dimanche 17 avril 2011
Nombres
On voudrait croire à la défaite idéologique des requins de la finance quand les politiques défilent pour la radio des jeunes et contre le fonds AXA.
On voudrait croire à la défaite idéologique des requins de la finance quand les politiques défilent pour la radio des jeunes et contre le fonds AXA. Mais si la saynète Skyrock est marxiste, c’est au sens de Groucho. Pierre Bellanger, génie de la radio mais piètre gestionnaire, se défend en agit-prop contre des financiers qu’il avait lui-même invités. Tant pis pour AXA, qui se croyait naïvement propriétaire, et donc en droit de gérer selon ses intérêts! Et spécial dédicace à Malek Boutih, chef de guerre de Bellanger, qui mobilise la politique contre l’économie! La politique est la plus forte, surtout quand ça n’engage à rien. "Se distraire à en mourir", prophétisait un auteur américain?
Il y a plus que de la distraction dans la parole adolescente, mais qu’elle se mobilise pour une radio rappeuse la révèle aliénée: mourir pour Bellanger, pas pour le social? Imagine-t-on la déstructuration des mômes si un arrangement capitalistique leur est une tragédie? Mais cette détresse-là n’émeut pas les politiques: ils en jouent. Croit-on François Hollande, désormais confit en révolution, paré à abolir le droit de propriété? Ou Xavier Bertrand, converti anticapitaliste? Les gosses attirent les démagogues, d’autant qu’ils sont nombreux! Un million de skyrockeurs levés sur Facebook, ça en impose, et les gros bataillons sont mieux traités que les minorités faiblichonnes.
Ainsi, il vaut mieux ne pas être une parmi quelques dizaines de femmes en niqab dans un pays qui envoie ses flics verbaliser les bigotes enfoulardées. Ou un parmi cette poignée d’étudiants juifs qui bousilleront leur concours d’ingénieur parce qu’ils croient en Dieu et ne travailleront pas le jour de la Pâque. Ces deux aventures sont liées d’une écoeurante ironie. Le sarkozysme ayant deux visages, il prétendait protéger les juifs orthodoxes tout en bannissant le niqab. L’antisarkozysme ne faisant pas de détail, le site Mediapart, d’une plume virilement laïque, a pointé du doigt le privilège juif et proclamé le "deux poids deux mesures", soulignant que certains sont les chouchous du régime quand d’autres sont ses victimes… Peut-être, mais ces gamins, privés de concours et stigmatisés devant l’opinion, n’y étaient pour rien. Sarkozysme et antisarkozysme se valent, qui exposent des innocents à des fins idéologiques. Les étudiants juifs servent de preuve à Mediapart, comme les mamans enfoulardées sont la démonstration de la virilité du pouvoir. À chacun son lynchage.
On rêverait d’une société où l’on pourrait, aussi simplement qu’on fait péter le rap aux oreilles de Xavier Bertrand, abriter sa vertu d’un tissu noirci ou psalmodier ses psaumes sans attirer les foudres, même si la foi n’est qu’une bêtise. Mais la France des élites, qui pète de trouille quand la jeunesse sacrifie au dieu Skyrock, se gargarise d’emmerder les pauvres gens isolés.
Pagaille verte
Il a franchi le Rubicon. Nicolas Hulot refusait depuis toujours les engagements politiques.
Il a franchi le Rubicon. Nicolas Hulot refusait depuis toujours les engagements politiques. En 2007, il avait préféré convaincre les principaux candidats de signer son "pacte écologique" plutôt que d’être candidat lui-même. Le voilà dans la course pour représenter les Verts à la présidentielle face à une Eva Joly qui n’arrive pas à rompre avec son image de juge venue du froid.
Un changement de stratégie. Cet homme tourmenté ne peut l’avoir adoptée à la légère. Mais qu’il réussisse ou qu’il échoue, il fait prendre de graves risques à la cause qu’il veut incarner. La crise financière a relégué au second plan le grand thème des années 2005-2008.
"L’écologie, ça commence à bien faire" a fermé le Grenelle de l’environnement en France. Les États-Unis font de l’environnement un moteur de leur reprise. Mais Fukushima relance la réflexion sur les choix énergétiques, comme le montre l’évolution d’Angela Merkel et de Martine Aubry sur le nucléaire.
L’écologie infuse la politique. Elle ne peut s’enfermer dans un ghetto. Elle rassemble dans les élections sans enjeu national, municipales, régionales ou européennes. Ses représentants sont marginalisés dans la présidentielle. Seul Noël Mamère a franchi la barre des 5% en 2002.
2002, triste référence qui conduit à la question de fond: à qui profitera une candidature Hulot? Qu’il perce et il fera le jeu de Marine Le Pen, face à Nicolas Sarkozy ou au candidat de gauche. En 2012 pas plus qu’en 2002, aucun camp n’aura intérêt à disperser ses voix face à la montée du Front national. Qu’il échoue et il torpille la cause qu’il défend depuis plus de trente ans avec conviction et mesure. La politique est une passion dangereuse.
Les "réunions Tupperware" de Hulot
Après l’annonce de sa candidature, l’ex-animateur télé veut prendre son temps.
Il est rentré en week-end chez lui, à Saint-Lunaire, en Bretagne. Le candidat Nicolas Hulot prend des forces pour la présidentielle. Content de son entrée en campagne, mercredi dernier à Sevran. "En vingt-quatre heures, 3.500 personnes ont laissé leurs coordonnées pour participer aux primaires sur notre site", s’enthousiasme Jean-Paul Besset, pilier de l’équipe de l’ex-animateur de télé. Signe encourageant pour eux qui rêvent de transformer en suffrages la popularité de l’écolo préféré des Français. Sept cent cinquante mille personnes avaient signé en 2007 le pacte écologique d’Hulot, 300.000 d’entre elles avaient participé à une étude sur leurs motivations et la majorité était prête à continuer l’aventure écolo. Un bon capital en somme. "On n’a évidemment pas accès au fichier, il appartient à la Fondation, précise Pascal Durand, codirecteur de campagne d’Hulot. Mais nous espérons qu’une partie de ces citoyens s’engage aujourd’hui."
Hulot n’a pas encore de local de campagne, ni même de budget. "On est un tout petit cercle. On n’a pas le parti, on va être moins pro que si on avait la puissance de feu de l’UMP ou du PS", témoigne Durand. La primaire est prévue pour le 23 juin: Hulot a donc deux mois pour l’emporter sur Eva Joly, qui mise sur les déplacements en province. Le nouveau candidat va faire la tournée des popotes écolos, loin des flashes et des caméras. Les dates ne sont pas encore calées, et elles ne devraient pas être publiques. Hulot se promènera une à deux fois par semaine. "Nicolas ne fera pas de meetings ou de réunions publiques, mais des réunions Tupperware, prévoit Jean-Paul Besset. Il s’assoit autour de la table, discute avec les militants, se met à leur disposition."
"Il ne veut pas être un candidat médiatique"
La télé près de chez vous sans journalistes. "Nicolas ne veut pas être un candidat médiatique", explique Serge Guérin, sociologue et l’un des initiateurs d’un appel d’élus et de personnalités pour Hulot. Cette stratégie, loin des médias, surprend un peu. "Avant les européennes, on avait fait un tour de chauffe, mais c’était ouvert, se souvient Dany Cohn-Bendit. Quand on veut faire une campagne, on rencontre des gens et c’est bien d’en parler, on ne fait pas ça en secret. Mais on verra, si Nicolas Hulot s’impose dans les sondages, c’est que leur choix marche."
Le candidat a aussi besoin de temps pour "continuer à se muscler", comme dit un proche, pour "travailler, travailler", dit Besset qui poursuit: "Il prépare le programme de transition, c’est l’objectif numéro un. Il doit traduire concrètement le changement de cap qu’il souhaite." Hulot prend son temps: "Il ne veut pas s’épuiser, Nicolas veut garder son énergie pour la vraie campagne, celle face aux Français", analyse Besset. Eva Joly, elle, se bat sur tous les fronts et va partout. Face au lièvre Joly, Hulot a choisi la stratégie de la tortue, sans garantie que cela finisse comme chez La Fontaine.
FOG "killer" de présidents
Après François Mitterrand et Jacques Chirac, le directeur du Point Franz-Olivier Giesbert passe à la moulinette Nicolas Sarkozy dans son dernier livre M. le Président*. Chronique d’un amour déçu.
Le dernier rendez-vous n’aura finalement rien changé. Tout juste aura-t-il instillé un doute dans l’esprit de Franz-Olivier Giesbert. Forcément informé du projet littéraire du directeur du Point, le chef de l’Etat déploie ce 14 février 2011 tout son pouvoir de séduction. Nicolas Sarkozy tente d’impressionner son invité en étalant ses dernières lectures. Autant de livres qui désormais ne le quittent plus dans ses voyages.
Pour convaincre FOG qui anime depuis plusieurs années sur France Télévisions une émission littéraire, le président détaille au gré de la conversation ses lectures. FOG s’avoue bluffé. Le match entre les deux hommes sur leurs connaissances réciproques tourne d’ailleurs à l’avantage… de Nicolas Sarkozy.
C’est le dernier chapitre du livre. Le plus clément pour le président. L’épilogue s’achève sur cette note: "Nicolas Sarkozy n’est plus tout à fait le même. Il a peut être enfin commencé à se trouver. Il est fait ; il est fini."
Frappé par la malédiction de l’Elysée, Nicolas Sarkozy apparait ensuite paragraphes après paragraphes comme le "plus mauvais DRH de France". Surtout FOG insiste sur la paranoïa qui saisit le président vis-à-vis des médias. Mécontent d’une chronique dans Le Point consacrée à son épouse Carla, Sarkozy engueulera pendant quarante minutes Giesbert!
Mais en bon procureur, Giesbert hésite au moment de fixer les réquisitions. Si en filigrane, on sent bien qu’il ne pense pas qu’il puisse être réélu en 2012, l’auteur prévient: "Il n’a pas encore perdu. La France n’en aura jamais fini avec lui. Même mort, il continuera à aller de l’avant et à donner des ordres à l’univers."
* Monsieur le Président, chez Flammarion, 285 pages, 19,90 euros
Pour convaincre FOG qui anime depuis plusieurs années sur France Télévisions une émission littéraire, le président détaille au gré de la conversation ses lectures. FOG s’avoue bluffé. Le match entre les deux hommes sur leurs connaissances réciproques tourne d’ailleurs à l’avantage… de Nicolas Sarkozy.
C’est le dernier chapitre du livre. Le plus clément pour le président. L’épilogue s’achève sur cette note: "Nicolas Sarkozy n’est plus tout à fait le même. Il a peut être enfin commencé à se trouver. Il est fait ; il est fini."
"Spécialisé dans le registre saoulant"
Des quarante-neuf autres chapitres, Nicolas Sarkozy en sort éreinté. Une fois la lecture achevée, on a le sentiment que c’est plus le président qui a déçu Giesbert. Moins l’homme Sarkozy. Au fil des pages, l’auteur raconte avec cette plume précise, coupante, mêlant anecdotes et mise de lui-même son désamour. Il décrit un Sarkozy "vantard et ramenard", "spécialisé dans le registre saoulant de l’auto-justification et l’auto-célébration". FOG tente bien par moment de modérer sa déception. Le temps d’une demi-douzaine de chapitres. L’époque où le "taulier du monde" règle le conflit en Géorgie, la crise de l’euro et des banques. Jusqu’à l’affaire de l’EPAD…Frappé par la malédiction de l’Elysée, Nicolas Sarkozy apparait ensuite paragraphes après paragraphes comme le "plus mauvais DRH de France". Surtout FOG insiste sur la paranoïa qui saisit le président vis-à-vis des médias. Mécontent d’une chronique dans Le Point consacrée à son épouse Carla, Sarkozy engueulera pendant quarante minutes Giesbert!
"Même mort, il continuera à donner des ordres"
Mais l’auteur n’est pas seulement déçu par la présidence de cet "enfant-roi", il l’est aussi par les sarkozystes. Claude Guéant? Un homme qui s’est, selon lui, "pas mal encanaillé au fil du temps". Il n’épargne pas non plus les ministres. François Baroin? "Monsieur bébé." Valérie Pécresse? "Déguisée en présidente d’association de parents d’élèves d’une école privée du XVIe arrondissement de Paris." Nathalie Kosciusko-Morizet? C’est "Nathalie au Pays des merveilles". Rachida Dati? "Une blague qui n’aura finalement fait rire personne." Seuls François Fillon et Rama Yade échappent à la grande faucheuse de FOG.Mais en bon procureur, Giesbert hésite au moment de fixer les réquisitions. Si en filigrane, on sent bien qu’il ne pense pas qu’il puisse être réélu en 2012, l’auteur prévient: "Il n’a pas encore perdu. La France n’en aura jamais fini avec lui. Même mort, il continuera à aller de l’avant et à donner des ordres à l’univers."
* Monsieur le Président, chez Flammarion, 285 pages, 19,90 euros
Révoltes arabes: le PIB mondial pourrait être impacté
Alarmiste, la Banque mondiale met en garde contre une aggravation de la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient qui pourrait faire «dérailler» la reprise dans le monde. Le FMI se dit prêt à agir.
Alors que les révoltes arabes se poursuivent, la Banque mondiale tire la sonnette d'alarme. À Washington, face aux 24 pays qui composent le Comité monétaire et financier international (CMFI) chargé de définir les grandes orientations politiques du Fonds monétaire international (FMI), l'institution a déclaré qu' «une aggravation des conditions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait faire dérailler la croissance mondiale».
Elle estime notamment que «si les prix du pétrole devaient augmenter fortement et durablement, que ce soit à cause d'incertitudes croissantes ou d'une perturbation significative de la production pétrolière, la croissance mondiale pourrait ralentir de 0,3 point de pourcentage en 2011 et de 1,2 point en 2012». La Banque mondiale a rappelé que la volatilité des prix du pétrole et des produits agricoles avait déjà été «encore plus forte» que d'ordinaire ces dernières semaines.
À l'échelle internationale, ces perturbations économiques, «si elles en restaient au stade actuel, devraient avoir des répercussions limitées au niveau mondial», souligne la Banque mondiale. Son président Robert Zoellick a cependant exhorté la communauté internationale à agir dès à présent. «Attendre que la situation se stabilise, ce sera perdre des occasions», a-t-il déclaré
«Bien sûr nous nous tenons prêts à aider, sur le versant de l'assistance technique, et sur le versant du financement», a assuré le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une conférence de presse. «L'exemple du Moyen-Orient a mis en lumière cette question, le fait que vous pouvez avoir de bons chiffres au niveau de la croissance sans viabilité», a-t-il ajouté. Des propos relayés par le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner : «Aujourd'hui, le changement en cours au Moyen-Orient appelle à repenser et réorienter l'engagement de la communauté internationale. Ces transitions concernent au final les gens: accroître leurs chances et leur liberté».
Elle estime notamment que «si les prix du pétrole devaient augmenter fortement et durablement, que ce soit à cause d'incertitudes croissantes ou d'une perturbation significative de la production pétrolière, la croissance mondiale pourrait ralentir de 0,3 point de pourcentage en 2011 et de 1,2 point en 2012». La Banque mondiale a rappelé que la volatilité des prix du pétrole et des produits agricoles avait déjà été «encore plus forte» que d'ordinaire ces dernières semaines.
«Agir maintenant»
La Banque mondiale a toutefois tenté de rassurer ses interlocuteurs : pour le moment, l'impact reste limité aux économies locales elles-mêmes. Les révolutions en Tunisie et en Égypte ont par exemple amputé la croissance de ces deux pays d'environ trois points en 2011, par rapport à ce qui était prévu il y a trois mois. «La croissance en Égypte et en Tunisie devrait donc être d'environ 2,5% et 1,5% respectivement», précise la Banque. Un niveau très insuffisant par rapport à leur croissance démographique, dans un contexte de prix de l'énergie et de l'alimentation élevés.À l'échelle internationale, ces perturbations économiques, «si elles en restaient au stade actuel, devraient avoir des répercussions limitées au niveau mondial», souligne la Banque mondiale. Son président Robert Zoellick a cependant exhorté la communauté internationale à agir dès à présent. «Attendre que la situation se stabilise, ce sera perdre des occasions», a-t-il déclaré
Le FMI sur le qui-vive
Le signal semble avoir bien été reçu par le CMFI. Ses 24 membres confirment ainsi que «les répercussions économiques immédiates des développements dans certains pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord demandent une attention particulière». Les cartes sont donc distribuées : à la Banque mondiale l'objectif de «renforcer son appui» dans ces deux zones et au FMI le rôle de mener «une évaluation économique» en vue d'un «plan d'action».«Bien sûr nous nous tenons prêts à aider, sur le versant de l'assistance technique, et sur le versant du financement», a assuré le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, lors d'une conférence de presse. «L'exemple du Moyen-Orient a mis en lumière cette question, le fait que vous pouvez avoir de bons chiffres au niveau de la croissance sans viabilité», a-t-il ajouté. Des propos relayés par le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner : «Aujourd'hui, le changement en cours au Moyen-Orient appelle à repenser et réorienter l'engagement de la communauté internationale. Ces transitions concernent au final les gens: accroître leurs chances et leur liberté».
Le prix d’une guerre
Les guerres, combien ça coûte – et par exemple celle que mène la France en Libye ? Cette question, volontiers considérée comme « triviale » à l’heure des grandes envolées humanitaro-onusiennes, a reçu de l’actuel ministre français de la défense, Gérard Longuet, une réponse fort churchillienne : « Ça coûtera beaucoup moins cher que le déshonneur de voir un peuple se faire massacrer. » Tant de soudaine sollicitude pour les peuples souffrants de la planète ne manque pas d’émouvoir. Mais n’empêche pas de tenter une estimation des coûts et surcoûts de ce que la communauté militaire nomme les « opérations extérieures »…
C’est un propos de Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances du roi Louis XIV : « Celui qui fait la guerre à meilleur marché est assurément supérieur à l’autre » [1]. Les soucis des gestionnaires actuels ne sont pas moindres. Eric Querenet de Breville, sous-directeur à la Direction du budget, se plaignait récemment devant des députés de ne pouvoir discerner les contours financiers des « opex » [2] : « La budgétisation et le financement des opérations extérieures sont un exercice difficile, qui s’apparente à du tir sur une cible mobile, se déformant dans le temps, dont la position nous est notifiée par le ministre de la défense sans qu’on puisse la vérifier, et dont la taille est approximative, puisqu’il s’agit d’une dépense évaluative ».
Jean-Paul Hébert [3], rappelait que les « coûts » dont on parle à propos des « opex » sont en réalité des surcoûts : il s’agit de la différence imputable à l’opération examinée par rapport au coût de l’unité en fonctionnement « normal », sur le territoire national.
Faute d’avoir accès aux documents comptables officiels, cet économiste spécialiste des questions de défense avait dû dépouiller cinquante trois rapports parlementaires pour tenter de rédiger un article sur « le coût des opex françaises » (Arès n°60, décembre 2008) : ces rapports fournissaient des informations parfois contradictoires, entre lesquelles il avait dû arbitrer. Au total, il estimait à 20 milliards les surcoûts en question, entre 1976 et 2008, soit entre 1,5 et 2 % du budget de la défense voté en loi de finances initiale.
En ce début 2011, l’effectif des militaires directement engagés en « opex » est de 13 000 hommes environ, ce qui ne comprend pas les personnels d’état-major et de soutien des centres de commandement et bases dans l’Hexagone, mobilisés pour l’occasion. En outre, les militaires en « opex » sont relevés d’habitude tous les quatre mois (6 mois pour l’Afghanistan, 20 jours pour les pilotes), ce qui multiplie les effectifs …
Par ailleurs, les personnels dans les bases permanentes bénéficient d’une « indemnité de sujétion pour service à l’étranger », et les militaires en « opex » d’une prime de combat, avec pour tous des régimes particuliers de permissions. L’évaluation des surcoûts est encore rendue plus complexe à propos du matériel : on peut l’évaluer en quantité, mais est-ce à la valeur d’acquisition à l’origine, ou à leur valeur de remplacement ? En outre, le matériel est beaucoup plus sollicité, avec un taux d’usure et donc un coût de maintien en condition opérationnelle (MCO) plus important ; enfin, une partie est perdue au combat, ou laissée sur place (armement, véhicules, infrastructures), avec là encore un choix difficile entre valeur de remplacement ou valeur d’inventaire…
— l’heure de vol d’un chasseur Rafale est évaluée entre 12 000 et 20 000 euros (selon ce qu’on y inclut) ;
— une quarantaine de chasseurs français sont engagés dans les frappes en Libye depuis un mois (seize sur le porte-avions Charles de Gaulle, vingt-quatre sur la base de Solenzara en Corse) ;
— une vingtaine d’avions-radars, de ravitaillement ou de transport tactique (basés à Istres, Avord, Orléans) sont également mobilisés ;
— l’ensemble de ces appareils effectuent environ trente sorties par jour (soit neuf cents sorties environ, côté français, depuis le déclenchement des frappes) ;
— 3 200 militaires (2 600 sur les bateaux, 600 sur les bases à terre) interviennent directement ;
— l’heure de fonctionnement du porte-avions et de son escorte (présents sur zone depuis plus de trois semaines) peut être évaluée à 45 000 euros, environ (soit près d’un million par jour) ;
— un missile de croisière Scalp (équivalent du Tomahawk américain) vaut 750 000 euros (il en a été tiré onze par l’aviation française), les A2SM 150 à 200 000 euros, les bombes guidées GBU 50 000 euros l’unité ;
— une partie des heures de vol et des tirs peuvent être comptabilisés dans les quotas d’entraînement, quitte bien sûr à « lisser » ensuite au maximum les dépenses sur ces postes ;
— le tout dans un contexte de forte augmentation du coût des carburants (25 dollars de plus le baril, depuis la révolte en Tunisie)
Bref, sachant tout cela, et à la louche, on arrive à un coût (qui n’est qu’en partie un « surcoût » …) d’un montant d’un million et demi d’euros, en moyenne, par journée d’intervention en Libye, pour ce qui est des hommes et des matériels, compte non tenu des munitions (dont l’usage est très variable suivant les jours ou périodes).
En ces temps de restrictions budgétaires, et de baisse tendancielle de la plupart des crédits de défense, en tout cas dans les Etats européens, on est en droit de s’interroger sur le financement de surcoûts dus à des « aventures » militaires qui (comme c’est presque toujours le cas) ont, au surplus, tendance à s’enliser : l’opération en Afghanistan depuis 2002, Licorne en Côte d’Ivoire depuis 2004, l’actuelle intervention au Liban depuis 2008…
Dans l’immédiat, assure-ton officiellement, l’enveloppe « opex » prévue par avance dans le budget 2011 (soit 900 millions d’euros, contre 861 en 2010) épongerait le surcoût libyen … si du moins l’engagement ne s’éternise pas – car cela pourrait poser, notamment à l’armée de l’air, des problèmes sur les aéronefs, les personnels, et les munitions.
Le surcoût d’ensemble des « opex » devrait cependant dépasser le milliard d’euros cette année (assez loin des 70 à 80 milliards de dollars de rallonge que l’ex-président américain George W. Bush demandait chaque année au Sénat pour financer ses guerres en Irak et en Afghanistan…). Une ardoise qui s’ajoutera à la considérable dette publique française, mais qui – pour celui qu’aux Etats-Unis on commence justement à appeler le « Bush français » – peut paraître modeste, si on la rapproche de retombées « immatérielles » : des guerres pour fabriquer du consensus hexagonal, et un président-chef de guerre pour tenter d’en cueillir les fruits, à un an de l’élection présidentielle [5] et faire oublier le social ; du grain à moudre pour les armées ; une vitrine pour les exportations (et notamment pour l’invendable Rafale de Dassault, à deux mois du Salon aéronautique du Bourget)…
[2] Audition du 5 mai 2009, mission d’évaluation et de contrôle du financement des opérations militaires extérieures, Assemblée nationale.
[3] Chercheur à l’EPHESS, où il animait un séminaire sur l’industrie de l’armement, jusqu’à son décès en juillet 2010.
[4] Cf. Nathalie Guibert, « Le temps, principal ennemi de l’armée française », Le Monde, 9 avril 2011.
[5] La classe politique, à quelques extrêmes près, ne trouve rien à y redire.
C’est un propos de Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances du roi Louis XIV : « Celui qui fait la guerre à meilleur marché est assurément supérieur à l’autre » [1]. Les soucis des gestionnaires actuels ne sont pas moindres. Eric Querenet de Breville, sous-directeur à la Direction du budget, se plaignait récemment devant des députés de ne pouvoir discerner les contours financiers des « opex » [2] : « La budgétisation et le financement des opérations extérieures sont un exercice difficile, qui s’apparente à du tir sur une cible mobile, se déformant dans le temps, dont la position nous est notifiée par le ministre de la défense sans qu’on puisse la vérifier, et dont la taille est approximative, puisqu’il s’agit d’une dépense évaluative ».
Jean-Paul Hébert [3], rappelait que les « coûts » dont on parle à propos des « opex » sont en réalité des surcoûts : il s’agit de la différence imputable à l’opération examinée par rapport au coût de l’unité en fonctionnement « normal », sur le territoire national.
Faute d’avoir accès aux documents comptables officiels, cet économiste spécialiste des questions de défense avait dû dépouiller cinquante trois rapports parlementaires pour tenter de rédiger un article sur « le coût des opex françaises » (Arès n°60, décembre 2008) : ces rapports fournissaient des informations parfois contradictoires, entre lesquelles il avait dû arbitrer. Au total, il estimait à 20 milliards les surcoûts en question, entre 1976 et 2008, soit entre 1,5 et 2 % du budget de la défense voté en loi de finances initiale.
Le jeu des relèves
Ce montant, qui a eu tendance à gonfler au début des années 1990, puis à partir de 2000, n’incluait que les engagements exceptionnels et réputés provisoires (même s’ils ont duré plus de vingt ans, comme au Tchad…), et non les frais occasionnés par les autres stationnements hors Hexagone : les 17 000 hommes en « forces de souveraineté » (en 2007), essentiellement dans les Dom-Tom ; et les 6 000 hommes des « forces de présence » (les bases permanentes en Afrique).En ce début 2011, l’effectif des militaires directement engagés en « opex » est de 13 000 hommes environ, ce qui ne comprend pas les personnels d’état-major et de soutien des centres de commandement et bases dans l’Hexagone, mobilisés pour l’occasion. En outre, les militaires en « opex » sont relevés d’habitude tous les quatre mois (6 mois pour l’Afghanistan, 20 jours pour les pilotes), ce qui multiplie les effectifs …
Par ailleurs, les personnels dans les bases permanentes bénéficient d’une « indemnité de sujétion pour service à l’étranger », et les militaires en « opex » d’une prime de combat, avec pour tous des régimes particuliers de permissions. L’évaluation des surcoûts est encore rendue plus complexe à propos du matériel : on peut l’évaluer en quantité, mais est-ce à la valeur d’acquisition à l’origine, ou à leur valeur de remplacement ? En outre, le matériel est beaucoup plus sollicité, avec un taux d’usure et donc un coût de maintien en condition opérationnelle (MCO) plus important ; enfin, une partie est perdue au combat, ou laissée sur place (armement, véhicules, infrastructures), avec là encore un choix difficile entre valeur de remplacement ou valeur d’inventaire…
A la louche
Sans prétendre atteindre un tel degré de finesse financière, on peut tenter de cerner grossièrement les coûts des trois conflits les plus chauds du moment, auxquels participent les armées françaises : Côte d’Ivoire, Libye, Afghanistan (les autres opex « lourdes » mais moins actives sont le Liban et le Tchad). Et d’abord de la plus spectaculaire – la Libye – sachant que :— l’heure de vol d’un chasseur Rafale est évaluée entre 12 000 et 20 000 euros (selon ce qu’on y inclut) ;
— une quarantaine de chasseurs français sont engagés dans les frappes en Libye depuis un mois (seize sur le porte-avions Charles de Gaulle, vingt-quatre sur la base de Solenzara en Corse) ;
— une vingtaine d’avions-radars, de ravitaillement ou de transport tactique (basés à Istres, Avord, Orléans) sont également mobilisés ;
— l’ensemble de ces appareils effectuent environ trente sorties par jour (soit neuf cents sorties environ, côté français, depuis le déclenchement des frappes) ;
— 3 200 militaires (2 600 sur les bateaux, 600 sur les bases à terre) interviennent directement ;
— l’heure de fonctionnement du porte-avions et de son escorte (présents sur zone depuis plus de trois semaines) peut être évaluée à 45 000 euros, environ (soit près d’un million par jour) ;
— un missile de croisière Scalp (équivalent du Tomahawk américain) vaut 750 000 euros (il en a été tiré onze par l’aviation française), les A2SM 150 à 200 000 euros, les bombes guidées GBU 50 000 euros l’unité ;
— une partie des heures de vol et des tirs peuvent être comptabilisés dans les quotas d’entraînement, quitte bien sûr à « lisser » ensuite au maximum les dépenses sur ces postes ;
— le tout dans un contexte de forte augmentation du coût des carburants (25 dollars de plus le baril, depuis la révolte en Tunisie)
Bref, sachant tout cela, et à la louche, on arrive à un coût (qui n’est qu’en partie un « surcoût » …) d’un montant d’un million et demi d’euros, en moyenne, par journée d’intervention en Libye, pour ce qui est des hommes et des matériels, compte non tenu des munitions (dont l’usage est très variable suivant les jours ou périodes).
Tendance à l’enlisement
Les Américains (dominants durant les deux premières semaines) s’étant retirés des frappes et ayant passé le commandement opérationnel à l’OTAN, la France et la Grande-Bretagne assurent pratiquement la moitié des actions offensives dans le ciel libyen. Pour la France seule, qui se veut leader « politique » de l’opération, la participation se monte à 20 % environ de l’effort général (lors de l’intervention au Kosovo, qui avait duré quatre-vingts jours, la France avait assuré un dixième de l’effort de la coalition).En ces temps de restrictions budgétaires, et de baisse tendancielle de la plupart des crédits de défense, en tout cas dans les Etats européens, on est en droit de s’interroger sur le financement de surcoûts dus à des « aventures » militaires qui (comme c’est presque toujours le cas) ont, au surplus, tendance à s’enliser : l’opération en Afghanistan depuis 2002, Licorne en Côte d’Ivoire depuis 2004, l’actuelle intervention au Liban depuis 2008…
Dans l’immédiat, assure-ton officiellement, l’enveloppe « opex » prévue par avance dans le budget 2011 (soit 900 millions d’euros, contre 861 en 2010) épongerait le surcoût libyen … si du moins l’engagement ne s’éternise pas – car cela pourrait poser, notamment à l’armée de l’air, des problèmes sur les aéronefs, les personnels, et les munitions.
Le « Bush français »
Selon le porte-parole du ministère de la défense, « le niveau actuel des engagements français ne représente pas un pic, et reste en phase avec les moyens et le contrat opérationnel des armées », tel qu’il est défini par le Livre blanc de la défense, paru en 2008 [4]. Et on fait valoir que, pour renforcer Licorne en Côte d’Ivoire (passée de 900 à 1 800 hommes en quelques semaines), il a suffi de différer la relève d’unités sur place, et de prélever des compagnies déployées sur les bases au Gabon et au Tchad. Le coût annuel de la présence en Côte d’Ivoire en 2010 a été de 150 millions d’euros, et de 450 millions au bas mot pour l’engagement en Afghanistan.Le surcoût d’ensemble des « opex » devrait cependant dépasser le milliard d’euros cette année (assez loin des 70 à 80 milliards de dollars de rallonge que l’ex-président américain George W. Bush demandait chaque année au Sénat pour financer ses guerres en Irak et en Afghanistan…). Une ardoise qui s’ajoutera à la considérable dette publique française, mais qui – pour celui qu’aux Etats-Unis on commence justement à appeler le « Bush français » – peut paraître modeste, si on la rapproche de retombées « immatérielles » : des guerres pour fabriquer du consensus hexagonal, et un président-chef de guerre pour tenter d’en cueillir les fruits, à un an de l’élection présidentielle [5] et faire oublier le social ; du grain à moudre pour les armées ; une vitrine pour les exportations (et notamment pour l’invendable Rafale de Dassault, à deux mois du Salon aéronautique du Bourget)…
Notes
[1] Cité par « Mon blog défense », 8 avril 2011.[2] Audition du 5 mai 2009, mission d’évaluation et de contrôle du financement des opérations militaires extérieures, Assemblée nationale.
[3] Chercheur à l’EPHESS, où il animait un séminaire sur l’industrie de l’armement, jusqu’à son décès en juillet 2010.
[4] Cf. Nathalie Guibert, « Le temps, principal ennemi de l’armée française », Le Monde, 9 avril 2011.
[5] La classe politique, à quelques extrêmes près, ne trouve rien à y redire.
Sarkozy, le président sortant le plus mal placé
Directeur du département Opinion de l’Ifop, Frédéric Dabi a dressé un tableau de la popularité des Présidents de la République douze mois avant l’élection présidentielle. Il compare leurs résultats avec le score obtenu au second tour, et les commente.
Comment avez-vous établi ce comparatif? Peut-on donner des éléments d’anticipation de la prochaine présidentielle?
L'enquête d'avril des indices de popularité, au delà de ses enseignements intrinsèques, mérite d'être également analysée à l'aune du prochain scrutin présidentiel, et ce dans une optique historique et comparative. En effet, l’examen de la popularité des Présidents de la République, 12 mois avant l’élection présidentielle, que seule restitue la profondeur historique des indices de popularité Ifop / Journal du Dimanche(1), est susceptible de donner des éléments d'anticipation de la prochaine élection présidentielle, en dépit de la forte incertitude que revêt celle-ci, ne serait-ce que l'incertitude sur l'offre électorale qui sera présentée aux Français le 22 avril 2012.
L'enquête d'avril des indices de popularité, au delà de ses enseignements intrinsèques, mérite d'être également analysée à l'aune du prochain scrutin présidentiel, et ce dans une optique historique et comparative. En effet, l’examen de la popularité des Présidents de la République, 12 mois avant l’élection présidentielle, que seule restitue la profondeur historique des indices de popularité Ifop / Journal du Dimanche(1), est susceptible de donner des éléments d'anticipation de la prochaine élection présidentielle, en dépit de la forte incertitude que revêt celle-ci, ne serait-ce que l'incertitude sur l'offre électorale qui sera présentée aux Français le 22 avril 2012.
Sarkozy est deux fois moins populaire que Mitterrand et Chirac à la même époque…
La popularité de Nicolas Sarkozy, un an avant la fin de son mandat est de loin la plus faible (28% de satisfaits - 72% de mécontents), comparée à ses prédécesseurs s’apprêtant à solliciter de nouveau les suffrages des Français. L'écart s'agissant du pourcentage de satisfaits de Nicolas Sarkozy s'avère particulièrement élevé avec ses deux derniers prédécesseurs. Tombés dans des abîmes d'impopularité au cours de leur premier mandat, François Mitterrand et Jacques Chirac bénéficièrent d'une plus ou moins longue cohabitation (deux ans pour le premier, cinq ans pour le second) pour renouer les fils de la confiance avec les Français. Un an avant leur réélection, François Mitterrand et Jacques Chirac obtenaient dans le baromètre Ifop /JDD un score de 56% de satisfaits, légèrement supérieur même à l'étiage mesuré pour le Général de Gaulle, un an avant l' élection présidentielle de 1965, le premier scrutin de la Vème République au suffrage universel.
La popularité de Nicolas Sarkozy, un an avant la fin de son mandat est de loin la plus faible (28% de satisfaits - 72% de mécontents), comparée à ses prédécesseurs s’apprêtant à solliciter de nouveau les suffrages des Français. L'écart s'agissant du pourcentage de satisfaits de Nicolas Sarkozy s'avère particulièrement élevé avec ses deux derniers prédécesseurs. Tombés dans des abîmes d'impopularité au cours de leur premier mandat, François Mitterrand et Jacques Chirac bénéficièrent d'une plus ou moins longue cohabitation (deux ans pour le premier, cinq ans pour le second) pour renouer les fils de la confiance avec les Français. Un an avant leur réélection, François Mitterrand et Jacques Chirac obtenaient dans le baromètre Ifop /JDD un score de 56% de satisfaits, légèrement supérieur même à l'étiage mesuré pour le Général de Gaulle, un an avant l' élection présidentielle de 1965, le premier scrutin de la Vème République au suffrage universel.
La comparaison avec Valéry Giscard d’Estaing, seul Président sortant non réélu, est-elle pertinente ?
La comparaison Nicolas Sarkozy - Valéry Giscard d'Estaing illustre d'une autre manière la grande difficulté s’agissant de sa relation avec l’opinion publique dans laquelle se trouve l'actuel locataire de l’Elysée, à 12 mois des échéances électorales de 2012. En effet, la cote de satisfaction de Nicolas Sarkozy mesurée en ce mois d'avril 2011 est en deçà de 17 points sur les opinions positives et surtout de 30 points sur les jugements négatifs avec celle de Valéry Giscard d’Estaing(2), unique Président de la Vème République n’étant pas parvenu à obtenir sa réélection à l’issue de son mandat. A cet égard, les points communs fréquemment avancés entre les mandats Giscard et Sarkozy - jeunesse de ces deux Présidents, volonté de rupture avec leurs prédécesseurs pour ce qui est de l'exercice de la fonction présidentielle, ouverture politique au début du mandat mais également contraintes liées à la survenance de crises économiques majeures... - s'arrêtent s'agissant de l'indicateur de popularité. En effet, ce n'est que dans les tous derniers mois de son septennat (février 1981) que Valéry Giscard d'Estaing a connu une impopularité majoritaire quand Nicolas Sarkozy a été dans l'obligation d'intégrer ce paramètre, à peine 6 mois après son élection (3).
La comparaison Nicolas Sarkozy - Valéry Giscard d'Estaing illustre d'une autre manière la grande difficulté s’agissant de sa relation avec l’opinion publique dans laquelle se trouve l'actuel locataire de l’Elysée, à 12 mois des échéances électorales de 2012. En effet, la cote de satisfaction de Nicolas Sarkozy mesurée en ce mois d'avril 2011 est en deçà de 17 points sur les opinions positives et surtout de 30 points sur les jugements négatifs avec celle de Valéry Giscard d’Estaing(2), unique Président de la Vème République n’étant pas parvenu à obtenir sa réélection à l’issue de son mandat. A cet égard, les points communs fréquemment avancés entre les mandats Giscard et Sarkozy - jeunesse de ces deux Présidents, volonté de rupture avec leurs prédécesseurs pour ce qui est de l'exercice de la fonction présidentielle, ouverture politique au début du mandat mais également contraintes liées à la survenance de crises économiques majeures... - s'arrêtent s'agissant de l'indicateur de popularité. En effet, ce n'est que dans les tous derniers mois de son septennat (février 1981) que Valéry Giscard d'Estaing a connu une impopularité majoritaire quand Nicolas Sarkozy a été dans l'obligation d'intégrer ce paramètre, à peine 6 mois après son élection (3).
(1)Plus ancien baromètre politique français, mis en place à la fin de la Quatrième République.
(2) En avril 1980, 42% se déclaraient mécontents de Valéry Giscard d'Estaing, 13% ,ne se prononçant pas.
(3) La part des Français mécontents de Nicolas Sarkozy devient majoritaire dès janvier 2008.
Épidémie
Selon Freud, ils seraient révélateurs... L’épidémie de lapsus qui fleurit ce printemps dans la bouche des politiques en dit long sur ce qu’ils cachent.
Voici quelques semaines, Rachida Dati s’était mordu la langue en mêlant fellation et inflation. Décidément coquine, elle revient aux beaux jours avec un surprenant « gode » de la laïcité. Comme la prose de M. Jourdain, Frédéric Lefebvre fait de la pub sans le savoir. Fin lettré, l’homme évoque le si trendy « Zadig et Voltaire » pour livre de chevet.
Éprise de bals populaires, Nadine Morano préfère le chanteur Renaud, à la Régie de Carlos Ghosn. Sous sa mèche sage, François Fillon tait-il quelque usage moins peigné ? Le Premier ministre s’est vendu cette semaine à l’Assemblée en lâchant « un gaz de shit » qui fera date.
Que leur arrive–t–il ? La pression. Trop de stress ? Une maîtrise trahie par un lasso de subconscient ? À moins qu’il ne s’agisse d’un effet de mimétisme envers Nicolas Sarkozy. En janvier, le chef avait confondu l’Alsace et l’Allemagne.
Alors, pourquoi se priver !
Daubresse: le projet Villepin "irresponsable"
Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP, chef de file des centristes du parti, a qualifié samedi de "totalement irresponsable" et "déconnecté de la réalité" le projet présidentiel présenté cette semaine par Dominique de Villepin.
L’ancien ministre de la Jeunesse s'en est pris principalement à la mesure phare du projet de l'ex-Premier ministre et président de la formation République solidaire, à savoir la création d'un revenu "citoyen" de 850 euros pour les personnes majeures sans ressources. "Dire que tout le monde va toucher cette allocation s'il n'a pas d'emploi, c'est totalement irresponsable sur le plan de la philosophie qui est la nôtre - on s'en sort par le travail - et sur le plan des finances publiques", a déclaré Marc-Philippe Daubresse sur LCI.
Bachar al-Assad annonce la fin de l'état d'urgence en Syrie
La mesure devrait prendre effet dès la semaine prochaine, a affirmé le dirigeant syrien lors d'une allocution télévisée.
"Le sang versé nous fait beaucoup de peine (...). Nous regrettons la mort de toutes les personnes, civils ou forces de sécurité, et les considérons comme des martyrs". Le président syrien Bachar al-Assad a exprimé samedi sa tristesse suite à la mort de dizaines de personnes pendant des manifestations contre le régime, lors d'un discours devant le nouveau gouvernement retransmis par la télévision publique.
Il a également affirmé que la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963, serait abolie dans une semaine maximum, lors d'un discours devant le nouveau gouvernement retransmis par la télévision publique. L'abolition de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1962 et qui réduit sensiblement les libertés publiques, est l'une des principales revendications des protestataires qui réclament une libéralisation du régime.
Face à ce mouvement de contestation sans précédent du régime qui a débuté à la mi-mars, les autorités ont affiché leur volonté d'adopter des réformes.
Fin mars, Bachar el Assad avait donné jusqu'au 25 avril à une commission juridique pour rédiger une nouvelle législation visant à remplacer la loi d'urgence.
Il a également affirmé que la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963, serait abolie dans une semaine maximum, lors d'un discours devant le nouveau gouvernement retransmis par la télévision publique. L'abolition de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1962 et qui réduit sensiblement les libertés publiques, est l'une des principales revendications des protestataires qui réclament une libéralisation du régime.
Face à la contestation
"La commission juridique sur la loi d'urgence a élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle législation. Ces propositions seront soumises au gouvernement qui promulguera des lois (...) dans une semaine maximum", a dit le président Assad. Face à ce mouvement de contestation sans précédent du régime qui a débuté à la mi-mars, les autorités ont affiché leur volonté d'adopter des réformes.
Fin mars, Bachar el Assad avait donné jusqu'au 25 avril à une commission juridique pour rédiger une nouvelle législation visant à remplacer la loi d'urgence.
Grâce à l'Europe
Garde à vous pour la nouvelle garde à vue ! L'irruption d'avocats tout au long des interrogatoires promet une jolie ambiance pour ne pas dire une belle pagaille dans les commissariats et les gendarmeries. Locaux et procédures ne sont pas prêts pour ce brutal coup d'accélérateur qui rompt avec des décennies de fâcheuse tradition française. On peut comprendre l'inquiétude des hommes de l'ordre face aux incidents prévisibles. Mais après tout, si cela permet de réduire le nombre de garde à vue inutiles, voire abusives, on s'en félicitera. Comme de voir assurés de meilleurs droits de la défense, malgré la crainte de complication dans certaines enquêtes.
Ce progrès pour les libertés, c'est à l'Europe que nous le devons. On a trop pris l'habitude de lui faire porter le chapeau de tous nos malheurs pour ne pas lui rendre hommage quand nos libertés progressent grâce à elle. En particulier grâce à la Cour européenne des droits de l'homme qui nous rappelle depuis plus de dix ans à nos engagements. Aussi cruel que cela paraisse pour l'arrogante France, Terre de libertés, c'est l'Europe qui nous protège contre nos turpitudes.
La garde à vue à la française n'était pas la seule violation des droits européens. L'indépendance des magistrats du parquet ne remplit pas non plus les critères. La France devra se résoudre à garantir une autorité judiciaire réellement indépendante, comme l'ont rappelé le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation. C'est toute la chaîne pénale qu'il faut ainsi revisiter. La situation dans les prisons ne nous vaut pas non plus la palme européenne.
La démocratie progresse ainsi, malgré la France elle-même. Sur la balance de la justice, le plateau de la sécurité penche bien davantage que celui des libertés, alors que l'on pourrait espérer plus d'harmonie dans ce couple. En France, plus qu'ailleurs, la suspicion l'emporte sur la confiance. On est présumé coupable plutôt que présumé innocent. Le poids des peurs, compréhensibles, mais souvent attisées par les populistes de tous poils, conduit à une inflation répressive qui semble sans limite.
Un peu d'air frais ne fera pas de mal !
Candidats durables
Nicolas Hulot n'avait pas, avant-hier, ce halo qui enveloppait l'astre médiatique préféré des Français à chacune de ses Ushuaïades ! L'imprécateur écolo donnait l'impression de plonger à reculons dans le bain présidentiel, comme s'il pressentait déjà un nouveau crash ! Il n'en est qu'au début de sa nouvelle aventure et il lui reste du temps pour soulever l'enthousiasme des foules. Mais il aura besoin de sa popularité pour que sa conversion d'animateur en acteur politique se passe sans trop de casse. Lui qui aime être aimé va vite déchanter.
La planète verte, en particulier, l'accueille en se pinçant le nez en raison de son passé, de ses positions ambiguës sur le nucléaire, de son positionnement politique, certes opposé à l'actuelle majorité mais flou envers le PS, qui tient les cordons de la bourse à investitures législatives. Il va passer, contre son gré, au gril de la primaire face à Eva Joly et rien ne garantit qu'il en sorte avec une candidature durable. Celle qui sépare le témoignage sur les malheurs de la planète des réponses concrètes aux difficultés des Français. Pour Hulot, l'Élysée est au bout du monde.
Dominique de Villepin a l'avantage de connaître déjà les lieux, mais cela ne suffira pas ! En tout cas, après avoir pris son indépendance et créé son parti (République solidaire), il propose aujourd'hui son projet de refondation de la France. Au point de dépression où en est le pays, l'heure n'est plus aux mesurettes. Ce sont tous les outils qu'il faut changer. Une révolution en somme, une rupture gaullienne qu'il entend incarner. Plus tard, quand sonnera l'heure des vrais fauves.
Nicolas Sarkozy se réserve pour ce moment avec la gourmandise et la sérénité, réelle ou feinte, d'un carnassier. Il regarde les candidats actuels avec l'oeil du tueur professionnel, et il attend les prochains avec la même assurance de vieux briscard, à la Mitterrand et à la Chirac, du moins pour ce qui est de la jauge politique. Le sarkothérapeute a sorti sa carte professionnelle pour tenter de rassurer ses UMP déboussolés. Il « sent bien 2012 », dit-il. Pour l'instant, les Français, lassés des partis, ne le sentent pas du tout comme lui, ni avec lui.
Enlisement
L'Otan bombarde, Kadhafi canarde, le front libyen s'enlise et c'est l'impasse. Amer bilan pour les 16 pays de la coalition qui, avec 30 navires, dont 5 sous-marins, et 300 avions de toutes sortes, ont un peu rééquilibré le rapport des forces militaires, mais pas assez pour forcer le dictateur affaibli à rendre les armes. Que le marteau-pilon de l'Otan ne parvienne pas à écraser le moustique libyen, il y a de quoi être surpris. Et même inquiet pour la première organisation militaire au monde qui ne parvient pas à contrer les ruses du Guide, habile à dissimuler ses forces.
L'agacement de la France et de la Grande Bretagne est compréhensible. Engagés en première ligne, après le retrait américain de ce théâtre, les deux pilotes de l'opération constatent que le chef libyen profite de la lourdeur et de la faible réactivité otanienne, mais aussi des divisions de la coalition. L'Europe, une fois de plus, fait montre, au-delà des propos de circonstance pour la galerie, d'une affligeante désunion sur le plan militaire et sur celui de l'immigration.
L'impasse sur le terrain risque de durer d'autant plus que personne n'a très envie de fournir les rebelles en armes, de crainte qu'elles ne passent vite dans les mains de djihadistes et groupes d'al-Qaida. Avec la menace d'enlisement, voire de partition de fait du pays, la solution militaire commence à relever du mirage. Mais l'issue politique aussi. Une fois évoquée la nécessité d'un cessez-le-feu et d'un dialogue interlibyen, on n'est guère plus avancé. Tout le monde s'est mis d'accord sur le dos de Kadhafi, mais son départ est un objectif, non plus un préalable.
Le dictateur, sauf imprévu, a donc encore de la marge, même si tout le monde veut croire que ses jours sont comptés. Mais tant qu'il est là, sa menace comporte un facteur d'incertitude pour le pays. Et si l'impasse libyenne se prolonge, ce sont les pays de la région qui risquent à leur tour la contagion de la déstabilisation. La jeune démocratie tunisienne est aux premières loges. Un échec en Libye provoquera une onde de choc justement là où est née la révolution de la liberté arabe. On n'ose pas l'imaginer.
L’impasse et l’épreuve
Qu’il est aisé de célébrer les grands principes, la paix, la démocratie, la liberté, le bonheur des peuples ! Des principes qui, pour les Libyens, s’identifient à la chute de la dictature, donc à celle de Kadhafi. Mais comment leur venir en aide en ne terminant pas le « travail » commencé le 19 mars en vertu de la résolution 1973 de l’Onu ? Par des incantations à l’allemande ? Par la seule surveillance du ciel libyen qu’encombre déjà une noria d’avions dont la plupart ont interdiction d’ouvrir le feu, sur consigne de leurs gouvernements ?
Seuls les chasseurs français, britanniques et canadiens sont vraiment engagés depuis que les Etats-Unis se tiennent en retrait. En tout, une soixantaine d’appareils qui attendent jour après jour les sporadiques et prudents ordres du commandement atlantique. Pendant que les milices de Kadhafi bombardent à l’artillerie lourde villes et villages encore tenus par les « rebelles »...
Ce qui s’est passé à Berlin durant la réunion de l’Otan reflète cette situation ubuesque en ajoutant une tonitruante cacophonie si peu assourdie par les exhortations et autres déclarations « généreuses ».
L’Otan a montré que, sans le leadership américain directement exercé sur le terrain, elle n’était qu’un tigre en papier. Une belle machine militaire, sans doute, mais surtout une autre bureaucratie bruxelloise (avec celle de l’UE), galonnée et étoilée, tournant tous freins serrés quand à Washington le commandant en chef laisse faire en observant ses alliés européens. Pour constater que ces derniers, volontiers donneurs de leçons, sont incapables de s’entendre sur une ligne de conduite. Pas seulement sur la question libyenne, également sur l’avenir de l’Alliance.
Ainsi, bien que taire les divergences franco-allemandes soit de bon ton diplomatique, Paris et Berlin s’opposent aussi sur l’hypothétique bouclier antimissiles européen, l’Allemagne liant son déploiement à l’abandon de toute dissuasion nucléaire en Europe, ce que la France ne peut que refuser.
Le problème immédiat reste toutefois la Libye. Sortir de l’impasse actuelle relève désormais de la seule responsabilité de l’Otan - l’ « Otan européenne », devrait-on dire – qui avait à tout prix voulu assurer le commandement des opérations, sans mandat politique clairement défini dans l’interprétation de la résolution 1973 de l’Onu.
Plus encore qu’en Afghanistan, l’Alliance atlantique de l’ « après guerre froide » joue désormais sa crédibilité, non seulement en Méditerranée, mais également - dans sa composante européenne - face aux Etats-Unis.
La Libye sera un révélateur pour l’Alliance. Elle l’a déjà été pour cette « défense européenne » rêvée par la France et, depuis les frappes franco-britanniques du 19 mars, définitivement devenue chimère. A jeter aux orties avec l’inutile et dispendieuse « politique étrangère » (sic) de l’Union européenne...
Qu’il est aisé de célébrer les grands principes, la paix, la démocratie, la liberté, le bonheur des peuples ! Des principes qui, pour les Libyens, s’identifient à la chute de la dictature, donc à celle de Kadhafi. Mais comment leur venir en aide en ne terminant pas le « travail » commencé le 19 mars en vertu de la résolution 1973 de l’Onu ? Par des incantations à l’allemande ? Par la seule surveillance du ciel libyen qu’encombre déjà une noria d’avions dont la plupart ont interdiction d’ouvrir le feu, sur consigne de leurs gouvernements ?
Seuls les chasseurs français, britanniques et canadiens sont vraiment engagés depuis que les Etats-Unis se tiennent en retrait. En tout, une soixantaine d’appareils qui attendent jour après jour les sporadiques et prudents ordres du commandement atlantique. Pendant que les milices de Kadhafi bombardent à l’artillerie lourde villes et villages encore tenus par les « rebelles »...
Ce qui s’est passé à Berlin durant la réunion de l’Otan reflète cette situation ubuesque en ajoutant une tonitruante cacophonie si peu assourdie par les exhortations et autres déclarations « généreuses ».
L’Otan a montré que, sans le leadership américain directement exercé sur le terrain, elle n’était qu’un tigre en papier. Une belle machine militaire, sans doute, mais surtout une autre bureaucratie bruxelloise (avec celle de l’UE), galonnée et étoilée, tournant tous freins serrés quand à Washington le commandant en chef laisse faire en observant ses alliés européens. Pour constater que ces derniers, volontiers donneurs de leçons, sont incapables de s’entendre sur une ligne de conduite. Pas seulement sur la question libyenne, également sur l’avenir de l’Alliance.
Ainsi, bien que taire les divergences franco-allemandes soit de bon ton diplomatique, Paris et Berlin s’opposent aussi sur l’hypothétique bouclier antimissiles européen, l’Allemagne liant son déploiement à l’abandon de toute dissuasion nucléaire en Europe, ce que la France ne peut que refuser.
Le problème immédiat reste toutefois la Libye. Sortir de l’impasse actuelle relève désormais de la seule responsabilité de l’Otan - l’ « Otan européenne », devrait-on dire – qui avait à tout prix voulu assurer le commandement des opérations, sans mandat politique clairement défini dans l’interprétation de la résolution 1973 de l’Onu.
Plus encore qu’en Afghanistan, l’Alliance atlantique de l’ « après guerre froide » joue désormais sa crédibilité, non seulement en Méditerranée, mais également - dans sa composante européenne - face aux Etats-Unis.
La Libye sera un révélateur pour l’Alliance. Elle l’a déjà été pour cette « défense européenne » rêvée par la France et, depuis les frappes franco-britanniques du 19 mars, définitivement devenue chimère. A jeter aux orties avec l’inutile et dispendieuse « politique étrangère » (sic) de l’Union européenne...
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