samedi 18 janvier 2014
Mitterrand théorise le "niquennat" de Hollande
L’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy, Frédéric Mitterrand, s’est lâché dans une interview à une radio belge, dont des extraits ont été diffusés mercredi.
La politique rend-elle les hommes ou les femmes plus attirants? Pour Frédéric Mitterrand, la réponse est clairement positive. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy prend l’exemple récent du chef de l’Etat pour appuyer sa démonstration. "Qui aurait imaginé que Hollande serait Casanova? La presse est remplie des aventures de 'François le niqueur magnifique'. C'est extraordinaire car il n'a pas vraiment l'air. Il n'a pas vraiment le physique. On chercherait un type pour jouer le rôle du tombeur intégral, on ne prendrait pas un mec qui ressemble à François Hollande," se marre Frédéric Mitterand dans une interview à l’émission Hep Taxi, diffusée sur la RTBF.
L’animateur de France Inter poursuit sa tirade : "Eh bien si! Il les nique toutes: les politiciennes, les grandes journalistes, les petites de la Comédie-Française. Toutes. C'est génial, non?", s’esclaffe-t-il.
Relancé par le journaliste qui lui fait remarquer qu’il va encore se faire “beaucoup d’amis”, Frédéric Mitterrand ne se démonte pas: “Ce n’est pas un reproche. Je dis simplement qu'il n'a pas vraiment le physique de l'emploi. Et qu'en étant Président, c'est le niquennat général."
Harlem Désir mis en examen pour injures
L’INFO. Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a été mis en examen jeudi à Paris pour "complicité d'injure" pour avoir qualifié en 2012 de "fanatiques violents" le mouvement d'extrême droite Génération identitaire après son occupation du chantier de la mosquée de Poitiers. Sa mise en examen, qui fait suite à une plainte de ce mouvement, est presque automatique dans ce type de dossier, l'affaire se réglant ensuite devant le tribunal.
Gros coup de chaud pour ce raciste |
Pas de regret. L'occupation du chantier de la mosquée de Poitiers, menée par environ 70 militants de Génération identitaire, émanation du Bloc identitaire, avait provoqué l'ouverture d'une information judiciaire. Plusieurs militants avaient été mis en examen. Condamnant l'occupation, Harlem Désir avait alors demandé dans un communiqué "la dissolution de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l'ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine". Il avait dénoncé un "acte de haine commis par des fanatiques violents". Son avocat, Me Yves Baudelot, a fait savoir jeudi que "Harlem Désir ne regrette pas les propos qu'il a tenus et est confiant sur l'issue de la procédure".
Il dénonçait un "acte de haine". Condamnant l'occupation, Harlem Désir avait alors demandé dans un communiqué "la dissolution de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l'ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine". Il avait dénoncé un "acte de haine commis par des fanatiques violents". Dans sa plainte, Génération Identitaire estimait que "l'imputation de 'fanatiques violents'" était "clairement injurieuse" et portait "atteinte à son honneur et à sa considération".
Régions : en avoir moins pour en avoir plus
Hélas, le gouvernement n’ose même pas imposer ses propres projets…
Michel Debré, le créateur de la Ve République, reconnaissait volontiers qu’il n’y a, dans l’ordre institutionnel, qu’un nombre restreint de problèmes, toujours les mêmes, et un petit nombre de solutions plausibles auxdits problèmes. Il n’aurait pas été surpris, par conséquent, de voir revenir sur le devant de la scène, à l’occasion de la conférence de presse du président Hollande, la vieille question des régions et de leur nombre, sur laquelle lui-même s’était penché à plusieurs reprises après la Libération.
Aujourd’hui comme au début de la IVème République, à l’époque où Michel Debré écrivait l’essai qui le rendit célèbre, La Mort de l’État républicain (1947), tout le problème est celui de l’efficacité du découpage administratif – laquelle dépend très directement de l’étendue des collectivités territoriales. En 1947, Debré notait ainsi que « l’étroitesse de notre division administrative ne permet plus de donner une vie active » aux départements » : notamment parce que les choses ont un peu changé depuis l’époque où l’Assemblée constituante décidait de découper la France en 83 départements en fonction du temps nécessaire pour se rendre à cheval au chef-lieu de la circonscription. Méfiant à l’égard d’un retour aux régions, Michel Debré préconise alors – mais en vain -, une refonte en profondeur de la carte administrative, redécoupée en 47 grands départements. De nos jours, en fonction du même objectif d’efficacité et de rationalisation, on ne peut que s’interroger sur le maintien, contre vents et marées, d’une division en régions issue à l’origine de la loi Frey du 5 juillet 1972, laquelle avait alors découpé la France continentale en 21 Etablissements publics de coopération interdépartementale, transformés en régions par la loi Deferre du 2 mars 1982. Quarante ans plus tard, alors que la région s’est vue attribuer par l’article L. 4221 -1 du Code général des collectivités territoriales « compétence pour promouvoir le développement économique, social, culturel, scientifique de la région et l’aménagement de son territoire et pour assurer la préservation de son identité », comment pourrait-on se satisfaire d’une division établie sous la présidence de Georges Pompidou en fonction de considérations conjoncturelles, de tractations plus ou moins opaques et de négociations avec les satrapes politico-économiques locaux ? Comment s’en contenter alors que, de toute évidence, beaucoup de régions françaises sont manifestement trop réduites, et donc trop faibles, à la fois financièrement et démographiquement – 14 régions comptant moins de 2 millions d’habitants, et les trois départements du Limousin n’atteignant pas les 800 000 habitants, soit 15 fois moins que l’Île-de-France. En lui-même, mais aussi par comparaison avec les circonscriptions administratives de même niveau des autres grands Etats européens, le découpage de 1972 paraît donc franchement obsolète, n’étant plus ni cohérent, ni conforme à l’objectif d’efficacité qui, en la matière, devrait être seul pris en compte.
Le passage de 21 à 15 ou 16 régions, évoqué par le Président de la République dans sa conférence de presse, correspond ainsi à une nécessité difficilement contestable : on notera que François Hollande rejoint ce faisant les projets développés dans l’entourage de son prédécesseur Nicolas Sarkozy à l’occasion de la révision générale des politiques publiques (RGPP) – l’un des meilleurs spécialistes de la question, le professeur Olivier Gohin, ayant ainsi suggéré en 2011 d’établir, en métropole, « des régions moins nombreuses et plus vastes – une dizaine ». Les grands esprits se rencontrent.
Quant aux inconvénients d’une telle rationalisation, ils sont imaginaires, ou dépassés.
Imaginaires, notamment dans la mesure où les régions actuelles, issues de la loi de 1972, n’ont bien souvent aucune consistance, aucune identité historique ou culturelle. Les deux Normandie, par exemple, créées pour satisfaire les deux métropoles régionales que sont Rouen et Caen, rappellent plutôt ce fameux sketch des Monty Python où un alpiniste qui voit tout en double décide d’escalader les deux Kilimandjaro. Qui, par conséquent, pourrait s’y sentir suffisamment attaché pour regretter sérieusement une refonte de la carte ? Quant à l’argument de la proximité entre la capitale régionale et la périphérie, il faut bien reconnaître qu’il a perdu beaucoup de sa pertinence depuis la fin de la traction hippomobile et l’invention du téléphone – sans même parler du fait que l’on est rarement obligé de se rendre en personne au chef-lieu de la circonscription.
De façon plus sérieuse (et plus politique), Michel Debré évoquait en 1947 la possibilité d’une montée des autonomismes, voire de tendances séparatistes : dans l’hypothèse où seraient créées des régions significatives et où renaîtraient par conséquent « les petits parlements de Bretagne, Languedoc ou d’Alsace, la grande qualité de la France, son unité indiscutée, risque(rait) d’être atteinte sans retour ». Si elle instituait des collectivités suffisamment vastes et puissantes, la régionalisation pourrait selon lui entraîner le glissement progressif vers une fédéralisation – alors que le risque serait nul avec des départements mêmes élargis, et faible avec des régions de petite taille. Cependant, si Michel Debré éprouve alors une telle crainte, c’est au vu de la situation politique générale – celle d’un État républicain moribond, exténué par le parlementarisme absolu de la IVème république, et par conséquent incapable d’empêcher d’éventuelles dérives. En revanche, il reconnait que le problème ne se poserait plus « à l’intérieur d’une constitution présidentielle » – ni a fortiori, d’une « monarchie républicaine », comme celle qu’il contribuera à établir onze ans plus tard, avec la constitution de la Ve république.
Et en définitive, le seul véritable obstacle à une telle réforme est celui que Debré fustigeait déjà du temps de Vincent Auriol : c’est celui qui résulte de l’immobilisme, du « conservatisme » des élites locales, de la crainte « de déranger un certain nombre d’habitudes ou d’intérêts » particuliers. Et le cas échéant, de la timidité d’un pouvoir qui n’ose pas imposer ses propres projets, même lorsqu’ils sont manifestement conformes au bien commun.
Hollande : enfin normal !
C’est maintenant que le Président rentre vraiment dans le rang.
Je suis content pour François Hollande. Il a mis le temps, mais il a enfin tenu sa promesse la plus importante. C’était même plus fort qu’une promesse, c’était une profession de foi : être normal. Bien sûr, il y a eu un malentendu avec les Français. Quand François Hollande parlait d’être un président normal, ces ballots d’électeurs avait compris « normal comme eux » alors que François Hollande pensait « normal comme les autres Présidents de la République avant lui ».
Je suis content pour François Hollande. Il a mis le temps, mais il a enfin tenu sa promesse la plus importante. C’était même plus fort qu’une promesse, c’était une profession de foi : être normal. Bien sûr, il y a eu un malentendu avec les Français. Quand François Hollande parlait d’être un président normal, ces ballots d’électeurs avait compris « normal comme eux » alors que François Hollande pensait « normal comme les autres Présidents de la République avant lui ».
Mais depuis la conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a mis les choses au point. Le 14 janvier 2014, pour Hollande, c’est un peu le 18 juin 40 pour De Gaulle. On rompt avec son passé, on se jette dans la grande aventure. De Gaulle rompait avec son passé d’Action Française et appelait à résister au nazisme en incarnant la France Libre. François Hollande a rompu avec son passé de centre-gauche et appeler à résister à l’Etat-Providence en incarnant une France Libérale.
Oui, François Hollande est enfin devenu normal. On ne s’en est pas rendu compte, mais jusque-là, il était exceptionnel, comme président. Il était encore vaguement de gauche. Et que je te parle de lutter contre la finance, et que je te propose des emplois aidés, et que je te promets de séparer les activités des banques entre ce qui est utile à l’économie réelle et la spéculation… N’importe quoi, vraiment. On se retrouvait dans une situation pré-nord-coréenne avec tout ça. Sans compter la chasse aux riches qui sont le sel de la terre. Non sérieusement, comment pouvait-il prétendre être normal avec ce communisme rampant dans son discours, ces reliquats moisis de socialisme dans son action. ?
Parce que c’est quoi, en fait, un président normal, aujourd’hui ? Eh bien, c’est un président, ou un chef de gouvernement li-bé-ral. Peu importe quelle étiquette politique il choisit pour faire le contrôleur de gestion au service du tout-marché, le principal, c’est qu’il soit li-bé-ral. Il peut, comme Sarkozy en son temps, Merkel et Cameron aujourd’hui l’assumer clairement en se déclarant de droite ou conservateur. Il peut aussi dire qu’il est de gauche. De gauche comme l’ont été Blair et Schroeder ou comme l’est aujourd’hui François Hollande. C’est-à-dire tout aussi libéral mais avec des réformes sociétales qui font persister l’illusion comme le mariage gay qui concernait 1% de la population en comptant large mais qui en a divisé le pays pendant des mois, histoire de faire passer la loi sur la flexibilité et le crédit d’impôts aux entreprises.
De toute façon, ça n’a aucune importance puisque dès que le système électoral le permet, les libéraux qui ont choisi l’étiquette de droite et les libéraux qui ont choisi l’étiquette de gauche se mettent à gouverner ensemble, ce qui est logique puisqu’ils pensent la même chose et que la seule alternative à leur politique, ce sont d’abominables populismes qui sentent sous les bras ou des gauchismes inconséquents qui se vautrent dans la démagogie utopique.
Pour François Hollande, évidemment, le travail a un « coût » qu’il faut baisser. On ne parle jamais du coût du capital, et pourtant les ouvriers délocalisés pour des raisons de rendement actionnarial pourraient vous en raconter sur le sujet. Il y a aussi les « charges », qui sont trop lourdes pour que les patrons embauchent. On les baisse pourtant, ces fameuses « charges », depuis au moins 1983. Mais ça n’a pas empêché le chômage de masse. C’est sans doute qu’on ne les avait pas assez baissées. Si la même recette rate pendant trente ans, le libéral ne se remet pas en question, il pense que c’est parce qu’on ne va pas assez loin.
Mais pour être un président normal, enfin normal, il ne suffit pas d’être libéral, surtout en France. Il faut aussi renier ses promesses. Cocufier son électorat de manière éhontée, froide, cynique. La conférence de presse du 14 janvier, à ce titre, a été spectaculaire de normalité. La dernière fois que l’on avait vu un président se renier à ce point-là en direct, c’était Chirac à l’automne 95. Vous vous souvenez, il s’était pratiquement fait élire sur un programme guévariste, Chirac, en mai 95 : « la fiche de paye n’est pas l’ennemi de l’emploi », « la fracture sociale », tout ça…Et hop, le temps d’un entretien télévisé, le discours change du tout au tout, on redevient européen et libéral, bref…normal.
Dans le cas de François Hollande, le fait qu’il ait laissé tombé ses derniers oripeaux de gauche, les journalistes économiques appellent ça « un virage social-démocrate assumé. » Décidément, les mots n’ont plus aucun sens. Si un social-démocrate, un vrai, un historique, façon Olof Palme, avait été au pouvoir en France aujourd’hui, Pierre Gattaz, le patron du Medef, aurait hurlé au goulag à l’issue de la conférence de presse plutôt que d’avoir eu du mal à se retenir pour ne pas exploser de rire devant les micros en feignant un optimisme raisonnable sur les intentions du président.
Dernier point, les femmes, évidemment. La maîtresse cachée qui ne l’est plus, la régulière à l’Elysée, bref une normalité assumée et le retour pour François Hollande à une pratique qui a commencé avec les rois de France. Seulement, les rois de France avaient une supériorité, ils ne confondaient par leurs deux corps comme l’a montré Kantorowicz, c’est à dire leur corps politique, symbolique et leur corps terrestre, charnel. Mais depuis Sarkozy, spécialiste des discours sentimentaux à l’Elysée, « Carla et moi, c’est du sérieux », les deux corps n’en font plus qu’un. C’est pour ça que les présidents s’usent plus vite.
On dira que c’est de la faute à la surexposition médiatique même si du côté de Hollande, on aurait pu éviter de se faire poisser en scooter la nuit. Oui, on dira que c’est de la faute aux médias, c’est plus simple. Ça aussi, se défausser sur tout et n’importe quoi, les médias, la conjoncture, la météo, les Roms ou un comique antisémite, c’est devenu très normal, pour un président…
Quand corporatismes et corps intermédiaires préparent leur rébellion : François Hollande veut tout réformer… mais avec qui ?
François Hollande essaie d'imposer une politique plus déterminée qui risque bien de ne rester qu'une liste d'intentions. Le nombre important de Français jouissant de positions acquises et de rentes de situation, et qui constituent une bonne partie de l'électorat du Président, empêchera les vraies réformes dont la France a besoin.
Le nouveau Hollande qui a déboulé sur les écrans de télévision depuis le début de l’année n’est visiblement plus le même. Enfin c’est ce qu’on dit. Des vœux du 31 a l’exposé ex-cathedra d’une nouvelle politique économique, François Hollande se comporte comme s’il voulait tout changer. Son style, (il parle plus déterminé), sa coiffure (les cheveux n’ont jamais été aussi noirs), ses projets économiques (la logique d’offre), son positionnement idéologique (social-démocrate, évidemment) et sa vie privée (ou il a pris enfin sa décision).
Ce changement annoncé n’a évidemment pas encore entrainé d’effets positifs. Le « Hollande nouveau » existe dans les intentions mais pas dans la réalité. Il va falloir gérer la séparation du couple, (quel désordre) puis annoncer une nouvelle organisation privé puisque tout est public. Il va falloir passer aux choses sérieuses enfin, et mettre au point les reformes, les définir et les appliquer et là on est encore loin. Engager des coupes sombres dans les dépenses publiques et changer aussi l’organisation territoriale. Mais pour l’instant ce ne sont que des projets, des intentions, des promesses.
En revanche ce qui a déjà changé très vite, c’est la réaction de tous ceux qui dans ce pays peuvent légitiment s’inquiéter de perdre certaines positions ou avantages.
Le cortège des vaches sacrées est donc en train de se former très vite. Et ces vaches sacrées, dans l’histoire des trente dernières années, ont toujours eu la peau de tous les gouvernements qui ont cherché à les remettre en ligne. Tous les gouvernements de droite ou de gauche se sont cassés devant la horde des vaches sacrées.
Et les vaches sacrées sont présentes partout en France. Le gros du troupeau travaille dans la fonction publique ou les entreprises publiques avec des bastions inviolables, le corps des enseignants par exemple, les services hospitaliers, les personnels de collectivités locales, les cheminots, les salaries de la RATP. Ne parlons pas de l’aristocratie des vaches sacrées de la haute fonction publique. Le corps des Mines qui se croit propriétaire de tout le secteur de l’énergie, ou des promos de l’ENA… (comme la promotion Voltaire celle de François Hollande gouverne la France aujourd’hui). Tous ces personnels protégés par un statut qui leur garantit un emploi à vie, avec une grille qui évolue en fonction de procédures mécaniques, et des systèmes de retraite qui ont toujours échappé à la reforme. Les régimes spéciaux n’ont pas bougé d’un millimètre.
Mais il n y a pas que des fonctionnaires qui se croient intouchables, il y a aussi beaucoup de professions règlementées jouissant d’un monopole qui a généré des rentes. Les chauffeurs de taxis ont bloqué la circulation cette semaine parce qu'ils se battront bec et ongles pour se protéger de la concurrence. Les pharmaciens sont en guerre avec les hypermarchés, et les avocats avec les notaires, tout ce beau monde harcèle son ministère de tutelle respectif pour qu'il les protège. Les routiers l’ont fait, ils sont prêts à recommencer. Les intermittents du spectacle sont passés maitres dans l’exercice. Ne parlons pas des associations culturelles, des producteurs de cinéma ou de théâtre et des permanents syndicaux qui n’ont pas à souhaiter des syndicats forts et représentatifs. Plus un syndicat sera fort, plus ses dirigeants auront des comptes à rendre. Ce n’est guère confortable. L’inverse est plus cool comme disent les jeunes, mais la performance du syndicat ne correspond plus à l’intérêt général.
Ne parlons pas enfin de la cohorte des élus, députes, sénateurs ; conseillers généraux et régionaux, les seigneurs locaux, ceux qui assurent le service de proximité avec l’électeur qui sont paniqués à l’idée de perdre leur fonction, c’est à dire pour tous, leur Job, leur bureau, leur chauffeur. Ils craignent que leurs électeurs les chassent, mais ils seront remplaces illico par les cousins d’en face. Plus grave tous les politiques de droite et de gauche et du centre, et des extrêmes tous se disent que si on supprime des collectivités locales, on n’existera plus. Ils vont donc tous le liguer pour protéger la corporation. Depuis mardi, jour de la conférence de presse, ils saluent le courage du président mais ont commencé à comploter pour imaginer des scénarios afin de faire avorter une réforme des départements pas encore conçue. Ils ont toujours fait cela. Sous tous les régimes.
Le résultat : la France a l’appareil de gestion local le plus émietté, le plus compliqué et le plus couteux de toutes les vieilles et grandes démocraties. François hollande voudrait maintenant le reformer, comme Nicolas Sarkozy qui avait commencé, comme jean Pierre Raffarin qui a très vite abandonné, comme Raymond Barre jusqu’à ce que VGE lui explique qu’il y avait autre chose à faire de plus important. Courage Fuyons devant les représentants de la nation.
La France des vaches sacrées est finalement très importante, très peuplée. Très bien organisée aussi. Elle se nourrit de rentes de situation, octroyées par l’état ou les collectivités locales, elle se conforte par la démagogie et la lâcheté des responsables politiques.
Cette France des vaches sacrées recrutent à tour de bras aujourd’hui parmi ceux qui ont peur de la mondialisation parce qu’ils pensent qu'elle provoque les délocalisations et par conséquent le chômage.
Elle se recrute aussi chez tous ceux qui craignent le progrès technologique, facteur d’obsolescence qui oblige chacun à réagir par l’effort et l’innovation. Alors plutôt que de consentir l’effort nécessaire on demande et on obtient l’application du principe de précaution, instrument clef du conservatisme puisqu’il fige tout.
Les vaches sacrées se recrutent enfin dans toutes les catégories qui refusent la concurrence. Parce que la concurrence c’est se comparer aux autres et prendre le risque d’être moins bon. Donc fermons toutes les ouvertures possibles.
François Hollande a été élu président de la république avec une majorité de vaches sacrée, les élus et les permanents du parti, la fonction publique, les professionnels menacées par la mondialisation et la révolution technologique, le permanents de partis politique etc. etc. … c’est le cœur de son marché politique.
Or le virage qu'il annonce au niveau de la politique économique le conduit automatiquement à remettre en cause la situation des vaches sacrées.
Quand le président dit qu'il faut désormais initier « une politique de l’offre », il cherche à faire ce qu’ont fait toutes les grandes démocraties développées. De L’Allemagne a la grande Bretagne … Pour trouver de la croissance et des emplois, il faut inventer des produits et des services nouveaux. Plus de 60% des dépenses de consommation aujourd’hui sont faites avec des produits et des services qui n’existaient pas il y a dix ans. Plus de 60% des dépenses, donc de l’activité, donc de l’emploi seront faits avec des produits, et des services qui n’existent pas encore aujourd'hui.
Il faut donc les inventer si non d’autres le feront dans le monde et nous seront oblige de les importer si nous pouvons…alors bien sur c est beaucoup plus difficile que de se lâcher sur le déficit budgétaire et distribuer des revenus fictifs financés sur emprunt qu'on ne pourra pas rembourser. Ce qui est le cas aujourd’hui.
Cette logique de l’offre a deux conséquences, D’abord elle ringardise les activités anciennes, (pourquoi soutenir une demande dans les pays occidentaux qui sont déjà saturés...) donc elle fragilise encore davantage les secteurs traditionnels. Il est évident que l’avenir de l’industrie automobile traditionnelle n’est plus en occident. Faudrait mieux l’expliquer plutôt que de faire croire qu'on peut encore sauver la fabrication d’automobiles Peugeot en France.
Ensuite, elle concentre tous l’effort sur l’économie marchande, l’investissement, l’innovation technique ou commerciale, la compétitivité, l’objectif étant de créer de la valeur sur une offre concurrentielle. Mais ce faisant elle engendre un transfert de moyens du public au privé.
D’où l’objectif de réduire les dépenses publiques, de réduire le périmètre de l’état. A moins que l’état soit capable de produire une offre nouvelle et inédite.
Une telle orientation met évidemment à mal la France des vaches sacrées. Les fonctionnaires craignent d’avoir moins de moyens ; ils ont raison, les professions protégées craignent la concurrence dans tous les domaines, de l’éducation à la santé. Et ils n’ont pas forcement raison mais faudrait encore leur prouver. Ce qui est possible. Un seul exemple : dans l’éducation nationale par exemple, bastion du conservatisme, on sait bien que dans les régions ou les établissements privés sont très nombreux, (en Bretagne) , la qualité de l’enseignement publique est meilleure… cela étant ces expériences de concurrence public-privé sont rares.
Dans l’ensemble, la France des vaches sacrées va se retrouver pour s’opposer aux reformes obligées par la modernité. Le président de la République les a tellement caressées dans le sens du poil pendant la campagne électorale, qu'elles n’accepteront pas qu’il se retrouve aujourd’hui sur un modèle sponsorisé par le Medef.
Nette dégradation de l'image personnelle de François Hollande auprès des Français
Pour chacun des termes suivants, diriez-vous qu’il s’applique bien ou mal à François Hollande ?
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Pour chacun des termes suivants, diriez-vous qu’il s’applique bien ou mal à François Hollande ?
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Atlantico : D'une manière générale, quels sont les traits d'image associés à François Hollande ? Comment ont-ils évolué depuis la dernière enquête de ce genre, en avril 2013 ?
Jérôme Fourquet : Selon le sondage Ifop pour Atlantico rendu public vendredi 17 janvier, l'image de François Hollande est aujourd'hui très dégradée, encore plus sur les items liés à la présidence. Ainsi, concernant l'autorité, seulement 13% des personnes interrogées reconnaissent ce trait de caractère à François Hollande. En temps de crise, où l'on attendrait un capitaine qui tienne fermement la barre du navire, cet item-là ne lui est absolument pas associé.
C'est le même sentiment qui se dégage quand on demande aux Français s'ils pensent que le chef de l'État sait où il va. Seulement 19% des Français considèrent que c'est le cas alors que le sondage a été réalisé après la conférence de presse et les vœux du 31 décembre, deux moments où il a essayé de se représidentialiser. Sur la compétence, on est à 22%, en baisse de 5 points par rapport à avril 2013. Sur la proximité des préoccupations des Français, un item qui est désormais lié à la présidence avec un François Hollande qui s'est présenté comme un président normal, on n'est plus qu'à 23%, en recul de 7 points. Et sur la défense des intérêts de la France, nous ne sommes plus qu'à 33%, contre 37% en avril.
Il y a donc deux enseignements principaux. François Hollande est, d'une part, très mal noté sur les items liés à la présidence. Il était déjà très mal noté avant et cela continue de se dégrader. D'autre part, la baisse est la plus forte sur les deux items qui semblent plus personnels : la sincérité et la sympathie.
Qu'est-ce qui peut expliquer ces évolutions ? L'affaire Julie Gayet a-t-elle, par exemple, modifié la perception que les Français ont de leur président ?
L'affaire Gayet a très certainement pesé. Mais le prisme pour analyser cette nette dégradation de l'image personnelle de François Hollande doit, avant tout, être politique. Le changement de cap politique a énormément heurté sa base électorale.
Ainsi, concernant sa sincérité, le recul n'est que de 6 points dans l'électorat du PS, de 2 points à l'UMP (il était déjà très bas), et de 34 points au Front de gauche, de 69% à 35% ! En avril dernier, après le pacte de compétitivités pourtant, 2/3 des électeurs du Front de gauche pensait que Français Hollande était sincère. Avec les vœux et la conférence de presse – et son accélération de son penchant social-démocrate, il y a eu une cassure politique. C'est également visible concernant la sympathie du Président. Il perd 7 points auprès des Français, 24 points auprès des sympathisants du Front de gauche. Même constat concernant la compétence, il perd 5 points en moyenne, 38 au Front de gauche. Il y a un vrai décrochage qui n'est pas seulement dû à l'affaire Gayet, sauf à penser que l'électorat de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement sensible à ce sujet, ce que je ne crois pas.
Et au sein de son électorat historique ?
L'électorat du PS continue d'avoir une bonne image du président de la République. Cette tendance est stable dans le temps. 33% des Français considèrent qu'il défend bien les intérêts de la France, contre 80% auprès des électeurs du PS, soit 1 point de moins seulement. Autre exemple : 66% des électeurs socialistes estiment qu'il est proche des préoccupations des Français.
En résumé, sur la plupart des traits de caractère du Président, on a un décrochage de la gauche et en particulier du Front de gauche. Le seul noyau dur qui subsiste est l'électorat socialiste ; c'est lui qui porte quasiment seul à bout de bras l'image de François Hollande.
Y a-t-il une différence de perception entre les femmes et les hommes ? En fonction de l'âge ?
Il peut y avoir un petit effet Gayet entre les hommes et les femmes. François Hollande a perdu 7 point de sympathie auprès des premières, 5 auprès des seconds. La différence n'est donc pas énorme. Il n'y a pas d'effet amplifié chez les femmes : on peut être un homme et également désapprouver le comportement du chef de l'État.
En outre, il n'y a pas de réelle différence en fonction de l'âge. Il y a un pic auprès des 18-24 : 60% d'entre eux trouvent François Hollande sympathique, contre 40% de moyenne ensuite. Les personnes âgées le trouvent, un peu plus largement que le chef de l'État sais où il va. Mais les écarts ne sont pas réellement significatifs. Le vrai gap est politique.
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Scandaleux amalgame
Scandaleux amalgame
Beaucoup de commentaires à l’issue de la conférence de presse de François Hollande, ont effectué un rapprochement entre ce dernier et Nicolas Sarkozy, invoquant la ressemblance du propos sur les "difficultés de leur famille". Closer parle même, ce matin, de "copié-collé". Cela montre une évolution dans les esprits. Jusqu’alors, le premier était présenté en modèle, et le second diabolisé. Aujourd’hui, le monde médiatique vient au secours du président normal en s’appuyant sur l’exemple de l’autre: étrange retournement des choses. A vrai dire, ayant travaillé au côté de Sarkozy pendant 7 ans, le connaissant donc un peu, je trouve cette comparaison extrêmement abusive. Je ne peux pas m’imaginer un instant l’ancien président quittant l’Elysée en cachette, sur un scooter, entouré de gardes du corps et dissimulé sous un casque, pour rejoindre une compagne secrète à Paris. Pour qui l’a cotoyé, cela est inimaginable. Je ne le vois pas non plus, en aucun cas, laissant hospitalisée une semaine (ce qui dénote la gravité de l’état de santé) sous prétexte de "repos", la conjointe violemment traumatisée. Cela me paraît tout aussi inconcevable. Sans verser dans l’idôlatrie, ce qui n’est pas mon style, et sans nier ses défauts, je crois qu’il y avait chez lui un sens de l’honneur, une franchise – source de tant de déboires – et une humanité qui excluent absolument des scénarios de ce genre. Entre les deux quinquennats, nous assistons à un effondrement des valeurs, du respect des personnes et de la dignité au sommet de l’Etat qui aura sans aucun doute, par effet d’exemplarité, des conséquences désastreuses dans le pays.
Chômage: le coup de la panne
Chômage: le coup de la panne
En matière de chômage, François Hollande aime la métaphore automobile. Pour vendre les « contrats aidés » de sa boîte à outils, le chef de l’Etat expliquait déjà : « Quand vous tombez en panne, entendez que la croissance est nulle, il vaut mieux avoir des outils ». Les employeurs publics étaient invités – par « devoir civique » – à jouer les voitures-balais.
Mais voilà, la courbe du chômage tarde à s’inverser. Et le chef de l’Etat redécouvre que le meilleur moyen de créer des emplois, c’est encore de soutenir les entreprises privées. Un virage ? Nouvelle image du président : « Quand on tourne, on est obligé de ralentir ; il n’est pas question de tourner mais d’accélérer ». D’où davantage d’allègements de charges, davantage de simplification aussi. Et après, aura-t-on tout essayé ? Non, bien sûr.
C’est le grand non-dit de l’exécutif. En adepte de la conduite souple, le Président nous fait croire que l’on peut réaliser 75 milliards d’euros d’économies et attaquer le chômage de masse sans rien changer à notre modèle social. Une tromperie qui ne tiendra pas longtemps. Allemagne, Espagne, Portugal, Royaume-Uni… Les exemples étrangers le montrent : mère de toutes les réformes, le combat pour l’emploi passe par la réduction du montant et de la durée des indemnités, une simplification des procédures d’embauche, la promotion de contrats souples, un grand ménage dans les vraies-fausses mesures d’incitation à travailler, etc. Des choix douloureux, bien éloignés des timides tentatives françaises.
Le conducteur de l’Etat assume peut-être son accélération sociale-démocrate, sans oser rien dire toutefois des efforts qui attendent les Français. Attachez vos ceintures, ça va secouer.
Le billet de Michel Schifres
Les plus forts
Accuser les hommes politiques d’immobilisme est une profonde injustice. Il a ainsi suffi que le Président de la République donne de la voix pour que les imaginations se libèrent. Ce qui semblait impossible la veille devait quasiment être entrepris le jour même. M. Montebourg exigeait la création de deux millions d’emplois par les entreprises. Le Premier ministre, lui, était partisan de supprimer trois départements de la région parisienne. Dans les allées du pouvoir, la France prenait des allures de campagne des Cent fleurs, quasiment de révolution culturelle. C’est qu’on allait voir ce qu’on allait voir. D’ailleurs un autre ministre confiait que si les Allemands bénéficieraient bientôt d’un SMIC, ils le devaient aux socialistes français. On était bien les plus forts.
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