TOUT EST DIT

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lundi 10 septembre 2012

@Libé : je suis jeune et je ne vous ai pas attendu pour me "barrer"

La semaine dernière le quotidien Libération a publié une provoc', incitant les jeunes de France à "se barrer". Voici la réponse d'un de nos nouveaux contributeurs, qui n'a pas attendu les conseils de Libé.

Je suis un jeune de France, et je ne vous ai pas attendus pour me « barrer ». Pour être franc, le titre de l’article m’a agréablement surpris dans un journal français, et le premier paragraphe décrivant la France comme une « gérontocratie, ultracentralisée et sclérosée, qui chaque jour s’affaisse un peu plus » plaçait l’article sous de bons auspices. Pour le reste, si comme vous le dites le voyage ouvre des perspectives nouvelles, je vous invite à me suivre : vous exhortez les jeunes à quitter le navire sur la base des principes qui le font couler aujourd’hui.
La France est dirigée par une petite élite qui, sauf scandales majeurs (quelques condamnations en justice ne suffisent pas à vous faire bannir), se maintient au fil des années, parvient à conserver ses privilèges envers et contre tout et a, sur le fond, la même recette de potion magique : plus d’État, plus de moyens, plus de réglementation, plus d’intrusion dans tous les domaines de la vie des citoyens.
Je ne peux donc que partager le constat d’un pays ultracentralisé. L’État est omniprésent et s’est intéressé avant vous à la jeunesse : au-delà de l’aspect électoraliste (la jeunesse, c’est l’avenir), des mesures sont prises pour favoriser son insertion dans la société, son accès à l’emploi, son bien-être au quotidien avec des concepts surprenants à défaut d’être innovants comme les CDI à durée déterminée. Ça n’a, jusque-là, pas l’air de fonctionner, et on peut même l’expliquer assez facilement. Pour qu’un emploi se crée, il faut qu’un employeur décide d’en créer un et, pour cela (sauf si c’est l’État et qu’il dispose de ressources qu’il n’a pas à créer mais à prendre des poches des contribuables) il faut que cet emploi soit rentable, et dans la France d’aujourd’hui, c’est plutôt difficile.
Il suffit effectivement de quelques minutes dans d’autres endroits dans le monde, ou devant des statistiques économiques, pour comprendre que la France n’est pas le pays le plus dynamique. D’ailleurs, cela pourrait vous surprendre, mais les Français, jeunes et moins jeunes, ne vous ont pas attendu pour bouger. Évidemment, ce n’est pas très altruiste de partir quand on est plein d’avenir : le système français repose sur la solidarité, donc sur la redistribution de la richesse de ceux qui la créent vers les autres. Si les jeunes partent, qui paiera les retraites de nos parents ? Qui financera la protection sociale de ceux qui seront restés ? Dans votre article, comme souvent dans les médias français, il y a deux poids, deux mesures : « trop souvent, ceux qui prétendent défendre les intérêts des classes populaires en France le font sans une pensée pour les 3 milliards d’êtres humains qui vivent avec 2 dollars par jour ou moins… Ce qui, si le progressisme est encore un humanisme, est au mieux illogique, au pire rien de moins qu’immoral. » N’est-il pas immoral de ne pas avoir une pensée pour ceux qui financent leurs mesures populistes ? Ne sont-ils pas les dirigeants d’entreprise, évoqués plus haut, qui ne demandent qu’à créer, innover, réussir et attendent légitimement de s’enrichir par l’utilisation de leurs compétences et talents et leur prise de risque ?
Qu’un pays demande aux jeunes de rester ou, comme dans les pays du Maghreb que vous évoquez, de revenir plus tard, est un bon indicateur qu’il ne faut certainement pas rester et sans doute pas revenir. Votre appel au départ incite les jeunes à partir pour leurs enfants, ou pour faire bénéficier la France de leurs expériences à leur retour, et même lui apporter des solutions enfin nouvelles :
« Trop souvent encore, notre pays fonctionne en effet en vase clos, la topographie du débat public y relevant d’une curieuse forme de schizophrénie où les grands bouleversements planétaires ne donnent lieu qu’à de petits débats gaulois. Le gouffre de plus en plus béant entre la situation réelle de la France et les propositions de ses dirigeants ne sera pas comblé par d’autres que vous, qui, à force de voyages, de rencontres et de découvertes, pourrez sortir ce pays de l’abrutissement engendré par l’autarcie intellectuelle qui est la sienne depuis une trentaine d’années au bas mot. » 
Je vous recommande de voyager encore, pour vous ouvrir de nouvelles perspectives et sortir de ce vase clos de la pensée en France, car vous avez identifié le problème mais la solution que vous proposez repose sur les mêmes fondements.
Le système français dans son ensemble repose sur l’idée que tout le monde peut vivre aux dépens des autres via l’État, le tout avec l’accord et la collaboration de tous. Mais les jeunes de ce pays ne doivent rien à la France. Les Français ne doivent rien à la France. Les Français ne doivent rien aux Français. Partez, Français, partez, allez créer ailleurs, réfléchir ailleurs, innover ailleurs. Il en va de votre avenir ; celui de la France, ce n’est pas votre problème. Partez, cherchez des pays où vous ne vivrez aux dépens de personne et où personne ne vivra à vos dépens. Vous êtes des ânes sans oreilles, devenez des ânes sans maître.

Euro : Bienvenue en Stagflation

En lançant le mécanisme de rachat de la dette publique par la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi vient d'esquisser le futur de la zone euro : le marais saumâtre de la stagflation.
Mario Draghi a parlé. La BCE imprimera ce qu'il faudra pour sauver l'illusoire monnaie unique européenne.
Pour une première analyse assez vraisemblable des conséquences, il fallait évidemment lire Contrepoints.
Les marchés financiers ont reçu la nouvelle avec champagne et cotillons ; outre-Rhin, la nouvelle est passée, disons, un peu plus difficilement. Cela a même conduit le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, véritable père-la-rigueur de l'orthodoxie financière, à se fendre d'une protestation, clamant que les médias exagéraient et que le plan de la BCE ne financerait pas la dette des États :

Ce n'est pas le début d'un financement monétaire de la dette publique. Ce ne serait pas acceptable, mais ce n'est pas cela.
Le fameux humour allemand, sans doute.
Examinons le nouveau mécanisme de la BCE, Outright monetary transactions (OMT):
Ce programme sera soumis à la stricte condition que les États qui souhaitent en bénéficier aient auparavant fait appel à l'aide des fonds de secours européens, le FESF, provisoire, et le MES, son futur successeur. Ce qui implique des efforts accrus d'assainissement des finances publiques de la part des pays demandeurs.
M. Draghi a indiqué que ce nouveau programme (...) allait se concentrer sur les obligations de maturité courte et moyenne. Entre un et trois ans, a-t-il déclaré, précisant que trois ans était la maturité la plus efficace pour atteindre les objectifs.
Contrairement au scénario qui avait circulé dans la presse, la BCE ne va pas viser de niveaux spécifiques sur les écarts de taux d'emprunt (spreads) entre les États de la zone euro au-delà desquels elle interviendrait en achetant des titres de dette.
Nous n'avons pas d'objectif d'écart de taux spécifique, a déclaré M. Draghi. L'écart observé est celui entre les taux d'emprunts des pays de la zone euro et les taux d'emprunt de l'Allemagne, pays qui fait référence dans la zone.
Le programme sera donc ouvert à tout pays qui en fait la demande, ne demandant en gage que la mise en œuvre de mesures d'assainissement - sans aucun examen de leur efficacité - et portera sur n'importe quel montant d'emprunts sur des échéances jusqu'à trois ans. Rajoutons que rien dans sa définition n'empêche l'OMT d'être reconduit éternellement. Cerise sur le gâteau, le déclenchement pourra se faire lorsque la BCE estimera qu'il y a un écart "trop important" entre les taux allemands et les taux de tel ou tel pays selon des critères parfaitement arbitraires, et assumés comme tels.
Les hurlements de la presse allemande n'ont rien d'incompréhensible.
Toutefois, la crainte (émise par de nombreux intervenants) d'un scénario inflationniste "à la Weimar" semble selon moi prendre du plomb dans l'aile.
Non pas que l'OMT ne se mette jamais en marche. Il le sera forcément à un moment, simplement à cause de la dégradation continue de la balance des finances publiques de nombreux pays de la zone euro. Et celle-ci n'est pas près de s'arranger.
La situation d'un pays se dégradant, il appellera la BCE à l'aide, qui acceptera : il faut bien sauver l'Euro. On demandera au gouvernement du pays aidé des mesures de "rigueur" en contrepartie, qu'il s'empressera de mettre en œuvre. Parallèlement à cela, il se dépêchera de raccourcir la maturité moyenne de sa dette pour permettre à un maximum d'obligations de passer sous la barre des trois ans permettant à la BCE de les monétiser.
Nous aurons donc un mélange de "rigueur" et de "planche à billets".
Lorsque des gouvernements font face à des difficultés financières, ils ont deux manettes à disposition : tenter de diminuer les dépenses, ou tenter d'augmenter les recettes (la procrastination n'est plus une option, crise de la dette oblige). En réalité, ils tentent au mieux 20% de l'un et au moins 80% de l'autre, pour d'évidentes raisons de clientélisme politique. Et comme nous le montre l'exemple d'Hydra en Grèce, nous avons atteint les limites du système : l’État n'est de plus en plus qu'un outil de matraquage fiscal pur, une main de fer sans gant de velours.
Un peu partout sur le continent, les impôts ont dépassé les limites du supportable et deviennent carrément contre-productifs, mais les experts aux manettes n'en ont cure. Un retour sur impôt décevant provoquera au pire une petite gêne auprès d'un ministre - rassurez-vous, pas de quoi lui couper l'appétit - et certainement pas une remise en cause de sa stratégie.
Le résultat est tout de même au rendez-vous : les faillites s'enchaînent, les chômeurs s'accumulent, les rentrées fiscales s'étiolent.
En deux mots : Adieu, croissance.
Or, pour qu'il y ait hyper-inflation, il faut un minimum de croissance. Les beaux billets neufs crachés par des imprimantes en surchauffe doivent bien terminer quelque part, mais où aller lorsque rien ne bouge ? Ceux-là n'entrent qu'au compte-goutte dans un circuit économique anémié. Ils finissent dans quelques bulles immobilières absurdes, en art contemporain ou autres impostures, mais rien qui ne fasse "tourner" l'économie, même selon les dogmes keynésiens.
Aussi, nous allons plutôt entrer dans le marais saumâtre de la stagflation :
La stagflation est la situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d'une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette situation est souvent accompagnée d'un taux de chômage élevé.
On dirait presque la carte de visite de la zone euro.
L'inflation n'est pas encore "forte" mais elle monte gentiment - alors même que la monétisation officielle de la dette n'a pas encore commencé. Quant à la croissance faible et au taux de chômage élevé, c'est carton plein.
Le Japon connaît bien la stagflation, il s'y débat depuis vingt ans. Ceci dit, les différences culturelles entre les deux entités (ne serait-ce qu'entre la "diversité" européenne face à "l'uniformité" japonaise) ne permettent pas de tracer tous les parallèles souhaitables. La longue stagflation japonaise a ainsi été accompagnée d'un chômage plutôt faible eu égard aux standards européens, et de peu de troubles de l'ordre public.
Entre l'explosion régulière des banlieues, les mouvement sociaux violents et les divergences fondamentales entre États européens sur la conduite à tenir, la stagflation made in Europe risque d'être un poil plus sportive. Qu'on imagine seulement ce que deviendrait la France si on devait fermer le robinet des subventions...
Toutes choses étant égales, la stagflation semble évidemment un meilleur scénario qu'une inflation à trois ou quatre chiffre dans la ligne de celle de la République de Weimar et de ce à quoi elle a mené. Mais c'est aussi le choix d'une mort lente.
En lançant le mécanisme de rachat de la dette publique par la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi vient d'esquisser le futur de la zone euro : elle ne s'effondrera pas d'un coup, non. Elle s'enfoncera dans une apathie désagréable et sans espoir, vraisemblablement pour de nombreuses années. En fait, aussi longtemps que les Allemands le supporteront.



Les "banques du temps" : une échappatoire à l'impôt ?

Phénomène en pleine expansion en Espagne, les "banques du temps" permettent à ses utilisateurs d'échapper complètement à l’impôt et aux diverses règlementations.
Alipio, un espagnol un peu baba cool et au demeurant fort sympathique, pense que la crise qui frappe si durement l’Espagne est l’occasion d’un retour à la terre et veut donc créer une coopérative agricole autonome [1]. Pour ce faire, il a réuni une petite équipe – composée notamment de María, une architecte au chômage et d’Alberto, un comptable qui a du temps libre – qui accepte de l’aider gratuitement à donner vie à son ambitieux projet. Quoique « gratuitement » n’est peut être pas tout à fait le bon terme : Alipio paye les membres de sa petite équipe mais il ne les paye pas en euros ; il les rémunère en temps. En effet, Alipio, María et Alberto ne sont pas de vieux amis – il y a quelques mois encore ils ne connaissaient pas ; ils se sont rencontré sur un site communautaire d’un genre nouveau : Comunitats.org.

Créée par Teresa Cristobal et Alvaro Solache, Comunitats est une des 291 « banques de temps » que comptait l’Espagne au dernier pointage. C’est un phénomène en pleine expansion : depuis le début de la crise leur nombre a plus que doublé. Le principe en est très simple : si vous avez du temps libre et des compétences, les banques de temps vous proposent d’offrir vos services aux autres membres de la communauté contre une rémunération qui ne sera pas payée en euros mais sous forme d’un crédit sur votre compte de temps. Avec ce crédit, vous pourrez à votre tour bénéficier des services d’autres adhérents du système et ainsi de suite. Pour Alipio, María, Alberto et les milliers d’espagnols qui participent à de tels systèmes, les banques de temps constituent une forme de coopération solidaire, une économie véritablement au service de l’Homme, une alternative crédible au règne du Dieu-argent.
« Notre monnaie à nous, ce n’est pas l’argent. »
À vrai dire et sans vouloir aucunement dévaloriser l’initiative des créateurs de Comunitats, les banques du temps n’ont pas grand-chose de nouveau. Plusieurs systèmes parfaitement analogues ont vu le jour un peu partout dans le monde sous des noms différents. En France, par exemple, les banques de temps se sont développées à partir des années 1990 : on appelle ça un Système d'échange local (SEL) et il y en aurait pas moins de 300 qui continuent à fonctionner sur l’ensemble du territoire. La plupart de ces petites communautés d’échange ont été fondées par des gens qui, à l’image d’Alipio, María et Alberto, souhaitaient abandonner un modèle économique qu’ils jugeaient inhumain – le capitalisme et l’économie de marché – et le remplacer par un système d’échange qui n’est pas sans rappeler furieusement les utopies socialistes du XIXème siècle. Ce fut notamment le cas du premier d’entre eux, créé en Ariège fin 1994 : comme María aujourd’hui, ses membres affirmaient sans doute avec une pointe d’espoir mêlée d’orgueil que « notre monnaie à nous, ce n’est pas l’argent ». [2]
C’est vers la fin de ces mêmes années 1990 que j’ai entendu parler pour la première fois des SEL. Ce n’était pas dans un article altermondialiste ni au journal de 13h mais lors d’un cours d’économie où mes camarades d’université et moi-même étudions les questions monétaires. À l’époque, pour ceux de nos professeurs qui s’étaient spécialisés dans ce domaine ô combien ardu, la création des premiers SEL était une source d’excitation intarissable et un sujet d’étude prioritaire. Il faut dire que cette agitation était bien compréhensible : ce que nos professeurs avaient parfaitement compris, contrairement aux fondateurs des SEL eux-mêmes [3], c’est que les unités de temps que s’échangeaient les membres de ces systèmes n’étaient rien d’autre que des monnaies, des monnaies privées, des monnaies parallèles créées dans la plus parfaite illégalité au nez et à la barbe du législateur mais des monnaies à part entière. Aussi improbable que cela puisse paraître, les créateurs des SEL, alors qu’ils pensaient avoir réalisé une forme d’utopie socialiste, avaient donné vie au vieux rêve de bien des économistes libéraux.
Une monnaie, c’est un bien physique ou virtuel qui remplit trois fonctions : c’est un intermédiaire général des échanges qui nous permet de dépasser les nombreuses difficultés techniques que pose le troc, c’est une réserve de valeur qui nous permet de différer nos dépenses dans le temps et c’est une unité de compte qui nous permet d’exprimer la valeur des biens et des services sur une échelle commune. Les francs, comme que le sel (i.e. chlorure de sodium) qui servait à payer les soldes des légionnaires romains ou le riz avec lequel on versait celles des samouraïs remplissaient ces trois fonctions et étaient donc, de plein droit, des monnaies au même titre que nos euros actuels. Fort de cette définition, considérez maintenant les unités de temps qui sont créditées ou débitées des comptes de nos amis espagnols : elles leur permettent d’échanger des biens et des services entre eux, elles conservent leur valeur dans le temps et servent d’unité. Ce sont des monnaies, des monnaies virtuelles qui, exactement comme nos euros modernes, n’ont de valeur que parce que leurs utilisateurs ont confiance en leur pouvoir d’achat.
De l’État-providence à l’État-gendarme, il n’y a qu’un pas…
Ce n’est un mystère pour personne : le succès des banques de temps tient au simple fait que, leurs monnaies n’étant pas officiellement reconnues comme telles par l’État espagnol, les utilisateurs échappent complètement à l’impôt et aux diverses règlementations. Lorsque vous vendez un service payé en unités de temps, vous ne facturez aucune TVA, vous ne serez pas assujettis à l’impôt sur le revenu et vous pouvez tout à fait travailler pour un taux horaire inférieur au salaire minimum imposé par la loi. Si quelques dizaines de milliers d’espagnols ont jugé bon de participer au développement des banques de temps, c’est essentiellement que l’économie officielle – celle qui est taxée et réglementée – ne leur offrait aucune autre option que le chômage. Autrement dit et au risque de choquer les plus sensibles d’entre nous, il y a deux économies en Espagne : l’officielle, celle qui est administrée par l’État et qui est en chute libre et l’officieuse, celle qui s’est développée sans l’État et même en dépit de lui qui explose et pèse désormais près d’un bon quart du PIB officiel.
Les cyniques et les libéraux déduiront sans doute de ce qui précède que la survie des banques de temps ne tient plus qu’à un fil. Tôt ou tard, l’État espagnol – comme l’État français il y a une vingtaine d’année – cherchera à remettre la main sur cette économie parallèle qui a le front de se développer sans ses bons services et surtout, sans s’acquitter de l’impôt. On voit déjà quelques économistes – qui se trouvent être par ailleurs fonctionnaires – s’alarmer de la dangerosité de cette économie informelle qui réduit les recettes fiscales de l’État et donc sa capacité à gaspiller l’argent des contribuables. Plus sérieusement, on comprendra la multitude des petits artisans espagnols qui, écrasés d’impôts et de réglementations, doivent en plus subir la concurrence forcément déloyale d’une véritable économie de marché. La reprise en main fiscale n’est qu’une question de temps : de l’État-providence à l’État-gendarme, il n’y a qu’un pas et il est vite franchi.
Oh bien sûr, me direz-vous, il suffirait au gouvernement de Madrid de taxer les revenus payés en unité de temps au même taux et sur la même assiette que ceux qui sont rémunérés en euros. Détrompez-vous : c’est beaucoup plus complexe que ça ! Si le gouvernement espagnol devait un jour étendre ses filets fiscaux à cette économie réputée informelle, cela reviendrait ipso facto à reconnaître officiellement que les unités de temps sont bel et bien ce qu’elles sont : des monnaies concurrentes de l’euro. Or ça, voyez-vous, aucun gouvernement ne peut le souffrir parce qu’admettre l’usage d’une monnaie autre que celle de l’État c’est priver ce dernier de son instrument fiscal absolu : le monopole monétaire.
Ultima Ratio Regum
Je ne doute pas un instant, ô lecteurs, que ces choses de la vie vous sont familières mais une petite piqûre de rappel ne peut pas faire de mal. Lorsqu’un État est endetté – c'est-à-dire qu’il a durablement dépensé plus qu’il ne collectait d’impôts – il est naturellement tenté d’user de son pouvoir souverain pour envoyer paître ses créanciers. Techniquement, cela ne pose aucune difficulté [4] et la banqueroute (i.e. le défaut de paiement dit-on aujourd’hui) est un usage largement répandu chez les princes dispendieux. Néanmoins, ces derniers s’exposent alors à deux désagréments majeurs : le premier, c’est qu’ils devront se passer de créancier pendant quelques décennies ; le second, c’est que lorsque ses sujets réaliseront qu’en ultime analyse, les marchés financiers qu’ils vouaient si volontiers aux gémonies c’était eux, ils risquent d’avoir quelques difficultés à avaler la pilule. Mais le génie créatif de l’administration fiscale n’ayant pour ainsi dire pas de limite, nos gouvernants se sont dotés d’une arme qui règle définitivement le problème : le monopole monétaire et son corollaire naturel, l’inflation.
Le monopole monétaire, bien plus que l’artillerie, c’est l’ultima ratio regum, l’argument ultime des rois. Si, par hypothèse, le prince s’est engagé à rembourser un certain nombre d’euros selon un échéancier fixé à l’avance, il peut tout à fait réduire la valeur réelle de sa dette tout en honorant ses obligations : il lui suffit de réduire la valeur des euros. Pour ce faire, il n’a besoin que de deux instruments : une monnaie dont il contrôle la production et un dispositif légal qui interdit à quiconque, sur son territoire, d’utiliser une autre monnaie – i.e. le cours légal de la monnaie. Une fois en place, il suffit de dévaluer la monnaie en augmentant la teneur en bronze des pièces en or ou en faisant tourner la planche à billet – cela dépend des époques. L’opération permet non seulement de rembourser vos créanciers en monnaie de singe et de pomper la richesse réelle des épargnants en toute discrétion [5] mais offre aussi l’immense avantage de n’être visible du commun des mortel qu’au travers d’une hausse généralisée des prix… qui sera fort opportunément mise sur le dos des commerçants, banquiers et autres spéculateurs.
C’est là la principale vertu de l’euro (peut-être même la seule) : nos gouvernants n’ayant plus d’accès direct à la planche à billet, ils sont obligés de nous fiscaliser de manière relativement transparente. Sauf que, par les temps qui courent et au vu de la situation financière des États européens, l’hypothèse d’un grand mouvement d’inflation de l’euro ou d’une explosion pure et simple de la zone du même nom (suivie d’une dévaluation massive des monnaies qui en résulteraient) se fait de plus en plus probable. Nos très dispendieux gouvernements ont donc, plus que jamais au cours de la dernière décennie, toutes les incitations du monde à préserver leur monopole monétaire. Nous allons donc très prochainement assister à une reprise en main des banques de temps espagnoles ; Alvaro, Teresa, Alipio, María et Alberto se verront expliquer – à leur plus grande surprise – que leur petite expérience ultralibérale manque cruellement de patriotisme fiscal. Comunitats fermera ses portes ou verra son domaine d’activité sévèrement restreint et nos amis espagnols pourront goûter encore un peu plus aux délices du chômage de masse et de l’appauvrissement généralisé sous perfusion étatique.

Notes :
  1. Cet exemple est tiré d’un reportage diffusé par Arte en début d’année (Tabea Tiesler, René Gorski et Robert Bohrer, Espagne : des banques de temps communautaire).
  2. Si cette distinction sémantique entre argent et monnaie vous perturbe, rassurez-vous : vous n’êtes pas le seul.
  3. À l’exception, peut-être, de M. Franck Fouqueray qui avait créé un système équivalent au Mans en 1990 (Troc Temps) mais se gardait bien de parler d’autre chose que de troc.
  4. On rappellera ici et fort opportunément que l’État, par définition, contrôle la police et l’armée ; les marchés financiers ? Combien de divisions ?
  5. Puisque ces derniers n’ont pas d’autre choix que de conserver leur épargne dans la monnaie de l’État.
  6. La banque du temps autre méthode

Le lobbying à la papa, c’est maintenant !

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, c’est désormais entendu. Mais elles donnent quand même une réponse à la question : pour qui roule le Président ?
Je conseille à tout le monde de se replonger régulièrement dans le désormais mythique « projet présidentiel #FH2012 » du candidat Hollande.

On y lisait, souvenez-vous : « je réduirai la TIPP de 3 centimes pendant deux mois bloquerai le prix de l’essence « , ou alors « je taxerai à 75% les revenus au dessus d’un million par personne au sein du foyer, et à l’exception des revenus du capital et des revenus exceptionnel et de ceux des artistes et des sportifs  » ou encore « je ne nommerai pas de ministres condamnés sauf pour des affaires de marché public ou pour des injures publiques« . Et ces promesses raisonnables ont ainsi pu convaincre les électeurs lassés de la démagogie sarkozyste.
Avec le recul, on peut discerner également des ambitions très forte. Par exemple, quand on lit la promesse 43  : « Je lancerai un vaste plan qui permettra à 1 million de logements par an de bénéficier d’une isolation thermique de qualité.», on a tendances à se demander : « qui va payer » ? Mais peut-être que la bonne question serait : « qui va encaisser ? ».
On sait qu’en France, Saint Gobain a réussi à faire croire à bon nombre de personnes que la seule façon de réduire notre consommation d’énergie, c’est de refaire son isolation. Et on sait également que ladite isolation, bien que très chère, n’a pas encore vraiment démontré sa capacité à faire des économies. D’ailleurs, les isolants en couche mince, que Saint Gobain ne commercialise pas, sont moins souvent recommandés dans les régulation et normes diverses, à efficacité supérieure avérée… Bizarre. Ce que l’on sait moins, c’est que le conseiller à l’énergie de François Hollande n’est autre qu’Olivier Lluansi qui n’est autre que l’un des dirigeants de… Saint Gobain!  Saint Gobain sur le site duquel il apparait toujours dans la rubrique « Equie dirigeante ».
Deux question se posent à nous : est-il l’inspirateur de la proposition 43 (très, très, TRES couteuse en bon gros argent public) ? Est-il encore salarié de Saint Gobain ? En effet, nommé le 22 mai 2012, il a résisté à la mise à jour du site de Saint Gobain qui est du 10 juin…
Les gros sous pour les copains, c’est maintenant ?

La BCE indépendante est morte

Le programme de rachat de dette annoncé par Mario Draghi signe la soumission de la Banque centrale européenne au pouvoir politique, s’insurge la presse allemande, qui s’inquiète d’une dérive de la politique monétaire en Europe.

Une digue a sauté”, s’insurge Die Welt en Une. En annonçant qu’elle était prête à racheter de la dette des Etats de la zone euro en difficulté, la Banque centrale européenne a démontré que désormais "elle se cantonne à un rôle de sauveteur", regrette le quotidien conservateur :
Dès que les politiques crient "Au feu !", la banque d’émission sort la lance à incendie. Tantôt en rachetant des dettes publiques, tantôt en allant jusqu’à jouer le rôle de bailleur de fonds provisoire pour une Grèce en faillite, les gouvernements européens et le Fonds monétaire international ne sachant pas s’ils veulent continuer à prêter de l’argent ou non à Athènes.
Dans ces conditions, comment la BCE peut-elle encore gérer la planche à billets indépendamment de l’opinion des gouvernements ?”, s’interroge Die Welt, faisant écho à l’exigence traditionnelle allemande d’indépendence des banques centrales, dans les Etats comme au niveau européen :
Logo – Die Welt, BerlinMario Draghi foule aux pieds les statuts de la BCE et tente de se justifier en évoquant un possible éclatement de la zone euro. Ce faisant, il fait le sale boulot des gouvernements qui, avec l’appui de la banque centrale, peuvent ralentir encore un peu plus le rythme des réformes. Dans le même temps, la BCE va accumuler les dettes publiques de pays en crise. (...) Les dangers de cette politique sont gigantesques. Pour l’heure, l’inflation n’est pas le problème numéro un, qui serait plutôt la totale opacité et l’absence de légitimité politique d’une redistribution des richesses du Nord vers le Sud. Et des pays économes vers les profiteurs de cette politique monétaire irresponsable. Ce qui est à la fois antidémocratique et antisocial.
Habituellement plus compréhensive envers les demandes de souplesse des pays les plus touchés, la Süddeutsche Zeitung considère que la BCE "récompense la mauvaise gestion économique". Pour le quotidien, racheter de manière illimitée des  obligations d’Etat ne signifie rien d'autre que "financer des Etats qui ne sont pas solides". Pis, en déclarant qu’il veut "sauver l'euro à tout prix" et que la monnaie unique est  "irréversible", Mario Draghi dépasse clairement le cadre de son mandat :
Seuls les représentants des gouvernements peuvent faire de telle déclarations. Il est intolérable qu'une institution démocratiquement illégitime décide des conditions de vie en Europe. [...] [La BCE] s’érige en sulfureuse dominatrice de l'Europe. [...] Elle a encore la possibilité de faire marche arrière. C’est précisément à cela que sert la persévérante protestation du président de la banque fédérale allemande, Jens Weidmann. Au bout du compte, Mario Draghi le sait très bien, l’euro ne peut pas être sauvé en allant à l’encontre de l’Allemagne qui est la principale économie nationale d’Europe. Il est dans l’intérêt de l’Europe que la BCE et les autres sauveurs inconditionnels de la monnaie unique ne fassent pas monter les Allemands sur les barricades. Ils y sont presque.

Hollande découvre la crise et se convertit au Sarkozysme


Finies les belles promesses impossibles. Finis les grands discours démagogiques. François Hollande a mis quatre mois à comprendre que l’état de la France était gravissime et qu’il ne permettait plus un retour aux vieilles lunes socialistes. Une conversion tardive au sarkozysme et au pragmatisme économique.
La droite a beau jeu de railler l’amateurisme du président de la République et de son gouvernement. Le constat est en effet amer de voir François Hollande, après plus de cent jours à la tête du pays, présenter pour la première fois aux Français son programme économique et sa vision de la sortie de crise.
Il faut dire que le vide abyssal du programme socialiste, pas une seule fois contesté par les élites médiatiques qui ont fait une campagne éhontée en faveur de l’ancien député de la Corrèze, ne laissait présager rien de bon et que les trois mois d’inaction du gouvernement étaient surtout destinées à faveur avaler la pilule du renoncement aux électeurs de gauche.
Car pour tardif et insuffisant qu’ait été le discours de François Hollande, il a le mérite de ne pas voiler l’immensité de la crise et des efforts à consentir par la Nation pour sortir de la spirale du déclin… Hélas les mesurettes proposées par le président, et son acharnement sur les « ménages aisés » (ce qui en langage socialiste signifie classes moyennes) ne présage pas de recettes miracles.
Au moins sait-on désormais que la gauche à la sauce Hollande ne fera pas n’importe quoi avec les finances du pays et ne mènera pas la politique suicidaire annoncée au cours de la campagne électorale.

Le pari « hollandais » 


Attendre, un peu. Puis surprendre, le plus possible. La stratégie adoptée par François Hollande ressemble en tout point à la guerre éclair, plus connue sous son appellation germanique de « Blietzkrieg ».
Depuis la rentrée politique, à la mi-août, les sondages mettent l’accent sur la passivité, reproche adressé par l’opinion à l’équipe gouvernementale. Trois semaines plus tard, laps de temps raisonnable, le chef de l’État vient d’accuser réception du message. Et non sans habileté, il profite des circonstances – prévisions de croissance revues à la baisse (« sans doute » à 0,8 % au lieu de 1,2 %), chiffres ultra-alarmants du chômage – pour changer de posture de façon radicale. Radicale, au sens de directe et claire et non avec le flou très radical-socialiste que le chef de l’État affichait trop souvent.
À la première personne du singulier – « je suis en première ligne » – il a tenté de reprendre l’offensive sur le front de l’emploi, comme sur la maîtrise des comptes publics, tout en annonçant 10 milliards de prélèvements supplémentaires sur les ménages.
Exercice acrobatique, avec un mélange de volontarisme, de « patriotisme » – notamment à l’adresse des grandes fortunes, mais aussi une bonne dose, peut-être trop grande, d’optimisme.
Le chef de l’État a lancé ce qu’il nomme le « calendrier du redressement », en se fixant le double objectif de ramener le déficit budgétaire sous les 3 %, afin de tenir nos engagements européens, et d’inverser la courbe du chômage. Le tout d’ici 2014. Si ces buts sont atteints, il se prépare une seconde partie de quinquennat plus confortable que la première. Et pour la première fois dans son Histoire, la gauche aurait une séquence inverse aux précédentes qui comprenaient une première phase dépensière, une seconde sous le signe de la rigueur. En revanche, si le scénario tourne mal, ce sera l’austérité, plus les promesses non tenues et une austérité encore plus grande.
« Je vous ai compris », a dit en substance, hier, le Président de la République, dans un registre un peu gaullien. La riposte éclair, sur le plan de la communication, est bien menée. Mais sur le fond, sa stratégie relève du pile ou face, véritable « pari hollandais ».

La première leçon de Professeur Hollande


François Hollande a marqué hier sa grande rentrée sur TF1 en démontrant qu'il avait bel et bien endossé les habits et les responsabilités de président. Sérieux, presque austère, il a montré qu'il était le patron, qui « fixe un cap », parlant à la première personne d'ambition, d'assumer, de responsabilité : « ce que j'ai dit doit être la règle ». Travaillant à sa nouvelle stature, il a surtout veillé à tenir un discours rassembleur, sans montrer du doigt les mauvais élèves. Insistant sur les termes de combat ou de bataille, il a appelé à l'effort de tous, notamment en terme d'impôts, au patriotisme, à l'exemple, à la responsabilité des partenaires sociaux pour négocier vite. Se montrant ferme avec la menace du bâton de l'État, mais aussi rassurant, il a distribué les propos aimables pour les chefs d'entreprises, évoquer la priorité à la sécurité. Il a même un agenda pour fin 2012, puis 2014 et même un objectif 2017 ! Le programme est confirmé, malgré la croissance revue à la baisse et le chômage en hausse, les efforts à faire pour les ménages ou les administrations. Et les réformes, fiscales, du financement de la protection sociale et du marché de l'emploi n'ont pas été masquées. Pas de vraie annonce donc, l'objectif n'était pas là, mais plutôt l'affirmation d'un leadership réaliste, serein, comme pour démonter toutes les récentes critiques. C'était donc bien la rentrée, le prof veut montrer qu'il connaît son boulot, les devoirs s'amoncellent déjà et l'année s'annonce longue avec un programme chargé, sans qu'on en voie le bout. Il va vraiment falloir qu'il explique bien, parce que les leçons vont avoir du mal à rentrer si les bonnes notes n'arrivent pas bientôt.

Le cap de l’espérance 


L’épisode promettait. D’abord parce qu’on attendait de voir comment François Hollande gérerait cette contradiction : après avoir vilipendé le caractère omniprésent et hyper-réactif de son prédécesseur, le président s’est retrouvé lui-même en demeure de créer l’événement médiatique.
Tendu, hors du registre de la séduction, il s’est attelé à marteler des termes voulus forts, voulus phares, sans verser lourdement dans la polémique, par exemple sur l’affaire Arnault. « Contrat », « accélération », « engagement », tels sont les piliers du discours présidentiel. La sécheresse de l’expression tranchait avec les critiques récentes de manque de consistance – montrant bien que le chef d’État n’est pas si hermétique qu’il le dit aux commentaires et aux sondages.
Mais François Hollande n’était pas attendu que sur le plan du spectacle. Sur le fond, on pouvait se demander de quelle manière le président se sortirait d’un casse-tête politique : rassurer sans donner de bonnes nouvelles.
Passant rapidement sur la question épineuse des prélèvements, il a préféré évoquer la proximité des échéances qu’il a fixées et l’importance de tenir un « agenda ». Une façon de donner des gages ? Il l’a concédé, on en passera par des phases « douloureuses », le temps du redressement nécessitera de longs efforts.
Pour un peu, on en aurait presque été soulagé. Au moins a-t-il semblé là fixer un « cap ». Ce qui ne se distinguait plus, cet été, dans l’entrelacs des couacs ministériels, des mesurettes à l’efficacité discutée (comme sur le prix de l’essence), des chiffres affolants.
Le candidat du changement, devenu président de la normalité, s’est voulu hier soir chef de la reconquête. À défaut d’avoir été flamboyant, François Hollande, en fixant le point d’étape à deux ans, a fait publiquement, un pari hier soir. Sur lui. Sur le pays. Mais aussi, de manière encore plus osée, sur la sortie de crise.

UN PAS DE PLUS VERS LA DÉSESPÉRANCE,
RIEN DE NEUF, LA NULLITUDE 
C'EST MAINTENANT

Rendez-vous 


Rendez-vous dans deux ans, dit notre Président. C’est gentil, mais le rendez-vous était déjà pris, avec ou sans son accord. Car c’est bien en 2014 que nous pourrons lui exprimer notre degré de mécontentement (ou de satisfaction) dans les élections municipales, puis européennes… Qu’importe, l’annonce montre que notre Président est désormais le pied sur l’accélérateur, et seul au volant. A son entrée en fonction, il avait pourtant promis : je ne déciderai pas de tout, pour tout et partout. Nous avons compris hier soir que la promesse ne tient plus : il assume toute la responsabilité, il décide, son Premier ministre exécute. Qu’on nous pardonne ce néologisme, M. Hollande se sarkozyse. Ou plutôt, il se présidentialise, puisque la fonction et l’époque réclament cette agitation dans l’omniprésence. Après M. Sarkozy, M. Hollande devient ainsi un Président normal – façon XXI e siècle.

Un cap et une inflexion


Avant de savoir s’il a réussi à rassurer les Français, hier soir, en trente minutes d’entretien télévisé, il faut réfléchir aux causes de la dégringolade de François Hollande dans les sondages.

Combien de fois n’a-t-on souligné qu’il a été élu autant par rejet de Nicolas Sarkozy que par adhésion à sa personne et à son projet. Très logiquement, il n’a bénéficié d’aucun état de grâce, les Français se faisant peu d’illusions sur la solidité de son projet et de sa majorité pour résister aux assauts d’une crise dont la facture s’est sacrément alourdie depuis le 6 mai. Et s’alourdit encore, l’hypothèse de croissance étant revue à la baisse pour 2013.

La seconde explication tient à sa méthode – gouverner dans la durée – qui prend des allures d’impuissance, voire d’inaction, lorsque se déversent, sans discontinuer depuis son élection, des avalanches angoissantes de statistiques et de plans sociaux. Nécessaires aux acteurs pour s’approprier des décisions douloureuses, les négociations peuvent vite devenir contre-productives. François Hollande en a conscience, qui presse les partenaires sociaux de conclure en quelques mois.

Enfin, ces multiples concertations contrastent avec la réactivité sarkozienne, quelle que fut son efficacité. Elles impatientent l’opinion et déclenchent la fronde de médias pour qui la politique doit offrir son lot quotidien de surprises et autoriser un bilan au bout des quatre premiers mois d’un quinquennat qui en compte soixante. Ce n’est évidemment pas le travail présidentiel, obscur et dilué, pour sauver l’euro par exemple, qui offre un spectacle croustillant !

En appeler au pays tout entier
François Hollande est donc coincé entre une méthode, qui trouve sa justification, et une urgence accrue au fil des semaines. Faute d’avoir su, au lendemain de son élection, se dépasser pour en appeler au pays tout entier, il est contraint de le faire à retardement, en essayant de ne pas se renier sur le fond des promesses ni sur la manière de les appliquer.

Pour s’en sortir, il lui fallait répondre à plusieurs questions. Au risque d’apparaître à la remorque des événements, allait-il annoncer de nouvelles mesures ? En dehors de quelques précisions, il s’en tient à la logique de son programme de campagne, mais alourdi par le ralentissement de la croissance.

Pour concilier traitements de fond et urgences de la crise, allait- il accélérer le rythme des décisions ? Oui, pour dire que toutes les grandes réformes – fiscalité, flexibilité et sécurité de l’emploi, banque publique d’investissement… – seront engagées avant la fin de l’année pour permettre le redressement du pays en deux ans et pour inverser la courbe du chômage d’ici un an.

Allait-il dire qui allait payer la facture ? Pas davantage qu’hier, mais sans cacher le montant de la douloureuse, laissant le soin au Parlement de réformer la fiscalité et aux partenaires sociaux celui de trouver des compromis.

Quand on a annoncé, durant la campagne, tout ce que l’on ferait pendant cinq ans, ce n’est pas dans le factuel qu’il faut chercher l’originalité de cette intervention télévisée. En revanche, François Hollande s’est voulu convaincant pour montrer qu’il tenait les manettes, pour reconnaître qu’il y avait un problème de compétitivité et pour appeler à la mobilisation très audelà de son électorat. 

On attend la traduction concrète de cette inflexion.





 QUELQUES RÉACTIONS :
 La France se caractérise par son Etat obèse, son système de protection sociale dispendieux et inefficace et son secteur privé matraqué par l'Etat. Que préconise François [... ] ? On augmente le niveau de taxation déjà le plus élevé et le moins égalitaire d'Europe de 20%, on fait fuir les entrepreneurs et les investisseurs, et on ne touche surtout pas aux deux mammouths de l’État que sont l’Éducation Nationale et la santé. On ne touche pas non plus ni aux avantages des fonctionnaires, ni à leur nombre. Nous ne sommes pas en Europe, nous sommes en Corée du Nord. Il ne manque plus que les barbelés aux frontières pour empêcher les contribuables de s'échapper du goulag !Marc Aurèle


Hollande n'est pas crédible, il est même pitoyable. Jamais un président de la cinquième république n'a inspiré autant de méfiance, n'a utilisé autant l'art de la comédie, et n'a montré si peu de talent. Hollande l'homme qui disait que seuls les riches paieraient la crise, continu dans son délire de démagogue idéologique. Exit la relance, haro sur les riches et les classes sociales. Quand donc Hollande dit la vérité ? Les français vont être écrasés sous les impôts et les augmentations des tarifs publics. Lorsqu’il parle de 20 milliards, il est en dessous de la vérité, car ce sont plus de 30 milliards que les français vont payer pour en partie nourrir les dépenses socialistes, et le manque de courage de Hollande. Rien sur la réduction des dépenses sociales. Rien sur les dépenses liées à l'immigration. Rien sur la diminution du train de vie de l'état. Rien sur les régimes spéciaux des retraites. Hollande veut seulement faire payer les français. Le redressement des comptes pour ce socialiste aveugle et sans courage, c'est de faire payer toujours plus d'impôts aux français. L'homme qui niait la crise en disant que c'était une invention des capitalistes, l'homme qui déclarait la guerre aux riches et à la finance, n'est qu'un politicien de gauche créateur d'impôts et de misères. Hollande ne redressera pas le pays, et son action est vouée à l'échec, car elle manque de cohérence. Il taxe 50 % des français à fond pour assister ceux qui ne rapportent rien au pays. L'on se dirige vers un appauvrissement général. Il ne veut pas réduire les dépenses, il veut simplement les geler. Autrement dit, il maintient toutes les sources de déficits, et plus particulièrement les comptes sociaux. Hollande protège le système politique actuel et s'attaque à ceux qui font la richesse du pays.
Hollande poursuit dans le cinéma et il continu dans la médiocrité. Hollande est l'homme de l'appauvrissement des français et de la fuite des investisseurs et des industriels, Il incarne le pire de la nullité. Deimos


Le plus vite possible sera le mieux

Il faut laisser tomber. Hollande et les socialistes, leurs ancêtres, ces dinosaures de la politique qui sont les fossoyeurs de la France, ces gens-là n'existent même pas au sens de la réalité du monde d'aujourd'hui. Ce sont des morts-vivants, des moines copistes. Ce sont des pantins du réel qui miment une scénographie et une pièce de théâtre écrite d'avance par un auteur du XIXè siècle. Ils sont dans la situation de La Cantatrice chauve, jouée depuis 1957 au théâtre de la Huchette. Comme les acteurs de ce drame ubuesque, ils tournent en rond dans leur folie. Le seul espoir qui reste à "notre" pays (par opposition à la tournure socialiste "ce pays" qui démontrait toute leur morbidité intellectuelle) est que celui-ci fasse faillite et le plus rapidement possible. Que toute cette clique sortie de l'enfer de l'ENA disparaisse avec lui, avec cette administration qui vit au dessus de ses moyens, avec un cynisme qui saigne et outrage l'ensemble du peuple et de la nation depuis plus de 30 ans. Il faut que cette période s'éteigne si l'on veut que la France se redresse. Donc il faut que des gens comme Hollande et tous ses congénères, à droite comme à gauche, disparaissent. Le plus vite possible sera le mieux. Il faut détruire ce système. Sarkozy l'avait compris mais le système l'a détruit. La France a besoin de sang neuf. Hollande représente et est le syndrome de la France de la IIIè République, voir la IVème dans ses phases intellectuelles d’hyper-acuité. Son père comme son mentor politique étaient des dignes représentants de cette "élite" (il faut le dire vite) qui a amené la France au plus bas. Il a de qui tenir.

fraserve

MÊME LIBÉ N'Y CROIT PAS !

Hollande sur TF1: «J'accélère»
Le président a annoncé dimanche soir un «agenda du redressement» avec une réforme du marché du travail et une refonte du financement de la protection sociale.
François Hollande a annoncé ce dimanche soir une «accélération» des réformes pour «inverser la courbe du chômage d'ici un an» en fixant un «agenda du redressement» sur deux ans. «Je dois fixer le cap et le rythme, a-t-il déclaré au début d'une interview accordée au journal de 20 heures de TF1. Vous me dites il faut accélérer, j’accélère.» En plus des emplois d'avenir et du contrat de génération, largement évoqués durant la campagne, le Président a insisté sur deux propositions nouvelles. Une grande réforme du marché du travail, pourqu'il soit à la fois «plus souple et plus protecteur». Les partenaires sociaux devront se mettre d'accord d'ici la fin de l'année sinon «l'Etat prendra ses responsabilités». Et une réforme du financement de la protection sociale pour que ce ne «soient plus les salaires qui soient les seules bases» du prélèvement. Sur ce  sujet, François Hollande a précisé que la CSG «peut faire partie de la discussion», mais que ce n'était pas la seule piste. Sur ces deux dossiers, le chef de l'Etat souhaite une mise en application en 2013.
Mr nullitude au pouvoir ?

«Pas d'exception» à la tranche d'impôt à 75%

Concernant la croissance, il a déclaré avoir demandé au gouvernement d'établir le projet de loi de finances 2013 en fonction d’une prévision de croissance «réaliste», «sans doute 0,8%» après une croissance «à peine supérieure à zéro» cette année. Pour tenir l'objectif de réduction du déficit, il a annoncé 10 milliards d'économies dans les dépenses et confirmé que les impôts augmenteraient l’an prochain de 10 milliards d’euros pour les ménages et de 10 milliards d’euros pour les entreprises: «On va demander 10 milliards d’euros aux ménages, aux plus favorisés notamment», a-t-il précisé. Cela passera notamment par un gel du barème de l’impôt sur le revenu (sauf pour les deux premières tranches), par l’alignement de la taxation des revenus du capital sur celle des revenus du travail et par la fameuse taxe exceptionnelle sur la part des revenus dépassant un million d’euros, prévue pour deux ans et qui ne souffrira, a assuré le Président «pas d'exception».

Bernard Arnault «aurait dû bien réfléchir»

Interrogé sur la polémique née après la demande de Bernard Arnault d'obtenir la nationalité belge, François Hollande a estimé que le président de LVMH «aurait dû bien réfléchir à ce que signifie demander une autre nationalité. [...] Je pense qu'il faut appeler au patriotisme dans cette période.» «Je note, a poursuivi le Président, que Monsieur Arnault a dit lui-même qu'il prendrait sa part. Donc ce n'est pas la mesure des 75% (la tranche d'impôt  supérieure pour les très hauts revenus) qui est en cause.»
Cette intervention télévisée conclut une semaine de rentrée chargée où le président s'est exprimé à plusieurs reprises sur fond de sondages peu flatteurs pour l'exécutif - hier encore, 59% des personnes interrogées s'estimaient «plutôt mécontentes» des débuts du quinquennat selon une enquête BVA pour le Parisien. Vendredi, devant la Cour des comptes, François Hollande avait notamment réaffirmé son engagement à tenir les objectifs budgétaires, maintenant le cap de la rigueur et l'objectif de ramener le déficit sous les 3%. «Ce sera l’effort budgétaire le plus important consenti depuis trente ans», a-t-il prévenu.



Hollande: «On va demander 10 milliards d’euros aux ménages»
François Hollande sur TF1. « Deux ans pour redresser la France » 

Le président de la République a répondu aux questions de Claire Chazal, dimanche soir, sur TF1. François Hollande a annoncé 20 milliards d’impôts supplémentaires et défendu l’action de son gouvernement, en fixant un « agenda du redressement » pour les deux prochaines années.
« Agenda du redressement »
« Je dois fixer le cap et le rythme », a déclaré le chef de l’Etat, dont le dernier entretien télévisé remontait au 14 juillet.
Face à « un chômage élevé, une compétitivité dégradée, des déficits considérables, un endettement historique », « j’ai pour mission de redresser notre pays et je vais fixer un agenda du redressement : deux ans. Deux ans pour à la fois mettre en œuvre une politique pour l’emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics. […] Vous me dîtes : il faut accélérer. J’accélère ».
« Je ne vais pas faire en quatre mois ce que mes prédécesseurs n’ont pas fait en cinq ans ou en dix ans, a poursuivi François Hollande. Mais moi, je considère que je suis en situation de combat et à partir de là, je ne veux pas simplement regarder le passé. Le passé, il compte, il pèse mais je dois engager l’avenir. »
Croissance
Le président de la République a demandé au gouvernement d’établir le projet de loi de finances 2013 en fonction d’une prévision de croissance « réaliste », « sans doute 0,8 % ».
En 2012, la croissance devrait être « à peine supérieure à zéro », a aussi dit François Hollande. Le gouvernement tablait jusqu’ici sur une croissance de 0,3 % cette année, pour un déficit public de 4,5 % du Produit intérieur brut.
Emploi
« Nous devons inverser la courbe du chômage d’ici un an », a déclaré le président sur TF1, alors que le seuil des trois millions de demandeurs d’emploi a été franchi et que l’emploi est une des préoccupations majeures des Français.
François Hollande a cité les emplois d’avenir qui doivent concerner 100 000 jeunes en 2013, ainsi que la prochaine négociation des partenaires sociaux sur les contrats de génération qui visent un double objectif : embauche de jeunes en CDI et maintien des seniors en activité.
« Mais je pense qu’il faut faire encore davantage […] parce que les emplois, ce ne sont pas simplement des emplois aidés, des emplois soutenus, ça doit être des emplois créés par l’activité économique. »
Dépense publique
« Nous ne dépenserons pas un euro de plus en 2013 qu’en 2012. Pas un euro de plus. Il y aura une stabilité des effectifs de la fonction publique. Les emplois qui seront créés dans l’éducation seront forcément compensés ailleurs. »
François Hollande table sur dix milliards d’euros d’économies budgétaires.
Impôts
Vingt autres milliards proviendront des hausses d’impôt : dix milliards prélevés aux ménages, dix milliards aux entreprises. François Hollande veut protéger les PME et ponctionner davantage les grands groupes. En conséquence, un « certain nombre de niches fiscales, d’avantages fiscaux qui leur avaient été accordés seront rabotés ».
Concernant les ménages, le président de la République a confirmé que le barème de l’impôt sur le revenu serait gelé l’an prochain malgré l’inflation, ce qui revient à augmenter les impôts d’une très grande partie des ménages français qui le paient.
Cette hausse d’impôt, « c’est l’effort pour tous », a déclaré François Hollande, précisant que « pour les deux premières tranches, il y aurait un système de décote », ce qui évite de frapper les ménages imposables aux revenus les plus modestes.
Il n’y aura « pas d’exception » pour les rémunérations de plus d’un million d’euros, qui seront soumises à une taxation à 75 %. La disposition, qui va toucher « 2 000 à 3 000 contribuables » sera en vigueur pendant deux ans.
CSG
Une hausse de la CSG pourra « faire partie » de la discussion sur la réforme du financement de la protection sociale, mais d’autres sources de revenus seront étudiées, « y compris les financements écologiques », a annoncé François Hollande sur TF1. « Tout sera décidé d’ici la fin de l’année » et « mis en œuvre » en 2013.
Heures supplémentaires : des exonérations
« Les exonérations de cotisations sociales pour les heures supplémentaires (supprimées depuis le 1er août dans les plus grandes entreprises) demeureront dans les entreprises de moins de 20 salariés », a déclaré le président sur TF1, ajoutant que « les heures supplémentaires demeureront. Elles seront toujours payées davantage que les heures normales. Rien n’a été mis en cause ».
Le président et le gouvernement
François Hollande a promis d’assumer « toute la responsabilité » de l’action menée. « Je sais où je vais. Je le dis aux Français : j’assumerai toute la responsabilité, je m’expliquerai régulièrement devant les Français », a dit le chef de l’Etat.
Il a rendu hommage à son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, « un homme sérieux, un homme respectueux, un homme avec lequel j’ai toujours travaillé en bonne intelligence ».
François Hollande a également défendu l’action du ministre de l’Intérieur Manuel Valls avant d'évoquer les cafouillages au sein du gouvernement (sur le nucléaire ou la banque publique d'investissement) : « Je pense qu'il faut les réduire et pour les réduire, c'est très simple, il faut se référer à mes propres engagements. Ce que j'ai dit devant les Français, ça doit être la règle pour l'action gouvernementale ! ».
Bernard Arnault
À propos du patron de LVMH Bernard Arnault, qui veut devenir Belge, François Hollande estime qu’il « aurait dû bien mesurer ce que signifie demander » la nationalité belge, appelant au « patriotisme » de tous au moment où des efforts sont réclamés face à la crise.


Coïncidence : une heure avant que notre Président nous annonce qu'il va nous assommer d'impôts, reportage dans 7 à 8 sur le relogement des Roms à Montreuil : une caravane + électricité pour 1 euro/jour ! imbattable comme tarif.