C'est un micromarché, mais un maxi-problème, qui appelle des réponses millimétrées. C'est l'une d'elles que propose le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, en promettant d'imposer à des taux prohibitifs les loyers excessifs demandés pour ces mansardes communément appelées « chambres de bonne ». L'expression n'a rien perdu de sa véracité. A Paris et dans quelques grandes villes, les « jeunes du sixième » - selon le titre d'un film sorti le mois dernier, « Les Femmes du sixième étage », avec Fabrice Luchini -ont remplacé les domestiques du siècle dernier. Ils sont à peine mieux lotis. A l'étage le plus haut, mais au bas de l'escalier social.
Que des propriétaires installés dans la vie puissent indûment profiter de la rente que leur assure des décennies de conservatisme urbain pour monnayer à prix d'or le sommeil étudiant, voilà bien le symptôme d'une société qui délaisse sa jeunesse. C'est ce qui rend méritoire l'initiative du secrétaire d'Etat au Logement. Initiative de portée politique, cependant, plus que pratique. Une surtaxation a vocation à faire peur. Le spectre de l'intrusion du fisc sur ce marché très privé est un moyen d'y modifier le comportement des agents. Mais mieux vaudrait que le gouvernement n'ait pas à passer à l'action, tant le mécanisme présenté hier semble, à ce stade de son élaboration, imparfait et incomplet.
Incomplet car, de la vente de listes de locaux libres aux loyers exigés en espèces, la liste des arnaques au logement étudiant est longue. Imparfait car, en faisant de 40 euros du mètre carré le seuil du nouvel impôt, il risque de faire de 39 euros la norme des loyers de mansarde. Applicable, de surcroît, aux seuls espaces de 9 à 13 mètres carrés, il n'est pas, non plus, d'une solidité à toute épreuve face au principe d'égalité devant l'impôt.
Outil pour paresseux, la fiscalité est à utiliser avec précaution. En l'occurrence, l'édiction de normes contraignantes répondrait mieux au besoin légitime des étudiants d'avoir des logements non seulement abordables mais décents. Or, dans ce domaine, le secteur a le privilège de l'effort. Depuis 2007, 45.000 chambres gérées par les CROUS, soit le quart du total, ont été rénovées ou construites. Surtout, les nouveaux campus sont enfin considérés comme des lieux de vie, à la différence de ceux que les étudiants d'aujourd'hui ont hérité de leurs grands-parents.