Pas pour les raisons qu’elle invoque. La logique de communication, qui pousserait les hommes politiques à agir dans le sens des sondages ou des succès perçus, est en réalité une facette de la logique démocratique, qui pousse les hommes politiques à agir dans le sens de leur meilleur intérêt en détournant le meilleur intérêt des citoyens. Le plus souvent, cela équivaut à aller dans le sens de leurs futures élections et de celles de leurs alliés et divers soutiens.
La logique démocratique repose sur l’idée que la majorité des suffrages exprimés peut décider pour tous les citoyens. Elle suppose que les citoyens ne doivent pas décider pour eux-mêmes, et s’oppose en cela à la logique libérale. Qui, d’un point de vue économique, s’incarne pas la « logique marchande » que dénonce Natacha Polony : le marché, ce sont tous les citoyens. Et même plus : le marché, c’est l’ensemble des citoyens du monde.
Et le marché est une excellente chose, pourvu que les dirigeants politiques n’interfèrent pas avec la volonté des citoyens. Pourquoi le feraient-ils, alors qu’ils sont censés la représenter ? Ce n’est pas à moi de répondre à cette question, mais aux partisans de l’intervention étatique dans l’économie comme madame Polony.
Le meilleur défenseur de l’intérêt des citoyens, ce n’est pas la classe politique. Les prétendus contre-pouvoirs médiatiques sont loin, très loin, de représenter ou défendre les citoyens, ni à vrai dire de l’informer ou l’impliquer. Les associations sont tantôt appuyées par le pouvoir, tantôt coulées, et peu représentent réellement l’intérêt des citoyens. Ce qui ne laisse plus que le citoyen lui-même, qui ne dispose de toute sa souveraineté que dans la logique libérale, marchande.
Mon ennemie, ce n’est donc pas la finance – et non pas surtout, mais seulement si elle est libre ou, comme madame Polony le dirait, libérale. Il n’y a rien de libéral dans le financement de la dette des États (sic) par des banques fortement règlementées et tout aussi fortement favorisées par les États (re-sic). Non. Mon ennemie, ce n’est c’est pas la finance, ni la logique marchande. Mon ennemie, c’est l’ignorance.
Mon ennemie, c’est l’ignorance.
Vous n’aimez pas les banques ? Vous voulez donner plus de pouvoir aux États sur le sujet ? Vous pouvez déjà constater, chaque jour, les effets du pouvoir étatique en la matière. À dire vrai, il est difficile de savoir si les États font des cadeaux aux banques tout en les tenant fermement en laisse, ou si c’est l’inverse. Les uns et les autres se soutiennent et se refinancent dans les moments difficiles. Et il en va de même des grandes entreprises proches des milieux politiques, qui s’appuient sur les services rendus par des politiques proches des milieux d’affaires.
Il ne faut donc pas reprocher aux entreprises de chercher à répondre aux besoins et attentes des consommateurs, ni aux politiques de traiter les électeurs comme des clients. Au contraire. Il faut traiter chaque individu comme un client, et comprendre qu’il a le droit d’acheter ou ne pas acheter, vouloir ou ne pas vouloir, obéir ou ne pas obéir. Il a le droit de choisir, aussi bien son soda que sa protection sociale, de choisir les produits qu’il consomme et ceux qu’il refuse. Vous n’emploieriez pas la force pour forcer un client à acheter, pourquoi contraindre un citoyen ? Vous ne limiteriez pas artificiellement l’offre disponible pour le client, pourquoi gêner Free, Netflix et Amazon ? Vous n’auriez rien contre des services gratuits aux acheteurs et aux vendeurs, pourquoi en vouloir à Google ?
C’est l’imposture démocratique qu’il faut dénoncer, non pas pour enlever leurs choix aux citoyens, mais pour les leur rendre. Aucune majorité ne devrait pouvoir aller contre les droits de l’homme, que sont la liberté, la propriété privée et la sûreté. Personne ne devrait pouvoir aller contre eux. Pourquoi ne pas lutter tous contre notre vrai ennemi, l’ignorance, en commençant par balayer devant notre porte ? Informons-nous, éduquons-nous, apprenons, et avançons.