TOUT EST DIT

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mercredi 11 avril 2012

Marchés : la France sous la pression de son élection

Dans l’œil des marchés : Dominique Trenet, stratégiste dans une société de gestion indépendante, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.
Le nombre de papiers décrivant l’éclatement de la zone euro de façon prospective se multiplie. The Economist de cette semaine recense les intervenants d’un concours qui ont fait les propositions les plus intéressantes. Pour Jonathan Tepper, la sortie de la Grèce de la zone euro est le seul moyen pour ce pays de repartir du bon pied. Roger Bootle considère que c’est l’Allemagne qui devrait sortir en priorité de l’euro. Neil Record passe en revue tous les risques juridiques de la dissolution.
Les marchés perdent leur soutiens les uns après les autres. La crise de la dette souveraine en Europe qu’ils pensaient apaisée repart en Espagne. La reprise américaine qui était considérée comme acquise est remise en cause par les statistiques sur l’emploi de la semaine dernière. L’indice de surprise économique calculé par Citigroup est devenu négatif. Il mesure l’écart entre les chiffres publiés et ceux qui étaient attendus par le marché.
La remontée des taux n’est pas forcément mauvaise pour les actions. C’est la théorie que défend Sharon Bell de Goldman Sachs. Dans un récent papier, elle démontre au contraire que historiquement, la remontée des taux coïncide avec une hausse des marchés actions dans les six à douze mois qui suivent. Les valeurs cycliques surperforment les valeurs défensives. Les moins bonnes performances étant le fait des sociétés de télécommunications et de service public.

Marchés : la France est sous pression électorale

En France, on assiste à la multiplication des scénarios fiction décrivant les conséquences d’une victoire de François Hollande le 6 mai prochain. Yves de Kerdrel du Figaro, décrit l’effondrement de la bourse de Paris après une déclaration du futur Ministre des Affaires Sociales sur « la retraite à 60 ans qui doit devenir un droit inaliénable pour tous » et une fuite de la prochaine Garde des Sceaux sur  un projet de loi « interdisant les licenciements boursiers et prévoyant l’entrée systématique de quatre représentants du personnel aux conseils d’administration de sociétés de plus de 250 personnes ». The Economist dans un article intitulé « Terreur » décrit le mouvement de déplacement de sièges sociaux de sociétés françaises vers le Luxembourg.
Le marché américain  devrait encore monter selon Abby Joseph Cohen stratégiste chez Goldman Sachs. L’économie américaine est de loin la première du monde. La Chine ne représente actuellement que 40% de la taille de l’économie américaine. L’indice S&P 500 se paye 13 fois les bénéfices estimés pour les douze prochains mois, ce qui est toujours inférieur à la moyenne des cinq dernières années. Robert Kavcic de BMCO Capital Markets fait remarquer que le rendement estimé des valeurs du S&P 500 est encore supérieur de cinq points à celui des obligations du Trésor américain à 10 ans. Les résultats trimestriels dont la publication va débuter cette semaine  ne suffiront pas à rassurer les marchés
En Europe, Pankaj Patel, le chef de l’analyse quantitative chez Crédit Suisse, vient de publier la liste des valeurs européennes dans lesquelles Warren Buffett pourrait avoir envie de prendre une participation. On y trouve notamment Publicis et BIC pour la France ; Nokian Renkaat en Finlande, Coloplast et William Demant Holding pour le Danemark. Christopher Potts le stratégiste de Cheuvreux pense que la correction que nous vivons ne remettra pas en cause le mouvement de hausse des marchés européens.
Sur le marché japonais les statistiques du « Tankan Business Conditions » qui donne une idée prospective de la façon dont va évoluer l’économie japonaise ont été publiées pour le mois de mars. Elles sont assez médiocres
En Chine on devrait assister à un atterrissage en douceur pour l’économie, mais très agité pour les résultats des entreprises. Telle est l’opinion de Yan Wang Managing Editor de BCA.
Cela ne l’empêche pourtant pas de rester positif sur les valeurs chinoises qui sont en baisse de 62% par rapport à leur plus haut de 2007.

Secteurs : rien ne va plus dans le solaire

Le secteur du solaire poursuit sa descente aux enfers Solar Trust aux Etats Unis vient d’être mis en faillite. Sa maison mère allemande, Solar Millenium avait fait la même chose en  décembre dernier, tout comme Q-Cells une ex vedette de la cote de Francfort et Solon une société berlinoise de photovoltaïque.  Ce secteur a été très mal géré au niveau européen et dans les pays membres. Des subventions importantes ont été données à ce secteur qui devait être un grand créateur d’emplois. Dans la réalité tout cela n’a profité qu’à l’industrie chinoise sans aucune contrepartie. Un cas pratique intéressant pour tous ceux qui pensent qu’il n’y a qu’à développer les énergies alternatives pour prendre le relais du pétrole et du nucléaire.
Dans le secteur des financières, le potentiel de croissance des résultats reste fort surtout aux États-Unis. Les coûts sont sous contrôle. Les banques américaines et asiatiques vont profiter de l’obligation pour les banques européennes de réduire leur voilure. Richard Bove de Rochdale Securities recommande chaudement l’achat de Morgan Stanley.
L’immobilier fait l’objet de nombreuses opérations consécutives au désendettement des banques pour respecter les ratio de fonds propres imposés par Bâle III. BNP Paribas a ainsi cédé 28,7% de Klépierre à Simon Property un groupe américain. Il est plutôt triste de voir que des patrimoines de qualité sont cédés pour des raisons réglementaires à des investisseurs américains, asiatiques ou du Moyen Orient. Valérie Guezi et Nick Webb les analystes qui couvrent l’immobilier en Europe pour Exane BNP Paribas recommandent parmi les sociétés françaises l’achat de Icade, Mercialys et Unibal Rodamco.


Quand François Hollande menace (à mots couverts) le Figaro et Serge Dassault

Le candidat socialiste a refusé de répondre à une interview du Figaro, qu'il considère trop sarkozyste. Il en profite pour décocher une flèche à son propriétaire, accusé d'être chouchouté par le pouvoir actuel, et promet de "mettre fin à ces archaïsmes". Sans mentionner la presse de gauche, elle aussi disponible dans les kiosques.
Na ! C’est décidé, François Hollande boude le Figaro et a refusé, seul parmi les quatre « grands » candidats, de lui accorder l’interview que le quotidien sollicitait. Les motifs de cette fâcherie ?
On le croirai assis sur un cabinet
Il les a donnés lui-même à l’antenne d’I-Télé : « Vous avez lu Le Figaro depuis plusieurs mois ? Je donne des interviews à qui je veux, et les titres du Figaro, ils les établissent comme ils l’entendent. Chacun fait comme il souhaite dans une campagne où Le Figaro n’a pas pris position, ce n’est même pas une prise de position, c’est d’une certaine façon chaque jour un discrédit, une déconsidération de ce que je suis. »
Faisant sienne la devise du Figaro, tirée de Beaumarchais, « Sans la liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur », le candidat socialiste a ajouté : « L’emblème du Figaro est le bon. La liberté doit être totale. La mienne aussi. »
En théorie, rien de vraiment blâmable. Car François Hollande a effectivement le droit d’accorder ou de ne pas accorder des entretiens à qui les sollicite. On remarquera simplement qu’en matière d’éreintement par la presse, Nicolas Sarkozy, s’il appliquait les mêmes règles, se tiendrait à des kilomètres de distance des Libé, Nouvel Obs, Médiapart, Rue 89, Marianne et autres publications de papier ou d’écrans qui, à longueur d’année, le dépeignent sous les traits d’un agité, infantile, impulsif et dangereux, un « voyou de la république », un président corrompu qui a touché de l’argent de Madame Bettencourt, « on ne peut pas le prouver mais on le suggère tellement fort que cela revient au même ».
Mais passons. Ce qui est plus gênant est de rapprocher la dernière sortie hollandaise de ce que le candidat socialiste écrit en page 116 de son immortel ouvrage : « Changer de destin », paru il y a à peine deux mois et qui était censé « mieux le faire connaître pour que les Français (lui) fassent confiance ». Ce livre, flop éditorial un brin inquiétant si l’on considère qu’il traduit le peu d’intérêt réel pour son auteur, contient en effet une bien étrange remarque au sujet de Dassault et du Figaro, seuls à être pointés du doigt dans l’univers des médias.
« Par la constitution d’un réseau serré de services réciproques, par la nomination directe des responsables de l’audiovisuel public, le pouvoir détient une influence malsaine sur le fonctionnement de nos moyens d’information. Sans parler du contrôle de certains groupes de presse par des industriels dont l’intérêt est lié aux commandes de l’Etat. Je m’amuse en lisant Le Figaro, ce journal qui honorait la presse modérée, et qui ne sait plus comment récompenser par l’ « audace » de ses titres les faveurs de l’Elysée à l’égard des intérêts de son propriétaire. Je mettrai fin, là aussi à ces archaïsmes. »
Qu’est-ce à dire ? Que c’est parce que les titres du Figaro lui étaient favorables que Sarkozy s’est démené pour tenter de vendre des Rafale à Lula ou aux Indiens ? Tous les présidents ont à cœur de favoriser, par leurs déplacements à l’étranger, ce genre de contrats et si l’actuel locataire de l’Elysée ne l’avait pas fait, cela lui aurait été vertement reproché. Il est loin d’avoir œuvré pour les seuls propriétaires de médias. Quant à la bienveillance du Figaro pour les pouvoirs de droite, elle ne date pas de Sarkozy, tant s’en faut. Un quotidien a droit à une ligne éditoriale et François Hollande a eu raison de le lui concéder. Si les journalistes qui y travaillent sont gênés, ils peuvent le dire.

Ils l’ont d’ailleurs fait au Figaro et viennent d’être imités par ceux de Libération, incommodés par le pro-hollandisme un peu outrancier de leur direction.
Là où la déclaration de François Hollande est plus inquiétante, c’est lorsqu’il menace « de mettre fin à ces archaïsmes ». A-t-il pour projet d’interdire à un groupe privé ou même à un individu ayant des contrats avec l’Etat de posséder un média ? Il n’y a pas de raison que cela soit réservé à la droite et il faudra que les choses soient claires et la règle précise. Sinon, est-ce un avertissement sans frais envoyé à la seule famille Dassault pour qu’elle soit plus douce avec lui ? Le même droit s’imposera-t-il à la presse locale, souvent liée à des intérêts de proximité ? Il faudra le lui signaler. Et pourquoi ne l’appliquer aux agences de publicité et groupes de communication qui ont des personnes publiques dans leur clientèle et vivent des conseils qu’ils leur prodiguent ? Auront-ils encore le droit de publier des sondages défavorables au pouvoir ?
Le fait de réserver ses flèches, à deux reprises, au Figaro est en tout cas fort singulier. Ce journal a certes dépensé beaucoup d’énergie à tenter de démontrer que Sarkozy a davantage l’étoffe d’un chef d’Etat que Hollande. Mais tel est son droit et il n’est pas le seul à le penser. En inférer une généralité sur les liens entre les industriels (tiens, les banquiers qui ont des mandats de l’Etat en sont exclus …) et les médias mais ne l’appliquer qu’au Figaro a comme un vague parfum d’intolérance. Cela s’inscrit dans le droit fil des remarques étranges sur les procureurs et les policiers soupçonnés de sarkozysme et promis ipso facto à d’autres fonctions.
Et si François Hollande ne devenait pas le président bonhomme et tolérant que son humour potache et sa rondeur font croire ?

78 % des Français ont une image négative de la mondialisation

Plus de quatre Français sur cinq (82 %) estiment que la mondialisation est négative pour l'emploi en France, selon un sondage Ifop pour l'association Manifeste pour un débat sur le libre-échange et sur l'euro, publié jeudi dans le quotidien La Croix.
Globalement, 75 % des Français considèrent que cette concurrence internationale avec des pays comme la Chine ou l'Inde aura durant les dix prochaines années des conséquences négatives sur l'emploi en France. Ils pensent également, à près de 70 %, que la mondialisation est négative pour les déficits publics du pays. Au total, seuls 22 % des Français considèrent que ce jeu mondial ouvert est une "bonne chose" pour la France.
Près de trois Français sur quatre prônent une augmentation du protectionnisme : pour 70 % des personnes interrogées, la solution aux dommages de la mondialisation passe par une augmentation des taxes sur les produits importés des pays émergents. Si les autres pays européens ne veulent pas dresser ces barrières douanières, 62 % des Français sont prêts à les bâtir seuls, au niveau national.
Cette enquête a été réalisée en ligne du 6 au 10 avril, par l'Ifop, sur un échantillon de 1 052 personnes, représentatif de la population française, âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).

ÇA FAIT CHER L'IGNARE 

La rumeur qui s’amplifie... Les marchés vont-ils attaquer la France au lendemain du second tour ?

La rumeur bruisse sur la place de Paris : les banques américaines s’apprêteraient à vendre massivement des obligations convertibles du Trésor français le 7 mai prochain. Et si c'était vrai, que se passerait-il ?

Sur la place de Paris, les initiés ne parlent plus que de cela: une méchante rumeur dit que la dette française serait attaquée sur les marchés financiers au lendemain de l’élection présidentielle. En particulier, il semblerait que des banques américaines s’apprêteraient à vendre massivement des obligations convertibles du Trésor français pour déstabiliser les spreads, c’est-à-dire l’écart de taux avec l’Allemagne.
Intox ou rumeur fondée ? Personne ne peut le dire. Mais il est à peu près sûr que l’état de grâce dans lequel la campagne présidentielle s’est déroulé, en mettant la poussière de la dette publique sous le tapis des promesses électorales, ne pourra durer plus longtemps que le scrutin lui-même. La réalité va nous rejoindre au galop.
Très vite donc, c’est-à-dire dès le lendemain de son élection, le nouveau président, quel qu’il soit, devra s’attaquer, dans le dur, et sans session parlementaire pour agir par la loi, aux mesures impopulaires. Selon  toute vraisemblance, les marchés auront soif, non seulement d’équilibre budgétaire, mais aussi de réduction des dépenses publiques.
Dans l’hypothèse où un président de gauche serait élu, de quelle marge de manoeuvre disposera-t-il pour mettre en place une politique économique éloignée des objectifs fixés par les marchés ? La question reste ouverte. Et risque de poser un véritable problème en termes démocratiques : comment réagir si les places financières dictent aux Français des choix contre lesquels ils se seront exprimés par la voix de l’élection?
L’exercice, dans ce cas de figure, ne manquera pas d’intérêt. Car, si les sondages se vérifient, il est plausible que François Hollande remporte les élections avec un soutien majeur provenant du Front de Gauche dont les principes affichés sont assez éloignés des diktats boursiers. Le mouvement de pédalo ne manquera pas de piquant, avec, à babord Jean-Luc Mélenchon appelant à la confiscation des biens des émigrés, et à tribord des marchés avides de spéculation sur la dette française.
Contrairement à l’expérience de 1981, la gauche ne disposera donc d’aucun état de grâce pour gouverner, et sera très vite confrontée aux circonstances économiques qui l’avaient conduite au grand tournant de la rigueur en 1983. Une belle revanche de l’histoire, puisque François Hollande appartient à cette gauche moderne qui, à l’époque, fit le choix précurseur de libéraliser les marchés financiers à outrance, de déréguler l’industrie bancaire, et de rejeter dans la ringardise tous les idéaux dont le Front de Gauche a fait aujourd’hui son fonds de commerce.
L’ironie de l’histoire sera peut-être là : ceux qui, en 1984, ont adopté la loi bancaire grâce à laquelle la France a pris, avec la Grande-Bretagne, la première place mondiale dans l’indu strie de la finance, pourraient très bien aussi être ceux qui devront gérer les conséquences de leur engouement d’il y a trente ans. Puisque la France a réussi l’exploit de ne pratiquement pas renouveler son personnel politique pendant cette période. 

SI HOLLANDE EST ÉLU, JE ME RÉPÈTE, LES MARCHÉS VONT S'ABATTRE SUR LA FRANCE COMME LA VÉROLE SUR LE BAS CLERGÉ.

Mariano Rajoy, une valeur en baisse

Le Premier ministre espagnol multiplie les mesures d’austérité pour conjurer l'effondrement économique de son pays. Mais après sept années d’opposition, il est difficile d’être entièrement crédible et efficace, pointent trois économistes. 

L'Espagne vit un moment clé de son histoire. Alors que les marchés de la dette sont de nouveaux nerveux, que le budget 2012 n'a pas convaincu grand monde et que l'économie est en récession, nous allons tout droit vers un plan de sauvetage dont les conséquences seraient dramatiques. Il faut donc l'éviter à tout prix.
Primo, parce que les sauveteurs ne seraient autres que nos créanciers, et que la défense de nos intérêts ne serait donc pas leur priorité. Secundo, parce que le renflouement imposerait un rééquilibrage budgétaire plus profond encore. Tertio, parce qu'on sait comment on entre dans un plan de sauvetage, mais pas comment on en sort. Les sauvetages chassent les capitaux privés et assèchent les liquidités d'un pays.
Et quatrièmement, il faut éviter le plan de sauvetage parce qu'il ne fonctionnerait pas : les interventions du FMI se fondent sur le principe de la stimulation de la demande extérieure par des dévaluations de la monnaie. Or cela n'est pas possible dans la zone euro, et les plans grec et portugais n'ont manifestement rien amélioré.

Un budget victime du populisme

Que s'est-t-il passé ? Comment les nuages temporairement éloignés par l'intervention de la BCE en décembre dernier ont-il pu revenir aussi vite ? La réponse est à la fois simple et dévastatrice : le nouveau gouvernement, malgré une réforme du marché du travail très volontaire, n'a pas su enrayer les deux problèmes essentiels qui sapent notre crédibilité, en l'occurrence le secteur financier et la politique budgétaire.
Le système financier se trouve dans un état critique. Notre tentative de convaincre les marchés de capitaux de refinancer nos passifs bancaires a lamentablement échoué. Les établissements espagnols ne peuvent procéder à des émissions qu'avec l'aval de l'Etat et vivent grâce aux perfusions de liquidités de la BCE.
Face aux nouvelles demandes de capitaux, leur réaction logique a consisté à fermer encore un peu plus le robinet du crédit, assoiffant du même coup de nombreuses entreprises.
La politique budgétaire, elle, a pâti de quatre erreurs. Tout d'abord, nous avons assisté depuis l'automne à un absurde défilé de statistiques sur la dette, qui a conduit de nombreux observateurs à s'interroger sur l'état réel des finances publiques espagnoles. Ensuite, la présentation du budget a souffert d'un retard intolérable.
Non seulement le nouveau gouvernement a gâché ses 100 jours d'état de grâce, mais la présentation du budget, juste après les élections en Andalousie, donne à croire que les Espagnols font passer l'urgence après la politique.
Troisième erreur, le budget de l'Etat tel qu'il a été présenté est victime du populisme sur lequel ont été basées les années d’opposition [le Parti populaire a été dans l’opposition de 2004 à 2011] : puisque l'on s'est engagé à ne pas raboter les retraites ni les salaires des fonctionnaires et à ne pas augmenter l'IVA [la TVA espagnole], les seules solutions qui restent consistent à réduire les investissements et à tenter une amnistie fiscale.
Reste que les marchés, eux, ne se laissent pas duper par quelques tours de passe-passe : ils comprennent parfaitement que ce budget dégrade notre situation fiscale à moyen terme et démontre l'incapacité de nos dirigeants à prendre les problèmes à bras-le-corps.

L'Espagne peut réclamer un traitement différent

Enfin, l'hémorragie des finances des communautés autonomes se poursuit, et personne ne croit aux 27 milliards d'économie demandés en 2012.Que faire, dès lors ? Le gouvernement doit commencer par oublier les élections, qu'elles soient galiciennes, basques ou nationales, et envoyer les sondeurs sonder ailleurs. La priorité absolue est aujourd'hui d'en finir avec notre manque de crédibilité.
Ensuite, il faut rouvrir au plus vite le robinet du crédit. Cela ne se fera qu'en restaurant la confiance dans le secteur bancaire et en donnant à ce dernier accès aux marchés de capitaux sans autorisation de l'Etat ni injections de la BCE. La solution qui apparaît le plus clairement aujourd'hui serait un recours au Fonds européen de stabilité financière (FESF)  pour recapitaliser notre système financier, sans passer par une intervention. L'Espagne ne manque pas d'arguments pour exiger un traitement différent de celui appliqué à des partenaires moins responsables.
Troisième impératif, élaborer un processus de consolidation budgétaire pluriannuel qui soit crédible, réfléchi et systématique. Côté dépenses, ce plan devrait prévoir des coupes dans le salaire des fonctionnaires, réduire leur nombre et geler les retraites, et maintenir autant que possible les postes que sont l'enseignement et les investissements productifs et dans la recherche et développement.
Côté recettes, il faudrait introduire une hausse progressive de l'IVA sur les cinq prochaines années. En termes de mesures institutionnelles, ce plan devrait prévoir la mise en place d'un conseil budgétaire indépendant et repenser totalement le financement des communautés autonomes afin de doter l'Espagne d'un modèle d'Etat rationnel.
Il est inadmissible que les règlements discutés à la Commission européenne donnent à celle-ci davantage de pouvoir sur le gouvernement espagnol que ce dernier n'en a sur ses régions fort indisciplinées.
Après quatre années de crise au cours desquelles les gouvernements espagnols, l'actuel comme le précédent, ont été à la remorque des événements, il est peut-être un peu tard pour essayer de changer les choses.
Mais cela en vaut encore la peine, car nous sommes bien aujourd'hui devant ce qui peut être notre dernière chance de résoudre une crise interminable. Mais pour cela, nous avons besoin de changer radicalement les comportements et d'en finir, avant tout, avec ce populisme pernicieux qui a caractérisé [la droite] durant les deux dernières années d'opposition au gouvernement Zapatero.


Quel score devrait atteindre Nicolas Sarkozy au premier tour pour espérer être réélu ?

Le président sortant est au coude à coude avec le candidat socialiste dans les sondages pour le premier tour. Il est néanmoins largement battu au second tour. Où trouver les trois ou quatre points qu'il lui manque pour dépasser les 50 % ? La réponse peut se trouver chez les abstentionnistes ou les électeurs de Marine Le Pen et François Bayrou.

Atlantico : Existe-t-il un score de premier tour en dessous duquel Nicolas Sarkozy ne devrait pas descendre sous peine de ne pouvoir prétendre être réélu au second tour ?

Guillaume Peltier : Si un chiffre symbolique suffisait pour gagner l'élection, ça se saurait. Plus important que le seuil, c'est le total à droite qui va être important. Le schéma idéal pour le candidat UMP serait d'obtenir 30% au premier tour et un total le plus important possible à droite. Avec un François Bayrou à 10% et une Marine Le Pen à 18, la gauche ne serait alors sans doute qu'à 42-43 points au premier tour. Mais il y a une telle volatilité dans l'électorat, notamment chez les challengers Marine Le Pen, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, qu'il est très compliqué d'avoir une idée définitive.
Jérôme Fourquet : L'histoire des élections présidentielles montre que l'issue du second tour n'est pas forcément dicté par les scores du premier tour. Tout dépend de la dynamique de l'entre deux tours, mais surtout des réserves de voix potentielles et du rapport de force gauche/droite qui se dessine à la fin du premier tour.
En 1981, Valérie Giscard-d'Estaing est arrivé en tête du premier tour avec 28,3% des voix, ce qui ne l'a pas empêché d'être battu. A l’inverse, en 1995, Jacques Chirac arrive en deuxième position avec 20,8% des voix, contre 23% pour Lionel Jospin, mais il est élu, car il a des réserves de voix du côté d'Edouard Balladur (19%) et Jean-Marie Le Pen (15%). Ce qui est compliqué pour Nicolas Sarkozy, c'est que même avec un score de premier tour plutôt bon, de l'ordre de 28%, il lui manque 3-4 points au deuxième tour pour atteindre la barre des 50%.

Les instituts de sondage ont mesuré le report des voix des électeurs de François Bayrou et Marine Le Pen pour Nicolas Sarkozy en cas d'un second tour entre le candidat UMP et François Hollande. Si on les additionne, à quelle part correspondent-ils ? 

Jérôme Fourquet : 45% des électeurs du Front National veulent se reporter sur Nicolas Sarkozy, 20% sur François Hollande et 35% veulent s'abstenir. On peut donc dire que deux tiers des électeurs frontistes qui se déplaceront voteront Sarkozy. Cela fait une marche de progression correcte.
Un autre paramètre important est l'abstention au premier tour : selon nos études, 30% des électeurs ne veulent pas aller voter. L'UMP doit donc rallier les électeurs frontistes ou centristes, mais aussi faire croître le nombre de votants qui se situent à droite, mais ne veulent pas aujourd'hui se déplacer. Selon nos dernières enquêtes, 27% des sympathisants de l'UMP veulent ne pas aller voter au premier tour. C'est énorme. Mais là encore, difficile de trancher : on peut se dire que s'ils se déplaçaient, ils voteraient pour Sarkozy, cependant s'ils ne le font pas, c'est peut-être aussi à cause de lui...
Guillaume Peltier : Les électeurs de François Bayrou se divisent en trois tiers à peu près égaux au second tour : vote Hollande, vote Sarkozy ou abstention. Or, on sait que ce dernier tiers d'abstentionnistes va se réduire lorsqu'il s'agira de mettre le bulletin dans l'urne. L'enjeu clef pour l'UMP, c'est qu'une bonne partie de ce dernier tiers finisse par se prononcer pour Nicolas Sarkozy. Dans nos études qualitatives, ils nous disent : « nous ne voulons pas nous positionner, mais si nous irions voter, notre préférence irait à Sarkozy ».
Pour ce qui est du vote Marine Le Pen, on a 40% d'électeurs qui disent vouloir voter Sarkozy au second tour, 20 Hollande et 40% d'abstention. Il faudrait que ces abstentionnistes passent de 40 à 20% et votent pour Nicolas Sarkozy.

Le taux d'abstention est donc la clef de l'élection ?

Guillaume Peltier : On estime que 25 à 30% du corps électoral refuse de se prononcer pour le second tour, soit 8 à 10 millions de Français : c'est une masse difficile à analyser. Mais si on analyse les votants de premier tour de François Bayrou ou Marine Le Pen, on en trouve 20% pour chacun qui ont une sensibilité de droite, mais ne veulent pas voter au second tour. Au total, cela fait potentiellement 5,5 points en plus pour Nicolas Sarkozy. Si on les ajoute aux scores qu'il obtient aujourd'hui, c'est largement suffisant pour remporter le second tour.
Jérôme Fourquet : Le conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, propose comme stratégie de puiser dans l'électorat de Marine le Pen qui veut s'abstenir au second tour. Ce n'est pas saugrenu. Il entend leur signifier dire qu'avec Hollande, il y aura des régularisations massives, le droit de vote des étrangers, et que même s'ils n'aiment pas Sarkozy, il faut voter pour lui pour préserver leurs valeurs. Ces 35-40 % d'électeurs frontistes qui ne veulent pas voter au second tour ne le font pas parce qu'ils pensent que Sarkozy et Hollande, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Toute la stratégie entre les deux tours sera donc de montrer que ce n'est pas le cas et qu'ils ont beaucoup à perdre si la gauche gagne. Le but est de diviser par deux ces abstentionnistes et de les faire voter pour Sarkozy.

Ne serait-il pas plus simple pour Nicolas Sarkozy d'augmenter son score de 3% dès le premier tour pour combler son retard, plutôt que de tabler sur les abstentionnistes ?

Jérôme Fourquet : Si au lieu d'être à 28-29% au 1er tour, il est à 32 car il a siphonné une partie de l'électorat de Marine Le Pen, il aura commencé à grignoter ses réserves de voix, et arrivera donc au même point au second tour. A moins de jouer sur un effet d'optique : en ayant asséché Marine Le Pen au premier tour et fait un bon score, il pourrait jouer sur la carte du rassemblement et appeler à amplifier la dynamique au second tour.
Guillaume Peltier : Il est illusoire de croire qu'il est possible de capter tous ces électeurs au 1er tour. Mais, s'approcher de la barre de 30% peut largement suffire, à condition que les autres indicateurs soient au vert : un écart fort au premier tour avec Hollande, pour créer une dynamique, le taux de participation, le report des voix... En 2007, Sarkozy a fait 31,1% au premier tour et a gagné avec 53%. François Bayrou (18%) et Jean-Marie Le Pen (10%) faisaient 28%. Aujourd'hui, Marine Le Pen est à 16-17% et Bayrou à 10%, l'étiage reste donc sensiblement le même.


SACRÉE MARTINE !!

"Je n'ai pas connaissance de cas de personnes portant la burka dans ma ville de Lille, raconte Martine Aubry .
On en a juste vu deux. 
C'était à Roubaix, et encore on ne sait pas s'il ne s'agit pas en réalité de la même personne, vu que le visage était, bien sûr, couvert.

EH BIEN C'EST PIERRE DUBOIS QUI DOIT ÊTRE CONTENT !!

En banlieue de la République


C'est la « séquence banlieues » de la présidentielle. Le 1er avril, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche tenaient meeting à Grigny. En fin de semaine, François Hollande effectuait son marathon entre Vaux- en-Velin et la banlieue parisienne après un détour à Creil. Et hier, Nicolas Sarkozy, faisait donc une visite surprise à Drancy, en Seine-Saint-Denis. Occasion pour le président-candidat de tacler François Hollande et la gauche, accusés de n'avoir « jamais investi un centime dans les banlieues », au contraire de son gouvernement... Une mauvaise querelle (d'autant que le fameux plan banlieues porté par Fadela Amara après 2007 s'est avéré nettement plus modeste qu'annoncé), car, en trente ans de « politique de la ville », droite et gauche au pouvoir ne sont pas mieux parvenues à sortir les zones défavorisées de leur dépression et à faire disparaître les « ghettos ». À ces difficultés concrètes à faire évoluer la réalité économique et sociale, s'ajoute une méconnaissance de ces banlieues de la République, trop souvent pensées dans une logique d'instrumentalisation sécuritaire. La discrétion de la visite-éclair du candidat de l'UMP, hier, s'expliquait d'ailleurs aussi peut- être par la persistance dans les mémoires de l'épisode du « Kärcher » de 2005, qui avait rendu l'ex-ministre de l'Intérieur personna non grata dans les quartiers... Faut-il donc que les banlieues s'embrasent, comme en 2005, pour que le sujet s'impose dans le champ de la présidentielle suivante ? Cette fois, tout laisse à penser qu'il restera encore à la marge. Et c'est aussi dans ces territoires que l'abstention risque d'être la plus forte.

La cour de l’usine se vide 


Pendant la campagne présidentielle, le déclin industriel continue. Les statistiques de février sont en trompe-l’œil : officiellement la production industrielle est à la hausse de 0,3 %. Quand on y regarde de près, le seul chiffre résolument positif porte cependant sur la consommation de gaz et d’électricité. Et celle-ci a augmenté non parce que les usines auraient monté en régime, mais parce qu’il a fait… très froid. Accessoirement aussi parce que le prix du gaz ne cesse de grimper.
Les autres indicateurs sont tous à l’orange ou au rouge vif, et la désindustrialisation en est directement responsable. Les produits de raffinage par exemple, chutent de 13 % en trois mois, à cause de l’arrêt de la raffinerie de Petit-Couronne, près de Rouen. La chimie, le caoutchouc, les équipements électriques, les produits informatiques, électroniques et optiques sont à la peine. N’en jetez plus, la cour de l’usine… se vide.
Voilà qui ramène à de plus justes proportions les grands discours des candidats. En 2007 déjà, Nicolas Sarkozy proclamait que notre pays « doit garder ses usines » et personne n’aurait osé prétendre le contraire. Le président sortant n’est d’ailleurs pas resté inactif pendant son mandat. Il a convoqué en 2009 des « états généraux de l’industrie » qui ont accouché de divers gadgets, comme un « Observatoire du fabriqué en France » et une « Semaine de l’industrie » dont la deuxième édition s’est achevée le 25 mars dernier. Nicolas Sarkozy a également lancé un grand emprunt pour favoriser les investissements innovants et a supprimé la taxe professionnelle qui grevait les finances des entreprises. Sans effets visibles.
Il faut dire que pendant ce temps, l’État, qui est actionnaire de Renault à hauteur de 15 % n’a pas empêché l’ancienne Régie nationale d’investir massivement à l’étranger, d’où elle réimporte la grande majorité des voitures qu’elle vend en France. Sous la pression de Bruxelles, la politique a cédé le pas à l’économie, et il est à craindre que les effets d’annonce continuent à l’avenir, quel que soit le président qui sera élu. Le « patriotisme industriel » de François Hollande, le « Produire français » de François Bayrou, le « Produire en France » de Nicolas Sarkozy sonnent agréablement aux oreilles des électeurs. Mais ils ne font pas bon ménage avec le libéralisme débridé qui est de mise à la Commission européenne.

Diversité 


Le temps est venu de la campagne officielle, qui met les candidats sur un pied d’égalité : mêmes panneaux devant les mairies, même durée de clip à la télévision… Egalité de façade, bien sûr, car il est des candidats plus égaux que d’autres dans la campagne, et surtout les médias. Normal, s’il s’agit de tenir compte de l’audience : Nicolas Sarkozy fera toujours plus de téléspectateurs et d’électeurs que Nicolas Dupont-Aignan. Mais pas normal, quand l’inégalité résulte de considérations bien moins avouables. Voyez Eva Joly, objet permanent d’un traitement de défaveur : une femme, déjà âgée, sans diplôme de sciences po, avec accent étranger, idées et lunettes vertes – ça fait beaucoup, beaucoup trop pour le microcosme parisien régi par des conservateurs, comme les musées. Il faudra un jour lui expliquer, au microcosme, que la biodiversité est vitale également en politique.

Jeunes et désenchantés


Quel est l'avenir d'un pays dont la jeunesse ne croit plus, pour une grande partie d'entre elle, en un projet collectif ? Ainsi que le démontrent plusieurs enquêtes, les jeunes auraient l'intention de s'abstenir massivement ou de protester en votant pour les extrêmes. Autrement dit, les « partis de gouvernement » seraient ultraminoritaires chez les moins de 22 ans.
La crise est la première explication de cette défiance. Le diplôme n'est plus une garantie d'ascension sociale ni même une assurance antichômage ; les stages remplacent trop souvent les vrais postes ; les CDD retardent l'obtention d'un vrai contrat ; l'emploi est à peine mieux récompensé que le chômage ; et la perspective de devoir se sacrifier pour rembourser la dette des générations précédentes et pour payer des retraites toujours plus faibles ne fait pas rêver.
Le malaise touche davantage la petite classe moyenne - les filles et fils de commerçants et d'artisans, les non diplômés - convaincue, avant même d'entrer dans la vie active, qu'elle va végéter éternellement et qu'elle n'a pas prise sur son avenir, sauf à renverser la table.
Les partis traditionnels ont peu la cote. Même François Hollande, qui a pourtant fait de la jeunesse le coeur de son projet - éducation, emplois jeunes, contrats de génération... - serait devancé par Marine Le Pen et concurrencé par Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote. Dans cette catégorie, la perte de confiance serait également très forte pour Nicolas Sarkozy.
Les jeunes ne croient pas que leur avenir passe par des mesures techniciennes. Le débat sur le permis de conduire, dont l'intention n'est pas nulle, reste une réponse si dérisoire pour les enfants de la crise ! Leur réaction indifférente montre bien que l'on ne les conquiert pas en en faisant une cible politique. Que l'on ne leur fait pas gober des programmes tièdes pour des potions miracle.
Dans l'intérêt croissant qu'ils portent au vote protestataire, il faut voir deux choses : d'une part, une manière de s'élever contre un système national et européen bloqué où l'on subit sans pouvoir agir ; d'autre part, le rêve d'une société juste et protectrice que quelques discours enflammés, à défaut d'être crédibles, parviennent à leur suggérer.
Il ne faut pas, pour autant, céder au jeunisme. Ils désirent changer le système politique ? Ils sont les premiers à s'en écarter, préférant l'isolement du dialogue singulier avec leur ordinateur plutôt que la construction d'un futur en commun. Ils critiquent la surmédiatisation de la politique ? Ils sont les premiers à « twitter » ou à « facebooker » pour tourner les candidats en dérision. Ils sont tentés d'essayer autre chose ? Mais que savent-ils des idéologies ou des impasses de certains projets ? Ils se veulent en dehors du système ? Mais ont-ils complètement conscience que s'abstenir, c'est offrir son pouvoir à l'autre ?
À l'espérance soulevée par l'élection de 2007 répond la désillusion de 2012. Et au désenchantement de 2012 répond déjà une sourde inquiétude : on ne construit pas un avenir avec une jeunesse qui ne croit pas plus que ça à la nécessité d'apprendre, de travailler, d'inventer, d'oser, de s'engager. Il y a quelque chose d'explosif dans cette résignation.

Le moindre pire est l’ami du mal !

Si le mieux est l’ennemi du bien, surtout en politique, ne pourrait-on pas inférer à l’inverse – selon la distinction rappelée dans notre numéro de mercredi dernier entre moindre mal et moindre pire – que le moindre pire est l’ami du mal (autrement dit enclin au pire) ? A la différence du (vrai) moindre mal (le « meilleur possible », selon le P. Garrigue) qui demeure l’ami du bien en voulant inverser la tendance perverse du mal vers le pire. Vérification par les faits dans l’histoire politique récente de ce principe plus simple qu’il en a l’air.
N’est-ce pas ce qui explique depuis des lustres pourquoi le vote dit « utile »« droite »), auquel participent de nombreux catholiques, au nom d’un (faux) moindre mal (confondu avec le moindre pire), ne permet jamais à cette droite de faire une bonne politique contre la gauche ?
Comme on a l’exemple célèbre du latin pour démasquer les intentions néomodernistes des protagonistes de Vatican II, nous avons l’exemple déterminant de l’« IVG », « inventé » par la « droite » Giscard-Chirac-Veil, pour dénoncer les intentions foncièrement gauchistes de cette fausse droite. Sur tous les grands sujets moraux et politiques dits « de société » (divorce, contraception, avortement, bioéthique, pacs, homophilie, euthanasie, mondialisme…) ne finit-elle pas toujours, cette droite courbe, par rejoindre les positions subversives et transgressives de la gauche, allant même parfois jusqu’à la précéder (comme dans le cas historique de l’« IVG ») ?
N’est-elle pas même allée, cette droite fictive, jusqu’à se sacrifier électoralement dans un passé récent, en rejetant « toute alliance » avec le moindre mal authentique que représentait le Front national (qui proposait justement de renverser le déclin au sujet des fameux points « non négociables » de Benoît XVI), dévoilant pour le coup le leurre de la prétendue bipolarisation (qui rejaillit artificiellement à chaque élection pour le partage des places) ? De la « bande des Quatre » à l’« UMPS » contre le Front national, le choix de ladite droite va toujours vers le pire : « pas d’ennemi à gauche », selon la praxis dialectique dictée par le marxisme léniniste stalino-trotskiste. L’on constate encore, avec Sarkozy (qui refuse toujours cette alliance malgré une « lepénisation » intermittente de son discours) comment sa prétendue ouverture s’est orientée exclusivement à gauche, et avec quels gauchistes, du genre Frédéric Mitterrand !
Ainsi, nous l’avons déjà expliqué (cf. Sous le signe d’Antigone aux éditions Contretemps de Renaissance catholique), la droite piégée et piégeuse a toujours fait le jeu de la gauche, dans une infernale machine à perdre du bien commun. Sous prétexte d’éviter le pire, elle a en fait proposé et imposé son ami le moindre pire en dissuadant notamment bon nombre de catholiques et d’hommes de bonne volonté de choisir d’emblée le moindre mal au premier tour. Affaiblissant, marginalisant et pénalisant du coup ce camp du moindre mal, ami du bien, elle a évidemment empêché toute éventualité d’un redressement moral et politique. Elle a en somme empêché dialectiquement ce qui aurait dû être sa vocation : réaliser un « pas d’ennemi à droite » bien compris, qui est au « pas d’ennemi à gauche » ce que la contre-révolution est à la Révolution : « non pas une révolution contraire mais le contraire de la Révolution » !
Et c’est là justement où les trois points « non négociables » de Benoît XVI (vie, famille, liberté d’éducation) peuvent nous redonner une boussole politique, sans écarter pour autant les autres réalités cardinales attachées à la raison complexe du bien commun national avec ses paramètres essentiels que sont la souveraineté, l’économie, l’immigration, etc. Mais précisément, si ces principes « métapolitiques » (relatifs à la loi naturelle) sont politiquement « non négociables », c’est qu’ils priment la loi civile, touchant vitalement au bien commun temporel, subordonnant ostensiblement à leur « Nord » le légitime et prudentiel « politique d’abord ». Le Saint-Père ne nous demande-t-il pas à travers ces trois principes de reconsidérer notre comportement politique dans la cité jusque dans le vote démocratique ? Pour que nous ne soyons plus autant de petits Créon démocrates qui s’ignorent, repoussant l’appel prophétique d’Antigone. Oui, si le mieux est l’ennemi du bien en politique, la raison maligne du moindre pire n’a-t-elle pas été trop souvent l’alliée objective du pire, à la différence du vrai moindre mal ? Ne nous bouchons pas les yeux !

A Besançon, Hollande conteste pied à pied tous les angles d'attaque du camp Sarkozy

"Je suis prêt", a assuré François Hollande. "Prêt à gagner l'élection présidentielle, prêt à présider la France, prêt à transformer notre pays, à changer concrètement la vie de nos concitoyens", a développé le candidat socialiste, mardi 10 avril au soir, en meeting à Besançon. "Prêt", surtout, à s'en prendre dans les grandes largeurs à Nicolas Sarkozy, au bilan et à la campagne duquel il a consacré la quasi-totalité de son discours.
Le député de Corrèze a prévenu : "Je ne tomberai pas dans le piège grossier qui m'est tendu, me jeter dans une mêlée confuse, un pugilat obscur." Pour autant, le candidat tenait à se "faire justice de toutes ces outrances, ces confusions, ces polémiques" à ses yeux fomentées par le camp présidentiel. Et, avec verve, l'a fait savoir.
"JE VEUX GARDER CETTE PROXIMITÉ"
"Quel bonheur, je peux vous le confier, de pouvoir circuler sans CRS, sans barrière, sans protection, dans tous les quartiers, dans toutes les villes", a ironisé François Hollande, quelques heures après une visite de Nicolas Sarkozy à Drancy, en référence aux difficultés éprouvées par le président lors de ses visites en banlieue.

Manque que le chapeau et.....c'est Tonton
Le candidat socialiste l'a promis : "Si demain je suis le président de la République, je veux garder cette proximité, cette capacité à parler à mes compatriotes sans entrave, sans limite ni protocole." Feu à volonté, donc. Tous azimuts. "Je serai le chef de l'Etat, responsable de ce que je ferai et sans avoir besoin d'un statut pour être protégé", a enchaîné M. Hollande, évoquant implicitement les affaires. Avant de s'attacher à déconstruire pied à pied les attaques du camp présidentiel : "Il prend avec la vérité une liberté sans limite, au point qu'à ce niveau c'est de la licence", a raillé le candidat socialiste.
D'humeur badine, François Hollande a détaillé son argumentaire : "Il serait le président protecteur. Mais de qui ? Des ouvriers ? Il a laissé disparaître 400 000 emplois industriels. Des agriculteurs ? Une exploitation disparaît toutes les deux heures. Des jeunes ? Leur taux de chômage atteint 25 %. Des fonctionnaires ? Ils ont tout à craindre. Des familles ? Ils perdent chaque mois un peu plus de pouvoir d'achat." Et de conclure : "Les seuls que le président a protégés, ce sont les puissants, les rentiers, les fortunés", a-t-il résumé.
"ACCUMULATION DE CONTREVÉRITÉS"
Si la bataille bat son plein, c'est en mode vérification des dires. "Je ne laisserai rien passer. Je ne laisserai pas faire cette accumulation de contrevérités", a prévenu M. Hollande. Au chapitre de la fiscalité : "Le voilà qui annonce que mon élection conduirait à davantage d'impôts pour les Français [...]. Mais c'est impossible ! Il en a créé 41 impôts, depuis cinq ans."
Sur la dégradation de la compétitivité : "Celui qui est responsable de la perte du triple A vient nous donner des leçons de gestion sur les finances publiques, l'économie, la compétitivité." Sur l'immigration, enfin : "Je l'ai entendu dire et répéter que je veux une régularisation massive de tous les sans-papiers alors que je n'ai parlé que de régularisation au cas par cas. Sous son autorité, 200 000 nouveaux immigrés sont arrivés chaque année dans notre pays."
Contestant pied à pied tous les angles d'attaque du président, le candidat socialiste s'est aussi placé sur le terrain du caractère : "Le choix ce sera non seulement entre deux styles. Pas simplement entre deux personnalités ! Je suis prêt à assumer la comparaison y compris pour la constance, y compris pour la capacité à décider. On l'avait dit bling-bling. Il est surtout zig-zag !"
Discours de combat, donc, en conclusion duquel, en référence à la "vague" annoncée dans le Journal du dimanche par M. Sarkozy, François Hollande a répliqué : "Dimanche, il annonçait qu'il sentait monter la vague. Moi aussi. Je la sens monter la vague, la vague de l'indignation, de l'exaspération, de la colère, celle du peuple qui n'en peut plus. Et cette vague, elle monte depuis cinq ans, d'année en année", a attaqué le candidat socialiste, qui a évoqué "la vague du changement qui arrive. Et si vous en décidez, rien ne pourra l'arrêter".
LE "JE" TOUJOURS AUSSI PRÉSENT, LE CLONE DE MITTERRAND SE DIT PRÊT À GAGNER, PRÊT À PRÉSIDER, MAIS IL NE DIT PAS QU'IL EST PRÊT À 
 GOUVERNER !!