Vendredi matin 29 juin, les auditeurs des radios matinales prenaient
connaissance du résultat des activités nocturnes des vingt-sept chefs
d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne réunis à Bruxelles pour
un sommet estimé « crucial » par la plupart des observateurs. L’euro et,
au delà, l’ensemble de la construction édifiée au cours des soixante
dernières années allaient-ils survivre à la crise des dettes souveraines
qui ébranle l’Espagne et l’Italie, après la Grèce, le Portugal et
quelques autres ? Dans les jours précédant le sommet, un vent de
panique, déclenché par quelques éditoriaux de la presse anglo-saxonne,
soufflait sur le Vieux continent. A les entendre, l’euro serait déjà
mort, et la réunion de Bruxelles ne serait qu’un simulacre destiné à
éviter un « bank run » des épargnants désireux de sauver leur magot.
Le principal hebdomadaire allemand, Der Spiegel titrait, en
couverture, « Quand l’Euro s’effondrera » avec, comme illustration, une
pièce de 1€ côté face dépourvue de tout symbole renvoyant à son lieu
d’émission. On ne manquait pas d’arguments pour fonder cet
europessimisme : la crise bancaire espagnole serait un trop gros morceau
à avaler par la zone euro, l’intransigeance d’Angela Merkel sur le
volet « solidarité » de l’harmonisation fiscale et budgétaire des pays
membres de cette zone et le rejet par les opinions publiques des
transferts de souveraineté vers Bruxelles conduisaient droit à l’échec
des négociations des 28 et 29 juin. Les Cassandre allaient même jusqu’à
rappeler que ce sommet s’ouvrait le jour du 98ème anniversaire de
l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, dont on
connaît les conséquences…
Vendredi matin, au contraire, on nageait en pleine euphorie :
l’accord conclu au petit matin par les 27 renvoyait tous les prophètes
de malheur dans leur coin sombre. L’Italie et l’Espagne avaient réussi à
faire céder l’Allemagne en obtenant que le mécanisme européen de
stabilité (MES) puisse financer directement les banques des pays soumis à
la pression des marchés financiers et respectant leurs engagements
relatif à l’assainissement de leurs finances publiques. Le plan de
relance de 130 milliards d’euros était adopté dans la foulée, permettant
à François Hollande de sortir la tête haute (du moins en apparence) de
l’affrontement qu’il avait engagé avec la chancelière allemande. Les «
eurobéats » triomphaient sans la moindre modestie, la palme de
l’hyperbole revenant une fois de plus à Bernard Guetta de France Inter,
regrettant qu’il n’existât pas sur notre continent un nouveau Victor
Hugo capable de célébrer par des vers immortels cette avancée décisive
vers l’Europe fédérale. Les marchés financiers, soulignent les mêmes, ne
s’y sont d’ailleurs pas trompés, en saluant l’accord de Bruxelles par
une hausse significative des bourses européennes et une remontée du
cours de l’euro face aux principales devises mondiales.
Qu’en est-il exactement ? A-t-on procédé à un nouveau rafistolage
dans l’urgence ou écrit le premier acte d’une mutation de l’UE vers un
système fédéral à l’image de celui en vigueur en Allemagne et aux
Etats-Unis ? Avant de tenter de répondre à ces questions, saluons
d’abord l’habileté tactique de Mario Monti et Mariano Rajoy qui ont
conditionné leur adoption du plan de relance à l’acceptation préalable
par l’Allemagne et ses alliés de la possibilité pour les banques en
difficultés de se refinancer directement auprès du MES, ce qui hérisse
le poil de Mme Merkel. Si elle a été obligé de craquer, c’est parce que
la ratification par le Bundestag du pacte budgétaire européen (la mise
sous surveillance par l’UE des budgets nationaux) exige la majorité des
deux tiers, donc l’approbation des sociaux-démocrates. Or le SPD fait
de l’approbation du plan de relance la condition de son vote favorable
au pacte budgétaire. Mais la chancelière n’en a pas pour autant levé son
opposition à toute garantie automatique des dettes publiques des pays
européens avant que le gendarme financier de la zone euro n’ait été mis
en place. Elle n’a tout simplement pas confiance et s’avance même
jusqu’à affirmer que « de son vivant » on ne verrait pas
d’euro-obligations assurer aux pays du « Club med » des conditions de
crédit comparables à celle dont bénéficie aujourd’hui la République
fédérale. Comme elle est âgée de 58 ans et que l’espérance de vie des
femmes allemandes est de 83 ans en moyenne, cela laisse pas mal de temps
aux marchés financiers pour tourmenter les pays de la zone euro
incapables de faire adopter à leurs sociétés les comportements
germaniques. Angela Merkel vient d’ailleurs d’être sèchement rappelée à
l’ordre dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, bible des
milieux d’affaires outre-Rhin, pour qui le compromis de Bruxelles est «
une attaque contre l’épargnant allemand », car celui-ci, au travers de
l’Union bancaire qui doit voir le jour au sein de l’UE, se portera
garant des dépôts des cigales méridionales. Une fois ratifié le pacte
budgétaire, la chancelière entrera en campagne électorale face à une
opinion publique réticente devant tout ce qui peut ressembler à une
caution solidaire de ses partenaires.
L’union politique » proposée par Merkel, et que Le Monde
presse François Hollande d’accepter, se limite à la constitution d’un
conseil de discipline, alors que ses partenaires rêvent pour de
l’avènement d’une Société de secours mutuels continentale à l’image de
celles qui engendrèrent, aux XIXème siècle, l’essor du syndicalisme
ouvrier. Et comme l’a montré Gil Mihaely,
c’est s’illusionner de penser que les sociaux-démocrates allemands,
s’ils revenaient au pouvoir, adopteraient une ligne radicalement
différente. Personne en France n’a remarqué la proposition faite par la
Finlande à l’ouverture du sommet de Bruxelles. Les pays du Sud ont du
mal à se financer à des taux raisonnables sur le marché ? Eh bien qu’ils
émettent des emprunts hypothécaires gagés sur le patrimoine national ou
les entreprises publiques ! Si on avait appliqué cette recette à la
Grèce, la Deutsche Bank serait peut-être aujourd’hui propriétaire du
Parthénon et BNP-Paribas aurait hérité de Mykonos comme village de
vacances pour son comité d’entreprise… Or les Finlandais sont réputés
pour oser dire tout haut, car cela ne prête pas trop aux conséquences,
ce que les Allemands pensent tout bas.
Alors gageons qu’à l’euphorie d’aujourd’hui succèdera bientôt une
nouvelle déprime. Car l’Europe est devenu le malade bipolaire d’un monde
multipolaire.
vendredi 29 juin 2012
L’Europe bipolaire
Bienvenue en Normalie !
La gauche reprend la politique de Sarkozy mais nous rejoue le grand air des valeurs
Hypocrite comme un journaliste. Ou comme un politologue. Ou comme un
élu. Il était assez amusant, le 18 juin, d’entendre les invités d’Yves
Calvi sur France 2 commenter le tweetgate avec des accents de vierges
éplorées. De Florian Philippot, lieutenant de Marine Le Pen, à Vanessa
Schneider, journaliste au Monde, en passant par Dominique
Reynié, politologue et débiteur d’affirmations qui ne mangent pas de
pain, ce fut un festival de mines outrées et de grands mots.
Comme chacun sait, et comme cela fut abondamment répété, ces histoires
d’alcôve n’intéressent pas nos concitoyens. Comme dirait Audrey Pulvar,
faudrait pas me prendre pour un jambon ! Ce serait donc par pur
masochisme que Le Monde a consacré trois pages à la tragédie politico-amoureuse du Président normal, et que tous les hebdos (à l’exception de Paris Match…)
ont changé leur « une » in extremis ? « Les Français, osa encore la
consœur, ne supportent pas ce mélange public privé. » Je ne sais pas
s’ils supportent, mais ils adorent.
Bien entendu, les estimables personnalités réunies sur le plateau se
sont, comme vous et moi et des millions de Français, passionnées pour le
duel de chipies qui a pimenté la bataille politique de La Rochelle.
Tout simplement parce que, depuis nos rois et reines jusqu’à Nicolas
Sarkozy, l’intrusion des passions dans la raison politique intrigue et
fascine. Sexe et pouvoir, c’est la grande affaire de l’humanité. Des
flots d’encre ayant coulé sous les ponts, on ne reviendra pas sur ce que
l’affaire nous a appris de la douceur féminine et de la personnalité de
la Première Girl Friend – qui, cherchant un nom pour sa non-fonction,
avait retenu, parmi toutes les propositions, « Atout Cœur » et «
Première Journaliste ». Et pourquoi pas Informator ? Cet édifiant
épisode jette en revanche un éclairage nouveau sur la normalité
présidentielle. Oui, François Hollande est normal, trop normal, comme
l’annonce notre « une », concoctée par François Miclo avec l’aimable
collaboration de Raymond Depardon.
Mais plus le Président répète, sur le mode de la dénégation, qu’il
n’est pas Nicolas Sarkozy, plus ce qu’il a en commun avec son
prédécesseur apparaît de façon éclatante : ces hommes radicalement
différents sont précisément des hommes normaux, peut-être même
ordinaires – si on veut être cruel comme Gérard Pussey, écrivain dont je
salue l’arrivée dans ce salon. Exceptionnellement doués sans doute,
courageux assurément, mais aussi lâches que n’importe lequel de leurs
congénères quand il s’agit d’affronter une larme, une bouderie ou une
colère de femme – et ne parlons pas de deux. Pour la résacralisation du
pouvoir, vous repasserez. Ou pas.
Si le Président est normal, le fond de l’air est désespérément banal.
On espérait une bataille d’idées entre la gauche Terra Nova,
multiculturelle et antifasciste, et la gauche républicaine attachée à la
nation. On dirait que, au moins dans les discours, la première a déjà
gagné et que nous sommes condamnés à revoir un film que nous connaissons
par cœur, sempiternelle variation sur un scénario éculé, Marine Le Pen
ayant simplement remplacé son père dans le rôle du Dr No. Pour le reste,
les mêmes injonctions moralisantes des valeureux résistants enfin
sortis de la clandestinité à laquelle la répression policière les avait
condamnés1,
les mêmes niaiseries sirupeuses, les mêmes listes d’idiots utiles et
d’alliés objectifs, les mêmes excommunications – et les mêmes médias,
qui trouveront dans ce vieux filon une précieuse opportunité de
reconversion de leur obsession sarkozyste – seront mobilisés en vue des
mêmes fins : renvoyer à la niche ces classes populaires qui résistent
avec entêtement aux joies de l’avenir radieux et sans frontières dans
lequel elles sont priées de disparaître.
Au PS comme à l’UMP on semble donc avoir fermé avec soulagement le livre du géographe Christophe Guilluy
sur les « fractures françaises », qui a fait office d’évangile pendant
ces quelques mois où personne n’avait de mots assez doux pour ces prolos
sans lesquels nul ne gagne une élection. Du reste, dans l’entretien
qu’il nous a accordé, Guilluy explique qu’après une présidentielle qui
avait mobilisé ces catégories, les législatives ont été une élection
sans le peuple. Retour à la normale : après avoir juré que cette fois on
les avait compris, on s’est empressé, une fois le dernier bureau de
vote fermé, de dénoncer leur esprit étroit, imperméable aux joies du
métissage.
Les commentateurs ont donc unanimement et bruyamment décrété que le
résultat des législatives confirmait l’échec de la « stratégie Buisson
». À les entendre, nous aurions subitement retrouvé nos « valeurs » que
ce salaud de Sarkozy avait cachées on ne sait où, sans doute dans le
même coffre que l’argent qu’il piquait aux pauvres pour le donner aux
riches. Maintenant qu’il a cessé de diviser les Français, nous pouvons à
nouveau nous aimer les uns les autres – il faudra le dire aux Parisiens
qui empruntent la ligne 1 aux heures de pointe, certains ne doivent pas
être au courant.
Les chers confrères vont un peu vite en besogne pour décréter que la «
droitisation ne paie pas » – sachant qu’ils qualifient de droitisation
toute tentative pour répondre aux angoisses exprimées par les classes
populaires sur l’immigration et la sécurité. Claude Guéant n’a pas été
défait par un tenant de la droite dite « humaniste » (l’humanisme en
question consistant paradoxalement à s’asseoir sur les attentes d’une
partie des citoyens), mais par un dissident mieux implanté que lui. Et
parmi les battus, figurent également François Goulard, Hervé de Charette
ou Laurent Hénart, qui ne sont pas, que l’on sache, des représentants
de la droite inhumaine et buissonnière.
En réalité, si on place à part l’ouest de la France, qui a peut-être
rejoint le camp de ceux qui imaginent pouvoir un jour faire partie des
gagnants de la mondialisation, on a plutôt l’impression que si la «
stratégie Buisson » a été sanctionnée, ce n’est pas à cause de Buisson,
mais parce qu’il était trop évident qu’il s’agissait d’une stratégie.
Convaincus que Nicolas Sarkozy, malgré ses discours musclés, ne ferait
pas mieux que François Hollande sur les terrains qui les préoccupent,
nombre d’électeurs se sont dit : « à tout prendre, autant avoir la
retraite à 60 ans. »
La gauche n’ayant aucun autre horizon à proposer que le
libre-échangisme et la réduction des déficits – c’est-à-dire la
politique menée par Sarkozy –, elle a tout intérêt à camper sur sa
supériorité morale. Aussi a-t-elle promptement commencé, notamment par
le truchement de Najet Vallaud-Belkacem, professionnelle du fronçage de
sourcil à visage humain, à déplorer la porosité, les passerelles, les
compromissions entre UMP et FN – l’inénarrable Olivier Ferrand de Terra
Nova ayant déjà dressé la liste des agents doubles, dans laquelle figure
évidemment votre servante, ainsi que les suspects habituels. À l’UMP,
certains, à commencer par Alain Juppé et François Fillon, ont compris
qu’ils tenaient là leur seule chance de faire passer une bataille de
chiffonniers pour un noble affrontement idéologique. Jambons, vous-mêmes
!
En vérité, on voit mal pourquoi il faudrait partager les valeurs du
Front national pour comprendre que son succès n’est pas dû à la
méchanceté ou au racisme des Français, mais au fait que beaucoup le
tiennent – à tort, à mon humble avis – pour le seul parti capable de
défendre avec fermeté ce qui leur importe : une justice qui condamne les
voyous, une immigration qui s’adapte à la tradition nationale, un
système social supporté par tous. Personne ne leur rendra confiance en
leur répétant qu’il faut aimer l’autre et que la différence est une
source de richesses. Dans ces conditions, comme le montre Daoud
Boughezala, il est absurde de poser en termes moraux et sentimentaux la
question d’une éventuelle et future alliance entre l’UMP et le FN.
Le jour où les électeurs frontistes auront la conviction que la
droite « classique » est capable d’entendre leurs inquiétudes et d’y
répondre, le Front national n’aura plus de raison d’exister (on l’a vu
en 2007). Et la gauche devra se trouver un nouvel épouvantail.
Malheureusement, il semble que ce ne soit pas pour demain. Bienvenue
dans le quinquennat anti-Le Pen.
Je rigole, mais fabriquer Marianne et Mediapart dans une cave, ce n’était pas marrant tous les jours. ↩
Vous connaissez la définition du football par l’avant-centre anglais Gary Lineker ? « Un jeu simple : 22 joueurs courent après un ballon et à la fin, les Allemands gagnent ». Ce n’est certes plus toujours vrai sur le gazon vert, mais ça le reste dans un sommet européen, qu’on pourrait ainsi définir : « Une négociation simple : 27 leaders courent après un accord et à la fin, Merkel gagne ». Notre Président, tout frais arrivé dans la haute compétition, espérait pourtant changer la règle. Bousculer la hiérarchie et tacler la Teutonne. Faire mieux, aussi, que nos footballeurs, fantômes errants de l’Euro. Notre Président aura au moins essayé, dans son style sans fioriture, sérieux et obstiné. Mais on ne défait pas une longue tradition en un seul match. Ce soir, n’en doutons pas, au coup de sifflet final du sommet, c’est la Mannschaft d’Angela qui chantera victoire – et fera des eurobonds de joie.
Mythes économiques : Tout investissement qui crée de l'emploi est bon pour l’économie
Mythe : Tout investissement qui crée des emplois est
forcément bon pour l’économie et la création de richesse. D’ailleurs, ce
sont les petites entreprises qui créent le plus d’emplois, il faut donc
que le gouvernement les privilégient.
out investissement qui crée des emplois est forcément bon pour
l’économie et la création de richesse. D’ailleurs, ce sont les petites
entreprises qui créent le plus d’emplois, il faut donc que le
gouvernement les privilégient.
Pour reprendre l’excellent exemple d’Igor Karbinovsky,
supposons que j’écris un article que personne ne veut lire, encore
moins me payer pour le lire. Puis, dans un nouveau programme de création
d’emploi, le gouvernement me paie pour cet article et tous ceux que
j’écrirai dans le futur. Bravo ! Un nouvel emploi a été créé !
Ainsi, les ressources et les actifs dévoués à la production de biens non-désirés par la société sont gaspillées et réduisent le niveau de vie de la société. Et le seul moyen de savoir si le capital est déployé de manière à bien servir la société, c’est en le soumettant au test du libre-marché, l’agrégation des préférences de la société. Le profit est l’indicateur démontrant si la production rencontre la satisfaction des consommateurs. Le plus vite les entrepreneurs réalisent que leur capital est mal investi et qu’ils gaspillent les ressources, le mieux le niveau de vie de la société s’en portera. Toute interférence dans le processus du marché viendra le troubler et nuire à la création de richesse.
Donc, créer des emplois ne veut pas dire qu’on l’on crée de la richesse. On pourrait créer des milliers d’emplois en rendant les pelles mécaniques illégales. Cependant, cela nous apauvrirait puisque nous devrions alors payer plus cher pour nos maisons, nos édifices, nos routes et toutes ces autres constructions, ce qui réduirait notre niveau de vie considérablement.
Dans un autre ordre d’idées, il semble que les petites entreprises bénéficient d’une sorte d’aura politique, étant considérées comme les plus créatrices d’emplois. Aux dernières élections fédérales, le programme du Parti Néo-Démocrate prévoyait des crédits d’impôts de $1 milliard visant à aider les PMEs, alors que le Parti Conservateur leur consentait $124 millions en crédits d’impôt à l’embauche. Les petites entreprises font aussi souvent partie des discours du Président Obama et sont particulièrement visées par ses politiques interventionnistes. Cela est attribuable au fait que les petites entreprises créent plus d’emplois que les grandes, et l’emploi est un enjeu électoral significatif.
Pourtant, les grandes entreprises ont généralement des employés beaucoup plus productifs que les petites, offrent des salaires supérieurs et paient plus d’impôts. Les pays dont les économies sont plus dominées par les petites entreprises sont moins dynamiques, croient moins vite que les autres (par exemple : la Grèce, l’Italie et le Portugal) et ont des niveaux de vie inférieurs.
Les grandes entreprises récoltent des économiques d’échelles qui sont repassées aux consommateurs sous la forme de prix plus attrayants. Ces économies d’échelles bénéficient donc à la population en augmentant son niveau de vie.
De plus, lorsque les données sont ajustées pour l’âge de l’entreprise, on constate que les petites ne créent pas plus d’emplois que les grandes.
La conclusion est que plutôt que de chercher à privilégier et subventionner les petites entreprises, les gouvernements devraient se concentrer à retirer les entraves au monde des affaires tout en réduisant les impôts, la bureaucratie et la paperasse. Par exemple, en Europe et ailleurs, lorsqu’une firme atteint une certaine taille, elle est sujette à plus de règlementations, ce qui lui donne un incitatif à rester petite. Il y a donc en France un nombre anormalement élevé d’entreprises de 49 employés, car l’ajout d’un cinquantième employé aurait des conséquences règlementaires et fiscales très négatives. En bref, des politiques de libéralisation économique (dérèglementation, privatisation, baisses d’impôts) pour toutes les entreprises serait plus souhaitables que des mesures interventionnistes favorisant les petites entreprises.
Pour en lire davantage:
« Avant, les familles apportaient de la nourriture aux détenus, ce qui est interdit mais toléré dans les faits. Maintenant, c’est le contraire ! Certains prisonniers ont écrit à leur directeur d’établissement pour que leur famille profite aussi de ces prix bas et ils se mettent à poster des colis. »
« Ce qui me fait peur, c'est que certains gamins grimpent sur le parapet. S'ils tombent, ça peut se terminer en drame »
Gangrène : les banques du monde entier sont contaminées par des dettes pourries
Les investisseurs remboursés par l'argent des nouveaux emprunts : nous avons là un schéma de Ponzi à l'état pur, mais aucun des Madoff à la tête de nos gouvernements n'ira pourrir en cellule, merci pour eux.
L'argent-dette mal utilisé ne peut être remboursé
La qualité d'une dette dépend de la faculté du débiteur à s'inscrire dans une chaîne de création de valeur suffisamment performante pour le rembourser. Si une entreprise investit sa créance dans des outils de production performants, dont les produits séduisent les consommateurs, aucun problème. Si cette chaîne de valeur permet aux salariés de voir leur rémunération augmenter, ceux-ci peuvent sans souci avoir recours au crédit.
Malgré les cris des adversaires d'une austérité encore timide, aucun État n'a effectué le tiers des efforts nécessaires à cette stabilisation. Et la croissance nécessaire à une telle performance sans effort budgétaire significatif est inenvisageable dans une zone Euro qui n'a guère brillé en ce domaine depuis l'adoption de la monnaie unique.
La dynamique actuelle des dettes publiques est insoutenable
D'autres solutions sont possibles...
Récemment, Michel Barnier, pour le compte de la Commission européenne, a présenté des propositions philosophiquement proches [iv]. Ces propositions ne sauraient résoudre tous les problèmes, elles n'empêcheront pas des ajustements douloureux des États-providence, qui devront de toute façon réduire considérablement leur empreinte économique, et leurs détails techniques posent encore quelques questions. Mais ces plans permettraient, si leurs promoteurs se révèlent capables de les mettre en œuvre, de s'assurer que de grosses faillites bancaires n'empêcheraient pas cette économie que l'on dit « réelle » de fonctionner tant bien que mal pendant que l'économie financière subirait une très grande purge de ses dettes toxiques.
Malheureusement, faute d'avoir envisagé de telles dispositions dès 2008, bien que quelques économistes de renom s'en soient dès lors faits les chantres, il est peu probable qu'un tel dispositif européen de gestion des grandes faillites bancaires voit le jour avant 2015.
Pourtant, il y a urgence à ce que les États cessent de faire semblant de croire qu'ils peuvent sortir de la crise en « bidouillant » des plans de sauvetage mobilisant des milliards qu'ils n'ont pas, et en creusant leur endettement sans retenue. Il est trop tard pour essayer de sortir de la crise en comptant uniquement sur un assainissement des comptes publics courants, quand bien même celui ci reste indispensable. Une gestion ordonnée de la faillite des États les moins solvables et des banques trop exposées à ces dettes toxiques est plus que jamais indispensable, quelle qu'en soient les difficultés politiques.
Pour bien comprendre, il faut remonter le temps: en 2009, le PS ratifie un texte dans lequel il promet de mettre fin au cumul des mandats. Il annonce une loi - s'il accède au pouvoir en 2012 - qui interdira à tous les élus de cumuler un mandat de parlementaire et un exécutif local (maire ou maire adjoint, président(e) ou vice-président(e) de conseil général ou de conseil régional).
Mais le PS va encore plus loin, il promet d'anticiper cette loi en montrant l'exemple "dès 2012". Le texte soumis et adopté par les militants socialistes est très précis: "Tout candidat à une élection parlementaire abandonnera ses mandats exécutifs locaux dans un délai maximum de trois mois après la tenue du scrutin." Conclusion, tous les députés socialistes élus depuis 17 juin vont devoir abandonner leurs fonctions exécutives locales.
Mais aujourd'hui, certains au PS semblent vouloir s'exonérer de cet engagement. Il faut dire que de nombreux élus (et pas seulement socialistes) ont pris goût au cumul des mandats. Du coup, Bruno Le Roux, le nouveau patron des députés PS, mais surtout Alain Vidalies, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, se sont montrés particulièrement ambigus sur le sujet, histoire de ne pas froisser les élus cumulards de sa majorité.
Dans un entretien au Figaro, le premier se contente de vouloir "anticiper le non-cumuls des mandats qui devra être adopté avant les élections locales de 2014". Le second, sur FranceTVInfo se montre encore plus flou: "Ce serait mieux qu'à l'intérieur du Parti socialiste, il y ait une anticipation...", répond-t-il laconiquement.
D'autant que le projet de loi sur le non-cumul n'est pas encore à l'ordre du jour. "On peut penser qu'il sera adopté avant les prochaines élections, d'ici à 2014", assure Alain Vidalies sans plus de précision. Pourtant là encore, le texte du PS était parfaitement clair: "le Parti socialiste inscrira dans le projet présidentiel le vote d'une loi dès l'été 2012 sur le non-cumul des mandats et le statut de l'élu".
Ce n'est pas la première fois que "les cumulards du PS" tentent de retarder l'échéance. Lors des sénatoriales de 2011, François Rebsamen et Gérard Collomb avait dealé avec Martine Aubry un report de la règle du non-cumul pour le 1er octobre 2012 grâce à l'appui de François Hollande désireux de ne pas heurter certains élus socialistes à l'approche de la campagne présidentielle.