lundi 18 novembre 2013
"Ne payons plus pour la gauche !"
Pour Charles Consigny, la légèreté avec laquelle les socialistes se servent dans les poches des gens est en soi un scandale. Ils sont en train de tuer la France.
Comme nous aimons la France. L'échec historique du socialisme au pouvoir, le deuxième, a au moins le mérite de montrer combien les Français sont attachés à leur pays, combien son destin les inquiète, combien ils veulent, au plus profond d'eux, que l'histoire continue. On n'a jamais autant parlé de nous-mêmes, crise oblige. Cette crise est protéiforme : c'est une crise économique, bien sûr, mais c'est aussi une crise sociale et spirituelle, identitaire et culturelle. Nous ne savons plus guère d'où nous venons ni ce que nous sommes en train de devenir, où nous allons, par quel moyen et pourquoi, or cette incertitude est fausse : elle est entretenue artificiellement par une gauche qui ne parvient pas à gouverner sans son dogme, et c'est lui qui nous enfonce. Elle nous enfume. Le problème fondamental du socialisme, c'est qu'il ne respecte pas le travail. Ils peuvent répondre ce qu'ils veulent, égrener encore et encore leur lexique trompeur, brandir l'égalité, la justice ou le progrès, ils ne pourront pas démontrer qu'ils respectent le travail. La légèreté avec laquelle ils se servent dans les poches des gens est en soi un scandale ; l'ampleur de leur voracité fiscale et la gabegie sans précédent qu'ils font du fruit de cette récolte sont en train de tuer la France. Nous sommes devenus un pays d'émigration. Qu'est-ce qui vaut le mieux ? Que M. Hollande fuie tout un peuple ou que tout un peuple fuie M. Hollande ?
Lorsque l'on met sous les yeux d'un socialiste convaincu les conséquences de ses actes, il nie les faits. C'est le procédé de tout idéologue devant l'évidence de l'incurie de sa pensée : ça n'est pas vrai, vous ne voyez pas ce que vous voyez, il n'advient pas ce qu'il advient. Le droit du travail est devenu le droit du chômage ? Pas du tout, rien ne prouve que les règles qui encadrent le salariat dissuadent les entreprises d'embaucher. Aucun pays au monde ne nous a imités en adoptant les 35 heures ? C'est parce que nous sommes très en avance. L'immigration de masse est devenue incontrôlable ? L'intégration marche très bien, ce sont les Français de souche qui sont beaufs et racistes. Les classes moyennes sont écrasées d'impôts, elles sont contraintes de réduire leur niveau de vie pour parvenir à les payer ? Ce sont des gens riches, ils peuvent bien participer davantage à la solidarité.
La réalité des choses, c'est le scandale d'un pays divisé en deux, les travailleurs exaspérés d'un côté et les profiteurs mollusques de l'autre. C'est désagréable à entendre, j'exagère un peu, mais ça existe. Il faut le dire pour le changer. N'importe quel responsable politique honnête aujourd'hui est tenu de prendre en compte le harassement de la majorité de la population, qui, bûchant honnêtement, souvent beaucoup et avec l'angoisse au ventre, ne supporte plus que les fruits de sa sueur, de son inquiétude et de sa gentillesse soient employés par l'administration à tout et n'importe quoi, surtout à n'importe quoi. N'importe quel responsable politique scrupuleux aujourd'hui doit agir en ayant à l'esprit que ce qui manque à la France, c'est de la rigueur. Personne ne doit plus pouvoir prendre sa retraite à cinquante ans aux frais des autres. Il ne doit pas exister de régimes spéciaux, tout simplement, car ceux-ci ne peuvent survivre que sur le dos du régime général. La France se noie, peu à peu, sous la pression des mille abus, passe-droits et privilèges catégoriels qui lui écrasent les épaules. Chaque individu qui vit grâce aux largesses de la République doit savoir que sa position est malhonnête, injuste et injustifiée.
Il paraît qu'on commence à craindre, en haut lieu, que les Français ne "retirent leur consentement à l'impôt". Ils doivent le faire : ce ne serait que de la légitime défense. La révolte gronde dans tout le pays, Bretagne en tête, et c'est heureux. Samedi, on y a manifesté "pour l'emploi". Le problème est qu'on l'a fait comme si quelqu'un le détenait dans un coffre dont il refuserait de donner les clés. Cette personne contre laquelle on a battu le pavé n'existe pas. Cette personne, c'est notre morosité, notre mauvaise répartition de la générosité publique, notre haine de nous-mêmes, nos parasites et notre obésité fiscale. S'il est vrai que le modèle anglo-saxon, avec l'inculture qu'il produit et le néant intellectuel qu'il répand, n'est pas tout à fait enviable, il ne se trompe pas quand il pointe les travers de la taxe et le suicide que constituent des lois que la gauche fait passer depuis qu'elle détient tous les pouvoirs. Il faut désobéir. Il faut tous arrêter, massivement, de régler les factures que nous envoient l'État et ses démembrements locaux, plus fous encore. Il faut une nouvelle élection présidentielle avant 2017, un nouveau général, au nom d'une certaine idée, de la France sans doute, mais de la dignité aussi, du travail, de l'effort, de l'histoire, de nous-mêmes.
Contradictions
Contradictions
« Verglas assassin, Mitterrand complice », avaient lancé à l'époque les blagueurs du groupe Jalons ! Façon de tourner en dérision ce sport bien français qui consiste à faire du président le bouc émissaire de tous nos malheurs. Avant Hollande, tous les locataires de l'Élysée ont vécu cette ingratitude. Dans la rue, comme Mitterrand et Chirac, contraints à reculades. Dans les urnes, comme VGE qui ne s'en est jamais remis, et Sarkozy qui veut remettre ça !
« L'essentiel, c'est de râler, ça fait bon genre », dit Jean Gabin dans Mélodie en sous-sol. En tout cas, cela soulage et, manifestement, si l'on peut dire, cela paye. Les bonnets rouges, blancs, verts, les bricoleurs, les pigeons, les poussins, maintenant les sacrifiés artisans, les abeilles des assurances…
Chacun y va de sa colère, souvent juste d'ailleurs, mais la facture s'ajoutera à celle des Trente Glorieuses qui, justement, a du mal à passer aujourd'hui. À force de voir midi à sa porte et se convaincre que seules sont injustes les inégalités dont on ne profite pas (Georges Elgozy), nous en sommes là.
Empêtrés dans nos contradictions. Défenseurs du service public, mais fraudeurs à la SNCF (300 millions par an). Pour notre modèle social, mais moins d'impôts. Dépenser plus, mais faire des économies. S'il n'est de richesse que d'hommes, nos contradictions coûtent cher.
la gauche responsable de la France désunie
Manuel Valls accuse l'extrême droite d'avoir brisé l'unité nationale. Mais c'est François Hollande qui a récupéré ce 11 Novembre à des fins politiques.
François Hollande aurait voulu une journée patriote, une pause sociale, la France unie. Il a eu des sifflets, deux fois : d'abord à Paris, puis à Oyonnax. La première fois, on peut dire qu'il s'agissait de militants, rameutés par quelques organisations groupusculaires. Mais la seconde, c'était des gens du peuple, ces "normaux" chers au président, qui en ont assez de la gauche et sont venus le dire. Bien sûr, le jeune agrégé d'histoire a eu raison de répliquer comme il l'a fait, non sans allure d'ailleurs, aux excités des Champs-Élysées. Quand on commémore une guerre qui a fait dix-huit millions de morts, un peu de dignité collective n'est pas un luxe.
Mais qui a commencé ? Qui interdit toute écriture et poursuite d'un roman national français ? C'est la gauche. Qui repeint et enseigne une histoire de France en version sanguinolente, coupable, responsable de mille crimes ? Encore la gauche. Qui demande indéfiniment que cette France présente des excuses à toutes sortes de descendants de toutes sortes de peuples victimes des armées françaises ? La gauche, Taubira en tête, qui fait carrément des lois pour cela. Qui culpabilise les patriotes en les fascisant ? La gauche, d'Harlem Désir à Canal+. Qui ne cesse de se pincer le nez quand on évoque les valeurs traditionnelles qui structurent la société, le pays, le peuple ? La gauche, qui casse tout. Qui se targue de n'avoir pas assisté au "défilé de bottes" du 14 juillet ? Le compagnon de la ministre du Logement. Qui voulait supprimer ce défilé ? La candidate de la ministre du Logement aux élections présidentielles. À quelle famille politique la ministre du Logement appartient-elle ? À la gauche !
Le danger ne vient pas des Dupont-La-Joie lepénistes
Il est un adage romain qui veut qu'à celui qui rompt la foi, la foi n'est plus due. Si M. Hollande n'est pas respecté un jour qui aurait pu être celui d'une trêve dans la guerre civile qui est en train de se préparer, c'est parce que lui et sa bande ne respectent rien. Dans son discours de commémoration, il a par exemple mis en garde contre le racisme, ce qui était absolument hors sujet, et s'il l'a fait c'est, comme d'habitude, pour, précisément, changer de sujet, pour dresser un rideau de fumée, pour faire comme si le danger venait des Dupont-La-Joie lepénistes et pas de l'alliage funeste entre l'incapacité ontologique des socialistes à réduire les dépenses publiques et leur boulimie fiscale qui n'est que, je le répète, la grande revanche des frustrés. C'est parce que le comportement de M. Hollande est indigne qu'il provoque ces réactions lamentables. Comme il passe son temps à donner des gages aux différentes fractions de sa majorité, qui l'obligent à gouverner avec le prisme déformant de l'idéologie, M. Hollande ne contrôle plus rien, et c'est parce qu'il ne contrôle plus rien que la haine à son encontre devient incontrôlable. La gauche est face à elle-même.
On aurait pu parler, hier, de la Grande Guerre, et saluer ces héros sans lesquels la France aurait disparu. Tout aura été raté dans ce quinquennat. Sans surprise.
Le "black", exil fiscal du pauvre
Le "black", exil fiscal du pauvre
Les heures de travail à domicile déclarées chutent de plus de 5 % à la mi-2013. Attention aux dégâts !
Il y a plusieurs façons de s'exiler face à un choc fiscal comme celui qui étourdit la France - plus de 60 milliards d'euros de prélèvements supplémentaires entre 2011 et 2013. Les contribuables plus mobiles franchissent les frontières politiques du pays pour devenir des exilés fiscaux, profitant des libéralités consenties aux "renégats" par les pays voisins de la France. Il n'y a pas, aujourd'hui, de statistiques significatives de cet exode, mais des symptômes préoccupants : hausse du nombre d'inscriptions dans les écoles françaises à l'étranger, activité en hausse des cabinets de conseil spécialisés...
Il ne s'agit toutefois que des plus fortunés, qui ont les moyens de traverser la Manche ou le Quiévrain pour s'installer au Royaume-Uniet en Belgique. Les autres, beaucoup plus nombreux mais moins alertes, car ils n'ont ni capital ni qualification internationalement reconnue, franchissent une autre frontière, celle qui sépare l'économie officielle de l'économie informelle : l'exil fiscal du pauvre, c'est le "black", liasses de biftons et travail au noir. Il n'y a pas davantage de chiffres pour donner la mesure précise du phénomène, mais apparaissent, là aussi, d'éloquents signaux. La chute du nombre d'heures de travail à domicile déclarées, par exemple (gardes d'enfants, ménage, jardinage, etc.), qui a diminué de plus de 5 % à la mi-2013, avec cinq trimestres successifs de recul. Décrue concomitante à une forte augmentation des charges... Très probablement, une partie de ces heures disparues sont effectuées aujourd'hui sans être déclarées. Les nouvelles règles fiscales ont "noirci" de l'activité économique, elles ont fait passer dans la clandestinité une partie du travail réalisé.
Autres signes, l'explosion des saisies d'argent liquide par les douanes. Leur montant a été multiplié par 6, d'une année sur l'autre, au premier trimestre 2013. Ou bien le développement des systèmes d'échanges locaux, avec lesquels les habitants d'un quartier troquent biens ou services sans passer par un acte marchand classique. Ou encore l'essor des monnaies parallèles, qui se substituent à l'euro pour les menues transactions.
C'est toute l'économie officielle qui se rétracte pour éviter la taxation. La croissance zéro dans laquelle se débat la France depuis la fin de 2011 peut d'ailleurs être interprétée ainsi : c'est le PIB officiel de la France qui stagne, mais pas forcément le PIB réel. Comme par hasard, les richesses dûment répertoriées - et taxées - ont cessé de croître au début du matraquage fiscal, à l'époque de François Fillon et Nicolas Sarkozy. Nous avons l'impression que notre niveau de vie décroît, mais peut-être la photographie officielle n'est-elle pas tout à fait fiable.
Cette observation vaut pour toute l'Europe en crise. En Grèce, la récession de 25 % est celle du PIB statistique, pas du PIB réel, comme en témoigne l'incroyable essor de l'utilisation du cash dans les restaurants et les hôtels. En Italie ou en Espagne, la contraction officielle a été plus faible, mais les chiffres sont tout aussi sujets à caution. Dans ces trois pays, l'augmentation de la pression fiscale a été considérable, ce qui a conduit les agents économiques à "démarchandiser" la création de richesses. En clair, à développer l'économie au noir, qui a joué le rôle d'un amortisseur anticrise, puisqu'elle a permis à de nombreux Européens de subvenir à leurs besoins ou de compléter leurs revenus dans cette période de disette. Si l'Europe du Sud n'a pas explosé au plan politique ou social, c'est parce que l'exil fiscal intérieur a permis de survivre.
Ce phénomène signe évidemment l'échec des politiques d'austérité par l'impôt. Comme le PIB officiel se rétracte, les recettes fiscales ne sont pas au rendez-vous, malgré les augmentations de prélèvements votées à jet continu. Le déficit ne parvient donc pas à se réduire. C'est ce que la France va expérimenter en 2013, où le déficit public approchera 4,5 % du PIB, contre 3 % prévus il y a encore quelques mois.
La contraction du PIB fait aussi mécaniquement progresser la valeur relative de la dette. L'endettement étant en effet évalué en points de PIB, si la valeur du point diminue, le nombre de points nécessaires augmente. Le poids relatif de la dette progresse donc, et avec lui celui du remboursement. C'est le piège de la debt deflation, un mal diagnostiqué dans les années 30 par l'économiste américain Irving Fisher.
Ce mouvement de rétraction du PIB officiel nous emmène à rebours de notre histoire économique. Le développement, c'est la "marchandisation" incessante de l'informel pour le faire entrer dans le champ de la lumière - celui de la statistique et de la fiscalité. L'État-providence est l'exemple de ce développement qui a fait gonfler le PIB après la guerre. Auparavant, les parents habitaient chez leurs enfants, qui subvenaient à leurs besoins jusqu'à leur mort. Ces transferts d'une génération à l'autre n'apparaissaient pas dans les comptes nationaux, il s'agissait d'une retraite informelle. Aujourd'hui, tout cela est comptabilisé, avec le jeu des cotisations et de la redistribution. Fondamentalement, rien n'a changé. Mais le PIB a progressé, car il enregistre ce qui ne l'était pas auparavant.
La crise de l'euro a donc déclenché un mouvement rétrograde, comme ces planètes qui vont momentanément à rebours sur leur orbite. Le plus singulier, c'est que dans le même temps les pays émergents, eux, "marchandisent" leur PIB. C'est même ainsi que s'explique leur forte croissance. Nous allons finir par les croiser sur la route, à force de reculer alors qu'ils avancent.
Hollande a brisé l'union nationale !
La politique menée par le président pousse à l'exaspération du peuple. Inutile ensuite de chercher d'improbables coupables pour dissimuler ses turpitudes.
Certes, l'objet des deux célébrations concernant la Première Guerre mondiale - ni jeudi le lancement des cérémonies de son centenaire, ni hier l'anniversaire du 11 novembre 1918 - ne prêtait pas à l'allégresse. L'une et l'autre en effet réveillaient une mémoire douloureuse, même si la seconde fêtait une délivrance. On n'attendait donc pas de François Hollande qu'il tînt un langage de conquête et de fierté et on lui sait gré d'avoir gardé la mesure.
Le contexte au demeurant l'en aurait empêché s'il en avait eu la tentation. Le contexte, c'est-à-dire la crise politique que traverse notre pays et la position de faiblesse dans laquelle se trouve personnellement le président. Deux éléments qui invitaient à la modestie. À défaut de pouvoir dans ces conditions exalter la gloire de la France au moment où elle se ternit, il ne lui restait d'autre ressource que d'exhorter la nation à l'union. Celle-ci n'a jamais été plus ardente obligation qu'aujourd'hui, où le désordre menace et où la division s'installe.
Cet appel solennel appartient à la fonction du président. Mais est-il le plus légitime à le lancer lorsqu'on sait qu'il est le principal auteur du mal qu'il cherche à conjurer ? La question est pertinente. La réponse a d'ailleurs été apportée sur-le-champ et directement à la personne de François Hollande : les manifestations hostiles qui ont ponctué hier matin son passage sur les Champs-Élysées et l'accueil qu'il a reçu l'après-midi à Oyonnax donnent la mesure de la défiance qu'il inspire désormais. Que ces incidents aient eu lieu au cours de cérémonies de commémoration à caractère patriotique en dit long sur la portée de l'exaspération populaire.
S'unir oui, mais autour que qui ?
L'union nationale, qui l'a brisée sinon François Hollande lui-même en menant une politique dont il est inutile de décliner une fois de plus les effets malfaisants, en matière sociale, économique, fiscale, sociétale, sécuritaire, judiciaire, etc. ? Une politique qui a opposé les riches et les pauvres, appauvri les premiers sans enrichir les seconds, qui a sanctionné l'énergie et l'initiative sans réduire l'endettement du pays et la dépense publique, qui a alourdi par ses ambiguïtés les problèmes posés par l'immigration, qui a ajourné les réformes fondamentales pourtant annoncées. Il faut que le président de la République soit sourd et aveugle pour n'opposer au mécontentement général qu'une invitation à l'union. S'unir, oui, mais autour de qui ? Autour d'un chef discrédité ? Et autour de quoi ? Autour d'une politique désavouée par une majorité de Français et même par sa propre famille et par ses alliés, parmi lesquels aujourd'hui on compte des opposants plus cruels encore que dans le camp adverse ? Le voilà qui lance un "ordre de mobilisation" alors que la révolte gronde sourdement dans le pays où des cas de désobéissance civique commencent à apparaître. Se rend-il compte que c'est contre lui que le pays est en train de s'unir ?
Ce n'est pas au peuple de se mobiliser, c'est d'abord au président de la République lui-même. C'est à lui de rétablir les liens qu'il a défaits. C'est à lui de restaurer l'union, par une révision de ses choix politiques. Qu'il tire donc la leçon de ses échecs ! Qu'il prenne en compte la réalité et la gravité de la crise sans se bercer et bercer la France d'illusions, de promesses, d'engagements inconsidérés ! Qu'il centre sa politique sur quelques priorités urgentes : réduire enfin la dépense publique, limiter à l'essentiel les fonctions de l'État, libérer les créations d'emploi des contraintes qui pèsent sur elles ! Qu'il s'explique clairement devant le pays sur la raison de ces choix, et qu'il s'y tienne ! Est-ce trop demander à un socialiste ?
Est-il irréductiblement prisonnier de sa majorité ? Alors, qu'il en appelle au pays ou bien qu'il se démette avant de mener le pays à la catastrophe.
Quand M. Copé s'en ira, la droite se réveillera
La gullivérisation est en marche, rien ne l'arrêtera : le président de la République rapetisse à vue d'oeil sur son piton élyséen raboté par le vent, sous les seaux de boue qui lui tombent dessus, tandis que, partout autour de lui, les orages beuglent comme des taureaux.
François Hollande juge-t-il la France tellement ingouvernable qu'il a décidé de ne pas la gouverner ? En tout cas, il attend. Le retour de la croissance, l'inversion des courbes, Godot, les Tartares et Dieu sait quoi encore. Sans jamais se départir d'une sorte de placidité stoïque et résignée.
C'est le temps des huées, des sarcasmes ou des apostrophes.Et nos chers lettrés de convoquer l'Histoire, en citant notammentGeorges Clemenceau, qui disait en 1919 : "Le mal dont nous souffrons est moins dans l'insuffisance des moyens d'action que dans la carence des caractères." Ou encore le même qui jugeait ainsi Poincaré en 1924 : "On pouvait espérer quelque chose de lui. Il sait lire et écrire. Il a entendu parler d'une espèce de chose qui s'appelle la France. Tout cela n'a donné que du néant."
Le président pourra-t-il tenir encore longtemps, calme et droit, dans ce climat de plus en plus délétère ? Il a certes quelques petits atouts. D'abord, même si, dans l'hystérie actuelle, cette assertion nous vaudra un déluge de lettres furibondes, il faut convenir que M. Hollande est pourvu d'une vive intelligence non dénuée de lucidité, ce qui rend son cas encore plus troublant.
Ensuite, toujours dans le même registre, le président est doté d'une grosse capacité d'encaisse et d'une humeur égale, toujours imprégnée d'optimisme, ce qui le rend assez insubmersible par gros temps. Enfin, malgré son abyssale impopularité, il a la chance d'avoir en face de lui des adversaires de droite ou de gauche qui sont souvent inexistants quand ils ne font pas preuve d'une stupidité sidérale.
Logiquement, en démocratie, quand le pouvoir dérouille, c'est l'opposition qui récolte, selon le bon vieux principe des vases communicants. Eh bien, non, à en croire notre dernier baromètre mensuel réalisé par Ipsos, ce n'est pas le cas. Le rejet de la gauche s'accompagne toujours d'un rejet de la droite. Les chiffres sont même accablants.
Comment l'UMP a-t-elle réussi ce tour de force de rester impopulaire face à un pouvoir en vrille ? M. Copé a une responsabilité historique : après avoir perdu l'élection interne de son parti, il n'a pas hésité à en accaparer la présidence qu'il avait pourtant perdue, certes de peu, mais bel et bien perdue. Du Mobutu pur sucre. N'ayant ni le crédit ni la légitimité pour mener l'opposition, il est en train d'étouffer son mouvement avec une stratégie de Machiavel de tripot.
Alors que l'UMP devrait avoir le vent en poupe, M. Copé l'a transformée en Fort-Apache, une sorte de version à la française du Tea Party, qui, après avoir fait le jeu d'Obama, vient d'essuyer une série d'échecs retentissants aux dernières élections américaines. Il emmène donc la droite dans le mur avec la complicité d'un petit clan d'obligés et de médias enamourés qu'il sait traiter.
Sans parler de MM. Fillon ou Juppé, en réserve de la République, la droite a l'un des meilleurs viviers de nouveaux talents depuis des générations avec les Pécresse, Kosciusko-Morizet, Keller, Baroin, Wauquiez, Le Maire, Bertrand, Estrosi et on en passe. Apparemment, ils sont de trop. Pas question de les laisser se déployer. Allez, ouste, du balai, il ne faut surtout pas qu'ils fassent de l'ombre à... la sulfureuse Mme Tabarot, l'impensable bras droit de M. Copé !
Un vrai chef de la droite devrait rassembler son camp et parler aux Français en leur apportant des propositions sérieuses pour redresser notre pays. Force est de constater que l'UMP fait exactement le contraire, à croire que M. Copé roule pour M. Hollande et Mme Le Pen. Inconsciemment, cela va de soi.
Hollande de la droite sur le plan de la popularité, M. Copé a la même attitude que le président. Il parle et, surtout, il attend. Des sondages moins exécrables, une hypothétique chute du FN, l'effondrement de tous ses rivaux, grands ou petits, M. Sarkozy compris. Objectif auquel il travaille d'arrache-pied et en catimini. L'homme ne manque pas de qualités. Il a pour lui la niaque, l'énergie, la volonté. Mais il lui manque l'essentiel : le recul et l'âme d'un chef, capable d'élever ses yeux du ras du sol.
S'il avait le sens du sacrifice et de l'intérêt national, M. Copé laisserait rapidement la place à une équipe neuve et ouverte pour sortir par le haut des querelles de personnes et tenter de construire une alternative à la gauche. Sinon, l'avenir de la droite pourrait se retrouver, à plus ou moins brève échéance, en dehors de l'UMP verrouillée par les perroquets lugubres de son actuel "président".
Quand il n'y a pas d'alternative, il n'y a pas d'alternance. Quand il n'y a pas d'alternance, la démocratie est en déliquescence, pour le plus grand bonheur des populistes ou des extrêmes. Pour avancer, un pays a besoin d'une droite et d'une gauche en état de marche. On ne peut pas dire, hélas, que ce soit le cas aujourd'hui.
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