lundi 2 décembre 2013
Clopes sans frontières
Clopes sans frontières
La ligne Maginot érigée par nos législateurs contre les achats de tabac dans les autres pays européens est morte. L’Assemblée s’apprête à voter la fin des quotas d’importation. Les fumeurs français pourront aller faire le plein chez leurs voisins sans risquer les foudres de la douane.
Les députés français ne voteront pas cette réforme de gaîté de cœur. Ils sont obligés de revoir la loi sous la pression de la Cour européenne de justice, qui estime que les restrictions à l’importation servaient à protéger la production française de tabac. Eh oui, on ne mégote pas avec l’Union européenne, même quand on met en avant l’excellent argument de la santé des bronches nationales.
La nouvelle n’a pas de quoi réjouir les buralistes français, proches de pays où le tabac est moins cher. L’opération « clopes sans frontières » est lancée et on risque de voir revenir des voitures émettant une jolie fumée, aussi bleue que le drapeau d’une Union qui fait tout et son contraire. On ne peut dépenser des milliards d’euros dans la lutte contre le tabagisme et, dans le même temps, au nom de l’ouverture des frontières, menacer un État de représailles parce qu’il érige des quotas protecteurs de la santé.
Pour être, malgré tout, optimiste, ces nouvelles normes permettront, peut-être, de freiner le trafic de cigarettes qui surfe sur les hausses à répétition du tabac. Les dealers risquent de ne pas être les seuls à râler. L’État a, lui aussi, quelques soucis à se faire, car cette mesure pourrait bien priver le Trésor public de taxes, si utiles en ces périodes difficiles. Les hausses du prix des paquets vilipendés arrangeaient bien les finances du pays. La future augmentation de 20 centimes, prévue le 1er janvier, risque fort de renforcer les charters de la nicotine, au détriment de la bronchite civique.
Évidemment, le fumeur de la Creuse ou de la Haute-Loire sera lésé. Il n’aura guère le loisir de franchir la frontière pour remplir sa pipe. Faudra-t-il voter une défiscalisation au nom de l’égalité ? On en doute. Ces enclavés se retourneront peut-être vers la grande armée des vapoteurs, reconnaissables à leurs petits nuages de fumée aromatisée.
Esprit d’ouverture
Esprit d’ouverture
Ouvrir un peu plus mais pas trop ! Voici en substance ce que va probablement suggérer au Premier ministre le rapport Bailly sur l'ouverture des magasins le dimanche. Certains le trouveront trop tiède, d'autres lui reprocheront d'ouvrir une porte à la banalisation du travail dominical. Impossible d'échapper à la polémique dans ce débat récurrent où s'opposent des intérêts contradictoires, sur fond d'hypocrisie. Car si les Français approuvent à 63 % le travail du dimanche, c'est évidemment pour les autres. En tout cas, c'est une difficile « remise à plat » qui attend Jean-Marc Ayrault.
On conviendra qu'il a hérité du précédent gouvernement d'une situation qualifiée de « kafkaïenne ». Il n'en demeure pas moins que le sujet se prête à merveille à l'affrontement entre « archaïques » et « modernistes ». Il y a ceux qui, avec des binocles d'un autre âge, lorgnent sur des acquis sociaux jugés intangibles. Et il y a ceux qui, éblouis par les commodités du libéralisme, feraient volontiers du dimanche un jour comme les autres. On notera que les deux « courants » traversent un PS divisé. À l'évidence, le problème ne trouvera sa solution que par la prise en compte des évolutions sociétales.
Qu'on le veuille ou non, les modèles d'organisation familiale et sociale ont changé avec la modification des conditions de travail. Le cadre spatial et temporel s'est modifié avec internet qui bouscule les règles du commerce. Faut-il ignorer cette concurrence ? Faut-il ignorer que 30 % des salariés travaillent en horaires décalés ?
Sous un prétexte brandi par des syndicats désavoués par leurs mandants, devrait-on condamner les salariés au « repos forcé » le dimanche, pour les protéger contre eux-mêmes et contre l'exploitation des patrons ? Il y aurait dans cette entrave à la liberté un non-sens absolu en période de chômage. Puisque nous allons vers des extensions limitées et une uniformisation des zones commerciales, plaidons plutôt pour un dialogue social responsable par branche ou entreprise, et prévoyant des garanties et contreparties pérennes et égales pour tous. En somme, plaidons pour un esprit… d'ouverture.
Sondage : on a parfois envie de répondre "oui, on nous prend pour des andouilles"
Sondage : on a parfois envie de répondre "oui... par rtl-fr
Travail dominical : avant la remise du rapport Bailly, cacophonie au PS
Lundi 2 décembre, à 9 heures, l'ancien patron de la poste, Jean-Paul Bailly, doit rendre son très attendu rapport sur le travail dominical au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Commandé après une fronde de plusieurs enseignes de bricolage qui ont bravé une décision de justice leur interdisant d'ouvrir le dimanche, ce rapport doit servir de base à une nouvelle législation.
Mais il n'a pas encore été remis que plusieurs ténors du PS donnent leur avis sur la question dans une certaine cacophonie.
Que prônerait le rapport ?
L'exercice est difficile pour Jean-Paul Bailly. Il devra réaliser un vrai numéro d'équilibriste pour satisfaire à la fois les défenseurs du repos dominical et ceux qui prônent un assouplissement.
Déjà, des information ont fuité dans les Echos. Selon le quotidien, il devrait notamment proposer, dans son rapport remis lundi à 9 heures, d'augmenter le nombre de jours dérogatoires que les maires peuvent accorder, passant de cinq dimanches aujourd'hui à "une dizaine" par an. En revanche, pas question d'étendre les dérogations permanentes, déjà octroyées à la jardinerie ou l'ameublement, à de nouveaux secteurs comme le bricolage. Et ce, malgré la pression naissante des secteurs comme les biens culturels ou sportifs, confrontés à la montée en puissance des ventes en ligne.
Le ministre du Travail pour une "souplesse ordonnée"
Interrogé sur BFMTV, le ministre du Travail, Michel Sapin, a estimé nécessaire de faire évoluer la situation actuelle, qu'il a qualifiée de "désordre absolu". "D'un côté d'une rue, ça ouvre, de l'autre côté ça n'a pas le droit d'ouvrir, vous avez des salariés qui sont payés deux fois plus cher le dimanche, d'autres rien du tout, il faut évidemment remettre de l'ordre dans le désordre d'aujourd'hui", a-t-il résumé.
Sans donner de détails sur le contenu du rapport, Michel Sapin a jugé qu'une"souplesse ordonnée" des dispositifs était possible et qu'elle devait s'organiser sur une "base territoriale". Bref, pour lui, les autorités locales sont les mieux à même de connaître la réalité du terrain et les habitudes commerciales de leurs administrés.
Martine Aubry ne veut pas qu'on touche au repos dominical
Avant même l'intervention du ministre du Travail, la maire de Lille, Martine Aubry a prévenu dimanche, devant des partisans réunis à huis clos à Paris, que la législation actuelle sur le travail du dimanche était une "digue qui ne doit pas reculer", selon des propos rapportés par ses proches.
La maire de Lille s'exprimait à l'occasion du lancement de son association, intitulée "Renaissance", sorte de laboratoire d'idées rassemblant des parlementaires proches. Parmi eux, Christian Paul, a rapporté qu'"elle a dit avec beaucoup de détermination son opposition à toute extension de l'autorisation de travailler le dimanche".
D'après une participante sur Twitter, elle aurait lancé que "si on passe les bornes et on choisit la consommation plutôt que la famille, je m'exprimerai".
Travail du dimanche:si on passe les bornes, et on choisir la consommation plutôt que la famille,je m'exprimerai @MartineAubry #renaissance
— laurence rossignol (@laurossignol) 1 Décembre 2013
Ségolène Royal veut décentraliser les autorisations
De son côté, l'ex-candidate PS à la présidentielle, Ségolène Royal ne semble pas voir d'un mauvais œil le travail dominical. La présidente de Poitou-Charentes, invitée de Tous politiques (France Inter/Le Parisien/France24), a proposé que la décision d'ouverture des magasins le dimanche soit "décentralisée" aux "préfets, en liaison avec les élus locaux".
Pour elle, "ce n'est pas à l'Etat, au niveau centralisé, ni à la loi, de régler ce genre de problème qui doit être au cas par cas". Elle a proposé qu'"on reste sur la dérogation, on maintient le salaire supplémentaire quand on travaille le dimanche, mais on décentralise cette autorisation et on fait le bilan dans un an!"
"Le principe, c'est le repos dominical", a-t-elle encore souligné, mais "comment trouver ce juste équilibre entre le droit de ne pas travailler le dimanche, le respect d'un certain nombre de règles" et la prise en compte "des évolutions comportementales des consommateurs, des types de consommation"?
Anne Hidalgo prête à réfléchir à l'ouverture de plus de zones
Quant à la candidate PS à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, invitée sur Forum Radio J, elle a redit être prête à "réexaminer" la carte des zones touristiques. C'est dans ces zones que le travail du dimanche est autorisé dans la capitale.
A Paris, "aujourd'hui, on a sept zones touristiques, j'ai toujours dit que j'étais favorable à réexaminer ces zones touristiques. Il faut remettre de l'ordre et moi j'y suis prête", a-t-elle expliqué. Elle a assuré que si elle est élue, cela se fera dans "la concertation avec les riverains et avec des accords avec les salariés".
Sa rivale UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a dénoncé un "volte-face". Pour la porte-parole de NKM, Anne Hidalgo "essaie de suivre le sens du vent". "Chiche, Madame Hidalgo !", a-t-elle lancé. "Commencez à classer, dès aujourd'hui, Bercy village en zone PUCE" (périmètre à usage de consommation exceptionnelle, où l'ouverture des commerces le dimanche est autorisée) puisque "tout est prêt". Le chef de file de l'UMP dans le 18e arrondissement de Paris, Pierre-Yves Bournazel, ne manque pas non plus de critiquer la candidate socialiste.
#hidalgo / #travailledimanche c'est un discours pro puis anti et de nouveau pro! Mais jamais d'actes alors que la ville est décisionnaire
Paris : un nouveau terrain de jeux pour les Frères musulmans ?
Primo, la France de François Hollande ne tarit pas d’éloges et de salamalecs à l’égard des pétromonarchies.
Secundo, la France de François Hollande soutient les djihadistes à l’œuvre en Syrie.
Tertio, la France de François Hollande, par le truchement de son Ministre des Affaires étrangères, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour éjecter l’Iran des négociations sur le nucléaire, faisant ainsi plaisir aux Etats sunnites d’obédience islamiste dont les intérêts coïncidaient avec ceux d’Israel.
Enfin, la France de François Hollande a moultes fois imploré les autorités égyptiennes de faire preuve d’indulgence à l’égard de Morsi, celui-ci ayant été renversé suite à un coup d’Etat fomenté par le général Al-Sissi ce qui semble peu légitime (enfin, côté Occident, c’est toujours la légitimité à la carte) au regard du droit international.
Ces arguments suffiraient normalement à justifier l’éventualité de l’installation d’un tel gouvernement à Paris, cela d’autant plus que la France avait hébergé l’ayatollah Khomeiny, futur leader de la révolution islamiste iranienne. Valéry Giscard d’Estaing s’était alors donné beaucoup de mal pour expliquer la présence de ce religieux sur le territoire français. Et si l’histoire se répétait ? Ceci étant dit, héberger n’est pas synonyme de laisser se former un « gouvernement parallèle ». Cette différenciation suscitant bien des réserves, je me suis adressée à Mme Madiha Doss, universitaire et intellectuelle égyptienne, qui m’a fait part de ce qui se passait actuellement en Egypte. La thèse selon laquelle les Frères Musulmans auraient l’intention de débarquer à Paris avec des revendications lourdes de conséquences lui semble plus qu’étrange. En tout cas – et dieu merci – cette information ne circulerait pas à travers Le Caire.
Ci-dessous, des extraits représentatifs de son témoignage qui pourrait indirectement élucider l’origine de l’article d’Egypt Independant.
La VdlR. « Selon des sondages récents, il semblerait que 12 % des Egyptiens se reconnaissent dans un parti islamiste et 2% dans un parti laïc, ce qui signifierait que les 86% restants sont tout bonnement déçus par tous les partis ou qu’ils se sentent proches de l’optique pro-militaire de vigueur. Selon vous, est-ce que ces chiffres correspondent à la réalité ?
Madiha Doss. Pour les 2%, ça me semble excessif. Pour ce qui est des 12% qui se prononcent en faveur des Frères Musulmans, je crois que ce chiffre correspond à la réalité, peut-être même y en aurait-il plus, car certains ont peur de se proclamer pro-Morsi. Mais pour le pourcentage restant et qui représente la majorité, il faut constater que ces gens demeurent sceptiques. Ils sont d’ailleurs traditionnellement sceptiques et d’une façon qui m’échappe assez, que je ne partage pas tout à fait. Les partis politiques en tant que tels sont récents en Egypte, ils ne sont pas constitués dans des conditions normales, ils ont été immédiatement propulsés dans un processus électoral complexe. Par conséquent, on ne peut pas vraiment les blâmer. Outre que la population soit majoritairement sceptique, elle a tendance à se poser beaucoup de questions sur l’honnêteté desdits partis, se disant que tout le monde veut s’en mettre plein les poches, que tous les chefs de partis sont des gens intéressés, ce qui n’est pas vrai. Enfin, j’en connais au moins deux de partis qui ne correspondent pas à ces clichés, même trois, Al-Dustour étant aussi un parti. Donc, à bien y réfléchir, les 2% relevés par le sondage me semblent excessifs.
La VdlR. Vous avez tout à l’heure parlé des contestations qui ont lieu au Caire et, plus généralement, un peu partout en Egypte. Quels sont les motifs de ce mécontentement ?
Madiha Doss. Il ne faut pas se méprendre, comme ont tendance à le faire les médias occidentaux, sur la nature de ces manifestations : il ne s’agit pas d’une tentative des Frères musulmans de reprendre le pouvoir ! Les services d’information égyptiens contribuent à former une telle image en essayant de convaincre les gens du fait que les manifestants sont soit des Frères musulmans soit des gens hors-partis manipulés par ces derniers. Ceci est faux. Ce qui se passe dans la rue depuis mardi dernier s’apparente à une protestation contre l’article de la Constitution qui permet à des cours militaires de juger des civils. Il s’agit d’un article qui malheureusement a été jusqu’à présent accepté par la Commission des 50 chargés de rédiger la Constitution. Le vote final n’a pas encore eu lieu mais il semble favorable aux militaires malgré la réaction fort négative qui a été celle de la jeunesse (…). Les gens sont donc descendus dans la rue mardi et je peux vous le dire pour l’avoir vu de mes propres yeux, ce n’était pas des Frères musulmans, ce n’était pas des barbus, c’était les mêmes personnes qui étaient dans la rue pendant les manifestations de janvier et de février en 2011, 2012, jusqu’au 30 juin. Evidemment, le nombre de protestataires était assez réduit, il y en avait grosso modo une centaine, peut-être 200 les premiers jours mais 200 au grand maximum. En revanche, les forces de l’ordre ont tout de suite sévi, ils ont maltraité les manifestants. Par la suite, des gens furent arrêtés. Les jeunes filles ont été libérées en plein milieu du désert, ce qui est extrêmement dangereux dans les conditions actuelles. En revanche, une vingtaine de jeunes gens n’ont pas été relâchés. Bien plus, ils ont été torturés. Tel est le témoignage de leurs avocats diffusé hier. Les manifestations se sont réitérées mercredi, pour s’étendre la veille aux universités. Etant universitaire, je les ai vues et je peux confirmer qu’elles sont pacifiques (…). La police a quant à elle fait preuve d’une violence injustifiée ce qui a entraîné la mort d’un étudiant abattu par balles. Il n’a même pas pu être transporté à l’hôpital parce que l’ambulance qui était venue le chercher a été arrêtée par la police. Le jeune homme a finalement succombé (…).
La VdlR. Revenant au Frères musulmans : avez-vous l’impression que la confrérie ne jouit plus tellement du soutien des pétromonarchies dont elle jouissait auparavant ? Est-ce qu’elle est vraiment décapitée, affaiblie au point de ne plus se manifester ?
Madiha Doss. Oui, je crois qu’elle a été décapitée, donc, affaiblie, c’est sûr. Les plus riches des Frères musulmans sont en prison, maintenant j’ignore s’ils disposent de leur fortune. Je ne sais si le Qatar les soutient toujours, au même titre que la Turquie, enfin, si c’est le cas, je ne vois pas comment … En tant que parti politique, il est certain qu’ils ont perdu. Ceci dit, si les choses continuent comme ça, dans le contexte de ce manque de sagesse de la coalition qui gouverne, je crains que cela n’aille dans un sens favorable aux Frères musulmans, chose que nous ne voulons absolument pas (…) ».
Commentaire de l’auteur : Ce témoignage de Mme Doss m’inspire une double conclusion :
- Les Frères musulmans, certes affaiblis, certes vulnérables et dispersés, espèrent encore prendre leur revanche en profitant du scepticisme de la population et des manifestations brutalement réprimées dans les rues, ce qui conduit à un certain désordre.
Le fait que The Egypt Independant ait parlé de l’éventuelle formation d’un gouvernement d’exil à Paris pourrait s’expliquer par le fait que la France soutienne (moins ouvertement ces derniers temps) Morsi. Fabius avait bel et bien demandé sa libération en août ce qui n’est pas le fruit du hasard si l’on tient compte des relations de l’Elysée avec le Qatar. L’article a pu donc avoir une visée dissuasive, car, quand on combat les islamistes à l’intérieur du pays, il importe aussi de les priver au maximum de leur soutien à l’extérieur. C’est la seule hypothèse qui me vient à l’esprit.
Les Français croient de plus en plus à une explosion sociale
La moitié des Français (49%) jugent probable que la France connaisse une explosion sociale dans les mois qui viennent et plus d'un quart (27%) estiment qu'elle est même certaine, selon un sondage Ifop pour Ouest France Dimanche publié samedi.
L'institut de sondage souligne que la proportion de personnes interrogées (76%) qui jugent certaine ou probable cette éventualité n'a jamais été aussi importante.
Elle se compare avec des taux de 64% en janvier 1998, en plein mouvement des chômeurs, de 66% en avril 2009 au plus fort de la crise et de 70% en avril dernier.
Par rapport à cette dernière enquête, ceux qui pensent qu'une explosion sociale est certaine ont gagné huit points.
Politiquement parlant, le risque d'explosion sociale est nettement plus ressenti non seulement aux deux extrémités du spectre politique - 84% de réponses positives à l'extrême gauche, 78% au Front de Gauche et 89% parmi les proches du Front national - mais aussi dans l'électorat de droite (85% à l'UMP) et même chez les centristes de l'UDI (89%).
L'électorat socialiste est un peu moins pessimiste concernant l'évolution de la situation sociale, 56% des sympathisants PS jugeant probable ou certaine une telle issue.
Le sondage a été effectué du 22 au 27 novembre auprès d'un échantillon représentatif de 2.874 personnes âgées de 18 ans et plus interviewés en ligne.
Le moral des Français chute brutalement en novembre, selon CSA
Le moral des Français a brutalement chuté en novembre, 72% se déclarant pessimistes pour l'avenir du pays, soit une hausse de dix points par rapport au mois dernier, selon le baromètre CSA pour BFM TV diffusé samedi.
Seules 26% des personnes interrogées se disent optimistes. Deux pour cent ne se prononcent pas.
S'agissant de leur avenir personnel, 49% (-9) des Français se déclarent optimistes (le niveau le plus bas depuis février 2011 selon CSA), 47% avouant leur pessimisme (+8). Quatre pour cent ne se prononcent pas.
L'enquête a été réalisée par téléphone et internet du 5 au 28 novembre auprès d'un échantillon de 3.018 personnes âgées de 18 ans et plus représentatif de la population française.
Les trois oppositions à François Hollande
Les trois oppositions à François Hollande
Les paris sont ouverts : combien de temps le gouvernement résistera-t-il aux buralistes en colère ? Combien de temps mettra-t-il avant de revenir sur la libéralisation annoncée des achats de cigarettes à l’étranger et sur la prochaine forte hausse du prix du tabac en France ? Peu de temps, sans doute. Pas davantage que lorsque les ambulanciers se sont mobilisés contre la hausse de la TVA à 10% et ont réussi à faire compenser ce surcoût par la Sécu. Pas beaucoup plus que lorsque la corporation des taxis s’est insurgée contre la concurrence nouvelle des véhicules avec chauffeurs et a réussi à leur faire mettre des bâtons réglementaires dans les roues. Et l’on verra si les routiers devront longtemps bloquer les routes pour obtenir un peu plus qu’un simple report de l’écotaxe, ou si les centres équestres devront organiser toujours plus de caravanes pour contraindre le gouvernement à atténuer leur risque fiscal. C’est ainsi : de toutes les inégalités face au fisc, la première tient dans la capacité d’un groupe de pression à faire reculer le gouvernement.
Cela prouve en tout cas que l’écran de fumée de la remise à plat de la fiscalité n’a pas débloqué la France. Cette opération politique est même en train de rater magistralement sa cible : pas tellement parce que les projets de fusion IR-CSG et de retenue à la source ont déjà explosé en vol, c’était couru d’avance. Mais parce que l’un des principaux objectifs du gouvernement –remettre les corps intermédiaires dans le jeu- a d’ores et déjà échoué. Il suffisait de comparer ce week-end l’ardeur des bretons, des cavaliers ou des routiers au flop des manifs des partis de gauche pour comprendre que ce ne sont plus les partis ou les syndicats qui mobilisent, mais les groupes de pression. Après la droite, après la gauche de la majorité, ils sont la troisième opposition à François Hollande.
Les quotas de retour de cigarettes achetées à l'étranger vont s'ouvrir en France
Décidément rien ne va plus pour les débitants de tabac, notamment les frontaliers... Après les multiples augmentation de prix, les mesures intérieures destinées à contenir la consommation, et la diminution des volumes vendus, l'abrogation des quotas d'importation de cigares et de cigarettes va faire fumer plus d'un !
Quand les quotas partent en fumée
A compter du 1er janvier, chacun devrait pouvoir rapporter de l'étranger jusqu'à 10 cartouches de cigarettes, soit 50 cartouches par voiture et non plus 5 comme actuellement. Pour les cigares, le quota d'autorisation d'achat explose aussi ! Il est multiplié par 20, passant à 1.000 cigares par personne et non plus à 50 actuellement. La France va ainsi se mettre en phase avec un arbitrage de la Cour européenne, en mars 2013, la condamnant à ouvrir un marché considéré indûment protégé.
Des cargaisons de 100.000 Euros !
Bien évidemment, les échanges transfrontaliers risquent de s'intensifier à la fois pour les fumeurs légitimes, mais également pour les trafiquants. Ce sont en effet de véritables cargaisons de cigares et de cigarettes qui vont être autorisées à passer les frontières en toute impunité. Concrètement pour 5 personnes présentes dans un véhicule, 500 paquets de cigarettes seront autorisés à l'importation à chaque voyage, soit grosso modo une valeur commerciale en France de 100.000 Euros de cigares et 3.500 Euros de cigarettes en cas de hausse du paquet à 7 Euros au 1er janvier 2014. Si les fumeurs et les trafiquants vont se frotter les mains, les buralistes n'y verront que du feu !
Q' HOLLANDE EN PRENNE DE LA GRAINE : Henri IV : une politique de croissance
Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée, et les vraies mines et trésors du Pérou. » Il n’est pas un Français (du moins, tant que l’histoire du pays a été apprise selon les méthodes traditionnelles) qui ne connaisse par cœur cette maxime due au plus populaire de nos rois, Henri IV. Un roi qui, en vingt et un ans de règne utile, de 1589 à 1610 (après les guerres de religion), a refait d’un royaume l’un des pays les plus riches d’Europe. Quelques chiffres : au début de son règne, le déficit annuel s’élève à 18 millions de livres pour un budget total de 25 millions. En 1610, année de l’assassinat du roi, le trésor de l’Etat, mis en sûreté dans une chambre forte de la Bastille, s’élève à 5 millions de livres, sans compter 12 autres millions supplémentaires mis de côté par le surintendant Sully. Soit une réserve totale dépassant les deux tiers d’un budget annuel. De quoi faire rêver Pierre Moscovici. Comme aujourd’hui le ministre socialiste des Finances, le gouvernement d’alors a recouru à l’arme fiscale pour rétablir les comptes de l’Etat (lire ci-dessous L'imagination en action). Mais, et c’est le grand intérêt de l’expérience Henri IV-Sully, il ne s’y est pas limité et a mis en œuvre une authentique politique de croissance économique selon un principe qui n’a rien perdu de son actualité : la croissance nourrit les rentrées fiscales et enrichit l’Etat. Ou, comme l’exprime dans le langage du temps l’édit royal d’avril 1599 sur l’agriculture, « la force et richesse des rois et princes souverains consistent en l’opulence et nombre de leurs sujets ».
Sully a un livre de chevet : Economique, de l’élève de Socrate Xénophon, qui expose les règles d’une bonne gestion d’un domaine. Principe de base de Xénophon : « On n’enrichit point la République d’une autre manière que la maison d’un ami. » Principe de base de Sully : développer à tout prix la production agricole, mise à mal par ce que les climatologues appellent le « petit âge glacière », une succession d’hivers rigoureux et de printemps pluvieux qui dura des décennies.
Afin de faciliter, notamment, le transport des céréales, un programme de réfection des « grands chemins » est lancé, avec, sur les bas-côtés, des plantations d’ormes destinés à la marine ! « Les ormes de Sully », comme on appelle encore, ici ou là, les survivants. En revanche, Sully ne parvient pas à réduire le nombre exagéré de fêtes de saints, qui paralysent le travail dans l’agriculture : l’Eglise se méfie de ce ministre resté huguenot. Passionné par l’agriculture, grand seigneur rural qu’il était, Sully se désintéresse en revanche des initiatives industrielles et coloniales d’Henri IV. Au moment de la fondation de Québec, il déclare : « Les choses qui demeurent séparées de notre corps par des terres ou des mers étrangères ne nous seront jamais qu’à charge. »
Ici, comme pour les spécialistes hollandais d’assèchement des marais, le gouvernement attire les maîtres étrangers par de bons salaires et en leur promettant la naturalisation. En industrie comme en agriculture, Henri IV n’aura pas le temps de parachever son œuvre. Mais, lorsqu’il est frappé par Ravaillac le vendredi 14 mai 1610, le budget est excédentaire, les caisses de l’Etat sont pleines, les ateliers urbains ont du travail et les campagnes connaissent un degré de prospérité qu’elles ne retrouveront qu’au début du XIXe siècle, sous le Consulat.
Au début de son règne, Henri IV, un des pionniers de la communication politique, avait pris un « engagement », comme dira François Hollande : « Je ferai qu’il n’y aura pas de laboureur en mon royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. » A sa mort, chaque manant ne mangera peut-être pas sa volaille dominicale, mais le roi aura tout fait pour améliorer le sort de ses sujets. Henri IV ou, selon une formule lapidaire d’un ami de Beaumarchais, « le seul roi dont les pauvres aient gardé la mémoire ».
SOURCES : ÉCONOMIES ROYALES DE SULLY. HENRI IV, JEAN-PIERRE BABELON. HENRI IV, JANINE GARRISSON. SULLY, BERNARD BARBICHE ET SÉGOLÈNE DE DAINVILLE-BARBICHE. HISTOIRE DE FRANCE, ERNEST LAVISSE.
En France, l’imagination fiscale n’est jamais en panne. Chaque gouvernement a sa découverte. Sous Henri IV, le nouvel impôt s’appelle la « paulette », du nom du financier Paulet, chargé de le percevoir. Les charges publiques étaient alors vendues par l’Etat, et leurs détenteurs pouvaient les revendre moyennant le versement d’une taxe et à condition de vivre encore quarante jours après cette vente. Le décès prématuré du détenteur est une catastrophe pour les familles, « car, explique l’historienne Janine Garrisson, le montant de la charge leur échappe et retombe dans le domaine public. On use de roueries, on dissimule le cadavre ou on le sale en l’installant près de la fenêtre, faisant ainsi montre de sa bonne santé. »
Pour supprimer ces dérapages et s’assurer des rentrées régulières, Sully crée donc la paulette, une taxe perpétuelle et annuelle égale au 60e de la valeur de la charge, qui, en contrepartie, reste héréditaire dans le patrimoine de la famille. Mais les effets pervers de la paulette ne tarderont pas à se manifester : le monde des officiers publics (des cours souveraines, Parlements, chambres des comptes…) constituera un monde fermé et imbu de ses privilèges qui se perpétuera souvent de père en fils jusqu’à la Révolution.
Sully a un livre de chevet : Economique, de l’élève de Socrate Xénophon, qui expose les règles d’une bonne gestion d’un domaine. Principe de base de Xénophon : « On n’enrichit point la République d’une autre manière que la maison d’un ami. » Principe de base de Sully : développer à tout prix la production agricole, mise à mal par ce que les climatologues appellent le « petit âge glacière », une succession d’hivers rigoureux et de printemps pluvieux qui dura des décennies.
" Un budget en excédent "
Pour y parvenir, toute une série de mesures sont prises. Les campagnes ont été dévastées ; elles ont besoin, comme disait le roi, de « reprendre haleine » : les paysans bénéficient de reprises successives d’impôts, et leur bétail comme leurs instruments aratoires sont déclarés insaisissables. Les nobles sont interdits de chasse à certaines périodes de l’année. Des terres sont rendues à l’agriculture, grâce à un programme d’assèchement des marais effectué par des ingénieurs hollandais attirés en France par le gouvernement. Des potagers d’essai sont plantés autour des châteaux de Saint-Germain-en-Laye et de Fontainebleau pour tester la culture d’espèces méridionales.Afin de faciliter, notamment, le transport des céréales, un programme de réfection des « grands chemins » est lancé, avec, sur les bas-côtés, des plantations d’ormes destinés à la marine ! « Les ormes de Sully », comme on appelle encore, ici ou là, les survivants. En revanche, Sully ne parvient pas à réduire le nombre exagéré de fêtes de saints, qui paralysent le travail dans l’agriculture : l’Eglise se méfie de ce ministre resté huguenot. Passionné par l’agriculture, grand seigneur rural qu’il était, Sully se désintéresse en revanche des initiatives industrielles et coloniales d’Henri IV. Au moment de la fondation de Québec, il déclare : « Les choses qui demeurent séparées de notre corps par des terres ou des mers étrangères ne nous seront jamais qu’à charge. »
" Le pari des industries de luxe "
Des propos qui annoncent ceux de Voltaire sur « le Canada, ces arpents de neige qui ne valent rien ». Le roi est d’esprit plus moderne : il soutient Samuel de Champlain, à Québec ; il pousse l’aménagement de Paris avec, notamment, la création de la place Royale, actuelle place des Vosges, qui expérimente un mode de financement public-privé original : l’Etat dresse les plans, et à charge pour les nobles ou les riches bourgeois de construire leurs hôtels particuliers en respectant ces plans ; il finance la recherche de gisements de cuivre, de talc, d’étain, de plomb, d’argent et d’or (malheureusement trop pauvres pour être rentables) ; il développe les industries de luxe avec la création d’ateliers qui copient sans vergogne les verres et cristaux de Venise, les tapis de Perse, les cuirs de Cordoue ou les tapisseries flamandes.Ici, comme pour les spécialistes hollandais d’assèchement des marais, le gouvernement attire les maîtres étrangers par de bons salaires et en leur promettant la naturalisation. En industrie comme en agriculture, Henri IV n’aura pas le temps de parachever son œuvre. Mais, lorsqu’il est frappé par Ravaillac le vendredi 14 mai 1610, le budget est excédentaire, les caisses de l’Etat sont pleines, les ateliers urbains ont du travail et les campagnes connaissent un degré de prospérité qu’elles ne retrouveront qu’au début du XIXe siècle, sous le Consulat.
Au début de son règne, Henri IV, un des pionniers de la communication politique, avait pris un « engagement », comme dira François Hollande : « Je ferai qu’il n’y aura pas de laboureur en mon royaume qui n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. » A sa mort, chaque manant ne mangera peut-être pas sa volaille dominicale, mais le roi aura tout fait pour améliorer le sort de ses sujets. Henri IV ou, selon une formule lapidaire d’un ami de Beaumarchais, « le seul roi dont les pauvres aient gardé la mémoire ».
SOURCES : ÉCONOMIES ROYALES DE SULLY. HENRI IV, JEAN-PIERRE BABELON. HENRI IV, JANINE GARRISSON. SULLY, BERNARD BARBICHE ET SÉGOLÈNE DE DAINVILLE-BARBICHE. HISTOIRE DE FRANCE, ERNEST LAVISSE.
L’imagination déjà en action
En 1594, les finances sont dans une déconfiture telle qu’une banqueroute, au moins partielle, s’impose : elle frappe surtout les rentiers nationaux, qui doivent faire une croix sur des années d’arriérés, alors que les étrangers sont bien traités. Image de la France oblige. Il faut aussi augmenter les impôts, mais, pour une fois, avec le souci de ne pas trop écraser les « manants ». Du moins pour les directs : la taille, impôt sur le revenu de l’Ancien Régime, est réduite pour eux, alors que 40.000 nobles, ou plus précisément nouveaux nobles, sont déclassés et donc assujettis à cet impôt. Mais les indirects flambent, notamment la gabelle.En France, l’imagination fiscale n’est jamais en panne. Chaque gouvernement a sa découverte. Sous Henri IV, le nouvel impôt s’appelle la « paulette », du nom du financier Paulet, chargé de le percevoir. Les charges publiques étaient alors vendues par l’Etat, et leurs détenteurs pouvaient les revendre moyennant le versement d’une taxe et à condition de vivre encore quarante jours après cette vente. Le décès prématuré du détenteur est une catastrophe pour les familles, « car, explique l’historienne Janine Garrisson, le montant de la charge leur échappe et retombe dans le domaine public. On use de roueries, on dissimule le cadavre ou on le sale en l’installant près de la fenêtre, faisant ainsi montre de sa bonne santé. »
Pour supprimer ces dérapages et s’assurer des rentrées régulières, Sully crée donc la paulette, une taxe perpétuelle et annuelle égale au 60e de la valeur de la charge, qui, en contrepartie, reste héréditaire dans le patrimoine de la famille. Mais les effets pervers de la paulette ne tarderont pas à se manifester : le monde des officiers publics (des cours souveraines, Parlements, chambres des comptes…) constituera un monde fermé et imbu de ses privilèges qui se perpétuera souvent de père en fils jusqu’à la Révolution.
Ils connaissent pas Raoul !
Où Kate Colonnes explore la piste d’une dissolution de l’Assemblée nationale par François Hollande
Quand les choses vont mal, on finit toujours par parler de dissolution.
On ne sait jamais d’où ça part : de parlementaires de l’opposition qui rêvent de devenir (ou redevenir) ministres plus tôt que prévu ; de journalistes qui se disent que ça ferait vendre du papier ; de membres de cabinets ministériels qui jouent à se faire peur ; de ministres pessimistes qui s’effraient ou de ministres ambitieux qui espèrent…
On ne sait pas d’où ça part, mais en tout cas, depuis deux semaines, tout le monde joue à se faire peur, ou à se faire plaisir, selon le point de vue, avec l’hypothèse d’une dissolution de l’Assemblée nationale.
Depuis 1958, elle a été utilisée 5 fois. Et 4 fois sur 5, elle a permis au Président d’obtenir ce qu’il voulait. Autrement dit, ce n’est pas une arme de précision, mais c’est assez puissant.
Mais pourquoi dissoudre ?
D’abord, pour donner à un Président fraîchement élu une majorité pour gouverner. C’est ce qui s’est passé en 1981 et en 1988 lorsque François Mitterrand a fait coïncider, quelques semaines après la présidentielle, la majorité présidentielle et la majorité parlementaire. Cet usage de la dissolution n’a plus guère de raison d’être, dès lors que les calendriers des élections présidentielles et législatives sont calés l’un sur l’autre. Seul le décès (ou la démission) d’un président, qui donnerait lieu à une élection présidentielle anticipée, pourrait justifier qu’on y revienne. On ne le souhaite pas à François Hollande. Pas moi en tout cas.
Dissoudre permet aussi de résoudre une crise institutionnelle. En 1962, le Général, désavoué par sa propre majorité sur la question de l’élection du Président au suffrage universel, démine la crise en prononçant la dissolution et en gagnant la législative qui suit. En 1968, le Général, toujours lui, bloqué cette fois par la rue, dissout pour que le peuple tranche la crise institutionnelle liée au blocage du pays.
Enfin, on peut dissoudre en espérant se relancer politiquement. C’est l’hypothèse surprenante et malheureuse de 1997, la dernière occurrence de la dissolution, décidée par Chirac, inspirée par Villepin et subie par Juppé. Pour ce qui est de la relance politique, c’est surtout Jospin et la gauche plurielle qui en ont profité. Un vieux chiraquien me faisait cependant remarquer, non sans raison, que le pari n’avait pourtant pas été loin de réussir, en dépit de la profonde impopularité du gouvernement de l’époque : moins de 600 000 voix séparèrent finalement la droite et la gauche, pour 66 sièges de différence, écart amplifié par les nombreuses triangulaires impliquant le FN qui, à l’époque, prenait l’essentiel de ses voix à la droite républicaine contestée par la vox populi. Pour la petite histoire, sur les 76 triangulaires gauche/droite/FN, la gauche en a remporté 47, dont 33 où le total droite + FN dépassait 55 %. L’extrapolation est hasardeuse, mais si la droite avait gagné l’ensemble de ces 33 circonscriptions, elle aurait obtenu 286 sièges et non pas 253 et la gauche… 286 également et non pas 319 ! L’absence de triangulaires n’aurait donc probablement pas suffi à éviter la défaite de la droite, mais le coup n’est pas passé si loin : en faisant basculer 1 % des votants, la droite gagnait.
Que retenir de ce rapide historique de la dissolution ? Que si ma tante en avait, ce serait mon oncle. Que si la droite en avait, elle aurait supprimé les triangulaires. Et enfin que rien, mais alors rien du tout, ne permet aujourd’hui de penser qu’une dissolution est envisageable.
La dissolution pour sortir de la crise institutionnelle exige que l’exécutif soit confronté à une crise. Or nous ne sommes pas en crise institutionnelle. Dans le désordre, dans l’amateurisme parfois, dans le cafouillage souvent, mais pas dans la crise. Même si le Sénat est une chambre d’opposition très efficace, le gouvernement gouverne. Le budget et les textes finissent par être votés, parfois dans la douleur, mais sans 49-3 et toujours plus facilement que sous le gouvernement Barre, par exemple. Il manque certes au gouvernement actuel la capacité d’imposer à sa majorité une décision difficile, mais c’est une faiblesse politique et non une crise de régime. Hollande ne peut plus sortir de son bureau sans se faire huer, mais la France n’est pas dans la rue puisque le moindre embryon de manif musclée entraîne aussitôt une reculade. Bref la faiblesse et l’impopularité de l’exécutif sont historiques, mais il n’en résulte à ce jour aucun blocage institutionnel.
La dissolution pour permettre de se relancer politiquement est encore plus inenvisageable. S’il venait à Hollande l’idée de dissoudre l’Assemblée, le PS affronterait probablement une bérézina analogue à celle de 1993. Comme le rappelle Juppé, incontestable expert de la question, « en 97 nous avons dissous parce que nous étions sûrs de gagner, sondages concordants à l’appui. Cette fois, Hollande serait sûr de perdre ». Effectivement, ce n’est pas tout à fait la même chose.
Mais alors, pourquoi évoquer une dissolution ?
On voit bien pourquoi l’UMP et le FN laissent dire : ils ont tous deux le vent en poupe, l’une par défaut, l’autre par désespoir, et ils savent qu’ils tireraient un fort profit d’une telle décision, l’UMP pour gouverner, ce qui est toujours attractif de prime abord, le FN pour gagner des parts de marché sans accéder aux responsabilités, ce qui l’est davantage encore.
Mais pourquoi l’Elysée commence-t-il lui aussi à bruisser de la rumeur ? Pour rétablir l’autorité, incroyablement malmenée depuis 18 mois, du Président et du Premier ministre. C’est la technique de Raoul Volfoni, modernisée par le tandem Hollande-Ayrault. De plus en plus contestés en interne, ils se redressent et assènent une tirade sur le thème : « Ils connaissent pas Raoul ! » C’est à peine plus crédible et nettement moins drôle, mais c’est bien de cela dont il s’agit. Faire fuiter tranquillement l’amorce d’une réflexion sur ce sujet, c’est siffler la fin de la récréation aux parlementaires socialistes ou écolos un peu dissipés. Un député qui a le choix entre une réélection presque impossible demain et une réélection difficile dans trois ans choisit généralement la deuxième solution. Dessiner le spectre de la dissolution, c’est rassembler les moutons en annonçant la tempête…
C’est gros mais ça marche ! Parce que tout le monde, et moi la première, adore jouer avec cette idée. C’est toujours amusant d’imaginer ce qui se passerait si.
C’est amusant d’imaginer la droite républicaine, qui n’a pas la queue d’une idée, revenir aux affaires. C’est amusant de l’imaginer devoir se choisir un chef alors qu’elle n’en a pas. Qui à Matignon ? Le chef du parti, Copé ? Au moins, il ne ferait pas d’ombre au Président en termes de popularité. Si Copé souhaite présenter – dans deux mois ! - un projet pour l’alternance, c’est peut-être aussi pouvoir dire que l’UMP, donc lui-même, est prête à gouverner. Une blague.
Un senior, alors, genre Juppé ? Ce serait drôle qu’il soit bénéficiaire d’une dissolution après en avoir été la principale victime. Et puis Juppé à Matignon, ça promet des lendemains riants.
Un centriste ? Borloo a parié sur la date de la prochaine dissolution avec plusieurs proches. Et moi je parie que ses paris vont lui coûter cher.
Quelqu’un d’autre ? Pourquoi pas Balladur ? Lui au moins garderait la maison sans ambition personnelle, il l’a déjà démontré. Vous le voyez dire à Sarkozy : « Ne vous en faites pas, Nicolas, je m’occupe de tout, et je vous laisse la place en 2017… Après tout nous sommes amis depuis… quoi ? 30 ans ? » Si ça se trouve, même Nicolas Sarkozy se méfierait…
Vous voyez, c’est amusant d’évoquer la dissolution, mais c’est inutile. Hollande ne dissoudra pas l’Assemblée nationale, en tout cas pas avant d’avoir épuisé toutes les autres solutions. Il refuse formellement toute législative partielle, ce n’est pas pour dissoudre l’ensemble ! Il n’a pas encore utilisé la cartouche du remaniement ministériel, qui a montré ses limites, mais qui laisse quelques semaines ou quelques mois de tranquillité. Il pourra toujours le moment venu changer de Premier ministre. Voire, soyons fous, changer de politique. Il pourrait même, en cas de cataclysme économique, ou de pays ingouvernable, tenter de constituer un gouvernement dit d’unité nationale, comme l’idée s’en était fait jour (à droite bien sûr) il y a quelques mois.
Il ne dissoudra pas. Sauf si. Sauf si la rue se réveille. Sauf si elle tonne et explose. Et l’extrême attention portée aux tensions sociales diverses par l’Elysée et l’Intérieur montre que ce risque est pris au sérieux. Pour des raisons différentes.
Valls perdrait beaucoup si la rue dictait la dissolution. Hollande perdrait beaucoup moins. Une dissolution à l’automne 2015, qui le placerait en arbitre, comme Mitterrand entre 1986 et 1988, en laissant la droite prendre les coups, n’aurait pas forcément que des inconvénients. Si la rue explosait, façon puzzle, Hollande, pas encore Tonton, mais déjà bien flingué, aurait le choix entre sacrifier ses amis et se sacrifier lui-même. Ce n’est guère rassurant pour ses amis…
Nicolas Sarkozy en "rock star" à Bordeaux
L'ex-président a assisté vendredi soir à un concert de sa femme Carla Bruni où il a reçu un accueil digne d'un "meeting", selon un participant. Il en a par ailleurs profité pour s'entretenir avec Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy continue son "sarkotour". L'ex-che de l'Etat a assisté vendredi soir à un concert de son épouse Carla Bruni au casino Barrière de Bordeaux, en profitant pour s'entretenir avec le maire UMP Alain Juppé, son possible rival pour la présidentielle 2017 a-t-on appris auprès d'un proche de ce dernier.
"Ils se sont vus une demi-heure dans la loge de Carla avec Isabelle", l'épouse de l'ancien ministre des Affaires étrangères, a précisé cette source, sans détailler le contenu de la conversation à laquelle il n'a pas assisté. Après cet entretien "ni Alain Juppé ni Nicolas Sarkozy n'ont fait de déclarations", a-t-il ajouté.
Au concert, assistaient quelque 700 spectateurs qui ont accueilli l'ex-président comme s'il s'agissait d'un "meeting électoral", a encore ajouté ce proche de Juppé, confirmant un compte rendu du journal Sud Ouest.
Les mauvais souvenirs de Sarkozy à Bordeaux
"Un accueil de rock star. Cela ressemblait à un meeting. A la sortie tout le monde l'attendait", a-t-il ajouté en précisant que l'ancien chef de l'Etat s'était montré "enthousiaste" pendant le concert de son épouse, où, installé à la gauche d'Alain Juppé, "il chantait et tapait des mains". Carla Bruni, elle, a avoué, avant de chanter "Raymond", surnom qu'elle donne à son époux, que ce n'était pas "facile" lorsqu'il était dans la salle.
Le maire de Bordeaux avait été prévenu mercredi de la venue de l'ancien président dans cette ville dont Nicolas Sarkozy gardait peut-être le souvenir cuisant de sa mise en examen, le 21 mars 2013, dans l'affaire Bettencourt. Ces poursuites ont débouché sur un non-lieu, sept mois plus tard, début octobre.
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni sont repartis dès vendredi soir. L'ancien mannequin a entamé une tournée dans toute la France, ainsi qu'en Belgique et en Suisse, jusqu'en mars 2014. Son dernier album "Little French songs", sorti au printemps, s'est vendu à 110.000 exemplaires.
En lambeaux
En lambeaux
Quand le pays ne marche pas comme il le souhaite, le Français, lui, marche. Les râleurs et les inquiets avaient le choix hier. Ils pouvaient manifester contre l’écotaxe, la crainte du racisme, les rythmes scolaires ou la fiscalité. Pourtant, on ne peut pas dire que les thèmes désignés à la vindicte populaire aient remarquablement mobilisé. Les organisateurs auront eu l’appui des plus motivés, les autres se seront contentés de remâcher leur rancœur dans leur coin.
Cette grogne diffuse, à l’origine de ces mouvements sporadiques, alimente les mauvais sondages et les inquiétudes des partis. Il n’est pas du tout sûr que les marcheurs protestataires enfileront leurs chaussures pour aller voter. D’ici là, les manifestations risquent de continuer face au gouvernement, qui joue le pourrissement. La météo, aussi maussade qu’un contribuable, est la principale alliée de Jean-Marc Ayrault et de François Hollande, en attendant, évidemment, la fameuse trêve des confiseurs.
Cette pause est trompeuse. Elle dissimule le blues national. Seule la hotte du Père Noël est capable, aujourd’hui, de donner un peu de tonus à la consommation en berne. La hausse de la TVA prévue au 1erjanvier n’arrangera rien, même si elle doit contribuer à combler une partie du déficit budgétaire. Faute d’un discours rassembleur, les Français ont de moins en moins la tripe consensuelle. On n’est plus très loin du sauve-qui-peut, chacun pour soi.
Les manifestations en ordre dispersé, les bonnets de toutes les couleurs, les pigeons et autres emblèmes désespérés sont autant de signes d’un pays qui part en lambeaux. La crise n’est pas seulement économique, elle est politique et morale. Chacun défend son pré carré. On est bien loin de l’image gastronomiquement sympathique d’une France aussi diverse que ses fromages. On plonge dans le communautarisme, le clanisme et le corporatisme.
Tout cela se déroule sous les yeux d’une classe politique qui ressemble à une espèce de hamster uniquement préoccupé de tourner dans sa belle roue en plastique. L’opposition se déchire, la majorité se chamaille et le FN se pourlèche les babines. Cela ne donne plus envie de marcher, mais de courir !
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