Le nuage pollué par des cendres volcaniques étant situé à haute altitude, les aéronefs légers volant à vue près du sol - avions, hélicoptères, ULM, ballons, ailes volantes, etc. - ont été autorisés à reprendre l'air au-dessus du territoire français, une mesure qui concerne environ 100 000 pratiquants pendant un week-end de beau temps. Ceux-ci évoluent, en effet, à basse altitude (moins de 4.000 mètres), très loin des dangers du nuage volcanique. La règle de vol qui s'applique est celle du VFR (Visual Flight Rules), qui impose de rester hors des nuages et d'être, sauf exception bien définie, en vue du sol.
dimanche 18 avril 2010
Les aéronefs légers à nouveau autorisés en vol
Hollande compare Sarkozy à VGE, président le temps d'un seul mandat
L'ancien patron du PS François Hollande compare Nicolas Sarkozy à l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing, parlant de "dérive monarchique" et de mode de gouvernance "épuisé" au bout d'un seul mandat à l'Elysée, dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi.
"Je n'exclus plus que Nicolas Sarkozy soit contraint à renoncer. Son système est épuisé et les fondamentaux qui avaient fait son succès en 2007 se sont fissurés", affirme le député et président du conseil général de Corrèze, qui a dirigé le Parti socialiste de 1997 à 2008.
"Je suis frappé par l'analogie entre la fin du giscardisme et celle du sarkozysme", poursuit-il. "Tous les deux avaient brandi la rupture, brisé des codes, pratiqué l'ouverture. Tous les deux ont été bousculés par la crise et ont connu cette dérive monarchique avec des entourages qui ont fini par se détruire de l'intérieur".
"La victoire ne se construit pas sur une décomposition", fait-il valoir.
Dans l'interview, ce candidat déclaré aux primaires PS pour 2012 fixe aussi les grands thèmes que la gauche doit, selon lui, promouvoir pour gagner la prochaine présidentielle.
"C'est un quinquennat de redressement qu'il nous faut préparer", dit-il. "Nous devons donner du sens, annoncer trois ou quatre priorités: éducation, emploi, écologie, et surtout dire comment nous les financerons. La réforme fiscale est la condition de toutes les autres".
Dans un récent entretien avec l'AFP, François Hollande s'était dit partisan de la suppression du bouclier fiscal mais aussi d'un changement "profond" de la fiscalité des revenus, appelant notamment à "supprimer une bonne partie des niches fiscales" et à "fusionner CSG et impôt sur le revenu".
Enfin, sur le thème de l'emploi, il propose, dans Le Monde, de lancer "un nouveau contrat de travail de cinq ans qui organisera un partenariat entre un jeune et un senior, un entrant et un futur sortant" du marché du travail.
Combien de temps encore ? La réponse ne concerne pas seulement les centaines de milliers de passagers bloqués dans le monde. C'est tout un mode de vie qui est perturbé par une « panne » géologique. En commençant par l'économie. Que les compagnies aériennes perdent environ 150 millions d'euros par jour n'est déjà pas négligeable. Il faut ajouter l'industrie du tourisme et les services liés. Et, moins spectaculaire mais essentiel : le fret aérien. Il n'assure que 3% du transport international en volume mais presque 50% en valeur. Dans une mondialisation travaillant à flux tendu, une pièce qui ne peut être acheminée à temps met la compétitivité d'une entreprise en péril.
Inutile de spéculer sur le « coût » de cette éruption, de toute façon proportionnel à la durée de l'activité volcanique. Un coût total qui ne sera pas exclusivement économique. Tous les experts officiels assurent que ce gigantesque nuage de poussière n'aura pas de retombées climatiques. D'autres font des rapprochements historiques. Le réveil d'« Eyjaföll », qualifié de « petit volcan », précéderait toujours « Katla », un « gros » qui a laissé de cuisants souvenirs. Ses panaches de cendres seraient responsables des saisons folles et des maigres récoltes entre 1783 et 1788. Avec pour conséquence le renchérissement du pain (la base de l'alimentation à l'époque) : pour beaucoup d'historiens, une des causes indirectes de la Révolution française.
Certes, nous ne sommes plus au XVIIIe siècle et nos sociétés sont autrement organisées. Mais reste la même impuissance face aux phénomènes naturels. L'Homme agit toujours comme s'il était le seul maître des événements, bétonne les plages, coupe à blanc sans se soucier de l'érosion, construit dans les zones inondables... Jusqu'à la catastrophe qui, rarement, sert de leçon. Elle sera vite oubliée, la quête du profit contribuant à l'amnésie collective.
Et voilà qu'un « petit volcan » islandais cloue à terre toute l'aviation civile ! Longtemps inimaginable ou, à la rigueur, seulement un cas d'école ! Mais aujourd'hui une réalité parfaitement gérée par Eurocontrol, organisme de surveillance indépendant dont est membre l'Union européenne. Au mépris de toutes les pressions économiques, le centre de Bruxelles a su imposer son gigantesque « principe de précaution » relayé par tous les Etats fermant leurs aéroports. Une louable efficacité à méditer par ces compagnies aériennes si avenantes dans leurs publicités et incapables d'informer leurs passagers. Enfin, que dire de ces voyagistes dont la seule hantise est de perdre de l'argent, convoquant leurs clients aux guichets d'enregistrement pour des vols annulés.
«Ségolène Royal est une enfumeuse de première»
Les retombées mondiales des cendres d'un volcan islandais
Un volcan projette des cendres et c'est tout le monde moderne qui se retrouve paralysé. Dans une société fondée sur la liberté de voyager loin et vite, la liste des conséquences de l'arrêt du trafic aérien européen est longue.
«Les dommages infligés au trafic aérien mondial par les cendres volcaniques dépassent ceux subis après les attentats du 11 septembre 2001», selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). La liste des conséquences des perturbations liées à l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll n'a donc pas fini de s'allonger.
Le chaos a tout d'abord des répercussions sur la cérémonie d'obsèques à Cracovie du président polonais Lech Kaczynski et de son épouse. Le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero et le premier ministre sud-coréen Chung Un-Chan notamment ne pourront pas s'y rendre. En revanche, le président slovène Danilo Turk a décidé de partir samedi en voiture, tout comme l'ex-président ukrainien Viktor Iouchtchenko. Le président roumain Traian Basescu a choisi lui l'hélicoptère de Bucarest à Oradea (nord-ouest de la Roumanie), puis de rallier Cracovie en voiture, par la Hongrie et la Slovaquie. Son homologue tchèque, Vaclav Klaus, prendra le train, puis la voiture dimanche. D'autres attendent l'évolution de la situation pour se décider, comme le président autrichien Heinz Fischer ou le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso.
Angela Merkel a atterri samedi après-midi à Rome, d'où elle s'est rendue en voiture à Bolzano, dans le nord de l'Italie. De retour d'un voyage aux Etats-Unis, elle a déjà été contrainte de passer la nuit de vendredi à samedi à Lisbonne faute de pouvoir atterrir à Berlin.
Plusieurs ministres des Affaires étrangères n'ont par ailleurs pas pu arriver à temps à Téhéran pour participer à la conférence internationale sur le désarmement nucléaire.
A Madrid, c'est une réunion des ministres européens des Finances et une rencontre avec leurs homologues asiatiques qui a été largement perturbée. La ministre française de l'Economie Christine Lagarde et le secrétaire d'Etat allemand aux Finances Jörg Asmussen ont choisi de quitter précipitamment la capitale espagnole, sans donner les conférences de presse prévues à la mi-journée.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet recherchait quant à lui des «alternatives» à l'avion pour regagner Francfort, en Allemagne, on indiqué ses services.
Le blocage aura en tout cas permis au premier ministre norvégien de se familiariser avec l'iPad. Bloqué à New York, Jens Stoltenberg a pu donner ses instructions à ses ministres grâce à la tablette multimédia d'Apple qu'il venait juste d'acheter pendant une visite aux Etats-Unis.
Depuis Prague, le président portugais Anibal Cavaco Silva a décidé quant à lui de rejoindre l'Espagne en voiture. Il devait dormir samedi soir à Strasbourg, avant de pousser dimanche jusqu'à Barcelone pour prendre un avion à destination de Lisbonne. Si l'aéroport de Barcelone devait être fermé avant son arrivée, il envisage de poursuivre en voiture jusqu'à la capitale portugaise. A bord de trois autocars, la délégation qui l'accompagne devait suivre le même parcours.
En Grande-Bretagne, la fermeture de l'espace aérien provoque déjà des inquiétudes quant à une éventuelle pénurie de certains aliments, en particulier des fruits et légumes frais selon l'un des responsables de l'Association des transporteurs de fret (FTA). «Même si tout retourne à la normale bientôt, il y aura des perturbations dans les approvisionnements pendant une à deux semaines le temps que tout se remette en place», selon ce responsable.
La fermeture des aéroports a également empêché cinq soldats allemands blessés en Afghanistan, ainsi que leur ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, de rentrer directement chez eux. Ils devront d'abord passer par la Turquie.
Plus grave, la livraison des organes destinés à des greffes était ralentie en Allemagne. A la Fondation allemande pour la greffe d'organes, on expliquait que les organes habituellement transportés par avion étaient pour le moment distribués au niveau régional, en coordination avec l'organisation européenne Eurotransplant. «Les coeurs, les poumons et les foies, normalement transportés par air, sont pour le moment distribués par région et par des moyens de transports terrestres», expliquait Nadine Koerner, porte-parole de la Fondation.
Des manifestations sportives ont également été victimes du nuage de cendres. Ainsi le cycliste espagnol Alejandro Valverde a déclaré forfait à la veille de l'Amstel Gold Race, qui se tient aux Pays-Bas. Le chaos a conduit au report de deux demi-finales d'épreuves européennes de handball féminin prévues ce week-end en Allemagne.
Le nuage menace également la tenue des rencontres des demi-finales de Ligue des champions et de Ligue Europa prévues la semaine prochaine. En Ligue des champions, Barcelone doit se rendre en Lombardie affronter l'Inter de Milan mardi, alors que Lyon est attendu en Bavière sur le terrain du Bayern de Munich mercredi. Deux équipes anglaises voyagent elles aussi jeudi en Ligue Europa : Liverpool doit se rendre en Espagne affronter l'Atletico Madrid et Fulham doit voyager en Allemagne pour affronter Hambourg.
Côté personnalités du spectacle, la chanteuse américaine Whitney Houston a dû prendre un ferry depuis la Grande-Bretagne pour l'Irlande, où elle donne une série de concerts à partir de samedi.
Des personnalités françaises ont dû prendre leur mal en patience. L'actrice Josiane Balasko est depuis vendredi soir dans l'impossibilité de quitter Shanghai, où elle participait à un festival du cinéma français.
En Grèce pour le festival du film français d'Athènes, Stéphane Bern et l'équipe du programme «Le Fou du Roi» de la radio France Inter vont également devoir prolonger leur séjour. L'émission de lundi sera diffusée en direct de la capitale grecque.
Si la situation fait perdre au moins 200 millions de dollars (148 millions d'euros) par jour aux compagnies aériennes, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), elle a déjà coûté plus de 5.000 dollars (3.700 euros) au comédien britannique John Cleese. L'ex-Monty Python a dépensé cette somme pour aller d'Oslo à Bruxelles... en taxi, dans l'espoir de pouvoir rallier Londres.
Le ministère de la Culture, les régions, les départements et les communes consacrent environ dix milliards d'euros aux affaires culturelles. Il ne s'agit pas d'animer nos vies avec des fêtes mais de financer des activités et de favoriser les conditions d'une expression artistique. Or, un vent mauvais souffle ces jours-ci sur les affaires culturelles. Les caisses se vident. L'État se désengage et les collectivités locales coupent le robinet. La culture en fait les frais car elle n'est pas prioritaire. La fermeture des services culturels semble un moindre mal face à d'autres urgences sociales...
Aujourd'hui, les craintes sont nombreuses à s'exprimer car la baisse des subventions menace à la fois la tenue des grands festivals et le quotidien de tous les citoyens. Le mécénat se nourrit de quelques avantages fiscaux consentis aux nantis lettrés qui savent bien que le vrai luxe est celui de la beauté de l'art. Mais la générosité éclairée des mécènes ne suffit pas à l'entretien des artistes. Car la société a besoin de cultures générales pour irriguer son quotidien à tous les niveaux. Ce sont les bibliothèques qui font battre le coeur des villes et des villages, ce sont les cours de dessin et de danse, les ateliers de théâtre et de vidéo qui font des têtes bien faites, ce sont la création de spectacles vivants et la permanence d'expositions qui font venir le monde dans les yeux de tout le monde, ce sont les festivals de tous les arts qui favorisent les rencontres entre les hommes de bonne volonté et nourrissent la paix sociale... Et c'est là que se noue notre identité.
Sans cette vitalité du voyage intérieur qui permet à chacun de se construire, que reste-t-il ? Des superproductions planétaires et de la télé en panne de réalité... Face au cauchemar de l'ignorance, au moment où la violence s'empare de l'école, quand les anciens se désolent de la perte des repères, il faut redire que le combat de l'intelligence se mène avec les armes de la connaissance. Au moment où les choix budgétaires s'annoncent dans la douleur du renoncement, il faut se rappeler une constante de l'Histoire. La commande publique a toujours été le moteur essentiel de la culture. Les pyramides, comme le Taj Mahal, le théâtre de Molière comme l'architecture de Versailles, la danse de Lully comme la musique de Beethoven, les cathédrales comme les places républicaines au coeur des villes, la Tour Eiffel comme le Louvre et tout ce qu'il contient, tout a été rendu possible au nom d'une puissance publique. Si les pouvoirs publics privent aujourd'hui les affaires culturelles de leurs fonds, c'est la société qui s'asphyxie, c'est Mozart qu'on assassine en chaque enfant... La culture n'est pas un accessoire pour faire joli. Elle n'est ni de droite ni de gauche. C'est l'air que nous respirons.
Dublin-Paris, un périple maritimo-ferroviaire de 36 heures
L'envoyé spécial du "Monde" en Irlande a tenté de rallier Paris depuis Dublin, à l'heure où le trafic aérien est paralysé en Europe, les trains, les ferries et les hôtels pris d'assaut.
Jeudi 15 avril.
"Mais il est où, ce satané nuage ?" A l'extérieur de l'aéroport international de Dublin, tout le monde a les yeux fixés vers un ciel exceptionnellement immaculé pour la saison. Pas une trace des poussières volcaniques qui ont provoqué l'annulation de tous les vols au départ de la capitale irlandaise, dont le mien, qui devait me ramener à Paris dans la soirée après un reportage à Belfast.
C'est le début de la course au logement, le plus près possible des guichets d'enregistrements. Les hôtels les mieux placés sont tous déjà plein : il faut se rabattre sur une énorme boîte à dormir un peu plus éloignée. Devant la réception, la file d'attente est si longue qu'un Anglais en a presque perdu tout sens de l'humour. Quand on lui fait remarquer qu'au moins la soirée sera tranquille, sans le bruit de tous ces avions, il grimace nerveusement. "Le plus agaçant, lâche-t-il, c'est qu'on ne peut s'en prendre à personne, ni au gouvernement, ni aux compagnies aérienne." Un Niçois, coincé depuis le matin, a trouvé son coupable : "C'est le principe de précaution. Quand on ne veut plus prendre de risques, il est fatal que ça finisse par tout bloquer."
Dans le hall, qui n'a jamais dû être aussi bondé, s'improvise un grand concours de la stratégie de rechange. Comment faire quand on veut quitter une île, elle-même accolée à une autre île, et qu'on ne peut plus voler ? Chacun expose son itinéraire bis, avec un sens de la géographie parfois fantaisiste, sous l'œil incrédule des fanatiques de l'aérien, qui comptent bien sur une reprise des vols dès vendredi.
Ma sortie de secours est décidée après un laborieux furetage sur Internet : un ferry Dublin-Liverpool, demain matin, puis, après sept heures de traversée, un train jusqu'à Londres, une nuit sur place, et le premier Eurostar pour Paris où je dois être avant 10 heures. Les billets sont réservés et payés avant la ruée du matin. Dans le hall, deux Irlandaises qui doivent être impérativement à Pise samedi soir, passent d'un plan à l'autre sans parvenir à arrêter un choix.
Vendredi 16 avril
De bon matin, le chauffeur de taxi était déjà rigolard en arrivant à l'hôtel : "Je n'ai jamais vu un aéroport aussi calme". Mais en approchant de l'embarcadère des ferrys, il pousse carrément des cris d'enthousiasme : "Alors ça, c'est du jamais vu à Dublin". Une file humaine aux dimensions effectivement impressionnantes longe les grilles du port. Tous les déçus de la veille et les pessimistes du jour semblent s'être donné rendez-vous là. La queue est si longue à écluser que les trois bateaux présents, bondés, partent chacun avec une heure de retard. Le plus moderne accueille une foule inhabituelle d'hommes d'affaires qui devaient visiblement faire l'aller-retour en Grande-Bretagne dans la journée, et on choisit de limiter les dégâts en montant dans un navire qui fonce.
Le mien, le "Liverpool Viking" est presque aussi lent qu'un drakkar. Ce qui permet d'apprécier la traversée de la mer d'Irlande, sans la moindre vaguelette, sous un ciel toujours ironiquement bleu. "On se croirait sur un lac, commente un voyageur qui vise Edimbourg par des chemins détournés et qui voudrait bien que son retour soit beaucoup plus rapide. Ce n'est pas comme ça que les cendres vont s'évacuer." Dans le bateau, tout le monde n'a pas encore d'idée très précise de ce qu'il fera, une fois le pied posé sur le sol anglais. "On décidera sur place, dit un couple de Hollandais. On aura déjà progressé d'une île, cela fera moins d'eau entre nous et Rotterdam."
L'arrivée à Liverpool, par la Mersey, est superbe. Indéniablement, une entrée dans un port cela en jette autrement plus que les mobiliers interchangeables des grands aéroports. Le débarquement permet d'ébaucher une grande règle d'équivalence dans la vie des voyages : le temps nécessaire à ce qu'un passager à pied puisse quitter un ferry est aussi interminablement long que celui qu'il faut à un usager de l'avion pour récupérer son bagage sur les tapis roulants. Mais ce délai n'empêche une bonne partie des passagers du bateau d'attraper le train pour Londres, dans lequel ils se reconnaissent et se congratulent fièrement de la justesse de leur stratégie maritimo-ferroviaire.
De Londres, l'hôtel réservé a déjà prévenu par téléphone : inutile d'espérer dormir dans la chambre promise ce matin. Les occupants sont encore là parce qu'ils n'ont pas réussi à prendre un Eurostar, complet, au lieu de l'avion. Il reste seulement la chambre de secours, minuscule, sans sanitaires, et dont la fenêtre ferme mal. "Cela ne vous dérange pas ?" De toute manière, il n'y a pas le choix, Londres affiche complet. Pour se lever à l'aube, cela fera l'affaire.
Samedi 17 avril.
La gare St-Pancras est agitée d'une affluence inhabituelle à six heures du matin. Moqués il y a quelques mois pour leur inaptitude à supporter une fine pellicule de neige glacée, les Eurostar prennent leur revanche ces jours-ci. Sous leur tunnel, au moins, ils ne craignent pas la poussière qui paralyse les avions. Je roule vers Paris où j'arriverai avec trente-six heures – et deux nuits d'hôtel – de plus que prévu. A Dublin, l'aéroport est toujours fermé ce samedi matin.
Jérôme Fenoglio
UTILISANT DES MOYENS DE TRANSPORTS D'UN AUTRE ÂGE POUR PARVENIR JUSQU'À SON JOURNAL AFIN DE NOUS RELATER PAR LE MENU CE PÉRIPLE AU COMBIEN DIGNE D'UN ULYSSE MODERNE, AYANT POUR TOUTE ARME QUE SES CARTES DE CRÉDIT, UN TÉLÉPHONE PORTABLE DERNIER CRI, LE TOUT PAYÉ PAR SON EMPLOYEUR. SERA-T-IL DIGNE DU PULITZER ? VOILÀ LA QUESTION.
Un chaos sans précédent dans le ciel européen
Aéroports fermés, espaces aériens interdits, voyageurs bloqués : l'Europe vit depuis trois jours une situation sans précédent, paralysée par un nuage de cendres volcaniques. "Sans disposer de chiffres précis pour le moment, nous estimons que l'impact dépasse celui du 11 septembre 2001 en termes de vols annulés et d'inconvénients causés aux aéroports", a déclaré le porte-parole de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), Denis Chagnon. * Le ciel européen paralysé
Depuis jeudi, les compagnies aériennes ont été contraintes d'annuler près de 30 000 vols – 10 400 vendredi et 17 000 samedi –, précise Eurocontrol, l'organisme intergouvernemental européen de sécurité du trafic aérien. Les uns après les autres, les gouvernements ont fermé leurs espaces aériens et leurs aéroports, bloquant des dizaines de milliers de voyageurs
Vingt et un pays européens, la plupart dans le nord de l'Europe étaient ainsi paralysés samedi (Lire l'article "La situation pays par pays"). "C'est sans précédent d'avoir une aussi grande partie de l'Europe ainsi affectée", souligne Kenneth Thomas, un expert d'Eurocontrol. Dans le sud de l'Europe, certains pays, jusque là épargnés comme l'Espagne, commencent à rencontrer des difficultés. "Tant que nous aurons des hautes pressions sur l'Atlantique et que le volcan restera en éruption, la situation risque de ne pas beaucoup évoluer", a-t-il prédit.
* La France pas épargnée
La paralysie du transport aérien en France s'est encore étendue samedi avec la fermeture jusqu'à lundi 8 heures de la plupart des aéroports de l'Hexagone (Lire l'article "La plupart des aéroports français fermés jusqu'à lundi"). Ce chaos inédit dans le ciel français a conduit le gouvernement à mettre en place une "cellule de crise". La situation aérienne complique d'autant plus le chassé-croisé des vacanciers déjà perturbé par la grève à la SNCF
* Une situation qui pourrait durer plusieurs jours
Selon l'Institut météorologique d'Islande, les vents devraient continuer à souffler le nuage vers l'Europe dans les 4 à 5 prochains jours au moins. "Nous sommes au troisième jour de paralysie", et "nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel", a déclaré Steve Lott, porte-parole de l'Association internationale du transport aérien (IATA) à Washington. "Le plus gros problème, c'est que nous ne disposons d'aucune échéance, contrairement à un cas de tempête de neige dont la fin est prévisible, ce qui permet de préparer la reprise des opérations", a-t-il expliqué
* Un coût évalué à 147 millions d'euros par jour
Plusieurs compagnies aériennes, comme la Belge Brussels Airlines ou la low cost Ryanair, ont anticipé ces mauvaises prévisions et annoncé samedi à leurs clients l'annulation de tous leurs vols jusqu'à lundi. Chaque annulation de vol coûte de l'argent aux compagnies aériennes(Lire l'article "Les politiques d'indemnisation varient selon les compagnies"). L'IATA, qui représente 230 compagnies aériennes assurant 93 % du trafic commercial international, estime les coûts pour le secteur à plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d'euros) par jour. Or nombre de compagnies européennes ne sont pas en très bonne situation financière. Brussels Airlines a déjà fait savoir samedi qu'elle allait demander une aide, conformément à la législation européenne. "Après les banques, on s'attend à devoir aider les transporteurs aériens", a confié samedi un responsable européen sous couvert de l'anonymat.