samedi 21 septembre 2013
Pourquoi quel que soit le résultat de l'élection, l'Allemagne ne changera pas de modèle
Alors que la France sort d'une cacophonie fiscale désolante pour tout le monde, la semaine qui vient risque bien de la plonger dans une cacophonie de spéculations sur l'impact des élections allemandes.
1er point, L’Allemagne est un pays qui n’a jamais été aussi fort, aussi puissant, aussi performant. Elle va le rester un moment. L’Allemagne a payé très cher, il y a plus de dix ans, pour s’adapter aux normes mondiales de la compétitivité et digérer une bonne fois pour toute, le cout énorme de la réunification (plus de 1000 milliards d’euros de dettes pour intégrer les cousins de l’Est et arrêter les dérives du modèle social dont le cout devenait exorbitant). A ce moment-là, l’Allemagne a failli sombré. Il a fallu tout le courage politique de Gerhard Schröder pour redresser la barre et imposer des reformes extrêmement douloureuses sur la retraite et les salaires, qui lui ont d’ailleurs couté sa carrière. Aujourd'hui, les Allemands en tirent bénéfice et Angela Merkel a su surfer sur cet héritage sans le gaspiller. Les Allemands lui en sont reconnaissants en dépit de toutes les critiques dont elle est l’objet sur « son côté ménagère sans projet à long terme » et finalement ces élections pour un troisième mandat ne passionnent pas les Allemands.
2ème point : Sauf énorme surprise, Angela Merkel sera reconduite pour un troisième mandat. Elle a géré sans provoquer de faille ou de colère et finalement les Allemands l’aiment bien. Mais...
3ème point... elle aura du mal à retrouver la même coalition. Les commentateurs se plaisent à analyser la mutation du SPD, l’apparition des euro-sceptiques, le durcissement des libéraux, etc. Moins de libéraux et plus de SPD, c'est la formule qui tient la corde, et du coup, beaucoup annoncent que la gouvernance de Mme Merkel sera différente... D’autant, ajoutent les mêmes commentateurs que le modèle allemand n’est pas si solide, qu'il a des failles structurelles qui seront difficiles à gérer. C’est tout juste si une partie de l’entourage de François Hollande ne se réjouirait pas d’avance en promettant que la politique allemande organisera une Allemagne beaucoup plus conciliante, plus cool, moins de rigueur et plus de mutualisation. C’est tout juste s’ils ne nous annonçaient pas que l’échec de Mme Merkel amènerait l’Allemagne à payer une partie de nos dettes. Et puis quoi encore !
Quelle bizarre façon de ne pas vouloir prendre en compte ses propres responsabilités. Et bien, tous les spéculateurs politiques qui vont se déchainer sur les plateaux de télévision se trompent lourdement. Eux, c’est eux. Nous, c’est nous. Quels que soient les résultats des élections législatives, les changements se feront à la marge et encore.
Le cœur du modèle allemand, la colonne vertébrale de la politique allemande ne changera pas. Il ne faut ni rêver, ni s’en inquiéter. Le modèle allemand est gravé dans l’ADN de la société allemande. Plus grave, si changement il y a, il est fort probable qu'il provoque une confirmation et un durcissement des éléments les plus rigoureux dans ce modèle. Ceux qui nous paraissaient les plus difficiles à supporter.
1er point : La position allemande ne changera pas, au contraire, dans tout ce qui touche à la compétitivité. Il existe un consensus très fort entre la droite et la gauche, entre le patronat et les syndicats pour ne pas revenir sur les accords de flexibilité salaire. La campagne électorale s’est emparée des questions de salaires ou de retraites mais le débat n’a jamais remis en cause les fondamentaux qui constituent la force de l’Allemagne. Il ne faut jamais oublier que dans ce pays, les réformes de dérégulation de l’économie ont été initiées par les socialistes. On ne voit pas le SPD défaire demain ce qu'il avait conçu avant-hier.
Alors le SPD peut grogner sur les impôts, l’inégalité des ressources, demander un impôt sur la propriété, mais sa demande est limitée a une augmentation de la tranche supérieure d’imposition sur le revenu de 45 à 49% (tout compris ). On est loin des 75% (hors CSG) de François Hollande.
La compétitivité allemande est sacrée. On n’y touche pas. Il y a un accord national sur ce point. Il faudra d’ailleurs revenir sur le blocage de la politique nucléaire, les gaz de schistes dès qu'on s’ apercevra que le cout de l’énergie handicape la compétitivité. Mme Merkel y est prête. L'opinion publique aussi.
2ème point : La position allemande ne changera pas, en matière de politique européenne. Le fonctionnement de l’Europe, le comportement laxiste et couteux de certains des partenaires a fait l’objet de discussions animées pendant la campagne. Les leaders du SPD et de la CDU prônent un renforcement des institutions et une meilleure coordination, c’est-à-dire une meilleure surveillance des politiques budgétaires et fiscales. Il ne faut pas que les dirigeants français espèrent des politiques allemands plus d’indulgence. Nos propres turpitudes (les déficits publiques, les dépenses sociales incontrôlées et notre endettement) ne passaient pas avant, elle ne passeront pas mieux après.
Au contraire, on risque même d’avoir là de très mauvaises surprises. Les libéraux (le FTP) par exemple, demandent un examen rigoureux des budgets européens, un respect des engagements et surtout ils veulent après les élections au Bundestag, éliminer progressivement le plan de sauvetage pour un pays en faillite. Ça veut dire qu'un pays en difficulté qui ne suit pas les recommandations sera mis en faillite. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, le Portugal seront évidemment dans le collimateur de Berlin. Les libéraux vont même encore plus loin. Ils considèrent que le MES, le mécanisme européen de soutien aux pays en difficultés (la caserne de pompiers ) ne constitue pas une solution durable. Une fois que l’union sera stabilisée disent-ils, avec des sanctions efficaces contre les dettes publiques excessives, le MES sera supprimé.
Alors les dirigeants politiques de l’Europe du Sud, (dont les Français) expliquent que les libéraux sont peu nombreux, c’est vrai, sauf que dans la conjoncture actuelle ils sont très écoutés des contribuables allemands. Par ailleurs, même si Mme Merkel devait faire une coalition avec justement le SPD, elle serait obligée de tenir compte de l’influence de FDP libéral.
Dans tous les cas de figure, les engagements européens ne seront pas remis en cause, mais les conditions de cet engagement et notamment le respect par les partenaires de la règle du jeu, seront surveillées avec beaucoup de vigilance. Ceux qui espèrent un assouplissement de la politique allemande se trompent.L’Allemagne ne tombera pas dans le laxisme pour faire plaisir à une classe politique française incapable de payer ses charges de copropriété.
3ème point : La politique allemande ne changera pas dans son modèle d’intégration des populations. Au contraire. Il existe une idée en Europe qui consiste à penser que l’Allemagne est au-devant d’un grand danger démographique. L’Allemagne ne fait plus d’enfants, l’Allemagne vieillit. Pour les plus critiques, l’Allemagne va se transformer en un pays de petits vieux. Ce qui est évidemment une catastrophe à terme de dix ou quinze ans.
Ceux qui développent, ce type d’analyse se réjouissent de cette perspective en se disant que si la France n’est pas capable de se reformer, elle se consolera à voir son voisin arrogant et performant décliner. Cette attitude est complètement stupide et perverse. Les gouvernants allemands (patrons , syndicats et politiques) sont très conscients du risque démographique qu'ils courent... Ils savent très bien qu'il leur faudra compenser la baisse de la natalité par une politique d’immigration plus active encore. Ils ont commencé. Et il savent aussi qu'ils ont une aptitude à intégrer les populations étrangères qui a fait ses preuves . l’Allemagne aujourd hui est le pays en Europe qui a le pouvoir d’attirer le plus de jeunes étrangers . des bac plus 5 comme des bac moins 3... Ils viennent par milliers des pays d’Asie, des pays de l’Est, du Moyen-Orient et de la zone euro... Ils viennent faire tourner l’industrie allemande ou lancer des start-up dans la nouvelles technologie. Ils viennent, attirés par le travail, les logements qui sont moins chers qu’ailleurs et le dynamisme de la société allemande. Les jeunes viennent travailler, les artistes aussi tout comme les joueurs de foot. Il ne faut être jamais allé a Berlin pour ne pas savoir que la capitale allemande est sans doute aujourd'hui la plus jeune, et la plus dynamique de l’Europe continentale. Il se passe à Berlin ce qui se passait à New York il y a trente ans. Les Allemands ne font plus d’enfants mais ils savent accueillir leurs immigrés.
Angela Merkel vers un troisième mandat aux allures de casse-tête
La rupture de confiance entre Angela Merkel et Sigmar Gabriel remonte à juin 2010, le jour où le chef du parti social-démocrate (SPD) a transmis au magazine Der Spiegel un courrier confidentiel que la chancelière allemande lui avait adressé.
Furieuse de cette indiscrétion, à propos des tractations sur le choix du nouveau président fédéral, la chef de file du parti chrétien-démocrate (CDU) a rompu sur le champ toute relation avec son rival de l'opposition.
Après plusieurs mois de froid, les deux dirigeants ont renoué le dialogue, mais cet accroc a laissé des traces dans l'entourage d'Angela Merkel, où l'on est désormais convaincu que Sigmar Gabriel n'est pas totalement fiable.
Si elle semble assurée d'obtenir dimanche un troisième mandat à la tête du gouvernement - performance que seuls Konrad Adenauer et Helmut Kohl ont réalisé avant elle -, la chancelière pourrait pourtant se retrouver obligée de composer avec le SPD au sein d'une "grande coalition".
La faute à la perte de vitesse de ses alliés libéraux du FDP, auxquels les sondages promettent environ 5% des voix, le seuil critique pour se maintenir au Bundestag.
La coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates avait plutôt bien fonctionné lors du premier mandat d'Angela Merkel, de 2005 à 2009. Mais rien n'indique qu'une nouvelle expérience serait aussi fructueuse.
Pas seulement à cause de sa brouille avec Sigmar Gabriel. Au sein même du SPD, beaucoup sont réticents à l'idée d'une alliance avec la CDU, qui avait coûté cher aux sociaux-démocrates sur le plan électoral en 2009.
"Il serait beaucoup plus difficile pour Merkel de gouverner avec le SPD cette fois", prévient Frank Decker, professeur en sciences politiques à l'Université de Bonn. "Dès le début, le SPD pensera aux élections de 2017. Ça risque de peser sur la coalition."
DÉFIS DE TAILLE
Angela Merkel est populaire auprès de ses compatriotes, qui ont apprécié sa gestion de la crise de la dette de la zone euro et aiment sa personnalité discrète, mais la chancelière n'en sera pas moins confrontée à des défis de taille si son parti remporte les élections dimanche.
Elle devra accompagner la transition coûteuse et complexe du nucléaire vers les énergies renouvelables, stabiliser la zone euro et réformer une économie qui a plutôt bien résisté à la crise financière mais sur laquelle pèse la double hypothèque démographique d'un vieillissement de la population et d'un faible taux de natalité.
Pendant ses deux premiers mandats, Angela Merkel a tiré un bénéfice maximum des controversées réformes du marché du travail lancées par son prédécesseur social-démocrate Gerhard Schröder, mais aussi de l'engagement du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, à faire "tout ce qu'il faut" pour sauver l'euro, petite phrase qui a suffi, au coeur de l'été 2012, à calmer les marchés financiers.
Angela Merkel n'aura cependant peut-être pas toujours autant de réussite.
Quant bien même parviendrait-elle à reconduire sa coalition de centre droit, elle ne pourra vraisemblablement s'appuyer que sur une courte majorité au Bundestag et verra sa marge de manoeuvre encore réduite par un Bundesrat - chambre haute - qui devrait passer aux mains de l'opposition.
"Si Merkel obtient une majorité de centre droit, elle sera sûrement beaucoup moins confortable qu'avant", juge Elga Bartsch, analyste chez Morgan Stanley. "Il y aura des dissidents sur les questions européennes. Elle devra composer avec l'opposition au Bundesrat mais peut-être aussi au Bundestag."
L'actuelle coalition au pouvoir est aussi menacée par la percée du parti anti-euro Alternative für Deutschland (AfD), qui pourrait entrer pour la première fois au Parlement, selon les derniers sondages.
LE SPD EN EMBUSCADE
La montée des eurosceptiques ne pouvait pas plus mal tomber pour Angela Merkel.
Elle intervient au moment où la Cour constitutionnelle de Karlsruhe doit se prononcer sur la légalité du programme de rachat d'obligations de la BCE, où la Grèce et le Portugal pourraient avoir besoin d'un nouveau plan d'aide et où l'union bancaire voulue par Bruxelles et Berlin va faire peser de nouvelles obligations sur les contribuables allemands.
"Si l'AfD entre au Parlement, cela affectera le débat sur l'euro en Allemagne. Il va devenir plus tendu", reconnaît sous le sceau de l'anonymat un conseiller de la chancelière.
La perspective d'une "grande coalition" avec les sociaux-démocrates est cependant l'hypothèse qui inquiète le plus les conservateurs.
Entre 2005 et 2009, les figures de proue du SPD - Frank-Walter Steinmeier, Peer Steinbrück et Franz Müntefering - étaient membres du gouvernement, garantissant une discipline de parti qui avait permis à la coalition de fonctionner.
Mais si le scénario se répète cette année, la situation sera différente. Sigmar Gabriel devrait prendre des responsabilités ministérielles, mais les autres dirigeants du SPD, à commencer par Peer Steinbrück, candidat à la chancellerie face à Merkel, ont prévenu qu'ils n'entreraient pas au gouvernement.
"Sigmar Gabriel a l'image d'un homme qui change brutalement d'avis, sans consulter ses partenaires politiques ni même son propre parti", souligne Elga Bartsch. "Ce pourrait être beaucoup plus difficile de travailler avec lui."
Angela Merkel pourrait aussi se heurter aux ambitions de Hannelore Kraft, figure montante du SPD et probable candidate du parti à la chancellerie en 2017.
La ministre-présidente de Rhénanie du Nord-Westphalie a elle aussi exclu de participer à un gouvernement de coalition et en tant que chef du groupe social-démocrate au Bundesrat, elle pourrait donner du fil à retordre à la chancelière en bloquant les lois sur la fiscalité, les retraites ou l'énergie.
Certains imaginent même le SPD saborder la grande coalition pour s'allier aux Verts et, à l'extrême gauche, à Die Linke. "Le SPD aura toujours l'option et la tentation d'essayer de trouver une majorité sans Merkel", admet le proche de la chancelière.
Législatives en Allemagne : les candidats face à la populaire Angela Merkel
L'Allemagne se prépare à voter. Dimanche 22 septembre, 61,8 millions d’électeurs se rendront aux aux urnes outre-Rhin pour élire un nouveau Bundestag. Sauf coup de théâtre, Angela Merkel, en place depuis 2005, devrait retrouver son fauteuil de chancelière. Reste à savoir avec qui elle va gouverner.
La coalition au pouvoir depuis 2009 allie la démocratie chrétienne (CDU-CSU) aux libéraux (FDP), sous la direction de la chancelière Angela Merkel (CDU). Face à elle : l'opposition alliant la social-démocratie (SPD) aux Verts, sous la direction de l’ancien ministre des Finances, Peer Steinbrück (SPD). Nouveau venu dans le jeu politique, les anti-européens de l'AfD pourraient venir troubler les résultats.
RTL.fr fait le point sur les candidats en lice face à Angela Merkel.Présentations.
Peer Steinbrück, le social-démocrate (SPD)
Qui est-il ? Né en 1947 à Hambourg, il a notamment été ministre des Finances du gouvernement de grande coalition de la chancelière Angela Merkel, de 2005 à 2009. Cette année-là, alors que le SPD perd les élections et entre dans l’opposition, Peer Steinbrück est élu député au Bundestag. Il est désigné candidat du parti social-démocrate à la chancellerie fédérale en décembre 2012.
Ses thèmes de campagne ? La lutte contre la précarité au travail, dont la création d’un salaire minimum légal. Un investissement accru dans l’éducation, avec notamment la gratuité pour tous de la crèche à l’université. Côté impôts, il propose de taxer davantage les hauts revenus et de renforcer la lutte contre la fraude fiscale.
Ses chances ? Principal parti d'opposition, le SPD n'est crédité que de 26% des suffrages dans le dernier sondage, loin derrière les 39% de la CDU-CSU.
Rainer Brüderle, le libéral (FDP)
Qui est-il ? Né en 1945 à Berlin, il est notamment député du Bundestag depuis 1998, où il préside le groupe parlementaire libéral depuis 2011. Entre 2009 et 2011, il a été ministre fédéral de l’Économie et de la Technologie au sein du gouvernement allemand.
Ses thèmes de campagne ? La réduction de la dette publique, l'allègement de la fiscalité pour les classes moyennes, et le renforcement de la protection des droits civiques. Il est contre l'idée d'un salaire minimum, mais pour des planchers salariaux par branche. Il veut renforcer l'économie européenne et sa coordination entre les États de la zone.
Ses chances ? Le FDP n'est crédité que de 6% des voix dans le dernier sondage. Bien en-deça de ses perfomances en 2009.
Gregor Gysi, l'anti-libéral (Die Linke)
Qui est-il ? Né à Berlin en 1948, il a notamment été l’un des seuls avocats indépendants de RDA, et avait défendu des opposants. Il a été élu en 1990 à la chambre du peuple de RDA, puis au Bundestag. Il est depuis 2005 chef du groupe parlementaire du parti Die Linke.
Ses thèmes de campagne ? La création d'un salaire minimum de 10 euros de l’heure, le plafonnement des rémunérations à 40 fois le salaire minimum légal, la création d’une taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à un million d’euros, la hausse de l’impôt sur les successions. Il veut également réduire les cotisations de Sécurité sociale pour tous sauf les plus aisés, et réduire le temps de travail légal de 48 à 40 heures hebdomadaires maximum.
Ses chances ? La gauche de la gauche devrait atteindre 9% des suffrages, selon le dernier sondage.
Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckardt, les Verts (Die Grünen)
Qui sont-ils ? Né en 1954 à Brême, Jürgen Trittin est un ancien journaliste. Il a notamment été ministre fédéral de l’Environnement de 1998 à 2005, sous le gouvernement rouge-vert de Gerhard Schröder. Née en 1966, Katrin Göring-Eckardt est, depuis 2005, vice-présidente du Bundestag, et porte-parole de son groupe sur les questions culturelles.
Leurs thèmes de campagne ? L'accélération du développement des énergies renouvelables pour atteindre 100% des besoins en électricité à l’horizon 2030. Ils souhaitent également investir 3,5 milliards d’euros dans la transition énergétique et 2 milliards dans la rénovation énergétique des bâtiments. Parmi leurs préconisations figurent également la création d'un salaire minimum légal d’au moins 8,50 euros de l’heure et le rééquilibrage de la fiscalité entre riches et pauvres.
Leurs chances ? Les écologistes se placeraient au même niveau que Die Linke selon le dernier sondage, avec 9% des intentions de vote.
Bernd Lucke, l'anti-européen (AfD)
Qui est-il ? Bernd Lucke, un professeur d’économie âgé d'une cinquantaine d'années, est un ex-CDU. Il fondé le parti de l’AfD en avril dernier, et se dit prêt à s'allier avec Angela Merkel pour entrer dans une coalition gouvernementale.
Ses thèmes de campagne ? Le retrait allemand de la zone euro et le retour au Deutsche Mark, l’ancienne monnaie. Il veut renforcer la protection de la famille et prône un encadrement plus sévère de l'immigration.
Ses chances ? Avec seulement 4% des intentions de vote selon le dernier, l'AfD ne passerait pas la barre des 4% nécessaires pour être représenté au Bundestag.
L’envers du non-dit
L’envers du non-dit
Se faire justice soi-même. Si l'on veut sortir du climat nauséabond actuel, c'est là un débat capital à condition pourtant qu'il ne se fasse pas au degré zéro de la politique. Car les enjeux sont eux très politiques et les silences calculés des partis de gouvernement ne font qu'apporter de l'eau au moulin de Marine Le Pen. Face à ceux qui se taisent, le démagogue promet tout et l'on sait qu'en matière sécuritaire et d'immigration la vieille tactique a beaucoup rapporté au Front national. Quand Facebook prend des allures de saloon du Far-West où l'on règle ses comptes armes à la main, l'atmosphère devient irrespirable et le fait divers instrumentalisé réveille une pensée hélas de plus en plus dominante et malsaine, qui parle d'ordre quand c'est de justice qu'il s'agit.
Les non-dits des responsables politiques ajoutent encore au malaise. Pour ne pas s'afficher contre le « ni-ni », donc contre Copé, et ne pas dire qu'il voterait socialiste en cas de duel PS-FN, Fillon s'est pris les pieds dans un engrenage intenable et cherche maintenant à théoriser son erreur. L'UMP espère de son côté cacher ses résultats avec les abus verbaux du maire de Nice et laisse prospérer l'idée que le FN est devenu une opposition crédible qui pourrait aider à la défaite du PS.
Les socialistes ont ressorti la méthode Mitterrand. Inquiets de l'ampleur que pourrait prendre la défaite aux municipales, ils comptent sur la montée du Front pour provoquer le plus de triangulaires possibles et conserver des mairies, adoucissant ainsi le prévisible revers. Quant à Mme Le Pen, elle veut un maximum de maires qui lui épargneraient la course habituelle aux signatures pour la présidentielle. Elle maintiendra donc sa formation dans les triangulaires.
L'envers du non-dit serait l'affirmation que oui, l'immigration mal contrôlée est un problème, que oui, le malaise des banlieues est autant une question communautaire qu'économique, que oui encore, les zones de non-droit sont intolérables en République. On s'approcherait ainsi courageusement du feu pour combattre l'enfer qui menace notre démocratie. Peut-être empêcherait-on alors que le racisme et l'intolérance soient la funeste rançon de la sécurité.
Pause fiscale : les Français n'y croient pas
Sept français sur dix interrogés par l'institut de sondage BVA sont sceptiques quant à la mise en place réelle de la "pause fiscale" promise par le gouvernement.
Après les couacs du gouvernement sur le sujet, une large majorité des Français ne croit pas à une "pause fiscale". Telle est la conclusion d'un sondage (1) qui paraît, ce samedi 21 septembre, dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. Selon celui-ci, sept personnes interrogées sur dix ne pensent pas que la promesse faite par François Hollande sera tenue, selon ce sondage réalisé par BVA pour I Télé,CQFD et Le Parisien.
"Les Français apparaissent incrédules, non seulement sur le calendrier mais sur la possibilité même que cette pause survienne", explique BVA. Le président de la République avait assuré que le temps était venu de faire "une pause fiscale", mais dans la foulée, son Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait reconnu qu'elle ne serait effective qu'en 2015.
"Les Français apparaissent incrédules, non seulement sur le calendrier mais sur la possibilité même que cette pause survienne", explique BVA. Le président de la République avait assuré que le temps était venu de faire "une pause fiscale", mais dans la foulée, son Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait reconnu qu'elle ne serait effective qu'en 2015.
Un système fiscal jugé "injuste" par 80% des Français
Résultat, 70% des personnes interrogées pensent que "le gouvernement ne parviendra pas à tenir sa promesse et que les impôts continueront d'augmenter" et seuls 21% croient à une pause fiscale à partir de 2015.
Les sympathisants de droite sont les plus sceptiques: "94% pensent que la pause fiscale ne verra pas le jour", quand ceux de gauche sont six sur dix à y croire, mais "seulement 16% imaginent qu'elle interviendra dès l'an prochain", selon le sondage. De plus, huit Français sur dix trouvent que le système fiscal dans l'Hexagone est injuste. "Les Français de gauche comme de droite le pensent majoritairement (61% à gauche, 94% à droite) et, si, l'on s'intéresse aux revenus des ménages, toutes les tranches éprouvent ce sentiment d'injustice", détaille le sondage.
BVA souligne que c'est en particulier le cas pour les personnes gagnantentre 2.500 et 3.500 euros par mois qui sont concernées, c'est-à-dire le "cœur de la classe moyenne".
Les sympathisants de droite sont les plus sceptiques: "94% pensent que la pause fiscale ne verra pas le jour", quand ceux de gauche sont six sur dix à y croire, mais "seulement 16% imaginent qu'elle interviendra dès l'an prochain", selon le sondage. De plus, huit Français sur dix trouvent que le système fiscal dans l'Hexagone est injuste. "Les Français de gauche comme de droite le pensent majoritairement (61% à gauche, 94% à droite) et, si, l'on s'intéresse aux revenus des ménages, toutes les tranches éprouvent ce sentiment d'injustice", détaille le sondage.
BVA souligne que c'est en particulier le cas pour les personnes gagnantentre 2.500 et 3.500 euros par mois qui sont concernées, c'est-à-dire le "cœur de la classe moyenne".
Que veut l'Allemagne ?
Que veut l'Allemagne ?
Hégémonique, autoritaire, arrogante, égoïste, les critiques que certains Français portent sur l'Allemagne sont nombreuses et virulentes. On peut supposer que cela provient d'une sorte de dépit et d'une jalousie à peine voilée : les Allemands semblent échapper à la crise alors que la France et les pays du sud de l'Europe sont durement frappés...
Cependant chacun sait que ces pays, dont la France, ont fait fausse route depuis des années : immobilier espagnol imprudent, dissimulations et non rentrées d'impôts en Grèce par exemple. Quant à la France, sûre d'elle-même, de la qualité de son système social si onéreux que, du reste, elle ne peut le payer, elle est obligée de continuer à emprunter pour éviter des ajustements pénibles. Ceux-ci, en effet, pourraient avoir des conséquences politiques, notamment lors des scrutins électoraux prochains et présidentiel. Comme ce dernier se répète plus fréquemment depuis la réduction à cinq ans du mandat du président de la République, la spirale négative accélère. Finalement l'heure de vérité a sonné et tout le monde sait que le prix à payer est élevé. Alors on grogne, on maudit le sort. Les Français se croient victimes de l'Europe, donc de cette Allemagne qui fait d'autant plus figure de leader que la France, affaiblie, apparaît plus absente.
Les Allemands commencent à s'inquiéter de telles attitudes. Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a estimé nécessaire de clamer haut et fort que Berlin ne veut pas d'une « Europe allemande » (1). S'interrogeant sur l'Europe, le ministre estime que le bilan est mitigé. Cependant, il perçoit de nombreux signes encourageants, des réformes sont en marche presque partout, mais beaucoup d'incertitudes demeurent concernant la jeunesse, par exemple, qui manque de perspectives.
« Nous voulons une Europe bien gérée »
Il constate à propos de la crise que naissent entre nations européennes des reproches, de l'arrogance, des préjugés que l'on croyait disparus. Ainsi, à propos de l'Allemagne, on assiste à l'expression de contestations contradictoires sur son rôle en Europe : trop fort pour les uns, trop faible pour les autres, trop rigoriste, pas assez solidaire. L'Allemagne se trouve donc au centre des interrogations : que fait, que veut réellement l'Allemagne ?
Le ministre allemand répond clairement qu'aucun pays ne peut « assumer seul le leadership de l'Europe... Que si l'Allemagne affiche une certaine retenue, ce n'est pas seulement le reflet de la culpabilité héritée de notre histoire... L'Europe implique une coexistence entre États à égalité de droits ». En même temps, l'Allemagne a une responsabilité particulière dans la stratégie adoptée en commun pour résoudre la crise de la zone euro. « Nous assumons cette responsabilité dans un esprit de coopération, surtout avec nos amis français, mais aussi avec nos voisins grands ou petits. » « Les Allemands n'ont pas le désir de jouer un rôle particulier en Europe. Ce que nous voulons, c'est une Europe fort bien gérée... Ce ne sont pas des 'idées allemandes' mais les préceptes d'une politique d'avenir. » Il ajoute toute la considération qu'il porte aux pays qui sont en voie de se réformer. Toutes ces choses devaient être dites. Elles l'ont été avec tact et clarté par ce ministre.
(1) Le Monde du 23 juillet 2013.
L’Europe, l’omniprésente invisible
Les élections législatives allemandes suscitent une fascination et des attentes inédites dans les autres pays. Pour les partis et électeurs, le rôle et de l’influence de leur pays en Europe est une telle évidence que le sujet n’a pas été au coeur de la campagne.
A en croire un mot d’esprit qui circule à Londres en ce moment, l’Europe aurait désormais deux capitales. L’une serait Berlin. L’autre serait… Francfort. En Grèce, les rumeurs selon lesquelles le gouvernement allemand pourrait mettre la remise de la dette à l’ordre du jour après les élections vont bon train.
En Espagne, on croit toujours que la question de la résolution bancaire [c’est à dire le mécanisme pour intervenir sur les banques en difficulté] sera réglée à compter du 23 septembre – les banques les plus défaillantes de la péninsule ibérique seront liquidées collectivement après les élections allemandes ; il n’y aurait donc aucun souci à se faire.
Non, personne ne s’inquiète en Allemagne. Personne ne parle de l’Europe dans cette campagne. Personne ne pose la question de savoir s’il existe des idées neuves pour surmonter la crise. Cette crise – personne ne veut l’entendre – est encore loin d’être finie, même si elle a atteint son climax. Personne ne s’interroge sur les risques pour le pays d’une liquidation des banques. Personne n’évoque l’architecture d’une nouvelle Europe, qui éviterait que la crise ne se répète.
Sans l’Allemagne, rien ne bouge en Europe
Et ne pourrait-on pas imaginer qu’un référendum sur une nouvelle constitution soit l’événement politique majeur de la prochaine législature ? Un scrutin parlementaire sur une nouvelle constitution, qui verrait l’Allemagne déléguer quelques-unes des composantes maîtresses de sa souveraineté à Bruxelles ?
On peut imaginer beaucoup de choses, et l’on réfléchit beaucoup : à Paris, à Londres, à Bruxelles. Jamais dans l’histoire de l’après-guerre des élections législatives n’aurontexercé une telle fascination sur les voisins de l’Allemagne – et cela n’est pas uniquement dû au fait qu'Angela Merkel apparaît comme le personnage le plus puissant du continent ou du globe terrestre, au choix.
Qui décide – et qui paie ?
On associe à l’élection du Bundestag un espoir de salut en Europe, comme si c’était Noël avant l’heure et que des cadeaux allaient être distribués au matin du 23 septembre. Cette attente témoigne de deux choses : d’abord, du poids de l’Allemagne, puissance économique hégémonique, sur le continent. Sans l’Allemagne, plus rien ne bouge en Europe, comme en témoigne l’immobilisme de ces dernières semaines. Elle témoigne ensuite du besoin croissant d’action.
Quatre pays vivent sous la curatelle des Etats membres de la zone euro. L’un d’eux, l’Irlande, doit revoler de ses propres ailes cette année. La situation est jugée stable au Portugal et en Espagne. La Grèce a probablement encore besoin d’aide. On le sait. La question suivante est celle du budget européen, sur lequel lorgnent avec convoitise de nombreux pays, et qui n’a pas encore été voté au Parlement européen. Il est question d’argent, de redistribution, et de la campagne électorale qui sera bientôt lancée en Europe. Cela sent la brouille.
Ce climat de convoitise tourne principalement autour de l’Allemagne sur le sujet de la liquidation des banques et autour de ce qui est en réalité la question décisive : comment remodeler la zone euro pour qu’elle ne revive pas les mêmes épreuves ? Nous touchons là au cœur de toute politique : qui décide, et qui paie ?
L’Allemagne n’est pas un géant pour autant
L’Allemagne, qui a tout intérêt à voir la survie de l’euro, devrait donc imaginer quelques idées sur la manière d’harmoniser et de contrôler à l’avenir les budgets de la zone euro, d’adapter les régimes sociaux et de répartir les investissements publics. Il lui faudra s’atteler au nœud du problème et déterminer si ces pays d’Europe, si différents les uns des autres, seront un jour capables d’harmoniser leur compétitivité (ne serait-ce qu’approximativement) ou si des transferts de fonds seront nécessaires – sur le modèle de la péréquation des ressources entre les Länder en Allemagne.
Tout cela touche au droit budgétaire, au contrôle parlementaire, à l’architecture de la démocratie en Europe, et pourrait déboucher sur une révision de la constitution allemande, qui prévoirait notamment l’option référendaire. Toute l’Europe voit ces problèmes et observe l’Allemagne avec fascination. Quid de l’Allemagne ?
L’Allemagne se rend aux urnes en toute décontraction, même si elle sera dès le lendemain de l’élection le jouet de convoitises. Il n’y a pas de miracles à attendre et il n’y aura pas de distributions de cadeaux. Angela Merkel ne changera sans doute pas grand-chose à son style et le SPD ne montre guère d’empressement à défendre l’euro. On attend néanmoins du changement dans le rythme de réformes – certains attendent même un programme ambitieux. L’Allemagne a beau se faire toute petite dans cette campagne, elle reste un géant pour l’étranger. Et Gulliver s’accommode mal des fers qui l’attendent.
Le suspense des législatives de dimanche porte sur les futurs alliés de la chancelière
La « non-campagne électorale » – der Nichtwahlkampf : c’est sous cette dénomination que les élections législatives allemandes du 22 septembre sont déjà entrées dans les annales de la science politique outre-Rhin. En effet, alors qu’en France les ministres, dûment sermonnés, s’excusaient sur tous les tons de s’absenter quelques jours (mais à portée de téléphone), l’approche du scrutin n’a pas empêché la chancelière Angela Merkel, 59 ans et candidate à sa propre succession, de s’offrir trois semaines de vacances avec son époux, Joachim Sauer, dans le Haut-Adige (le Südtirol, arraché à l’Autriche en 1919), province italienne germanophone très prisée par les classes moyennes germaniques – « l’étranger familier », où se mélangent l’art de vivre transalpin et la culture populaire des yodlers, des fanfares de cuivres et des jeunes filles en dirndl, robes décolletées mettant leur poitrine en valeur.
Alors qu’elle est presque assurée de rempiler pour un troisième mandat, Angela Merkel n’avait aucune raison de gâcher son été à battre les estrades ou à courir les plateaux télé pour séduire des électeurs dispersés dans les lieux où ils ont coutume de migrer pendant l’été : la Toscane pour les bobos, les Cévennes pour les écolos, la mer du Nord pour les naturistes peu frileux, la Bavière ou l’Autriche pour les vieux. Le simple affichage de sa normalité vacancière lui suffisait pour maintenir, voire accroître, la confortable avance dont les sondages créditent son parti, la CDU-CSU.
Le président rattrapé par le réel
Le président rattrapé par le réel
Un premier ministre qui corrige le président de la République, ce n'est pas banal. C'est pourtant ce qui s'est produit cette semaine lorsque Jean-Marc Ayrault a affirmé dans Metronews que la pause fiscale ne serait effective qu’en 2015, alors que François Hollande l’annonçait dans Le Monde pour 2014.
Non seulement le chef du gouvernement a publiquement acté une divergence de vue avec le chef de l'Etat sur un des sujets les plus sensibles du moment mais il a semblé faire la leçon au président. Comme si, dans le couple exécutif, il appartenait au premier ministre d'être le saint Jean bouche d’or, l’homme qui dit la vérité, celui qui n’a pas peur des mots, alors que le président se complaît dans une vision beaucoup plus idyllique.
Ce n'est pas la première fois que cela se produit car aussitôt, une autre scène, concernant un autre premier ministre, revient en mémoire : François Fillon se déclarant le 21 septembre 2007 "à la tête d’un Etat en situation de faillite".
A l’époque, ses propos avaient fait grand bruit. Ils avaient suscité une forte crispation dans ses relations avec Nicolas Sarkozy qui, depuis l'Elysée, ne voyait pas du tout les choses de la même façon. Le président de la République, qui venait d'obtenir un sursis de Bruxelles pour réduire les déficits, jugeait la situation des finances publiques beaucoup moins grave que son premier ministre.
Il se trouve cependant que c'est François Fillon qui avait raison. Les événements ont confirmé ses craintes et, depuis, il s’appuie sur cette divergence de vue pour creuser son propre sillon. Selon lui, l'état du pays, aggravé ensuite par la crise des subprimes, nécessitait à mi-quinquennat une thérapie de choc qui n’a pas été menée. Donc, aujourd'hui, il s'estime légitimement en droit de porter cette ambition.
La fêlure apparue cette semaine dans la relation Hollande-Ayrault n’a apparemment pas la même profondeur. Les entourages font tout pour la réduire à une simple nuance de communication. François Hollande parle d'une pause fiscale en 2014 en pensant aux contributions comme la CSG, qui auraient pu être augmentées et qui ne l’ont pas été, par souci de tenir compte du "ras-le-bol fiscal".
Jean-Marc Ayrault la repousse d'un an car, même si le taux des prélèvements obligatoires sera quasiment stabilisé l’an prochain, quelque 10 milliards d’euros d’impôts vont encore être prélevés sur les ménages. L’ampleur de la dette publique et l’étroite surveillance de Bruxelles ne permettent pas de faire autrement, eu égard à l’importance de la dette publique.
Dans ces deux histoires, le plus intrigant n'est pas le comportement des premiers ministres qui décrivent strictement la réalité mais l'attitude des présidents, qui s'emploient à l'enjoliver : ils disposent pourtant des mêmes chiffres, de la même information, mais ils ne peuvent s'empêcher de chausser des lunettes roses, de décrire les choses telles qu’ils voudraient qu’elles soient et non telles qu’elles sont.
Déjà fin 2012, alors que le ministre du budget s’apprêtait à prélever sur les Français 9 milliards d'euros d’impôts nouveaux, François Hollande avait assuré que neuf foyers sur dix en seraient exonérés, ce qui était faux.
C'est un vrai déni de réalité mais contre lequel il est difficile de lutter car il provient d'un sortilège : le président élu est comme ensorcelé par son discours de campagne électorale, emprisonné par lui. Si la réalité ne coïncide pas avec les promesses qu'il a faites, il préfère tordre la réalité plutôt que de reconnaître qu'il s'est trompé. Il a trop peur de se dédire et d'entendre qu'il a trompé les Français.
En 2007, Nicolas Sarkozy s’était fait élire sur l'idée que le bouclier fiscal et la baisse des impôts allaient engendrer la croissance. Lorsque les choses ont mal tourné , il a eu le plus grand mal à le reconnaître et à changer de politique. Il a préféré s'illusionner en pensant que la crise n'était pas profonde et que la croissance allait vite revenir. Son incapacité à se faire réélire cinq ans plus tard provient en partie de cette erreur d'appréciation.
En 2012 , François Hollande est arrivé à l’Elysée avec l’engagement d’arracher à Angela Merkel un plan de soutien à la croissance européenne qui exonérerait le pays d’une cure d’austérité trop forte.
Alors que la croissance tarde à revenir et que 60 milliards d'euros d'impôts ont déjà été prélevés en trois ans, il préfère invoquer une pause qui n'existe pas encore plutôt que de reconnaître que la rigueur est plus forte que ce qu'il avait annoncé.
Dans les deux cas, il fallait bien un personnage pour se coltiner au réel et dire la vérité. Et c’est le premier ministre qui le fait, sans prendre de gants.
Fabius junior ou de l’insoutenable légèreté de l’être
La France est gouvernée par une oligarchie. Ce secret de Polichinelle fait d’autant plus polichinelle que les gros « bébés » du socialisme qui semblent bien avoir acquis la leçon de laxisme exclusiviste dispensée par papa et maman se permettent tout et n’importe quoi.
C’est ainsi que la semaine dernière le fils de Marisol Touraine, ministre de la Santé, a été mis en taule pour avoir cambriolé une sexagénaire en 2011. C’est ainsi que, fait encore plus symptomatique, Mme Taubira avait réussi à annuler, en 2001, la condamnation qui pesait sur son fils accusé de complicité de vol. Le cas de Fabius junior est moins lourd sur le plan psychologique puisque ses frasques n’ont pas fait de victimes traumatisées…si ce n’est qu’elles ont un peu anémié le Trésor public récuremment secoué comme un cocotier. Ceci dit, on se demande s’il sied à un fils de ministre, notamment à un fils de ministre des Affaires étrangères qui représente la France à l’extérieur, de laisser une ardoise de 700.000 euros suite à une soirée bien animée passée dans un casino de Monaco. La SBM, terrorisée à l’idée d’avoir ultérieurement affaire au fils de Laurent Fabius en personne, préféra effacer une dette aussi importante. Une de plus, une de moins, après tout. On ne s’en prend pas aux castes supérieures, cela d’autant plus que l’amende de 15.000 euros à laquelle fut condamné Thomas en 2011 pour détournement de fond ne lui servit pas de leçon. Il y a deux ans, sa manœuvre avait été qualifiée d’abus de confiance, car il vaut mieux abuser que détourner. Je ne répertorie pas ces derniers cas représentatifs pour dénigrer les enfants des élites politiques. Si leurs prouesses attirent aujourd’hui l’attention, c’est bien parce qu’elles sont le reflet blafard et moribond d’une idéologie mêlant habilement kleptocratie et ploutocratie. Quant à l’affaire Thomas Fabius, je regrette que son père ne partage guère la passion de sa progéniture parce que, franchement, les jeux de hasard au casino, c’est mille fois plus innocent que les jeux de hasard sur le territoire syrien.
Ces considérations émises, j’ai demandé à M. Olivier Tournafond, professeur de droit à Paris XII, de nous exposer son point de vue sur ces tours de malice répétés des bacheliers du socialisme.
-N’avez-vous pas l’impression que la France est devenue plus indulgente par rapport aux frasques des enfants de l’élite politique (affaires Taubira, Touraine, Fabius) ? Ces frasques, ont-elles tendance à augmenter ces derniers temps et si oui, à quoi serait-ce lié ?
Olivier Tournafond. J’ai surtout le sentiment qu’il y a une corruption grandissante qui gagne progressivement toute l’élite française. D’ailleurs, il n’y a pas seulement la classe politique, il y a toute l’élite française. Alors la corruption ne gagne pas seulement les dirigeants eux-mêmes mais aussi leur progéniture qui parfois même est condamnée à des peines de prison, c’est le cas des gens que vous avez évoqués. Il ne faut pas oublier que les parents en font autant, je pense à Bernard Tapie, je pense à Eric Woerth, à Jérôme Cahuzac et puis à d’autres qui ne me viennent pas immédiatement à l’esprit. Il y a une sorte de maladie qui gagne toute l’élite. Pour ce qui est des Français, je crois qu’ils sont partagés entre la colère et le fatalisme. Quand il y a eu l’année dernière 1.300.000 manifestants dans les rues, ce n’était pas uniquement contre le mariage homosexuel. Il y avait d’autres raisons pour ce mécontentement massif présent à l’arrière-plan, ne serait-ce qu’à un niveau inconscient. Il est vrai que pour le moment ce mouvement n’a pas encore débouché sur une action politique radicale mais effectivement les élites sont totalement inconscientes. Elles jouent avec le feu parce que je ne sais pas pendant combien de temps le corps social supportera d’être persécuté fiscalement et bureaucratiquement tout en étant abreuvés de leçons de morale par des gens qui sont finalement, dans le meilleur des cas, des tartuffes, dans le pire, des criminels. Reste à savoir maintenant si les enfants sont pires que la génération précédente. Vous me direz qu’il y a eu mai 68 qui est passé par là et que, à l’heure actuelle, ils ne se cachent même plus. L’absence totale de valeurs, voici le problème global de tout le monde occidental et qui frappe particulièrement l’élite pace que c’est là que les tendances se caractérisent le plus.
-La crise morale atteint son apogée. Doit-on s’attendre à un dénouement en somme assez triste ? Sommes-nous en période de transition ?
Olivier Tournafond . Oui, comme on vit dans un monde réel et non pas virtuel, dans le monde réel il y a toujours un dénouement. Il est soit tragique soit heureux, ça fait partie des mystères de l’Histoire. Alors il pourrait y avoir un dénouement heureux qui serait une prise de conscience des Français qui voteraient pour un parti qui ne serait pas corrompu … bon, il y en a quand même quelques uns, le Front National, par exemple, n’est pas corrompu. Serait-ce parce qu’il n’a pas exercé le pouvoir ou qu’il y a en son sein des gens valeureux qui ont passé tout leur vie à défendre l’intérêt national ? Peut-être donc que les gens vont enfin se décider à voter massivement pour Marine Le Pen ? Peut-être va-t-on enfin « donner un coup de balai » comme on le réclame depuis longtemps ? En revanche, si les Français se refusent à le faire, s’ils sont trop apathiques pour réagir par les urnes, on peut finalement imaginer une faillite du pays comme cela est arrivé en Argentine, on peut imaginer aussi, dans quelques années une situation de guerre civile, on peut imaginer en définitive la disparition pure et simple de la France au bout de plusieurs dizaines d’années. On entre de cette façon dans des scénarios catastrophes parce qu’on ne peut pas indéfiniment faire fonctionner un état sur des principes contraires à la morale et au bon sens. Voici une règle qui se vérifie à travers l’Histoire, à travers les époques. Ce n’est pas parce qu’on a des ordinateurs portables, des appareils numériques et des engins techniquement géniaux qu’on peut échapper à cette règle aussi naturelle qu’implacable. Et d’ailleurs, si vous êtes cadre moyen et que vous travaillez dans une entreprise, si vous faites ce que font les élites françaises gouvernementales, vous vous retrouvez très vite en faillite et en prison, cela à juste titre. Tout le monde peut faire le test.
-Autrement dit, M. Tournafond, vous soutenez cette thèse quia a été formulée par Valeurs Actuelles selon laquelle les gens qui ne savent pas tenir leurs enfants ne peuvent pas tenir un pays. D’un côté, il est exact que les parents n’ont pas vocation à répondre des actes perpétrés par leurs enfants, de l’autre, la situation est bien plus gênante lorsque ces mêmes enfants ne font en fait que refléter leurs parents …
Olivier Tournafond. Je doute fort que les parents soient perturbés par ce que font leurs enfants. Ils ont atteint un tel degré d’immoralité que rien ne les tracasse. Voyez-vous, des gens qui sont capables de marier des hommes entre eux et des femmes entre elles sont capables de tout. Piquer dans la caisse, mettre de l’argent sur des comptes secrets, persécuter en même temps des contribuables … ils doivent trouver ça malin en se croyant supérieurs à autrui. C’est ainsi qu’ils voient les choses, me semble-t-il. Ils n’ont pas les mêmes valeurs que nous et d’ailleurs ils le répètent sans cesse … peut-être faudrait-il enfin les prendre au pied de la lettre.
-Les nouvelles réformes de Taubira prévoient notamment la suppression partielle des prisons en France ainsi que la distribution de peines de probation pour les délinquants condamnés à une peine de moins de cinq ans. Dans un certain sens, la ministre de la Justice rend donc service à son fils …
Olivier Tournafond. Oui, bien sûr. Cette mesure s’adresse d’abord à la vraie délinquance. Vous remarquerez cependant que ces lois extraordinairement laxistes ne s’adressent pas à la grande majorité des Français qui sont des contribuables. Les automobilistes, par exemple, dont on dit qu’ils seront encore plus persécutés qu’ils ne l’étaient avant. On est en train de voter à l’Assemblée nationale une loi, entre guillemets, sur la grande délinquance financière, alors qui donc est concerné ? C’est vous et moi, tout comme les délinquants routiers, encore une fois vous et moi, tout comme des gens qui ont voulu mettre leurs économies à l’abri de la rapacité de l’Etat ou des gens qui ont roulé un peu trop vite sur la route, qui n’ont pas observé les règles innombrables de la sécurité routière. Alors c’est là qu’on nous dit que vis-à-vis de ces gens-là le degré de tolérance sera estimé à zéro, qu’on leur infligera des peines de prison ferme ainsi que des amendes tellement confiscatoires que ces derniers finiront ruinés. Des millions de personnes sont visés. En revanche, la minorité de vrais délinquants, que ce soit des délinquants de droit commun comme ceux que vous aviez énumérés tout à l’heure ou de très grands délinquants qui pour beaucoup, bien malheureusement, dirigent l’Etat (la nomenklatura version française), ont à l’avance pleine conscience de leur impunité. Alors oui, la loi Taubira s’inscrit dans la logique de ce système, système totalitaire qui est en passe de se mettre en place, fondé sur une inversion totale des valeurs. Il y a dix-quinze ans, lorsque nous faisions des prévisions dans ce sens, on nous traitait de fanatiques, d’extrême-droitistes, d’excités … maintenant, les gens ont sous le nez les résultats de ces évolutions.
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