lundi 4 novembre 2013
La France partage la même chambre d’hôpital que la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie ! (1)
Il serait partisan de ma part, d’imputer le déclin de la France, car il s’agit bien de déclin, au seul Président actuel. Les chiffres racontent une histoire, je ne fais que transcrire celle-ci sur une feuille de papier. Ce déclin a commencé il y a une décennie, si l’on croit différents indicateurs de OCDE et les divers classements internationaux de la France dans le monde.
Certes, l’ancien président initia le redressement de la France par des réformes courageuses, comme la réforme des retraites, mais les urnes stoppèrent son action. Et nous devons respecter le choix des urnes de 16,5 millions de suffrages portés sur le président élu, contre 15,5 millions sur son prédécesseur et 2 millions de votes blanc ou nul, portant sur plus de 42 des 46 millions d'inscrits et 34,1 millions de votants. Nous sommes une démocratie, ce qui m’offre la possibilité de publier ce papier. Nous devons respecter nos institutions, sinon nous ferons un bon dans le passé de plusieurs siècles.
Il me semble que le "slogan" de votre élection Monsieur le Président, était "Le Changement c’est maintenant". Changements, il y a eu, doit penser une majorité de Français si l’on en croit la cote de votre popularité. Mais ceci est un autre sujet, aussi poursuivons un diagnostic sur l’état de la France.
Une légère hausse mensuelle de la production industrielle au printemps vous incité Monsieur le Président à déclarer que la récession était terminée. Votre optimisme est surprenant, compte tenu de certains indicateurs actualisés de l’OCDE, et de ceux issus de la Banque de France, de l’INSEE et de vos ministères.
- Plus d'un millier d'usines ont fermé en France depuis 2009. Et pas une semaine ne passe sans une nouvelle annonce de fermeture ou de délocalisations vers l'Europe de l'Est ou vers l’Asie. Et ce n’est pas le faible nombre de retours sur notre sol qui changera la tendance ;
- Le taux de création d'entreprises reste aujourd'hui de 13,3 % inférieur à la fin de 2009 ;
- Le nombre de défaillances d’entreprises progresse de 4,1 % sur 12 mois à fin juillet 2013 ;
- Le rythme des ventes à domicile, même si elle semble avoir cessé de diminuer, ne montre aucun signe d'amélioration et reste de 16 % en dessous des niveaux de 2008 ;
- Le taux de chômage est de 10,5 % de la main-d'œuvre du pays ;
- Le taux de chômage des jeunes flirte avec les 25 % (janvier 2013 : 24,9 – avril 2013 : 24,4 %). ¼ de nos jeunes sont au chômage) ;
- Les salaires réels en France, après avoir stagné pendant plusieurs mois, ont diminué au cours des quatre derniers trimestres consécutifs ;
- La balance des paiements internationaux continue de s'enfoncer dans le rouge, avec un déficit des exportations par rapport aux importations ayant presque doublé en seulement un an à près de 3 % du PIB ;
- Les finances publiques dépassent de loin les 3 % fixé par U.E ;
- Les déficits budgétaires (dette) correspondent à près de 90 % du PIB de la France.
Malgré cette situation catastrophique, les dépenses publiques n’ont cessé de croitre, avoisinant les 4 % au cours de deux dernières années. Pour "continuer à dépenser plus", Paris a sollicité l’aide de Bruxelles pour poursuivre ses déficits budgétaires jusqu’en 2015. Et dire qu’il y a dix 10 ans, l’économie française rivalisait avec l’économie allemande.
Les exportations françaises, après avoir chuté de plus de 20 % depuis 2005, sont aujourd'hui au plus bas des vingt dernières années. En revanche, l’Allemagne connait une hausse des exportations depuis plusieurs années creusant encore plus l’écart avec la France. Le revenu réel par habitant en France a augmenté moitié moins que celui de l’Allemagne.
C’est cette situation, Monsieur le Président, qui a amené les principales agences de notation telles que Standard & Poors, Moody et Fitcha à baisser la note de la France et caractériser son économie par "perspective négative". Même, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance négligeable d’environ 1 % en 2014 et pas beaucoup mieux sur le long terme, ce qui est nettement insuffisant pour créer des "emplois réels". Comme c'est généralement le cas avec les fondamentaux économiques, bonnes ou mauvaises, la racine est domestique.
Dans le cas de la France, le problème est en grande partie dû aux décisions de Paris. Les gouvernements successifs, socialistes et conservateurs, ont posé sur l'économie un ensemble de politiques mal conçues : matraquage fiscal, climat dépressif, mépris de la réussite. Casse-toi riche con ! avait hurlé Libération à la une, à l'intention de Bernard Arnault, première fortune française, en découvrant son projet de naturalisation belge en septembre dernier. Puis ce fut le "cas" de Gérard Depardieu et ses pérégrinations belgo-russes.
Oui, Monsieur le Président, cet ensemble de politiques a sapé la vitalité économique de la nation, contrecarrer son efficacité, abaisser ses efforts de productivité, et d’une manière générale a détruit sa capacité concurrentielle. S'ajoute à cette situation inédite, des services sociaux somptueux (protection sociale au sens large) qui semblent servir ni les contribuables qui les supportent par les prélèvements, ni les intérêts de la France (cf. Ces "cons" qui quittent la France !)
Les prélèvements sur les salaires en France s'élèvent à 38,8 %, et si l’on ajoute le fardeau supplémentaire de l'impôt sur le revenu des entreprises et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’employeur en France versera au gouvernement l'équivalent de près de 64 % de sa masse salariale. C’est 53 % en Allemagne et 38,5 % aux États-Unis. Nos entreprises partent avec un sérieux handicap, même avec le Made In France, cher à l’un de vos ministres, qui se bat comme il peut pour limiter la casse.
Plus difficile à quantifier, mais pas moins un fardeau sur les entreprises françaises est la complexité notoire du code général des impôts français. Mais passons sur ce point de détail !
Puisque le régime fiscal n’est pas assez destructeur, la France dispose de règles de travail de longue date qui semblent être exclusivement conçues pour détruire son dynamisme économique et son efficacité. Ces réglementations complexes sont détaillées dans 3 200 pages du Code du travail et s'appliquent à toute entreprise de 50 salariés ou plus. Les principales mesures sont : la semaine de 35 heures imposées à tous – un minimum de cinq semaines de congés payés (contre trois en Allemagne et pas de minimum aux États-Unis). Et je ne parle pas de l'âge légal du départ à la retraite dans un monde où notre espérance de vie augmente de 5 heures et demie chaque jour !
Poursuivons l’analyse des spécificités françaises
En France, nous avons un grand nombre de services gouvernementaux qui exercent un contrôle : il y a "la commune" qui est la plus petite unité gouvernementale, qui représente en moyenne 1800 personnes. À comparer aux 5 500 personnes en moyenne pour la plus petite unité gouvernementale européenne. Cette spécificité française offre ainsi 36 000 entités dirigeantes, avec bien souvent des règles locales en fonction des préférences des entreprises locales et de l’intérêt des travailleurs.
Ainsi, les commerçants locaux ont plus de succès en France qu'ailleurs dans le blocage de la grande distribution. C’est pourquoi la pression locale a bloqué les efforts pour introduire les prestations de services en ligne dans le pays (@Pharmacie…). Et pour être complet sur la structure, rappelons que nous avons 22 régions, 95 départements, 577 députés, 348 sénateurs et 750 députés européens.
Pour illustrer mon propos sur les règles locales, prenons le cas des taxis à Paris
Le ministère de l'Intérieur a annoncé travailler en étroite collaboration avec les syndicats de taxis, les collectivités locales et la ville de Paris afin d'augmenter le nombre de taxis, en particulier aux heures de forte affluence. Le gouvernement veut augmenter le parc de licences de 1 000 véhicules supplémentaires sur Paris et la petite couronne, qui se rajouteront aux 17 500 déjà existantes. En échange de ces nouvelles licences, les nouveaux taxis devront circuler notamment aux heures les plus difficiles, à savoir la nuit et le week-end. Bon courage Monsieur le Ministre de l’Intérieur, et si vous réussissez, ce que nous vous souhaitons, il faudra alors se pencher sur le cas particulier d’autres villes.
Mais reprenons le fil du diagnostic, par notre enseignement
Les écoles françaises ne préparent pas les étudiants et futurs employés au marché du travail comme dans d'autres pays. Pendant les vacances scolaires, l’un de mes enfants en classe de seconde m’a demandé de l’aider à analyser un texte de Victor Hugo. Intéressant pour moi qui aime la littérature, mais certainement pas pour une majorité d’enfants vivants au XXIe siècle. Il aurait préféré l’analyse d’un texte plus contemporain. Regardez notre langue, certains adjectifs prennent un "s " au pluriel et d’autres noms (La secrétaire a commandé des stylos rouges et des stylos verts. Mais… "La secrétaire a commandé des stylos orange") Heureusement, les Français sont excellents en mathématiques.
Quelles sont les conséquences de cette inadaptation de notre enseignement au monde d’aujourd’hui ?
Un exemple simple : au cours des trois dernières années, l'industrie française a installé un peu plus de 3 000 robots industriels, contre 20 000 installés dans l'industrie allemande. L'Allemagne a dépensé près de 70 % de plus que la France en recherche et le développement. La France consacre 2 % de son PIB aux investissements dans les technologies, c’est à peine plus de la moitié du taux en Allemagne.
Ce déficit d’investissements est corrélé avec l’érosion de talents en France ainsi qu’à la baisse de la productivité. De même, le coût du travail par unité de production en France a augmenté de 28 % au cours des dix dernières années, contre avec seulement 8 % en Allemagne (chiffre OCDE).
Cette situation n’a pas seulement contrarié la croissance, mais a initié la désindustrialisation de la France. Ainsi, l’augmentation des couts a donc fait passer la valeur ajoutée industrielle française de 18 % en 2000, à seulement 12,5 % récemment publié par OCDE : la plus faible dans la zone euro !
Le nombre d’emplois dans le secteur manufacturier français a chuté de 20 % depuis 2000, toujours d’après OCDE.
Mon analyse à ce niveau du diagnostic. Attention, préparez vos mouchoirs !
La France aurait probablement pris des mesures correctrices depuis longtemps s'il n'y avait pas le soutien implicite de l'Union européenne, la monnaie commune et l'Allemagne.
Des trémolos qui sonnent faux
Des trémolos qui sonnent faux
La mort de deux journalistes au Mali fait-elle vendre ? La question mérite crûment d’être posée au regard des multiples – et grandiloquentes – réactions de la classe politique française depuis l’annonce de l’assassinat au Mali de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Comme si les hommes et femmes politiques voulaient profiter de l’émotion qui s’est emparée du pays et, en premier lieu, de notre profession, pour se refaire une virginité à bon compte.
Certes, depuis samedi, la France est sous le choc, redécouvrant la barbarie aveugle du terrorisme. Hier diplomates, hommes d’affaires, expatriés de grandes entreprises ou secouristes, ses victimes, aujourd’hui, sont journalistes. Ce qui ajoute une symbolique supplémentaire, phénomène très recherché en matière terroriste. Ainsi, derrière la guerre pour le pouvoir et les territoires au Mali, c’est sur le terrain de la guerre des idées, celle du droit à l’information, qu’ont frappé les assassins de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux grands professionnels.
Les envolées lyriques de la classe politique française en faveur de la liberté de la presse respirent cependant la récupération, voire l’indécence. Sauf à considérer que seuls les journalistes évoluant dans les zones à risque méritent le respect et le droit d’exercer leur métier sans contrainte, la liberté de la presse ne se décline pas selon les lieux ou les circonstances. Elle est un droit indivisible et inaliénable, au Mali comme à Paris, à Moscou comme à Pékin ou Washington. Alors, certes, on ne tue plus, en France, un journaliste du fait de ses activités professionnelles, mais le 37e rang occupé par notre pays au classement mondial en matière de respect de la liberté de la presse n’autorise pas l’exécutif ou les élus de la représentation nationale à donner des leçons.
Pour l’heure, nombreux sont ces élus qui font la révérence à Poutine, grand défenseur, s’il en est, de la liberté de la presse, ou fustigent une presse qui aime aussi chercher les vérités qui dérangent. Heureusement, tous ceux qui ont affirmé ce week-end que le droit à l’information est « indissociable de la démocratie » ont l’occasion de mettre leurs actes en adéquation avec leurs discours. Le projet de loi à venir sur la protection du secret des sources des journalistes a, en effet, été vidé de son sens et au lieu de renforcer ce secret des sources, il l’affaiblit. Voici une occasion, Mesdames et Messieurs les parlementaires, d’apporter une contribution concrète à la liberté de la presse.
Poison lent
Poison lent
Quelques jours seulement après la libération des quatre otages français d'Arlit, l'assassinat, samedi, des deux journalistes de RFI au Nord-Mali, nous ramène à une atroce réalité. L'insatiable cruauté des preneurs d'otages nous condamne, face à l'épreuve renouvelée, à une sobre dignité et une solidarité sans failles. On voit bien que la barbarie des ravisseurs se nourrit de nos emportements émotionnels, qui donnent du retentissement à leurs exactions, et des polémiques qui les accompagnent. À peine les otages d'Arlit étaient-ils rentrés en France que se déclenchait l'infernal tourbillon des rumeurs sur les conditions de leur libération. On comprend mieux, aujourd'hui, le silence qu'ils observèrent sur le tarmac de Villacoublay face au déferlement médiatique.
Depuis hier, ce sont d'autres lancinantes questions qui sont posées. Elles aussi affectent le besoin d'unité nationale. Et si les journalistes, qui avaient bravé les recommandations des forces Serval, avaient pris un risque inconsidéré ? Et si l'État français, compréhensif avec les Touareg, avait ouvert la porte à la surenchère ? Et si la prise en chasse des ravisseurs les avait conduits à exécuter les journalistes ? Et si… Et si… Autant de supputations qui interviennent comme un poison lent.
Le seul point dépourvu d'ambiguïté concerne la dangerosité de la situation à Kidal malgré la présence militaire. L'infiltration de petits groupes terroristes prouve que la souveraineté du Mali, un peu vite célébrée, reste à faire. Pourquoi nos journalistes, dans ce contexte, n'ont-ils pas bénéficié d'une protection ?
Leur exécution reste, en tout cas, un acte abject. Même si elle n'est ni plus ni moins insupportable que celle de victimes plus anonymes, elle revêt valeur supplémentaire de symbole. Parce que les journalistes sont les « yeux de nos consciences », on constate qu'ils deviennent aujourd'hui des cibles pour les fanatiques. Les ravisseurs savent que la « qualité » des victimes va engendrer une mobilisation et un émoi considérables. Songeons à les priver de cette délectation sadique.
Quelle horreur, la déflation continue !
Les nouvelles économiques, on le sait, ne sont pas bonnes. Au niveau français, le gouvernement semble tout faire pour accroître la confusion et la misère, avec une assez bonne réussite. Au niveau européen, les différentes institutions, même avec l’inertie qui les caractérise, sont obligées d’admettre que la situation n’est pas joyeuse. Mais là où on sait qu’elle est en train de prendre un tournant vraiment croquignolet, c’est lorsqu’un type comme Dominique Strauss-Kahn en vient à l’annoncer publiquement.
Entendons-nous bien : je ne suis pas en train d’expliquer ici que Dominique serait subitement parvenu à un niveau de compréhension tel de l’économie qu’on puisse affirmer que ses déclarations ont pris une valeur. Mais il faut remarquer qu’un keynésien en diable comme lui, toujours partant pour aller claquer du pognon en inutiles et dispendieuses relances, qui annonce que, finalement, ça ne le fait pas trop, cela change franchement du crin-crin habituel de ses amis politiciens et économistes.
En effet, lors d’une conférence à Séoul (il faut bien gagner sa vie, hein), l’ex-ministre socialiste, ex-patron du FMI, ex-inculpé du Carlton, ex-inculpé du Sofitel, ex de Anne Sinclair, a délivré un réquisitoire cinglant contre la stratégie de l’Eurozone qui mène, selon lui, le Vieux Continent tout droit à un « cauchemar » :
« La faible croissance va conduire à des troubles sociaux, puis à des menaces contre la démocratie. Concernant les timides signaux favorables en Europe, personne ne peut croire à cette image rose bonbon. Nous allons avoir une faible croissance qui ne crée pas d’emplois, pendant de longues années, jusqu’à ce que cela crée des problèmes sociaux et politiques. (Les dirigeants européens) se cachent tous derrière la BCE pour camoufler leur inaction. »
Je ne peux pas dire, à proprement parler, que c’est faux. Sa conclusion (à savoir que tout est en train de partir en sucette) est même globalement correcte. Cependant, elle est assise sur des prémisses bidons, comme par exemple, que l’austérité serait en place (la bonne blague), et que les États européens se bousculeraient tous pour faire des coupes drastiques dans leurs dépenses (ah oui ?), et que cette méchanceté budgétaire se traduirait par l’horreur économique et sociale qu’on observe actuellement, pour aboutir à la catastrophe prédite par ce sacré Dominique.
La réalité factuelle, qui ne correspond pas des masses à ce qu’on entend dans les médias mainstream, est évidemment ni rose bonbon, ni similaire aux prémisses implicites du bon vieux Dominique. L’austérité (qui marche lorsqu’elle est vraiment appliquée) n’a pas été mise en place, les dépenses ont continué de plus belle, les relances keynésiennes débiles et forcenées n’ont absolument rien changé au problème initial et la situation est, maintenant, effectivement pire qu’elle ne l’était au début de la crise en 2008.
Ce qui explique d’ailleurs les tourments dans lesquels sont à présent plongés les dirigeants européens à commencer par Mario Draghi, le patron de la BCE dont la prochaine réunion, ce jeudi 14 novembre, devra l’amener à quelques déclarations au sujet de l’inflation, du chômage et de l’euro. Eh oui ! Malgré les différentes opérations menées par la banque centrale et les vigoureuses manipulations de la monnaie auxquelles se sont livrés nos alchimistes économiques, pouf, rien n’a marché comme prévu : l’euro est une monnaie trop forte (ce qui amène un peu d’eau dans les yeux du teckel épileptique montebourgeois) et surtout, la déflation continue de s’installer.
Et comme j’en vois qui continuent d’être un peu confus devant la bataille que se livrent actuellement les tenants de l’inflation et ceux de la déflation, revenons un peu sur les bases. D’un côté, il est difficile de camoufler les multiples bidouillages qui ont eu lieu, tant côté BCE que côté Fed, et qui visent tous à créer de la monnaie. Cette création a pour but, dans certains cas, de favoriser la liquidité, et dans d’autre, de favoriser une inflation modérée qui est, dans la doxa actuelle, nécessaire pour que tout le monde se porte mieux : les prix montent, les salaires montent, les cours de bourse montent, et psychologiquement, ça inciterait les gens à dépenser. En pratique, on a surtout observé que les sommes ainsi créées s’enfuyaient rapidement vers la bourse et, dans une moindre mesure, l’immobilier (qui recommence à monter doucement aux États-Unis, par exemple). En outre, les pays émergents, aux dernières loges de cette création monétaire, subissent indirectement cette hausse des prix (bon, je passe sur les cas des pays socialistes à la mode chaviste, qui, eux, se prennent en plus les délires monétaires de leurs dirigeants, accroissant ainsi la folie haussière).
Pendant ce temps, les individus qui ont deux sous de bon sens comprennent intuitivement que la litanie des plans sociaux, le chômage qui touche de plus en plus de monde, les perspectives globales médiocres et, surtout, le fait que les dettes s’entassent au lieu de se résorber, tout cela ne peut pas favoriser, à long terme, une reprise économique. Dès lors, il n’est pas étonnant de constater que les uns et les autres ont une tendance manifeste à thésauriser, d’une façon ou d’une autre, et à remettre autant que possible les achats non indispensables à plus tard.
La bataille entre l’inflation et la déflation fait donc rage actuellement. Je vous invite à relire ce précédent billet qui remet l’ensemble des acteurs en perspective et dont les explications sont encore valables actuellement.
Phénomène intéressant lorsqu’on parle déflation, les analystes keynésiens sortent du bois, ce qui donne lieu à des articles assez croustillants de la part d’une Agence Fausse Presse toujours aussi affûtée. Parce que, comprenez-vous, lorsqu’une déflation s’installe, c’est l’horreur : face à des prix qui baissent, le consommateur diffère ses achats, dans l’espoir de payer encore moins cher demain sa voiture, son canapé, son appartement. C’est horrible, que voulez-vous. Notez que pour le sandwich ou le carré de bœuf, c’est un peu moins vrai : il semble que la déflation ne porte finalement pas trop sur les patates et plus sur les biens … pas indispensables. Dont, d’ailleurs, on finit par voir qu’ils sont toujours achetés. Juste plus tard (après tout, une voiture finit un jour ou l’autre par tomber en panne fatale et nécessiter son remplacement). Peut-être un fait intéressant se cache-t-il dans cette observation ?
Allons. Tout le monde sait que la déflation, cela veut dire des commandes aux entreprises qui baissent, ces dernières qui réduisent leur production, voire les salaires, ou pire, qui licencient, ce qui paralyse encore davantage les ménages, et enclenche évidemment un cercle vicieux dont on ne sort que lorsque tout le monde est au chômage et que plus personne ne consomme.
Comment ça, c’est idiot ? La déflation, ce ne serait pas toujours tout mauvais ?
Ben non. La déflation, c’est, aussi, le retour à la normale, c’est-à-dire le retour à un monde où les gens sont tenus de mettre de côté avant de pouvoir acheter au lieu d’en passer toujours par le crédit. C’est un monde où les individus planifient pour leurs dépenses futures, font attention à leurs dépenses courantes. C’est un monde où la préférence pour l’épargne est supérieure à la préférence pour le crédit. C’est, horreur des horreurs, un monde où le capital peut se constituer par accumulation de richesses produites et non par des jeux financiers plus ou moins opaques. C’est un monde qui incite à la disparition du crédit… et de la dette.
La déflation, intrinsèquement, c’est la façon dont les économies françaises et anglaises ont fonctionné pendant tout le 19ème siècle, qui aura laissé une trace abominable de développement scientifique, technique et humain dont beaucoup rêvent encore. C’est aussi, logiquement, la disparition des politiques de dépenses keynésiennes, et, par voie de conséquence, la fin des dispendieuses distributions d’argent des générations futures sur lesquelles ont pornographiquement prospéré tous nos politiciens sur les 100 dernières années.
On comprend l’horreur que cette déflation peut représenter aux yeux des dirigeants actuels.
Maintenant, il ne faut pas se bercer d’illusions : d’une part, ce n’est pas parce qu’on est en déflation depuis un moment que l’inflation ne viendra pas, jamais. Et ce jour-là, absolument rien n’indique que nos banquiers et nos politiciens seront capables de la contrôler (et l’historique navrant des uns et des autres laisse plutôt supposer le contraire). D’autre part, tout retour à la réalité, qu’il soit fait par le truchement d’une déflation ou d’une hyperinflation carabinée, sera extrêmement douloureux. On ne vit pas plusieurs décennies dans le rêve rose d’un socialisme redistributeur aux frais des générations futures sans en payer un jour le prix.
Et le jour où la facture tombera, elle fera mal.
Otages et bananes !
Otages et bananes !
Le miracle n'aura duré qu'une minute : une salve d'applaudissements, sur tous les bancs de l'Assemblée, pour saluer la libération des quatre otages. Un député de l'opposition ose féliciter le gouvernement ! Rare moment d'unité nationale, contrainte, même si elle répond au souhait du président. Sur le tarmac, les otages incarnent la fragile communauté nationale.
Dans la foulée, l'appel de Jean Glavany à exprimer un soutien républicain à Christiane Taubira, victime d'une campagne raciste odieuse, cris de singe et bananes agitées sur son passage, reçoit l'accueil glacial de l'opposition. Vent debout contre la garde des Sceaux, héroïne du mariage pour tous, elle ne voit dans ces appels à l'unité que man'uvres de diversion d'un exécutif aux abois.
Le climat politique, exacerbé par la pagaille au sommet, reste donc soumis aux excès langagiers qui confinent à l'hystérie. Dans l'affaire Leonarda, on a parlé de rafle, de président abject et inhumain ! Oubliée, la « libido sciendi » de saint Augustin, la vérité par la raison.
Le caméléon devient fou sur une couverture écossaise. Ceux qui courent après toutes les opinions les plus populistes, et en rajoutent pour exister dans le cirque médiatique, prennent aussi un risque. Eschyle nous enseigne que « la démesure, en mûrissant, produit l'épi de l'erreur et la moisson qu'on en lève n'est faite que de larmes ».
Ces salariés low cost venus d'Europe de l'Est (Bulgarie, Roumanie, Slovaquie...)
Ne tirez plus sur le plombier polonais : la France, à présent, doit composer avec des maçons bulgares, des cueilleurs roumains ou des chauffeurs de poids lourds slovaques. Des salariés que l’on appelle "détachés", censés travailler pendant quelques semaines ou quelques mois dans un autre pays, en conformité avec la directive européenne sur le détachement. Leur rémunération nette est alignée sur celle de la branche dans laquelle ils travaillent.
En revanche, leurs cotisations sociales sont versées dans leur pays d’origine. Avec de solides économies à la clé : en 2011, les seules charges patronales se montaient à 38,9% du salaire en France, mais à 6,3% à Chypre… De la main-d’œuvre low cost, comme les centaines de travailleurs (polonais pour la plupart) qui ont été embauchés sur le chantier de l’EPR à Flamanville. Nombre d’entre eux étaient salariés de la société Atlanco, dont l’une des filiales est à Chypre.
Ce procédé reste difficilement quantifiable, car il est sous-déclaré. Une chose est certaine, il n’est plus marginal. En 2011, la Direction générale du travail a recensé 145.000 salariés détachés, pour un nombre d’heures équivalant à 21.000 jobs à temps plein (+30% par rapport à l’année précédente). Et elle a estimé à 300.000 le nombre réel de travailleurs détachés. Plusieurs fédérations professionnelles ont alerté les pouvoirs publics. Au printemps, deux rapports parlementaires sont parus sur le sujet : celui d’Eric Bocquet au Sénat, et celui cosigné par Gilles Savary, Chantal Guittet et Michel Piron à l’Assemblée nationale.
Pour le profane, difficile de faire la différence entre cette directive détachement et la fameuse directive Bolkestein, rebaptisée "du plombier polonais". L’une (Bolkestein) autorise les entreprises étrangères à élire domicile dans un autre Etat membre. L’autre, la directive détachement, permet à une entreprise basée dans un pays X d’envoyer ponctuellement ses salariés dans un pays Y pour une prestation donnée.
Cette disposition bouleverse la donne dans plusieurs secteurs, comme le BTP, l’agriculture ou les transports, qui concentrent le gros des effectifs. En cassant les prix, elle fausse la concurrence. "Nous avons vu des offres à 10 ou 12 euros, quand un ouvrier français coûte, toutes charges comprises, autour de 34 euros l’heure", affirme Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment. Les entreprises qui y ont recours sont donc favorisées. En outre, elles bénéficient de procédures simplifiées.
"Avec les salariés détachés, l’employeur achète une prestation, explique Claude Cochonneau, vice-président de la FNSEA. Au lieu d’établir une fiche de paie par employé saisonnier, il s’acquitte d’une facture." Au fur et à mesure qu’il se développe, le phénomène met un terme à l’idée des "jobs non délocalisables" tant vantés il y a quelques années. "On n’envoie plus la fabrication à l’extérieur, on fait venir les salariés", se désole Didier Ridoret.
Cette course à l’optimisation sociale occasionne un manque à gagner difficilement chiffrable pour la Sécurité sociale. Et elle génère d’importantes dérives, comme le raconte Philippe Béart, référent régional de lutte contre le travail illégal pour l’Urssaf de Lorraine. "Récemment, nous avons repéré une entreprise de bâtiment qui avait une dizaine de salariés début 2012 et qui n’en comptait plus que deux à la fin de l’année.
L’essentiel de l’équipe travaille toujours en France mais sous contrat luxembourgeois. L’entreprise qui les détache est fictivement installée au Luxembourg, mais, physiquement, elle a gardé ses entrepôts en France." Un cas très limite, car, pour être en règle, une entreprise qui détache des salariés doit pouvoir justifier d’une réelle activité dans son pays d’origine. Bien souvent, ce n’est pas le cas.
Les abus sont légion. Certaines entreprises rémunèrent leurs salariés au tarif en vigueur dans le pays d’accueil, mais prélèvent, dès leur retour, une part importante de leur rémunération au titre du transport et du logement. Autre artifice : établir un contrat de 35 heures et faire travailler le salarié 60 heures par semaine. Quant aux conditions d’hébergement et de transport, elles fluctuent selon les employeurs, mais, ajoutées à la confiscation régulière de papiers, certaines situations sont décrites comme étant proches de l’esclavagisme.
La surveillance des administrations s’est accrue. Les Urssaf comme la Direction générale du travail ont créé des cellules spécialisées dans la lutte contre le travail illégal. "Sur les chantiers, on croise fréquemment des salariés sans protection réglementaire aux normes, équipés de matériel usagé et inefficace, explique Philippe Dingeon, chef du département de l’animation de la politique du travail et du contrôle à la Direction générale du travail. La sous-traitance en cascade est aussi un indice très fort."
Ces situations sont plutôt faciles à repérer. Epingler les sociétés est une autre affaire. "Le certificat de détachement du salarié peut être présenté à tout moment, y compris de façon rétroactive", indique Bérengère Le Boedec, responsable du pôle prévention recherche et lutte contre la fraude à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss). Pour vérifier l’activité réelle d’une entreprise dans son pays d’origine, les Urssaf et la Direction générale du travail font appel à des bureaux de liaison, qui coopèrent plus ou moins bien selon les pays – "le temps d’obtenir un retour, le salarié a déjà plié bagages", observe Gilles Savary.
Pour y voir plus clair et limiter les excès, le député propose de mettre en place une carte du travailleur européen, mise à jour en temps réel. Il préconise aussi la création d’une liste noire des sociétés qui détachent abusivement leur main-d’œuvre. Il plaide, enfin, pour que les organisations syndicales puissent intenter des recours.
Toutefois, il a du mal à se faire entendre. "La libre circulation des personnes est une des valeurs fondatrices de l’Union européenne, elle est difficile à remettre en cause", reconnaît-il. Beaucoup d’Etats membres, satisfaits que leurs salariés puissent aller gagner leur pain ailleurs, freinent des quatre fers.
Nouvelle atteinte à la liberté hier soir à Paris
"Nous étions hier soir une bonne vingtaine de Sentinelles devant le domicile présidentiel rue Cauchy (22h40), en réel mode "sentinelle" c'est-à-dire espacés les uns des autres, sans slogan ni trouble à l'ordre public. Nous sommes arrivées par vagues successives ; il y avait outre les deux policiers en civil, une fourgonnette de police déjà sur place.
Nous étions espacés, silencieux. Il est vrai que quatre d'entre nous avaient un bonnet rouge, et on devinait un sweat LMPT, mais ce ne sont que des vêtements (!) il n'y avait ni inscription écrite ni revendication exprimée.
Moins de dix minutes après notre arrivée un escadron de Gendarmerie Mobile et une Cie de CRS (environ 100 hommes au total) nous ont regroupés sur un seul trottoir, bien serrés et nous ont parqués 100 m plus loin. Refus d'explications, refus de contrôler nos identités. Attente... Un commissaire arrive. Je lui présente mes papiers. Il fait relever mon identité, me dit que je vais pouvoir partir, puis après un échange à la radio se ravise. Fait contrôler TOUTES les identités.
Veut un "volontaire pour se désigner responsable et être auditionné". Refus collectif. Alors nous serons tous auditionnés (!) Au commissariat, nouveau contrôle de TOUTES les ID plus d'une heure après interpellation. Il nous relâchent vers 1h00 du matin, sauf deux en GAV. Sommes en train de préparer plainte collective avec avocat".
Hollande "est vigoureusement mou", selon Hortefeux
Brice Hortefeux était l'invité de l'émission C Politique, sur France 5, dimanche 3 novembre. L'ami de Nicolas Sarkozy en a profité pour tacler le président de la République François Hollande.
"Le président de la République est très étonnant, son trait de caractère, c'est d'être vigoureusement mou", a lâché l'ancien ministre de l'Intérieur en réponse à une question sur l'appel de Jean-Louis Borloo à dissoudre à l'Assemblée.
Il a annoncé que le président "sera obligé de changer de ligne, de cap si tant est qu'il en est un" au cours du quinquennat. Puis, il s'est lancé dans un portrait comparatif en évoquant "l'autorité, l'expérience, la compétence, la détermination, le charisme de Nicolas Sarkozy". Il a estimé que ces traits de caractère manquaient aujourd'hui cruellement à la France et que "François Hollande le souligne, et finalement le surligne".
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