samedi 24 mai 2014
Carton rouge européen
Les maladies de l’Europe sont celles des élites dirigeantes des nations qui la composent. Le continent a besoin d’une France forte, pas d’une France hors jeu.
La plus belle illustration du déclassement de la France dans la tête de la gauche française est cette campagne qu’elle conduit pour M. Martin Schulz. Comme si ce M. Schulz était un François Hollande de substitution, plus fort que lui, promis aux plus hautes destinées européennes et à présider la Commission. On imagine François Mitterrand faisant campagne pour M. Schulz…
Qui est donc ce personnage qui incarne tant les espoirs de la gauche proeuropéenne française ? Un député socialiste allemand qui, depuis vingt ans, a fait toute sa carrière sur les bancs et dans les coulisses du Parlement européen, qui n’est parvenu à le présider qu’à la suite d’un accord de présidence tournante avec la droite et qui, faute d’avoir un avenir politique dans son pays, où son parti, battu par celui de la chancelière, a dû rejoindre la grande coalition, se propose de transporter à Bruxelles un projet que les électeurs ont rejeté pour l’Allemagne ! Les socialistes français se préparent donc à voter non seulement pour un Allemand mais pour un Allemand qui a échoué. C’est dire s’ils croient en leur destin !
Le pire est qu’ils ont communiqué cette résignation à notre opinion publique. L’état d’esprit désormais majoritaire, analysé dans ce numéro, est de ne plus croire en rien. Les élections au Parlement de Strasbourg (et de Bruxelles) n’ont jamais mobilisé, mais on se prépare cette fois à un record de démobilisation. Lors du premier scrutin, il y a trente-cinq ans, le taux d’abstention atteignait déjà les 39,3 % chez nous ; il n’a cessé de progresser depuis : des 51,2 % d’il y a vingt-cinq ans jusqu’aux 60 % prévus par les instituts de sondagepour ce 25 mai.
Un peuple résigné est un peuple malade, prêt à toutes les défaites. Il est vrai que l’Europe est atteinte par la maladie, dénoncée quand il en était temps par le démographe Alfred Sauvy, du vieillissement démographique. L’Europe ne fait plus d’enfants, elle ouvre ses portes aux migrants, elle se laisse dominer par la peur, le renoncement, la lassitude. À cela se sont ajoutées d’autres sévères crises de rhumatismes, croissance trop faible et chômage trop élevé, comptes en désordre et surendettement. Avec cette paralysie de l’âme que l’on appelle mauvaise conscience, destructrice des identités, familiales et nationales.
Mais l’Europe n’est qu’une résultante. La cause est à rechercher auprès des élites dirigeantes de chacune des nations qui la composent. Ce ne sont pas les forces ou les faiblesses de l’Union européenne qui ont fait que l’Allemagne soit forte, ce sont les Allemands. Ce ne sont pas les forces ou les faiblesses de l’Europe qui feront ou non que la France sera forte. La France doit être forte si elle veut que l’Europe le soit. Il y a plus de cinquante ans, quand de Gaulle revint au pouvoir pour remettre de l’ordre dans les affaires de la France et cesser d’aller chercher à Washington les crédits pour payer nos fonctionnaires, il s’appuya sur le Marché commun. Il fit de la compétition européenne un tremplin pour nos entreprises et leur croissance, des traités et institutions de l’Europe en construction un outil de puissance. Mais il avait, pour le faire, l’autorité et le leadership nécessaires.
Si le cas Alstom a aujourd’hui pris cette place dans le débat public, c’est bien parce qu’il est à l’image de la France. La question posée est : le principal actionnaire d’Alstom sera-t-il américain ou allemand ? Que l’un soit meilleur que l’autre est un problème industriel ; le sujet qui fâche est celui-ci : ce n’est pas Alstom qui achète mais Alstom qui se vend. Cela mesure assez le déclin de notre industrie.
La monnaie européenne en est-elle l’explication ? Certes, le taux de change de l’euro est pour nos exportateurs un lourd handicap (hors d’Europe, où tout se traite en dollars), mais l’euro en soi n’explique pas tout. Ce qui est en cause, ce sont nos défauts bien français (fiscaux, sociaux, administratifs). Car les Allemands ont quand même réalisé un excédent de 200 milliards en 2013 avec cette monnaie. Quant aux Grecs, pour quelle raison se seraient-ils infligé ces années de récession et d’austérité au lieu de sortir de l’euro, si ce n’est parce qu’ils ont préféré rester dans le jeu plutôt que de tenter l’aventure ? Se mettre hors jeu est aussi un signe d’abandon.
Au soir du scrutin, ce dimanche, on commentera l’écart de voix qui séparera la gauche, l’extrême gauche et la droite, le centre et la droite extrême. La gauche pleurera sur “le triomphe des démagogues” ; la droite répondra “carton rouge” et “dissolution”. On se demandera surtout comment une gauche aussi franchement minoritaire peut encore gouverner. Mais c’est évidemment cette réalité, ajoutée à la quasi-disparition du chef de l’État dans l’opinion, qui explique pourquoi elle ne se raccroche plus qu’à M. Schulz.
Le mammouth et le pantin
Comment penser que la droite pourra modifier quoi que ce soit en matière d’éducation, si elle revient au pouvoir, face à cette marée d’enseignants gauchistes ?
La France est-elle encore réformable ? Beaucoup, notamment à droite, affirment que oui, à force de volonté, d’audace et d’ambition collective, le pays tout entier peut se ressaisir et retrouver son prestige d’antan. Un événement insolite et mineur intervenu la semaine passée permet toutefois de douter de la capacité du corps social français à se remettre en question, ne serait-ce que dans l’intérêt du pays.
Pour la prochaine rentrée scolaire, le ministère de l’Éducation nationale avait décidé d’avancer la date de reprise des cours. Et cela avait de fait pour conséquence que les 800 000 enseignants français devaient faire leur prérentrée le 29 août. De manière à ce que tout soit prêt pour qu’ils puissent accueillir leurs élèves le lundi 1er septembre. Et bien, c’est non ! Les syndicats d’enseignants n’ont pas eu besoin de monter fortement au créneau pour que le ministre recule. Ils ont seulement déposé un préavis de grève pour cette journée du 29 août. Car comme l’a affirmé l’un des syndicalistes, « il n’est pas question de toucher au mois d’août ». L’insignifiant ministre de l’Éducation a justifié son recul par un pseudo-problème d’informatique qui ne pouvait pas prendre en compte le début d’activité de 40 000 nouveaux enseignants. Une fois encore, et comme tous ses prédécesseurs de gauche et de droite, il n’avait, en fait, pas d’autre choix que de céder face au diktat du Snes-FSU et du Snalc, les deux principaux syndicats de professeurs.
Cette affaire est triste. Elle est certes anecdotique. Et dans quelques jours plus personne n’en parlera. Mais elle constitue la démonstration la plus stupéfiante de l’incapacité à faire bouger, ne serait-ce que légèrement, le “mammouth” de l’Éducation nationale. Tous les rapports officiels, des quantités de livres et des heures de symposiums s’accordent sur la même idée. La France qui a vu son système éducatif s’effondrer au cours des trente dernières années doit impérativement repenser le logiciel global de ce qui constitue l’instruction publique. C’est devenu une question urgente dès lors que la proportion d’élèves ne sachant pas lire à l’entrée en sixième — au sens où le déchiffrement ne s’accompagne pas de compréhension — est allée croissant depuis une dizaine d’années, au point d’avoisiner les 20 %. D’après certains professeurs et principaux de collège, ce chiffre ne fait que croître et serait maintenant de près d’un tiers en troisième. Cela signifie qu’un futur lycéen sur trois ne comprend pas un texte ou un énoncé de problème qu’on lui soumet. Ne parlons même pas des dégâts en matière de culture générale et du pitoyable niveau des Français en langues étrangères.
Tout cela doit constituer la priorité d’un ministre de l’Éducation nationale. Surtout à un moment où la gauche nous rabâche en permanence les vertus de Jules Ferry, chantre de l’école obligatoire et gratuite pour tous. Au lieu de cela, Benoît Hamon ne se préoccupe que des rythmes scolaires qui ont perturbé l’hygiène de vie de centaines de milliers d’enfants et les finances de toutes les communes, petites ou grandes, dans des conditions parfois dramatiques. Et le voilà maintenant plus soucieux de plaire aux syndicats d’enseignants que de faire revenir sur les bancs de l’école nos chères têtes blondes. Ce n’est pas de cette manière que la France va pouvoir entamer la reprise en main de son système d’éducation. Ce n’est pas ainsi que les pouvoirs publics vont parvenir à imposer des changements de méthode à des enseignants largement syndicalisés. Bref, le “mammouth” a peu de chances d’évoluer en poursuivant de cette manière, avec son administration tellement pléthorique que c’est le seul ministère à ne pas pouvoir indiquer le nombre de ses fonctionnaires. Et les 40 000 enseignants en panne d’affectation, qui restent chez eux tout en étant payés, peuvent être certains de ne pas être dérangés de sitôt.
Après ce spectacle pitoyable donné par Benoît Hamon, comment penser que la France puisse encore être réformée, sauf à donner un grand coup de pied dans la fourmilière ? Comment penser que la droite pourra modifier quoi que ce soit, si elle revient au pouvoir, face à cette marée d’enseignants gauchistes élevés au lait de Mai 68 ? Comment penser que l’intérêt des enfants pourrait enfin prévaloir sur celui de leurs professeurs qui sont de plus en plus nombreux et produisent chaque année plus d’enfants en échec scolaire ? Il reste bien une méthode que Nicolas Sarkozy avait mise en avant au début de sa campagne présidentielle de 2012 : celle d’un grand référendum destiné à enjamber l’obstacle de tous ces corps intermédiaires qui veulent surtout que rien ne change. Il faudra bien y venir. Déjà en 1806, écrivant au roi de Naples, Napoléon avait prévenu : « On ne change et réforme pas les États avec une conduite molle. »
Allons enfants…
“La Marseillaise”, comme la Révolution, forme un bloc, elle est à prendre ou à laisser, mais on ne fait pas le tri dans ses paroles.
En France, les polémiques sont un peu comme les trains, l’une peut toujours en cacher une autre. Après que l’on eut reproché à une ministre, comme en d’autres temps à des joueurs de football, de ne pas avoir entonné la Marseillaise, c’est l’hymne national lui-même qui est pris aujourd’hui dans la tourmente.
Un acteur de talent, surtout connu pour son jeu flegmatique, non content d’assurer les fonctions de Monsieur Loyal du Festival de Cannes, a décidé d’expurger le chant de Rouget de Lisle. M. Lambert Wilson est heurté par des paroles qu’il juge « épouvantables », « sanguinaires », « racistes » et « xénophobes », rien de moins… Il a même cru bon d’ajouter qu’il était « sidéré qu’on continue à chanter ça »…
Il semble que la vue ou plus exactement l’évocation de ce « sang impur [qui] abreuve nos sillons » heurte profondément la sensibilité de l’acteur, lequel n’a pourtant pas hésité à torturer un pauvre marsupilami dans une scène de film proprement insoutenable.
Néanmoins on s’inquiète pour lui à l’idée qu’il soit un jour contraint de jouer le théâtre de Corneille, il serait forcé de voir le sang du père de Chimène « Couler à gros bouillons de son généreux flanc », « Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux / De se voir répandu pour d’autres que pour vous ». Devrons-nous aussi censurer Corneille ?
Certes, et pour reprendre les propres termes de l’acteur, le Cid, comme la Marseillaise, « est d’un autre temps », une chose violente, belle et âpre. Le Cid comme la Marseillaise ont, ne lui en déplaise, “fabriqué” la France.
Le Cid est une tragédie, la Marseillaise un chant guerrier devenu notre hymne national. La Marseillaise, comme la Révolution, forme un bloc, elle est à prendre ou à laisser, mais on ne fait pas le tri dans ses paroles. Si à certains moments de notre histoire, ce chant révolutionnaire a pu diviser le pays, aujourd’hui il l’incarne. Est-il besoin de rappeler aux âmes sensibles que le régime de Vichy tenta de lui substituer Maréchal, nous voilà !, moins violent certes mais que de jeunes Français ont été contraints de chanter avec le goût du sang dans la bouche ? Est-il besoin de rappeler aux âmes sensibles que la Marseillaise a été interdite en zone occupée dès 1941 ?
Enfin est-il besoin de rappeler aux âmes sensibles que ces paroles ont été souvent les derniers mots entendus ou prononcés par des condamnés à mort avant que le peloton d’exécution n’ouvre le feu ?
À ce titre la Marseillaise est sacrée, elle a été élevée à ce rang par le sang des soldats, des héros et des martyrs qui sont tombés pour la France et pour la Liberté.
Peut-être que, par respect pour eux, les âmes sensibles pourraient s’abstenir…
Des émirs à l’hôpital !
C’est un Arabe qui a mis le feu aux poudres. Entre le 8 et le 14 mai, un riche émir du Golfe s’est fait hospitaliser à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Sud Santé n’a pas apprécié : un émir à l’hosto, ça fait clinique privée. La honte. Du coup, le syndicat trotskiste a balancé l’info aux médias : « L’émir avait privatisé neuf chambres de l’hôpital et réservé sept places de parking. Il avait même fait poser des douchettes dans les toilettes. » Pis, toujours selon Sud Santé, l’indélicat patient se faisait livrer ses repas par un traiteur.
Précisons toutefois que ce curieux patient a intégralement payé son séjour (250 000 euros) et qu’une surtaxe lui a été appliquée…
Je m’interroge. Qu’est venu faire cet émir dans un hôpital public français ? Pourquoi a-t-il réglé son hospitalisation rubis sur l’ongle alors que le président algérien Bouteflika, hospitalisé plusieurs semaines en France, a été dispensé de tout paiement… ?
En général, les populations aisées du golfe Persique se font opérer à Francfort, Munich ou Cologne. En Allemagne, c’est tapis rouge et limousine à l’aéroport. Cliniques et hôpitaux publics bichonnent cette patientèle providentielle. Les meilleurs médecins du monde ont été recrutés et les voisins Dubaï et Abou Dhabi imitent le modèle. Objectif : créer la meilleure offre de soins du monde dans la péninsule arabique. Pour compenser ces investissements pharaoniques, les Émirats ont eu une idée : attirer des milliers de patients étrangers — russes, indiens… Certes, pour l’instant, les riches émirs vont encore se faire soigner en Europe, mais pour combien de temps ?
En France, des établissements privés essaient timidement d’attirer les étrangers, comme l’Hôpital américain de Neuilly ou le célèbre Institut Gustave-Roussy, dans le Val-de- Marne. Cet hôpital privé à but non lucratif dispose d’une cellule internationale qui trie les demandes venant de l’étranger. L’année dernière, le plus grand pôle anticancer d’Europe a accueilli 864 “riches étrangers”, qui lui ont permis de recueillir 13 millions d’euros.
À part ces deux exemples, la France préfère bouder les patients aisés. Pourtant, le déficit de nos 1 029 établissements publics frôle les 500 millions d’euros. Pis, depuis dix ans, nos hôpitaux ont emprunté près de 30 milliards, soit 1,4 % du PIB. Notre pays dispose aujourd’hui d’équipements surdimensionnés dans un contexte chronique de cessation de paiement…
Depuis deux ans, sur fond d’emprunts toxiques, des hôpitaux insolvables attaquent leurs banques, d’autres affichent des déficits prévisionnels abyssaux… Dans ce contexte, Sud Santé devrait admettre que la meilleure façon d’aider notre service public hospitalier serait d’attirer davantage de riches émirs dans nos blocs opératoires !
Nous sommes tous des Lannoyens !
La montée de l’abstention ne vise pas seulement l’Europe. Elle dit la révolte de ceux que la politique a oubliés.
Qu’une Europe se présentant aux yeux du monde sous le visage d’une femme à barbe commence sérieusement à agacer les Français n’est, en somme, qu’un juste retour des choses : à partir du moment où tout ce qui fut rejeté lors du référendum constitutionnel de 2005 est revenu par la fenêtre au centuple sous les espèces du traité de Lisbonne, du traité budgétaire et, en sus, de la transsexualité érigée en norme, pourquoi se déplaceraient- ils pour donner quitusà un système qui se moque bien de ce qu’ils pensent ?
Mais ce rejet, comme nous le démontrons cette semaine, va bien au-delà de celui de l’Europe : il dit la désespérance de citoyens que la politique a oubliés. La politique nationale, bien sûr. Mais aussi la politique locale, celle qu’incarnent ces élus qui “ne réduisent pas leurs frais” quand ils demandent à leurs administrés de “se serrer la ceinture”.
Lisez notre reportage à Lannoy, dans la banlieue de Roubaix, une petite ville de 1 700 habitants qui, au fil des élections, s’abstient deux fois plus que la moyenne nationale. Vous y trouverez le précipité chimique de ce que pensent beaucoup de Français, de droite, de gauche ou du centre, quelque soit leur milieu social. C’est l’histoire d’un fil d’Ariane brisé : celui de la confiance qui, en politique, rime avec espérance. Écouter Lannoy ! Voilà bien le minimum minimorum à attendre des princes qui nous gouvernent.
Ce patriotisme économique repoussoir
S’il y a au moins un talent que l’on peut reconnaître aux socialistes, c’est celui de manier le double langage, talent à la limite de la schizophrénie… En février, François Hollande, qui visitait la Silicon Valley, lançait aux patrons des grands groupes américains du secteur high-tech : « Venez investir en France, venez créer des emplois. »…
Mais des paroles aux actes il y a un fossé… Trois mois après, Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie, signe un décret relatif aux investissements étrangers devant être soumis à autorisation préalable. Celui-ci complète un texte de 2005 encadrant les investissements étrangers dans les entreprises de biotechnologie, de défense et de sécurité. Y sont ajoutées les activités essentielles à la préservation des intérêts français dans l’approvisionnement en énergie et en eau, les réseaux et services de transport, la protection de la santé publique et les communications électroniques. Ce décret — il concerne 60 % des sociétés du Cac 40 (dont Alstom) — sera examiné par Bruxelles, comme l’a indiqué Michel Barnier, commissaire européen, qui craint le retour du protectionnisme.
Faut-il dès lors s’étonner que, face à un tel double langage auquel s’ajoute une instabilité sociale et fiscale chronique, les investisseurs étrangers se montrent frileux à investir en France ? Il y a cinq mois, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement publiait une étude montrant que les investissements directs étrangers vers la France avaient chuté de 77 % en un an ! Un constat confirmé début mai par l’Agence française pour les investissements internationaux.
« Ce décret est une mauvaise idée ; il est très défensif alors qu’il faut être dans l’offensif », estime Pierre Gattaz, président du Medef. C’est surtout un terrible constat d’échec de la politique industrielle française. Faute d’avoir voulu se donner les conditions d’un actionnariat stable et à long terme, capable de résister aux OPA, notamment par la création de fonds de pension, les gouvernements successifs ont placé les groupes français dans des positions de faiblesse. Difficile désormais de réagir autrement que dans la précipitation. Or celle-ci est toujours mauvaise conseillère.
Nous ne voulions pas du package du projet de Loi Famille, nous ne voudrons pas plus des différentes étapes !
1. Une proposition de loi dans la droite ligne de la loi Taubira
Hier, Madame Rossignol demandait aux députés de l’opposition de retirer leurs amendements sur la proposition de loi APIE. Il est toujours amusant de voir un ministre demander à des parlementaires de ne pas faire leur travail ! Il est toujours amusant aussi de voir ceux qui proclament leur volonté d’apaisement demander à l’opposition de garder le silence. Je le dis à ce gouvernement : non, ce n’est pas ainsi que l’on obtient un climat apaisé. A croire que l’expérience des Manifs pour Tous n’a pas suffi à le lui démontrer…
La réalité, c’est que le gouvernement refuse un débat serein sur la politique familiale. Madame Rossignol nous parle d’apaisement arguant que ce n’est qu’un ersatz de réforme, que la loi Famille était bien pire. Alors quoi ? Nous devrions nous réjouir que la Loi Famille comprenant PMA et GPA se soit muée en une politique des petits pas ? Nous ne voulions pas du package, nous ne voudrons pas plus des différentes étapes ! Si le gouvernement avait véritablement souhaité un climat apaisé, il aurait arrêté de nous présenter des réformes sociétales.
Nous sommes dans l’hémicycle pour défendre des valeurs et une idée simple de la famille, mais nous avons aussi à cœur de faire de bonnes lois. C’est aussi le rôle des amendements. Madame Rossignol nous accuse de faire de l’obstruction parlementaire : les médias se précipitent sur les 700 amendements présentés par l’opposition, en rappelant le coût d’une nuit de travail à l’Assemblée. Ils oublient de mentionner que c’est la gauche et ces 130 000 amendements sur le texte de réforme de la politique énergétique qui détient encore aujourd’hui le record de l’Assemblée nationale. Alors oui, avec des centaines de milliers d’amendements, on peut parler d’obstruction. Avec 700, non.
Soyons clair sur un point : aujourd’hui, notre opposition n’est pas une obstruction parlementaire. Nous réclamons simplement un débat intelligent sur la Famille. Nous refusons que le gouvernement fasse passer une énième loi sociétale sans concertation, comme il l’a fait pour le mariage pour tous.
La proposition de loi de M. Binet poursuit d’ailleurs bien le travail entamé l’année passée avec le mariage « pour tous ». Avec cette loi comme avec celle du mariage pour tous, le gouvernement continue de courir derrière les évolutions de notre société, comme si l’Assemblée était devenue la chambre d’enregistrements des modes de vie contemporains. Comme la loi du mariage pour tous, celle-ci fait une nouvelle fois primer le lien social sur le lien biologique, ce qui aboutira nécessairement à affaiblir le droit de la famille. Enfin, comme la loi Taubira, ce texte sert plus le désir des adultes que les intérêts de l’enfant. Il est révélateur qu’à aucun moment cette proposition de loi ne fasse mention de l’intérêt supérieur de l’enfant. Notre société se doit de protéger les plus faibles : il est urgent de rétablir ce qualificatif dans le projet en discussion, d’autant que cela fait partie de nos engagements auprès de diverses communautés internationales.
2. Un texte inutile et néfaste
Si je refuse ce texte et si j’ai décidé de le combattre dans l’hémicycle, c’est pour quatre raisons au moins.
Tout d’abord parce qu’il est inutile : aucune disposition prévue par cette proposition de loi ne peut améliorer la vie des familles. Nous tombons au contraire dans une véritable judiciarisation de la vie des familles, qui n’entrainera que des complications. En cherchant à organiser la vie familiale dans ses moindres détails, l’Etat s’insinue dans une dimension privée, intime de la vie des personnes. Ce que les familles recomposées attendent avant tout, c’est une simplification des procédures pour que la justice puisse faire son travail plus rapidement lors des séparations et pour les questions relatives à la garde des enfants.
Les mesures phares de la proposition comme le « Mandat d’Education Quotidienne » ne sont que des leurres, sans portée obligatoire, qui révéleront leur inutilité si la loi devait être appliquée. Ce texte est une véritable coquille vide… Ce mandat serait accordé à un tiers qui « partage la vie de l’un des parents « de façon stable ». Ainsi, combien de personnes pourront exercer successivement cette autorité parentale, en fonction de la vie affective des parents, et au détriment de la stabilité psychologique de l’enfant ? Cette banalisation du partage de l’autorité parentale peut être extrêmement préjudiciable à l’enfant. Dans ce texte, ce n’est pas clairement l’intérêt de l’enfant qui prévaut mais la possibilité offerte à des adultes de partager l’autorité parentale à 3 ou 4, et l’ouverture à la pluri-parentalité !
Secundo, en voulant protéger les enfants victimes de violences, la proposition de loi sur l’autorité parentale, met en place un véritable flou juridique. Un parent pourrait ainsi être complètement privé de son droit de visite à la demande de l’autre parent et ce de manière arbitraire, en prétextant simplement que l’enfant est « mis en danger », cette notion n’étant par ailleurs jamais définie.
Tertio, ce texte poursuit la dilution du modèle familial traditionnel et de l’autorité parentale : le fait de ne plus donner la priorité à la parenté pour confier l’enfant en est aussi le signe et n’est pas un progrès pour la protection de ce dernier.
Enfin, pour une raison que nul ne peut expliquer, ce texte n’a pas fait l’objet des contrôles habituels et des expertises nécessaires, et relève de l’improvisation juridique la plus totale. Au-delà de sa vacuité, de son inutilité, ce texte a des problèmes de fond et de forme qui rendent l’expertise juridique non seulement utile mais même nécessaire. Etant donné l’importance de ce texte, dans l’esprit qu’il porte, dans la conception de la famille qu’il défend et impose, il est indispensable que des études d’impact soient réalisées, que le conseil d’Etat soit saisi et puisse se prononcer sur cette loi. Nous ne pouvons accepter l’impréparation d’un texte qui touche au code civil, qui n’est pas un détail !
Je porte une vision de la famille qui n’est pas celle défendue par mes collègues socialistes dans ce texte. Il n’est pas question d’accepter aujourd’hui ce que je refusais hier : c’est pourquoi je continuerai à combattre cette loi dans l’hémicycle.
Hollande en voiture à Tulle : de la normalité à l'insignifiance
Pourquoi toutes les effervescences politiques, sociales, culturelles et médiatiques ne parviennent-elles pas à composer un paysage structuré et cohérent où nous pourrions trouver un sens, un monde qui n'interdirait pas l'espérance et permettrait encore de croire à l'action, à la possibilité pour les énergies, les bonnes volontés, les épris d'intégrité et de morale de modifier le cours des choses, les apparentes fatalités du délitement généralisé?
Pourquoi l'univers est-il au fond moins désenchanté que nous-mêmes qui considérons ce qui nous advient et nous menace avec une sorte de résignation accablée, un scepticisme qui en sait long et, au pire, avec une dénonciation sarcastique et impuissante?
Il me semble que, si on veut bien réunir l'infiniment petit au profondément sérieux, le malaise provient du sentiment, de l'impression de ridicule et de simulacre qui se dégagent de l'ensemble de ces péripéties, surtout quand elles tentent de masquer la comédie des joutes sous une feinte gravité, les gesticulations inutiles derrière un sérieux de convenance.
Les élections européennes n'ont passionné personne et le taux de l'abstention démontrera sans doute que l'idée de l'Europe n'est plus seulement un beau concept dégradé mais crée comme une répulsion tant l'invocation abstraite des mérites européens n'a pas cessé de se briser sur la bureaucratie tatillonne et l'autarcie rassurante et frileuse des Etats. Comme si l'inefficacité était moins douloureusement perceptible dans le champ national que dans l'espace plus vaste de nos rêves lointains.
Sans préjuger imprudemment, on peut tout de même tenir pour acquise une défaite socialiste et sans doute un accroissement substantiel du FN avec l'UMP tout près de lui ou même juste devant. Cette configuration, à elle seule, manifeste l'absurdité d'une approche qui privilégie un parti refusant l'avenir européen et ne fait pas perdre ses chances à un autre le plébiscitant. Il y a aussi des indices minuscules, des ridicules révélateurs, des comportements signifiants qui projettent sur la France une ombre peu propice aux exaltations de l'âme et de l'esprit. L'ancien président de la République a écrit une tribune de cinq pages qui ne nous apprend rien de nouveau sur sa conception de l'Europe puisque, comme cela a été souligné, il nous avait déjà tout dit lors de la campagne de 2012 entre les deux tours. Il paraît qu'il convenait d'interpréter son propos récent comme la volonté de faire rempart au FN. Ce serait amusant si le sujet n'était pas préoccupant. Etrange barrage que celui qui a laissé passer par démagogie, auparavant, tout ce qui était de nature à amplifier la vigueur de ce parti qu'on prétend combattre! Cette tribune n'avait pour finalité que de rappeler à ceux qui auraient pu oublier Nicolas Sarkozy qu'il était toujours là. Son ostensible discrétion cache mal qu'il ronge son frein et son ambition personnelle n'est pas occultée par le fait qu'il nous offre sa parole sur tel ou tel thème fondamental. Il votera d'ailleurs par procuration. Après avoir fait un petit tour par écrit, il accompagnera sa chanteuse d'épouse en Israël. Bernard Tapie reprend l'un de ses rôles préférés - non pas celui de savoir convaincre de la nécessité d'un arbitrage en sa faveur - mais de héros de l'offensive contre le FN. Il met en garde les électeurs de ce parti, cherche à les convaincre que la France ne pourra jamais sortir de l'Europe et que sur ce plan comme sur d'autres Marine Le Pen ment. Qu'on ait aujourd'hui des prescripteurs comme Bernard Tapie si naturellement accordé à la vérité, tellement légitime pour se poser en maître de la morale collective au nom de son éthique singulière diffuse une lumière ironique sur ceux qui se croient autorisés à donner des leçons. Et que parfois on écoute. François Hollande ne volera pas en avion Falcon vers Tulle. On ne s'indignera pas devant un coût de 7900 euros! Il sera conduit en voiture à Tulle pour échapper aux critiques. Quel énorme progrès pour la démocratie et comme à force de rendre une présidence normale, au ras du bitume, on est en train de confondre l'exercice retenu et élégant du pouvoir avec la pire démagogie! On obéit aux citoyens pour l'insignifiant mais on ne répond pas à leurs attentes pour l'essentiel: l'économique, le financier, le judiciaire et le sociétal ne regardent pas la France dans ses pulsions profondes mais relèvent d'une omnipotence présidentielle qui sait mieux que le peuple ce à quoi il aspire. Le père de l'insupportable Léonarda se permet, avec une franchise arrogante dont il est fier, de déclarer qu'il ment tout le temps comme le président de la République lui-même: une dégradation de plus qui est la rançon de la pantalonnade d'il y a quelques semaines que François Hollande a du mal à faire oublier. Le président de la République est si bas dans les sondages qu'on a le droit de s'interroger sur le point de savoir si sa parole imprime encore dans l'esprit public, si ses projets d'action parviennent à persuader qu'un jour ils s'incarneront et que l'aurore surgira après ces défaites lassantes des promesses, des prévisions et du volontarisme formel. On se raccroche, alors, à des personnalités, à des êtres qui donnent l'illusion que leur présence aurait changé les choses. Puisqu'ils existent, il y aurait encore du souffle quelque part! Il est incontestable qu'entendre Daniel Cohn-Bendit défendre l'Europe remet de la vigueur et de la force dans les convictions assoupies, exsangues. Mais il va aller commenter les matchs de foot au Brésil! La morosité d'aujourd'hui ne tient pas qu'aux conditions de vie de beaucoup de nos concitoyens. De survie des plus pauvres, des plus modestes d'entre nous. Il nous manque de quoi nous rassasier. On a faim d'élans, d'admiration, de modèles. Le futur est flou. Le présent est incertain. Alors on se replie sur soi. Le dernier lieu sûr qui nous reste.
Pourquoi l'univers est-il au fond moins désenchanté que nous-mêmes qui considérons ce qui nous advient et nous menace avec une sorte de résignation accablée, un scepticisme qui en sait long et, au pire, avec une dénonciation sarcastique et impuissante?
Il me semble que, si on veut bien réunir l'infiniment petit au profondément sérieux, le malaise provient du sentiment, de l'impression de ridicule et de simulacre qui se dégagent de l'ensemble de ces péripéties, surtout quand elles tentent de masquer la comédie des joutes sous une feinte gravité, les gesticulations inutiles derrière un sérieux de convenance.
Les élections européennes n'ont passionné personne et le taux de l'abstention démontrera sans doute que l'idée de l'Europe n'est plus seulement un beau concept dégradé mais crée comme une répulsion tant l'invocation abstraite des mérites européens n'a pas cessé de se briser sur la bureaucratie tatillonne et l'autarcie rassurante et frileuse des Etats. Comme si l'inefficacité était moins douloureusement perceptible dans le champ national que dans l'espace plus vaste de nos rêves lointains.
Sans préjuger imprudemment, on peut tout de même tenir pour acquise une défaite socialiste et sans doute un accroissement substantiel du FN avec l'UMP tout près de lui ou même juste devant. Cette configuration, à elle seule, manifeste l'absurdité d'une approche qui privilégie un parti refusant l'avenir européen et ne fait pas perdre ses chances à un autre le plébiscitant. Il y a aussi des indices minuscules, des ridicules révélateurs, des comportements signifiants qui projettent sur la France une ombre peu propice aux exaltations de l'âme et de l'esprit. L'ancien président de la République a écrit une tribune de cinq pages qui ne nous apprend rien de nouveau sur sa conception de l'Europe puisque, comme cela a été souligné, il nous avait déjà tout dit lors de la campagne de 2012 entre les deux tours. Il paraît qu'il convenait d'interpréter son propos récent comme la volonté de faire rempart au FN. Ce serait amusant si le sujet n'était pas préoccupant. Etrange barrage que celui qui a laissé passer par démagogie, auparavant, tout ce qui était de nature à amplifier la vigueur de ce parti qu'on prétend combattre! Cette tribune n'avait pour finalité que de rappeler à ceux qui auraient pu oublier Nicolas Sarkozy qu'il était toujours là. Son ostensible discrétion cache mal qu'il ronge son frein et son ambition personnelle n'est pas occultée par le fait qu'il nous offre sa parole sur tel ou tel thème fondamental. Il votera d'ailleurs par procuration. Après avoir fait un petit tour par écrit, il accompagnera sa chanteuse d'épouse en Israël. Bernard Tapie reprend l'un de ses rôles préférés - non pas celui de savoir convaincre de la nécessité d'un arbitrage en sa faveur - mais de héros de l'offensive contre le FN. Il met en garde les électeurs de ce parti, cherche à les convaincre que la France ne pourra jamais sortir de l'Europe et que sur ce plan comme sur d'autres Marine Le Pen ment. Qu'on ait aujourd'hui des prescripteurs comme Bernard Tapie si naturellement accordé à la vérité, tellement légitime pour se poser en maître de la morale collective au nom de son éthique singulière diffuse une lumière ironique sur ceux qui se croient autorisés à donner des leçons. Et que parfois on écoute. François Hollande ne volera pas en avion Falcon vers Tulle. On ne s'indignera pas devant un coût de 7900 euros! Il sera conduit en voiture à Tulle pour échapper aux critiques. Quel énorme progrès pour la démocratie et comme à force de rendre une présidence normale, au ras du bitume, on est en train de confondre l'exercice retenu et élégant du pouvoir avec la pire démagogie! On obéit aux citoyens pour l'insignifiant mais on ne répond pas à leurs attentes pour l'essentiel: l'économique, le financier, le judiciaire et le sociétal ne regardent pas la France dans ses pulsions profondes mais relèvent d'une omnipotence présidentielle qui sait mieux que le peuple ce à quoi il aspire. Le père de l'insupportable Léonarda se permet, avec une franchise arrogante dont il est fier, de déclarer qu'il ment tout le temps comme le président de la République lui-même: une dégradation de plus qui est la rançon de la pantalonnade d'il y a quelques semaines que François Hollande a du mal à faire oublier. Le président de la République est si bas dans les sondages qu'on a le droit de s'interroger sur le point de savoir si sa parole imprime encore dans l'esprit public, si ses projets d'action parviennent à persuader qu'un jour ils s'incarneront et que l'aurore surgira après ces défaites lassantes des promesses, des prévisions et du volontarisme formel. On se raccroche, alors, à des personnalités, à des êtres qui donnent l'illusion que leur présence aurait changé les choses. Puisqu'ils existent, il y aurait encore du souffle quelque part! Il est incontestable qu'entendre Daniel Cohn-Bendit défendre l'Europe remet de la vigueur et de la force dans les convictions assoupies, exsangues. Mais il va aller commenter les matchs de foot au Brésil! La morosité d'aujourd'hui ne tient pas qu'aux conditions de vie de beaucoup de nos concitoyens. De survie des plus pauvres, des plus modestes d'entre nous. Il nous manque de quoi nous rassasier. On a faim d'élans, d'admiration, de modèles. Le futur est flou. Le présent est incertain. Alors on se replie sur soi. Le dernier lieu sûr qui nous reste.
Falcon 8X, plus loin, plus haut
Avions d’affaires. Moins gourmand en carburant, moins cher à l’entretien, mais plus puissant et volant plus loin… Les performances du 8X, le dernier-né de Dassault, laissent ses concurrents sur le tarmac.
Retenez son nom : Falcon 8X. C’est le nouvel avion d’affaires imaginé par Dassault Aviation. Pour le moment, il n’existe que dans les cartons… Non, sous forme de maquette numérique dans les mémoires des ordinateurs du constructeur. D’ici un an, le premier exemplaire, actuellement en cours de fabrication, s’envolera des pistes de Bordeaux-Mérignac pour une certification prévue au milieu de 2016 ; les premières livraisons du 8X auront lieu dans la seconde partie de la même année. Comme pour les précédents modèles, ce Falcon a été entièrement autofinancé : son coût de développement est d’environ 500 millions d’euros ; ce n’est donc pas un lifting du 7X (qui vient de battre un record de vitesse de New York au London City Airport, une des pistes les plus difficiles d’accès), et encore moins du 5X présenté à l’automne 2013.
Le 8X vient compléter la gamme des Falcon dans la catégorie des avions haut de gamme à long rayon d’action. D’une envergure de 26 mètres pour une longueur de 24,5 mètres, il est capable de voler sur une distance maximale de 6 450 milles nautiques, soit près de 12 000 kilomètres, couverts en quatorze heures. C’est 1 000 kilomètres de plus que le 7X et 2 400 de plus que le 5X ! Ainsi, en configuration normale (8 passagers et un équipage de 3 personnes), un 8X au départ du Bourget rejoindra la plupart des grandes villes dans le monde (Los Angeles, Tokyo, Le Cap…) ; seule la pointe sud de l’Amérique latine nécessitera unrefueling.
Cette performance est rendue possible par l’existence d’un réservoir de kérosène de plus grande contenance et par les trois réacteurs Pratt & Whitney PW307D. Ils consomment moins que les moteurs du 7X mais offrent 5 % de poussée supplémentaire.
« Nos appareils vont là où les autres ne se posent pas », affirme-t-on chez le constructeur français. Ce sera encore plus vrai pour le 8X, qui pourra se poser sur davantage de pistes que ses concurrents. Trois explications à cela : ses qualités aérodynamiques, ses commandes de vol (conçues et fabriquées par Dassault Aviation) et son poids, faible pour sa taille. Conséquence, l’appareil peut atterrir à une vitesse de seulement 106 noeuds, soit moins de 200 kilomètres-heure. Aux États-Unis, premier marché mondial de l’aviation d’affaires, ces deux atouts ouvrent à l’appareil 500 nouvelles pistes de longueur inférieure à 6 000 pieds (1800 mètres). Un atout important : la flexibilité et la souplesse sont recherchées par les utilisateurs, qui veulent pouvoir se poser au plus près de leur destination finale ! Autre avantage, le 8X peut se poser à 85 % de sa masse maximale, ce qui autorise la multiplication des petites éta pes, contrairement aux concurrents directs, le Global 6 000 de Bombardier et le Gulfstream G550, où le ratio doit être inférieur à 80 %.
La cabine du 8X, très silencieuse, mesure un mètre de plus que celle du 7X. Son volume de 48 mètres cubes permet trois configurations d’aménagement ; la luminosité y est importante, grâce à un ratio surface vitrée rapportée à la surface de la cabine de 0,16, identique à ceux du 5X et du G650 et supérieur à celui du Global 6 000 (0,10). Ce Falcon peut voler à une altitude de croisière maximale de 47 000 pieds (14 300 mètres) ; l’altitude de pressurisation est de 3 900 pieds (1 200 mètres), inférieure à celle d’un avion de ligne.
Le cockpit de l’appareil, repensé et conçu pour un équipage à deux, bénéficie de la technologie EASy III : finis les manches à balai et les cadrans, place au side-sticks et aux écrans multitâches sur lesquels s’affichent les informations. Le constructeur s’est servi de son expérience dans les avions militaires, notamment dans la fusion de données, pour rendre le cockpit le plus intelligent possible et améliorer la sécurité. En cas de visibilité insuffisante, s’affichera, sur les deux viseurs tête haute placés devant les pilotes, une représentation synthétique de ce qu’ils pourraient voir s’il n’y avait pas de brouillard !
Prix catalogue de ce bijou technologique — il répond à la spécification édictée par Marcel Dassault : « Chaque fois qu’un avion est beau, il vole bien » —, 55 millions de dollars. Mais, compte tenu d’un coût d’exploitation inférieur de 22 % à celui du G550 et de 35 % à celui du Global 6000, l’heureux propriétaire du 8X peut économiser 5 millions de dollars au bout de six ans !
L’angoisse du progrès
L’angoisse du progrès
La hiérarchie de la bêtise a encore frappé en mettant sur l'avant-scène de cette semaine écoulée la bourde des chemins de fer, le linge aux fenêtres de Béziers, la photo de Leonarda sur une affiche du FN et en reléguant au rang d'écho la nouvelle et triste victoire des faucheurs d'OGM relaxés par la Cour d'appel de Colmar. Peu importe que douze organisations parmi les poids lourds de la recherche soient montées au créneau pour dire leur exaspération face aux arguments rétrogrades des malthusiens du Larzac et d'ailleurs, les mauvais films et les midinettes de la Croisette vaudront toujours mieux que les pas en arrière que l'on impose à la science. La pensée dominante et le principe de précaution mis au service de l'écologie réactionnaire sont un véritable handicap pour le progrès. Au secours, Cohn-Bendit, ils sont devenus fous !
Mais les chercheurs ont réagi avec des mots de chercheurs, des arguments intelligents bien démunis face au radicalisme rétrograde et égoïste de ceux qui n'existent que par l'obscurantisme, confortablement installés dans la vie politique. Certes les progrès scientifiques ne sont pas toujours exempts de risques, mais la justice, elle au moins, ne devrait pas se soumettre à l'irrationnel absolu.
Un irrationnel manipulateur parfois, qui surfe volontiers sur les coups médiatiques comme la pseudo-étude du pseudo-rigoureux professeur Séralini et de ses souris « tumorisées » par Monsanto, en oubliant de dire que les pousses de soja meurtrières étaient issues de l'agriculture biologique. On pourrait ainsi multiplier les exemples pour parvenir au constat que nous vivons dans une anxiété, une angoisse du progrès, qui prive les consommateurs d'un débat serein et raisonné. Le fauchage de parcelles d'expérimentation sur le long terme n'est qu'un moyen stérile qui entrave la vraie recherche et nous prive de possibles solutions face aux enjeux majeurs de notre époque.
Le véritable débat doit porter sur les conditions d'utilisation des biotechnologies et non sur une interdiction purement idéologique. Nous débordons de normes et de garde-fous pour laisser avancer, sans risque, les observations. Il ne manque que le gène du courage chez les pouvoirs publics.
De l’Ukraine à l’Europe
De l’Ukraine à l’Europe
Dimanche, 500 millions d'électeurs européens plus ou moins frondeurs ou boudeurs sont appelés à élire les 751 députés du Parlement de l'Union. Le même jour, 36 millions d'Ukrainiens motivés auront à c'ur de choisir leur nouveau président parmi 21 candidats en lice. Pourquoi ce parallèle qui pourrait paraître incongru ? Pour souligner combien l'exercice démocratique est un bien précieux qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Et combien il y a d'inconséquence à ne point utiliser un droit de vote si chèrement acquis par les uns, ou si difficile à exercer pour les autres.
Dans une Ukraine au bord de la guerre civile, les citoyens braveront les menaces pour voter sous la protection de 55.700 policiers et 30.000 volontaires civils censés assurer leur sécurité. Dans l'Est du pays, hélas, deux millions d'entre eux, victimes des tracasseries des prorusses, devront renoncer à s'exprimer. L'exemple de l'Ukraine qui voudrait « s'européaniser », contraste avec le désamour européen de beaucoup des électeurs des 28 pays de l'Union. Il devrait, bien au contraire, convaincre les eurosceptiques que la paix n'est jamais un bien définitivement acquis.
Installés dans le confort démocratique, nous avons tendance à l'oublier. Le déferlement de la vague populiste et le record d'abstentions qui s'annoncent dimanche sont un signal d'alarme. Il faudra savoir y répondre en évitant la stigmatisation de ceux qui auraient « mal voté » et en apportant des réponses concrètes à tous ceux qu'inquiètent les mutations économiques et sociales bouleversant le continent.
La constitution d'un groupe parlementaire, dont rêve Marine Le Pen (avec 25 députés venant de 7 pays différents), marquerait une rupture entre un avant et un après européen. Il contraindrait les élites à traiter enfin les peuples avec moins d'arrogance et de condescendance. Il ne sert à rien d'affirmer qu'en votant contre l'Europe, les citoyens votent d'abord contre eux-mêmes. Encore faut-il le leur prouver et leur ouvrir des perspectives. Car on ne fait pas le bonheur des gens contre leur gré.
Bureau de Delanoë : encore un mauvais signal envoyé aux citoyens
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Bureau de Delanoë : encore un mauvais signal... par rtl-fr
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