vendredi 26 novembre 2010
De révélations en révélations, la pelote Karachi se dévide et laisse apparaître des lézardes dans les lignes de défense. Le président de la République affirmait n'avoir rien à voir avec cette histoire, mais toute une série de documents, rapports d'enquête de police, courriers et notes, viennent le démentir en levant un coin de voile sur l'opacité des contrats, commissions et rétro commissions en cause. En attendant la fameuse liste des destinataires dont l'ancien président Giscard d'Estaing ne doute pas qu'elle existe, pour l'instant à l'abri du secret défense.
Les « omni embêtements » quotidiens dont faisait part hier « l'omni président », ne risquent donc pas de s'estomper. L'autre ligne de défense sur les comptes de campagne d'Édouard Balladur est elle aussi mise à mal puisque l'on sait désormais au prix de quelles contorsions ils ont été validés par le Conseil constitutionnel. Ou plutôt par le président de l'époque, dont la voix aura été décisive. Face aux irrégularités encore plus graves des comptes de Jacques Chirac, Roland Dumas n'a pas voulu invalider l'élection elle-même. Le politique a primé sur le droit, ce qui n'est pas sans soulever d'autres sérieuses questions.
À ce stade, répétons-le, le lien entre les irrégularités des comptes de campagne, des rétro commissions et l'attentat de Karachi, n'est pas prouvé. Peut-être ne le sera-t-il jamais. Ce qui semble moins exclu, en revanche, c'est que les coulisses obscures des contrats d'armement en cause et de leurs rétro commissions ne finissent par s'éclairer pour peu que tous les documents sortent et que témoignent d'autres acteurs de l'époque.
La mèche allumée se rapproche du baril de poudre, de cette vérité qui, si elle éclate en affaire d'État, fera l'effet d'une déflagration politique. Sans doute est-ce cette crainte qui explique les tentatives d'éteignoir des deux enquêtes en cours, noyées dans les souhaits hypocrites que la justice agisse en toute liberté. Au lieu de ces révélations au compte-gouttes, sorte de supplice quotidien pour la démocratie, pourquoi ne pas crever l'abcès quoi qu'il en coûte ? Avant qu'il ne soit trop tard.
L'effet Harry Potter avait sans doute laissé espérer dans les rangs de la majorité que le « collaborateur » devienne hyper-premier-ministre au simple énoncé de quelque formule magique. Mais l'Assemblée n'est pas l'école des sorciers et François Fillon pas du genre à sortir des clous à grandes enjambées. Même s'il a changé de costume pour s'habiller désormais en taille patron, au cas où il grandirait encore, il est soigneusement resté sur le registre de la voix de son maître. Dans un discours de politique très générale, largement prévisible dans les petites touches distillées depuis une semaine, il a fait la synthèse d'une feuille de route un peu mollassonne pour la présidentielle plutôt qu'un programme de gouvernement.
Certes on a bien réentendu les divergences sur la faillite de la France, la fragilité du pacte républicain, les jurés populaires, mais la rigueur est affirmée, comme le combat pour la sécurité et la lutte contre l'immigration. Le Premier ministre s'est délecté à enterrer le bouclier fiscal mais il fallait gratter profond dans son expression sur la « cohésion sociale » pour dénicher une référence aux malaises exprimés par la rue.
Sauvé de l'usure sondagière par l'effet de miroir inversé, François Fillon a trouvé un indéfectible soutien auprès des députés et des sénateurs qui apprécient ses comportements sans dérapages et son assise républicaine irréprochable. Il leur doit d'avoir survécu à la morosité des journées sans agenda et de ne pas avoir laissé exploser ses rages rentrées contre les collaborateurs de l'Élysée dont Nicolas Sarkozy, lui-même, reconnaît qu'il leur a trop laissé la bride sur le cou. Pourtant le Premier ministre va devoir écoper le paradoxe d'une popularité qui n'évite pas le rejet dans l'opinion de la politique sarkozyenne qu'il assume et dont il est assez souvent l'inspirateur.
Le discours sur la réforme a remis la droite dans la bataille des idées et sur le chemin du travail. Dans les offices grégoriens de l'abbaye de Solesmes, la commune de François Fillon, on appelle cela la voie des hymnes. Nombreux étaient les fidèles qui, hier, les ont chantés. En sachant bien qu'en politique le gloria n'est pas éternel et que l'ordre humain vient toujours interrompre les séraphins de la louange.
Royal: "Aucun pacte" pour éviter les primaires du PS
La présidente de Poitou-Charentes contredit Martine Aubry et assure que les Français pourront choisir librement le candidat du PS pour 2012.
"Il n'y a aucun pacte pour empêcher les primaires", a ainsi déclaré ce vendredi Ségolène Royal sur Europe 1.
"Les primaires ont été promises aux Français, qui doivent pouvoir venir choisir le candidat de la gauche donc je ne veux pas qu'il y ait de malentendu", a poursuivi la présidente de la région Poitou-Charentes.
S'agirait-il d'un rétropédalage? L'ex-candidate s'est-elle laissée piéger par la première secrétaire du PS, soucieuse de neutraliser une rivale dangereuse? C'est la thèse que défendent certains proches de Ségolène Royal, interrogés par Europe1.
Si elle ne nie pas cette volonté de rassemblement, la présidente de Poitou-Charentes souhaite en tout cas calmer le jeu. "Les dirigeants socialistes sont conscients de la nécessité de se rassembler, le moment venu, (avec) toute leur énergie, toute leur force, plutôt dans un pack, que dans un pacte, pour battre la droite", a-t-elle ajouté ce vendredi.
Un peu plus tard, Ségolène Royal a affirmé à Poitiers qu'elle voulait être la "garante du bon déroulement des primaires" socialistes en vue de la présidentielle de 2012.
Les Européens n'ont pas "suggéré" un plan d'aide au Portugal
Les Européens n'ont pas "suggéré" au Portugal qu'il demande un plan d'aide comme vient de le faire l'Irlande, a déclaré, vendredi 26 novembre, à Paris, Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, également très critique à l'endroit de certains dirigeants européens.
"Un plan d'aide pour ce pays n'a été ni demandé ni nous ne lui avons suggéré", a déclaré M. Barroso devant la presse. "Je crois qu'un des problèmes que nous avons eus récemment, c'est qu'il y a des responsables politiques qui font chaque jour des commentaires au lieu de prendre des décisions", a-t-il ajouté, sans préciser quel dirigeant il visait en particulier.
L'Allemagne a été accusée de jeter de l'huile sur le feu ces derniers jours. Son ministre des finances, Wolfgang Schäuble, s'est montré le plus alarmiste mardi dernier en estimant que "l'avenir de notre monnaie unique" était "en jeu", tandis que la chancelière Angela Merkel a parlé de "situation extrêmement sérieuse" pour la zone euro.
Le gouvernement portugais a également démenti de son côté "toute pression" de la Banque centrale européenne (BCE) et de plusieurs pays de la zone euro pour qu'il sollicite une aide financière, qualifiant les informations publiées par le Financial Times Deutschland de "totalement fausses".
Le ministère des finances allemand a également démenti faire pression sur le Portugal pour qu'il sollicite à son tour une aide internationale, un porte-parole affirmant que ce n'était "pas du tout la position de la maison". La Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le gouvernement portugais pour qu'il sollicite à son tour une aide de l'UE et du FMI, affirme le Financial Times Deutschland dans son édition de vendredi.
Faut-il se laisser tenter par les FIP et les FCPI pour réduire son impôt sur le revenu ?
La saison des FIP (Fonds d’investissement de proximité) et des FCPI (Fonds commun de placement dans l’innovation) bat son plein. A grands renforts de publicité et d'envois d'emails, les sociétés spécialisées dans la commercialisation de ces produits défiscalisants incitent les particuliers à investir dans la génération 2010 de leurs produits.
Ces fonds présentent avant tout un intérêt fiscal : 25% du montant investi dans un FIP ou un FCPI est déductible des impôts, dans la limite de 12.000 euros pour un célibataire et de 24.000 euros pour un couple. La réduction d’impôt maximale atteint alors, respectivement, 3.000 euros et 6.000 euros. Vous pouvez aussi doubler ces montants en investissant à la fois dans des FIP et des FCPI, les deux mécanismes étant cumulables.
Cet avantage fiscal risque toutefois d'être atténué dès l'an prochain. Si la loi de finances est votée en l’état, la réduction d’impôt passera à 22% du montant de l’investissement pour chacun des deux produits.
Un investissement risqué, de longue durée, avec des frais importants
Gare toutefois à ne pas se laisser aveugler par la seule carotte fiscale. Tout d'abord, les FIP et FCPI sont des produits de long terme. Théoriquement, ils doivent être conservés pendant cinq ans, mais dans la pratique, peu d’entre eux sont liquidés avant sept à huit ans.
Ensuite, le risque lié à cet investissement est particulièrement élevé. Certains fonds récemment liquidés ont ainsi accusés des moins-values de près de 90 % ! Car tout dépend des investissements réalisés par l'équipe de gestion. Et l'exercice de sélection est pour le moins périlleux : les fonds doivent être investis au moins à 60% dans le capital de sociétés non cotées, souvent jeunes, qui ne sont pas à l'abri d'un accident de parcours.
Toutes les performances ne sont heureusement pas aussi calamiteuses. Alto Invest, ouvert en 2001, a ainsi été liquidé avec une plus value de 51,9%. Et certains acteurs, comme 123Venture, AltoInvest, APlus Finance, OTCAM et Seventure, présents sur ce marché depuis de nombreuses années, ont fait leurs preuves.
Avant de choisir votre fonds regardez aussi comment le reste de l'actif est investi : produits de trésorerie, obligations ou actions… Ce choix aura une influence sur le rendement et le niveau de risque de votre placement.
Enfin, les frais sont également à examiner soigneusement, certains FIP et FCPI annoncent des droits d’entrées très faibles, voire réduits à zéro, mais en général ils se rattrapent sur les frais de gestion. Ceux-ci tournent généralement autour de 2 à 3% par an, auxquels il faut ensuite ajouter d'autres commissions. Au total, la société de gestion ponctionne en moyenne 5% par an, ce qui pèse évidemment sur la rentabilité du fonds et peut parfois annihiler tout intérêt au produit.
"Tous les ans les principales banques en ligne dépensent chacune une vingtaine de millions d'euros en pub"
Après le courtage en ligne et la banque, et en attendant le crédit, Fortuneo se lance dans l'assurance auto. Cette offre, qui sera prochainement dévoilée, sera l'une des moins chère du marché assure Pascal Donnais, le Président de Fortuneo. Prix cassés, nouveaux services, dépenses publicitaires atteignant chaque année une vingtaine de millions d'euros… il revient sur la stratégie des banques en ligne et sur celle de Fortuneo pour s'imposer sur un marché en plein essor.
-Un an après le lancement de votre offre bancaire, quel premier bilan tirez vous?
Pascal Donnais : 2010 sera une bonne année pour Fortuneo. Nos offres de compte courant, associés à des cartes bancaires, classique, Gold ou Platinum gratuites, et nos livrets d'épargne boostés, rencontrent un franc succès. Nous sommes en avance sur notre plan de marche, qui prévoit de détenir 300.000 clients et 600.000 comptes d'ici 2015.
- Quel montant dépensez-vous chaque année en pub ?
Pascal Donnais : Notre marché ligne étant encore naissant, tous les acteurs mènent une stratégie de conquête de part de marché. Nous devons réaliser des investissements de communication conséquents pour faire connaître Fortuneo en tant que Banque et notre promesse « Arrêtez de banquer ». .
-Malgré ces efforts la banque en ligne ne s'est pas encore développée massivement…
Pascal Donnais : Environ 100 millions de comptes bancaires sont ouverts en France, et déjà 2 millions dans des établissements internet. Le potentiel de croissance est d'autant plus important qu'un client en ligne ne souscrit pour l’instant qu'un faible nombre de produits. Dans une banque de réseau, un particulier détient en moyenne 8 à 10 produits, dans les banques en ligne ce chiffre se situe entre 1,5 et 2 produits par clients, et il va progresser avec l’élargissement de leurs offres. L'offre des banques en ligne doit encore s’étoffer.
- Vous allez justement élargir votre gamme en lançant des contrats d'assurance auto. Quelles sont vos ambitions ?
Pascal Donnais : D'ici 2015, Fortuneo sera un acteur majeur de la banque et de l'assurance. Après le compte bancaire en novembre 2009, le lancement de l'assurance auto est une nouvelle étape de développement vers la bancassurance. D'autres suivront avec, par exemple, le crédit. Evidemment nous allons garder notre positionnement "low cost". Nos contrats d'assurance auto seront ainsi parmi les moins chers du marché. Cette stratégie ne veut pas dire que nous délaissons l'activité de courtage. D'ailleurs, nous lancerons de nouveaux services dans les prochains jours.
-C'est à dire…
Pascal Donnais : Le 6 décembre une nouvelle plateforme de trading plus ergonomique, entièrement paramétrable et qui permettra aux clients de passer leurs ordres directement depuis le graphique. Cette plateforme sera gratuite et sans frais d’abonnement pour nos clients. Nous allons aussi permettre aux investisseurs de voir leur cours d’exécution s’améliorer ou leurs ordres être potentiellement exécutés plus rapidement que sur le marché historique. Nos clients pourront, en effet, passer leurs ordres via, le système de « meilleure exécution Fortuneo » qui dans 66% des cas devrait donc améliorer le prix d’exécution de leurs ordres. Pour chaque ordre passé l'investisseur économisera ainsi quelques euros, ce qui à la fin de l'année peut devenir conséquent.
Après l'Irlande, le Portugal inquiète l'Europe
La Banque centrale européenne et une majorité de pays de la zone euro font pression sur le gouvernement portugais pour qu'il sollicite à son tour une aide de l'UE et du FMI, selon le Financial Times Deutschland du vendredi 26 novembre. "Même si les banques portugaises ne sont pas considérées comme surendettées, à la différence de leurs homologues irlandaises, elles dépendent elles aussi des liquidités de la BCE pour leurs activités", écrit le quotidien, sans citer de source précise. Les pressions pour que le Portugal demande une aide rapidement auraient pour arrière-pensée d'éviter à l'Espagne de se retrouver dans une situation difficile, poursuit le FTD.
Le ministère des finances allemand a aussi démenti faire pression sur le Portugal, un porte-parole affirmant que ce n'était "pas du tout la position de la maison. Exercer des pressions n'est pas un mécanisme envisagé par le bouclier de protection de l'euro", a-t-il dit. Lisbonne "dément toute pression de la BCE ou des pays européens pour que le Portugal demande de l'aide", a indiqué, le cabinet du premier ministre, José Socrates, qualifiant les informations du Financial Times Deutschland de "totalement fausses". L'Espagne indique n'exercer aucune pression sur le Portugal afin qu'il demande une aide financière européenne pour soulager ses finances publiques. "Ce que veut l'Espagne, c'est que le Portugal adopte son budget et mette en œuvre son plan de stabilité", a dit, vendredi, une source gouvernementale à Madrid.
José Luis Rodriguez Zapatero, le chef du gouvernement socialiste espagnol, a précisé, vendredi, sur la radio catalane RAC1 qu'il écartait "absolument" l'éventualité d'un plan de sauvetage financier de l'Espagne, comme cela a été le cas pour l'Irlande. "Ceux qui misent contre l'Espagne à court terme vont se tromper", a-t-il assuré, insistant : "il n'y a aucun scénario" dans le sens d'un sauvetage de l'Espagne. "Ce n'est pas que je veuille transmettre la confiance simplement par ma volonté, mais à partir de faits concrets", a-t-il dit, citant notament le faible niveau de la dette publique espagnole.
Après l'annonce du sauvetage de l'Irlande, le Portugal s'est retrouvé en première ligne des marchés financiers, convaincus qu'il sera le prochain pays de la zone euro à faire appel à l'aide de l'Union européenne et du FMI. Indice de l'inquiétude des investisseurs, les taux d'intérêt de la dette portugaise à dix ans continuaient jeudi à évoluer au-dessus de 7 %, un seuil historique atteint pour la première fois à la mi-novembre. Le Parlement portugais doit définitivement adopter vendredi le budget d'austérité pour l'an prochain, qui doit permettre au pays de réduire son déficit public de 7,3 % du PIB cette année à 4,6 % fin 2011.
Ce plan a déclenché une grève générale historique, mercredi, à l'appel des deux principales centrales syndicales portugaises, CGTP et UGT, unies pour la première fois depuis vingt-deux ans. Pour le moment seule la Grèce, au printemps, a bénéficié du plan de soutien à la zone euro sous forme de prêts européens et du FMI. Mais l'Irlande devrait devenir le deuxième bénéficiaire.
Crise financière: Le Portugal va-t-il appeler à l'aide?
«Cet article de presse est complètement faux, il n'est fondé sur rien», a cependant démenti vendredi un porte-parole du gouvernement. Le Premier ministre José Socrates a affirmé à plusieurs reprises ces derniers jours que son pays n’avait pas l’intention de demander une aide financière.
Sauver l’Espagne
L’objectif, selon le Financial Times Deutschland qui ne cite pas ses sources, est toutefois d’éviter que l’Espagne, cinquième économie d'Europe, ne soit obligée de faire de même.«Si le Portugal sollicite le fonds, ce sera bénéfique pour l'Espagne, car le pays est lourdement engagé au Portugal», explique au quotidien un responsable du ministère allemand des Finances. Ce dernier n’a pu être joint dans l’immédiat.
Crainte de contagion
Une demande qui illustre en tout cas l'inquiétude des membres de la zone euro d'une possible contagion de la crise financière à d’autres pays fragiles.>> La crise irlandaise peut-elle contaminer d'autres Etats? Lire le décryptage de 20minutes.fr
Selon une enquête réalisée cette semaine par Reuters, 37 économistes sur les 50 interrogés estiment que Lisbonne va emboîter le pas à la Grèce et à l’Irlande et solliciter le Fonds européen de stabilisation financière (FESF). Une autre étude fait apparaître que l'Espagne inspire bien plus confiance: seuls quatre économistes sur 50 la voient recourir à une aide européenne.
Mais l’UE veut écarter tout risque car une aide à l'Espagne pourrait épuiser le filet de sécurité de 750 milliards d'euros constitué par la zone euro, l'Union européenne et le Fonds monétaire international en mai dernier.
>> Pour tout comprendre au mécanisme d'aide aux pays de la zone euro en difficulté, cliquez ici
«Aucun danger»
Jeudi, de hauts responsables européens ont tenté de rassurer les marchés sur la pérennité de la monnaie unique. Car la crise financière irlandaise préoccupe les investisseurs. Cela s’est directement traduit par une flambée du coût de l'emprunt pour l’Irlande, le Portugal mais aussi l’Espagne.Le directeur du FESF Klaus Regling a cependant affirmé jeudi qu'il n'y avait «aucun danger» d'éclatement de la zone euro, reconnaissant toutefois que la situation était «grave».
Mardi 16 novembre, Nicolas Sarkozy s’était attaché à donner une image plus consensuelle, plus sereine, plus rassurante que celle que lui connaissent les Français. C’était, en creux, une façon de faire son autocritique sur le style de gouvernance qu’il a imposé au pays depuis 2007. Pour son discours de politique générale, hier, François Fillon n’a rien changé. Il a fait du Fillon : sobre, sérieux, combatif. Il a démontré que, pour lui, la constitution d’un gouvernement peu différent du précédent n’aura été qu’une péripétie. Et que si remaniement il y a, il est à chercher du côté de l’Élysée et non de Matignon.
Il y a pourtant une vraie rupture politique, qui a été imposée à l’attelage exécutif par la crise, par l’échec des grandes options choisies en 2007, ainsi que par Bruxelles. François Fillon martèle qu’il assume son bilan, et qu’il continuera les réformes. Encore faut-il savoir lesquelles ! Celles qui sont à venir, sur le plan budgétaire, prennent l’exact contre-pied de celles d’il y a trois ans : le bouclier fiscal va être supprimé, la baisse des impôts est oubliée et le mot « rigueur », qui était tabou, est réhabilité, au moins dans la bouche du Premier ministre.
François Fillon continue d’affirmer qu’il n’y aura pas de hausse des impôts. Or, l’augmentation des recettes fiscales est déjà enclenchée ! Pour l’instant, elle porte le nom de « rabotage des niches ». Un terme anodin et trompeur, car la facture du plus grand nombre va s’envoler. Et ce n’est pas fini : pour atteindre l’objectif de « produit constant » de l’imposition malgré la suppression annoncée de l’ISF, il faudra « raboter » bien plus encore, et sur une surface plus large. Il y a fort à parier qu’en échange de la suppression de l’injuste bouclier fiscal, on va répartir sur les classes moyennes la taxation du patrimoine qui ne touche, pour l’instant, que les très riches.
Rien, en tout cas, ne sera gratuit : l’instauration d’une assurance « dépendance », promise par Nicolas Sarkozy, se fera, a précisé François Fillon, en parallèle avec la « régulation » des dépenses de santé. Là encore, la réforme à venir pourrait déshabiller Pierre pour habiller Paul. On se demande d’ailleurs comment rogner encore une assurance maladie déjà exsangue. La première partie du quinquennat a creusé le déficit. Les dix-huit mois restants seront consacrés, par la force des choses, à gérer et à répartir la pénurie.
Monsieur Minc, avare ni de ses conseils, ni de son mépris, estime que notre Premier ministre incarne la France provinciale de droite. Il est vrai que François Fillon cite Charles Péguy et Victor Hugo, garnitures prisées des bibliothèques bourgeoises.
Mais il a fait hier beaucoup plus, prodiguant une belle énergie au service de la réforme dans la rigueur - ou le contraire, peu importe : ça voulait dire tout changer, sans dépenser un sou de plus. Il a fait moins, aussi, que notre Président, qui n’est pas son mentor mais demeure son supérieur : il n’a pas su, au-delà de l’ovation de commande, susciter la passion de la majorité.
On a vérifié là une vérité de la politique française, que rien ne vaut l’onction de l’élection au suffrage universel. François Fillon a beau faire, il reste de ce point de vue un collaborateur de notre Président. Jusqu’au jour où, peut-être, à son tour…
Plus de 7.000 euros le mètre carré ! L'immobilier bat tous ses records à Paris, où un simple WC coûte désormais le prix d'une Renault Clio. Cette flambée est folle. Ramenés aux loyers ou aux revenus, les prix à la vente dépassent largement les tendances de long terme. Ce n'est pas tenable. La folie ne peut pas s'expliquer par la seule pénurie, brandie à l'envi par les professionnels du secteur, tous intéressés à la montée des prix, qui arrondit leurs commissions. Paris manquait déjà cruellement de logements dans les années 1990, quand les prix ont baissé de près de 40 % ! Elle a au moins deux autres explications, qui reflètent la pagaille présente des marchés financiers. D'abord l'effet refuge. Paris est à l'immobilier français ce que l'or est aux marchés mondiaux de matières premières : un produit à la fois rare et très visible. Dans un monde financier où tous les repères disparaissent, comme dans un tremblement de terre, beaucoup d'investisseurs se raccrochent à l'or et à la pierre. Ils sont prêts à payer de plus en plus cher, dès lors qu'ils font leurs achats sur des places qui n'ont pas été trop vérolées par les excès des années passées. Ensuite l'effet taux d'intérêt. Achat de long terme, l'immobilier se finance à des taux d'intérêt à long terme. Or ces taux sont actuellement au plus bas. Les acquéreurs peuvent espérer emprunter à moins de 3 % sur quinze ans. Un niveau très bas, qui reflète la fantastique déformation des marchés financiers à l'oeuvre. Les investisseurs achètent massivement des obligations, convaincus que c'est le seul produit financier capable de résister à la tourmente. Les dirigeants des Etats font tout pour renforcer cette conviction qui conditionne leur possibilité de lever les centaines de milliards d'euros nécessaires à leur survie financière. En Europe, ils sont ainsi venus au secours de la Grèce, puis de l'Irlande. Mais ceux qui dépendent le moins des créanciers, comme l'Allemagne, commencent à se poser des questions. En attendant, les achats massifs d'obligations font baisser les taux d'intérêt. Cette baisse exerce fatalement des effets pervers - dont la flambée de l'immobilier parisien n'est que le plus visible.
Pour les gouvernants locaux et nationaux, cette situation est redoutable. Elle chasse de la capitale les ménages modestes, les classes moyennes et aussi les étudiants ou les chercheurs étrangers qui pourraient être attirés par la France. Elle risque de rendre la ville aussi joyeuse qu'une salle de coffres-forts. Et dès que les taux d'intérêt remonteront, les prix vont dévisser. Beaucoup de professionnels le disent d'ailleurs. Le marché va alors se gripper, sevrant Paris de plusieurs centaines de millions d'euros de droits de mutation. Même si la ville continuera alors de manquer de logements.
Des élections à Haïti ? Franchement, pour quoi faire ? Pour reconduire un gouvernement incapable de gouverner car sans moyens, donc sans pouvoir ? Ou le remplacer par un autre tout aussi inapte pour les mêmes raisons ? Sans oublier la corruption généralisée dans les milieux politiques et dans l'administration, ou du moins ce qu'il en reste. Une corruption inexcusable mais qui pousse si bien sur la misère.
Et c'est le vrai problème d'Haïti. Que de compassion après le tremblement de terre de janvier et que d'argent promis ! Mais où sont les premiers des 10 milliards de dollars claironnés par les pays donateurs ? Et les maisons -des cabanons, plutôt- à construire pour 1,5 million de sans-abri qui, la plupart encore, vivent sous des tentes ? Certes, des projets ont été réalisés comme ces 500 maisonnettes achevées fin août, sous l'égide de la Croix-Rouge française, sur 30 000 annoncées, plus 4 000 autres (de 18 m² !) sur les 10 000 relevant d'un programme coordonné par l'ONU. Une lenteur qui serait aussi à attribuer à la bureaucratie haïtienne freinée par des propriétaires fonciers peu désireux de céder des terrains à leurs compatriotes sinistrés.
Fin juillet, donc six mois après le séisme du 12 janvier, une enquête canadienne avait estimé que seulement 1,9% (bien 1,9% !) de la tranche de 5 milliards à verser dans les deux ans aux Fonds de Reconstruction de Haïti (géré par la Banque mondiale, l'ONU et divers organismes) avaient effectivement été payés.
Depuis, l'aide a été accélérée. Mais le compte n'y est toujours pas. Les ONG restées sur place dans un sentiment d'abandon font ce qu'elles peuvent. Comment déblayer les décombres quand les bulldozers et les engins lourds fièrement exhibés par l'armée américaine les jours qui ont suivi le tremblement de terre ont été rembarqués ? Comment réparer les réseaux d'eau potable et réaliser les indispensables travaux d'assainissement pour empêcher la propagation de l'épidémie de choléra ?
Ah, si Haïti était une banque américaine ou irlandaise en péril, menaçant le dollar ou l'euro ! Les milliards, n'en doutons pas, tomberaient du ciel. Et avec cette manne, une foule d'experts pour reprendre les comptes en mains. Or, c'est ce qui manque à Haïti : une tutelle internationale dotée de fonds conséquents pour, un temps du moins, gérer le pays. Et non le laisser à de trop longues dynasties de « Papa Doc », de « Bébé Doc », d'Aristide, de Préval ou à d'autres prédateurs. A la classe des possédants surtout préoccupés par le maintien de ses privilèges...
Mais qui s'intéresse à Haïti ? Le pays est vraiment trop pauvre, sans ressources naturelles et même sans la moindre importance stratégique. Le monde des riches a bien d'autres soucis...
La volatilité de l'euro, premier frein aux envies d'exportation des PME françaises
Des risques importants
Des destins très différents
En ouvrant le 93 e Congrès des maires de France, Nicolas Sarkozy a tenté d'amorcer sa réconciliation avec ces élus. Elle était devenue indispensable depuis que son Premier ministre y avait essuyé à sa place une bronca, dont il ne s'était d'ailleurs pas trop mal sorti. Et d'autant plus urgente que se profilent des cantonales, lesquelles influeront ensuite sur la future composition du Sénat. Sous cet angle politique classique, l'invité des maires a fait ce qu'il fallait, et dans la tradition. Comment en effet ne pas être approuvé par cet auditoire lorsqu'on proclame qu' « il n'y a pas trop de communes en France », symboles du « savoir-vivre à la française » ou qu'on demande « le respect pour ceux qui ont eu le courage de se présenter devant le suffrage universel » (Villepin appréciera) ? Mais l'enjeu va bien au-delà. Le président a en effet engagé une série de réformes qui dérangent le paysage familier : la réorganisation des cartes judiciaire, militaire ou hospitalière déplace les marques des acteurs locaux. La réforme territoriale, avec son « conseiller territorial », bouscule les repères des candidats aux conseils généraux ou régionaux. La suppression de la taxe professionnelle inspire des craintes sur ses ressources de substitution… C'était le lieu de se présenter, même chargé de tous ces soupçons, devant les seuls élus locaux dont la fonction n'était pas menacée. Leur privilège de « compétence générale » a au contraire été réaffirmé, alors qu'il est en cause pour les départements, et on promet de faire le ménage dans le fatras de normes administratives qui les étouffent. Sur ces points, le président a même recueilli quelques applaudissements, ce qui était bien le but. Il en aurait sans doute reçu davantage s'il avait déclaré abandonner ses réformes, car elles déstabilisent les habitudes. Ses adversaires sur le terrain seront bien obligés de lui reconnaître, en tout cas, le courage de les poursuivre.