jeudi 27 janvier 2011
A Davos, Nicolas Sarkozy défend l'euro, et la morale
Egypte : un manifestant seul face à un canon à eau
envoyé par Nouvelobs. - L'actualité du moment en vidéo.
Egypte : ElBaradei demande le départ de Moubarak
Le président Moubarak n'a, pour le moment, pas fait de déclaration publique depuis le début du mouvement de contestation. Selon CNN, qui cite anonymement un haut responsable égytien, le gouvernement ne prévoit "pas de gros changement pour le moment".
NOUVELLES MANIFESTATIONS
Les autorités s'attendent à une mobilisation massive de la population, vendredi, à l'appel de plusieurs mouvements de jeunes et partis d'opposition, dont les Frères musulmans. Le Mouvement du 6-Avril, fer de lance de la protestation, appelle à descendre dans la rue, jeudi et vendredi.
Si la situation était relativement calme jeudi au Caire, où les forces de police quadrillaient le centre-ville, des accrochages ont opposé dans l'après-midi plusieurs centaines de manifestants aux forces de l'ordre dans les villes d'Ismaïliya et Suez, dans le nord-est de l'Egypte.
Dans le port de Suez, des manifestants ont incendié un poste de police et une caserne de pompiers, après avoir lancé des cocktails Molotov sur la police, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Les policiers anti-émeute ont eu recours aux gaz lacrymogènes, aux balles en caoutchouc et aux canons à eau pour les disperser. Des centaines de manifestants étaient réunis pour réclamer la libération des personnes arrêtées lors de violentes manifestations mardi et mercredi, environ 75 selon une source au sein des services de sécurité.
"La police garde un maximum de retenue mais lorsque se produisent des moyens d'expression illégitimes ou des destructions, elle intervient", a commenté jeudi Magdy Rady, porte-parole du gouvernement, pour justifier la "fermeté" employée à Suez face aux actes de vandalisme.
A Ismaïliya, le long du canal de Suez, des témoins ont fait état de tirs de gaz lacrymogène de la part des membres des services de sécurité à l'encontre des manifestants, qui ripostaient par des jets de pierres. Une dizaine de personnes ont été arrêtées avant le début de la manifestation, ont-ils ajouté.
Selon un bilan officiel, au moins six personnes, dont deux policiers, ont été tuées depuis mardi en Egypte et plus de 1 000 manifestants arrêtés.
Le canon danois fait long feu
Après avoir lancé le canon sous la forme d'un livre décrivant toutes ces oeuvres, Brian Mikkelsen avait affirmé que cette initiative faisait partie d'une lutte contre les tendances antidémocratiques de certains milieux de l'immigration musulmane.
Enfin fier de sa "danéité"
Cinq ans après, le vif débat qui a accompagné cette opération est largement retombé. "Si le lancement du canon culturel a été un jour important", remarque le Berlingske, "ce n'est pas à cause du contenu du canon, mais parce qu'un gouvernement non-socialiste avait osé faire ce qui, pendant tant de décennies, n'avait pas été de très bon ton : dire haut et fort que certaines choses sont meilleures que d'autres. Signaler que même si nous sommes une société moderne dans un monde globalisé, nous avons beaucoup de mérites en tant que nation, et que nous avons le droit d'en être fiers.Sans risquer d'être taxé de chauvinisme et de romantisme national".De fait, constate le quotidien, "il n'est plus tabou de penser en termes de canon". Aujourd'hui, cependant, "il est possible que le canon culturel ne soit plus très lu ni utilisé. Il est en tout cas difficile de mesurer ses effets. Mais il était une offre, pas une exigence." Et aujourd'hui, "il symbolise l'époque nouvelle où nous avons osé ne plus avoir honte de nous-mêmes, et où l'on accepte de nouveau d'établir une différence entre le bon et le moins bon".
"Que la population du pays ait la possibilité d'étudier les oeuvres nationales les plus importantes n'est ni nationaliste ni une obligation étatique. C'est du bon sens", considère de son côté le Kristeligt Dagblad. Le quotidien protestant ajoute que "dans les cinq années qui se sont écoulées depuis le lancement du canon, la pression de l'industrie du divertissement s'est renforcée, et les tendances X-factor [une émission dans laquelle des gens ordinaires peuvent devenir des stars] se sont multipliées. Pour lutter contre cela, un canon n'est pas la pire arme que l'on puisse porter."
La notion de menace renforcée
Mais alors que l'immigration suscite des tensions et que le gouvernement n'est majoritaire au Parlement que grâce au soutien de l'extrême droite, affirmer cette "danéité" reste très polémique. Dans Politiken, la chroniqueuse Rushy Rashid s'adresse directement à Brian Mikkelsen, aujourd'hui ministre de l'Economie et du Travail : "Le combat culturel et sur les valeurs que tu essaies de mener avec ton canon culturel n'a fait qu'aggraver la distance [entre Danois et non-Danois] et renforcer dans notre société la notion de menaces et d'ennemis"."Pourquoi continuons-nous à débattre pour savoir si nous sommes une société multiculturelle ?, interroge la journaliste. Pourquoi ne pas seulement constater cette évolution dans nos actes ?". Pour Rushy Rashid, le Danemark devrait suivre l'exemple du Royaume-Uni, de la Suède ou de la France, où les gens sont fiers de la romancière Zadie Smith, née d'une mère jamaïcaine et d'un père anglais, du romancier Jonas Hassen Khemiri, de mère suédoise et de père tunisien, et de la dessinatrice française d'origine iranienne Marjane Satrapi.
Thibault dément vouloir quitter son poste à la CGT fin 2011
Bernard Thibault, patron de la CGT depuis 11 ans, a démenti avoir l'intention de quitter son poste fin 2011 comme l'écrit jeudi Le Parisien.
Le secrétaire général du premier syndicat français qualifie de "fantasme" les rumeurs de dissensions qui déstabiliseraient la direction de la CGT et ajoute que l'heure de sa succession n'a pas sonné.
"Un article de presse (...) affirme que j'ai l'intention de 'jeter l'éponge' à la fin de l'année (...). Je démens très clairement cette information", dit-il dans un communiqué.
Le Parisien cite un cadre non identifié de la CGT selon qui Bernard Thibault a dit fin décembre à l'état-major du syndicat : "Je pars à la fin de l'année, de manière à ce que mon successeur soit en place avant les présidentielles."
Selon le quotidien, une fatigue personnelle liée notamment à des injures et à des actes de malveillance à répétition, des démêlés avec ses opposants internes et l'approche d'une élection présidentielle problématique pour le positionnement de la centrale expliqueraient sa décision.
"En aucun cas la CGT n'est en prise à des conflits internes tels qu'ils déstabiliseraient sa direction nationale", répond Bernard Thibault. "Ce fantasme, relayé depuis plusieurs semaines, cherche à déstabiliser la CGT après avoir constaté la part prise par ses militants dans l'exceptionnelle mobilisation sur les retraites."
"Malheureusement pour nos détracteurs, la CGT se renforce et c'est le président de la République qui sort un peu plus affaibli encore du bras de fer qu'il a imposé aux salariés", ajoute-t-il.
Personnage public très exposé, le leader de la CGT s'est dit dans le passé la cible de menées clandestines. Une enquête préliminaire de police ouverte en 2008 après la découverte de matériel électronique dans son véhicule de fonction n'a jamais abouti.
Parvenu en 1999 à la tête de la centrale syndicale, après un passage à la direction de la puissante fédération des cheminots et un triomphe face au gouvernement Juppé lors des grèves de 1995, Bernard Thibault, 52 ans, domine depuis le paysage syndical.
TENSIONS INTERNES
Libérée de ses liens historiques avec le Parti communiste, la CGT est restée en pointe des mouvements sociaux, comme lors des grandes manifestations contre la réforme des retraites en 2010, où ses options ont convaincu, selon les sondages, une majorité de l'opinion.
Le talent médiatique de Bernard Thibault a dépoussiéré l'image du syndicat, souvent brocardé jadis comme le bastion de la "gréviculture", et devenu avec son nouveau leader plus enclin aux compromis.
Lors des mouvements contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, des concessions de Bernard Thibault avaient ainsi favorisé une sortie de conflit en 2007.
Lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, il s'était prononcé en interne pour le "oui", une position vivement combattue par la majorité de ses adhérents et qui a suscité des conflits qui ne sont pas soldés.
Son opposition à la réforme des retraites adoptée à l'automne 2010, qui repousse l'âge légal de départ de 60 à 62 ans, l'ont toutefois montré combatif.
Le fait qu'il ait été souvent reçu à l'Elysée par Nicolas Sarkozy lui a attiré la vindicte de l'aile gauche de son organisation, une position exprimée en 2009 par le délégué CGT de l'usine Continental de Clairoix (Oise) Xavier Mathieu.
"Les Thibault et compagnie, c'est juste bon qu'à frayer avec le gouvernement, à calmer les bases. Ils servent juste qu'à ça, toute cette racaille", avait dit Xavier Mathieu.
Conscient de cette image chez une partie de ses militants, Bernard Thibault a décidé cette année, pour la première fois dans l'histoire de la CGT, de boycotter les voeux de Nouvel an de Nicolas Sarkozy aux syndicats, qualifiés de "simulacre" après l'adoption en force de la réforme des retraites.
Thierry Lévêque, Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse
Le fonds d'aide européen devrait pouvoir racheter de la dette, selon Jean-Claude Trichet
Le rachat de dette souveraine par le Fonds de stabilité financière européen (FESF) serait "utile", selon le président de la Banque centrale européenne (BCE). Ce dernier a également précisé que la résolution de la crise budgétaire est "en cours".
Jean-Claude Trichet a donc de nouveau appelé à renforcer le FESF et à lui donner plus de flexibilité en lui permettant notamment de racheter de la dette souveraine, tout en précisant qu'il ne voulait pas "dicter des mesures aux gouvernements." Ces propos font échos à ceux tenus un peu plus tôt par Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
La résolution de la crise budgétaire européenne est en cours, a également assuré Jean-Claude Trichet. "Nous y travaillons bien sûr et nous appelons tous nos partenaires à faire ce qu'il faut", a-t-il déclaré à l'agence Reuters lors du Forum économique mondial de Davos. "Il faut qu'ils aient un temps d'avance pour prouver aux investisseurs, aux épargnants, aux ménages et aux entrepreneurs qu'ils font ce qu'il faut."
La crainte d'une propagation de la crise et d'un éclatement de l'euro s'est estompée depuis le début de l'année, grâce à des adjudications réussies de titres de dette portugais, espagnols ou encore italiens et à la perspective d'un nouveau plan anti-crise qui devrait être dévoilé lors du sommet européen des 24 et 25 mars.
Jean-Claude Trichet a déclaré que les taux d'intérêt actuels se situaient à un niveau approprié. La BCE a décidé en début de mois de maintenir ces taux à un plus bas historique à 1%.
Un sondage effectué par l'agence Reuters auprès de 82 économistes, publié mercredi, a montré qu'un relèvement des taux est attendu en moyenne au dernier trimestre 2011 ou en début d'année 2012. Le mois dernier, l'inflation au sein de la zone euro a dépassé l'objectif de la BCE à 2% pour la première fois en deux ans.
Faut-il encourager les pauses...cigarettes?
La loi sur l'interdiction de fumer dans les entreprises n'a pas seulement purifié l'atmosphère des bureaux: elle a aussi modifié les relations entre les salariés. Au détriment des non-fumeurs.
Premier effet de la loi: les pauses cigarettes, de plus en plus longues, créent des disparités dans le temps de travail. Une étude de l'institut CSA Santé, publiée en 2009, indique ainsi qu'une personne habituée à fumer un paquet par jour prend huit pauses quotidiennes, contre une seule pour les non fumeurs. Bref, ces derniers ont l'impression de trimer davantage que leurs collègues. "Je suis une ancienne fumeuse et je comprends très bien qu'un fumeur s'absente deux ou trois fois dans l'après-midi pour aller s'en griller une, raconte Laurence, cadre dans une entreprise automobile. Mais cela passe bien moins chez les non-fumeurs, qui ont l'impression d'avoir moins le droit de faire une pause. Je descends de temps en temps avec mes collègues prendre l'air, mais ça ne me viendrait pas à l'idée de m'arrêter trois fois dans l'après-midi."
De quoi engendrer des conflits larvés qui trouvent aussi leur source dans les nouvelles solidarités que la pause clope a créées. Elles sont souvent l'occasion de discussions détendues sur le travail, voire d'organiser des brain storming impromptus desquels sont, de fait, exclus les non fumeurs. "C'est vrai que lorsqu'on fait une pause, on descend à plusieurs et on parle souvent des projets sur lesquelles on travaille, reconnaît Julien, cadre dans une banque. Cela ressemble parfois à des réunions informelles. Il arrive même qu'on discute des problèmes au sein des services". Et d'ajouter: "Si je n'étais pas fumeur, j'aurais parfois l'impression d'être en dehors du coup". Julia, qui vient d'intégrer un cabinet d'audit, connaît ce sentiment. Son supérieur hiérarchique est un "gros fumeur" qui embarque avec lui, chaque fois qu'il prend une pause, les autres fumeurs de l'équipe. "Inévitablement, il est plus proche d'eux, regrette-t-elle, même si ce n'est pas intentionnel."
Pourtant, selon Dominique Steiler, c'est aux ressources humaines que revient la tâche de limiter les effets du clivage induit par la cigarette: "Les managers doivent encourager leurs salariés à faire régulièrement des pauses tous ensemble car c'est un moment indispensable dans le bon fonctionnement d'une entreprise, assure le professeur en management. Quel que soit son objectif -un déjeuner, un café ou une cigarette- elle permet d'aborder des sujets qui ont été passé sous silence en réunion, de connaître des salariés d'autres services et renforcer les relations dans l'équipe ». Dans certaines entreprises, une pause commune est même comprise dans l'emploi du temps des salariés. "Il faut garder à l'esprit que plus une équipe se connaît, plus elle est performante et plus la régulation du stress sera facile."
Assouplissement de la loi Évin
envoyé par BFMTV. - L'info internationale vidéo.
Fatigué, Bernard Thibault veut quitter la CGT avant la présidentielle
Il a aussi boudé le calendrier social des négociations avec le patronat et éconduit une délégation de l’intersyndicale.
« Monsieur Bernard », 52 ans, le charismatique leader syndical à la coupe Beatles se fait discret. Car, selon nos informations, il s’apprête à tirer sa révérence. Reconduit à la fin de 2009 pour un mandat de trois ans, il tient à partir plus tôt que prévu. Le sujet de son départ était d’ailleurs inscrit à l’ordre du bureau confédéral de la CGT convoqué lundi dernier. Mais la réunion a tourné court, perturbée par « des problèmes avec le personnel de la confédération », en guerre ouverte contre la CGT sur des questions de salaires et de conditions de travail. Ce jour-là, Bernard Thibault a claqué la porte.
Le patron de la CGT est fatigué
L’annonce de son départ, Bernard Thibault en a réservé la primeur à l’état-major de la CGT. Les 21 et 22 décembre, il était parti se mettre au vert avec les huit membres du bureau, l’exécutif du syndicat. Deux jours incognito au centre de formation Benoît-Frachon de Courcelles (91) pour « discuter des problèmes de la maison » et « faire le bilan » à quasi la mi-mandat. C’est le 21 au soir, à l’heure de l’apéritif, que le leader des grèves de 1995 a informé sa garde rapprochée : « Je pars à la fin de l’année, de manière à ce que mon successeur soit en place avant les présidentielles », rapporte un cadre de la CGT.
L’aveu a jeté le trouble dans la petite assistance, certains n’en croyant pas leurs oreilles. Depuis, le Sphinx, comme on le surnomme, a souhaité laisser passer les vacances, avant de décider d’en dire plus. Mais, confirme-t-on dans son entourage, le patron de la CGT est aujourd’hui fatigué. L’échec du conflit sur les retraites, les bisbilles internes, le recul des adhérents dans certains bastions, les problèmes de dos et familiaux (voir ci-dessous) lui pèsent.
« A plusieurs reprises, il a déjà voulu démissionner », rappelle un connaisseur de la CGT. Mais la rumeur se fait pressante au sein de la centrale de Montreuil. Les coups de fil de militants inquiets se sont multipliés ces derniers temps à la confédération.
A Matignon pourtant, on ne croit pas au départ du numéro un de la CGT. Peut-être parce que le président de la République compte sur lui pour démontrer, pendant la prochaine campagne présidentielle, que le dialogue social ne s’est jamais aussi bien porté en France depuis que la CGT est reçue à l’Elysée comme un invité de marque.
“Le PS prépare des primaires de bobos !”
CHRISTIAN JACOB On a un bon texte avec la loi Léonetti. Elle permet l’accompagnement des malades en fin de vie, en mettant au cœur du dispositif les médecins et la famille. C’est un texte équilibré sur un sujet à la fois capital et passionnel. Il y avait eu, avant cette loi, un travail de fond. Je suis d’avis que l’on n’y touche pas.
« Après le drame Laëtitia, on n’a pas le droit de tourner la tête pudiquement »
F.-S. Nicolas Sarkozy réclame des initiatives après le drame de la jeune Laetitia à Pornic. Il a raison ?C. J. Je partage son indignation. Chaque fois qu’on est confrontés à des drames comme celui-là, c’est notre devoir de nous interroger. Comment cela a-t-il pu arriver ? S’interroger, ce n’est pas nécessairement légiférer. Faut-il compléter notre dispositif législatif ou passer par la voie réglementaire ? Y a-t-il eu dysfonctionnement ? Nous avons trois mois devant nous avant l’arrivée au Parlement du texte sur les jurés populaires. Ces trois mois, il faut qu’ils soient utiles. En tout cas, on ne peut pas tourner la tête pudiquement, et faire comme si rien ne s’était pas passé. Cela, ce n’est pas possible.
« Il y aura une vraie réforme fiscale »
F.-S. Le projet de l’Elysée de mettre en place des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels ne fait pas l’unanimité, c’est le moins que l’on puisse dire !C. J. On aura une loi au mois de mai. Je fais un constat : il y a très peu de contestations des décisions prises en cour d’assises, et beaucoup plus de décisions prises en correctionnelle. Or la justice en France est rendue chaque fois au nom du peuple souverain. Le fait qu’elle soit rendue demain partout avec la participation des citoyens me semble plutôt une bonne idée.
F.-S. Va-t-on vers un « grand soir fiscal » ?
C. J. Il n’a jamais été question de « grand soir » mais, oui, il y aura une réforme. On y travaille. On fera un premier point d’étape au mois de mars. L’objectif central est simple : une fiscalité ne doit pas être un outil de pénalisation, mais d’incitation et de dynamisme. On est aujourd’hui loin du compte.
F.-S. Quand le député UMP Jérôme Chartier lance ses idées, il n’engage alors que lui ?
C. J. On a besoin de propositions. La taxation des plus-values sur la résidence principale, moi, je suis contre, mais Jérôme Chartier a fait là-dessus un travail intéressant et on a besoin, j’insiste, de gens qui mettent des idées sur la table. Aujourd’hui, la force de l’UMP, c’est d’animer le débat. Regardez la gauche aujourd’hui. Elle est complètement sclérosée, se contente de réagir, et n’a qu’un seul souci, gérer ses dix candidats aux primaires qui se regardent les uns les autres en chiens de faïence ! Eh bien, je préfère nos débats d’idées !
« Les bébés Chirac, ils ont pris quelques kilos ! »
F.-S. Christian Estrosi, le maire hyper-sarkozyste de Nice, s’inquiète de la multiplicité des débats « contre-productifs » à l’UMP !
C. J. Christian Estrosi fait partie des gens qui eux-mêmes lancent des débats ! N’a-t-il pas souhaité l’autre jour, à la faveur d’un point de presse, que la majorité pénale passe de 18 à 16 ans ? Bienvenue au débat !
F.-S. Vous considérez-vous comme un « bébé Chirac » ?
C. J. Les bébés, ils ont pris quelques kilos !… Cela dit, je fais partie de ces gens comme Baroin, Copé, et d’autres qui ont une filiation avec Jacques Chirac et qui la revendiquent. Il y a vingt ans, c’est lui qui nous a mis le pied à l’étrier. Je le vois une fois ou deux par mois. Quand on a été comme lui pendant quarante ans dans le top 2 de la vie politique française –président, Premier ministre où patron du plus grand parti de France – le jour où on décide d’arrêter, ce n’est pas pour faire une deuxième carrière de commentateur. J’ai énormément d’affection pour lui.
F.-S. Suit-il encore la vie politique ?
C. J. Vous en doutez ? Allons, il n’est devenu ni aveugle, ni amnésique, ni sourd.
F.-S. Bientôt, c’est l’heure de son procès…
C. J. Je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens affectivement : pourquoi cet acharnement ?
F.-S. Souhaitez-vous un rapprochement Villepin-Sarkozy ?
C. J. On a un candidat naturel : le président de la République. C’est avec lui que l’on gagnera. Donc, tout ce qui peut être fait pour rassembler la famille, cela va dans le bon sens. Ce n’est pas à moi de donner des conseils à l’un ou à l’autre, mais je vous le dis : c’est l’intérêt général.
F.-S. Une candidature Borloo en 2012, cela vous choquerait-il ?
C. J. Je suis très réservé. Je ne crois pas aux coups de billard à trois ou quatre bandes. Vous savez, je suis quelqu’un de simple ; meilleur est le résultat au premier tour de la présidentielle, plus on a de chance de gagner au second.
F.-S. La gauche annonce qu’aux cantonales de mars la majorité va recevoir une « raclée »…
C. J. Méfions-nous des pronostics comme des sondages : c’est l’expérience du chiraquien que je suis qui parle. A ce stade, rien n’est joué. L’élection va se jouer localement. En tout cas, je le ressens comme ça...
F.-S. Mais vous savez qu’il y aura une interprétation nationale…
C. J. Après le scrutin, on fait les fromages, c’est classique. Mais ce sera d’abord du local, vous verrez.
F.-S. Le PS prépare son « opération primaires »…
C. J. Ce qui me choque dans ces primaires, c’est le mépris total du PS pour le monde rural. Il y a 36.000 communes, et il y aura seulement 10.000 bureaux de vote. Cela veut dire que, dans les campagnes, on dira aux gens : « Débrouillez-vous et prenez le bus si vous voulez aller voter ! » Je vais vous dire : ce sont des primaires de bobos et, en plus, il n’y a pas l’ombre d’un projet. Tout cela, c’est très américain ; c’est aux antipodes de notre culture comme de notre histoire.
« Voyez-vous DSK faire le tour des gymnases ? »
F.-S. La candidature Strauss-Kahn, vous y croyez ?
C. J. J’ai toujours été sceptique sur sa candidature, et je le reste. Le voyez-vous entrer dans la bagarre ? Je le vois davantage prêt à être appelé et adulé que se retroussant les manches et faisant le tour des gymnases de France.
F.-S. Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, est-ce, pour l’équipe Copé, un « problème » ?
C. J. Un problème ? Sûrement pas. Jean-François Copé et moi, nous nous sommes fixé une ligne, et une seule : une ouverture totale au débat. Donc, tous ceux qui sont porteurs d’idées sont les bienvenus. La maison est grande ouverte. Mais la majorité a besoin d’être rassemblée. Alors je veux bien comprendre qu’ici ou là tel ou tel ait de l’amertume mais, avec ça, on n’avance pas et on ne sert pas l’intérêt général.
F.-S. Craignez-vous la montée en puissance du FN ?
C. J. Non. Le Front national ne vit que des problèmes et des difficultés. Donc, son seul souci, c’est qu’il y en ait un maximum. Dès qu’un problème est réglé, c’est une perte pour le FN. Demandez-vous par exemple pourquoi Mme Le Pen s’est opposée à la loi anti-burqa ! S’il n’y a plus demain de burqa en France, son fonds de commerce disparaît. Chaque fois qu’on va obliger Mme Le Pen à présenter des solutions précises, on la mettra en difficulté, vous verrez.
F.-S. Votre ami Copé n’aurait-il pas dû attendre avant de parler, si longtemps à l’avance, de la présidentielle 2017 ?
C. J. Aujourd’hui, son seul sujet, c’est 2012. Quand l’entendez-vous parler de 2017 ? Il l’a dit un jour et il l’assume, mais ce qui l’occupe, c’est de reconstruire l’UMP, d’en faire un parti porteur de projets, une « boîte à idées » pour le président de la République. Il n’a qu’une obsession, et nous avec lui : tout faire pour la réélection de Sarkozy. Il est là-dessus à 100 %. Point barre.
Un paysan en politique
Invité sur France 2 il y a quelques jours, Christian Jacob n’a guère été impressionné. « Les AG syndicales avec 300 paysans remontés, c’est un peu plus dur qu’Eric Zemmour », sourit-il. Parole d’ancien syndicaliste agricole qui militait déjà à 17 ans. BEP agricole en poche, « à 22 ans, je m’installe avec 6 hectares de prairie et 27 vaches laitières », raconte-t-il fièrement. Marié, père de deux enfants, il reprendra ensuite l’exploitation de ses parents, confiée à un couple d’agriculteurs depuis son entrée au gouvernement, comme ministre de la Famille, en 2002. Il refusera toujours d’être ministre de l’Agriculture, malgré les demandes répétées de Dominique de Villepin. Trop compliqué quand on a été leader syndical pendant presque vingt ans et qu’on connaît tout le monde, juge-t-il. Député de Seine-et-Marne depuis 1995, maire de Provins, plusieurs fois ministre de Jacques Chirac, il est aujourd’hui, à 51 ans, patron des députés UMP. « Mais je ne suis pas dans le moule. Comme on veut enfermer la classe politique dans un petit milieu bien refermé sur lui-même, des gens comme moi peuvent agacer. Mais moi, je l’assume. Cela m’amuse plutôt. »La « nouvelle réalité » inquiète les prestigieux invités du Forum de Davos
Le 41e Forum économique mondial est le reflet des interrogations et des inquiétudes actuelles. Le thème choisi en est le reflet : « Des normes partagées pour la nouvelle réalité ». Derrière ce titre un peu obscur se cache une réalité que les organisateurs décrivent comme « la plus importante préoccupation de nombreux décideurs » , à savoir « vivre dans un monde complexe et interconnecté ». Ces dirigeants doivent aussi faire face à « une érosion des valeurs communes et des principes qui affaiblit la confiance du public » à leur encontre.
Le sondage publié hier par La Croix (lire ci-dessous) révèle qu’un tiers des Français est favorable à l’abandon du capitalisme. En revanche, une immense majorité de Chinois est en faveur de ce même capitalisme.
Cette dualité reflète l’un des autres constats sur lequel se pencheront les participants au sommet de Davos : l’Asie est le continent le plus dynamique aujourd’hui.
Si les invités du Forum ne sont pas prêts à abandonner le capitalisme, ils sont suffisamment inquiets pour s’intéresser aux grands thèmes soumis à leurs réflexions.
« Comportements irrationnels et irresponsables »
L’urgence, selon les organisateurs, est de se pencher sur les perspectives économiques alors que le monde continue de « payer le prix de comportements irrationnels et irresponsable squi existaient bien avant la crise. »
Les participants devront tenter de réfléchir à la construction de mécanismes globaux et institutionnels pour répondre aux risques qui pèsent sur la planète.
Enfin, le forum entend appuyer les décisions que devrait prendre le G20. Ce groupe des vingt pays les plus influents, présidé cette année par la France, serait, selon les organisateurs du forum de Davos, « l’institution la plus à même de définir une nouvelle gouvernance et un modèle de leadership international pour la période de l’après crise ». Cette appréciation devrait aller droit au cœur du président français qui planchera aujourd’hui à Davos. Selon le forum, « l’agenda du G 20 doit insister sur le besoin d’une plus grande interdépendance entre le monde des affaires et celui de la politique, afin de rebâtir un véritable partenariat » entre eux.
Cette ambition, partagée par Nicolas Sarkozy, aura du mal à s’imposer, de l’aveu même des Français. Le projet de taxation des transactions financières, destiné à aider les pays les plus pauvres à se sortir du dénuement et à mettre en place les engagements pris à Copenhague dans le domaine écologique, est loin d’être acquis. « Ce sera vraiment une rude bataille » a convenu Christine Lagarde, ministre française des Finances.
Pourtant, il y a urgence à remettre de l’ordre dans les finances mondiales, comme l’expliquait récemment le patron du Forum de Davos. Klaus Schwab, interviewé par le journal britannique The economist, estimait que « 2011 sera une année décisive ». « Soit nous avons tiré la leçon du passé, soit nous continuons à prendre des décisions et à nous comporter comme si l’insouciance de la période de l’avant-crise devait revenir », avertissait Klaus Schwab.
La Russie et les crises africaines
Le forum a été ouvert par le président Medvedev, venu en coup de vent en raison de la situation tendue dans son pays, après l’attentat terroriste de lundi. Le président est venu défendre son pays et rassurer les investisseurs dont la Russie a grandement besoin.
D’autres sujets d’actualité se sont invités ces derniers jours dans la station suisse. Les crises politiques qui secouent l’Afrique du Nord et fragilisent les régimes en place sont l’un des symptômes de ce monde à la recherche « de normes partagées » pour comprendre « une nouvelle réalité ».
Tunisie et Égypte, même combat ?
envoyé par BFMTV. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Elles ont les mêmes facteurs mais pas la même puissance. Si elle réussissait, une révolution en Égypte aurait des conséquences incomparablement plus importantes que celle de Tunisie. L’échelle n’est pas la même. La fuite de Ben Ali a secoué tout le Maghreb... et la France. La chute de la maison Moubarak, elle, provoquerait un séisme qui ébranlerait tout à la fois le monde arabe - dont il est le pays le plus peuplé avec plus de 80 millions d’habitants - l’avenir de la paix au Proche-Orient - dont il est un des acteurs majeurs - et au-delà l’influence des États-Unis dans cette région du monde. Les grands équilibres chancelleraient sous le choc. Une perspective qui effraie Washington. La Maison Blanche multiplie les injonctions à son allié égyptien pour qu’il lâche immédiatement du lest démocratique avant qu’il ne soit trop tard. Mais sans doute sait-il qu’il est déjà trop tard...
La situation au Caire est d’autant plus dangereuse pour le régime en place depuis trente ans, que l’opposition est à la fois plus radicale et mieux structurée qu’à Tunis. Plus religieuse aussi: voilà des années que les Frères musulmans, dont l’implantation est historique, guettent l’étincelle qui leur permettra de profiter d’un vaste soulèvement populaire. Dans la vallée du Nil, le terreau intégriste a déjà nourri la tentation du terrorisme islamique contre les hauts lieux du tourisme national. Et la méfiance d’une partie de la population contre l’Occident: ce n’est pas un hasard si Mohammed Hatta, le pilote du premier Boeing qui s’est écrasé sur la tour A du World Trade Center de New York était Égyptien...
Moubarak, lui, a déjà senti plusieurs fois passer le vent du boulet, et les anniversaires. Le successeur incontestable d’Anouar El Sadate, dont il était le vice-président, reste le très vulnérable héritier d’une révolution Nasserienne d’inspiration laïque. La présidence de cet homme de 82 ans a été gangrenée par un népotisme vain: la relève par son fils reste une idée très mal acceptée par les élites de son pays. Bien plus que Ben Ali, il catalyse les haines de ses ennemis intégristes et tous ses mandats ont été marqués par la résistance à la déstabilisation islamique, y compris au sein du pouvoir et de l’état-major.
L’armée, elle, n’affiche pas la même neutralité bienveillante que son homologue tunisienne. Bien au contraire, elle se prépare à être un recours incontournable pour éviter le chaos d’un départ précipité du chef de l’État qui reste improbable à très court terme. Pour le moment, seulement...
S’il est inspiré, comme à Tunis, par le goût irrésistible de la liberté, le scénario égyptien risque, hélas, de ne pas avoir la légèreté du jasmin. Les enjeux sont si épais que la vague démocratique pourrait se fracasser sur eux, laissant éparpillé un peuple algérien qui aspire à son tour à changer le cours de son histoire
Mais pourquoi les Français font-ils donc la gueule ? Pardon pour l’expression, mais c’est bien ce qu’on nous reproche depuis quelques semaines, et un sondage jugé accablant: nous aurions la faiblesse d’être pessimistes, quand le monde entier ou presque sourit à l’avenir. Voyez par exemple Davos, au sommet des Grands de ce monde, qui baigne dans l’optimisme et la confiance... Bien sûr, on va nous faire le coup du Gaulois râleur, de l’exception française qui porterait à la grogne. Peut-être, mais nous avons tout de même une raison de ne pas sourire: le nombre de chômeurs, qui ne cesse d’augmenter. 32 600 de plus en décembre, bien au-dessus du plafond des quatre millions. A Davos, on nous explique d’ailleurs que «la maîtrise des coûts est entrée durablement dans la culture des entreprises». En clair, c’est pas demain qu’on embauche. De quoi faire la gueule, non ?
Jeudi à Davos, nous aurons peut-être le Sarkoshow 2.0 (il est déjà venu l’an dernier). Mais mercredi, nous avons eu en ouverture officielle du World Economic Forum le Medvedev show. Dans un tout nouveau « plenary hall » de 1.200 places, moitié plus grand que le précédent, le président russe fait la conférence inaugurale.
Ca commence par une minute de silence, en mémoire des victimes de l’horrible attentant de l’aéroport de Moscou. Une réelle émotion étreint l’assistance (il est vrai qu’elle est souvent dans les aéroports). Le président russe prend la parole, dans sa langue. Avec son côté petit garçon « boyish », disent les Anglo-saxons - il dénonce les auteurs de l’attentat qui auraient choisi cette date pour l’empêcher de venir à Davos – « ils ont fait une erreur de calcul ». A ce moment, « il a parlé exactement comme un politique américain », estime un historien venu des Etats-Unis.
Puis il parle du monde, de la nécessaire liberté d’internet, de la difficile coordination planétaire, de la panique de certains de ses dirigeants. Nationaliser les banques pendant la crise ? C’était une erreur, estime-t-il (et toc contre les Anglais, particulièrement efficace venant du président d’un pays qui a mesuré le désastre de 70 ans de nationalisations). Ne pas reprendre le contrôle des dépenses publiques en maintenant un déficit colossal ? Une autre erreur (et toc contre Washington). Medvedev a fait la leçon, comme son Premier ministre l’avait fait il y a deux ans à propos du dollar.