mercredi 23 février 2011
« Le Mai 68 des pays du Sud »
Les instigateurs férus d'Internet des révolutions démocratiques arabes s'inspirent tous d'un manuel révolutionnaire, De la dictature à la démocratie (1993), écrit par un mystérieux et influent expert américain, Gene Sharp. Ce best-seller mondial traduit en 30 langues, téléchargeable sur Internet, explique comment renverser pacifiquement les dictatures. Il a été financé par l'Institut Albert-Einstein et la Fondation Georges-Soros. Des opposants tunisiens, libyens, yéménites, bahreïniens ou algériens l'ont étudié. La vague révolutionnaire propulsée grâce à Internet par ce type d'ouvrages n'est pas près de s'arrêter. Ce « Mai 68 du Sud » est en train de gagner l'Asie, comme on le voit l'appel d'hier à manifester en Chine ou les 100.000 syndicalistes défilant dans New Dehli, et bientôt l'Afrique. Les rebelles pacifiques de Libye, du Zimbabwe, d'Iran, de Biélorussie ou même du Turkménistan lisent le manuel de Sharp, interdit par tous les régimes totalitaires. Avant eux, le mouvement Otpor, qui renversa plus efficacement que les bombes américaines le président serbe Slobodan Milosevic en 2000, s'en est inspiré. Mais les techniques de révolution pacifique fonctionnent là où existe un minimum d'ouverture sur l'étranger, d'éducation et de circulation de l'information, ce qui est le cas de la Tunisie, du Maroc, de la Jordanie, de Bahreïn, de l'Inde, mais pas de l'Iran, de l'Arabie saoudite, de la Corée du Nord ou de la Libye. C'est pourquoi Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis quarante-deux ans, n'hésitera pas à provoquer un bain de sang, comme il l'a dit, ainsi que son fils Saïf, plutôt que de se démettre. Sauf si l'armée l'y oblige, car la force des révolutions pacifiques est de discréditer le dictateur auprès de ses propres troupes...
Face à l’inconnu
La logorrhée de Mouammar Kadhafi a beau émaner d’un mythomane qui, dos au mur, croit toujours mener la «révolution» en Afrique et dans le Monde, le discours tenu hier à Tripoli laisse envisager le pire. L’ordre est donné de mater par tous les moyens la rébellion des «rats» et des «drogués», «manipulés» par les États-Unis et l’Italie.
Désormais, il faut s’attendre à tout en Libye. À un bain de sang qui multiplierait le nombre des victimes par milliers pour finalement aboutir à la seule issue envisageable : la chute du régime. Car les propos délirants du «Guide» signent aussi un aveu de faiblesse. L’appel pathétique aux tribus, dont le rôle est si important dans la société bédouine, laisse entendre que la plupart des clans ont déjà abandonné Kadhafi, y compris sa propre tribu. C’est vrai également pour une partie de l’armée, de la police et de l’administration, en plus de ces diplomates libyens qui, un peu partout, clament leur allégeance au «peuple».
Malheureusement, et là il faut croire les menaces de Kadhafi, le régime ne tombera pas sans d’horribles convulsions, sans des massacres perpétrés par la garde rapprochée et, paraît-il, des mercenaires recrutés au Tchad. Déjà se pose une question : quelle va être l’attitude de l’Occident en général, de l’Europe en particulier, sans oublier celle du puissant voisin de la Libye, l’Égypte ?
Très concrètement, les Européens qui, déjà, n’ont pas vu venir les révolutions arabes, ne bougeront pas, et se contenteront des traditionnelles condamnations verbales et autres appels désespérés. Toutefois, plusieurs hypothèses méritent rapidement étude : l’afflux massif de réfugiés (qui sera inévitable) ou encore la coupure (fort probable) des robinets du pétrole libyen. Et il y a le scénario du pire que redoute particulièrement l’Italie en se rappelant son aventure coloniale : l’éclatement de la Libye en plusieurs entités dont la Cyrénaïque limitrophe de l’Égypte. Or la région de Benghazi est sous l’autorité de tribus particulièrement conservatrices, voire salafistes.
Mais, après la Tunisie et l’Égypte, la Libye ne sera à son tour que l’acte suivant d’une pièce encore loin de son épilogue. Tout le monde arabe est en ébullition, aspirant à plus de liberté et de bien-être. L’Europe en premier lieu, puisque voisine proche, doit se préparer à ces bouleversements géopolitiques. En accordant l’attention qu’il faut, aides économiques comprises, à la Transméditerranée. Pour ne pas se trouver un jour face à des situations dangereuses. Car les révolutions, même menées avec les meilleures intentions démocratiques du monde, portent en elles une grande part d’inconnu. En laissant choir le pouvoir, elles créent un vide dans lequel n’importe qui ou n’importe quoi peut s’engouffrer…
La logorrhée de Mouammar Kadhafi a beau émaner d’un mythomane qui, dos au mur, croit toujours mener la «révolution» en Afrique et dans le Monde, le discours tenu hier à Tripoli laisse envisager le pire. L’ordre est donné de mater par tous les moyens la rébellion des «rats» et des «drogués», «manipulés» par les États-Unis et l’Italie.
Désormais, il faut s’attendre à tout en Libye. À un bain de sang qui multiplierait le nombre des victimes par milliers pour finalement aboutir à la seule issue envisageable : la chute du régime. Car les propos délirants du «Guide» signent aussi un aveu de faiblesse. L’appel pathétique aux tribus, dont le rôle est si important dans la société bédouine, laisse entendre que la plupart des clans ont déjà abandonné Kadhafi, y compris sa propre tribu. C’est vrai également pour une partie de l’armée, de la police et de l’administration, en plus de ces diplomates libyens qui, un peu partout, clament leur allégeance au «peuple».
Malheureusement, et là il faut croire les menaces de Kadhafi, le régime ne tombera pas sans d’horribles convulsions, sans des massacres perpétrés par la garde rapprochée et, paraît-il, des mercenaires recrutés au Tchad. Déjà se pose une question : quelle va être l’attitude de l’Occident en général, de l’Europe en particulier, sans oublier celle du puissant voisin de la Libye, l’Égypte ?
Très concrètement, les Européens qui, déjà, n’ont pas vu venir les révolutions arabes, ne bougeront pas, et se contenteront des traditionnelles condamnations verbales et autres appels désespérés. Toutefois, plusieurs hypothèses méritent rapidement étude : l’afflux massif de réfugiés (qui sera inévitable) ou encore la coupure (fort probable) des robinets du pétrole libyen. Et il y a le scénario du pire que redoute particulièrement l’Italie en se rappelant son aventure coloniale : l’éclatement de la Libye en plusieurs entités dont la Cyrénaïque limitrophe de l’Égypte. Or la région de Benghazi est sous l’autorité de tribus particulièrement conservatrices, voire salafistes.
Mais, après la Tunisie et l’Égypte, la Libye ne sera à son tour que l’acte suivant d’une pièce encore loin de son épilogue. Tout le monde arabe est en ébullition, aspirant à plus de liberté et de bien-être. L’Europe en premier lieu, puisque voisine proche, doit se préparer à ces bouleversements géopolitiques. En accordant l’attention qu’il faut, aides économiques comprises, à la Transméditerranée. Pour ne pas se trouver un jour face à des situations dangereuses. Car les révolutions, même menées avec les meilleures intentions démocratiques du monde, portent en elles une grande part d’inconnu. En laissant choir le pouvoir, elles créent un vide dans lequel n’importe qui ou n’importe quoi peut s’engouffrer…
Une menace pour l'économie mondiale
Bonne nouvelle : malgré les éruptions en chaîne au Moyen et au Proche-Orient, on est encore loin d'un baril flirtant avec les 150 dollars, comme en 2008. Mauvaise nouvelle : boosté par la crise libyenne, l'or noir prend, aujourd'hui, l'ascenseur des prix de façon inquiétante. L'arrêt sur image est plutôt rassurant, le film plutôt inquiétant.
Les éruptions démocratiques en Tunisie et en Égypte ¯ pays non exportateurs de pétrole ¯ avaient permis de se rassurer à bon compte. Le baril restait sage, d'autant qu'aucune hypothèque géopolitique ne venait menacer ses artères stratégiques : canal de Suez, oléoduc Sud Méditerranée. Le scénario libyen est loin d'offrir les mêmes garanties. Les compagnies pétrolières le savent mieux que quiconque. Elles ont beau s'abriter derrière un discours sécurisant, leur empressement à stopper la production libyenne (l'allemand Wintershall) et à rapatrier leurs expatriés (Total en tête) en dit plus long que tous les discours usinés en langue de bois.
La « bombe » pétrolière libyenne risque bien d'exploser. Si personne n'en mesure l'onde de choc, personne non plus ne peut, a priori, en contester le potentiel destructeur. Pour des raisons politiques évidentes, tenant à la nature d'un régime souvent tenté par tous les extrémismes. Pour des raisons inhérentes au poids et au rôle économique important de Tripoli sur l'échiquier de l'énergie mondiale aussi.
La Libye est un producteur mondial de premier rang, essentiel pour l'Europe, qui plus est détenteur des premières réserves d'Afrique connues. Sa défection serait très embêtante. En l'état des ressources mondiales, elle ne saurait être comblée instantanément. L'effet de contagion et d'embrasement de la crise au Moyen-Orient ¯ surtout en Arabie Saoudite, le principal gisement mondial identifié ¯ pourrait s'avérer, lui, carrément catastrophique. Car les productions alternatives au cartel de l'Opep, canadiennes ou russes, sont encore hypothétiques ou difficiles d'accès, donc très chères.
Bref, le scénario d'une rupture dans le fragile équilibre entre l'offre et la demande qui garantissait, ces derniers temps, un prix du baril autour de 80 dollars, acceptable pour les producteurs comme par les consommateurs, pousserait les prix vers de nouveaux sommets. Mécaniquement, sans même utiliser le levier de la spéculation...
La flambée du coût du pétrole serait une mauvaise nouvelle pour une économie mondiale toujours en convalescence, quoi qu'on en dise. Le pétrole reste le sang nourricier de l'économie « réelle ». Une hausse brutale et contagieuse du prix des carburants ¯ ravageuse dans l'alimentation, entre autres ¯ pourrait casser les reins d'une reprise fragile, notamment dans la vieille Europe condamnée à une transfusion pétrolière permanente. Le pire, là aussi, n'est jamais sûr.
La très grande majorité des pays producteurs semble avoir bien compris, même au moment de grandes convulsions politiques (Tchad et Angola, entre autres) que la politique de la terre brûlée était totalement contre-productive. Qu'elle sapait les deux piliers de leur économie : la « vente » de pétrole et « l'achat » de touristes. Le problème, c'est que Kadhafi ne fait pas partie de cette majorité...
Bonne nouvelle : malgré les éruptions en chaîne au Moyen et au Proche-Orient, on est encore loin d'un baril flirtant avec les 150 dollars, comme en 2008. Mauvaise nouvelle : boosté par la crise libyenne, l'or noir prend, aujourd'hui, l'ascenseur des prix de façon inquiétante. L'arrêt sur image est plutôt rassurant, le film plutôt inquiétant.
Les éruptions démocratiques en Tunisie et en Égypte ¯ pays non exportateurs de pétrole ¯ avaient permis de se rassurer à bon compte. Le baril restait sage, d'autant qu'aucune hypothèque géopolitique ne venait menacer ses artères stratégiques : canal de Suez, oléoduc Sud Méditerranée. Le scénario libyen est loin d'offrir les mêmes garanties. Les compagnies pétrolières le savent mieux que quiconque. Elles ont beau s'abriter derrière un discours sécurisant, leur empressement à stopper la production libyenne (l'allemand Wintershall) et à rapatrier leurs expatriés (Total en tête) en dit plus long que tous les discours usinés en langue de bois.
La « bombe » pétrolière libyenne risque bien d'exploser. Si personne n'en mesure l'onde de choc, personne non plus ne peut, a priori, en contester le potentiel destructeur. Pour des raisons politiques évidentes, tenant à la nature d'un régime souvent tenté par tous les extrémismes. Pour des raisons inhérentes au poids et au rôle économique important de Tripoli sur l'échiquier de l'énergie mondiale aussi.
La Libye est un producteur mondial de premier rang, essentiel pour l'Europe, qui plus est détenteur des premières réserves d'Afrique connues. Sa défection serait très embêtante. En l'état des ressources mondiales, elle ne saurait être comblée instantanément. L'effet de contagion et d'embrasement de la crise au Moyen-Orient ¯ surtout en Arabie Saoudite, le principal gisement mondial identifié ¯ pourrait s'avérer, lui, carrément catastrophique. Car les productions alternatives au cartel de l'Opep, canadiennes ou russes, sont encore hypothétiques ou difficiles d'accès, donc très chères.
Bref, le scénario d'une rupture dans le fragile équilibre entre l'offre et la demande qui garantissait, ces derniers temps, un prix du baril autour de 80 dollars, acceptable pour les producteurs comme par les consommateurs, pousserait les prix vers de nouveaux sommets. Mécaniquement, sans même utiliser le levier de la spéculation...
La flambée du coût du pétrole serait une mauvaise nouvelle pour une économie mondiale toujours en convalescence, quoi qu'on en dise. Le pétrole reste le sang nourricier de l'économie « réelle ». Une hausse brutale et contagieuse du prix des carburants ¯ ravageuse dans l'alimentation, entre autres ¯ pourrait casser les reins d'une reprise fragile, notamment dans la vieille Europe condamnée à une transfusion pétrolière permanente. Le pire, là aussi, n'est jamais sûr.
La très grande majorité des pays producteurs semble avoir bien compris, même au moment de grandes convulsions politiques (Tchad et Angola, entre autres) que la politique de la terre brûlée était totalement contre-productive. Qu'elle sapait les deux piliers de leur économie : la « vente » de pétrole et « l'achat » de touristes. Le problème, c'est que Kadhafi ne fait pas partie de cette majorité...
Impuissance
Vous avez vu Kadhafi éructer hier à la télévision, le poing brandi ? Pathétique, ridicule. Et terrifiant. Car ce pantin a derrière lui une armée, des avions et des canons, dont il est bien décidé à se servir. Déterminé, dit-il, à défendre son pouvoir jusqu’à la dernière goutte de son sang... C’est la chronique d’un massacre annoncé. Et en face ? L’impuissance. La communauté internationale, ce fantasme médiatique, cette fiction rassurante et trompeuse, ne peut rien faire, et ne fait donc rien: elle réunit le conseil de sécurité de l’Onu, ce qui revient au même - à moins d’imaginer qu’une condamnation de papier puisse encore le faire reculer. Cela fait déjà plus de quarante ans qu’il nargue le monde et se maintient avec notre bénédiction de consommateurs de pétrole. Kadhafi nous a prévenus, hier: il régnera aussi longtemps qu’il le pourra - jusqu’à la dernière goutte de sang de son peuple.
Vous avez vu Kadhafi éructer hier à la télévision, le poing brandi ? Pathétique, ridicule. Et terrifiant. Car ce pantin a derrière lui une armée, des avions et des canons, dont il est bien décidé à se servir. Déterminé, dit-il, à défendre son pouvoir jusqu’à la dernière goutte de son sang... C’est la chronique d’un massacre annoncé. Et en face ? L’impuissance. La communauté internationale, ce fantasme médiatique, cette fiction rassurante et trompeuse, ne peut rien faire, et ne fait donc rien: elle réunit le conseil de sécurité de l’Onu, ce qui revient au même - à moins d’imaginer qu’une condamnation de papier puisse encore le faire reculer. Cela fait déjà plus de quarante ans qu’il nargue le monde et se maintient avec notre bénédiction de consommateurs de pétrole. Kadhafi nous a prévenus, hier: il régnera aussi longtemps qu’il le pourra - jusqu’à la dernière goutte de sang de son peuple.
Le G20 et le front des villageois
Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde n'ont pas fini de passer des nuits blanches. A la première réunion du G20, il en a déjà fallu plusieurs pour aboutir à un accord ambigu sur une grille d'indicateurs monétaires et commerciaux. Les Chinois ont notamment obtenu des paraphrases molles pour occulter les réserves de change, les paiements courants extérieurs ou les taux de change des monnaies. Pour eux, en bref, le cours du yuan ne regarde pas la communauté internationale ; concept pittoresque évoquant les baronnies moyenâgeuses battant jetons et pratiquant le troc. L'inconvénient est que ce village gigantesque, tout occupé de ses problèmes intérieurs avec ses propres barons régionaux, est en position de peser sur le monde.
Quand on abordera la régulation financière et, plus encore, l'hypothèse d'une taxe mondiale sur les transactions, on verra Washington camper sur les privilèges du village de Wall Street. A la manière dont l'Amérique profonde des « Tea parties » s'affirme explicitement « ennemie de l'Etat fédéral », selon ses propres termes. Ce qui est bien américain... car on ne sait pas que l'écrasante majorité des élus du Congrès ne possède même pas de passeport. Or cette incuriosité sans horizon inspire le pays dont la monnaie est, encore, la seule véritable devise internationale.
Le président du G20 est bien intrépide, qui espère pouvoir enseigner le monde à ces gros villageois. Mais, paradoxalement, son statut d'Européen le qualifie mieux que d'autres pour cet emploi risqué. Cette Europe, en effet, est revenue du temps où elle prenait pour le monde son propre village. Et à force d'accoutumer ses propres Etats à des concessions de souveraineté, elle a appris à distinguer l'essentiel de l'accessoire. Entre-temps, malheureusement, les gros villages ont pris le pouvoir. Il reste à espérer que, comme pour nous, la raison leur viendra avec la perspective de leur déclin.
Toute la vérité sur les commissions des cartes bancaires
De plus en plus de commerçants se plaignent du niveau des commissions exigées par leurs banques pour les paiements par cartes bancaires. Christine Lagarde, la ministre de l'Economie vient donc de confier une mission à trois parlementaires pour l'aider à y voir plus clair. Au total, 3 milliards d'euros sont en jeu. Et tous les commerces ne sont pas logés à la même enseigne. Latribune.fr a mené l'enquête.
Indispensable. La carte bancaire est aujourd'hui le moyen de paiement le plus utilisé dans l'Hexagone. Les Français la sortent pour payer quatre achats sur dix. Mais ils l'utilisent de plus en plus souvent pour payer des sommes relativement modestes. Selon les données collectées par les banques, la moyenne n'atteignait plus que 49 euros par achat en 2009. Les grosses dépenses restent donc l'apanage du sacro-saint chèque et de l'indétrônable virement.
5.190 euros dépensés en moyenne par les Français disposant d'une carte bancaire
Reste que, sur un an, chaque Français dépense en moyenne 5.190 euros avec sa carte bancaire. Difficile donc pour les petits commerçants de continuer à exiger des paiements en espèces. Et pour d'autres à prendre le risque de se voir payer avec un chèque sans provisions. Mais nombre d'entre eux pointent du doigt le niveau jugé trop élevé des commissions exigées par les banques pour les paiements par carte. Elles représenteraient entre 0,4% et 2% du montant perçu par un commerçant. Le député Richard Mallié, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille, estime que le coût annuel des commissions interbancaires pour les commerçants et artisans serait de 3 milliards d'euros.
La réponse des banques n'a pas tardé
Voilà tout l'objet du débat que la ministre de l'économie vient de relancer en confiant une mission à trois parlementaires - les députés UMP Françoise Branget, Bernard Debré et Richard Mallié. Christine Lagarde leur demande de répondre aux plaintes récurrentes des commerçants et "l'amélioration de (la) transparence sur les frais". Sur ce point, la fédération bancaire française (FBF) a immédiatement répondu. Elle explique dans un communiqué que les banques françaises ont déjà décidé en janvier dernier de fournir à leurs clients commerçants "un récapitulatif annuel des sommes perçues au titre du service d'encaissement des paiements par carte. Ce premier récapitulatif qui sera mis à disposition avant le 31 mars pour l'année 2010, permettra aux clients de mieux comparer les coûts de ce service dans un marché très concurrentiel".
Des disparités qui dépendent de la capacité à négocier du commerçant
Autre demande de Bercy : l'identification des secteurs les plus affaiblis par les niveaux trop élevés des commissions. Il est probable que les petits commerces de proximité et les taxis soient pointés du doigt par la mission. Ces petits commerçants doivent faire avec des frais fixes proportionnellement élevés. Par exemple Gérard, un patron de bureau de presse a abandonné le système de cartes car il payait 2% de commissions sur les paiements par cartes visa et Mastercard. "Le coût de location du terminal et de la machine était important, d'autant qu'à la moindre panne de courant, tout déraille. Il faut donc laisser l'électricité la nuit, ce qui augmente le prix des factures" explique-t-il.
A l'inverse Sandra, gérante d'un hôtel-restaurant, ne paie "que" 0,7% de commissions à sa banque après les avoir âprement négociés. De même Xavier qui possède une entreprise de pose de parquet, "mon taux CB est de 0.4% pour chaque transaction avec un minimum de 0.12 euro de commission par transaction. On trouve toujours que c'est trop, notamment sur les petits montants mais je ne vais pas me plaindre. Au moins j'ai la sécurité de paiement. Quand j'ai des acomptes de plusieurs milliers d'euros, je suis sûr que l'argent est là et c'est très important. Ma priorité, c'est d'être payé."
Le prix à payer pour une double sécurité
Du côté des banques, on se félicite du lancement de cette mission qui, d'après elles, lèvera les ambiguïtés. Le discours tenu par les banquiers ne diffère pas d'un établissement à l'autre. Tous sont persuadés que les commerçants qui n'optent pas pour le système de paiement par carte ratent des ventes et voit le nombre de leurs clients potentiels se réduire. Elles pointent aussi du doigt la réduction du nombre de braquages dès lors que leur caisse n'est pas susceptible de comprendre une part importante de billets. "Un petit commerçant paiera entre 1et 2% de commission, ça les vaut car les problèmes de sécurités physiques sont réglés" peut-on entendre dans le milieu des banques.
Autres acteurs pointés du doigt, les marques de cartes bancaires (Visa, Mastercard, American Express) qui perçoivent leurs rémunérations des banques et autres établissements financiers. Ces groupes internationaux se refusent à communiquer sur les montants qu'ils perçoivent en France. Mastercard donne cependant son avis sur la mission lancé par Christine Lagarde. L'entreprise désapprouve une éventuelle limitation des commissions bancaires, estimant cela néfaste pour les consommateurs, les banques et l'économie. "Les commissions interbancaires sont essentielles pour assurer la viabilité économique et notamment la prévention contre la fraude, les paiements garantis et l'innovation. Limiter le niveau des commissions nuira au pouvoir d'achat et au développement des TPE et PME" explique-t-on chez Mastercard.
L'autre grand acteur du marché Visa ne se prononce pas et attend comme son grand concurrent les conclusions des députés. Quant au troisième acteur majeur, American Express, il assure carrément ne pas se sentir concerné par cette mission. Et pour cause, il estime apporter aux commerçants des clients "très dépensiers". Un avantage marketing qui vaut bien les 3% (et plus) de commissions exigés.
5.190 euros dépensés en moyenne par les Français disposant d'une carte bancaire
Reste que, sur un an, chaque Français dépense en moyenne 5.190 euros avec sa carte bancaire. Difficile donc pour les petits commerçants de continuer à exiger des paiements en espèces. Et pour d'autres à prendre le risque de se voir payer avec un chèque sans provisions. Mais nombre d'entre eux pointent du doigt le niveau jugé trop élevé des commissions exigées par les banques pour les paiements par carte. Elles représenteraient entre 0,4% et 2% du montant perçu par un commerçant. Le député Richard Mallié, qui a fait de ce sujet son cheval de bataille, estime que le coût annuel des commissions interbancaires pour les commerçants et artisans serait de 3 milliards d'euros.
La réponse des banques n'a pas tardé
Voilà tout l'objet du débat que la ministre de l'économie vient de relancer en confiant une mission à trois parlementaires - les députés UMP Françoise Branget, Bernard Debré et Richard Mallié. Christine Lagarde leur demande de répondre aux plaintes récurrentes des commerçants et "l'amélioration de (la) transparence sur les frais". Sur ce point, la fédération bancaire française (FBF) a immédiatement répondu. Elle explique dans un communiqué que les banques françaises ont déjà décidé en janvier dernier de fournir à leurs clients commerçants "un récapitulatif annuel des sommes perçues au titre du service d'encaissement des paiements par carte. Ce premier récapitulatif qui sera mis à disposition avant le 31 mars pour l'année 2010, permettra aux clients de mieux comparer les coûts de ce service dans un marché très concurrentiel".
Des disparités qui dépendent de la capacité à négocier du commerçant
Autre demande de Bercy : l'identification des secteurs les plus affaiblis par les niveaux trop élevés des commissions. Il est probable que les petits commerces de proximité et les taxis soient pointés du doigt par la mission. Ces petits commerçants doivent faire avec des frais fixes proportionnellement élevés. Par exemple Gérard, un patron de bureau de presse a abandonné le système de cartes car il payait 2% de commissions sur les paiements par cartes visa et Mastercard. "Le coût de location du terminal et de la machine était important, d'autant qu'à la moindre panne de courant, tout déraille. Il faut donc laisser l'électricité la nuit, ce qui augmente le prix des factures" explique-t-il.
A l'inverse Sandra, gérante d'un hôtel-restaurant, ne paie "que" 0,7% de commissions à sa banque après les avoir âprement négociés. De même Xavier qui possède une entreprise de pose de parquet, "mon taux CB est de 0.4% pour chaque transaction avec un minimum de 0.12 euro de commission par transaction. On trouve toujours que c'est trop, notamment sur les petits montants mais je ne vais pas me plaindre. Au moins j'ai la sécurité de paiement. Quand j'ai des acomptes de plusieurs milliers d'euros, je suis sûr que l'argent est là et c'est très important. Ma priorité, c'est d'être payé."
Le prix à payer pour une double sécurité
Du côté des banques, on se félicite du lancement de cette mission qui, d'après elles, lèvera les ambiguïtés. Le discours tenu par les banquiers ne diffère pas d'un établissement à l'autre. Tous sont persuadés que les commerçants qui n'optent pas pour le système de paiement par carte ratent des ventes et voit le nombre de leurs clients potentiels se réduire. Elles pointent aussi du doigt la réduction du nombre de braquages dès lors que leur caisse n'est pas susceptible de comprendre une part importante de billets. "Un petit commerçant paiera entre 1et 2% de commission, ça les vaut car les problèmes de sécurités physiques sont réglés" peut-on entendre dans le milieu des banques.
Autres acteurs pointés du doigt, les marques de cartes bancaires (Visa, Mastercard, American Express) qui perçoivent leurs rémunérations des banques et autres établissements financiers. Ces groupes internationaux se refusent à communiquer sur les montants qu'ils perçoivent en France. Mastercard donne cependant son avis sur la mission lancé par Christine Lagarde. L'entreprise désapprouve une éventuelle limitation des commissions bancaires, estimant cela néfaste pour les consommateurs, les banques et l'économie. "Les commissions interbancaires sont essentielles pour assurer la viabilité économique et notamment la prévention contre la fraude, les paiements garantis et l'innovation. Limiter le niveau des commissions nuira au pouvoir d'achat et au développement des TPE et PME" explique-t-on chez Mastercard.
L'autre grand acteur du marché Visa ne se prononce pas et attend comme son grand concurrent les conclusions des députés. Quant au troisième acteur majeur, American Express, il assure carrément ne pas se sentir concerné par cette mission. Et pour cause, il estime apporter aux commerçants des clients "très dépensiers". Un avantage marketing qui vaut bien les 3% (et plus) de commissions exigés.
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