour tous, dimanche dernier. Il était inutile de l’y attendre, puisqu’il avait déclaré, après sa participation à celle du 26 mai 2013, qu’il ne prendrait plus part à aucune Manif pour tous. Cependant, ayant débiné Jour de Colère au nom de l’esprit républicain et antiraciste, il n’a pu laisser réussir une deuxième manifestation sans prendre sa part du gâteau. Cela nous vaut un communiqué qui restera comme un modèle du genre :
« Notre – votre – mobilisation a porté ses fruits ! Matignon a fait volte-face lundi en annonçant que le gouvernement ne présenterait finalement pas de projet de loi sur la famille en 2014. (…) Ne vous y trompez pas : c’est bien la mobilisation massive et opiniâtre des Français et des élus de notre mouvement qui a contraint François Hollande à arrêter les frais. (…) Avec votre aide, nous voulons continuer à faire reculer la majorité socialiste, veiller à la suppression définitive de ce projet mais également dénoncer l’opportunisme éhonté du gouvernement. Ne lâchons rien ! »
Même pas capable de citer le mot d’ordre correctement…
Et Copé termine par ces mots : « Très sincèrement ». Très sincèrement, il partage avec le gouvernement « l’opportunisme éhonté ». Et lorsqu’il parle d’une « curieuse coïncidence en terme de calendrier, quelques semaines avant les prochaines échéances électorales », cette coïncidence le concerne.
Lâche à souhait
La sincérité de Jean-François Copé n’outrepasse pas la formule de politesse.
« Cette question du mariage homosexuel et de l’adoption touche aux consciences, à une certaine idée de la société », déclarait-il en mai 2013 en rangeant la sienne, de conscience, dans un tiroir marqué « Election » et au nom de la légalité. Il laissait planer une vague possibilité tout opportuniste d’envisager de discuter d’abroger la loi : « Il faudra en débattre », notamment « en 2016, au moment où viendra la préparation de l’échéance présidentielle ». Marine Le Pen, elle – bien qu’absente des Manifs pour tous – avait affirmé en avril sa volonté d’abroger la loi. « Je reviendrais tout à fait sur ce texte (…) à la différence de l’UMP, je parle moins fort mais j’agis de manière plus efficace. »
Le 10 octobre sur France 2, Copé tombait le masque : « Je n’ai jamais eu d’opposition d’aucune sorte à l’idée du mariage homosexuel… je n’ai comme d’ailleurs personne parmi les Français, d’objection de fond » (sic). Tandis que Marine Le Pen gardait la ligne fixée, réaffirmant dans un entretien à Présent (dans notre n° 8000, précisément) qu’elle reviendrait sur la possibilité du « mariage » homosexuel.
Y a-t-il encore d’ingénus manifestants pour penser que l’UMP est « le débouché principal » de leurs revendications ? C’est ce qu’affirme le directeur de cabinet de Copé, Jérôme Lavrilleux. « Il y a un grand nombre de personnes qui avaient participé à l’émergence du mouvement la “Manif pour tous” qui ont rejoint l’UMP à travers un groupe qui s’appelle Sens commun. » Eh bien le sens commun voudrait plutôt que, comme Luc Le Garsmeur, ces personnes se tournent vers le Front national (lire notre interview en page 2). Ce parti a des défauts ? Toujours beaucoup moins que l’UMP.
Le billet de Michel Schifres
Taxé à 78 %
Dans la vie, il faut savoir se dépasser. Mettre la barre le plus haut possible doit être l’objectif. Sinon, c’est jouer petit bras. François Hollande vient de faire l’expérience de cette vérité élémentaire. Les 75% devaient être une des marques de son règne : c’était sa promesse, il la tint. La taxe fit grand bruit et beaucoup se demandèrent pourquoi ce seuil fut choisi. On aurait pu frapper plus fort et décider, par exemple, d’imposer à 78%. Ce n’était pas impossible. La preuve ? Ce chiffre correspond à la proportion des Français qui ne font plus confiance au chef de l’Etat. Taxé à 78% ! Il en reste quand même 19% à l’approuver. Soit le chiffre de son département d’origine, la Corrèze. Aujourd’hui M. Hollande est donc président de la Corrèze : ce n’est déjà pas si mal.
Hollande à Tunis pour célébrer la Constitution
Adopté par l'Assemblée nationale tunisienne au terme d'une crise politique profonde, le texte est issu d'un compromis entre islamistes et laïques.
Seul chef d'État européen présent sur les lieux, François Hollandeassiste ce vendredi à la cérémonie d'adoption de la nouvelle Constitution de la Tunisie, avancée majeure de la transition amorcée après la "révolution de jasmin" de l'hiver 2010-2011. Adoptée le 27 janvier par l'Assemblée nationale tunisienne au terme de plusieurs mois d'une crise politique profonde, la nouvelle loi fondamentale doit permettre de sortir de trois années de tensions entre islamistes et laïques.
Son article premier dispose que la Tunisie est "un pays libre, indépendant et souverain" ayant l'islam pour religion, l'arabe pour langue et la république pour régime. Elle garantit aussi la liberté de croyance et promeut l'égalité entre les sexes. "C'est une étape importante, estime-t-on à l'Élysée, mais il reste encore beaucoup à faire, notamment pour aller jusqu'aux élections", prévues avant la fin de l'année.
Le déplacement de François Hollande, seul chef d'État européen présent ce vendredi matin à Tunis, vise à récolter les fruits du soutien qu'il était venu apporter l'été dernier à un processus démocratique alors menacé par l'assassinat de figures influentes de l'opposition. "Ce message n'était pas si facile à tenir en juillet, où l'on était dans une période de tension", se rappelle un conseiller du chef de l'État.
Premier partenaire
L'assassinat en juillet de Mohamed Brahmi, fondateur du Mouvement du peuple (Echaâb) et élu de l'Assemblée nationale constituante, a amplifié des tensions qui étaient déjà vives depuis le meurtre de l'opposant Chokri Belaïd cinq mois plus tôt et a fait craindre que la Tunisie, berceau des mouvements du Printemps arabe, s'enfonce dans le chaos. Une médiation de la société civile a pourtant permis une sortie de crise avec la démission en janvier du Premier ministre Ali Larayedh, du mouvement islamiste Ennahda, et son remplacement par Mehdi Jomaâ à la tête d'un gouvernement de technocrates chargés de conduire le pays aux élections.
Les célébrations de ce vendredi autour la nouvelle Constitution interviennent quatre jours après que la police tunisienne a annoncé la mort de sept activistes dont Kamel Gadhgadhi, un chef d'Ansar al Charia recherché pour l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Dans son discours devant les parlementaires, François Hollande devrait réitérer sa promesse de soutenir les forces de sécurité tunisiennes qui sont par ailleurs engagées dans une campagne contre des groupes islamistes dans le sud du pays.
Soucieux de préserver le partenariat privilégié qu'entretient la France avec la Tunisie, le chef de l'État devrait aussi promettre d'accentuer la coopération dans tous les autres domaines avec l'instauration de la démocratie. "La France est toujours le premier partenaire de la Tunisie et entend bien le rester", résume un conseiller de François Hollande.
MAIS QU'EST CE QU'IL VA FOUTRE LÀ-BAS ?
La rechute ? 5 graphiques pour comprendre le retour de la crise au moment même où on pensait que la zone euro était en train d'en sortir
La relance économique annoncée dans la zone euro est plus qu'incertaine. Malgré les déclarations optimistes, les indicateurs statistiques laissent plutôt penser à une prochaine retombée dans les turbulences et une conjoncture morose.
Malgré le semblant d’optimisme actuel sur le retour progressif de la croissance, les dernières statistiques publiées au niveau européen nous indiquent une probable rechute. C’est ainsi qu’en l’espace de quelques jours, le retournement de tendance est devenu de plus en plus évident. La zone euro, les pays émergents, et les Etats-Unis sont à nouveau réunis dans un mouvement qui prend alors une allure mondiale.
Zone euro
Ainsi en zone euro, les constantes pressions sur les salaires, conséquences d’un taux de chômage élevé, ont fait ressortir un taux d’inflation en baisse à 0,7%. Cette baisse de tendance des prix ne fait que traduire la chute du volume d’activité. Et ce chiffre n’avait pas été anticipé. La baisse prolongée du taux d’inflation depuis le début de l’année 2012 devient en effet extrêmement préoccupant, car il rapproche la zone euro d’un contexte déflationniste déjà connu en 2009, et de façon plus lointaine, entre 1929 et 1936 (pour la France).
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Cette situation peut également être rapprochée de la chute de la croissance de la masse monétaire (M3) qui est également tout à fait significative. Celle-ci retombe en effet à un niveau de 1%.
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Cette chute met en valeur la baisse de 2,3% en glissement annuel des crédits octroyés au secteur privé dans la zone euro au cours de l’année 2013. Une telle contraction permet de se faire une idée de la confiance dans l’avenir du secteur privé.
Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Eurostat publiait ainsi le 5 février l’état des ventes au détail en zone euro, qui vient de subir une lourde chute de 1,6% pour le mois de décembre 2013. L’importance de ce chiffre se voit à l’œil nu dans le graphique ci-dessous.Le niveau actuel des ventes est inférieur à l’année 2004 (déflaté), ce sont 10 années perdues pour l’Europe dans ce secteur.
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Pour continuer de dresser le tableau de la zone euro, il suffit de reprendre les données Eurostat sur les taux d’investissement des entreprises, qui atteignent un plus bas historique.
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Reste enfin à ne pas oublier l’envolée spectaculaire du chômage en Espagne au mois de janvier 2014, soit 113 000 personnes supplémentaires en recherche d’emploi. Ce qui vient tempérer le discours de « retour gagnant » de l’Espagne.
La situation de la zone euro est à ce point compliquée que les rumeurs font état d’une situation de stress intense à la Bundesbank, ce qui est plutôt inhabituel. Les discussions sont vives au sein du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, et celle-ci fera part de ses décisions ce jeudi 6 février. Si rien ne se passe au sein de la BCE pour soutenir le niveau d’activité, la situation pourrait rapidement déraper.
Un contexte qui se reflète assez bien dans l’évolution des taux d’intérêts en zone euro. En effet, et comme cela est visible dans le graphique ci-dessous, la forte baisse des taux d’emprunts d’états français et allemand à 10 ans, sur le mois de janvier 2014 s’explique par la volonté des investisseurs à rechercher de la sécurité. Cette baisse ne reflète rien d’autre qu’une baisse des anticipations de croissance et d’inflation depuis le début de l’année. Et ce alors même que l’amélioration précédente du climat économique s’expliquait notamment par la baisse des taux de la BCE à 0.25% le 7 novembre dernier.
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Il est à noter que l’écart de taux entre France et Allemagne est parfaitement stable, preuve que pour le moment, les investisseurs ne sont pas apeurés par la situation spécifique de la France. Le climat économique actuel de la zone euro n’est pas tout. Il est également nécessaire de prendre en compte le contexte global.
Un climat mondial délétère
Depuis plusieurs semaines l’inquiétude grandit sur la situation des pays émergents. C’est ainsi que la Russie, la Turquie, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Thaïlande etc. sont entrés dans une phase de défiance provoquée notamment par la contraction de l’activité chinoise et le ralentissement du soutien porté par la FED à l’activité américaine. La réalité est que c’est principalement la Chine qui ralentit son rythme de croissance et vient par ricochet peser sur tous ses partenaires commerciaux. Mais également sur le prix des matières premières. La conséquence première est de voir la chute brutale des devises de ces pays : 10% pour la Russie, pour le Brésil, l’Afrique du Sud et d’autres encore depuis 3 mois, ou encore 25% pour l’Argentine. Se pose alors la question de l’utilité de la politique de baisse des coûts en Europe par une méthode de dévaluation interne, car les mouvements sur les monnaies viennent annihiler tous les efforts entrepris jusqu’alors.
L’aspect dramatique de cette situation est que les banques centrales des pays émergents ont réagi de concert en relevant leur taux afin de contenir la baisse de leur monnaie. Mais une telle action aura simplement comme résultat de comprimer encore plus leur économie. Celles-ci souffrent déjà d’un ralentissement de leurs exportations et la hausse de taux aura pour conséquence de réduire leur niveau de demande intérieure.
Il semblerait que chaque pays cherche à s’emparer de la demande, c’est-à-dire de l’activité, de son voisin, et ce tout en faisant le nécessaire pour que sa demande interne soit ralentie. La situation américaine est à part car la FED, à l’inverse de ce mouvement général, ne se soucie pas de ce qui se passe à l’extérieur et ne se concentre que sur sa demande intérieure. Et comme cela va mieux depuis quelques mois, le rythme de soutien se réduit. La relance est toujours importante mais la tendance est à la baisse.
Voilà pourquoi Raghuram Rajan, le nouveau patron de la Banque centrale indienne et ancien chef économiste du FMI, a pu faire part de son très grand mécontentement face à la politique menée par la FED. Ce dernier estime en effet que les Etats Unis ont pu compter sur la relance des émergents pendant la crise et que l’ascenseur n’est pas renvoyé aujourd’hui. Etant donné que la Russie, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Indonésie, l’Argentine, la Turquie font partie intégrante du G20 ; il est à parier que les prochains sommets seront animés.
Mais en réalité c’est bien l’Europe le problème car sa contribution à la croissance mondiale est nulle depuis 2008 et qu’elle se contente de profiter de la croissance de ses partenaires. La pression qui pèse aujourd’hui sur l’Europe est double. Une pression intérieure qui devrait à elle seule justifier un plan de relance monétaire, je parle ici des 12% de chômage. Et une pression extérieure car l’Europe ne participe plus à la croissance mondiale et qu’elle ne peut éternellement se reposer sur les autres.
Encore une fois, ce jeudi 6 février verra la BCE se réunir et celle-ci va devoir prendre une décision. Il ne fait aucun doute qu’une absence de réponse aux enjeux actuels viendra alourdir un climat déjà délétère. L’économie mondiale cherche aujourd’hui un relai de croissance, et vu l’état de la zone euro, il est évident que son tour est venu de contribuer à l’effort.
Les Jeux Potemkine du tsar Poutine
Le favori de l’impératrice Catherine II, Grégoire Potemkine, fit édifier de faux villages prospères en 1787 pour cacher à la souveraine et à sa délégation de dignitaires étrangers, parmi lesquels l’ambassadeur de France, la réalité misérable des campagnes bordant le Dniepr. C’est du moins ce que relate la légende, qui n’aime rien tant qu’embellir la réalité et qui a laissé de cet épisode le nom des « villages Potemkine ».
Et si les Jeux olympiques de Sotchi n’étaient que la version du XXIe siècle des fameux villages ? Les JO d’hiver les plus chers de l’histoire (50 milliards de dollars), organisés dans l’endroit le plus chaud de Russie, au bord de la zone de guerre du Caucase du Nord, sont censés projeter l’image d’un Vladimir Poutine au faîte de sa gloire, régnant sur une Russie prospère et influente, qui a maté les terroristes tchétchènes, qui fait jeu égal sur la scène mondiale avec les dirigeants des Etats-Unis et de Chine et qui peut faire sortir de terre les projets les plus pharaoniques.
Rien n’est plus faux. L’Etat russe, aussi obèse qu’inefficace, règne sur un peuple dont la démographie s’est effondrée, la rente des hydrocarbures ne suffit plus à alimenter une croissance devenue anémique, la corruption est endémique. Plus grave pour Poutine, l’alliance historique qu’il a orchestrée entre les services de sûreté de l’Etat, les oligarques qui contrôlent les immenses richesses du sous-sol et l’Eglise orthodoxe, vacille sous les coups de boutoir d’une classe moyenne qu’il a lui-même contribué à faire émerger. C’est aujourd’hui la classe moyenne ukrainienne, qui aspire à plus de liberté, qui montre le chemin à suivre. Tôt ou tard, la Russie suivra.
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