La commission sur le grand emprunt recommande à l'État d'investir 35 milliards d'euros dans sept domaines déclinés en 17 programmes d'action. Couplé au financement privé, l'investissement total atteindrait 60 milliards.
«Cet emprunt national doit être porteur de sens et d'espoir pour les générations futures.» Chargés de réfléchir aux priorités stratégiques d'investissements qui seront financées par un grand emprunt annoncé dans son principe en juin dernier par le président de la République , Michel Rocard et Alain Juppé ont achevé leurs travaux. Après avoir auditionné plus de deux cents acteurs et examiné plus de trois cents contributions écrites, ils rendront ce jeudi matin leurs conclusions à Nicolas Sarkozy. Dans ce document de 128 pages, que Le Figaro s'est procuré, les deux anciens premiers ministres rappellent qu'il y a «deux façons de mal préparer l'avenir : accumuler les dettes pour financer les dépenses courantes; mais aussi, et peut-être surtout, oublier d'investir dans les domaines moteurs». Principale donnée à l'appui de ce constat : la part de l'investissement dans les dépenses publiques a reculé d'un point depuis le début des années 1980, passant de 6% à 5%.
Pour toutes ces raisons, la commission recommande d'engager la transition vers un nouveau modèle de croissance «moins dépendant des énergies fossiles et davantage tourné vers la connaissance». Et ce, avec la contribution d'«une intervention publique résolue». Plutôt que de cibler des projets précis, les vingt-deux membres de la commission ont préféré «définir de grandes priorités», répondant à ce double impératif d'économie verte et de la connaissance. Au final, sept «axes» d'investissement ont été retenus, associés à dix-sept programmes «d'actions». L'enseignement supérieur se taille la part du lion avec 16 milliards d'investissement proposés, suivi par le développement des villes de demain (aménagement urbain, réseaux intelligents...), qui se voit allouer 4,5 milliards, et le numérique (4 milliards dont deux pour le passage au très haut débit). Les autres axes concernent les PME innovantes, les sciences du vivant, les énergies décarbonées et la mobilité du futur.
Au total, la commission recommande que l'État investisse 35 milliards d'euros dans ces sept programmes. Mais, «par effet de levier vis-à-vis des financements privés, locaux et européens, l'emprunt national devrait finalement correspondre à un investissement total de plus de 60 milliards», souligne le rapport. Dans tous les cas, les dépenses choisies sont «porteuses d'une rentabilité directe» (dividendes, royalties, intérêts…) ou «indirecte» (recettes fiscales induites par une activité économique accrue) pour l'État et de bénéfices socio-économiques.
Comité de surveillance
Si les modalités de levée de l'emprunt n'entraient pas dans le mandat de la commission, «il lui est apparu indispensable de proposer la mise en place d'un dispositif rigoureux de gouvernance», soulignent Alain Juppé et Michel Rocard. La commission préconise non seulement que les fonds levés par l'emprunt national soient «affectés à des organismes gestionnaires et gérés de manière étanche par rapport au reste du budget». Mais elle recommande aussi la mise en place, auprès du premier ministre, d'un comité de surveillance, «composé à part égale de parlementaires, de personnalités qualifiées et de représentants des ministères concernés», lequel pourrait être doté d'une partie des fonds de l'emprunt national, «par exemple 0,05% du montant». Et ce, afin d'être certain que l'argent aille bien là où il est censé aller.
Quant au montant de cet emprunt, il ne devrait pas atteindre les 35 milliards d'investissements évoqués dans le rapport Juppé-Rocard. L'État va en effet se servir des 13 milliards que lui ont remboursés les banques qu'il avait aidées pendant la crise financière. Il ne lui restera plus alors qu'une grosse vingtaine de milliards à emprunter. Exactement ce que le Trésor estime être la capacité d'emprunt supplémentaire de la France sans risque de dégrader sa notation.
mercredi 18 novembre 2009
Rocard et Juppé dessinent la France de demain
UIMM: Perquisition des syndicats
Les syndicats affichent leur sérénité après la perquisition menée mercredi à Paris dans quatre fédérations métallurgiques. La justice cherche à trouver des traces de financement occulte dans le cadre de l’enquête menée par l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM).
Les responsables syndicaux veulent toute la transparence, et ils tiennent à le faire savoir. Les locaux parisiens des fédérations métallurgiques de FO, de la CGC, de la CFDT et de la CFTC ont été perquisitionnés mercredi, sans qu’ils affichent la moindre inquiétude: "La CFDT n'a jamais touché d'argent", a assuré sur France Info Gabriel Bonnand, le secrétaire national de la CFDT. "Si la justice doit faire son travail, elle doit le faire, mais on l'aborde tranquille car on sait que l'enquête ne donnera rien."
La police financière cherche à savoir si ces organisations ont touché de l’argent liquide, versé par l’UIMM pour calmer des conflits sociaux. L’organisation du patronat de la métallurgie aurait ainsi distribué une vingtaine de millions d’euros entre 2000 et 2007. Le président de la CFTC, Jacques Voisin, a déclaré sur i-Télé qu’il souhaitait que toute la justice soit faite dans ce dossier. Il a repoussé toute hypothèse de financement occulte, sans nier pour sa part des liens avec l’UIMM. "Qu'il y ait des partenariats avec différentes fédérations professionnelles, il n'y a pas de difficultés là-dessus", a-t-il admis. En 2008, la CFTC avait reconnu avoir reçu un chèque de 69.000 euros de l'UIMM, pour financer des "opérations sur le dialogue social".
"Fluidifier les relations sociales"
Les représentants des salariés s’attendaient à cette visite des policiers. En octobre déjà, les syndicats étudiants Unef, Fage, UNI et PDE avaient été perquisitionnés dans cette affaire. Mais tous nient avoir perçu de l’argent, contrairement à ce qu’évoquent plusieurs dépositions. L’ancien président de l’UIMM, Denis Gauthier-Sauvagnac, a été inculpé en janvier 2008, pour "abus de confiance". Lui et une quinzaine d’autres dirigeants et cadres de l’organisation sont soupçonnés d’avoir effectué des retraits en espèce, grâce à une caisse de 600 millions d’euros.
Denis Gautier-Sauvagnac a déclaré avoir "fluidifié les relations sociales" avec une partie de cet argent et admet avoir ordonné les retraits d’espèces sous sa présidence. Plusieurs de ses anciens collaborateurs ont clairement pointé du doigt les syndicats de salariés et le juge chargé du dossier, Roger Le Loire, envisage toutes les hypothèses, y compris celle d’opérations de corruption. Mais l’ancien patron de l’UIMM s’est toujours refusé à donner le nom des bénéficiaires.
L'Etat au secours des fournisseurs de la grande distribution
La quasi-totalité des grandes enseignes françaises comparaissent le 17 novembre devant la justice. L'Etat leur reproche des clauses abusives imposées dans les contrats avec leurs fournisseurs...
Rien ne va plus entre le gouvernement et les principaux distributeurs français. L'Etat leur reproche d'avoir imposé des clauses abusives dans leurs contrats avec leurs fournisseurs. Neuf d'entre eux comparaissent ainsi du 17 au 20 novembre devant divers tribunaux de commerce, à l'initiative de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes. Ils encourent chacun 2 millions d'euros d'amende, sans compter le remboursement d'éventuelles sommes indues.
"C'est la première fois que l'Etat réalise un geste de cette ampleur , commente pour LExpansion.com Jean-Luc Ambroise de la DGCCRF. Le but est de rétablir l'équilibre dans les relations entre fournisseurs et distributeurs."
Carrefour, Casino, Auchan, Leclerc, Cora, Système U, Intermarché, Castorama et Darty... La plupart de ces grandes enseignes ont déjà été poursuivies et condamnées pour les mêmes raisons, mais à l'occasion de procédures non coordonnées. Pour monter cette nouvelle offensive collective, la DGCCRF n'a pas lésiné sur les moyens humains. Elle a formé en son sein une brigade de 120 personnes chargée de contrôler le bon fonctionnement de la Loi de Modernisation de l'Economie(LME). Passant au crible 400 contrats commerciaux, cette équipe spéciale a identifié une dizaine de clauses abusives qui s'y retrouvent de façon récurrente.
"Parmi les clauses injustifiées, l'obligation pour le fournisseur de reprendre les produits que le distributeur n'a pas réussi à écouler, des pénalités disproportionnées dans le cas où une livraison arrive avec une heure de retard, ou bien une baisse de prix exigée quand le cours des matières premières diminue, mais pas l'inverse. Les distributeurs demandent également aux fournisseurs de leur fournir des données confidentielles comme le chiffre d'affaires, pour s'assurer qu'ils ne soient pas trop dépendants de leurs commandes. Exiger de telles informations est illégal," explique Jean Luc Ambroise. Les premières lésées seraient les PME agroalimentaires.
Si le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jérôme Bédier, affirme tout net que "les distributeurs ne connaissent pas la raison de fond qui leur vaut ces assignations ", les réactions des enseignes sont diverses.
La direction de la communication d'Auchan joue la sereinité, et se targue"d'une application scrupuleuse de la LME dans son ensemble."Auchan affirme n'être concerné que par deux des clauses abusives mentionnées par la DGCCRF. La première concerne les pénalités de retard, que l'enseigne " appliquerait très rarement", et la seconde la diminution automatique des tarifs des fournisseurs en cas de baisse des matières premières, "ce qui est normal puisque les fournisseurs renégocient leurs tarifs à la hausse quand les cours augmentent", justifie l'enseigne.
De son côté, Michel Edouard Leclerc ne cherche pas à discuter, ni à réprimer sa colère. Condamné récemment à titre individuel à reverser une somme record à 28 fournisseurs, il vocifère que l'Etat "fout la pagaille" en organisant une "punition collective irresponsable" du secteur. Sur son blog, le patron de Leclerc affirme même que ses fournisseurs sont de son côté : "Les fournisseurs ne réclament pas les 23,3 millions d'euros que l'Etat me demande de leur verser. Les pouvoirs publics se sont érigés entre eux et nous, et se sont attribués un rôle qu'il n'avait pas à jouer".
Ce n'est pas l'avis de Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) qui se félicite que l'Etat fasse "la chasse" aux clauses et pratiques abusives et brise ainsi "la loi du silence". Même satisfaction du côté du principal syndicat agricole, la FNSEA, qui estime dans un communiqué intitulé "Pris en flag" qu'il s'agit d'"un succès syndical".
Pour Pierre Alain Weill, délégué national entreprises au PS, "Cette assignation pointe justement un rapport de force encore trop inégal entre distributeurs et fournisseurs, particulièrement pour les producteurs travaillant en sous-traitance pour produire les MDD (Marques de distributeurs) de la grande distribution. Leurs produits ne bénéficient pas de reconnaissance de la part du consommateur, contrairement aux marques nationales des grands fournisseurs. On peut facilement les menacer de déréférencement.
Une menace qui touche aussi les plus gros fournisseurs. Sous couvert d'anonymat, un responsable grand-compte d'une multinationale de biens de consommation confie à LExpansion.com que "L'échec de la LME réside dans le fait que les distributeurs négocient automatiquement tous les prix à la baisse, en brandissant une arme surpuissante : la menace de nous mettre en gamme restreinte, ou de nous déréférencer totalement. Certains distributeurs ont mis quelques-uns de nos produits en embargo depuis des mois." Et d'ajouter que "Cette assignation aura au moins le mérite d'assainir les relations- si relation il y a - extrêmement compliquées entre fournisseurs et distributeurs".
Et maintenant?
Pour le secrétaire d'Etat chargé du Commerce et des PME, Hervé Novelli, "ces procédures ont vocation à avoir des vertus pédagogiques pour faire en sorte qu'en 2010 aucune clause abusive ne subsiste dans les contrats". Reste que certains distributeurs semblent plutôt tentés par la résistance. "Je ne céderai pas à cette pression. C'est sur notre politique de prix qu'on sera jugés par les consommateurs", affirme ainsi Michel Edouard Leclerc. Beaucoup plus modéré, Auchan n'en tient pas moins la même ligne de défense : "Le résultat de la LME est le résultat escompté par l'Etat, puisque les prix de notre enseigne ont baissé de près de 1% sur un an, grâce à la réduction conjugée de nos marges et des tarifs de nos fournisseurs."
Pour Pierre Alain Weill, ce doit être l'occasion de réfléchir aux faiblesses de la loi Dutreil et de la LME : "Le problème va au-delà de la simple clause abusive dans un contrat commercial. Le gouvernement a promis d'augmenter le pouvoir d'achat des Français. Pour ce faire, il y avait deux méthodes : augmenter les revenus, ou baisser les prix. Le gouvernement a choisi la seconde solution, ce qui met la pression sur un secteur déjà sous tension avant ces deux lois. Résultat, la précarité du secteur s'aggrave depuis deux ans, la grande distribution réduit son personnel et ouvre des caisses automatiques pour gonfler ses marges."
La réponse judiciaire prendra en tout cas plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Selon la DGCCRF, en effet, "Ce type de procédure au civil avec des renvois d'audience peut durer longtemps"
Surfacturations chez Orange : et maintenant ?
Tandis que les titulaires de factures astronomiques règlent progressivement leur différend avec Orange, d'autres clients victimes de la même mésaventure pourraient sortir du bois. Des recours et des garde-fous existent.
159.212 euros, record battu. C'est le montant de la facture reçue au mois de mai par Jean Spadaro, un médecin urgentiste qui a souscrit un abonnement "business" illimité à Internet par clé 3G chez Orange. Les trois affaires de surfacturation qui frappent l'opérateur, révélées coup sur coup depuis la fin de la semaine dernière, risquent de faire beaucoup de mal à Orange. Mais elles risquent surtout de susciter la suspicion des consommateurs vis à vis de l'Internet mobile et des clés 3G.
Combien de clients sont dans ce cas ?
Des précédents existent. L'année dernière, Orange avait réclamé 371 millions d'euros à un club de natation toulousain, mais il s'agissait d'une erreur de facturation, pas de consommations hors forfait. Dans les cas récents, la facture a explosé car la connexion était illimitée dans le temps, mais pas en volume de données téléchargées (un gigaoctet autorisé par mois). D'où les dépassements, aggravés pour deux des trois cas par des consommations effectuées à l'étranger, facturées bien plus cher.
Eric Gernez, le cafetier de Valenciennes facturé pour près de 46.000 euros, affirme dans la presse qu'il a reçu plusieurs témoignages de clients facturés plusieurs dizaines de milliers d'euros. On trouve également sur des forums des témoignages allant dans le même sens, pour des montants plus modestes.
Edouard Barreiro, chargé de mission Technologies de l'information et de la communication à l'UFC Que Choisir, indique avoir accompagné plusieurs consommateurs pour des problèmes de facturation liés au dépassement de forfaits mobiles et aux clés 3G+. Mais impossible de connaître exactement le nombre de clients touchés, car "la plupart se contentent de payer", explique-t-il.
Que va faire Orange ?
L'entreprise se montre très avare en explications sur les différents cas. L'Observateur du Valenciennois révèle cependant qu'un accord à l'amiable a été trouvé avec Eric Gernez, détenteur de la facture de 45.923 euros. La signature de l'accord étant soumise à une clause de confidentialité, on n'en saura pas plus sur son contenu. Avant d'en arriver là, la médiatisation a sans doute accéléré le processus -, Orange lui avait proposé un échelonnement du paiement sur 40 années... Pour Jean Spadaro, Orange a débloqué deux avoirs dont la somme atteint presque la totalité de sa facture.
Dans la foulée, Orange vient par ailleurs d'annoncer le lancement le 19 novembre d'une clé WiFi 3G+, associée à un forfait bloqué, destinée à la clientèle des particuliers. Hasard du calendrier ou manoeuvre de communication...
Quels recours sont possibles ?
Orange dispose d'un médiateur, le "Service national des consommateurs", qui traite des réclamations relatives aux offres Internet, fixe, mobile et TV. La procédure consiste à envoyer un recours par écrit. Les consommateurs peuvent se faire assister par une association nationale de consommateurs. En dernier recours, ils peuvent saisir le médiateur des télécoms, compétent sur les litiges liés aux communications électroniques.
Dans son rapport annuel 2008, ledit médiateur recommande d'ailleurs aux opérateurs de "prévenir systématiquement le client en cas de consommation inhabituellement élevée (Mobile et fixe)". Il précise que "Cette recommandation est suivie de manière hétérogène et sélective, l'examen étant fait au cas par cas ou par le biais d'alertes via des factures intermédiaires. D'autres mettent en avant le souci d'éviter ce qui pourrait être considéré comme une intrusion dans la vie personnelle de leurs clients."
Comment éviter d'en arriver là ?
Dans les trois cas médiatisés récemment, il semble que les dispositifs d'alerte prévus par Orange pour éviter les grands dépassements n'aient pas fonctionné. Dans le cas valenciennois, une alerte mail serait partie lorsque la consommation a atteint 12.000 euros. "Quand les problèmes de facturation ont commencé avec l'Internet mobile, Orange nous a assuré qu'ils avaient mis en place des mécanismes d'alerte, explique Edouard Barreiro. Mais ce n'est pas vrai, et c'est un vrai scandale !".
Pour limiter les risques liés à l'utilisation d'Internet à l'étranger une réglementation de l'Union Européenne, qui devrait entrer en vigueur avant mars 2010, obligera les opérateurs à bloquer la connexion au-delà d'un coût de 50 euros par mois. Certaines solutions existent déjà, par exemple chez Bouygues Telecom, pour éviter les dépassements liés à la connexion à l'étranger : les clés 3G de l'opérateur sont bridées pour empêcher toute connexion Internet depuis l'étranger, sauf si le client demande explicitement le déblocage.
Alain Juppé contre la réforme de la taxe professionnelle
L'ancien premier ministre Alain Juppé estime que le projet de réforme des impôts locaux n'est toujours pas satisfaisant en l'état et demande des modifications. Ce dossier, qui prévoit la suppression de la taxe professionnelle sur les entreprises et son remplacement par une dotation de l'Etat aux collectivités territoriales, provoque une forte tension entre le gouvernement et les élus locaux. Sifflé par les maires de France à Paris mardi, lors d'un congrès, le premier ministre, François Fillon, a maintenu le contenu et le calendrier de la réforme.
Alain Juppé, maire de Bordeaux, a déclaré sur RTL que la communauté urbaine gérant l'agglomération de sa commune perdrait environ 30 % de ses recettes avec la réforme. "Il nous faut des garanties, parce qu'on ne peut pas nous demander d'investir comme nous le faisons […] et couper les vivres, c'est ça qui n'est pas acceptable", explique-t-il. "Dans l'état actuel, je pense que [le projet] n'est pas totalement acceptable encore", a-t-il ajouté. Il souhaite que le Sénat modifie ce texte qui, selon lui, n'a pas été "suffisamment bien préparé".
Alain Juppé maintient par ailleurs ses réserves sur la méthode de l'Elysée consistant à multiplier les projets. "J'ai dit au président à un certain moment que l'accumulation des réformes donnait un peu le tournis. Je ne sais pas s'il m'a entendu", a-t-il déclaré.
CET ARTICLE DU MONDE TRONQUE LES PROPOS DE JUPPÉ, IL A ESTIMER QUE LE TEXTE SERA AMÉLIORÉ LORS DE SA LECTURE AU SÉNAT.
Les fonctionnaires territoriaux manifestent à Paris
Un millier de fonctionnaires territoriaux selon les organisateurs, quatre cent cinquante selon la police, ont protesté, mercredi 18 novembre, à Paris devant le congrès des maires de France contre "le recul du service public" induit, selon eux, par le projet de réforme des collectivités territoriales.
Ces fonctionnaires étaient venus d'une cinquantaine de départements à l'appel d'une intersyndicale CGT, Solidaires et FSU de la fonction publique territoriale pour manifester porte de Versailles, où se tient jusqu'à jeudi le congrès des maires de France. Pour la CGT, "en combinant cette réforme avec celle de la taxe professionnelle, qui va assécher les finances des collectivités, ce sont les moyens des collectivités locales et donc des services rendus à la population qui sont attaqués".
Le secrétaire général de sa section service public, Baptiste Talbot, a fustigé "un véritable hold-up électoral", dénonçant également "l'absence d'une réforme fiscale solidaire corrigeant les inégalités entre collectivités". Didier Bourgoin, le secrétaire général de la FSU fonction publique, a notamment critiqué la Révision générale des politiques publiques (RGPP) dans les préfectures et sous-préfectures où, "comme ailleurs, le gouvernement supprime des milliers d'emplois, brade le service public et ouvre la voie aux entreprises privées". Il a rappelé que "le service public local n'est pas simplement prestataire de biens et de services, mais aussi producteur de lien social et de citoyenneté".
La fonction publique territoriale compte un peu plus de 1,66 million d'agents, travaillant dans les collectivités territoriales et les établissements publics locaux, soit un tiers du total des fonctionnaires français qui comprennent aussi les agents de l'Etat et ceux des hôpitaux. La RGPP prévoit le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
LE LIEN SOCIAL PAR LE SERVICE PUBLIQUE COÛTE TRÈS CHER À L'ETAT, IL FAUT UNE FONCTION PUBLIQUE EFFICACE ET RENTABLE, PAS DES GRINCHEUX.
Besson: "Le PS est loin du compte"
Quelques événements du 18 NOVEMBRE
18 novembre 1477
Parution du premier ouvrage imprimé en Angleterre, sortant des presses de William Caxton. Marchand de tissus à ses débuts, Caxton devient ensuite écrivain, et s'intéresse à l'imprimerie lors d'un séjour en Allemagne, vers 1470. Dès son retour à Londres, en 1476, il installe ses presses près de l'abbaye de Westminster, avant d'être encouragé par le roi dans l'édition d'une centaine d'ouvrages.
18 novembre 1520
Magellan découvre un détroit entre l'Atlantique et le Pacifique.
18 novembre 1659
Première représentation des Précieuses ridicules de Molière.
18 novembre 1666
Les Français prennent aux Anglais l'île d'Antigua, dans les Antilles.
18 novembre 1718
Première représentation d'Oedipe, tragédie de Voltaire ; il avait alors quatre-vingt-trois ans.
18 novembre 1738
Signature du Traité de Vienne, qui scelle l'abandon de la Pologne par la France. Après trois ans de négociations, le beau-père de Louis XV, le roi Stanislas Leszczynski, renonce en effet au trône de Pologne et reçoit les duchés de Lorraine et de Bar, qui reviendront à sa mort au roi de France.
18 novembre 1852
Le premier supermarché ouvre ses portes, rue de Sèvres à Paris. L'enseigne du Bon Marché, dont Aristide Boucicaut est le fondateur, va bouleverser le commerce français. Désormais, le prix affiché ne peut plus être négocié : l'habitude du marchandage doit se perdre. L'entrée est libre, et les curieux peuvent regarder et essayer sans aucune obligation d'achat. Le succès sera immédiat.
Jintao et Obama peinent à dissimuler leurs différends
Les présidents américain et chinois ont assuré hier qu'ils se sont entendus sur une multitude de problématiques politiques et économiques, mais se sont égratignés sur plusieurs dossiers sensibles.
Les discours louaient les perspectives de coopération fructueuse entre les présidents chinois et américain. Les visages tendus de Hu Jintao et de Barack Obama disaient tout le contraire. A l'issue de deux heures et demie d'intenses entretiens dans le Palais du Peuple de Pékin, les deux hommes ont lu, hier midi, des communiqués tentant de mettre en valeur leur unité de point de vue sur une multitude de problématiques mais ont peiné à dissimuler leurs désaccords. « La relation entre nos deux nations va bien au-delà d'un seul enjeu. […] Nous sommes à un moment où les relations entre les Etats-Unis et la Chine n'ont jamais été aussi importantes pour notre avenir collectif » , a lancé le président américain depuis un pupitre installé à quelques mètres de celui de son homologue. « Nous sommes tous deux convenus de nous placer dans une perspective stratégique de long terme et de travailler ensemble pour construire des relations sino-américaines positives, de coopération et globales pour le XXIe siècle » , a confirmé le dirigeant communiste.
Si les deux responsables ont affirmé s'être entendus, sans engagement précis, pour travailler à un succès du sommet de Copenhague, relancer la croissance mondiale ou lutter contre la prolifération nucléaire (voir ci-dessous), ils n'ont pas manqué de s'égratigner mutuellement sur plusieurs dossiers économiques et politiques. Evoquant la question des droits de l'homme, Barack Obama a rappelé que « l'Amérique était convaincue que tous les hommes et les femmes possédaient certains droits de l'homme universels fondamentaux […] qui devraient être accessibles à tous les peuples et les minorités ethniques et religieuses ». A cinq mètres, à sa droite, Hu Jintao est resté totalement impassible.
Rapport de force
Plus tard, c'est le président chinois qui, sans un regard pour son « partenaire », a accusé indirectement Barack Obama de ne pas s'opposer assez fermement au protectionnisme.
N'ayant pour l'instant lâché sur aucun des dossiers que le président américain avait espéré faire progresser au cours de ses trois jours de visite officielle en Chine
- il part demain en Corée après une ultime rencontre avec le Premier ministre Wen Jiabao -, le pouvoir chinois a semblé vouloir faire sentir à Washington sa perception du nouveau rapport de forces liant les deux puissances. Convaincue que son dynamisme économique, la grande capacité de rebond de sa croissance ou encore la taille de sa population lui offre une nouvelle aura, la Chine semble moins encline à offrir des concessions au dirigeant des Etats-Unis.
Alors que les précédents présidents américains, Bill Clinton et George W. Bush, avaient pu sembler maîtres de leur agenda sur place et avaient obtenu quelques gestes d'apaisement, Barack Obama est apparu plus encadré par ses hôtes, qui ne lui ont accordé ni marge d'initiative, ni engagement symbolique susceptible d'être présenté en trophée à son retour devant une opinion publique américaine très méfiante à l'égard de l'émergence de la Chine. « Le leadership chinois ne s'inquiète plus trop de la pression américaine. Du fait de la crise financière et de l'héritage de George W. Bush sur les dossiers nord-coréen, afghan ou pakistanais, les Etats-Unis ont désormais beaucoup plus besoin de la Chine que la Chine des Etats-Unis », résumait, hier, Yu Wanli, un expert de l'université de Pékin, reprenant une représentation désormais partagée par une large partie de l'opinion chinoise.
AH, L'AMÉRIQUE N'EST PLUS CE QU'ELLE ÉTAIT !
Cadbury : Ferrero et Hershey prêts à entrer dans la bataille
La bataille pour le contrôle de Cadbury s'annonce rude. Visé par une OPA hostile de l'américain Kraft Foods, le groupe britannique de confiserie intéresse aussi l'italien Ferrero et l'américain Hershey. Réagissant à un article du Wall Street Journal paru hier, les deux confiseurs ont confirmé aujourd'hui réfléchir à une telle opération. Les propos sont néanmoins encore très prudents. Ferrero "note les récentes spéculations dans la presse sur une possible offre pour Cadbury" et "confirme qu'il est au stade préliminaire d'une évaluation de ses options par rapport à Cadbury". "Il ne peut y avoir de certitude qu'une proposition concernant Cadbury suivra", observe le groupe. Hershey, de son côté, "confirme qu'il passe en revue les options mais qu'à ce stade, il n'y a aucune assurance qu'une offre pourrait intervenir". "Une prochaine annonce sera faite en temps voulu le cas échéant", écrit la firme.
En revanche, aucune des deux sociétés ne fait allusion à l'information du Wall Street selon laquelle Hershey et Ferrero songeraient à s'allier pour contrer l'OPA hostile de Kraft Foods. Le journal américain notait que le directeur général de Hershey, David West, se serait entretenu avec les banquiers de Ferrero "au moins à deux reprises" ces deux dernières semaines pour discuter d'un tel partenariat. Mais les deux groupes avaient du mal à s'entendre sur qui reprendrait les chewing-gumes Trident et les bonbons Hall, deux activités très lucratives.
Kraft Foods avait formalisé son offre hostile valorisant Cadbury 11 milliards d'euros le 9 novembre dernier. Le confiseur britannique avait aussi rejeté cette offre, la jugeant "dérisoire". Un tel mariage créerait un géant dans le secteur. Rien qu'en France, le mariage Kraft-Cadbury verrait s'unir les cafés Grand-Mère, Jacques Vabre et Maxwell, les chocolats Milka, Côte d'Or, Suchard et Toblerone (Kraft) avec les bonbons La Pie qui Chante, Kréma, Carambar, les chewing-gums Kiss Cool, Hollywood et Stimorol, et le chocolat Poulain (Cadbury).
Hershey et Ferrero sont beaucoup plus petits que Kraft. Plus connu sur le vieux continent, Ferrero vend la pâte à tartiner Nutella et les bonbons Tic-Tac. Le patriarche du groupe familial, Michele Ferrero, s'est toujours opposé à la croissance externe. Mais ses fils Pietro et Giovanni, à la te^te de l'entreprise, paraissent davantage prêts à franchir le Rubicon. Car Ferrero est curieusement absent de Grande-Bretagne, un marché friand en chocolat.
Les Echos
Ségolène Royal prête à tout pour récupérer son courant
Au quatrième jour, le bras de fer Royal-Peillon ne faiblit pas. Les protagonistes montrent leurs muscles et affirment leur détermination. Après le vaudeville de Dijon, samedi 14 novembre, et les échanges d'amabilités qui ont émaillé la fin du week-end, la querelle pour le contrôle du courant l'Espoir à gauche, fondé par les deux ex-associés au congrès de Reims, s'est déplacé sur les questions statutaires. Un terrain sans doute moins spectaculaire mais qui n'atténue en rien la violence de cette guérilla socialiste à ciel ouvert.
Invitée mardi 17 novembre de Canal+, Ségolène Royal a annoncé avoir confié "l'animation" du courant "l'Espoir à gauche" au trio formé par Jean-Louis Bianco, ancien ministre qualifié de "sage", Najat Belkacem et Gaëtan Gorce. "Je réunirai le mouvement après les élections régionales", a fait savoir la présidente de la région Poitou-Charentes qui venait de convoquer son conseil politique.
Cette annonce a fait immédiatement bondir Vincent Peillon, qui a accusé Mme Royal de se comporter "comme un ministre de l'intérieur qui limoge les préfets". "Nous n'allons pas nous laisser congédier. C'est d'ailleurs impossible car la direction du courant résulte statutairement du vote des militants", a-t-il fait valoir.
Comme les autres courants du parti socialiste (PS), l'Espoir à gauche n'a pas mis en place de structure interne. Ses représentants sont les responsables qui ont été élus, lors du congrès, dans les instances dirigeantes du PS : le conseil national et le bureau national au titre de la motion sur laquelle figuraient Ségolène Royal et Vincent Peillon. Or, au lendemain du congrès, les proches de Mme Royal se sont retrouvés minoritaires lorsqu'il s'est agi d'élire les membres de l'Espoir à gauche dans ces deux instances.
Dès lors, on voit mal comment l'ex-candidate à la présidence de la République pourrait décider de son propre chef de retirer à son ancien lieutenant la direction du courant. D'autant qu'il n'en est le leader que de manière informelle.
"DÉDRAMATISER"
Proche de la présidente de Poitou-Charentes, le député de la Nièvre, Gaétan Gorce, a tenté de "dédramatiser" la situation. "Nous avons été mandatés pour discuter avec Vincent Peillon afin de trouver un modus vivendi, des solutions et des règles claires dans la perspective d'une assemblée générale du courant après les régionales", a-t-il assuré.
Au-delà de la controverse qui oppose les deux parties sur le poids réel de leur force militante au sein de l'Espoir à gauche, Mme Royal estime disposer d'un droit moral sur le courant, bien qu'elle n'ait pas participé à ses activités depuis sa création, début 2009.
Selon elle, "un courant au PS, ça rassemble tous les militants qui ont voté pour un candidat au poste de premier secrétaire". Elle cherche à se poser comme le leader naturel de "tous ceux qui ont voté pour [elle] (…) puis qui [lui] ont donné 50 % peut-être un peu plus", lors de l'élection de la première secrétaire.
Conseillère générale du Rhône, Najat Belkacem explique qu'en s'invitant à Dijon, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a voulu témoigner de sa "volonté profonde d'être avec les siens, puisque dans le fond, les militants qui composent ce courant ont d'abord été des soutiens de Ségolène Royal".
Mercredi matin, Vincent Peillon se déclarait conscient du "caractère catastrophique" de cette polémique sur l'image des socialistes. "Je ne peux pas la laisser ruiner ce que nous tentons de construire, ni lui laisser, politiquement, le dernier mot", ajoutait-il toutefois.
Les animateurs de l'Espoir à gauche réunis mardi soir sont d'avis d'organiser, "sans tarder", une consultation du "corps électoral le plus légitime, c'est-à-dire les délégués élus au titre de la motion Royal-Peillon lors du congrès".
Invitée mardi du journal de France 2, Martine Aubry s'est efforcée de minimiser ce qu'elle a qualifié de "petites bisbilles". "En entendant ces petites querelles, j'ai l'impression que les Français n'[y] ont rien compris", a commenté la première secrétaire du PS. Un après son arrivée à la tête du parti, Mme Aubry préfère incarner "les socialistes qui, aujourd'hui, travaillent".
Jean-Michel Normand
Peillon à Royal : "Occupe-toi de tes régionales"
Vincent Peillon a annoncé, mercredi 18 novembre, qu'il ne quitterait pas son "courant" au Parti socialiste, car selon lui son expulsion annoncée par Ségolène Royal n'est pas valable procéduralement. "On ne peut pas virer les gens, surtout quand on se fait le chantre de la démocratie. Je suis donc le leader de l'Espoir à gauche", a déclaré M. Peillon sur Europe 1.
"Il y a 20 dirigeants du courant qui sont élus par les militants au bureau national, ils le restent, pas un seul ne bougera, l'esbrouffe médiatique ne fait pas la réalité", a dit Vincent Peillon à l'antenne de la radio. Si Ségolène Royal "veut quitter la structure de l'Espoir à gauche, elle le peut […] elle l'a son courant, c'est Désir d'avenir, qui est entièrement tourné autour d'une personne", conseille aussi M. Peillon à la présidente de la région Poitou-Charentes.
Mardi soir, sur Canal+, Ségolène Royal avait annoncé qu'elle le congédiait et confiait l'animation du courant appelé "Espoir à gauche" à trois de ses proches, Najat Belkacem, Gaëtan Gorce et Jean-Louis Bianco. "Tout ça devient insupportable. Il faut que cela cesse, c'est destructeur. Je lui dis : 'C'est un spectacle désolant. Arrête-toi Ségolène. Tu as fait beaucoup de mal samedi. Occupe-toi de tes régionales, on parlera de tout ça après.' Ce qui a été fait samedi était inacceptable. Ce qui a été fait hier soir est ridicule. Donc on s'arrête."
"POURQUOI ALLER DANS LES GRANDS MÉDIAS POUR FAIRE EXPLOSER TOUT ?"
Vincent Peillon critique aussi les méthodes de Ségolène Royal. "Pourquoi aller dans les grands médias, débarquer avec TF1 à Dijon pour faire exploser tout ? Pourquoi aller à Canal+ pour régler ce genre de question ? Je ne peux pas me laisser intimider par quelqu'un qui ne vient pas créer, qui ne vient pas aider, mais, dans la querelle permanente, détruire. Je ne reculerai pas."
La controverse entre les deux personnalités du principal parti d'opposition français, partie du fait que l'ex-candidate à la présidentielle est venue à une réunion sans y être invitée, entame ainsi son cinquième jour et suscite la consternation au sein même du PS. Depuis sa création dans les années 1970, le PS français est organisé en courants, une modalité censée permettre le règlement de la cohabitation entre les diverses tendances. Un vote des militants pourrait intervenir pour départager Vincent Peillon et Ségolène Royal, une solution souhaitée par les deux personnalités. D'autres épisodes sont donc en vue.
Mardi soir sur France 2, le premier secrétaire du PS Martine Aubry a expliqué qu'elle ne comprenait pas la querelle et préférait se concentrer sur les actions d'opposition menées actuellement par son parti contre les réformes présentées par Nicolas Sarkozy. Une attitude également adoptée par le maire de Dijon, François Rebsamen, qui ne souhaite pas se mêler à une "bataille dépassée", et par François Hollande, pour qui il s'agit "d'affaires qui intéressent des sensibilités du Parti socialiste". "Moi, je suis passé à un autre niveau de responsabilité", a-t-il indiqué sur RMC.
Hausse du nombre de ménages surendettés
Le nombre de ménages surendettés ayant engagé des procédures de demande d'aide sur les trois premiers trimestres de 2009 est de 162 171. Ils n'étaient que 137 842 sur la même période de 2008, selon Le Parisien, qui cite la Banque de France, soit une augmentation de 17,6 %. Les situations sont de plus en plus graves, puisque la procédure exceptionnelle de "rétablissement personnel", qui consiste à vendre la totalité du patrimoine d'un ménage en contrepartie de l'effacement des dettes, a été déclenchée 32 000 fois déjà cette année contre 25 000 durant la même période un an plus tôt.
La moyenne de surendettement atteint 40 000 euros par dossier en France, contre une somme deux fois moindre en Allemagne et 18 000 euros en Belgique. Le phénomène s'est développé notamment depuis les années 1980 en France, avec l'usage très large du crédit à la consommation par les banques, sous des formes aujourd'hui contestées, comme le "revolving".
Cette pratique consiste à mettre à disposition des sommes importantes en échange de taux de rémunération très élévés. Le gouvernement a refusé de l'interdire en octobre, Christine Lagarde expliquant qu'elle créait des emplois. Un projet d'encadrement léger des pratiques bancaires qui doit être examiné en 2010 a été lancé.
La situation des ménages soumise à une forte instabilité selon l'Insee
Les inégalités de niveau de vie en France ont légèrement fléchi entre 1996 et 2007 mais la situation des ménages est soumise à une forte instabilité liée aux pertes d'emploi ou à des événements familiaux (divorce...), selon des enquêtes de l'Insee parues mardi 17 novembre.
Entre 1996 et 2007, le niveau de vie — défini comme le rapport entre le revenu disponible d'un ménage et le nombre de personnes qui le compose — a davantage augmenté pour les 10 % de la population les plus pauvres (+21 %) que pour les 10 % les plus aisés (+14,7 %). Entre ces deux extrêmes, les classes moyennes "ont pu avoir l'impression de se faire tout à la fois rattraper" par les catégories les plus pauvres et "distancer" par les plus riches, note l'Institut national de la statistique. En dépit de leur légère résorption, les inégalités restent substantielles.
En 2003, les 20 % des ménages les plus aisés disposaient de 40 % du revenu disponible (salaires, prestations sociales...) alors que les 20 % les plus pauvres n'en percevaient que 8 %. A cette date, en France métropolitaine, le revenu annuel disponible d'un ménage s'élevait à 24 910 euros en moyenne.
"Les inégalités sont plus marquées lorsqu'on observe le patrimoine", souligne par ailleurs l'Institut, qui note que les transmissions "intergénérationnelles" (héritage, donation...) tendent à "reproduire" les écarts au sein d'une classe d'âge. Selon l'Insee, la situation des ménages reste par ailleurs soumise à une forte instabilité. Entre 2003 et 2005, près d'une personne sur trois a connu "une variation forte" de son niveau de vie (supérieure à 30 %) dans le sens d'une amélioration ou d'une dégradation.
Ces variations sont liées à des changements professionnels (perte d'emploi...) mais également à des événements de la vie familiale, tels que les "désunions" (divorce, séparation), qui affectent le niveau de vie de manière très inégale selon les sexes. Parmi les personnes touchées par une désunion entre 2003 et 2005, la baisse médiane de niveau de vie atteint 31 % pour une femme qui se retrouve à la tête d'un ménage et seulement 6 % pour un homme, selon l'Insee.
Afghanistan : les Britanniques prônent la stratégie du "sac d'or"
Alors que le conflit s'enlise en Afghanistan et que l'année 2009 s'est avérée particulièrement meurtrière pour les soldats de sa Majesté, l'armée britannique a décidé de s'y prendre autrement. Selon le Times du mardi 17 novembre, les responsables militaires préconisent désormais "d'acheter" des Afghans, qui, autrement, pourraient être tentés de travailler pour les talibans.
"Les meilleures armes pour contrer l'ennemi ne sont pas à feu. En d'autres mots, il faut utiliser des sacs d'or pour changer la dynamique de sécurité", a déclaré, lundi, le général Paul Newton, alors qu'il présentait un nouveau manuel d'instructions militaires. Le précédent avait été conçu il y a huit ans et s'inspirait largement des expériences du Royaume-Uni en Irlande du Nord et dans les Balkans.
Le nouveau manuel souligne que "les hommes afghans en âge de combattre qui sont au chômage ou qui ne travaillent qu'à temps partiel sont le principal vivier de fantassins pour les talibans", qui les payent 10 dollars. C'est ceux-là que l'armée britannique, qui a perdu 234 soldats depuis le début de la guerre en Afghanistan, souhaite rallier à son camp.
"FINANCER DES PROJETS"
"Il ne s'agit pas du tout d'acheter les talibans", a commenté le ministère de la Défense, mardi. Mais de "financer des projets de reconstruction et de développement, par exemple, qui se concrétisent rapidement" et qui permettent de "gagner la confiance des populations locales", a poursuivi un porte-parole.
"Bien dépensé, dans le cadre d'une stratégie à long terme, l'argent est un moyen efficace de retirer le support des populations et permet aux militaires d'économiser un recours à la force", peut-on lire dans la nouvelle doctrine. Mais "il faut faire attention à ne pas être trop généreux, au risque de déséquilibrer l'économie locale".
Par le passé, ce type d'expérience ne s'est pas toujours avéré concluant. Le Times rappelle que Londres a donné 16 millions de livres à des fermiers afghans pour qu'ils cessent la culture du pavot, une source de revenus pour les talibans. Sans grand effet.
"Le commandement britannique, lors d'opérations récentes, n'a pu avoir accès, de manière rapide, au même montant de cash que son homologue américain", poursuit le manuel.
"Je sais qu'en 2006, plusieurs généraux ont pensé que, plutôt que d'aller se battre dans le Helmand, il vaudrait mieux acheter des locaux", raconte au quotidien britannique Adam Holloway, un ancien officier de l'armée, aujourd'hui député conservateur de Gravesham (Kent). "Maintenant c'est trop tard, juge-t-il, c'est comme fermer la porte de l'écurie après que les chevaux se sont emballés".
Virginie Malingre
Taux record de suicides attendu en 2009 dans l'armée américaine
Les suicides dans l'armée américaine vont très probablement atteindre un record en 2009, un phénomène que l'état-major a du mal à expliquer et qui semble dépasser l'engagement des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. "Au 16 novembre, l'armée de terre a enregistré 140 suicides de soldats d'active, ce qui équivaut au nombre total de cas en 2008 alors qu'il reste un mois et demi avant la fin de l'année", a annoncé, mardi 17 novembre, son numéro deux, le général Peter Chiarelli, qui s'attend à d'autres suicides en 2009.
Toutefois, le lien avec les déploiements à répétition des forces armées en Irak et en Afghanistan depuis des années, généralement considérés comme l'une des causes de la forte progression du nombre de suicides chez les militaires, n'est pas clairement établi. "Sur les 140 cas [recensés cette année], un tiers n'avait jamais été déployé" en zone de combat, a ainsi expliqué le général.
Seul lien à peu près établi, les soldats semblent plus enclins à se suicider après avoir quitté une base ou un poste même s'ils restent aux Etats-Unis. L'armée se penche par ailleurs sur l'abus d'alcool, de drogue ou de médicaments, dont le taux est "plus élevé qu'il y a huit ans", comme l'a admis M. Chiarelli.
L'annonce du triste record intervient alors que le président américain Barack Obama réfléchit à l'envoi de renforts en Afghanistan où les soldats américains ont enregistré en octobre leurs pertes les plus importantes depuis le début du conflit en 2001. Selon un sondage publié mardi du Washington Post et d'ABC News, seuls 44 % des Américains estiment que la guerre valait la peine d'être lancée en Afghanistan, contre 52 % qui sont d'un avis contraire, un chiffre en hausse de 13 points depuis décembre 2008.
Les particuliers ne pourront pas souscrire au grand emprunt
Le "grand emprunt" voulu par le président Nicolas Sarkozy pour développer la compétitivité de la France sera souscrit exclusivement auprès des marchés et non du grand public, affirme Michel Rocard dans un entretien au quotidien Direct Matin à paraître mercredi. Ce grand emprunt national, qui devrait être "d'environ 35 milliards" selon M. Rocard, devait au départ être souscrit, du moins en partie, auprès des Français.
M. Rocard, ex-premier ministre socialiste, a également annoncé que 16 milliards seraient alloués à l'enseignement et à la recherche. Il copréside avec l'ancien chef du gouvernement de droite Alain Juppé la commission du "grand emprunt" qui doit rendre jeudi son rapport à Nicolas Sarkozy.
Sur les 35 milliards, 20 à 22 milliards d'euros devraient donc être levés sur les marchés, le gouvernement ayant déjà annoncé qu'il affecterait à cet emprunt les 13,4 milliards d'euros remboursés par les banques aidées par l'Etat au moment de la crise. "Le Trésor public dit qu'un emprunt entre 20 et 22 milliards d'euros ne remet pas en cause la signature de la France [la confiance des autres pays dans notre économie, NDLR]. Nous allons donc arriver aux environs de 35 milliards d'euros", dit M. Rocard.
"Nous lèverons tout auprès des marchés, sans doute en deux fois, mais avec une sélection de secteurs", déclare-t-il, écartant le recours aux particuliers. Selon lui, "pour lever auprès des particuliers, il faudrait les allécher [avec un taux d'intérêt supérieur, NDLR], ce qui coûte plus cher. Cela ne vaut pas le coup". Le grand emprunt "va permettre la poursuite des recherches dans les sciences du vivant, les énergies nouvelles, la mobilité du futur, dont l'aéronautique". En revanche, le financement des infrastructures a été rejeté, ajoute M. Rocard.
Vincent Peillon évoque la «psychiatrie lourde» au sujet de Ségolène Royal
La présidente de la région Poitou-Charentes a annoncé qu'elle l'écartait de l'animation de «son» courant...
La moutarde n'en fini plus de leur monter au nez. Après la dispute de Dijon avec son ancien lieutenant, Ségolène Royal a annoncé au Grand journal de Canal + ce mardi soir qu'elle confiait l'«animation» de son courant à Jean-Louis Bianco, Najat Belkacem et Gaëtan Gorce et ce jusqu'aux régionales. Exit, donc, Vincent Peillon. La présidente de Poitou-Charente envisage ensuite d'en appeler aux militants pour choisir les animateurs de sa sensibilité, comme l'a indiqué son entourage ce lundi.
«On est en psychiatrie lourde, là», a réagi l'intéressé sur BFM TV. Annonçant son intention de réunir les dirigeants du courant, Vincent Peillon, très remonté s'est emporté, rappelant que Ségolène Royal ne siège pas au bureu national du PS: «on est élus, nous, on n'est pas des clowns».
L'«esbrouffe médiatique permanente»
Reprochant à Ségolène Royal son «esbrouffe médiatique permanente», il a assuré qu'il comptait «demander un vote», estimant que sa rivale, elle, «a peur du vote».
Vincent Peillon a assuré un peu plus tôt à l'AFP qu'il n'entendait pas se «laisser congédier» par Ségolène Royal. «Nous n'allons pas nous laisser congédier. C'est d'ailleurs impossible car la direction du courant résulte statutairement du vote des militants», a-t-il déclaré.«Il ne s'agit pas d'exclure tel ou tel. Il s'agit simplement que les militants puissent choisir eux-mêmes les animateurs de notre sensibilité, mouvement, au sein du Parti socialiste», a expliqué de son côté le député-maire de Laval Guillaume Garot, porte-parole de l'ex-candidate à l'Elysée.
Une consultation?
Espoir à gauche est le principal courant du PS issu du Congrès de Reims, et Vincent Peillon s'y est imposé comme leader. A Dijon, la venue surprise de Ségolène Royal à la «rencontre du rassemblement» organisée samedi par l'eurodéputé, a fait éclater au grand jour la discorde et provoqué entre eux une escalade verbale.
«Un mouvement qui prône la rénovation ne peut pas fonctionner sur des méthodes archaïques et certainement pas sur l'auto-désignation», a fait valoir Guillaume Garot. «Il faut revenir au principe élémentaire de fonctionnement. Ce sont les militants qui choisissent.» Serait-ce une consultation? «On discutera de tout cela. Il faudra déterminer les meilleures modalités, à la fois transparentes, efficaces et sereines.»
LA GALAXIE ROYAL.