Et vlan. Élu en mai avec une cote de popularité impitoyablement
normale, on apprend que le Président Grollandais de la République du
Bisounoursland vient de prendre sa première gifle,
largement méritée du reste puisque tout courant d'air, fut-il
présidentiel, déclenche un jour le claquement brusque d'une porte.
Et la porte qui s'est violemment fermée est celle des fameux cent
jours pendant lesquels la majorité et le gouvernement disposent d'une
réelle marge de manœuvre dans l'opinion pour lancer les réformes
profondes qui réorienteront les rails sur lequel le pays est lancé,
préférablement dans la direction de la réussite, de la croissance, et
des lendemains qui chantent sur fond de soleil levant et d'arc-en-ciel
tolérant avec des petits oiseaux qui font cuicui sur une musique techno,
n'oublions pas le côté progressiste de l'opération, merci.
Mais là, c'est donc raté, puisque pendant les 100 derniers jours, le
gouvernement a, essentiellement, abrogé quelques dispositions
symboliques, fait du surplace sur d'autres sujets et a bien sagement
laissé le président flotter avec sa bouée Mickey au large de Brégançon
pendant que Tweeterveiler tentait de museler la presse. Le pays continue
donc sur les mêmes rails, dans la même direction que celle qui lui fut
impulsée les quarante dernières années, avec une franche accélération
depuis 2007.
Paradoxe : le bruit du claquement résonne encore dans les couloirs
feutrés de l’Élysée sans qu'il soit pourtant parvenu aux oreilles des
dirigeants du pays. Tout montre en effet que ces derniers, shootés à
doses massives de pouvoiroïne, n'ont absolument pas pris conscience ni
de l'ampleur du problème catastrophique auquel la France doit faire
face, ni de l'envergure des solutions draconiennes qu'ils doivent mettre
en place. Tout juste ont-ils laissé Hollande ânonner quelques couinements sur une crise un peu plus maousse que prévu en guise d'excuse.
Alors qu'Ayrault, tâcheron molasse d'un gouvernement foutraque composé d'arrivistes, de bricoleurs et d'ahuris, assaisonne ses salades d'été de tirades au lyrisme mesuré
(Qui peut bien lui écrire ses discours ? Qu'il soit châtié !), que
Montebourg continue de frétiller avec insistance pour toute contenance,
et que Moscovici tente, sans grand succès, d'exister au-delà de ses ristournes d'épicier,
les mauvaises nouvelles, économiques essentiellement, se sont
accumulées. Avec constance et obstination, pour chacune d'elle, les
Socialistes auront su proposer un sujet débile et sans rapport pour la
camoufler.
Très concrètement, les entreprises et les patrons français ont
compris que le pays n'offre plus les garanties de leur survie.
Délocalisations, faillites, licenciements : la situation de l'emploi,
déjà critique, va en empirant et tout indique, en plus, une pression des
salaires vers le bas. Mais soyons optimistes puisque pour les jeunes,
un secteur d'avenir se dégage clairement, et semble être celui de la drogue...
Les habiles manœuvres de Draghi, à la BCE, ont consisté essentiellement à promettre de faire quelque chose si jamais
, et, par la bande, à racheter les dettes des pays en difficulté ; cela
a soutenu les marchés boursiers en apesanteur, certes, mais d'une part,
ce n'est qu'une forme d'injection de papier, et de l'autre, comme les
taux d'intérêts sont historiquement bas, les revenus sur le capital le
sont aussi. Les fonds de pension, les assurances et tous les organismes
qui dépendent d'une saine rémunération du capital (à commencer par les
prêteurs pour les investissements industriels, par exemple) ne prêtent
plus, ne gagnent plus assez d'argent et cherchent eux aussi à diminuer
leurs frais et leurs dépenses. On a du mal à voir cela comme un point
positif.
D'autres indicateurs, directs ou indirects, ne laissent guère de
doute sur le pourrissement général de la situation. L'un de ceux-ci,
l'immobilier, confirme s'il était encore besoin que si les banques ont
des oursins dans les poches, les particuliers aussi. On apprend ainsi
que le Crédit Immobilier de France s'ébroue joyeusement dans la faillite.
La nationalisation est évoquée mais on sait qu'elle est inévitable :
Moody's a dégradé la note de l'établissement de crédit, notamment en
apprenant que La Poste, sollicitée par le gouvernement pour étudier un
éventuel rachat, s'est clairement désengagée. Il n'y a pas d'autres
repreneurs et la situation sur le marché en question est tendue : la chute des ventes de logements neufs se poursuit,
et rien n'indique qu'elle soit stoppée. Manifestement, de plus en plus
de coquets appartements en carton ne trouvent plus preneur. Les ménages
français auraient-ils fini par comprendre que les prix,
stratosphériques, n'avaient plus rien de réels ou, bien plus
prosaïquement, l'argent finirait-il par manquer ?
C'est ballot, en cette période où, pourtant, le gouvernement continue à parier sur une croissance non nulle pour la prochaine année, amenant ses prévisions de déficit budgétaire dans le royaume chamarré des fantasmes collectivistes les plus torrides. On a d'ailleurs du mal à comprendre comment les journalistes français peuvent relayer sans pouffer les prévisions de déficit budgétaire de 3% pour 2013 ; manifestement, Moscovici vit dans un monde parallèle où la pire des menaces est constituée par l'absence de miel dans la réserve de Winnie ou la perte de coloration des poils de queue de son petit poney.
Le pompon, bien sûr, reste que malgré ces nouvelles évidemment catastrophiques, et le fait que le marché de l'emploi s'effondre en dépassant allègrement les 3 millions de victimes, le gouvernement maintient vaille que vaille le cap débile de la redistribution prodigue d'argent gratuit qu'il n'a pas, misant tout sur une nouvelle relance comme un autiste qui répéterait sans fin les mêmes gestes, aboutissant toujours aux mêmes échecs, et incapable d'en tirer la moindre conséquence. La relance n'a jamais marché, ni sur les cinq dernières années de crise, ni même sur aucune des crises précédentes, ni en France, ni ailleurs dans le monde. Les pieux mensonges keynésiens continuent de faire d'immenses dégâts, relayés par une intelligentsia dont la principale (si ce n'est la seule) source de revenus réside précisément dans ces arrosages massifs de liquidité par l'endettement et l'inconséquence calculée d'une horde de bricoleurs économiques.
Et ce qui est vrai en France l'est plus largement du reste du monde. On pourra regarder, mélancoliquement, le graphique suivant qui concerne l'Espagne et qui montre de façon assez claire que les Espagnols eux-mêmes sont convaincus que la récession, voire la dépression, va continuer : ils retirent leurs fonds des banques à grande vitesse.
Et on parle d'une Espagne qui a déjà un taux record de chômage et dont les dirigeants ont déjà commencé à prendre des mesures d'économie. En France, par contraste, rien de tout cela n'a encore débuté. Et quand on voit ce même taux de chômage dans toute l'Europe, on peut continuer à s'inquiéter.
Cent jours après l'accession au pouvoir du président le plus normal de l'Histoire française, le constat est déjà accablant : l'absence de programme crédible est maintenant visible même pour l'électorat traditionnellement acquis à la gauche qui s'en mâchouille discrètement les extrémités en rageant intérieurement. Le gouvernement ne sera même pas parvenu à la camoufler par une avalanche de promesse de redistributions farfelues, et la pluie serrée de taxes et d'impôts, l'augmentation insidieuse de la plupart des taux fiscaux décillent les quelques naïfs qui accordaient encore un peu de crédit à l'équipe en place. Et pour le moment, toujours pas la moindre piste d'économies sérieuses en vue.
Aucunes économies, taxes et impôts à gogo, désenchantement complet, incompétence des gouvernants... Ce pays est foutu.