TOUT EST DIT

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mardi 9 octobre 2012

Internet, agitateur de la distribution

Internet, agitateur de la distribution 


La vente de la Fnac, de La Redoute et « accessoirement » du VertBaudet et de Cyrillus, deux autres belles marques grand public, sont-elles pour aujourd'hui ou pour demain ?
Une certitude : le groupe PPR, dans le droit fil des cessions des magasins Printemps, en 2006 et Conforama, en 2011, se prépare à prendre la porte de sortie du commerce populaire par excellence. Pas sur un coup de tête, mais dans le cadre d'une stratégie de croissance assumée et engagée de longue date. Scission, introduction en Bourse ? Ce n'est pas encore défini. Reste que la Fnac, peu rentable, est à vendre depuis quatre ans. Et que jusqu'ici, personne n'en a voulu.
Le recentrage sur le luxe du propriétaire des griffes Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent est-il condamnable, à l'heure où des salariés du groupe s'inquiètent déjà, non sans raison, pour leur avenir ? Il souligne en tout cas avec force un virage et une volonté d'adaptation aux mutations en cours. La révolution du e-commerce bouscule désormais toute la chaîne de distribution. Du commerce traditionnel de proximité aux grands noms du secteur qui ont fait la réputation du « bien consommer » à la française. Elle menace un certain art de vivre vu sur catalogue à domicile pendant des décennies ; un savoir-faire ancestral, distillé à base de conseils éclairés, mais à l'efficacité aujourd'hui discutable. Changement de culture ? Assurément.
Le monde à l'envers ?
Dans un univers globalisé, la Fnac, agitateur de curiosité à bout de souffle, est un symbole. Un as de la distribution plombé par le progrès. Un leader à forte identité devenu, petit à petit, une enseigne de la grande distribution (presque) comme les autres, dans un secteur dynamité par Internet. La dématérialisation croissante des produits a été synonyme de casse des circuits de distribution. Regardez le disque, le DVD. Vous les trouvez en ligne. Le livre ? Le processus est à son tour enclenché avec l'explosion des liseuses. Quant aux écrans plats, aux ordinateurs classiques, ils sont banalisés, boudés par des clients contraints à des arbitrages financiers et tournés à fond vers l'e-mobilité.
Comment être performant dans ce contexte quand, à l'étranger, vos concurrents directs réduisent la toile ou tombent purement et simplement en faillite ? Voilà pourquoi PPR met le pied sur l'accélérateur de cette opération, dans l'espoir de récupérer 500 millions d'euros. De quoi investir ailleurs, aller chercher la croissance là où elle se trouve. Sur le terrain de LVMH, l'autre géant mondial du luxe à la française.
Car un autre match se joue en arrière-plan. Entre les Pinault et les Arnault. Deux groupes à l'appétit féroce, prêts à se rendre coup pour coup afin de répondre à la demande en flèche d'une clientèle internationale qui en pince pour les produits français rares, chers et bons. Ce qui est bon pour nos exportations en ces temps de disette.
Céder des activités en déclin, dont les biens viennent d'Asie, pour créer du business rentable avec des biens français envoyés en Chine, au Brésil ou en Russie ? C'est aussi la morale de l'histoire, à l'heure où les pays émergents et leurs millionnaires décomplexés tirent leur épingle du jeu en dépensant leur fortune dans une France corsetée, en panne de croissance et au bord de l'austérité. Question : notre monde se serait-il mis à tourner à l'envers ?

Le terrorisme, menace intérieure

Le terrorisme, menace intérieure 


Le démantèlement, samedi, d'une cellule islamiste radicale est venu brusquement rappeler à l'opinion publique une évidence pour les services de renseignement. La France vit sous la menace terroriste, constamment. Une menace protéiforme, qui désormais vient autant de l'intérieur que de l'extérieur de l'Hexagone. Une menace qui vise particulièrement la communauté juive. Une menace qui pèse sur la sécurité et, de façon encore plus insidieuse, sur le vivre ensemble, dans une société française qui ne sait plus toujours comment appréhender, à sa juste mesure, le facteur religieux.
Cette année, deux épisodes marquants viennent de lever le voile sur l'entité de la menace intérieure. L'affaire Mohamed Merah, en mars, à Toulouse, dont les ressorts sont loin d'avoir été éclaircis, et celle de Jérémie Louis-Sidney mort, samedi, à Strasbourg durant un échange de coups de feu avec la police. Ces deux cas confirment, si besoin était, que le risque terroriste n'est plus seulement importé. « Il s'agit de réseaux qui sont dans nos quartiers, il s'agit de Français convertis, de Français musulmans », a déclaré, hier, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur. Les onze suspects mis en garde à vue dans la nuit de samedi à dimanche sont, effectivement, tous français.
Comme toujours avec le terrorisme, le pouvoir de nuisance est asymétrique. Inversement proportionnel au nombre d'individus directement impliqués. Les spécialistes chiffrent à environ deux cents le nombre de personnes susceptibles de passer à l'action terroriste. Les enquêteurs surveillent ces réseaux comme le lait sur le feu. Cela exige des moyens policiers, mais cela n'épuise pas toutes les questions soulevées par cette violence récurrente.
S'interroger
Comment les thèses salafistes trouvent-elles un terrain si perméable ? Comment expliquer que, le 15 septembre, des dizaines de manifestants aient pu scander des slogans antisémites sous les fenêtres de l'Élysée et de l'ambassade américaine ? Si, en mars, la campagne électorale avait étouffé, par crainte de dérives, un tel débat, le moment est sans doute venu de s'interroger plus activement. Notamment sur l'état de nos prisons (où le délinquant bascule irrémédiablement dans le terrorisme), de nos cités qui voient les quinquennats défiler sans réel changement, du système éducatif.
Depuis janvier, plus de cent actes violents à caractère antisémite ont été perpétrés sur le territoire, selon le Service de protection de la communauté juive. On comprend la colère et l'inquiétude de ses représentants. Tout comme l'incompréhension des musulmans de France qui se sentent en porte-à-faux. Avec, d'un côté, la conviction que leur religion est prise en otage par les terroristes, de l'autre, que les mots pour dénoncer cet amalgame sont durs à trouver dans un pays autant sécularisé. Surtout quand certains politiques jettent de l'huile sur le feu.
Opportunément, François Hollande a consulté, hier, les représentants juifs et musulmans pour oeuvrer de concert et faire tomber la fièvre. C'est d'autant plus nécessaire que cette menace de l'intérieur n'est pas vraiment coupée de celle qui vise, directement, les intérêts français à l'étranger. Avec cinq Français toujours retenus en otage au Sahel, Paris est une cible de choix pour Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique). Et pour les réseaux salafistes qui propagent leurs thèses sur Internet, en quête d'âmes fragiles.

Fnac, la fin du mythe

Le groupe PPR devrait annoncer le processus de cession de son pôle distribution au sommet duquel trône la Fnac. Il y a six mois, Acteurs de l'Economie produisait une radiographie de l'enseigne en proie à un mal social, managérial, culturel profond. Une radiographie qui reste aujourd'hui plus que jamais d'actualité. Etat des lieux d'une mutation identitaire que les nouveaux propriétaires devront apprivoiser et juguler s'ils veulent restaurer la santé économique, vacillante, de l'entreprise bientôt cinquantenaire. En présentant le 13 janvier 2012 son plan d'économie, drastique, le Pdg Alexandre Bompard conditionnait à "l'aggravation de la crise économique" et simultanément à la "forte diminution de la consommation des ménages" l'origine du mal qui frappait la Fnac. Des causes conjoncturelles indiscutables, qui n'épargnent aucune enseigne du secteur des produits techniques et électroniques et surgit après les douloureux aggiornamenti provoqués par l'irruption d'internet dans le secteur des produits éditoriaux -téléchargement de la musique, bouleversement du e-commerce, apparition de nouveaux concurrents (Amazon). Suffisent-elles pour autant à circonscrire l'exhaustivité des raisons de l'infection? Certes non. Car d'autres, cette fois endogènes et d'ordres social, managérial, et culturel, se juxtaposent, éclairent complémentairement la situation. Et interrogent l'identité même de l'établissement: que reste-t-il d'une marque que l'histoire si particulière a rendue emblématique, singulière, et même affective?
Le virage stratégique que la direction de la Fnac a engagé (lire par ailleurs), par la double nécessité d'épouser les mutations, radicales, du secteur et d'habiller l'enseigne de séduisants atours avant une cession annoncée depuis plusieurs mois, se heurte à un corps social atypique. Morcelé. Et clivé. Des vendeurs éditoriaux spécialisés, parfois très diplômés, longtemps recrutés pour leur connaissance et leur passion des produits, cantonnés aux rayons ad hoc, tour à tour disponibles -autorisés à conseiller pendant une demi-heure l'achat d'un album- et désagréables avec la clientèle... "Aussi riches que difficiles à manager", sourit un ancien directeur de magasin. Une culture de la contestation et de l'indépendance qui se manifesta autant dans la dynamique de dialogue, la proximité managériale, la vigueur des revendications et des organisations syndicales -ces dernières historiquement "chouchoutées"- que dans le rejet des pratiques traditionnelles (soldes, promotions, expositions en vitrines) de la grande distribution. Bref, une identité forte, héritée des fondateurs "révolutionnaires" Max Théret et André Essel, et qui, nonobstant une lente mais incompressible édulcoration, demeura longtemps une réalité.
Chapelles
Cette confortable compartimentation, que le faible turn over et concomitamment une pyramide des âges élevée ont cimentée, ne pouvait toutefois guère durer. Le corps social apparaît désormais fracturé. Face à face: les "historiques", nostalgiques, attachés à leur enseigne, idéologiquement rétifs à certains bouleversements -polyvalence des tâches au nom de laquelle il leur est demandé de changer de rayon, de faire évoluer leur métier, de commercialiser les services (extensions de garanties, assurances... productrices de marges) ou d'encaisser les achats. "On n'est pas rentré à la Fnac pour vendre des cartes d'adhérents et placer des assurances", peste Jean-Paul Marchall, délégué syndical SUD de l'établissement Lyon Bellecour-, campés dans leurs chapelles; et une jeune génération, issue du renouvellement des équipes, davantage ouverte à la relation clients, à la pluri-disciplinarité, et au décloisonnement, plus disponible, mais aussi, regrette-t-on dans le camp opposé, versatile, instable, "consommatrice" d'une enseigne à laquelle peu d'entre eux s'identifient. "Cette génération des 25-35 ans a intégré la précarité dans sa trajectoire de vie. Son rapport à l'entreprise s'inscrit dans une telle logique, synonyme de distanciation, aussi d'adhésion et d'appartenance amoindries", détaille le directeur d'un magasin rhônalpin. "Qu'ont donc en commun le vendeur référent de disques de hard rock et celui d'abonnements téléphoniques?, questionne un ancien directeur. Que partagent-ils? Tout, de l'âge à l'état d'esprit, des objectifs de vente aux techniques commerciales, les sépare".
Carrefour
L'affrontement et la fracture intergénérationnels sont donc une réalité, concèdent des salariés. Lesquels, résument à l'unisson Jean-Paul Marchall et un cadre dirigeant, souffrent moins des exigences nouvelles en matière d'exercice professionnel que du "profond" déficit de formation censée les escorter dans une adaptation reconnue inéluctable et même salvatrice mais qui, chez les plus irréductibles d'entre eux, éveille peurs et résistances. Affrontement, et ainsi délitement accéléré d'une culture que l'origine et le parcours des dirigeants actuels participent à modifier. L'ascenseur professionnel et social, longtemps clé de voûte du système managérial, grâce auquel recruté simple vendeur on accédait aux directions de magasin et de région, s'est progressivement effacé au profit d'une génération de managers issus de la grande distribution -au directeur général Enrique Martinez nommé à ce poste en février dernier à la directrice des ressources humaines Dominique Brard et à des responsables des échelons subordonnés, nombre d'entre eux ont œuvré dans les rayons de Carrefour- et donc formés à des méthodes alternatives. Voire antithétiques...
Déresponsabilisation
Ces méthodes sont bien sûr commerciales. Elles sont aussi de nature organisationnelle, managériale et sociale, et embrassent une "dictature du chiffre, du contrôle, et de la rentabilité immédiate" dont vendeurs comme directeurs de magasins fustigent la violence des répercussions. Au premier rang desquelles se sont imposées une normatisation, une uniformisation et une hypercentralisation des responsabilités, qui ont dépossédé ces directeurs d'une partie de leurs prérogatives et leur ont soustrait une autonomie décisionnelle, une dynamique participative et collaborative -au-dessus et en-dessous d'eux- qui particularisaient le fonctionnement de chaque strate. Accolées à l'insuffisance des compétences managériales des échelons intermédiaires, à un volume inédit de reportings, et à des cadences ou à une multiplicité de tâches jugées "asphyxiantes" par l'ancien secrétaire du CE de l'établissement Bellecour, Jean-Pierre Barbosa, l'ossature organisationnelle apparaît vacillante. "Le siège a eu raison de vouloir réhabiliter son autorité et son leadership auprès de magasins qui pouvaient confondre autonomie et indépendance. Mais il n'a pas su doser ce rééquilibrage, examine un ancien directeur, "débarqué" sur un parking de supermarché après dix années de responsabilité régionale. "Exit le patron de PME qu'était chaque directeur". "Peut-on s'étonner alors d'un étiolement de sens, de motivation, de prise d'initiative parmi les collaborateurs?", s'interroge un directeur.
Destabilisation
Autres manifestations, selon ses détracteurs, de cette révolution "culturo-managériale": une considération de "moins en moins humaine" des relations hiérarchiques, et des méthodes, des outils de pilotage, des indicateurs d'évaluation eux-mêmes "rigides", "insidieux". "Ces pratiques, irrationnelles, pour certaines machiavéliques et "border line" au plan éthique, je les subis et dois les faire subir. Quand l'exigence, évidente et saine, de rentabilité outrepasse l'acceptable au point de détériorer l'exercice managérial et d'affecter l'"aventure humaine" que constitue un magasin, je dis stop", confie un directeur, lui-même "victime" d'un directeur de région aux pratiques si "humiliantes" et "culpabilisantes", in fine si "destructrices" qu'il a perdu "confiance", "repères", et ne "tient qu'à coups d'anti-dépresseurs". "Pour être reconnu et progresser dans le groupe, hier il fallait être un manager, prendre des initiatives, se démarquer; dorénavant il faut être calculateur, cynique, politique, assujetti". "Nous sommes abîmés, poursuit-il. Comment alors, donner de soi-même et réclamer des salariés, le meilleur?". Quelque autre directeur de magasin, après dix-sept ans de collaboration, classé "archaïque" par sa hiérarchie, évincé "comme un chien" et "sans aucun motif ni aucune explication", et alors précipité dans des limbes introspectives et déstabilisatrices, se remémore les étapes de sa reconstruction. Et remercie son interlocuteur des vertus cathartiques de ce témoignage. Un autre directeur, toujours en fonction, constate l'évaporation des valeurs originelles, ne "reconnaît plus l'entreprise" qu'il a intégrée, au point de s'y considérer "en fin de parcours". "Les cas de dépression et d'arrêts de travail se multiplient", assure-on aussi bien au CHSCT qu'à la direction de magasins. Et tous de se tourner, toutefois avec la prudence et la pudeur extrêmes qu'exige l'appréhension du cas, vers la mémoire du directeur du magasin de Clermont-Ferrand, Laurent Charasse, disparu en juin 2011. Dans un message d'adieu précédant son suicide, il mettait en cause sa hiérarchie, l'existence de "listes noires" d'employés, et les conditions de sa mutation depuis Aix-en-Provence par la faute de laquelle il ne put accompagner "jusqu'au bout un ami malade" qui mourra peu de temps après son arrivée en Auvergne.
Dépersonnalisation
Désormais, assurent des cadres, l'intérêt des hommes et celui de l'entreprise, qui pendant plusieurs décennies étaient subtilement agglomérés, sont disjoints. Résultat? Un climat «sombre», une inquiétude pour l'avenir sécrétrice de repli et, observe un responsable syndical, de "désinvestissement individuel, de démission passive". La réorganisation de la fonction RH, l'une des principales affectées par le plan de suppression d'emplois dans les magasins, et le développement des petites surfaces qui font appel à un personnel exigu typé "opérationnel" et "vendeur", devraient favoriser la mutation. Ce contexte et les effets de la transformation socio-culturelle semblent si profonds que même le triple épouvantail que forment l'identité "caricaturalement capitaliste" du propriétaire François-Henri Pinault, la vente programmée aveuglément, et l'"exemple", socialement éruptif, de la vente de Planète Saturn à Boulanger, ne semble plus affecter le personnel. "Les salariés le savent : ils sont des pions dans un système qui leur échappe. Ils sont, à l'égard de la politique dirigeante, dans une peur et une méfiance qui interrogent pragmatiquement leur quotidien. Alors, de savoir à qui ils rendront des comptes demain...", résume un cadre. "La direction a tout cassé", fulmine Cécile Chareyre, secrétaire du CHSCT du magasin Bellecour. A force d'employer des méthodes ainsi vitupérées, ladite direction aurait-elle atteint son objectif : dépersonnifier l'entreprise, c'est-à-dire la dépersonnaliser, la déshabiller de ses particularismes sociologiques, lui conférer une malléabilité et une docilité sociales à même de la rendre plus attractive auprès de repreneurs? L'impression, extraite des témoignages, est troublante: ce qui façonna en interne l'identité sociale et en externe la réputation de l'enseigne -fidélité, expertise et engagement des salariés, management "humain" et collaboratif, politiques salariales généreuses- semble désormais érigé en obstacle.
S'adapter
Que reste-t-il en 2012 de l'ADN originel inoculé par le tandem trotzkyste en 1954? De "peu" à "rien", les confessions témoignent des contradictions face auxquelles la direction est écartelée. Comment continuer d'affirmer une identité singulière quand la réalité est, résume un directeur, si "éloignée" que le particularisme affectif a déserté non seulement le corps social "mais aussi les clients"? "La Fnac n'est plus la même. Elle est devenue une enseigne de la grande distribution (presque) comme les autres, déplorent d'actuels et anciens directeurs. Ce qui fit sa renommée différenciante est en train de mourir". Alors que la vision stratégique et le cap définis par Alexandre Bompard ne souffrent guère de contestation, la résignation face à l'inéluctable s'est emparée des esprits. Le terreau dans lequel a prospéré son singulier développement n'est plus fertile. "Mais n'est-ce pas à l'image de la société et du monde en général? Ne nous leurrons pas: la Fnac d'hier n'est plus compatible avec la réalité du business". Ni avec les injonctions structurelles comme conjoncturelles d'un secteur et d'un marché en profonde mutation. Et elle doit s'adapter à des comportements consuméristes qui, eux aussi, se sont métamorphosé sous l'effet du e-commerce : pressés par le temps, cibles d'une multitude de canaux d'information, élevés au biberon du décloisonnement, happés par de nouveaux modes de lecture ou d'écoute, les clients réclament-ils le même type de conseil qu'autrefois? Certes, non.
Course
Le rêve d'entreprise démocratique s'est définitivement éteint. Reste, pour les salariés, à l'admettre. Et pour la direction à le reconnaître et à l'assumer. "Ce n'est plus comme avant? Mais heureusement !", tempère le directeur d'un établissement du sud-ouest. "Se remettre en cause, changer nos comportements, faire évoluer nos mentalités vers une meilleure appréhension du client et donc pour de meilleurs résultats, est-ce mal?", corrobore un responsable SAV et logistique.
Ces derniers mois, le programme d'économies et de suppressions d'emplois a été déployé et le plan stratégique Fnac 2015 est monté en puissance. La décision de cession totale ou partielle, que devrait annoncer PPR de manière imminente, ne remet pas en cause la course contre la montre dans laquelle les salariés sont engagés. Laquelle "ne sera gagnée qu'à la condition que les collaborateurs soient responsabilisés, considérés, et ainsi embarqués vers un dessein collectif. Les plus beaux projets n'ont aucune perspective si les salariés ne s'y sentent pas concrètement associés", affirme un directeur installé dans le sud-ouest. L'avenir de l'entreprise demeure conditionné au rapport de force que la dynamique de redimensionnement et de revitalisation devra remporter sur les restrictions, l'amertume, les inquiétudes, les désinvestissements que l'application du programme de sauvetage ne manque pas de nourrir. Cela, quel(s) que soi(en)t le(s) visage(s) du ou des nouveaux propriétaires.

L’Europe, pas assez bien pour les Français

Le traité budgétaire européen sera voté mardi 9 octobre à l’Assemblée nationale. Mais que propose Paris pour réformer l'Union ? Rien, ou si peu, preuve du provincialisme d'une classe politique trop gâtée, selon une journaliste française en poste à Bruxelles.

Le débat sur le traité budgétaire en France a déjà fait une victime : sa réputation de stratège européen. Personne en Europe ne peut plus avoir de doutes : la France n'a pas de “grand dessein”, pas de “plan secret” pour jeter les bases d'un nouveau “deal” politique et institutionnel européen conciliant l'économie sociale de marché et les contraintes d'une mondialisation darwinienne. Un deal d'autant plus nécessaire que les solutions adoptées depuis quatre ans ont poussé à leur point de résistance ultime l'architecture existante et malmené les principes démocratiques. Bien sûr, la France va “faire des propositions” , a annoncé le Premier ministre, avant le Conseil européen des 17 et 18 octobre, qui sera probablement le premier d'une longue série consacrée à la réforme de l'Union. Mais on les imagine déjà d'une extrême prudence et d'un pragmatisme radical tant il va falloir concilier de sensibilités différentes. On peut donc craindre qu'elles soient décalées par rapport au débat déjà lancé à Bruxelles et Berlin.
Le président du Conseil européen Herman van Rompuy distille depuis des semaines son idée de “budget de la zone euro”. Le principe d'une modification du traité sur l'Union est pratiquement acquis, ne serait-ce que pour y intégrer, comme prévu en 2018, le fonds européen de 500 milliards d'euros qui doit voir le jour ces jours-ci. Le gouvernement allemand s'est déjà dit prêt à organiser un référendum en république fédérale si les changements qui seront proposés supposaient de retoucher sa sacro-sainte constitution. Qu'est-ce qui explique donc la pusillanimité de Paris ? Il y a à cela toutes sortes de raisons politiques, toutes sortes de réserves légitimes qui tournent autour de l'ADN libéral de la Commission européenne ou encore du principe même de la supranationalité, un débat aussi ancien que la première des communautés européennes.

Familiarité de l'Olympe parisien 

Mais qu'il soit permis ici d'ajouter une hypothèse à cette liste. Est-ce qu'il n'y aurait pas dans cette évaporation de la voix française quelque chose d'autre : un mélange de flemme, de provincialisme, d'orgueil et de complaisance ? Est-ce qu'il n'y aurait pas en somme aussi de très mauvaises raisons à cette paralysie d'une grande partie de l'élite politique française devant le fait européen ? Des raisons qui seraient assez bien résumées par cette expression allemande mêlant l'ironie et l'envie : “Heureux comme Dieu en France !” Nos dirigeants politiques sont des dieux répugnant à quitter leur Olympe parisien au point de déserter en masse les rangs du Parlement européen au moment des législatives françaises. C'est tellement plus sympa de déjeuner Chez Françoise, aux Invalides [restaurant du Tout-Paris politique], que dans un boui-boui bobo de la place du Luxembourg à Bruxelles ou – pire encore – au restaurant des députés que rien, à part les nappes blanches et le service à la place, ne distingue de la cantine du personnel.
Pourquoi quitter le terrain bien balisé des débats hexagonaux où chacun a sa place : souverainiste, gaulliste de gauche ou de droite, socialiste euro-critique, etc. Pourquoi s'exposer au grand vent de la concurrence européenne, affronter l'étrangeté du libéralisme d'un socialiste scandinave ou du juridisme d'un Allemand, quand on peut rester dans un référentiel idéologique connu ? Pourquoi s'obliger à communiquer dans cet étrange idiome qu'est l'anglais de Bruxelles quand on parle la plus belle langue du monde ? Pourquoi, en somme, s'ennuyer à faire l'Europe quand on est si bien chez soi ?

Grillades bien de chez nous

Hélas, la transformation de l'Union européenne en instrument d'”intégration solidaire”, comme l'appelle de ses vœux le président Hollande, ne peut se faire qu'au prix du renoncement à un certain confort national. Il ne s'agit pas de dénationaliser la politique, mais d'intégrer dans le débat et dans la réflexion les paradigmes des autres Européens pour sceller ces compromis historiques féconds qui ont permis le marché commun ou la monnaie unique. Les universitaires, les dirigeants d'entreprise ont appris depuis un moment déjà à se familiariser avec les aléas, les servitudes mais aussi les opportunités d'un monde aux frontières évanescentes, plus international, plus anglophone. Il n'est jusqu'à l'ouvrier posté sur sa chaîne de montage à qui on explique : “Mais vous comprenez, Monsieur, la concurrence chinoise...”. La corporation politique reste, elle, profondément nationale, sinon nationaliste. Bien sûr, il y a en Belgique des Flamands qui rêvent d'habiter un pays monolingue où il faudrait passer un test de langue pour pouvoir acheter un terrain. Mais est-on obligé de partager leur rêve de grillades bien de chez nous ?
Le spectacle des déchirements internes à la gauche témoigne avant tout d'un désarroi devant cette chose étrange qu'est l'Union européenne. Il confirme le constat amer fait par l'ancienne présidente du Mouvement européen Sylvie Goulard, aujourd'hui députée européenne, qui écrivait en 2007 : “Ces dernières années, “l'Europe” au sens d'une communauté d'hommes solidaires n'a plus été faite “. Plus faite, car plus pensée et en politique, réflexion et action vont ensemble. Sous l'ancienne majorité, comme sous l'actuelle, la crise a montré que Paris n'était simplement pas prête.
Ici, la comparaison avec l'Allemagne, qui pousse depuis 2009 pour un large débat sur les finalités de l'Union et réclame désormais ouvertement une Convention à laquelle elle se prépare, est une fois de plus cruelle. La mécanique de la crise a fait advenir précisément ce que toute la construction européenne visait à éviter : placer l'Allemagne au centre du jeu européen, dans une position objectivement dominante. Pour ceux qui vivent sur l'Olympe, c'est peut-être une perspective que l'on peut contempler sereinement. Mais pas pour nous, simples mortels.

6000 policiers mobilisés pour la visite de Merkel en Grèce

Les autorités redoutent un accueil explosif de la chancelière allemande, ce mardi. Le dispositif de sécurité sera le plus important depuis la venue de Bill Clinton à Athènes, il y a treize ans.

À moins de vingt-quatre heures de l'arrivée d'Angela Merkel à Athènes, le dispositif de sécurité des Grecs est prêt: pas moins de 6000 policiers mobilisés - du Raid grec aux commandos de tireurs d'élite en passant par la brigade antiémeute -, 300 garde-côtes, avec hommes-grenouilles et bateaux de toute dimension, un hélicoptère et trois ambulances. La Grèce n'avait pas connu un tel déploiement depuis la visite de Bill Clinton en 1999.
Les autorités grecques veulent exclure tout débordement surprise. Il faut dire que, à la différence du président des États-Unis, les Grecs préparent un accueil explosif, mardi, à la chancelière allemande. À partir de midi, les grandes centrales syndicales et des dizaines d'organisations de travailleurs ont appelé à un arrêt de travail et à un rassemblement géant devant le Parlement, en plein cœur d'Athènes.

Un plan B élaboré

Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, parti de gauche radicale, a annoncé sa participation aux mouvements alors que Panos Kamenos, chef du parti des Grecs indépendants, appelle à encercler l'ambassade d'Allemagne. «C'est symbolique, mais il faut qu'Angela Merkel comprenne que nous en avons assez de son diktat sur l'Europe. Chaque heure, mille personnes perdent leur emploi ici. On va au casse-pipe!», explique Suzi, une militante du Syriza.
De l'Acropole au Parlement, ce lundi, la capitale grecque est déjà quadrillée et la circulation déviée, au grand dam des Athéniens et des touristes. Un plan B, faisant passer la chancelière par la mer, au sud d'Athènes, a même été élaboré si les manifestants perturbent la visite éclair d'Angela Merkel.
Pas question donc de gâcher la venue d'une «amie» de la Grèce. Car, pour le gouvernement de coalition droite-gauche, dirigé par Antonis Samaras, il n'y a pas de doute: la chancelière Allemande, apporte, dans ses bagages, un message de soutien aux Grecs et la validation du versement de la tranche de 31,5 milliards d'euros, vitale au pays. Mais pour décrocher ce blanc-seing et éviter la faillite d'ici à la fin de novembre, le gouvernement doit d'abord verrouiller, en accord avec ses créanciers publics, une liste de mesures d'économies budgétaires d'un montant de 13,8 milliards d'euros, avant de la faire adopter par ses députés.
Takis Bratsos, analyste économique, y voit là une hypocrisie généralisée: «Avec une récession à 7,3%, le gouvernement fait fausse route dans son budget 2013. Ajouter la baisse des dépenses publiques à l'augmentation des recettes pour arriver au montant exigé par les créanciers, soit entre 14 et 16,5 milliards d'euros, est impossible.» L'économiste juge cette approche contradictoire. Il estime qu'il est inconcevable d'augmenter les recettes si le PIB et les salaires baissent.
Il n'empêche, Antonis Samaras, le premier ministre grec, veut croire que la roue tourne et que, à huit jours du sommet européen, le ton des créanciers publics du pays est en train de changer en faveur de la Grèce.

Le FMI revoit à la baisse sa prévision pour la France

Le Fonds monétaire international juge intenable l'objectif de déficit budgétaire français à 3 %.

Dans ses nouvelles perspectives économiques mondiales 2012 et 2013 publiées ce matin, le Fonds monétaire international a fortement revu à la baisse sa prévision pour la France. Le PIB français progressera d'à peine 0,2 % cette année, au lieu de 0,4 % envisagé en juillet dernier. Et surtout la croissance française ne devrait pas dépasser 0,4 % en 2013, ce qui signifie une révision à la baisse de 0,5 point.
Le FMI désavoue implicitement le scénario publié le 28 septembre dernier par le gouvernement, qui table sur une progression de 0,8 % du PIB l'an prochain. Ce chiffre que le ministre de l'Économie et des Finances, Pierre Moscovici, avait alors qualifié «de réaliste et de volontariste» semble surtout bien improbable aux yeux du FMI. De même les experts internationaux ne croient pas que la France sera en mesure de ramener à 3 % du PIB son déficit public en 2013.
Alors que les comptes consolidés de l'État, des collectivités locales et des organismes sociaux, seront déficitaires à hauteur de 4,7 % du PIB en 2012 selon eux, ce déséquilibre devrait atteindre encore 3,5 % l'an prochain. Soit 0,4 point de plus que ce que le FMI entrevoyait en avril dernier, lors de la publication de son Fiscal Monitor, qui examine à la loupe les comptes publics des principaux pays de la planète.
Le FMI se montre quelque peu dubitatif vis-à-vis de la politique budgétaire menée à Paris, avec d'un côté l'accent mis «d'abord sur les hausses de recettes fiscales», et ultérieurement «un changement vers plus de contrôle des dépenses à partir de 2014» note-t-il

Baisse de la croissance mondiale

Le tableau conjoncturel français que dressent les économistes de Washington, en ouverture des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale qui se tiennent cette semaine à Tokyo, n'est guère réjouissant. Le taux de chômage devrait passer de 10,1 % à 10,5 % de la population active, correspondant à une augmentation de l'ordre de 150.000 du nombre de demandeurs d'emploi. Par ailleurs nos comptes extérieurs ne devraient pas s'améliorer, le déficit de la balance des paiements courants se stabilisant à 1,7 % du PIB.
Le seul point positif pourrait être du côté des prix à la consommation, dont la hausse serait contenue à 1 % en 2013, après avoir atteint 1,9 % cette année. Cette bonne performance en soi serait la conséquence mécanique d'une activité économique manquant totalement de ressort, même si le FMI ne parle pas de récession à propos de la France ni de l'Allemagne.
En revanche la zone euro dans son ensemble devrait subir cette année une contraction de 0,4 % de son PIB, qui pourrait faire place à une très légère amélioration en 2013 (+ 0,2 %). La déprime de l'économie européenne constitue la principale explication de la révision à la baisse de la croissance mondiale dans son ensemble. Le FMI table désormais sur une progression de 3,3 % en 2012 et de 3,6 % en 2013 (au lieu de 3,5 % et 3,9 % précédemment).

Merkel veut apaiser les tensions avec la Grèce en se rendant à Athènes

Pour son premier voyage en Grèce depuis le début de la crise, la chancelière risque d'être chahutée, tant les relations entre les deux pays sont tendues.
Conspuée dans les manifestations ou lors du match de football Allemagne-Grèce de l'Euro 2012, caricaturée en Hitler dans la presse grecque, la chancelière Angela Merkel tentera, lors de sa visite mardi à Athènes, d'apaiser les tensions exacerbées entre les deux pays par la crise de la dette. Le voyage de Mme Merkel, le premier depuis le début de la crise, est un signe de "respect" et de "reconnaissance" pour le peuple grec, a estimé dimanche le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.

Ces mots d'apaisement suffiront-ils à panser les blessures des Grecs, soumis depuis trois ans à une cure d'austérité drastique et à une tutelle internationale de plus en plus serrée, dont ils rendent largement responsable l'austère chancelière allemande ? Les Grecs, dont les revenus fondent sous l'effet conjugué des coupes appliquées sur leurs salaires et retraites, et des hausses d'impôts, souffrent d'être qualifiés de menteurs, de fainéants et de voleurs dans la presse populaire allemande, alors que le seul résultat tangible pour eux de cette politique est une aggravation de la récession qui dure depuis cinq ans.
Une presse allemande déchaînée En Allemagne, la presse a volontiers joué la dramatisation. En tête, le journal le plus lu du pays, Bild, a ainsi lancé il y a deux ans une véritable campagne sur "la faillite grecque", plaidant pour une sortie de la zone euro du pays, accusé de pomper les ressources des Allemands. Certains gros titres ont été très violents: "Cliques, gangs familiaux, corruption, ainsi fonctionne le système grec", titrait le journal le 27 avril 2010. En octobre de la même année, il provoquait en lançant cet appel aux Grecs: "Vendez donc vos îles... et l'Acropole avec". "Si nous devons encore aider les Grecs avec des milliards d'euros, ils doivent donner quelque chose en échange".
En Grèce, lors des manifestations anti-austérité qui passent devant la Banque centrale, l'inscription Banque de Grèce est régulièrement taguée et remplacée par l'expression "Banque de Merkel". Se sont également réveillées en Grèce, dans un pays où la résistance face aux nazis a été farouche et où la population a particulièrement souffert des privations, de vieilles revendications de remboursement d'un emprunt nazi obligatoire. Même le chef de la task force européenne - chargé d'épauler Athènes dans la mise en place de son redressement budgétaire et moins impopulaire que la troïka (UE-BCE-FMI), qui exige sans cesse un renforcement de l'austérité -, l'Allemand Horst Reichenbach, a fait les frais du sentiment anti-allemand, son véhicule et son domicile ayant été vandalisés, une action revendiquée par un groupe grec appelé "Les amies de Loukanikos", à Potsdam (nord-est) en mai.
L'été dernier, les Allemands ont eu tendance à bouder la Grèce selon les voyagistes, après des mois de tensions et malgré les efforts de la Commission européenne qui a financé des séjours de journalistes grecs dans le pays de Kant, et de journalistes allemands dans celui de Platon. Devant un risque réel de voir le pays quitter l'euro, ce qui affecterait lourdement les exportateurs allemands, le ton a cependant commencé à changer depuis l'accession au pouvoir d'Antonis Samaras, qui, comme la chancelière, appartient à la famille conservatrice.
Un début d'accalmie?
Le centre d'Athènes paralysé par Merkel
En Allemagne, Bild s'est fait moins radical, consacrant même, à l'occasion de la visite de M. Samaras à Berlin, des reportages aux difficultés des Grecs face à l'austérité tandis qu'Angela Merkel multipliait les déclarations de sollicitude. "Mon coeur saigne", a-t-elle notamment dit, à propos des sacrifices imposés au peuple grec. Conscients des tensions, les dirigeants allemands rappellent constamment que les décisions visant la Grèce ne leur appartiennent pas en propre, qu'elles sont le fruit d'un travail collégial. Dimanche, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a rappelé que le voyage de la chancelière n'avait pas pour objectif d'évoquer "ce sur quoi la troïka doit se prononcer".
Mais la crise intensifie aussi certains liens: le marché du travail allemand attire les jeunes Grecs diplômés et polyglottes désireux de quitter un pays où plus de 50% des moins de 25 ans sont au chômage. Au premier trimestre 2012, l'institut Goethe qui dispense des cours d'allemand a accru ses effectifs de 50% en Grèce. Et le nombre d'immigrés en Allemagne en provenance de Grèce en 2011 avait déjà progressé de 90% par rapport à 2010. Mais l'équilibre de la relation germano-grecque reste fragile, d'autant que la troïka et notamment le FMI, inquiet de la soutenabilité de la dette grecque à terme, insistent pour la poursuite d'efforts d'austérité drastiques, alors que la Grèce, où le parti neo-nazi Aube dorée est en pleine forme dans les sondages, réclame quatre ans pour les mener à bien au lieu de deux.
Dans une ville sous haute surveillance policière, des manifestations anti-austérité sont prévues pendant le séjour de Mme Merkel à Athènes à l'appel des syndicats et de la gauche radicale.

Les grosses ficelles de Jean-François Copé

Les grosses ficelles de Jean-François Copé


Après sa sortie sur le « racisme anti-Blancs », Jean-François Copé a lancé de nouveau un énorme pavé dans la « chorba » sur les terres où le Front national réalise de très bons scores (plus de 25 % pour Marine Le Pen aux dernières présidentielles loin devant Hollande).
Au premier jour de la campagne officielle pour l‘élection à la présidence de l’UMP, le député maire de Meaux, partisan d’une « droite décomplexée », a choisi de parler du ramadan. Le problème avec les apparatchiks de l’UMP comme Copé, c’est que, comme ils n’ont pas de convictions dans ce domaine et qu’ils ne croient pas eux-mêmes à ce qu’ils disent, ils ne font qu’une mauvaise paraphrase de ce que nous annonçons et dénonçons depuis trente ans dans Présent. La grosse différence c’est qu’eux, pendant ces trente années-là, ont été les principaux acteurs ou les complices actifs de la politique qui a amené la situation qu’ils dénoncent aujourd’hui :
« Il est des quartiers où je peux comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan», a déclaré Copé lors de son meeting.
« Plus ses chances sont minces plus les ficelles électoralistes de Copé sont épaisses », a ironisé le vice-président du Front national, Florian Philippot. Avant d’ajouter : « derrière, aucune envie sincère de régler les problèmes. Copé me semble dans un sacré pétrin électoral ».
Jean-François Copé avait déjà évoqué le cas de collégiens « à qui on arrache leur goûter » pour cause de ramadan dans son livre-programme Manifeste pour une droite décomplexée. Mais la phrase était passée inaperçue. Vendredi, Copé a tout fait pour la faire entendre. En retransmettant son meeting en direct sur internet, puis en reprenant la phrase sur son compte Twitter.
«Jusqu’où ira Jean-François Copé?», s’interrogeait samedi SOS Racisme en qualifiant de « grotesques » les propos du candidat à la présidence de l’UMP. « C’est pathétique, le ramadan a eu lieu cette année en août, c’est-à-dire hors période scolaire, Jean-François Copé est vraiment prêt à tout pour gagner. »
Le témoignage d’un autre Jean-François
Il y a bien plus intéressant que ces petites phrases opportunistes de la part de politicards qui veulent retrouver leurs postes et leurs prébendes. Comme le témoignage vécu et la réflexion profonde et utile de Jean-François Chemain, professeur en ZEP et auteur de Kiffe la France (Via Romana) qui a constaté en tant qu’enseignant de banlieue combien les petits Français d’origine sont imprégnés par l’islam ambiant. Pensant couramment par exemple qu’on n’a pas le droit de manger de porc…
Dans son livre, Jean-François Chemain raconte l’incroyable chronique de l’islam des collèges qui prospère sur l’inculture et la haine. Il décrit le temps passé à juguler les éruptions de «?fierté exacerbée, de préjugés ressassés, de frustration collectivement confite » dès qu’il est question de l’expansion musulmane, des apports de la civilisation grecque, de l’empire ottoman ou de la Palestine… Il y a ceux qui sont « pressés d’étudier les nazis », parce qu’ils «?n’aiment pas les Juifs?», ceux qui hurlent « C’est de la discrimination ! » quand on les sort du cours, et les petits provocateurs qui demandent?: « Pourquoi on n’a jamais cours le lundi de Pâques???»
« Dans mon collège de banlieue, témoigne Jean-François Chemain, une large majorité des élèves porte un patronyme arabe assorti, comme il se doit, d’un prénom musulman. Il faut y ajouter les Turcs et les élèves originaires d’Afrique noire, quasiment tous musulmans. Rien d’original à cela. Ce qui l’est plus, c’est le nombre de noms européens accolés à des prénoms musulmans, tels Ibrahim Dupont, Djamila Martinelli, Youssef Lopez ou encore Mohamed Schmitt (…) L’inverse est aussi fréquent, même si moins visible : on distingue moins aisément les enfants issus d’un père musulman et d’une mère chrétienne, car alors il n’y a plus la moindre trace, dans leur identité, de la partie chrétienne. Cela va bien plus loin qu’un prénom sur une carte d’identité. J’observe que ces élèves issus de mariage mixtes, même s’ils se sont soldés par une rupture, se définissent comme purement musulmans. La jeune Da Silva, élève de 4e, m’annonce que “bien sûr” elle va fêter l’Aïd et être absente le lendemain. Le petit Schmitt, en 6e, se présente comme “arabe” et, lorsque je lui fais remarquer qu’il a aussi des origines alsaciennes dont personne avant moi ne lui a jamais parlé, il se vexe et me demande de ne plus les évoquer. Il rêve d’être pâtissier, pour faire des pâtisseries orientales, bien sûr. Quant à Kristina Duval, de 3e, elle a porté le survêtement de l’équipe algérienne durant toute la coupe du monde de football. On pourrait multiplier les exemples. »
La France, s’interroge Jean-François Chemain, qu’est-ce qu’on leur en a dit et montré pour qu’ils nourrissent à son égard tant de mépris et de ressentiment ?
Chemain met en parallèle les discours de ses élèves – qui sont d’abord des adolescents abandonnés à eux-mêmes – et cette France qui transpire la haine de soi. Dès l’IUFM, avec la déconstruction systématique du récit national, la traque aux dernières miettes de « bonne conscience nationale », sur fond d’« antichristianisme radical et prêt à tout ». Dans des manuels scolaires qui entretiennent à tour de pages la culpabilité (colonisation, esclavage, etc.). Dans les nouveaux programmes d’Histoire qui escamotent Clovis, François Ier, Louis XIV et Napoléon…
L’urgence politique ne concerne pas seulement le renfort de policiers et de profs dans les quartiers-ghettos, évidemment, mais commence par le rétablissement d’un peu de vérité, là où abondent les clichés, les mensonges, les manipulations et les reniements.

Berlin exprime son "respect" pour les réformes de la Grèce

Le gouvernement allemand a exprimé son "respect" lundi pour les réformes mises en oeuvre par la Grèce contre la crise financière, à la veille d'une visite de la chancelière Angela Merkel à Athènes.
"Ce sont des mesures, qui méritent notre respect et nous savons qu'elles sont mises en place seulement au prix de durs sacrifices", a déclaré Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement, lors d'un point presse régulier. Il a notamment cité comme exemple le fait que la Grèce était déjà parvenue à fortement réduire son déficit public, passant en deux ans "de 11% du produit intérieur brut (PIB) à 2,5%" et à diminuer son coût du travail de plus de 10%. Pour la première fois depuis le début de la crise de la zone euro, Angela Merkel se rendra mardi à Athènes, où elle doit rencontrer le président grec, Carolos Papoulias, ainsi que le Premier ministre, Antonis Samaras. La chancelière "va en Grèce pour exprimer son soutien au gouvernement grec pour les réformes ambitieuses" qu'il a déjà ou va mettre en oeuvre, a répété Steffen Seibert qui avait déjà fait passer ce message vendredi. Angela Merkel et Antonis Samaras auront "une discussion complète sur la situation en Grèce et son avancée sur la voie des réformes", a-t-il ajouté. Dans une ville sous haute surveillance policière, des manifestations anti-austérité sont prévues pendant le séjour de Mme Merkel à Athènes à l'appel des syndicats et de la gauche radicale. Quelque 6.500 policiers ont été mobilisés dans un dispositif policier identique à celui utilisé en 1999 lors d'une visite controversée du président américain de l'époque, Bill Clinton, selon la police. "L'Europe traverse une vraie crise existentielle. (...) Et c'est un bon signe quand les chefs d'Etat se rendent visite" pour discuter, a estimé le porte-parole du gouvernement allemand. (PVO)

Le FMI abaisse les prévisions de croissance de la France

Le Fonds monétaire international (FMI) a publié, lundi 8 octobre, ses perspectives économiques dans lesquelles il revoit notamment à la baisse les prévisions de croissance pour la France en 2012 et en 2013. Le PIB de la France devrait progresser de 0,1 % en 2012, contre 0,3% attendu en juillet, et de 0,4 % en 2013, deux fois moins que prévu cet été. 
Ces chiffres sont bien inférieures aux prévisions de croissance du gouvernement, qui table sur 0,3 % de croissance du PIB pour 2012 et 0,8 % en 2013, soit les chiffres du FMI cet été. Le projet de budget de 2013, présenté fin septembre, est basé sur une hypothèse de croissance de 0,8 %, à partir de laquelle a été calculé l'effort fiscal et budgétaire supplémentaire de 30 milliards d'euros. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault veut faire reculer le déficit public à 3 % du PIB fin 2013 contre 4,5 % attendus cette année.
L'incapable faraud
L'organisme international prévoit un taux de chômage de 10, 1% en 2012 et de 10,5 % en 2013 en France. L'inflation annuelle moyenne, de 2,1 % en 2011, devrait être de 1,9 % cette année et décroître nettement à 1,0 % en 2013.
"CHOC DE COMPÉTITIVITÉ"
Afin de redresser la situation, le FMI recommande à la France de mener des politiques conduisant à une meilleure compétitivité du pays. "Parmi les grandes économies de la zone euro, des politiques qui conduiraient à une demande intérieure plus élevée en Allemagne et à une compétitivité plus forte en France, en Italie et en Espagne seraient bénéfiques", déclare-t-il. L'ancien président d'EADS, Louis Gallois, a été chargé par le gouvernement d'une mission sur la compétitivité et doit remettre à ce sujet un rapport le 5 novembre. Le gouvernement compte se baser sur ce rapport pour provoquer ce qu'il appelle un "choc de compétitivité".
La baisse des prévisions pour la France n'est pas isolée, puisque le FMI prévoit une récession de 0,4 % en 2012, contre 0,3 % en juillet, et une légère croissance en 2013 (+0,2 %, contre 0,7 % en juillet) dans la zone euro. Et le chômage frapperait 11,2 % puis 11,5 % de la population active. "La crise de la zone euro s'est aggravée en dépit des décisions politiques visant à la résoudre", constate le FMI, évoquant des indicateurs qui "restent dans le rouge (...) ce qui suggère que la faiblesse se répand de la périphérie vers l'ensemble de la zone euro", touchant tous les pays, y compris l'Allemagne. Au niveau mondial, le FMI a de nouveau abaissé ses prévisions à 3,3 % de croissance en 2012 (contre 3,5 %) et à 3,6 % en 2013 (contre 3,9 %).