TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 11 mai 2012

Une droite à rebâtir

Sur les 20 millions de voix qui, le 22 avril, n’avaient pas choisi la gauche, près d’un cinquième ne se sont pas reportées, le 6 mai, sur Nicolas Sarkozy. Quelle qu’en soit l’issue, les législatives des 10 et 17 juin marqueront la première étape d’une reconstruction qui, cette fois, n’ira pas sans une réforme intellectuelle et morale.
Une défaite ne ressemble jamais à une autre. Le 10 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing, bien que battu, avait recueilli 300 000 voix de plus que son potentiel du premier tour. Son échec n’avait rien d’humiliant et Mitterrand ne devait qu’à lui-même sa victoire, acquise grâce à une mobilisation spectaculaire des abstentionnistes (1,3 million de votants de plus en l’espace de deux semaines).
Trente et un ans plus tard, la droite perd le pouvoir dans un mouvement exactement inverse : François Hollande qui, le 22 avril, ne pouvait compter, en théorie, que sur 44 % des suffrages exprimés (PS + Front de gauche + extrême gauche) l’emporte grâce à la démobilisation symétrique de ses adversaires dont près de 20 % des électeurs l’ont choisi ou se sont réfugiés dans l’abstention. Bien qu’arithmétiquement victorieux, c’est donc moins Hollande qui a gagné que Sarkozy qui a perdu puisque 3,4 millions de bulletins de vote théoriquement opposés aux socialistes ne se sont pas offerts à la droite.
La faute, dira-t-on, aux électeurs de Le Pen et de Bayrou qui avaient trop de comptes à régler avec Sarkozy pour consentir à lui offrir une seconde chance ? Sans doute. La faute à Sarkozy lui-même, à son style, à ses bravades (« Les grèves ? Elles passent désormais inaperçues ! »), à ses promesses balayées par la crise (« je serai le président du plein emploi ») ? Certes encore, si l’on raisonne dans le temps court de l’actualité, qui n’est qu’un instantané de passions. Mais dans le temps long de l’histoire politique – celui d’une génération ou plus – , comment oublier que c’est dans les années 1980, quand Chirac, Giscard et Barre incarnaient la droite parlementaire, que le Front national a prospéré à ses marges jusqu’à accéder, en 2002, au second tour de l’élection présidentielle ?
Comment oublier que c’est sous Chirac, président de la République, et Villepin, son premier ministre, que François Bayrou, héritier direct de l’UDF de Giscard et de Lecanuet, a choisi, en 2006, de ne plus faire partie de la majorité ?
Quoi qu’on pense de la désacralisation du pouvoir voulue par Nicolas Sarkozy et dont le dernier acte s’est joué dans un mouvement de boomerang, lors de son débat du 2 mai avec François Hollande, tout démontre que la crise traversée par la droite n’est pas née du quinquennat qui s’achève. Et qu’elle ne se réglera pas par un simple changement d’hommes.
La preuve ? Aucun ne s’impose de soi… Dès avant le second tour, les couteaux s’aiguisaient en coulisses pour le contrôle de l’UMP : en invitant Jean-François Copé et François Fillon pour un meeting improvisé à Bordeaux aux allures de requiem, Alain Juppé a signifié, le jeudi 3 mai, qu’il n’abdiquerait rien de l’influence qui, croit-il, est encore la sienne sur le mouvement que Jacques Chirac avait cru bon, voici dix ans, de lui offrir pour servir ses ambitions. Même mises entre parenthèses par la tornade des affaires l’ayant rendu inéligible et par l’ascension consécutive de Nicolas Sarkozy, celles-ci n’ont jamais cessé de le tarauder. Tout se passe même comme si la défaite du président sortant ramenait Juppé au premier rang de l’actualité tel que l’éternité ne le change pas : “droit dans ses bottes” et, comme les émigrés de 1815, n’ayant rien appris, ni rien oublié…
L’ennui c’est que le dauphin malheureux de Jacques Chirac aura 67 ans cette année. Et que, depuis son éclipse forcée, en 2004, deux personnalités ont émergé qui, bien qu’opposées entre elles, lui barrent objectivement la route : Jean- François Copé, qui tient solidement l’appareil UMP, et François Fillon, que les électeurs ont régulièrement placé 10 points devant Nicolas Sarkozy tout au long de ses cinq années passés à Matignon. Logique d’appareil contre logique d’opinion : on peut leur faire confiance pour utiliser chacun ses atouts dans la perspective de l’élection de 2017 à laquelle Copé s’est déclaré candidat depuis déjà trois ans… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le secrétaire général de l’UMP s’est déjà prononcé pour l’organisation de primaires sur le modèle de celles ayant permis à François Hollande de s’imposer. Quant à Fillon, qui compte bien s’investir dans la bataille des législatives avec une énergie inversement proportionnelle à celle qu’il aura mise à diriger la majorité quand il était à Matignon, tout démontre qu’une fois Juppé mis hors jeu – il n’est pas candidat aux législatives de juin à Bordeaux, où François Hollande a dépassé les 57 % – , il ne fera rien pour faciliter la tâche aux ambitions de Copé.
L’épilogue d’une conquête progressive des pouvoirs locaux
Qui ne voit, cependant, qu’au-delà des questions d’hommes, c’est sur la question des idées que la droite, et singulièrement l’UMP, va désormais jouer son avenir ? En créant l’Union pour un mouvement populaire, en 2002, Jacques Chirac n’avait fait que transposer juridiquement ce qui avait été sa politique comme “animal dominant” de la droite depuis 1981 : écarter toute confrontation d’idées avec ses partenaires afin d’obtenir d’eux qu’ils acceptent de se fondre dans une structure unitaire autour du plus petit dénominateur commun. On a cru ainsi qu’il suffisait de réunir les héritiers (très) théoriques du gaullisme et ceux de Valéry Giscard d’Estaing pour additionner les voix et disposer d’une force de frappe à toute épreuve. La dynamique a fait long feu car, à l’intérieur même de l’UMP, c’est la tradition girondine et libérale qui l’a emporté, laissant en déshérence tout ce que le gaullisme comportait de spécifique, en particulier la défense de la souveraineté nationale. D’où la montée continue du Front national qui, par une captation d’héritage classique, a occupé le vide laissé par l’abandon de cette préoccupation essentielle…
L’histoire politique des années 1980 aurait pourtant dû servir de leçon : oublié depuis 1965, Jean-Marie Le Pen a ressurgi pour la première fois dans le paysage quand, en 1983, la droite parlementaire s’est déchirée ouvertement sur l’immigration (« une chance pour la France » selon feu Bernard Stasi) et qu’aux élections européennes de l’année suivante, le RPR a formellement abandonné la doctrine de l’Europe des États pour se rallier à la supranationalité défendue par Simone Veil. En 1995, le retour de la droite à l’Élysée, incarnée par Chirac puis, à partir de 2007, par Sarkozy, n’aura donc rien résolu de la crise d’identité de celle-ci : tandis que le RPR puis l’UMP rivalisaient d’anathèmes avec le Front national, les socialistes commençaient, dès 1998, à prendre méthodiquement le contrôle des pouvoirs locaux. Ce serait chose faite en 2004 avec la conquête, confirmée en 2010, de 20 régions métropolitaines sur 22 et, aux cantonales de 2011, de 61 départements sur 101. D’où, en septembre suivant, la perte du Sénat par la droite, ce qui ne s’était jamais vu depuis la création de la Haute Assemblée par la Constitution de l’an III (1795) !
À l’Élysée, certains expliquaient alors pour se rassurer : « La gauche est championne toutes catégories des élections intermédiaires mais sera incapable de se doter d’un leader aussi légitime que Sarkozy. » Sauf que la légitimité en question procédait d’une alchimie conjoncturelle : la rencontre entre l’énergie communicative d’un homme et l’effacement d’un autre – Chirac – qui avait mis toute la sienne à conquérir le pouvoir pour n’en rien faire, sinon durer… Et que celle de Hollande, forgée dans une opposition symbolique à DSK, plus “bling-bling” encore que le président sortant, se combinait avec la frustration des électeurs de gauche, sevrés du pouvoir d’État depuis près de dix-sept ans – dix-neuf si l’on inclut les deux dernières années de mandat de François Mitterrand, passées à cohabiter avec la droite.
Face à ce mouvement de fond, Nicolas Sarkozy n’a pas été le dernier à comprendre que, pour garder le contact avec sa base de 2007, il fallait changer de langage, briser les tabous, tenir compte du clivage qui, depuis le référendum de Maastricht en 1992 et plus encore celui de 2005 sur le projet de Constitution européenne, s’est peu à peu superposé au traditionnel choc droite-gauche : celui opposant les partisans d’un système décisionnel extérieur à la nation à ceux considérant que le dernier mot doit rester aux élus du peuple.
Sous l’influence de conseillers conscients de cette révolte (Patrick Buisson et Henri Guaino, venus d’horizons politiques différents mais attachés à l’enracinement démocratique), le président sortant n’a pas ménagé sa peine pour réintroduire dans la campagne des thèmes qui “parlaient” à l’électorat de droite et, au-delà, à tous ceux qui, pour reprendre le mot de Jaurès, savent que la nation est le seul trésor de ceux qui ne possèdent rien, hors leur fierté.
Mais ce n’était guère là que la moitié du chemin. Car à tant faire de réintroduire des idées absentes du débat depuis trop longtemps, Nicolas Sarkozy n’aura finalement réussi qu’à souligner la distance entre ses paroles et ses actes. À quoi sert d’évoquer les “frontières” quand on a dit oui aux traités qui les démantelaient ? À quoi rime d’évoquer la croissance et l’emploi en Europe quand on a apposé sa signature au bas d’un traité (celui du 2 mars 2012, signé à l’initiative de l’Allemagne) transférant peu ou prou le contrôle budgétaire des États – apanage originel des Parlements – à des instances non élues, en l’espèce la Commission de Bruxelles et, pour les sanctions, la Cour de justice de Luxembourg ?
Pour désagréable qu’il soit pour de nombreux Français – et spécialement ceux de droite, attachés aux valeurs de responsabilité individuelle – , le résultat du 6 mai rappelle aussi que politique et marketing obéissent à des valeurs différentes. Convaincre des électeurs, ce n’est pas seulement envoyer des signaux à des catégories bien ciblées, la veille d’une échéance cruciale : c’est incarner une politique inscrite dans les faits. C’est-à-dire, s’agissant du contrôle des flux migratoires et des mécanismes de décision internationaux, dans les traités que l’on signe et dans les ratifications qu’on consent.
Comme jamais depuis 1981, la droite se trouve donc confrontée à ce choix crucial : non plus seulement se “refonder”, selon le vocable consacré – et imposé, ce qui ne manque pas de sel, par les contestataires communistes des années 1980 ! – , mais savoir si oui ou non elle accepte d’être la droite. Bref, de défendre la nation contre ce qui la menace : les forces centrifuges communautaristes à l’intérieur ; et, à l’extérieur, la volonté de puissance d’instances non élues.
Voici plus d’un demi-siècle, Jacques Maritain décrivait l’Église catholique de son temps comme un « grand corps frappé d’apostasie ». Plus ou moins fidèle à ses structures, mais en contradiction croissante avec sa raison d’être.
Tant que la droite ne s’assumera comme telle qu’à la veille des élections, il est fort à craindre qu’elle suive le même chemin que les curés de gauche postconciliaires qui ne savaient plus où ils habitaient. Les législatives des 10 et 17 juin prochains seront l’occasion pour ses électeurs de dire où ils veulent aller. Un préalable avant de savoir avec qui ! Eric Branca

François Hollande déclare 1,17 million d'euros de patrimoine

Le Journal Officiel publie la déclaration de patrimoine du nouveau président, comme la loi l'exige. Ni voiture, ni bijoux, ni objets d'arts dans celle-ci, mais quelques biens immobiliers évalués à en tout à 1,17 million d'euros pour celui qui a démarré sa campagne sur le thème du "président normal". 

Une maison à Mougins (Alpes-Maritimes), deux appartements à Cannes et "divers meubles" : ce que déclare posséder François Hollande est estimé en tout à 1,17 million d'euros. Comme la loi l'exige, le Journal Officiel a publié ce vendredi la "déclaration de situation patrimoniale" du nouveau président de la République en même temps que les résultats de la présidentielle.
Une maison, deux appartements
Ses bien immobiliers se répartissent entre une maison à Mougins (Alpes-Maritimes) pour 800.000 euros et deux appartements à Cannes de 230.000 et 140.000 euros. Le président-élu déclare en outre posséder "divers meubles" d'une valeur de 15.000 euros. Il fait également l'état des sommes déposées à la date de la déclaration (15 mars 2012) sur trois comptes courants ainsi que d'un contrat d'assurance-vie d'une valeur de rachat de 3.550 euros et de deux prêts d'un montant inférieur à 30.000 euros.
Pas de voitures ni d'objets d'art
Pas de voiture privée, toutefois pour le nouveau chef de l'Etat, qui, comme la tradition l'exige a choisit sa voiture de fonction. Il s'agira d'une Citroën DS5 hybride. En outre, François Hollande déclare ne détenir aucune valeur mobilière (actions cotées ou non, placements...) ni aucun compte à l'étranger. Il n'a en outre pas de collection d'objets d'art, de bijoux ou pierres précieuses. Pendant toute la campagne, François Hollande qui tient à se présenter comme un président "normal", avait promis en janvier que la transparence serait "totale" concernant son patrimoine et son état de santé.
BIZARRE JUSTE EN DESSOUS DE CE QUI EST IMPOSABLE....????

L’incendie grec menace à nouveau

La crise politique à Athènes réveille le scénario de la sortie de la Grèce de la zone euro. Une hypothèse d'autant plus dangereuse aujourd'hui que l'Espagne est à son tour affaiblie. Les conséquences d'une telle issue seraient non seulement économiques, mais aussi géopolitiques.
L'Europe n'a pas un instant de répit, comme si elle se vengeait du fait que, pendant des décennies, personne ne lui a accordé la moindre attention. Quelques jours seulement après la victoire de François Hollande en France, une petite lueur d'espoir, nous voilà de nouveau confrontés aux deux problèmes qui sous-tendent cette crise.
Il s'agit, d'une part, de la fragilité des systèmes politiques qui, comme nous le voyons en Grèce, s'autodétruisent en s'acharnant à imposer aux citoyens une austérité sans fin et sans avenir et à leur faire assumer toute la responsabilité de la crise. D'autre part, comme en témoigne la situation espagnole, il s'agit aussi de la fragilité de certaines branches du système financier, résultat d'une décennie d'excès de liquidités, de mauvaise gestion et d’une encore plus mauvaise supervision.

Réaction en chaîne

Ces deux grandes faiblesses, mises bout à bout, s'entraînent l'une l'autre pour nous laisser fasse à une situation qui ne peut pas durer. En Grèce, la perspective d'une renégociation du plan de sauvetage implique d'envisager une éventuelle sortie de la zone euro. En Espagne, pour que fonctionne l'association des réformes et des coupes budgétaires qui est, à l'heure actuelle, la seule stratégie du gouvernement, il faut absolument que ces mesures soient mises en œuvre dans un contexte de stabilité financière et avec la confiance extérieure.
Pour garder la Grèce dans la zone euro, tout comme pour éviter que son départ ne produise une réaction en chaîne qui affecterait l'Espagne, les gouvernements de la zone euro devraient prendre des mesures radicales. Ces mesures devraient garantir aux marchés que la Grèce a un avenir au sein de la zone ou que son départ ne serait qu'un incident isolé. Toutefois, comme les dirigeants européens ne mettent pas en place les contrefeux nécessaires, les marchés ne croient aucune des promesses qui leur sont faites. Dans ce contexte pessimiste préoccupant, nombreux sont ceux au sein des institutions européennes qui commencent à être d'accord pour dire que ni la Grèce ni l'Allemagne ne pourront guère faire plus d'efforts : côté grec, nous sommes fatigués de l'austérité et côté allemand, nous sommes fatigués de la solidarité.
Il est indispensable de reprendre notre souffle et de prendre du recul : si la Grèce sort de la zone euro, ce sera un désastre de grande ampleur, pour les Grecs comme pour les autres membres de la zone. Les conditions de vie des Grecs s'en trouveraient d'autant plus détériorées, sans compter que les partis extrémistes deviendraient encore plus puissants. Et si, officiellement, la Grèce ferait toujours partie de l'Union européenne, une sortie de l'euro aurait des conséquences pour toutes les politiques qui dépendent de son adhésion à l'UE. Pour le marché intérieur, en particulier, abandonner l'euro reviendrait en pratique à une sortie de l'UE.

Déseuropéanisation

Les conséquences seraient également géopolitiques : au moment où, après une histoire chaotique, l’UE comptait intégrer en son sein l’ouest de la péninsule balkanique, et notamment la Croatie, la sortie de la Grèce de la zone euro viendrait ouvrir un nouveau front de désordre et de faillite de l’Etat dans une région déjà suffisamment compliquée. Psychologiquement, les Grecs identifieraient le projet européen à un échec, et chercheraient donc à s’en éloigner. La déseuropéanisation de la Grèce pourrait favoriser les voix et les forces antioccidentales qui historiquement ont toujours été plus fortes dans ce pays que dans les autres pays du sud de l’Europe comme l’Espagne, l’Italie ou le Portugal, ce qui pourrait avoir des répercussions importantes en termes de sécurité, notamment par le biais d’une remise en cause de l’OTAN ou via un essor du nationalisme et des tensions avec la Turquie et la Macédoine.
Pour le reste de l’Europe, les circonstances ne sauraient être plus fâcheuses. Derrière cet euphémisme à la mode (la fameuse "sortie contrôlée") se cache l’espoir teinté de cynisme que les Grecs seront les seuls touchés. Or dans les faits, cela se produirait au pire moment, alors que le Portugal, l’Italie et l’Espagne sont dans une situation de grande vulnérabilité, puisque les coupes budgétaires ont déjà fait leurs ravages, que les réformes n’ont pas encore portées leurs fruits et que les mesures pour relancer la croissance ne sont toujours pas à l’ordre du jour. En d’autres termes, la conjoncture pour une sortie de la Grèce de la zone euro ne saurait être pire et par conséquent, le risque de contagion est des plus élevés.
La Commission européenne n’a pas épuisé toutes ses ressources et elle s’apprête à ressortir des tiroirs toute une batterie de mesures afin de stimuler le minimum de croissance indispensable pour ne pas désespérer. Il s’agirait d’un cocktail de mesures à base de fonds structurels, de prêts de la BEI [Banque européenne d'investissement] et d’une dose de flexibilité dans les objectifs de réduction des déficits. Mais malgré l’optimisme qui a suivi la victoire de Hollande et qui a complètement changé l’atmosphère à Bruxelles, la situation de la Grèce laisse planer un horrible doute : et si Hollande était arrivé trop tard ?

Pour l'Allemagne, la Grèce peut sortir de la zone euro sans quitter l'Europe

L'Allemagne n'entend pas se laisser impressionner par les dernières législatives grecques, qui montre une population de plus en plus réticente à adopter le plan d'austérité prévu par la zone euro en échange d'une aide financière. En d'autres termes: pas de plan de réduction des déficits, pas de plan d'aide. Et le meilleur moyen, pour faire pression, c'est de montrer à la Grèce que la zone euro pourrait tout à fait supporter son départ.
Dans un entretien au quotidien régional allemand Rheinische Post, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble a déclaré que la zone euro peut supporter une sortie de la Grèce.
Il assure souhaiter "que la Grèce reste dans la zone euro, mais (qu')elle doit aussi le vouloir et remplir ses devoirs". "Nous ne pouvons forcer personne", ajoute-t-il.


Tout est prêt en cas de sortie.
Selon le ministre allemand, la zone euro est mieux armée qu'il y a deux ans. "Nous avons beaucoup appris ces deux dernières années et construit des mécanismes de protection. Les dangers de contamination pour les autres pays de la zone euro sont devenus plus faibles et la zone euro est dans son ensemble devenue plus résistante", dit-il.
"La crise a montré: quand il faut agir vite, l'Europe peut réagir rapidement (...) L'idée que nous ne serions pas capables de réagir à court terme devant quelque chose d'imprévu est faux", a-t-il ajouté.
"Ici personne ne menace personne. Mais nous devons être sincères (...) et dire à nos amis et partenaires grecs qu'il n'y a pas d'autre voie que la voie choisie ensemble" a déclaré Wolfgang Schäuble. "Nous avons déjà fait beaucoup" a-t-il estimé en faisant référence aux deux plan de sauvetage pour la Grèce, par les Etats européens, le FMI mais aussi lors du deuxième la participation des créanciers privés. "La Grèce doit comprendre qu'en échange elle doit remplir ses obligations". Il est "dangereux de raconter des boniments aux citoyens en leur disant qu'il existerait une autre voie plus simple qui guérirait la Grèce en évitant toutes les épreuves. C'est absurde", a-t-il ajouté.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, de son côté, a conditionné le versement de nouvelles aides à la Grèce aux respect par Athènes de ses obligations, dans un discours aux députés allemands vendredi. "Nous comptons tenir nos promesses d'aides. Mais cela signifie que la Grèce doit mettre en oeuvre les réformes que nous avons convenues", a-t-il dit devant le Bundestag.


Info ou intox?
L'Allemagne est coutumière des grandes déclarations pour faire pression sur ses voisins européens. Ce n'est pas la première fois que des menaces de sortie de l'Europe sont évoquées. Mi-février, le ministre des Finances luxembourgeois Luc Frieden avait déclaré, au moment des négociations: "s'ils [les grecs] ne font pas tout cela [le plan d'austérité], je pense qu'alors nous devrons continuer avec 16 pays" dans l'Union monétaire et "qu'ils s'excluent eux-mêmes de la zone euro".
Le 5 février, Jean-Claude Juncker, chef de file de l'Eurogroupe qui rassemble les ministres des finances de la zone euro, avait pour la première prononcé le mot de faillite: "si nous devions constater que tout va à vau-l'eau en Grèce, alors il n'y aurait pas de nouveau programme de refinancement, (...), cela signifierait une faillite en mars."
En février, déjà, certains observateurs estimaient que l'Allemagne souhaitait la sortie de la Grèce de l'Europe. Mais comme il est impossible de "chasser" un pays, la stratégie était de serrer tellement la ceinture à la Grèce qu'elle sortirait d'elle-même. Le raisonnement se tient mais se heurte à un écueil: une sortie de la Grèce ne résoudrait pas les problèmes. Ni pour les Grecs, ni pour l'Europe (cliquez ici pour accéder à l'article "pourquoi la Grèce ne sortira pas de l'Europe"). Car la zone euro devra encore se faire rembourser ses prêts et une sortie de l'Europe montrerait aux marchés que l'Union européenne ne sait pas résoudre ses crises internes. Un très mauvais signal et certainement un coup d'arrêt dans la construction européenne. Et surtout, combien de pays souhaiteraient alors sortir de l'euro pour dévaluer leur monnaie et relancer leurs exportations?
Les grandes déclarations ressemblent donc plutôt à une volonté de faire prendre conscience aux Grecs qu'ils ne pourront pas jouer sur tous les tableaux: bénéficier des aides de l'Europe sans faire de sacrifices.
Pour la président du Medef Laurence Parisot, de son côté, une sortie de la Grèce serait "catastrophique". Exactement le même terme que celui employé en février dernier par la chancelière Angela Merkel. Cette dernière avait à l'époque déclaré: "Ce serait catastrophique si nous disions à l'un des pays qui a décidé d'être avec nous : 'Nous ne voulons plus de vous.' D'ailleurs, les traités [européens] ne le permettent pas. Les gens dans le monde entier se demanderaient : 'Qui sera le suivant ?' La zone euro s'en trouverait incroyablement affaiblie."


Sortir de l'euro... mais pas de l'Europe
Ce qui a vraiment changé, en revanche, c'est que désormais, la Grèce peut sortir de l'euro sans pour autant sortir de l'Union européenne. Ce mécanisme, auparavant impossible, a été étudié à Bruxelles et le sujet n'est plus tabou.
Dans le journal grec To Vima, la commissaire européenne Maria Damanaki a révélé que la sortie de son pays de la zone euro était une possibilité à l’étude. Interrogée sur les scénarios envisagés, elle a précisé "qu’il ne s’agissait pas de simples scénarios mais de plans alternatifs." Une information confirmée par une commissaire européenne néerlandaise: "une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro ne serait pas un drame pour l’UE. Il n’y a absolument pas mort d’homme si quelqu’un quitte la zone euro. On répète toujours que si on laisse un pays partir ou qu’on lui demande de partir, l’ensemble de la structure s’effondre. Mais cela n’est pas vrai."
Après tout, de nombreux pays, comme l'emblématique Angleterre, font partie de l'Union européenne sans avoir adopté l'euro. Il serait donc possible de reverser la Grèce, si elle le souhaite, dans ce groupe des pays de l'Union n'ayant pas adopté la monnaie unique.
Sauf qu'une sortie de l'euro ne ferait qu'aggraver les problèmes de la dette grecque:

La sortie de la Grèce de la zone euro pourrait... par BFMTV
Athènes toujours sans gouvernement
Depuis les élections législatives grecques de dimanche, dévastatrices pour les deux grands partis grecs pro-euro, un nouveau gouvernement n'a pas encore été trouvé à Athènes, faisant craindre aux dirigeants européens et aux marchés financiers une remise en cause des engagements du pays sur l'assainissement de ses finances publiques.
Si tous les partis anti-austérité s'alliaient, ils obtiendraient la majorité au Parlement. Sauf que cela a peu de risque d'arriver: il faudrait que l'extrême gauche communiste s'allie avec l'extrême droite et le partie néo-nazi.
Evangélos Vénizélos, le ministre des finances grecs qui a trois jours pour constituer un gouvernement de coalition réunissant les principaux partis traditionnels, pro-européens, était, ce jeudi 10 mai, plutôt optimiste sur les chances d'aboutir: il s'était félicité d'un "premier pas" vers la constitution d'un exécutif.
Ce vendredi 11 mai, le dirigeant conservateur grec, Antonis Samaras, a jugé vendredi que la Grèce ne pourra former un gouvernement "durable" et capable de maintenir le pays dans l'euro qu'avec l'aval de la gauche radicale anti-rigueur du Syriza, propulsée deuxième force politique par le scrutin de dimanche. Un tel exécutif devra "assurer le maintien du pays dans l'euro et avancer vers une renégociation" de la politique de redressement dictée au pays par ses bailleurs de fonds UE et FMI, a-t-il ajouté.
Le chef du Syriza, Alexis Tsipras, a jusque là totalement exclu de participer à un gouvernement qui ne rejetterait pas en bloc la politique d'austérité UE-FMI. Il doit rencontrer à 18h00 le dirigeant socialiste Evangélos Vénizélos, dans une tentative de ce dernier de trouver un compromis. "Nous nous battons pour former un gouvernement", a de son côté insisté Antonis Samaras, jugeant qu'il y avait "encore de l'espoir" même si la tâche s'annonçait "très difficile".

 

Si l'on pensait vraiment au futur 


Force est de constater que la campagne électorale de la présidentielle n'a pas permis de se projeter vers le futur. Les incertitudes économiques et financières pèsent lourdement sur toute réflexion à long terme. Cela exerce des effets délétères dès qu'il s'agit d'autres enjeux, par exemple culturels ou sociétaux : l'islam, les immigrés, l'écologie, la nation, la laïcité, etc.
Du coup, les candidats ont navigué entre deux positions. Les uns ont plutôt abordé ces questions en dramatisant leurs implications, pour conquérir un électorat tenté par les sirènes de la radicalisation. D'autres, à l'opposé, les ont esquivées de façon à éviter les tensions internes à leur propre base électorale.
Entre la crise qui rend difficile de penser l'économie et la finance sur la longue distance et l'excès ou le défaut s'il s'agit de bien d'autres enjeux, sommes-nous incapables de construire notre avenir autrement que sur un mode défensif et à court terme ?
Dans l'entre-deux guerres, divers mouvements politiques avaient mis l'idée de planification à l'ordre du jour. Et si le régime de Vichy avait ébauché un Plan, le Conseil national de la Résistance avait, lui aussi, mené une réflexion qui déboucha, en janvier 1946, sur la création par le général de Gaulle d'un Commissariat au Plan. Le climat politique y était alors favorable. Nous sortions de la guerre. Gaullistes et communistes pouvaient s'entendre sur cet enjeu.
Une planification « souple et incitative »
Contrairement aux formules soviétiques, rigides et impératives, la planification « à la française » s'est révélée souple et incitative. Elle reposait sur un travail en profondeur, sur des réflexions et des concertations auxquelles participaient de nombreux acteurs concernés : syndicalistes, hauts fonctionnaires, associations, etc.
Puis cet instrument que Pierre Massé (commissaire général du Plan, de 1959 à 1969) qualifiait d'arme « contre la dictature de l'instant », fut de plus en plus critiqué. En 1993, le principe des plans quinquennaux était pratiquement abandonné et, en 2005, Dominique de Villepin annonça la suppression du commissariat au Plan, remplacé par un bien pâle Centre d'analyse stratégique.
Il serait absurde de revenir purement et simplement en arrière en demandant la réouverture du commissariat au Plan tel qu'il était dans les années 1980. Les acteurs d'aujourd'hui ne sont pas toujours ceux d'hier. La réflexion dans un cadre national doit être, encore plus qu'hier, européenne, « globale », mondiale. Les enjeux culturels et sociétaux sont devenus, eux aussi, source d'incertitude et d'inquiétude. Il faudrait les ajouter aux préoccupations économiques qui étaient, dans le passé, au coeur de la planification.
La campagne électorale vient de rendre spectaculairement visible le manque de capacité de notre pays à se projeter dans le long terme en s'appuyant sur des repères, sur des réflexions coproduites par des acteurs concernés et des analystes compétents. Nous avons le plus grand besoin d'un outil qui apportera aux responsables politiques les moyens de mieux penser leur action dans divers domaines et pas seulement pour affronter la crise économique et financière. Un outil qui, de surcroît, éclairera le débat public, mieux et plus utilement que les idéologies qui ont prospéré ces dernières années. Le nouveau Président, tout comme le général de Gaull e en son temps, devrait en faire une « ardente obligation ».

Ces économistes farfelus qui pensent qu'on peut facilement réduire le chômage à zéro

Cette semaine, le "nettoyeur" Pascal Emmanuel Gobry, propose de découvrir une des écoles de pensées qui a été ravigorée par la crise : le chartalisme. Pour eux, il ne faut pas juste réduire le chômage mais l'abolir.
Une des vertus de la crise financière aura été de donner un coup de fouet aux théories économiques hétérodoxes, et ainsi d'enrichir le débat économique. Une des écoles de pensées qui a été ravigorée par la crise s'appelle le chartalisme, ou théorie monétaire moderne, qui a bien expliqué les effets des politiques monétaires entreprises après la crise.
Le chartalisme étudie les conséquences du fait que dans une économie moderne, c'est l'Etat qui crée la monnaie. Puisque l'Etat crée la monnaie, il peut se financer indéfiniment : l'objectif de l'impôt n'est pas de financer l'Etat, mais d'obliger les citoyens à utiliser la monnaie et donc de lui donner cours. Dans ces conditions, les déficits et la dette publique ne sont pas un problème, puisque l'Etat peut toujours créer de la monnaie pour rembourser sa dette. Ce cadre théorique explique très bien pourquoi l'Europe subit une crise monétaire et non une crise de la dette, et pourquoi les Etats même très endettés n'ont pas de mal à se financer.
Mais ce qu'il y a peut être de plus intéressant dans le chartalisme, c'est ses préconisations au sujet du chômage. Pour les chartalistes, il faut abolir le chômage. Pas juste le réduire : l'abolir.
Pour l'école économique dominante, le néo-keynésianisme, le taux “optimal” de chômage est aux alentours de 5%, pour prendre en compte le fait que les gens mettent du temps à retrouver un emploi même lorsque l'économie fonctionne bien. Si le taux de chômage est proche de zéro, c'est un signe de surchauffe et que le marché du travail n'arrive pas à répondre aux demandes d'emploi.
Pour les chartalistes, tolérer le chômage c'est tolérer les récessions : lorsqu'il y a du chômage, ça veut dire que la demande des ménages est plus faible qu'elle ne pourrait l'être, et donc que l'économie est en sous-régime. L'Etat doit donc, par la loi, garantir un emploi à chacun. En ce faisant, il garantit un certain niveau de demande et empêche donc les récessions prolongées. Cette idée de garantie d'emploi est encore plus controversée que les idées monétaires des chartalistes.
La critique néo-keynésienne de la garantie d'emploi est essentiellement microéconomique : en garantissant un emploi à chacun, l'Etat pourrait créer de l'assistanat, et empêcher les entreprises de créer des emplois productifs en les remplaçant comme employeur de dernier ressort. Pour mettre en place cette garantie d'emploi, il faudrait créer une bureaucratie gigantesque.
Pour les chartalistes, les néo-keynésiens sont cruels et manquent d'ambition. Cruels parce que les travailleurs font les frais d'ajustements macroéconomiques dont ils ne sont pas responsables, et manquent d'ambition parce que l'objectif de la politique économique devrait être le plein emploi au lieu de se résigner à des cycles de récessions et de chômage. Les néo-keynésiens voient les cycles économiques comme une loi de la nature à subir, comme les marées ou la levée du soleil, alors que pour les chartalistes il n'y a pas de malédiction.
Qui a raison ? Une garantie d'emploi est fort probablement irréaliste à l'heure actuelle. Mais là où les chartalistes ont raison est qu'ils ont montré l'importance de la demande pour relancer une économie en récession. L'austerité est entrain de fusiller la zone euro, et les Etats-Unis, qui ont eu une politique modérée de relance de la demande, ont une reprise modérée. La garantie d'emploi est la version la plus extrême d'une stimulation de la demande, mais l'idée qu'il faut stimuler la demande va rester avec nous pendant longtemps. Ainsi, surtout, que l'idée qu'il faut chercher du côté des économistes hétérodoxes...

Le pari absurde d’une croissance sans investisseurs et sans entrepreneurs

Trois grandes entreprises viennent d'annoncer leur volonté de délocaliser leur siège social au Luxembourg. La faute à un "choc fiscal" français, absurde face à nos voisins européens, qui décourage l'investissement. Pour récupérer ses 100 000 exilés fiscaux, la France va donc devoir remettre à plat sa fiscalité.
Eurofins Scientific, leader mondial dans les services bioanalytiques, 10 000 salariés ; Sword Group, 1 300 salariés, fournisseur de services informatiques et de logiciels; Storengy, filiale stockage gaz de GDF-Suez. Ces trois sociétés viennent d’annoncer leur intention de délocaliser leur siège social au Luxembourg.
Ces délocalisations sont désastreuses pour notre économie. Les emplois perdus ne se limitent pas à quelques dirigeants. Ils concernent les fonctions "tête de groupe" (comptabilité, droit, finance, marketing), les emplois des prestataires (consultants, avocats, experts comptables) ainsi que toutes les dépenses de services (restauration, transport, immobilier, nettoyage, etc.). Quelles que soient nos professions, nous pouvons tous en être affectés.

Un choc fiscal décourageant

Nos entrepreneurs qui espéraient un choc de compétitivité, anticipent désormais un choc fiscal de 29 milliards d’euros, baptisé « réforme structurelle », pénalisant autant les entreprises (réduction des exonérations de charges salariales, hausse des cotisations retraites, hausse de la CVAE) que les investisseurs qui risquent de supporter des taux de prélèvements confiscatoires, supérieurs à leurs revenus !
En effet, si l’on combine les taux marginaux de prélèvements annoncés avec le rétablissement du barème ISF antérieur et une nouvelle tranche à 45% de l’impôt sur le revenu, on aboutit à de réelles « aberrations » fiscales pour les tranches les plus élevées, c’est-à-dire à un impôt supérieur au revenu.
Le rétablissement envisagé d’un plafonnement de l’impôt à 85% des revenus constitue la reconnaissance de ce constat attristant. Ce choc fiscal ne peut en effet qu’accélérer le mouvement d’expatriation qu’avait largement amorcé l’instauration de l’ISF.

L’ignorance absurde et dommageable de la concurrence fiscale dans une Europe ouverte

Si la Grande Bretagne baisse ses taux d’imposition, ce n’est pas seulement pour faire plaisir à ses riches, c’est aussi pour rester une place financière mondiale attractive et inviter les investisseurs à venir s’y installer. Si l’Irlande fixe un taux d’IS de 13%, ce n’est pas seulement pour faire plaisir aux patrons d’entreprises mais bien pour en capter le plus grand nombre possible sur son territoire.
Les comparaisons en Europe, quel que soit l’impôt, nous sont très défavorables. Entraînés par une dépense publique insatiable, nos dirigeants choisissent la démission : ils renoncent à l’effort et surtaxent, provoquant inexorablement un exode. Plus que jamais, notre fiscalité constitue une machine infernale à exporter les capitaux, les entreprises et les emplois. Au vu des conséquences des départs des français parmi les plus entreprenants et les plus fortunés, il s’agit d’un choc national équivalent à la révocation de l’Edit de Nantes.
Selon l’économiste Christian Saint-Etienne, l’ISF nous a coûté 0,3% de croissance annuelle depuis douze ans, ce qui représente 500 000 emplois perdus. D’après ses estimations, 20 000 chefs d’entreprise se sont expatriés sur la période 1997-2009, ce qui représente une perte de capital productif de 300 Mds€  en douze ans et ce qui explique largement notre déficit en PME.
Ces chiffres sous-estiment probablement le phénomène si l’on observe le fait que la Belgique compte environ 60 000 exilés français pour des raisons fiscales (sur 110 000 expatriés inscrits volontairement au consulat) selon le cabinet d’avocats bruxellois Dekeyser & Associés spécialisé dans les questions d’expatriation ou que sur les 5 500 fortunes étrangères imposées « au forfait » en Suisse, 2 000 sont d’origine française et que 44 exilés français figurent parmi les 300 premières fortunes suisses.
Déçus par la droite, paniqués par la gauche, entrepreneurs et investisseurs sont, on le constate, de plus en plus nombreux à s’exiler si l’on en croit la forte accélération du nombre de Français inscrits au registre consulaire en 2011 dans les pays les plus accueillants fiscalement (les inscriptions étant optionnelles, ces chiffres sous-estiment évidemment la réalité des expatriations) :
- Suisse : 155 743
- Royaume-Uni : 123 306
- Etats-Unis : 122 686
- Belgique : 109 426
- Maroc : 44 000
- Luxembourg : 22 720
Au vu de ces chiffres, on peut estimer entre 50 000 et 100 000 les français qui résideraient à l’étranger pour des raisons fiscales (qui ne peuvent être confondus avec des expatriés pour raisons professionnelles) privant ainsi notre pays de ressources, de capital et d’emplois. Si l’on fait l’hypothèse minimale d’une perte fiscale moyenne de 40 000 euros par expatrié (évaluation basse), on aboutit au total à une expatriation de recettes fiscales annuelle comprise entre 2 et 4 milliards d’euros.

Le déni stupéfiant des autorités françaises

Les autorités françaises, incapables de remettre en cause leurs mesures, ont toujours sous-estimé l’exil fiscal en ne recensant que les exils des Français redevables de l’ISF et non ceux des chefs d’entreprise propriétaires de leur outil de travail et donc non redevables de l’ISF. Pourtant, ce sont ces départs qui sont les plus pénalisants pour notre économie. L’entrepreneur qui émigre en Belgique pour bénéficier de l’absence d’impôt sur les plus-values lors de la revente de son entreprise n’est pas comptabilisé.
De la même façon, ces entrepreneurs qui créent désormais leur entreprise à l’étranger pour échapper au poids de notre fiscalité, ne sont pas reconnus alors qu’ils représentent deux expatriés sur dix selon l’enquête 2012 de Mondissimo.
Tant que la France ne se sera pas attaquée à sa dépense publique qui figure parmi les plus élevées du monde (56,6% du PIB contre 47,9% pour l’Allemagne qui bénéficie pourtant d’une qualité de services publics et administratifs au moins équivalente à la nôtre), elle sera ainsi obligée de multiplier les prélèvements sur les entrepreneurs et les investisseurs au risque de les faire fuir.
Tant qu’elle sera mue par une conception de l’égalité républicaine dévoyée, elle bridera son potentiel de création de richesse et fera la fortune de ses concurrents européens.
Avec l’annonce d’un taux d’impôt sur le revenu à 75%, la France va entrer dans une zone de turbulence, une période où les investisseurs vont avant tout se préoccuper de mettre à l’abri par tous les moyens leur capital et leurs revenus au lieu d’entreprendre et de créer de la richesse. Il faut rappeler que les 36 000 foyers les plus aisés (soit 0,1% des ménages) acquittent 14,3% de la totalité de l’impôt sur le revenu collecté alors qu’ils ne représentent que 1,9% des revenus des Français, et que ces revenus proviennent à plus de 50% du capital. Or, nous avons besoin de capital pour investir, créer des emplois, financer nos déficits publics… Faute d’entrepreneurs et d’investisseurs, ni les recettes fiscales, ni la croissance ne seront au rendez-vous.
Cette nouvelle période de turbulence doit être pour la société française l’occasion de réfléchir à une remise à plat de notre fiscalité.
Aligner l’imposition du capital sur le travail, d’accord. Mais faisons-le réellement, c’est-à-dire en intégrant :
- la dévalorisation du capital par l’inflation (pour les revenus obligataires, les plus-values mobilières et immobilières)
- le téléscopage dramatique de l’ISF avec celui de l’impôt sur le revenu en évoluant, comme aux Pays-Bas, vers un seul prélèvement fixe modéré
- le cumul de l’impôt sur les sociétés avec l’impôt sur le revenu qui nécessite une neutralisation de l’impôt sur les sociétés par un avoir fiscal à 100%
- en fixant une limite maximale aux prélèvements fiscaux, à 50% des revenus, règle qui devra être intégrée dans la Constitution pour garantir la stabilité fiscale demandée par les investisseurs et nos expatriés fiscaux.
Enfin, pour retrouver stabilité et modération fiscale nécessaire à la croissance, la France doit engager une réduction courageuse de sa dépense publique.

Couples 


M. Sarkozy, au moment de ne plus être notre Président, nous démontre son élégance et sa lucidité. L’élégance fut pour la cérémonie commune du 8-Mai, la lucidité s’est manifestée au départ de son Premier ministre : notre couple s’est bien entendu cinq années durant, a expliqué le Président, parce que nous sommes très différents. Pour le dire autrement, il y avait dans ce couple un homme normal. Et si M. Fillon, puisqu’il s’agit évidemment de lui, devait entrer un jour à l’Elysée, ce serait en Président normal, comme son prédécesseur. Cela soulève cependant une interrogation : comment M. Hollande peut-il envisager d’appeler à Matignon M. Ayrault – le plus que normal, l’hyperbanal M. Ayrault ? Au-delà de la certitude de l’ennui, menace la redondance ! Mieux vaudrait, pour former un couple complémentaire, que notre Président normal choisisse Mme Aubry… Mais qui serait alors le collaborateur de l’autre ?

La conjoncture économique qui risque de compliquer les indispensables réformes en France


Le rebond de la crise grecque a quelque peu éclipsé aux yeux des marchés l’élection du nouveau président de la République et lui a permis de faire une entrée discrète sur la scène publique. Il est vrai que François Hollande qui s’était mûrement préparé depuis des mois s’est entouré d’une équipe de qualité qui s’était propulsée dans les milieux dirigeants depuis des mois pour leur faire valoir qu’il n’était pas question , en cas de victoire, de ressusciter 1981.
Ce point de vue a été d’autant mieux accepté (pour l’instant) que le programme du président comporte peu d’engagements contraignants, ce qui laisse à penser que certains dispositifs pourraient être corrigés au nom du pragmatisme en fonction de l’évolution de la crise. Ainsi, on évoque déjà la possibilité de renoncer au blocage temporaire des prix des carburants, dans la mesure où les cours du pétrole sont orientés à la baisse depuis plusieurs semaines.
Outre le fait que les pays du sud sont toujours en première ligne dans les secousses que traverse l’Europe, ce qui rend par contrecoup la situation française moins délicate, François Hollande bénéficie d’un contexte favorable sur plusieurs points : le déficit budgétaire est contenu depuis le début de l’année grâce aux mesures prises par son prédécesseur, le niveau des taux d’intérêt demeure bas, il n’y a aucune attaque des marchés, ce qui permet de réaliser quelques économies sur le service de la dette, dont le budget pourrait profiter.
Mais il reste de gros nuages à l’horizon. L’économie française pourrait bien connaître un trou d’air à court terme, mettant en doute les prévisions de croissance pourtant bien modestes annoncées. Les dernières statistiques de la Banque de France font état d’une stabilité de la conjoncture pour le deuxième trimestre consécutif et évoquent un « léger tassement » pour la suite, en raison de la décélération qui entraîne toute l’Europe, pour ne pas évoquer le spectre d’une récession... Il s’y ajoute quelques éléments propres à notre pays : le climat électoral qui dure depuis plusieurs mois et se poursuivra jusqu’à l’été paralyse les initiatives ; la multiplication des ponts et la récupération des RTT mettent le pays dans une sorte de roue libre qui va durer jusqu’à l’automne. C’est dire que si les dépenses sont contenues pour l’instant, le manque de recettes pourrait se faire sentir assez rapidement, avec d’inévitables répercussions sur l’emploi.
C’est pourquoi les premières décisions du futur gouvernement seront scrutées avec insistance, telle que l’octroi de la retraite à 60 ans pour 130 000 personnes qui auront travaillé dès l’âge de 18 ans, représentant une charge de 5 milliards, que les syndicats voudraient étendre à d’autres catégories. On comprend l’insistance avec laquelle François Hollande voudrait restaurer une croissance au niveau européen : mais ce sera du donnant donnant avec l’Allemagne, qui réclame des réformes de structure, une épreuve redoutable pour le nouveau locataire de l’Elysée qui joue ainsi le premier test de sa crédibilité sur la scène internationale.

Bruxelles douche les promesses d'Hollande

La France aura le plus grand mal à tenir l'objectif d'un déficit public réduit à 3 % l'an prochain. À politique inchangée, le FMI attend déjà que Paris viole le contrat collectif, avec un déficit de 3,9 % en 2013.

Quelle que soit l'issue du bras de fer avec Berlin sur le dosage austérité-croissance, François Hollande fait face sans délai à un autre dilemme européen: à rebours des engagements pris avant et après la présidentielle, la France aura le plus grand mal à tenir, comme ses partenaires, l'objectif d'un déficit public réduit à 3 % l'an prochain.
La Commission européenne dévoile vendredi matin ses prévisions pour 2012 et 2013, et tout porte à croire que l'horizon s'assombrit dans l'Euroland, avec une fragile exception allemande: récession ou croissance en berne, chômage en hausse, recettes fiscales déprimées. Pour les capitales qui veulent tenir les 3 %, cela signifie mécaniquement la rigueur, davantage de coupes et plus d'impôts.
À politique inchangée, le FMI attend déjà que Paris viole le contrat collectif, avec un déficit de 3,9 % en 2013. Le président élu promet à ses interlocuteurs européens de tenir les 3 % et de contrôler la dette. Les chiffres de l'UE vont le contraindre à dire comment, en même temps qu'il reviendrait sur l'âge de la retraite et relancerait l'embauche de fonctionnaires.
Le calendrier des 3 % est distinct du traité budgétaire inspiré par Angela Merkel. Il a été arrêté au sommet dès 2009, deuxième année de la crise financière. C'était un signal clair que les règles de bonne gestion ne seraient plus transgressées. Avec l'espoir aussi que, quatre ans plus tard, l'Europe et l'euro seraient sortis du bois. La récession et les retombées électorales de l'austérité viennent bouleverser le tableau.
La France, partie de très haut avec un déficit de 7,5 % du PIB en 2009, figure aussi parmi les pays qui ont le moins bien engagé leur atterrissage: 5,3 % en 2012, c'est-à-dire plus près de l'Espagne, du Portugal ou de la Grèce que de l'Allemagne (1 %), ou de l'Italie (2,1 %) d'après les prévisions de l'UE à l'automne. Avec Nicolas Sarkozy, «Paris a suivi une des trajectoires les plus faciles», reconnaît un haut responsable européen. La marche paraît d'autant plus haute à l'arrivée de François Hollande: il lui faudrait économiser l'équivalent de 2 points de PIB, soit 40 milliards d'euros, malgré les promesses électorales.

Bon et mauvais déficit

Le dilemme n'est pas propre à la France. Le gouvernement néerlandais de Mark Rutte, l'un des plus proches alliés de la chancelière en matière d'orthodoxie, a chuté le mois dernier sur un nouveau tour de vis budgétaire pour tenir les 3 %. Lui aussi conservateur, l'Espagnol Mariano Rajoy s'est fait tordre le bras à Bruxelles pour revenir dans les clous, malgré la récession. L'Allemagne est opposée à tout faux-fuyant et, au prix d'une solide langue de bois du nord au sud, l'objectif européen reste officiellement inchangé.
Une discrète discussion s'est pourtant engagée au plus haut niveau de l'UE pour jouer d'une façon ou d'une autre avec le fameux pourcentage. Hors du Vieux Continent, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, et Timothy Geithner, secrétaire américain au Trésor, multiplient les appels pour que l'UE diffère certaines coupes budgétaires, afin de ne pas tuer dans l'œuf toute reprise de l'activité.
Les dernières prévisions européennes pourraient pousser la controverse au grand jour. Repris mezzo voce à Bruxelles, l'Italien Mario Monti propose déjà d'élargir la cible en «sortant» du calcul les investissements publics d'avenir, ce qui revient à distinguer entre bon et mauvais déficit. La Commission et d'autres responsables proposent, eux, de reculer la ligne d'arrivée, mais seulement pour les plus mal en point: «Il n'est pas raisonnable d'exiger plus de sacrifices à un pays qui comme l'Espagne subit 23 % de chômage et ne dispose d'aucune réserve de croissance, confie en privé l'un des chefs de file de l'euro. La Grèce entre dans la même catégorie.» Apparemment pas la France, sauf si elle devait se ranger du côté des faillis…

Hollande : la demi-baguette du pouvoir

Comme l’a dit si justement Der Spiegel, les Français ont eu le choix entre un homme qu’ils ne voulaient plus – Sarkozy – et un homme qu’ils ne voulaient pas vraiment – Hollande.


Comme Sarkozy, Hollande est favorable à une économie dirigée par l’État, à un protectionnisme modéré, à la conservation des privilèges et du corporatisme et à une intégration européenne approfondie.

Un portait de François Hollande

François Hollande, ancien fonctionnaire, a dirigé le Parti Socialiste pendant 11 ans, mais il aime à cultiver l’image d’un Français moyen, contrastant avec le style tape-à-l’œil du Sarkozy des débuts. Quand Hollande dine avec des capitaines d’industrie, c’est en toute discrétion.
La plate-forme électorale de Hollande est issue de la vieille école socialiste, appelant à un taux d’impôt marginal de 75% sur les revenus supérieurs à 1 million par an, un salaire minimum plus généreux et une retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé assez longtemps. Il veut créer 150 000 emplois subventionnés pour les jeunes dans les quartiers difficiles, 60 000 nouveaux emplois dans l’Éducation nationale et la justice et 5 000 dans la police. Il promet de réduire la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français de 75% à 50% d’ici 2025.
Ces dépenses supplémentaires de 20 milliards d’euros seront financées par des augmentations d’impôt. Pour revenir à un déficit zéro en 2017, il doit trouver 100 milliards d’euros : 50% viendront de baisses de dépenses de l’État, 50% de recettes fiscales supplémentaires.

L’état de la France

La France est écrasée sous une montagne de dette publique, une perte de compétitivité, un système démocratique bloqué et une société en dépression.
La France reste la cinquième économie mondiale, mais plusieurs indicateurs clignotent. La France a le ratio le plus élevé des dépenses publiques de la zone euro: 57% de sa production économique est contrôlée par l’État.
En 2011, le déficit public a atteint 103 milliards d’euros, la dette publique 1700 milliards d’euros soit 85,8% du PIB. Ce pic ne découle pas seulement de la crise financière et économique. Il est l’héritage d’une incapacité longue de 38 ans à contrôler les finances publiques : le pays n’a pas eu un budget équilibré depuis 1974.
Le pays a déjà perdu son triple A et, bien que sa situation n’est pas comparable à celle de la Grèce ou l’Espagne, la hausse des taux d’intérêt sur ses obligations souveraines ne ferait qu’accentuer la crise de l’euro.
La situation préoccupante du pays n’a pas été abordée sérieusement durant la campagne électorale. Aucun des candidats n’a proposé de réduire substantiellement les dépenses de l’État et de libéraliser le logement, les soins de santé, la retraite, les transports, le commerce, l’éducation, le syndicalisme, l’énergie ou le système financier.

Une société bloquée, un peuple en dépression

Personne ne semble comprendre que les problèmes auxquels le pays est actuellement confronté – une société fermée, hiérarchique, embourbée dans une culture du conflit d’intérêts, le chômage, l’ascenseur social en panne, la sclérose économique, le corporatisme d’État, les inégalités en matière d’éducation, la violence, la méfiance généralisée – sont la conséquence d’un État interventionniste, pénalisant le succès, étouffant la société civile, le dynamisme et l’innovation. Ce système n’a pas été conçu par les immigrés ou par le capitalisme anglo-saxon mais bien par les Français des années 1950 et conservé jusqu’à aujourd’hui.
Les Français sont aussi plus dépressifs, prennent plus de médicaments (et pas seulement parce que la sécurité sociale est plus généreux qu’ailleurs), se suicident plus souvent que dans les pays où le niveau de revenu est comparable. Oui, les Français sont râleurs, mais c’est parce qu’ils ressentent un profond malaise à vivre ensemble, issu d’une situation où la seule façon d’envisager un avenir meilleur passe par le vol de son voisin.

La calculatrice et le globe terrestre

François Hollande sera obligé d’affronter tout cela, surtout le problème du déficit public. Les marchés obligataires seront plus vigilants que les électeurs français. Hollande aura besoin de se défaire de certaines de ses promesses et découvrira le pouvoir de négociation de la chancelière Angela Merkel quand il s’agit de discipline budgétaire.
Peut-être Merkel offrira-t-elle à Hollande une calculatrice et un globe terrestre lors de leur première rencontre. Le temps est à l’orage, il éteindra les illusions électorales.

Le rappel à l'ordre de Merkel à la France

La chancelière a réitéré jeudi son refus de financer la croissance par les déficits.

La tension monte entre Paris et Berlin à l'approche de la rencontre entre François Hollande et Angela Merkel, la semaine prochaine. Taclée par les sociaux-démocrates sur les effets pervers de sa politique dans la zone euro, la chancelière allemande riposte en renvoyant le nouveau président français dans ses buts. Jeudi devant le Bundestag, elle a réitéré son refus de toute croissance tirée par les déficits en Europe en insistant sur les risques liés à une telle politique.
«Une croissance par des réformes structurelles est importante et nécessaire. Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas», a prévenu Angela Merkel, suscitant des applaudissements au Bundestag. Elle a estimé que le prochain sommet du G8 aux États-Unis, prévu les 18 et 19 mai, aborderait les «prochaines mesures» pour la consolidation des finances publiques, ainsi que «les mesures de croissance» actuellement discutées en Europe. Ce sont «les deux piliers de notre stratégie» de lutte contre la crise, a-t-elle rappelé.
Pour Berlin, la croissance doit se fonder sur la discipline budgétaire. La chancelière allemande le répète depuis le début de la tempête dans la zone euro: il n'existe pas de «solution magique» à la crise. Sa résolution passe par une politique de petits pas successifs visant à restaurer la confiance. Jeudi, elle a jugé crucial que chacun accepte l'idée que «la sortie de crise sera un processus long» et qu'elle nécessite de s'attaquer aux problèmes essentiels de certains pays européens: «un endettement catastrophique» et «un manque de compétitivité».

Prendre à bras-le-corps les problèmes de compétitivité

Son message est un rappel à l'ordre à François Hollande. La chancelière juge que le président socialiste n'a pas les moyens de la politique qu'il a défendue pendant sa campagne électorale. Il est hors de question pour elle d'ouvrir son porte-monnaie pour financer les promesses électorales du socialiste français. Berlin souhaite avoir à Paris un partenaire fort sur lequel s'appuyer pour conduire la zone euro hors des turbulences et prendre à bras-le-corps ses problèmes de compétitivité. L'Allemagne redoute d'être entraînée dans une spirale négative par la France si la politique «d'esquive des réformes» du président français était sanctionnée par les marchés.
Le coup de sifflet de la chancelière s'adressait aussi aux sociaux-démocrates allemands. Encouragés par la victoire de la gauche en France, le SPD est passé à l'offensive contre la politique d'austérité prônée en Europe par la chancelière. Jusqu'ici, le SPD s'était gardé d'attaquer ouvertement Merkel sur sa politique de discipline budgétaire, approuvée par une majorité écrasante d'Allemands. Mais le résultat des législatives en Grèce a changé la donne.
«Nous voyons les résultats de cette politique en Grèce, où la droite radicale et les ennemis de l'Europe entrent au Parlement», se fâche Sigmar Gabriel, patron du SPD dans une interview à l'hebdomadaire Die Zeit. Espérant tirer profit d'un revirement dans la stratégie contre la crise aux élections législatives de septembre 2013, les sociaux-démocrates font pression sur Merkel, pour la pousser au compromis avec Hollande.

La clé de voûte de la stratégie anticrise allemande

Afin de déjouer les risques d'isolement, la chancelière cherche à rallier autour de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Autriche, un nombre significatif de pays pour ratifier rapidement le pacte budgétaire sans se plier à la renégociation réclamée par le président français. Pour Berlin, les initiatives visant à stimuler la croissance, qui pourront faire l'objet d'un nouveau pacte, ne doivent pas retarder la mise en œuvre du traité, considéré comme la clé de voûte de la stratégie anticrise allemande. Cependant, sans l'appui du SPD, elle ne pourra pas faire voter le texte au Bundestag, ni au Bundesrat, la chambre haute du Parlement, où il lui faut rassembler une majorité des deux tiers.
Lancée dans sa contre-offensive, Merkel a ouvert un autre front. Jeudi au Bundestag, elle a appelé à respecter le calendrier de retrait des troupes internationales d'Afghanistan fixé par l'Otan à fin 2014, alors que le président français élu défend un retrait anticipé. «Nous sommes entrés ensemble, nous sortirons ensemble», a-t-elle dit. Le coup tactique est limpide. En se rangeant du côté de ses alliés les plus forts, Merkel cherche à enfermer Hollande et le SPD dans le club des pays du sud de l'Europe les plus vulnérables.

On aura eu beau l'insulter, le mépriser, le critiquer, on n'a pas encore assez de recul pour s'apercevoir que c'était un homme de poigne, qui voulait juste (r)élever la France.

Législatives : la gauche favorite, mais l'UMP devance le PS
La gauche est favorite aux élections législatives des 10 et 17 juin, mais l'UMP devance le PS selon un sondage BVA pour Orange, la presse régionale et RTL (document PDF) publié vendredi 11 mai. Le Parti socialiste et le Parti radical de gauche (PRG) totalisent 30% des voix, quand l'UMP obtient 32,5% des intentions de vote, d'après cette enquête.
Selon les sondages Ifop-Fiducial et CSA réalisés dimanche, le soir du second tour de la présidentielle, 31% des Français avaient l'intention de voter le 10 juin pour un candidat socialiste ou PRG contre 30% pour un candidat de l'UMP.
Au total, avec le PS, le PRG, Europe Ecologie-Les Verts, le Front de gauche et le NPA, la gauche est créditée de 45,5% des voix pour le premier tour des législatives, contre 49,5% pour la droite, dont 32,5% pour l'UMP et 16% pour le Front national, selon cette enquête. Le MoDem gagne un point à 5%. 1% des personnes interrogées se prononcent pour Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. 3% des personnes interrogées n'ont pas exprimé d'intentions de vote.
Le FN crédité de 16% des intentions de vote
Le Front national cède un point, à 16%. "Ce score, s'il devait se confirmer, pourrait permettre au Front national de dépasser dans de nombreuses circonscriptions les 12,5% d'inscrits nécessaires pour se maintenir au second tour", souligne l'institut CSA.
La gauche avait totalisé 38% des voix aux législatives de 2007, 40% à celles de 2002, et 47% à celles de 1997. La droite, de son côté, avait recueilli 51% des voix en 2007, 56% en 2002 et 52% en 1997.

Sondage réalisé les 9 et 10 mai auprès d'un échantillon recruté par téléphone et interrogé par internet. Echantillon de 1 159 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus. Les intentions de vote sont établies auprès de 1 147 personnes inscrites sur les listes électorales avec la méthode des quotas.

Sarkozy bientôt au Conseil constitutionnel

Le président sortant devrait rejoindre les Sages du Palais-Royal, tout en retrouvant son cabinet d'avocats.
Derniers jours à l'Élysée… Ce jeudi, Nicolas Sarkozy a réuni le personnel de l'Élysée pour les remercier du travail accompli. «J'ai été heureux de servir la France, je vous remercie pour tout ce que vous avez fait, et je vous souhaite de continuer de faire aussi bien votre travail avec mon successeur», a dit, en présence de Carla Bruni-Sarkozy, le président sortant aux plusieurs centaines de salariés élyséens qui étaient venus l'écouter.
Nicolas Sarkozy s'en va, mais nul ne sait vraiment si ce sera, tel Napoléon Bonaparte auquel on l'a si souvent comparé, pour l'île d'Elbe ou pour Sainte-Hélène. «Pour revenir, il faut être populaire, pour être populaire, il faut être oublié», raisonne un sarkozyste, convaincu que Nicolas Sarkozy «ne se retire pas pour toujours». Pour le moment, le président sortant affine divers aspects de sa vie d'après. Et il a encore dit et redit qu'il ne recommencerait pas de zéro après une année de diète, comme l'avait fait Valéry Giscard d'Estaing après sa défaite, en se présentant à une élection cantonale dans le Puy-de-Dôme.
Quittera-t-il définitivement la vie politique? «Même pas en rêve», a tranché Roselyne Bachelot sur Europe 1. Nicolas Sarkozy devrait très bientôt siéger au Conseil constitutionnel dont il est membre de droit. Est-ce l'indice d'une retraite sans retour possible de la vie politique ou au contraire la volonté de rester dans la vie publique? «Il doit recevoir très bientôt le secrétaire général du Conseil, Marc Guillaume, afin de connaître les modalités précises de son entrée en fonction», confirme l'un de ses collaborateurs. Le choix du président sortant de reprendre son cabinet d'avocat ne devrait pas lui interdire le rejoindre le cercle très select de la rue Montpensier. Mais il ne s'impliquera que dans des dossiers internationaux, afin d'éviter qu'on lui reproche tout conflit d'intérêt avec l'exercice de ses fonctions de juge constitutionnel. «Il siégera quand le Conseil se réunira», glisse l'un de ses proches conseillers.
Il estime aussi que le fait de siéger parmi les Sages ne lui interdit pas de prendre parfois position dans la vie politique française. Selon lui, la «jurisprudence Giscard» devrait s'appliquer. Une référence au soutien qui lui a apporté pendant la campagne présidentielle l'ancien président de la République, lui aussi membre de droit du Conseil constitutionnel. Et s'il choisissait de revenir à la vie politique, Nicolas Sarkozy pourrait alors se mettre en congé.
En attendant, il pourra occuper une position dominante au Conseil constitutionnel. Trois de ses membres lui doivent leur nomination. «Et son pouvoir de conviction fera le reste», glisse son entourage. Une façon de laisser entendre que le très chiraquien Jean-Louis Debré, le président du Conseil constitutionnel avec qui les relations sont glaciales, a du souci à se faire. «Il va devenir le patron du Conseil constitutionnel!», s'amuse déjà un ami du chef de l'État sortant. Nicolas Sarkozy sait aussi qu'il ne veut pas se transformer en conférencier international. «Ce n'est pas vraiment son style», indique son ami Brice Hortefeux.

Le duo avec François Hollande

Sarkozy sait au moins une chose: il a réussi sa sortie. «En cas de défaite, le président avait trois objectifs: ne pas être humilié par le résultat final -c'est-à-dire faire sensiblement mieux que Ségolène Royal-, ne pas abandonner son poste comme Lionel Jospin en 2002, et ne pas sortir en lambeaux comme Giscard», décrypte le même proche du président.
Le point culminant de son départ aura été le duo formé avec François Hollande pour la cérémonie du 8 Mai. Cela a permis à Nicolas Sarkozy d'observer de près son successeur. «Il fait toujours autant de blagues. Il ne se rend pas encore compte du job…», a-t-il glissé à un ami.«Il faut dire que la charge est tellement lourde, dans un premier temps vous ressentez une grande tristesse, mais ensuite, je crois que le président a éprouvé une forme de soulagement.»
Sans doute, mais il n'est pas sûr que son nouveau rôle de juge constitutionnel, ajouté à ses missions d'avocat, soient suffisant pour occuper le vibrionnant président sortant. «C'est drôle, mais déjà il me donne l'impression d'avoir peur de s'ennuyer», sourit un ami.

La presse européenne pointe l'incompréhension grandissante entre Berlin et Athènes

Alors que la crise politique s'enlise en Grèce - deux chefs de partis ayant d'ores et déjà échoué à former une coalition -, la presse européenne met en lumière le fossé grandissant entre l'intraitable position pro-austérité de Berlin et les volontés du peuple grec d'en finir avec le "diktat" des réformes européennes.
Comme ironise Die Zeit, "chacun tente sa chance en Grèce". "Samaras [le conservateur] a jeté l'éponge, Tsipras [gauche radicale] a échoué, c'est désormais au tour de Venizelos, le socialiste, de tenter de former un gouvernement." Par-delà les négociations infructueuses, la presse européenne réagit à la lettre envoyée mercredi par Alexis Tsipras aux dirigeants européens. Le leader de la coalition de la gauche radicale Syriza y refuse la mise en œuvre du mémorandum signé par le gouvernement précédent et conteste l'ensemble des mesures d'austérité exigées par Bruxelles. Une position qui scandalise la presse outre-Rhin. Le quotidien Der Spiegel relaie sur son site les prises de positions des éditorialistes.
"DÉNI DE RÉALITÉ DES GRECS"
Pour le conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, "la commission européenne doit insister pour que la Grèce suive le chemin qui a été fixé". Une position partagée par le quotidien Die Welt : "Les Grecs [...] ont rejeté ce qu'ils considèrent comme l'austérité allemande et le diktat des réformes. C'est parfaitement injuste, étant donné l'engagement massif et les risques que l'Allemagne a pris pour sauver les pays européens de la faillite". Le journal conservateur conclut avec fermeté : "les Allemands ne sont pas prêts à payer pour le déni de réalité des Grecs".
Le quotidien économique Handelsblatt indique cependant que si Athènes n'adhère plus au plan d'austérité, la sortie de l'euro ne sera pas pour autant mécanique. "La Grèce ne peut être mise au ban de la zone euro - les traités ne le permettent pas. Le pays en crise peut seulement abolir l'euro de lui même", précise le journal.
RESPONSABILITÉS PARTAGÉES
Le quotidien de centre gauche Süddeutche Zeitung est l'un des seuls à ne pas mettre l'entière responsabilité de la crise sur le dos des Grecs : "L'Union Européenne et le FMI sont également responsables de l'échec si spectaculaire de la stratégie grecque [...] Ils ont donné l'impression que les banques européennes étaient plus importantes à leurs yeux que le peuple de Grèce."
La Repubblica avance une seconde explication : le gouvernement technique de Lukas Papademos imposé par Bruxelles a échoué à faire adhérer les citoyens aux mesures d'austérité qu'ils a dû mettre en œuvre. De ce point de vue, l'émergence de nouvelles forces politiques en Grèce serait une bonne chose. "Les Grecs sont libérés de la mainmise des dynasties politiques des partis conservateurs et socialistes, qui détenaient de quasi-monopoles", poursuit Handelsblatt.

Article The Guardian du 9 mai 2012
"LA DERNIÈRE CRISE DE COLÈRE D'UN ENFANT GÂTÉ"
Les journaux allemands trouvent du soutien auprès de leurs homologues britanniques. Dans The Independent, Daniel Howden compare les élections grecques à "la dernière crise de colère d'un enfant gâté" : "Plutôt que d'assumer leurs responsabilités dans la crise, les fonctionnaires qui se sont fait graisser la patte [...], la classe moyenne qui exploitait une main d'œuvre étrangère bon marché, les syndicats qui pillaient les services publics, tous ont déversé leur rage sur la classe politique. Le résultat de l'élection punit les partis modérés qui leur disaient la vérité sur la situation et récompense les partis d'extrême droite et gauche, qui ignorent volontairement la réalité et leurs responsabilités."
The Guardian constate que la "guerre des nerfs" est déclarée entre Athènes et Berlin. Face à la provocation d'Alexis Tsipras, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, réplique, en évoquant pour la première fois publiquement la possibilité de voir la Grèce quitter la zone euro. "La nation grecque sait ce qu'il reste à faire", a-t-il déclaré mardi.
DEUX CAMPS S'AFFRONTENT
Jeudi, dans une interview au journal allemand Passauer Neue Presse, Angela Merkel déclarait, au contraire, que la place de la Grèce est toujours dans la zone euro. Mais, bien évidemment, à condition de se conformer aux engagements passés. "Il importe toujours que les accords passés avec la troïka et les objectifs de réformes soient respectés. C'est à notre avis la seule voie qui permettra à la Grèce de renouer avec la stabilité et avec une économie forte", a déclaré la chancelière.
Coinçé entre les positions allemande et grecque, le président français nouvellement élu aurait choisi son camp, croit savoir The Guardian. Le journal nous apprend qu'Alexis Tsipras aurait demandé à rencontrer François Hollande, partisan d'un retour à une politique de croissance en Europe, de sorte à isoler l'Allemagne. " Sa demande a été rejetée, ce qui peut être considéré comme un premier signe que, s'il doit choisir, François Hollande s'alignera sur l'Allemagne plutôt que sur le club des débiteurs méditerranéens de la zone euro", conclut le quotidien britannique.

Quels contre-pouvoirs dans une France entièrement administrée par la gauche ?

Présidence de la République, Sénat, Parlement, régions : en cas de succès aux législatives, la gauche pourrait détenir l'essentiel du pouvoir en France. Il reste néanmoins quelques contres-pouvoirs...

Si la gauche remporte les législatives, elle détiendra à la fois la présidence de la République, le Sénat, le Parlement et l'essentiel des régions françaises. Quels contre-pouvoirs existeront encore en France ?

Serge Berstein : La droite a perdu l’Elysée, elle tente donc d’expliquer que si la gauche l’emporte aux législatives, il n’y aura plus de contre-pouvoirs. La gauche a dit la même chose lors des dernières élections. C'est de bonne guerre.
En vérité, nous sommes dans un régime politique où, entre deux élections, il n’y a pratiquement pas de contre-pouvoirs. Cela dure presque depuis le début de la Vème République. Le centre et la droite dominent le Sénat jusqu’au retournement de l’automne 2011. La majorité de l’Assemblée nationale est de droite. Le président pouvait par conséquence nommer un Premier ministre de droite. Nous pouvons même ajouter que le Conseil constitutionnel est composé d’éminents juristes nommés par des pouvoirs politiques de droite, même s’ils ont condamné un certain nombre de propositions émanant du pouvoir exécutif.
C’est une réalité propre à la Vème République qui a été encore renforcée par le passage au quinquennat qui devait permettre de réduire le risque de cohabitation, à savoir un contre-pouvoir au sein même de l’exécutif, le Premier ministre pouvant être un opposant au Président de la République et réciproquement. Depuis 1962, le Président de la République est élu au suffrage universel et il nomme un Premier ministre afin de mettre en œuvre ses initiatives. L’exécutif est donc constitué d’un seul bloc. Par conséquent, de fait, il s’avère que la majorité de l’Assemblée nationale est systématiquement en accord avec le Président ou le Premier ministre en cas de cohabitation. Autrement dit, la possibilité qui existait au cours des IIIème et IVème Républiques de faire du pouvoir législatif un contre-pouvoir du pouvoir exécutif a été totalement effacée.

Mais alors qui peut jouer le rôle de contre-pouvoir ?

La Vème République repose sur une sorte de monarchie, temporaire et élective certes, mais composée d’un exécutif tout puissant. Le seul contre-pouvoir, limité mais réel, est le Conseil constitutionnel. Actuellement, tous ses membres ont été nommés par des personnalités de droite. Ce sont des juristes qui ne sont pas toujours très marqués mais qui n’apportent pas un franc soutien au nouveau Président élu.
Ils jouent un rôle important car ils peuvent être saisis dès lors que 60 parlementaires demandent à leur déférer n’importe quel texte législatif. Nicolas Sarkozy a même élargi cette possibilité aux simples citoyens à partir du moment où ils sont suffisamment nombreux.
Le Conseil constitutionnel dispose d’un pouvoir considérable : il peut censurer une loi prise par la majorité parlementaire sur demande du gouvernement. C’est le contre-pouvoir le plus solide dans le système institutionnel français. La récente abrogation de la loi sur le harcèlement sexuel en est un parfait exemple.
En d’autres occasions, c’est le Sénat qui a été un important contre-pouvoir, notamment sous François Mitterrand. En étant plus orienté vers le centre et la droite modérée, il a obligé le gouvernement à modifier un certain nombre de textes de loi.
Les syndicats, enfin, ont la possibilité de s’exprimer au nom des travailleurs, même sans pouvoir délibératif. En faisant descendre des gens dans la rue, ils peuvent manifester l’opposition à un certain nombre de décisions gouvernementales. C'est ensuite au gouvernement de décider d’en tenir compte ou pas. Lorsqu’un million de personnes sont descendues dans la rue sous François Mitterrand pour protester contre le projet de loi scolaire qui semblait mettre en cause l’autonomie de l’enseignement catholique, le président socialiste avait reculé, estimant que c’était un nombre dont il fallait tenir compte. A l’opposé, les manifestations contre la réforme des retraites n’ont pas convaincu Nicolas Sarkozy que la colère populaire l’emportai

Les rapports entre la gauche et les syndicats, aujourd’hui, ne risque-t-ils pas de réduire la force de ce contre-pouvoir exercé par les travailleurs ?

Je ne le crois pas. Des mesures prises par le gouvernement de François Hollande qui ne plairont pas aux syndicats, au vu de la situation, il y en aura. Je ne vois pas pourquoi ils ne protesteraient pas. Il y a eu un certain nombre de mobilisations importantes sous les gouvernements de François Mitterrand. La proximité politique ne devrait pas amener les syndicats à s’abstenir de protester contre des mesures qui pourraient paraître néfastes à leurs clientèles.

L’Europe, enfin, est-elle un contre-pouvoir à prendre en compte ?

Incontestablement oui. Cela fait bien longtemps que dans notre système institutionnel, les décisions européennes l’emportent sur le droit national. Il y a nécessité pour les différents Etats qui composent l’Union européenne d’aligner leurs législations sur celle de l’Europe.
Au cas où des mesures prises par le gouvernement de François Hollande s’opposeraient au droit européen, les institutions communautaires pourraient alors prendre des sanctions financières contre la France. Il est donc bien possible qu’il y ait un certain nombre de difficultés pour notre pouvoir exécutif de faire passer certaines mesures.
Sauf évidemment si le Conseil européen venait à modifier son propre fonctionnement au vu de l’opposition d’un certain nombre d’Etats membres. Une question sous-jacente à la question de l’indépendance de la Banque centrale européenne aujourd’hui.
t sur l’urgence de la décision.



Valérie Trierweiler, une première Dame très politique ?

Un article du magazine américain Time affirme que la compagne du président élu a joué un rôle politique essentiel dans sa campagne, et qu'elle continuera de le faire tout au long du quinquennat.
Valérie Trierweiler fait décidément couler beaucoup d'encre, y compris en dehors de la France. Le Global Spin, blog du Time Magazine, a publié mercredi 9 mai un article intitulé "Valérie Trierweiler : La Première Dame non mariée de France". L'article en question a pour but de la présenter auprès des lecteurs américains et insiste notamment sur le caractère non sacré de l'union qui la lie au nouveau chef de l’État français. Surtout, l'article met l'accent sur le rôle politique qu'elle a joué durant la campagne.
"Elle a aussi joué un rôle politique dans la campagne présidentielle des socialistes, en se postant au QG de campagne, prête à être consultée pour toutes décisions importantes", explique le Global Spin qui cite le Sunday Times. Les membres du staff de François Hollande gardent bien d’interrompre toute conversation entre Valérie Trierweiler et le président élu, croit aussi savoir le site américain : "il l'écoute très attentivement."
Madame et Monsieur Benêt Premier
"Au lieu de se concentrer sur sa propre image, on prétend que Trierweiler a joué un rôle clef en transformant son insipide compagnon en un concurrent sérieux dans la course à la présidentielle, en l'aidant à perdre 10 kg et en lui disant de porter des lunettes avec des verres plus fins", ajoute le site.
Dans une interview accordée au quotidien anglais The Times (accès payant), publiée mercredi, Valérie Trierweiler, affirme qu'elle ne compte pas être "une potiche" en tant que première dame : "Je veux bien représenter l'image de la France, faire les sourires nécessaires, être bien vêtue, donner une belle image mais il ne faudra pas que ça s'arrête là", déclare la journaliste politique de 47 ans. Selon le quotidien britannique, Valérie Trierweiler est davantage inspirée par les exemples de Danielle Mitterrand (pourtant assez effacée politiquement) que par Carla Bruni-Sarkozy ou Bernadette Chirac.
Le site oublie de souligner que la compagne de François Hollande a récemment viré Julien Dray d’une fête organisée pour marquer la fin de la campagne présidentielle, d'après Le Parisien. Le député de l’Essonne s’était en effet présenté au QG de François Hollande à Paris, sans s’y être invité, et c’est la journaliste de Direct 8 et Paris Match qui était chargée de lui montrer la porte...
Juste avant d'être élu, François Hollande a déclaré : "Je me présenterai seul devant les Français, rappelle le site. Ce n'est pas un couple qui se présente  mais une seule personne, qui doit convaincre par ses idées." "Nous verrons bien", ironise le site le Global Spin.
Autre problème : François Hollande s'est fait le champion de la liberté de la presse, rappelle le site du Point. Le président élu assure qu'il subira les très probables critiques sans broncher. "Simplement, on remarquera que sa compagne conserverait un lien avec le groupe Lagardère, qui est précisément dans la situation souvent décriée par le Parti socialiste, à savoir un groupe industriel vivant des commandes publiques et intervenant sur le marché de l'information. Il se trouvera sans doute des gens à droite (voire à gauche), parmi les détracteurs du nouveau président, pour se gausser de cette posture alambiquée...", assure le Point.
D'autant que Valérie Trierweiler est déjà plus à cran vis à vis de ses confrères : sur Twitter, elle ne s'est pas privée de houspiller les journalistes qui campaient en bas de son domicile à l'affût d'une photo du couple présidentiel.

Olivier Royant, le patron de Paris Match, ne doit pas non plus avoir oublié l'avoinée qu'il a prise lorsqu'il a publié des photos volées de sa salariée pour illustrer la Une de l'hebdomadaire.