mercredi 11 avril 2012
Marchés : la France sous la pression de son élection
Quand François Hollande menace (à mots couverts) le Figaro et Serge Dassault
On le croirai assis sur un cabinet |
78 % des Français ont une image négative de la mondialisation
Globalement, 75 % des Français considèrent que cette concurrence internationale avec des pays comme la Chine ou l'Inde aura durant les dix prochaines années des conséquences négatives sur l'emploi en France. Ils pensent également, à près de 70 %, que la mondialisation est négative pour les déficits publics du pays. Au total, seuls 22 % des Français considèrent que ce jeu mondial ouvert est une "bonne chose" pour la France.
Près de trois Français sur quatre prônent une augmentation du protectionnisme : pour 70 % des personnes interrogées, la solution aux dommages de la mondialisation passe par une augmentation des taxes sur les produits importés des pays émergents. Si les autres pays européens ne veulent pas dresser ces barrières douanières, 62 % des Français sont prêts à les bâtir seuls, au niveau national.
Cette enquête a été réalisée en ligne du 6 au 10 avril, par l'Ifop, sur un échantillon de 1 052 personnes, représentatif de la population française, âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).
La rumeur qui s’amplifie... Les marchés vont-ils attaquer la France au lendemain du second tour ?
Mariano Rajoy, une valeur en baisse
L'Espagne vit un moment clé de son histoire. Alors que les marchés de la dette sont de nouveaux nerveux, que le budget 2012 n'a pas convaincu grand monde et que l'économie est en récession, nous allons tout droit vers un plan de sauvetage dont les conséquences seraient dramatiques. Il faut donc l'éviter à tout prix.
Primo, parce que les sauveteurs ne seraient autres que nos créanciers, et que la défense de nos intérêts ne serait donc pas leur priorité. Secundo, parce que le renflouement imposerait un rééquilibrage budgétaire plus profond encore. Tertio, parce qu'on sait comment on entre dans un plan de sauvetage, mais pas comment on en sort. Les sauvetages chassent les capitaux privés et assèchent les liquidités d'un pays.
Et quatrièmement, il faut éviter le plan de sauvetage parce qu'il ne fonctionnerait pas : les interventions du FMI se fondent sur le principe de la stimulation de la demande extérieure par des dévaluations de la monnaie. Or cela n'est pas possible dans la zone euro, et les plans grec et portugais n'ont manifestement rien amélioré.
Un budget victime du populisme
Que s'est-t-il passé ? Comment les nuages temporairement éloignés par l'intervention de la BCE en décembre dernier ont-il pu revenir aussi vite ? La réponse est à la fois simple et dévastatrice : le nouveau gouvernement, malgré une réforme du marché du travail très volontaire, n'a pas su enrayer les deux problèmes essentiels qui sapent notre crédibilité, en l'occurrence le secteur financier et la politique budgétaire.Le système financier se trouve dans un état critique. Notre tentative de convaincre les marchés de capitaux de refinancer nos passifs bancaires a lamentablement échoué. Les établissements espagnols ne peuvent procéder à des émissions qu'avec l'aval de l'Etat et vivent grâce aux perfusions de liquidités de la BCE.
Face aux nouvelles demandes de capitaux, leur réaction logique a consisté à fermer encore un peu plus le robinet du crédit, assoiffant du même coup de nombreuses entreprises.
La politique budgétaire, elle, a pâti de quatre erreurs. Tout d'abord, nous avons assisté depuis l'automne à un absurde défilé de statistiques sur la dette, qui a conduit de nombreux observateurs à s'interroger sur l'état réel des finances publiques espagnoles. Ensuite, la présentation du budget a souffert d'un retard intolérable.
Non seulement le nouveau gouvernement a gâché ses 100 jours d'état de grâce, mais la présentation du budget, juste après les élections en Andalousie, donne à croire que les Espagnols font passer l'urgence après la politique.
Troisième erreur, le budget de l'Etat tel qu'il a été présenté est victime du populisme sur lequel ont été basées les années d’opposition [le Parti populaire a été dans l’opposition de 2004 à 2011] : puisque l'on s'est engagé à ne pas raboter les retraites ni les salaires des fonctionnaires et à ne pas augmenter l'IVA [la TVA espagnole], les seules solutions qui restent consistent à réduire les investissements et à tenter une amnistie fiscale.
Reste que les marchés, eux, ne se laissent pas duper par quelques tours de passe-passe : ils comprennent parfaitement que ce budget dégrade notre situation fiscale à moyen terme et démontre l'incapacité de nos dirigeants à prendre les problèmes à bras-le-corps.
L'Espagne peut réclamer un traitement différent
Enfin, l'hémorragie des finances des communautés autonomes se poursuit, et personne ne croit aux 27 milliards d'économie demandés en 2012.Que faire, dès lors ? Le gouvernement doit commencer par oublier les élections, qu'elles soient galiciennes, basques ou nationales, et envoyer les sondeurs sonder ailleurs. La priorité absolue est aujourd'hui d'en finir avec notre manque de crédibilité.Ensuite, il faut rouvrir au plus vite le robinet du crédit. Cela ne se fera qu'en restaurant la confiance dans le secteur bancaire et en donnant à ce dernier accès aux marchés de capitaux sans autorisation de l'Etat ni injections de la BCE. La solution qui apparaît le plus clairement aujourd'hui serait un recours au Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour recapitaliser notre système financier, sans passer par une intervention. L'Espagne ne manque pas d'arguments pour exiger un traitement différent de celui appliqué à des partenaires moins responsables.
Troisième impératif, élaborer un processus de consolidation budgétaire pluriannuel qui soit crédible, réfléchi et systématique. Côté dépenses, ce plan devrait prévoir des coupes dans le salaire des fonctionnaires, réduire leur nombre et geler les retraites, et maintenir autant que possible les postes que sont l'enseignement et les investissements productifs et dans la recherche et développement.
Côté recettes, il faudrait introduire une hausse progressive de l'IVA sur les cinq prochaines années. En termes de mesures institutionnelles, ce plan devrait prévoir la mise en place d'un conseil budgétaire indépendant et repenser totalement le financement des communautés autonomes afin de doter l'Espagne d'un modèle d'Etat rationnel.
Il est inadmissible que les règlements discutés à la Commission européenne donnent à celle-ci davantage de pouvoir sur le gouvernement espagnol que ce dernier n'en a sur ses régions fort indisciplinées.
Après quatre années de crise au cours desquelles les gouvernements espagnols, l'actuel comme le précédent, ont été à la remorque des événements, il est peut-être un peu tard pour essayer de changer les choses.
Mais cela en vaut encore la peine, car nous sommes bien aujourd'hui devant ce qui peut être notre dernière chance de résoudre une crise interminable. Mais pour cela, nous avons besoin de changer radicalement les comportements et d'en finir, avant tout, avec ce populisme pernicieux qui a caractérisé [la droite] durant les deux dernières années d'opposition au gouvernement Zapatero.
Quel score devrait atteindre Nicolas Sarkozy au premier tour pour espérer être réélu ?
Atlantico : Existe-t-il un score de premier tour en dessous duquel Nicolas Sarkozy ne devrait pas descendre sous peine de ne pouvoir prétendre être réélu au second tour ?
Les instituts de sondage ont mesuré le report des voix des électeurs de François Bayrou et Marine Le Pen pour Nicolas Sarkozy en cas d'un second tour entre le candidat UMP et François Hollande. Si on les additionne, à quelle part correspondent-ils ?
Le taux d'abstention est donc la clef de l'élection ?
Ne serait-il pas plus simple pour Nicolas Sarkozy d'augmenter son score de 3% dès le premier tour pour combler son retard, plutôt que de tabler sur les abstentionnistes ?
La crise est la première explication de cette défiance. Le diplôme n'est plus une garantie d'ascension sociale ni même une assurance antichômage ; les stages remplacent trop souvent les vrais postes ; les CDD retardent l'obtention d'un vrai contrat ; l'emploi est à peine mieux récompensé que le chômage ; et la perspective de devoir se sacrifier pour rembourser la dette des générations précédentes et pour payer des retraites toujours plus faibles ne fait pas rêver.
Le malaise touche davantage la petite classe moyenne - les filles et fils de commerçants et d'artisans, les non diplômés - convaincue, avant même d'entrer dans la vie active, qu'elle va végéter éternellement et qu'elle n'a pas prise sur son avenir, sauf à renverser la table.
Les partis traditionnels ont peu la cote. Même François Hollande, qui a pourtant fait de la jeunesse le coeur de son projet - éducation, emplois jeunes, contrats de génération... - serait devancé par Marine Le Pen et concurrencé par Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote. Dans cette catégorie, la perte de confiance serait également très forte pour Nicolas Sarkozy.
Les jeunes ne croient pas que leur avenir passe par des mesures techniciennes. Le débat sur le permis de conduire, dont l'intention n'est pas nulle, reste une réponse si dérisoire pour les enfants de la crise ! Leur réaction indifférente montre bien que l'on ne les conquiert pas en en faisant une cible politique. Que l'on ne leur fait pas gober des programmes tièdes pour des potions miracle.
Dans l'intérêt croissant qu'ils portent au vote protestataire, il faut voir deux choses : d'une part, une manière de s'élever contre un système national et européen bloqué où l'on subit sans pouvoir agir ; d'autre part, le rêve d'une société juste et protectrice que quelques discours enflammés, à défaut d'être crédibles, parviennent à leur suggérer.
Il ne faut pas, pour autant, céder au jeunisme. Ils désirent changer le système politique ? Ils sont les premiers à s'en écarter, préférant l'isolement du dialogue singulier avec leur ordinateur plutôt que la construction d'un futur en commun. Ils critiquent la surmédiatisation de la politique ? Ils sont les premiers à « twitter » ou à « facebooker » pour tourner les candidats en dérision. Ils sont tentés d'essayer autre chose ? Mais que savent-ils des idéologies ou des impasses de certains projets ? Ils se veulent en dehors du système ? Mais ont-ils complètement conscience que s'abstenir, c'est offrir son pouvoir à l'autre ?
À l'espérance soulevée par l'élection de 2007 répond la désillusion de 2012. Et au désenchantement de 2012 répond déjà une sourde inquiétude : on ne construit pas un avenir avec une jeunesse qui ne croit pas plus que ça à la nécessité d'apprendre, de travailler, d'inventer, d'oser, de s'engager. Il y a quelque chose d'explosif dans cette résignation.
A Besançon, Hollande conteste pied à pied tous les angles d'attaque du camp Sarkozy
"Je suis prêt", a assuré François Hollande. "Prêt à gagner l'élection présidentielle, prêt à présider la France, prêt à transformer notre pays, à changer concrètement la vie de nos concitoyens", a développé le candidat socialiste, mardi 10 avril au soir, en meeting à Besançon. "Prêt", surtout, à s'en prendre dans les grandes largeurs à Nicolas Sarkozy, au bilan et à la campagne duquel il a consacré la quasi-totalité de son discours.
Le député de Corrèze a prévenu : "Je ne tomberai pas dans le piège grossier qui m'est tendu, me jeter dans une mêlée confuse, un pugilat obscur." Pour autant, le candidat tenait à se "faire justice de toutes ces outrances, ces confusions, ces polémiques" à ses yeux fomentées par le camp présidentiel. Et, avec verve, l'a fait savoir.
"JE VEUX GARDER CETTE PROXIMITÉ"
"Quel bonheur, je peux vous le confier, de pouvoir circuler sans CRS, sans barrière, sans protection, dans tous les quartiers, dans toutes les villes", a ironisé François Hollande, quelques heures après une visite de Nicolas Sarkozy à Drancy, en référence aux difficultés éprouvées par le président lors de ses visites en banlieue.
Manque que le chapeau et.....c'est Tonton |
D'humeur badine, François Hollande a détaillé son argumentaire : "Il serait le président protecteur. Mais de qui ? Des ouvriers ? Il a laissé disparaître 400 000 emplois industriels. Des agriculteurs ? Une exploitation disparaît toutes les deux heures. Des jeunes ? Leur taux de chômage atteint 25 %. Des fonctionnaires ? Ils ont tout à craindre. Des familles ? Ils perdent chaque mois un peu plus de pouvoir d'achat." Et de conclure : "Les seuls que le président a protégés, ce sont les puissants, les rentiers, les fortunés", a-t-il résumé.
"ACCUMULATION DE CONTREVÉRITÉS"
Si la bataille bat son plein, c'est en mode vérification des dires. "Je ne laisserai rien passer. Je ne laisserai pas faire cette accumulation de contrevérités", a prévenu M. Hollande. Au chapitre de la fiscalité : "Le voilà qui annonce que mon élection conduirait à davantage d'impôts pour les Français [...]. Mais c'est impossible ! Il en a créé 41 impôts, depuis cinq ans."
Sur la dégradation de la compétitivité : "Celui qui est responsable de la perte du triple A vient nous donner des leçons de gestion sur les finances publiques, l'économie, la compétitivité." Sur l'immigration, enfin : "Je l'ai entendu dire et répéter que je veux une régularisation massive de tous les sans-papiers alors que je n'ai parlé que de régularisation au cas par cas. Sous son autorité, 200 000 nouveaux immigrés sont arrivés chaque année dans notre pays."
Contestant pied à pied tous les angles d'attaque du président, le candidat socialiste s'est aussi placé sur le terrain du caractère : "Le choix ce sera non seulement entre deux styles. Pas simplement entre deux personnalités ! Je suis prêt à assumer la comparaison y compris pour la constance, y compris pour la capacité à décider. On l'avait dit bling-bling. Il est surtout zig-zag !"
Discours de combat, donc, en conclusion duquel, en référence à la "vague" annoncée dans le Journal du dimanche par M. Sarkozy, François Hollande a répliqué : "Dimanche, il annonçait qu'il sentait monter la vague. Moi aussi. Je la sens monter la vague, la vague de l'indignation, de l'exaspération, de la colère, celle du peuple qui n'en peut plus. Et cette vague, elle monte depuis cinq ans, d'année en année", a attaqué le candidat socialiste, qui a évoqué "la vague du changement qui arrive. Et si vous en décidez, rien ne pourra l'arrêter".