mardi 23 septembre 2014
L’appel du silence
L’appel du silence
"Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte" a écrit Charles Péguy dans ses Cahiers de la Quinzaine. Les hommes politiques s’efforcent d’occuper la scène publique par des formules et des mots, "l’identité heureuse" selon Alain Juppé, le "référendum", "Schengen" pour Nicolas Sarkozy. Cependant, la parole politique n’a plus vraiment de crédibilité. Les mots se perdent dans l’indifférence, comme ces petits cailloux qu’on jette dans un puits sans fond. Après 4 décennies de promesses non tenues, de déceptions, de scandales tonitruants, "les gens" n’écoutent plus que d’une oreille distraite et incrédule les déclarations de la France dite "d’en haut", médiatique. Taper sur Hollande est inutile. Le chef de l’Etat est à ramasser à la petite cuiller. A quoi sert-il d’en rajouter, sinon de donner l’impression de tirer sur une ambulance? La France, engagée en première ligne dans un conflit militaire majeur – et juste – a besoin d’unité plus que de déchirement. Aujourd’hui, les hommes et femmes politiques ont tout intérêt à se taire, à tenter d’agir quand ils sont au pouvoir, plutôt que de communiquer, et à préparer l’avenir quand ils sont dans l’opposition, en toute discrétion et sérieux. L’époque et l’état d’esprit des Français, ne se prêtent ni aux discours ni aux promesses, encore moins aux polémiques. Comment font-ils pour ne pas le voir? La seule séduction qui vaille est celle du silence. Aimer la France et respecter les Français? leur foutre la paix en ce moment. Il faut choisir entre travail et jacasserie. Personnellement, j’ai pris l’habitude, par instinct, de couper le poste dès que j’entends la voix d’un politicien (tous évidemment, de l’extrême droite à l’extrême gauche), sauf poussé par la curiosité, en de rares exceptions, que j’ai vite fait de regretter… Ce n’est pas une attitude de "repli sur soi" mais un réflexe d’auto protection.
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