Un mot, un tout petit mot peut revêtir parfois une portée insoupçonnée. François Fillon en a fait hier l'expérience. Interrogé, auprès de son homologue canadien Stephen Harper, sur les actuelles fluctuations financières, il a répondu qu'il ne voyait "que des bonnes nouvelles dans la parité entre l'euro et le dollar". Une réflexion, à première vue, plutôt anodine. Sauf que les agences de presse internationales ont réduit la "parity" à sa seule acception anglaise. Le Premier ministre français qui appelle à l'égalité parfaite entre les deux monnaies ? Il n'en fallait pas plus pour affoler les marchés. En une poignée de minutes, la devise européenne a atteint son plus bas niveau depuis quatre ans. Le gaffeur a dû rectifier presto, Larousse à l'appui, en rappelant que le terme mal interprété définit aussi plus globalement le "taux de change d'une monnaie par rapport à une autre". Un mot, un petit mot de rien du tout et la vie soudain est changée. C'est bien le pari que doit formuler en ce moment Martine Aubry. Apostrophée le 2 avril dernier sur son futur "modèle économique, social et écologique", la première secrétaire du PS, lâcha un drôle de vocable : "care". Késako "care" ? Dans la langue de Skakespeare, cela renvoie, paraît-il, à l'idée mutuelle du lien. Et qu'elle ait ou non prévu le "buzz", la responsable socialiste doit maintenant s'expliquer. Notre confrère "Le Monde Magazine" consacre ce week-end sa Une et huit pages au nouveau concept. La future candidate n'a, elle, plus qu'à abattre ses cartes. Martine, as-tu du "care" ? Une phrase, une petite phrase de trop et c'est le dérapage. Brice Hortefeux l'a appris récemment à ses dépens. Pour avoir plaisanté de façon déplacée face à quelques jeunes d'origine maghrébine, le ministre de l'Intérieur vient d'être condamné pour "injure raciale". C'était pour rire, se défend-il. Un bon mot, un mauvais bon mot, et tout peut basculer. Maudits soient ces mots dits. Au bas mot....
samedi 5 juin 2010
Un mot, un tout petit mot peut revêtir parfois une portée insoupçonnée. François Fillon en a fait hier l'expérience. Interrogé, auprès de son homologue canadien Stephen Harper, sur les actuelles fluctuations financières, il a répondu qu'il ne voyait "que des bonnes nouvelles dans la parité entre l'euro et le dollar". Une réflexion, à première vue, plutôt anodine. Sauf que les agences de presse internationales ont réduit la "parity" à sa seule acception anglaise. Le Premier ministre français qui appelle à l'égalité parfaite entre les deux monnaies ? Il n'en fallait pas plus pour affoler les marchés. En une poignée de minutes, la devise européenne a atteint son plus bas niveau depuis quatre ans. Le gaffeur a dû rectifier presto, Larousse à l'appui, en rappelant que le terme mal interprété définit aussi plus globalement le "taux de change d'une monnaie par rapport à une autre". Un mot, un petit mot de rien du tout et la vie soudain est changée. C'est bien le pari que doit formuler en ce moment Martine Aubry. Apostrophée le 2 avril dernier sur son futur "modèle économique, social et écologique", la première secrétaire du PS, lâcha un drôle de vocable : "care". Késako "care" ? Dans la langue de Skakespeare, cela renvoie, paraît-il, à l'idée mutuelle du lien. Et qu'elle ait ou non prévu le "buzz", la responsable socialiste doit maintenant s'expliquer. Notre confrère "Le Monde Magazine" consacre ce week-end sa Une et huit pages au nouveau concept. La future candidate n'a, elle, plus qu'à abattre ses cartes. Martine, as-tu du "care" ? Une phrase, une petite phrase de trop et c'est le dérapage. Brice Hortefeux l'a appris récemment à ses dépens. Pour avoir plaisanté de façon déplacée face à quelques jeunes d'origine maghrébine, le ministre de l'Intérieur vient d'être condamné pour "injure raciale". C'était pour rire, se défend-il. Un bon mot, un mauvais bon mot, et tout peut basculer. Maudits soient ces mots dits. Au bas mot....
Ce devrait un régal pour un éditorialiste. Presque trop facile. Un ministre de l'intérieur condamné pour injures raciales. Un ancien ministre de l'immigration et de l'identité nationale reconnu coupable de propos jugés « outrageants » envers les personnes arabes... Quel sujet !
Ce n'est pas une polémique de plus, pourtant. La décision d'hier ne réjouira aucun républicain tant elle sanctionne des tensions, des images, des caricatures qui devraient être dépassées depuis bien longtemps. Tant elle met au jour tout le chemin qui reste à parcourir vers la sérénité pour une société française multiraciale et multiculturelle depuis longtemps, mais qui peine toujours à se regarder telle qu'elle est.
Au-delà d'un jugement qu'elle a prononcé contre l'avis du parquet -il faut le souligner- le tribunal correctionnel a clairement pénalisé l'hypocrisie, cette redoutable alliée de tant de discriminations. A travers la condamnation d'un membre du gouvernement, c'est aussi les faux-semblants et les non-dit qu'elle semble avoir visé. Et c'est sans doute l'essentiel.
Peu importe que M. Hortefeux ait été piégé par la caméra. Peu importe que ses propos n'aient pas été destinés à être entendus. Peu importe les circonstances joviales dans lesquelles les faits se sont produits. Toutes ces excuses n'ont pas été suffisantes pour minimiser le racisme ordinaire, presque bonhomme, qu'ils véhiculaient.
Il ne s'agit pas de crucifier M. Hortefeux en particulier. Son passage au ministère de l'immigration lui a sans doute renvoyé une réalité bien plus complexe que celle qu'il croyait découvrir en y entrant. Il ne sert sans doute à rien de crier à la démission, pour faire une vulgaire récupération politique d'un grave dérapage.
L'important, c'est la leçon. A commencer par le rappel à l'ordre d'une haute personnalité de la République sur un principe simple : quand on exerce des responsabilités, on fait attention à ce que l'on dit. Fût-ce à la fin d'un banquet. Fût-ce dans sa propre famille politique. Fût-ce dans la confidence d'un cercle d'amis. C'est à la fois une question d'éthique, de rigueur et de professionnalisme.
Le reste est affaire d'honneur et de décence. Des valeurs en baisse, semble-t-il, dans les hautes sphères du pouvoir. Devenues fort subjectives en tout cas... Le plus terrible serait de sombrer dans les astuces de procédure pour esquiver une fois de plus l'examen de conscience que la France, les Français et leurs dirigeants doivent mener face aux discriminations, et donc à l'injustice, qui minent une égalité si bien proclamée.
Rachida Dati sort de son silence
L’ex-ministre de la Justice évoque l’affaire des rumeurs sur la vie privée du couple Sarkozy, les municipales à Paris et la politique de sécurité du gouvernement. Sans concessions.
Très discrète depuis sa mise en cause par l’entourage présidentiel, la maire du VIIe arrondissement de Paris fait le point sur les sujets d’actualité. Et réclame toujours un « retour aux fondamentaux » de la droite.
De nombreux élus UMP de Paris voient en François Fillon le sauveur pour les municipales de 2014. Qu’en pensez-vous?
RACHIDA DATI. Les municipales, c’est encore très loin. François Fillon est Premier ministre. Les Français ne supportent pas, quand on remplit une mission aussi importante, surtout en période de crise, que l’on se projette ailleurs.
Mais vous-même, vous vous êtes positionnée…
Avant 2014, il y a la présidentielle de 2012. Le résultat de cette élection aura évidemment un impact sur les municipales. Mieux vaut se concentrer d’abord sur cette échéance. Pour ma part, je suis maire du VIIe et je confirme que je serai candidate aux législatives en 2012. S’agissant des municipales, il ne faut pas que la droite soit frileuse, ou conservatrice, en choisissant une formule qui la rassure. Il faut qu’elle analyse les raisons de ses échecs successifs et qu’elle se mette en phase avec Paris et les Parisiens.
La droite peut-elle reconquérir Paris?
Bien sûr. Je constate qu’aux élections européennes, avec Michel Barnier, nous y avons fait un excellent score. Nous avons relégué le PS très loin derrière.
Au moment des régionales, vous aviez demandé au gouvernement un « retour aux fondamentaux ». Avez-vous l’impression d’avoir été entendue?
Il faut être honnête, sur la sécurité, notamment, il y a un vrai décalage entre le discours et la réalité. Le succès de la politique initiée en 2002 était fondé sur deux éléments. D’une part, un facteur humain, avec un ministre de l’Intérieur qui était en permanence sur le terrain, au côté des victimes, des forces de l’ordre, de l’ensemble de nos compatriotes; d’autre part, un facteur technique, avec une loi d’orientation qui affichait une ambition et une vision pour la sécurité, la même pour tous sur tout le territoire, et qui donnait les moyens efficaces pour y parvenir. Aujourd’hui, une partie des Français, en particulier dans les milieux populaires, se sent abandonnée. Je pense aussi aux forces de sécurité qui ont besoin d’être soutenues par l’opinion publique et valorisées par les responsables politiques.
Brice Hortefeux n’est pas un bon ministre de l’Intérieur?
Je dis juste qu’il faut être parmi tous les Français sans exception et ne pas remettre en cause le cœur de métier des forces de l’ordre : leur présence quotidienne et effective sur le terrain, pour protéger nos compatriotes. Je suis horrifiée que des bandes de voyous agressent des chauffeurs de bus et s’attaquent aux forces de l’ordre, c’est une atteinte grave à l’Etat. De plus en plus de mineurs appartiennent à ces bandes. On ne peut pas accepter l’augmentation de cette délinquance, notamment des moins de 13 ans. Quand j’ai proposé la responsabilité pénale des mineurs à 12 ans, ce n’était pas une provocation, cela correspondait à la réalité! C’était avant tout un moyen de prendre en charge ces mineurs en responsabilisant les parents et en imposant des mesures éducatives.
Vous semblez regretter que la politique de la ville ne soit pas plus efficace…
Il faut une politique nationale de la ville, que l’on habite à Quimper, à Annecy ou à Argenteuil. Pendant des années, on a fait des politiques de zonage, sans s’occuper des individus. La première rupture s’est faite grâce au plan de cohésion sociale et à la création de l’Agence nationale de rénovation urbaine qui ont permis de désenclaver des cités populaires en y réintroduisant des services publics, en les ouvrant sur les autres villes et en favorisant la mobilité. Aujourd’hui, je crains que la politique de la ville ne devienne une politique d’aménagement des ghettos. Il faut absolument rompre avec cette vision et tout faire pour favoriser l’insertion et la promotion sociale.
C’est-à-dire?
Il faut une politique réelle de l’égalité des chances. Prenons l’exemple de l’école. Dès 2006, j’avais proposé deux outils : les internats d’excellence et les classes préparatoires intégrées, pour faire accéder aux plus hauts postes de la fonction publique des étudiants méritants mais sans moyens suffisants pour se payer une classe préparatoire. Cela marche très bien. Je regrette que les autres écoles de la haute fonction publique n’aient pas fait la même chose, alors que c’était une demande du président. Quant aux internats d’excellence, je suis heureuse d’accueillir dans le VIIe, à la prochaine rentrée, le premier internat parisien, pour des jeunes filles défavorisées.
Nicolas Sarkozy reste-t-il le meilleur candidat de la droite pour 2012?
Il sera le président sortant, notre famille politique le soutient : c’est notre candidat naturel.
Comment avez-vous vécu l’épisode des rumeurs sur le couple présidentiel?
Ce qui m’a choqué, c’est d’avoir été jetée en pâture pendant des semaines sur la base de ragots indignes et avec des méthodes inacceptables! C’est du jamais-vu sous la Ve République! En ce qui me concerne, certaines personnes devraient éviter de se laisser guider par certains préjugés. Je n’en dirai pas plus. L’essentiel pour moi est d’être en accord avec mes valeurs, mes convictions et de continuer à servir mon pays.
Sarkozy et Bayrou enterrent la hache de guerre
Le chef de l'État se rendra fin juin, après une première rencontre en avril, dans la circonscription du président du MoDem.
«Voyons-nous !» C'est Nicolas Sarkozy qui a fait le premier pas. François Bayrou n'a pas hésité pour saisir la main que lui tendait son meilleur ennemi. Fut-ce le président de la République ! Celui-là même qu'il avait étrillé dans son livre pamphlet, Abus de pouvoir, publié en 2009. Isolé comme jamais, le président du MoDem n'a sans doute plus les moyens de refuser cette bouée de sauvetage. Sous peine de voir s'envoler ses derniers espoirs de rebondir d'ici à 2012 où il compte bien concourir à l'élection présidentielle pour la troisième fois consécutive.
Le 22 avril dernier, Nicolas Sarkozy et François Bayrou ont donc repris langue en toute discrétion. Un premier tête-à-tête inattendu après presque trois ans d'affrontements permanents. «Qu'ils se voient, ce n'est pas anormal. Ils se connaissent tellement bien et depuis si longtemps», insiste-t-on à l'Élysée. Nicolas Sarkozy (55 ans) et François Bayrou (59 ans) ont commencé la politique en même temps, appartenu aux mêmes majorités et servi dans le même gouvernement (celui d'Édouard Balladur). Leur divorce date de 1999 quand ils se sont affrontés aux européennes. La suite est archiconnue. Le candidat de l'UMP a gagné son bras de fer avec son rival centriste.
Depuis le début de quinquennat, le chef de l'État n'a jamais raté une occasion de lui enfoncer toujours plus la tête sous l'eau. Lors des municipales de 2008, Nicolas Sarkozy mettra tout en œuvre pour faire battre François Bayrou, candidat à Pau. Quitte à investir, sous couvert d'ouverture, le maire PS sortant Yves Urieta. L'objectif étant d'atomiser le poids électoral du troisième homme de la campagne de 2007.
Mais tout ça relève du passé. À deux ans de la présidentielle, le chef de l'État change son fusil d'épaule. S'il redonne de l'oxygène à l'élu béarnais ce n'est pas du tout par charité chrétienne mais pour des raisons de stratégie électorale. Nicolas Sarkozy préfère que le créneau du centre soit occupé par un rival très affaibli plutôt que par un de ses ministres (Hervé Morin ou Jean-Louis Borloo) susceptibles en plus de capter des voix à l'UMP. En outre, Bayrou peut ravir quelques voix à gauche. «Morin n'est pas un centriste mais un républicain indépendant et Borloo un radical dans le style IIIe République», commente-t-on à l'Élysée. Les sarkozystes se réjouissent du changement de ton de Bayrou : «Au “Grand Jury”, il avait l'air plus calme. On sent qu'il a tiré les leçons de ses échecs répétés depuis 2007.»
«Ne pas être méchant»
Consignes ont été données à l'UMP de ménager le centriste. «La règle maintenant, c'est de ne pas être méchant, explique un cadre du parti. Voire d'en dire du bien.» Les porte-parole s'exécutent donc. «À partir du moment où François Bayrou ne fait plus de l'antisarkozysme et laisse à penser qu'il ne cherche plus d'accord avec le PS, il retrouve la place qui était la sienne à l'origine», essaye Dominique Paillé. Pas de rancœur qui tienne donc. «En politique, il faut être magnanime. Nous savons pardonner», ajoute l'ex-UDF.
Au Nouveau Centre (NC), la circonspection domine. «On extrapole beaucoup sur ses faits et gestes, estime le numéro 2 du NC Jean-Christophe Lagarde, qui «n'exclut pas un énième revirement.» «Ce que j'ai annoncé en 2007 s'est vérifié exactement, confie Hervé Morin. Bayrou a tenté des ouvertures à gauche et la gauche lui a claqué la porte au nez.» Sont-ils prêts à refaire campagne pour Bayrou ? «Non, bien sûr que non, j'ai déjà donné, avertit Lagarde. Après les électeurs, nous avons été, en 2007, les plus cocus de Bayrou. »
Si l'objectif de Sarkozy était de semer la zizanie chez ses alliés du Nouveau Centre, la manœuvre est en passe de réussir. Prochaine vexation : le 22 juin à Bordes, au cœur de la circonscription béarnaise de François Bayrou qui accueillera Nicolas Sarkozy. Pour cette deuxième rencontre en deux mois, le rapprochement sera scellé devant les caméras.
Le G20 plaide pour la rigueur en zone euro
Les pays émergents se rangent dans le camp de la rigueur, majoritaire au sein du G20. La pression monte sur les Européens, priés d'intensifier leurs efforts de réduction des déficits.
Purger l'économie européenne sans briser la reprise mondiale. C'est la délicate équation que tente de résoudre ce week-end le G20, à Busan, le grand port sud-coréen. Les ministres des Finances des vingt plus grandes économies du monde ont donné la clé de l'énigme vendredi soir, lors de leur première réunion depuis le plan de sauvetage de 750 milliards d'euros déclenché par l'Europe le 9 mai.
Pour eux, l'assainissement des finances publiques dans la zone euro passe avant la stimulation de la croissance. «Il y a un courant majoritaire qui veut faire de la consolidation budgétaire la priorité numéro un », reconnaissait vendredi Christine Lagarde, ministre de l'Économie, à l'issue du dîner à huis clos des grands argentiers de la planète.
Un appel à la rigueur qui a mis sous pression les Européens, priés d'intensifier leurs efforts pour remettre leurs comptes en ordre. Et qui ont reçu la leçon des pays émergents, en particulier asiatiques, comme la Corée du Sud, qui ont assaini drastiquement leurs finances publiques à l'issue de la crise de 1997, pour mieux redécoller ensuite. À l'heure où leurs économies repartent sur les chapeaux de roues après la crise de Wall Street en 2008, ces nouvelles puissances ne veulent pas payer une seconde fois pour les errements de la zone euro. «Nous devons favoriser la reprise économique, mais, dans le même temps, nous ne pouvons renoncer à la prudence en matière budgétaire », a prévenu le ministre indien, Pranab Mukherjee.
Une piqûre de rappel
Cet appel à la discipline donne des ailes à l'Allemagne dans son combat pour imposer l'austérité dans la zone euro face aux velléités de la France et des pays méditerranéens.
En route pour le pays du Matin-Calme, le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, n'a pas manqué de renouveler la pression sur ses partenaires européens en rappelant que «les marchés avaient toujours des doutes quant à savoir si les accords négociés seraient réellement appliqués». Une piqûre de rappel qui venait à point nommé, alors que le commissaire Olli Rehn et le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, ont dû se fendre d'un exposé détaillé à Busan pour convaincre leurs homologues du G20 de la crédibilité du plan de sauvetage européen de 750 milliards d'euros. Berlin a reçu l'appui du nouveau chancelier de l'Échiquier britannique, George Osborne, qui a appelé les membres de l'eurozone à faire le ménage dans leurs comptes.
Mais, pour sa première sortie internationale, le nouveau chancelier a également rappelé l'importance de soutenir la fragile croissance mondiale pour éviter une rechute. Un appel qui a fait écho au secrétaire d'État américain, Timothy Geithner, qui a plaidé pour des mesures de consolidation budgétaire «compatibles» avec la croissance, prenant ses distances avec le refrain de la rigueur. Une perche saisie par Christine Lagarde, qui a souligné la nécessité de «ne pas étrangler la croissance», alors que Paris cherche à Washington un allié pour contenir la pression de Berlin.
En attendant le sommet de Toronto fin juin, le camp de la rigueur apparaît nettement majoritaire au sein du G20 comme de l'Eurogroupe, alors que la taxe bancaire défendue par Européens et Américains suscite l'opposition des émergents, du Canada et de l'Australie.
A Chypre, le pape insiste sur les "relations personnelles" pour résoudre les conflits
Le pape Benoît XVI a fait l'éloge des "relations personnelles" pour résoudre les "situations politiques délicates", samedi au deuxième jour de sa visite dans l'île divisée de Chypre.
"Les relations personnelles sont souvent les premiers pas vers la construction de la confiance et - le temps venu - de solides liens d'amitié entre les personnes, entre les peuples et entre les nations", a déclaré Benoît XVI devant le président chypriote Demetris Christofias, les autorités civiles et le corps diplomatique dans le jardin du palais présidentiel à Nicosie.
"Dans les pays qui connaissent des situations politiques délicates, de telles relations personnelles, honnêtes et ouvertes, peuvent être le prélude d'un plus grand bien pour des sociétés et des peuples entiers", a-t-il ajouté.
"Laissez-moi vous encourager à saisir les opportunités qui s'offrent à vous, à titre personnel et institutionnel, pour construire ce type de relations et, ce faisant, à favoriser le bien plus grand du concert des nations", a-t-il poursuivi.
Le président chypriote a relancé en septembre 2008 les négociations sur la réunification de l'île divisée depuis 35 ans grâce aux bonnes relations qu'il entretenait avec l'ancien dirigeant de la République turque de Chypre-nord (RTCN, uniquement reconnue par la Turquie), Mehmet Ali Talat. Mais l'élection en avril du conservateur Dervis Eroglu à la tête de la RTCN a jeté une ombre sur le succès de ces discussions.
Le souverain pontife a aussi affirmé que "la rectitude morale et le respect impartial des autres et de leur bien-être sont indispensables au bien de toute la société" et "établissent un climat de confiance dans lequel les échanges humains, qu'ils soient religieux, économiques, sociaux et culturels, civils et politiques, acquièrent de la vigueur et de la richesse".
Après le vent et la pluie, le froid et le chaud. La tempête Xynthia, dont le souffle meurtrier s’est abattu sur les côtes de Vendée et de Charente-Maritime il y a tout juste trois mois, n’en finit pas de semer la confusion. Ceux qui avaient applaudi à la célérité et à la fermeté des décisions prises par les pouvoirs publics au lendemain de la catastrophe seront désarçonnés. Hier, le gouvernement a fait savoir qu’il allait se donner le temps de la réflexion pour 300 maisons inscrites en « zone noire », c’est-à-dire en principe dans le secteur où les logements devaient être obligatoirement détruits, selon le plan initial réputé non négociable jusqu’à une période très récente.
La nouvelle ligne est donc celle-ci, résumée par le secrétaire d’État au logement, Benoist Apparu, dans un entretien au Parisien : « Dans l’immédiat, aucune maison ne sera rasée sous la contrainte. » Dans la même journée d’hier, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, est venu conforter son collègue en affirmant : « Nous n’avons jamais dit : nous détruirons toutes les maisons dans la zone noire. » Les deux préfets qui pendant des semaines ont défendu, non sans un certain courage, le plan de démolitions auprès de familles éprouvées apprécieront. En tout état de cause, ce changement de pied – car il s’agit bien de cela – n’a évidemment en rien rassuré les personnes sinistrées du littoral atlantique, qui se sont montrées hier très incrédules face à ces nouvelles déclarations.
Entre ne rien faire, comme cela s’est vu trop souvent après des catastrophes similaires, et prendre des mesures rapides et à certains égards brutales, comme dans le cas de Xynthia, il y a de la place pour agir résolument, mais sans précipitation. La valse-hésitation est une spécialité chorégraphique sur la scène politique française. Les élus, qui, dans notre pays, déplorent si souvent le délitement du pacte de confiance qui lie classiquement les gouvernants aux gouvernés, doivent mieux réfléchir aux processus de décision. Ils feront œuvre utile pour eux-mêmes, mais aussi pour les citoyens.
L’assassinat du vicaire apostolique d’Anatolie assombrit le voyage du pape
Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Anatolie, a été tué jeudi 3 juin par son chauffeur
La nouvelle, parvenue brutalement jeudi 3 juin en début d’après-midi à Istanbul, de l’assassinat de Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Anatolie, est venue assombrir dramatiquement le voyage de Benoît XVI à Chypre, et jeter une lumière tragique sur les préparatifs pour le synode des Églises du Proche-Orient.
Comme les autres évêques de Turquie, et comme tous les évêques latins et orientaux du Proche-Orient, Mgr Padovese était en effet attendu vendredi matin à Chypre, pour accueillir le pape.
Jeudi après-midi, les conditions de son assassinat, restaient peu claires : ce serait son chauffeur, qualifié par les agences italiennes de « dépressif » et « violent » qui l’aurait poignardé dans sa maison d’Iskenderun (Alexandrette, en français), dans le sud de la Turquie. Cette mort vient en tout cas une nouvelle fois rappeler la situation précaire des chrétiens dans le pays, un des points sur lesquels devrait insister le document de travail pour le synode que Benoît XVI va remettre samedi aux Églises orientales.
Le Saint-Siège «consterné»
Ne représentant qu’une infime minorité, à peine 100 000 personnes, les chrétiens souffrent régulièrement des vexations et brimades, et des restrictions à la liberté religieuse imposées par le gouvernement turc. La mort de Mgr Padovese vient s’ajouter à celle du P. Andrea Santoro, tué le 5 février 2006 à Trabzon, et des trois missionnaires protestants, égorgés à Malatya en avril 2007.
Âgé de 63 ans, ce capucin, originaire de Milan, était en effet une personnalité de l’Église en Turquie. Nommé par le pape vicaire apostolique d’Anatolie en 2004, premier à ce poste, puisque le vicariat a été créé à ce moment-là, il était aussi le président de la conférence épiscopale turque. Cet homme brillant, expansif, n’hésitait pas à hausser la voix pour défendre les intérêts de la minorité chrétienne. Il s’est personnellement beaucoup battu pour que l’église de Tarse, la ville natale de l’Apôtre Paul, soit rouverte au culte, sachant qu’elle avait été transformée par les autorités en musée.
Au-delà de l’Église turque, cet assassinat « frappe l’Église universelle tout entière » réagissait jeudi le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, qui s’est dit « consterné ». Pour le porte-parole du pape, cet assassinat « nous rappelle qu’il faut être prêt au martyre pour annoncer l’Évangile ».
Il avait célébré les obsèques du P. Santoro
Cette agression terrible, perpétrée peu avant que le pape ne remette aux Églises d’Orient le document de travail du synode prévu en octobre, manifeste les difficultés terribles que rencontrent ces communautés pour témoigner de l’Évangile. Il est plus que jamais nécessaire de les encourager, de les soutenir dans leur témoignage. »
Triste ironie de l’histoire, c’est Mgr Padovese qui avait eu la douleur, en 2006, de célébrer les funérailles de son compatriote, le P. Santoro, à Trébizonde. « Nous pardonnons à celui qui a accompli ce geste » avait-il alors affirmé, expliquant que l’unique voie à poursuivre pour les chrétiens en Turquie était celle « du dialogue, de la connaissance réciproque, de la proximité et de la sympathie ». Et, en invoquant le P. Santoro, il concluait ainsi : « Celui qui a voulu le supprimer physiquement ne savait pas qu’aujourd’hui son témoignage ne serait que plus fort. »
De Chypre, Benoît XVI s'adresse au Proche-Orient
Le Pape a entamé vendredi un voyage difficile dans un pays divisé et une région sous tension.
La belle lumière de Chypre, où Benoît XVI s'est posé, vendredi, pour trois jours de visite, est ternie par une «ombre». Elle a été évoquée, durant le vol, par le Pape lui-même devant les journalistes. C'est l'assassinat, mercredi, de Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique en Turquie, par son chauffeur turc, lui-même converti au catholicisme. Ce diplomate du Saint-Siège était très connu et très apprécié au Vatican, salué notamment pour sa capacité à «être toujours joyeux». «Je ressens une profonde douleur», a déclaré le Pape. Mais «cette ombre n'a rien à voir avec la réalité de ce voyage. Nous avons peu d'informations, mais ce n'est assurément pas un assassinat politique . Il ne peut, en aucun cas, obscurcir le dialogue avec tous qui est l'intention même de ce voyage .»
L'île de Chypre, majoritairement orthodoxe sur le plan religieux, reste en effet divisée par un mur de séparation entre un tiers de son territoire, occupé par la Turquie depuis 1974, et sa partie grecque, la République de Chypre, membre de l'Union européenne depuis 2004. Une situation crispée que le patriarche Chrysostomos II, chef de l'Église orthodoxe chypriote, a dénoncée sans nuance devant le Pape : «La Turquie a envahi de façon barbare 37 % de notre patrie et a pris le pouvoir par les armes. » Critiquant les «desseins obscurs» de la Turquie et son «plan de destruction national», il a accusé Ankara de vouloir «faire disparaître de la zone de Chypre occupée militairement tout ce qui est grec et chrétien». Dans cette lutte, il n'a pas hésité à solliciter le Pape pour une «coopération active ».
Préparer un synode inédit
Dans l'avion, toutefois, il avait anticipé cette question brûlante. «Je ne viens pas avec un message politique mais avec un message religieux , avait-t-il prévenu, pour préparer les âmes à trouver l'ouverture pour la paix .» Dans son esprit, il est en effet du rôle des religieux de préparer les cœurs, pour «faire ensuite les pas politiques nécessaires». Ce que le Pape appelle «l'ouverture intérieure à la paix ». Elle lui paraît être le préalable indispensable à tout accord politique.
Une méthode pour la paix qu'il entend aussi appliquer au Proche-Orient. Car cette entité géopolitique et religieuse est en fait l'objet principal de sa visite à Chypre, carrefour stratégique.
Ce qui l'a amené, avant même d'atterrir, à commenter l'actualité immédiate, à savoir l'interception dramatique, lundi par Israël, de la «Flottille de la paix» en route pour Gaza : «En tant que religieux, nous pouvons aider comme conseillers, mais le travail essentiel du Vatican est de toucher les cœurs. Le danger, dans ce genre d'épisode, est que nous perdions patience .» Citant le curé d'Ars, il a recommandé de «s'inspirer de la patience de Dieu ». Elle peut s'appliquer «même après tous ces cas de violence». D'où cet appel : «Il ne faut pas perdre la patience, le courage et la longanimité. Il faut recommencer, recommencer toujours. La paix est possible. La violence n'est pas la solution .»
Une méthode que le Pape voudrait aussi appliquer à long terme. Dimanche, à Nicosie, il va remettre un important «document de travail» aux représentants des Églises de cette région du monde. Il sera le texte fondateur d'un synode des évêques inédit, qu'il a convoqué pour l'automne à Rome sur «le Proche-Orient». Devant la presse, vendredi, Benoît XVI en a dessiné l'enjeu : soutenir la «visibilité» des chrétiens de Terre sainte pour les «aider à ne pas perdre l'Espérance et à rester dans cette région malgré la situation difficile». Et «développer une capacité de dialogue avec les musulmans».
En Europe, la levée de fonds privés pour financer les universités résiste à la crise
résentée comme la panacée pour financer les universités, la collecte de fonds auprès des particuliers et des entreprises risquait une mort prématurée en Europe en raison de la récession. Il n'en est rien. "La philanthropie dans le monde éducatif est une tradition perdue avec laquelle l'Europe est en train de renouer", assure Laure-Anne Garnier, consultante chez Council for Advancement and Support of Education (Case). Mais il est vrai qu'elle y renoue d'autant mieux que les Etats l'encouragent.
Au Royaume-Uni, les fonds levés en 2008-2009 ont dépassé pour la première fois les 500 millions de livres (598 millions d'euros), selon l'étude annuelle réalisée par le Centre national de recherche sociale (NatCen) pour Case et le Ross Group, un réseau de professionnels du "fundraising" publiée fin mai. Ce montant représente une augmentation de 18,8 % en un an. Le nombre des donateurs (168 547 personnes ou organisations) a progressé de 12,4 % et les anciens élèves se sont mobilisés (+12,8 %). Le tandem Oxford et Cambridge raflent 51 % de la mise. Seul bémol, les promesses de dons pour les campagnes à venir chutent de 21 %.
Dans ce pays, le "schéma d'abondement des donations 2008-2011" de 240 millions d'euros par an a dopé la collecte. Pour le premier exercice de cette loi, qui s'est clos en février, le gouvernement a versé "le maximum de fonds disponible".
En Allemagne, le gouvernement s'apprête à mettre en place un système similaire en octobre, s'engageant à doubler la mise pour tous les dons concernant les bourses d'études jusqu'à hauteur de 160 millions d'euros. Le principe a été testé en Rhénanie-Westphalie où il fonctionne depuis quatre ans. Résultat : "La crise n'a eu aucun effet sur la levée de fonds", assure Angela Poth, en charge du "fundraising" à l'université d'Aachen. Son université a levé 3 millions d'euros en 2009, une somme qui reste cependant très modeste au regard d'un budget de 600 millions d'euros.
Baisse des promesses
Outre l'encouragement des Etats, l'autre moteur de la collecte repose sur un bon "ciblage" des campagnes. L'argument le plus porteur aujourd'hui : les bourses aux étudiants. Les grands programmes d'aide à la recherche attendront, car les donateurs veulent un impact immédiat.
L'université de Navarre, à Pampelune en Espagne, a ainsi recueilli 1,2 million d'euros pour lapériode 2008-2009, des fonds qui ont permis de financer les études de plus de 200 étudiants. En Italie, le premier objectif de la campagne de l'université Bocconi - lever 100 millions d'euros d'ici à 2015 et dont 40 millions ont déjà été engrangés - est d'apporter une aide aux étudiants "méritants". Mais non portées par une aide gouvernementale, les promesses de dons enregistrent toutefois une baisse de 10 % à la Bocconi et même de 20 % à l'université de Navarre.
En France, où la culture des dons individuels n'est pas encore installée, les universités misent sur la création de fondations chargées de la collecte auprès des entreprises. Vingt-six fondations ont vu le jour depuis 2007, levant 62 millions d'euros dont 30 millions pour la seule fondation de l'école d'économie de Toulouse.
Car crise ou pas crise, les raisons qui poussent les universités du Vieux Continent à solliciter la générosité du secteur privé n'ont pas changé. Les fonds publics étant devenus plus rares, "90 % des universités européennes ont entrepris de diversifier leur financement", explique Thomas Estermann, de l'Association européenne des universités (EUA), qui vient d'achever une enquête sur ce sujet auprès de 160 institutions européennes.
Les financements gouvernementaux représentent les deux tiers de leurs budgets mais la palette tend à s'élargir grâce aux droits d'inscription (9 %), aux recours à des fondations et à des entreprises (7 %), à d'autres institutions publiques que les gouvernements (4 %) et aux "fonds philanthropiques" (3 %).
Brigitte Perucca
Vin: flambée des prix en vue pour les bordeaux 2009
a campagne des primeurs des vins de Bordeaux a commencé début mai dans un contexte prometteur : le millésime 2009 fait partie des plus grands, assure tous les professionnels. On le compare facilement au 2005, avec plus d'homogénéité entre appellations et entre rive droite et rive gauche.Des tannins puissants, enrobés, peu d'austérité et des vins qui peuvent soit se goûter jeunes soit être de longue garde. Robert Parker, le dégustateur-gourou américain, est lui-aussi tombé sous le charme : cet ex-avocat n'a jamais autant distribué de 97 et 98-100 (note maximale) aux châteaux bordelais : parmi eux, Lafite-Rothschild et Latour (1ers grand crus classés, AOC Pauillac), Margaux (1er grand cru classé), Cos d'Estournel (second grand cru classé du Médoc à Saint-Estèphe),Léoville-Poyferré (second cru classé, Saint-Julien) ou Pontet-Canet (5e grand cru classé, Pauillac).
Cette qualité reconnue risque d'enflammer la campagne. Déjà, une dizaine de marques sur les soixante déjà sorties, ont dépassé de 20% à 30% les prix des 2005, qui eux-même avaient explosé, de 200% à 300% pour les plus grands, par rapport au 2004.
RISQUE DE DECONNEXION
Cantemerle, 5e grand cru classé du haut-médoc, vient de sortir à 19,90 euros, prix de revente négoce, soit une augmentation de 40% par rapport au 2008 (13,90 euros) et de 20% par rapport au 2005. "Et ceux déjà sortis font partie des plus raisonnables en termes de prix", souligne Jean-Pierre Rousseau, directeur général de Diva, une société de négoce bordelaise, spécialisée dans les crus classés.
"Il y a des chances que les prix des plus grands explosent, bien au-delà des 2005, avec des niveaux pouvant atteindre 300 à 400 euros la bouteille, estime M. Rousseau. D'où un risque de déconnexion par rapport aux marchés traditionnels." Cette année, deux clientèles lorgnent avec impatience la sortie des premiers, seconds et super-seconds crus classés (une trentaine de châteaux au total) : la Chine et les Etats-Unis. Deux clientèles sensibles aux notes de Parker, aux grandes écuries et aux millésimes d'exception.
"Pour la première fois dans l'histoire de Bordeaux, le marché des primeurs pourrait basculer vers la Chine, une clientèle inexistante jusque-là", confirme Jean-Philippe Delmas, directeur général de château Haut-Brion (Pessac-Léognan). Les millésimes 2009 de ce prestigieux 1er cru classé et de son autre cru, la mission haut-brion, ont pour la première fois été notés 100/100 par Robert Parker. De quoi alimenter l'inflation...
"RESTER PRUDENT"
Ceux-là partiront sans problème mais pour tous les autres ? Cette année, 500 à 600 châteaux, année exceptionnelle oblige, proposent leurs vins, en totalité ou en partie, en primeur - avant même leur vieillissement en barriques. Le client intéressé achète sur une réputation mais ne verra la couleur de ses bouteilles que deux ans minimum après son achat... L'objectif de ce système unique au monde est de permettre à l'intéressé d'acheter moins cher que lors de la mise en marché finale, et au château de faire de la trésorerie. Une bonne affaire souvent, mais pas toujours.
"Des amis pharmaciens et médecins, habitués des primeurs, m'ont dit qu'ils n'achèteront pas cette fois-ci car trop cher", temporise François Lévêque, courtier de père en fils et président du syndicat des courtiers de Gironde. "D'accord, on a un très grand millésime mais c'est aussi la crise économique dans toute l'Europe. Il faudrait rester prudent car les arbres ne montent pas au ciel". Réponse fin juin, quand les plus grands seront sortis.
Lourdes pertes à Wall Street
Les marchés américains ont chuté de plus de 3% vendredi. La baisse de l'euro sous 1,2 dollar a plombé le moral des investisseurs. La Hongrie a inquiété. Et les chiffres de l'emploi ont été moins bons que prévu.
Les marchés d'actions américains, qui ont ouvert sur une note négative ce vendredi, n'ont cessé de creuser leurs pertes tout au long de la séance. Finalement, à la clôture, le Dow Jones a fléchi de 3,16% à 9.931 points (-320 points !), sous les 10.000 points et au plus bas depuis février. Le Nasdaq chute de 3,64% à 2.219 points, et le S&P 500 dévisse de 3,44% à 1.065 points.
Les investisseurs ont le moral dans les chaussettes alors que l'euro a touché un nouveau plus bas depuis mars 2006, soit plus de quatre ans. L'euro est passé sous la barre de 1,2 dollar ce vendredi soir.
Et, comme les Bourses européennes, Wall Street a également souffert des inquiétudes croissantes sur la situation financière de la Hongrie, le porte-parole du gouvernement ayant estimé que les propos d'un responsable politique évoquant la faible chance du pays d'éviter une crise semblable à celle de la Grèce n'étaient pas exagérés.
L'indice de volatilité CBOE , surnommé «l'indice de la peur» a bondi de 20,43% à 35,48 points.
Jeudi, à l'issue d'une séance très nerveuse, Wall Street a terminé sur une modeste hausse. Mais ce vendredi, les chiffres sur l'emploi sont ressortis moins bons qu'espéré. L'économie américaine a créé 431.000 emplois de plus qu'elle n'en a détruit en mai, indique le rapport mensuel sur l'emploi du ministère, mais les analystes attendaient cependant un chiffre nettement meilleur, puisqu'ils estimaient qu'un demi million d'emplois nets avaient été créés en mai, selon leur prévision médiane.
Hier, le cabinet ADP qui annonce toujours ses propres chiffres avec un temps d'avance sur les statistiques officielles a estimé que le secteur privé avait aligné en mai son quatrième mois consécutif de création nette d'emplois (+55.000). Et pour la plupart des observateurs les chiffres du département du Travail devraient être bien plus élevé, car ils comportent le secteur public qui a vraisemblablement embauché des centaines de milliers de personnes pour le recensement décennal.
Chute du baril dé pétrole
Euro faible et indicateurs américains moins bons que prévu, le pétrole ne pouvait que souffrir.
Les prix de l'or noir ont chuté vendredi à New York à la clôture, le baril lâchant plus de 3 dollars. Le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet a terminé à 71,51 dollars (-4%).
Wal Mart en ligne de mire
Les valeurs financières ont été particulièrement touchées par l'aversion au risque des investisseurs, l'indice sectoriel reculant de 3,96% et l'indice bancaire KBW plongeant de 4,43%, avec JP Morgan Chase perdant 3,45% à 37,75 dollars et Bank of America clôturant en baisse de 2,91% à 15,35 dollars.
En outre, le secteur financier américain a pâti des rumeurs concernant les activités dans les dérivés de la Société Générale.
Wal-Mart a tenu son assemblée générale des actionnaires ce vendredi. Le numéro un mondial de la distribution a annoncé son intention de recruter plus de 500.000 personnes au cours des cinq prochaines années pour développer sa présence à l'international. Les actions ont reculé de 2,49% à 504,3 dollars.
Il a également annoncé à cette occasion un nouveau programme de rachats d'actions de 15 milliards de dollars (12,5 milliards d'euros). L'action recule pourtant de 1,28% à 50,44 dollars vers 21h30.
Apple (-2,66% à 256,12 dollars) recule en Bourse. Le groupe doit présenter lundi son iPhone 4G.Le suspense ne sera pas d'actualité après la fuite dans le site Gizmodo en avril dernier.
Du coté des valeurs, Le groupe pharmaceutique Pfizer (-3,17% à 14,75 dollars) a rappelé environ 400.000 unités de médicaments par intraveineuse fabriqués par le groupe de génériques indien Claris et qu'il distribue aux États-Unis à la suite d'un rappel de la FDA, l'agence du médicament américaine.
Le DG de Cisco Systems (-3,2% à 22,96 dollars) a dit qu'il venait de s'engager à rester entre trois et cinq années de plus à la tête de l'équipementier réseaux de la Silicon Valley. John Chambers, âgé de 60 ans, a déclaré qu'il lui avait été demandé de rempiler lors d'un conseil d'administration qui s'est tenu il y a deux jours.
A noter également, le président et fondateur de Dell (-3,8% à 13,24 dollars), Michael Dell, a révélé qu'il avait envisagé de retirer de la Bourse la société qu'il a fondée.
McDonald's a perdu plus de 1,69% à 66,70, après avoir annoncé le rappel de 12 millions de verres promotionnels du film d'animation «Shrek», pour lesquels les autorités américaines ont décelé la présence de composants toxiques.
A contre-courant, l'action AOL a gagné 1,33% à 21,28 dollars, portée par des rumeurs disant que le portail internet pouvait être une cible d'acquisition pour Microsoft.