TOUT EST DIT

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dimanche 1 septembre 2013

1er septembre 1715. Louis XIV meurt de la gangrène dans l'indifférence des Français.


Le dimanche 1er septembre 1715, le Roi-Soleil jette ses derniers feux. À 8 h 15, après 72 ans de règne, il meurt rongé par la gangrène. Le mal s'est déclaré le 10 août avec des douleurs dans la jambe. Fagon, premier médecin du roi, diagnostique une banale sciatique deux jours plus tard. Les autres médecins n'osent pas le contredire, sinon le premier chirurgien du roi, Georges Mareschal, qui suggère un mal plus grave. Mais de quoi se mêle ce barbier ? Fagon méprise son avis. Il faut dire que le vieux Diafoirus - il a 77 ans - est du genre caractériel. Trente-deux ans plus tôt, il a déjà tué la reine Marie-Thérèse pour n'avoir pas su diagnostiquer une tumeur bénigne sous le bras (voir notre éphéméride du 30 juillet 1683).
Malgré la douleur, le roi poursuit ses occupations habituelles sans déroger au protocole. Le 17 août, la souffrance devient telle qu'elle oblige le roi à s'aliter définitivement. Le 19 août, voyant une tache noirâtre apparaître sur la jambe gonflée, Mareschal diagnostique une gangrène. Mais Fagon, aussi têtu que Servier, continue à prescrire des pansements à l'eau-de-vie camphrée. Il fait également prendre au souverain des bains de lait d'ânesse. L'état du malade ne fait qu'empirer, pourtant, le samedi 24 août, il soupe encore en public dans sa chambre à coucher. Le dimanche 25 août, le vieux souverain se sent si mal que le cardinal de Rohan, accompagné de deux autres aumôniers, lui administre le saint sacrement des mourants. Il reçoit l'extrême-onction. Le lendemain, des incisions faites jusqu'à l'os confirment enfin le diagnostic de Mareschal : la gangrène est bel et bien en train de ronger les chairs du souverain. Pas de remède, sinon l'amputation pour éviter que la pourriture ne se répande. Cependant, Louis XIV la refuse, car les carabins sont incapables de lui garantir la guérison. "Si de toute façon je dois mourir, je préfère garder tous mes membres." Le 26 août, il reçoit le dauphin de 5 ans, le futur Louis XV, pour lui recommander d'éviter autant que possible de faire la guerre : "C'est la ruine des peuples." Le 27 août, il confie à son épouseMme de Maintenon : "J'ai toujours ouï dire qu'il est difficile de mourir ; pour moi, qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cela soit si difficile."

L'élixir du sieur Brun

Le mercredi 28 août, vers 11 heures du matin, un homme se présente à Versailles. Il arrive de Marseille par la poste. Il prétend être capable de guérir le roi, étant en possession d'un remède... souverain contre la gangrène interne. Personne ne s'étonne. La médecine est tellement incapable à cette époque que les charlatans ont beau jeu de vendre à prix d'or des élixirs prétendument miraculeux. Au mieux, leurs préparations n'ont aucune efficacité. Au pire, elles achèvent les malades. Certains de ces escrocs amassent des fortunes considérables. À commencer par l'inventeur du Mediator...
Du reste, Brun n'est pas le premier de ces prétendus guérisseurs à se présenter à Versailles, mais il parvient à convaincre le duc d'Orléans, neveu du roi et futur régent, de l'efficacité de son élixir dont il ne veut rien dire sinon qu'il est "fait avec le corps d'un animal". Fagon et ses confrères doivent s'incliner devant la volonté du prince. À midi, ils en font avaler dix gouttes au malade diluées dans trois cuillerées de vin d'Alicante, après avoir tout de même pris la précaution d'en faire absorber à son inventeur. Le remède pue atrocement, mais Louis l'avale sans rechigner. Sans se faire, pour autant, d'illusions : "Je ne le prends ni dans l'espérance ni avec désir de guérir, mais je sais qu'en l'état où je suis je dois obéir aux médecins." Au bout d'une heure, le roi va mieux, mais au bout de quatre il est pris de faiblesse. Les médecins et les courtisans se disputent pour savoir s'il faut continuer ou non le traitement du sieur Brun. On appelle le duc d'Orléans pour trancher. Celui-ci, voyant qu'il n'y a plus d'espérance de sauver le roi, ordonne de continuer à lui donner l'élixir pour le soutenir quelques heures de plus.

Ça pue atrocement

Le 29 août, le roi avale ses gouttes toutes les huit heures. Le matin, il entend la messe. Vers 18 heures, il avale deux petits biscuits trempés dans du vin d'Alicante. Elkabbach, qui fait ses premières armes sur Europe n° 1, vient l'interviewer. On le croit sauvé. Ces dames saluent déjà Brun comme une sorte d'"ange envoyé du ciel pour guérir le roi" et veulent "qu'on jetât tous les médecins de la cour et de la ville dans la rivière". D'autres, plus méfiants, répondent qu'"il ne fallait regarder l'effet de l'élixir que comme un peu d'huile qu'on remet dans une lampe qui s'éteint". Effectivement, lors du changement de pansement à 22 h 30, la jambe apparaît plus gangrénée que jamais. L'os est visible dans la chair crevassée. Le gros orteil s'est même détaché. Désormais, la pourriture a gagné le genou et la cuisse. Ça pue atrocement. Le pseudo-médecin Brun s'éclipse à jamais pour regagner Marseille... Les courtisans et les ambassadeurs parient sur le nombre de jours qu'il reste encore à vivre au roi. Un autre charlatan venu de Calabre propose une poudre de racines et de bulbes censée remettre sur pied le roi en moins de temps que Johnny pour soigner son arthrite...
Le roi passe toute la journée du vendredi 30 dans une somnolence comateuse. Son confesseur ne parvient pas à lui tirer un mot. Le soir, la jambe paraît "aussi pourrie que s'il y avait eu six mois qu'il fut mort". Le lendemain, le souverain sort brièvement de son coma pour se plaindre de sa longue agonie. Cela fait ricaner Nelson Mandela... La gangrène a désormais gagné toute la cuisse. Sa belle-fille, la duchesse du Maine, insiste auprès des médecins pour lui faire avaler un breuvage du médecin Agnan prétendument efficace contre la petite vérole. On ne sait jamais...
Vers 22 heures, les aumôniers disent les prières des agonisants. Le roi les accompagne mécaniquement. Une dernière lueur de lucidité lui fait murmurer : "Ce sont là les dernières grâces de l'Église;" Puis il prononce ses dernières paroles : "Ô, mon Dieu, venez à mon aide, hâtez-Vous de me secourir !" Tu parles, un bonhomme qui laisse gazer des enfants... Le Roi-Soleil retombe dans le coma avant de s'éteindre le lendemain matin, dimanche 1er septembre 1715. Aussitôt, le duc d'Orléans, suivi de tous les courtisans, gagne l'appartement du jeune Louis XV, l'arrière-petit-fils de feu le roi, pour le saluer. Le petit bout de chou de 5 ans fond en larmes. Les funérailles de Louis XIV sont vite expédiées. Sa dépouille reste exposée huit jours dans le salon d'Hercule avant d'être transportée, le 9 septembre, à Saint-Denis. Le Roi-Soleil n'a le droit qu'à un convoi funéraire de nuit, car on craint les railleries du peuple qui n'en pouvait plus de ce vieux roi bigot ayant dépouillé la France pour matérialiser ses rêves de grandeur. 

QUAND LE DÉPUTÉ FRANÇOIS HOLLANDE RÉCLAMAIT UN VOTE SUR LA POSITION FRANÇAISE SUR L'IRAK


En tant que député et premier secrétaire du PS, François Hollande a eu à plusieurs reprises à s'exprimer dans l'enceinte de l'Assemblée nationale sur l'engagement des forces françaises à l'étranger. Le 27 avril 1999, il soutient ainsi la position du gouvernement de gauche plurielle sur l'intervention au Kosovo,tout en regrettant que les Nations unies n'aient pas formellement autorisé le recours à la force.
Mais c'est sans doute son discours du 26 février 2003 qui est le plus éclairant dans le contexte actuel, à l'approche de probables frappes en Syrie auxquelles la France s'associerait.
Intervenant après le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin lors d'un débat sur la guerre en Irak, le député de Corrèze soutient ce jour-là la menace de veto à l'Onu brandie par le gouvernement, mais estime que le Parlement doit lui être associé:
Dis papa, c'est qui ce type avec une tête d'abruti ?
«Le recours éventuel au veto, comprenons-le tous, est la suite logique de la position de la France, dès lors qu'elle considère sincèrement que cette guerre est inutile et dangereuse. Certes, nous n'en sommes pas encore là. Mais le moment décisif approche, à mesure que la discussion de la résolution au Conseil de sécurité se précise. C'est pourquoi je demande, au nom des socialistes, qu'un autre débat, cette fois-ci avec vote, puisse être prévu au Parlement avant que la France n'ait à faire connaître sa décision.»
Trois semaines plus tard, les Etats-Unis renonceront à l'examen d'une résolution à l'Onu en raison du veto annoncé de Paris et Moscou, sans que l'Assemblée ait validé cette menace par un vote.
Plus généralement, en matière d'interventions armées, si l'article 35 de la Constitution dispose que «la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement», ce mécanisme n'a jamais été utilisé sous la Ve République, la France n'y intervenant officiellement que dans le cadre d'«opérations extérieures».
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, il est cependant prévu que «le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention», que ce soit par une communication dans l'hémicycle ou envers les présidents des groupes parlementaires. Cette communication peut être suivie d'un débat mais pas d'un vote (contrairement au souhait exprimé à l'époque par le groupe socialiste, où figurait François Hollande).
Mais des possibilités existent pour contourner cette interdiction: en 1991, le gouvernement Rocard avait engagé sa responsabilité sur une déclaration de politique générale portant sur sa politique en Irak; depuis 2008, l'article 50-1 de la Constitution permet au gouvernement d'organiser un débat suivi d'un vote sur une déclaration thématique, qui n'engage pas sa responsabilité. Ce qui, expliquait à l'époque le rapporteur du texte au Sénat, permettrait d'organiser un vote sur une opération extérieure sans violer l'article 35.
Alors que la Chambre des communes britannique vient de manifester son indépendance en repoussant le texte déposé par David Cameron en vue d'une intervention en Syrie, ces derniers jours, de nombreux députés UMP ont réclamé un vote, imités par Marie-George Buffet ou encore par le député PS Jérôme Lambert, qui s'est insurgé dans la Charente Libre en réclamant«un vrai débat à l’Assemblée, ponctué d’un vote des députés»:
«Là, on réunit le Parlement le 4 septembre, pour une simple information. A quoi ça sert? Autant ne pas y aller et lire les journaux!»
Jean-Marie Pottier