La CGT du livre, dont la grève perturbait fortement depuis deux jours la distribution des quotidiens nationaux en France, a annoncé jeudi la suspension du mouvement après qu'elle eut obtenu des "avancées" de la direction de Presstalis (ex-Nouvelles messageries de la presse parisienne, NMPP) sur les emplois. Lors d'une assemblée générale du personnel sur le site de l'imprimerie du Monde, en région parisienne, les salariés ont décidé "à l'unanimité" de reprendre le travail, a annoncé un membre du Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE), majoritaire chez Presstalis.
"La direction nous a garanti, par téléphone, qu'elle nous rendait presque tous les postes qu'elle voulait supprimer en imprimerie. C'est une avancée significative, a expliqué Laurent Jourdas, de la CGT de Presstalis. Mais si dans les prochains jours on s'aperçoit que ces postes ne sont pas rendus, la direction peut s'attendre à ce qu'on remette le couvert", a prévenu M. Jourdas.
La grève de cette branche des ouvriers du livre, entamée mardi soir, a fortement perturbé la distribution des quotidiens nationaux en France.
L'avenir de Presstalis, menacé de dépôt de bilan, reste toutefois incertain. Le rapport de Bruno Mettling sur la distribution de la presse, remis début avril au premier ministre, évaluait à 125 millions d'euros le besoin de financement de la société de messagerie. Le conseil de gérance de Presstalis doit se réunir vendredi.
jeudi 22 avril 2010
La CGT du livre suspend le mouvement de grève
Mardi, la sécurité. Mercredi, le voile intégral. 2-0, la balle au centre. En deux jours, le président de la République a mis le paquet pour reprendre la main après la déroute lors du match des régionales et les revers d'une troisième mi-temps catastrophique pour l'Élysée.
Les fondamentaux, les fondamentaux, les fondamentaux ! Surtout ne jamais les oublier. Et quand on s'en éloigne y revenir toujours pour retrouver ses marques. Son équilibre. Et pour ne plus encaisser de buts. Supporter, jadis assidu du PSG, le chef de l'État a suivi le mot d'ordre classique des entraîneurs d'équipes déstabilisées.
Il y a de fortes chances pour que cette stratégie soit payante. Au moins la deuxième phase de jeu, en tout cas. Si on en croit les enquêtes d'opinion, le pays est assez largement favorable, en effet, à une interdiction du voile intégral dans tout l'espace public. Singulière majorité qui rassemble, sur un très large spectre, les esprits progressistes, défenseurs de la dignité des femmes sans aucune exclusive et les islamophobes habités par la crainte de « l'invasion » musulmane, les réalistes, qui veulent aider l'islam dit « modéré » à lutter contre les dérives fondamentalistes, et les idéalistes soucieux de contrer tous les communautarismes. A première vue, tout semble plaider pour qu'on fasse barrage par tous les moyens à un vêtement qui fait offense aux principes du vivre-ensemble républicain le plus élémentaire.
Le danger, précisément, c'est cette fausse évidence. Le simplisme. Le réflexe d'exclusion pur et simple sans nuance considéré comme une solution. Le chef de l'État avait bien mesuré les risques d'une position radicale et longtemps il n'y fut pas favorable. Agacé, même, par la surenchère d'un Jean-François Copé. Considérée à tort ou à raison comme stigmatisante pour l'ensemble des musulmans, la mesure pouvait provoquer la colère des pays arabes contre la France. Elle pourrait aussi contribuer à enfermer chez elles ces femmes qu'on prétend libérer en les privant de la rue. Et puis, une loi qui bride la liberté de se vêtir comme on le veut, même pour de bonnes raisons, reste une loi liberticide, difficilement compatible avec l'image d'une nation avocate des droits de l'homme.
En dépit de ses propres réserves, le président a choisi de passer outre la prudence de l'avis du Conseil d'État qui préconisait une interdiction limitée aux services publics. Il a choisi aussi de s'affranchir de la méthode imprimée par la commission Stasi à la loi sur les signes religieux ostentatoires à l'école, qui a pourtant fait ses preuves en déminant en douceur un dossier piégé. L'intransigeance française répondra donc au fondamentalisme islamique. Au delà des apparences, il n'est pas sûr que cet extrémisme là n'aura pas des effets pervers qui nuiront à son efficacité. Le mieux tue parfois le bien.
Absentéisme : 63 % des Français pour la suppression des allocations
63 % des Français sont favorables à la suppression des allocations familiales en cas d'absentéisme à l'école alors que 32 % y sont opposés, indique un sondage CSA publié jeudi par Aujourd'hui en France/le Parisien.
Selon ce sondage, 28 % des personnes interrogées sont "tout à fait" favorables à la suppression et 35 % "plutôt" favorables. 20 % des sondés sont "plutôt" opposés à une telle mesure et 12 % qui y sont "tout à fait" opposés. 5 % des sondés ne se prononcent pas. Les chiffres varient peu selon qu'il s'agisse de l'ensemble des Français ou de parents d'enfants scolarisés : ces derniers sont en effet à 62 % favorables à cette mesure alors que 36 % y sont opposés.
Nicolas Sarkozy, en visite mardi dernier à Bobigny (Seine-Saint-Denis), a déclaré que les allocations familiales seraient "systématiquement" suspendues en cas d'"absentéisme scolaire injustifié", projet d'ores et déjà critiqué de toutes parts. Depuis 2006, les présidents de conseil général peuvent déjà prendre cette décision qui n'a cependant été mise en oeuvre que dans "quelques dizaines de cas", a indiqué, le 28 mars, Luc Chatel, le ministre de l'éducation.
Une proposition de loi, à l'initiative du député UMP Eric Ciotti, sera déposée à l'Assemblée nationale "dès la semaine prochaine", avait précisé M. Sarkozy. Elle vise à transférer la responsabilité de la suspension du président du conseil général à l'inspecteur d'académie. Cette sanction, très contestée y compris à droite, avait été instaurée en... 1959 et supprimée en 2004 avant d'être rétablie deux ans plus tard.
Un P.S. flou, flou, flou
Les principaux dirigeants socialistes se sont réunis mercredi soir autour de la première secrétaire, Martine Aubry, pour tenter de définir une position sur la réforme des retraites.
En profond désaccord sur le fond, les socialistes doivent se contenter d’entretenir le flou et de faire de la tactique face à Nicolas Sarkozy et au gouvernement.
Dire que les socialistes sont divisés est un euphémisme. Il n’y a pratiquement rien en commun entre la position des archéo-mitterrandistes gardiens soucieux des dogmes de 1981 comme l’ancien ministre Henri Emmanuelli et l’ancien Premier ministre Laurent Fabius et la position des modernistes, ouverts à une vraie réforme. Ces derniers sont menés par trois candidats à la candidature socialiste pour 2012, Manuel Valls, le député maire d’Evry, François Hollande, l’ex-premier secrétaire, et en sous-main par DSK, absent mais représenté par le député de Paris Jean-Marie Le Guen. Entre ces deux ailes, le gros des socialistes attend de voir ce que proposeront Martine Aubry et aussi Ségolène Royal, toujours prompte à capter le sentiment de la France profonde.
Pour l’heure la ligne socialiste officielle se limite à deux vieilles recettes : « touche pas à nos 60 ans » pour l’âge légal de départ à la retraite et « faire payer les riches » en taxant les profits financiers, pétroliers et bancaires. Ce n’est pas avec cela qu’on va rétablir l’équilibre en 2030 ou 2050, commente Thomas Piketty, jeune économiste pourtant très proche des socialistes.
Le PS reste par contre extrêmement discret sur l’essentiel, c’est-à-dire sur l’allongement de la durée de cotisations, ce qui a fait dire à M. Le Guen que « si l’on finasse là-dessus il y aura péril en la demeure ».
Il y a effectivement péril en la demeure quand le principal parti d’opposition qui aspire à gouverner en 2012 remet en cause les prévisions pessimistes du C.O.R., le Conseil d’orientation des retraites, pourtant institué par le dernier Premier ministre Lionel Jospin et quand on voit que le PS, par refus d’un consensus, s’apprête à laisser le gouvernement prendre seul les mesures nécessaires qu’une gauche victorieuse dans deux ans se garderait bien d’abroger. Courage, fuyons.
Vous ne connaissez pas Edgar Hernandez ? Il a pourtant fait trembler la planète, ce gamin haut comme trois pommes. Pas lui directement, mais sa santé. C'était il y a un an pile. Ça faisait quelque temps déjà que le petit citoyen du canton de Veracruz était patraque. Une fièvre qui traîne. Une toux qui rôde. Jusqu'à ce que le soupçon s'affirme. Les responsables de la propagation sont là, dans l'élevage de cochons, à deux pas du domicile de l'enfant. Pas la peine d'aller chercher plus loin pour désigner la maladie. Ce sera la "grippe porcine". À moins qu'on ne préfère l'appeler "mexicaine", du nom du pays où elle venait ainsi de voir le jour. Presque sympas, ces références agricoles ou géographiques. C'est lorsque le virus s'affubla de son code de guerre, H1N1, que les choses commencèrent à se gâter.
On recensa les quintes. On sonda les poumons. On perdit la tête.
Le 24 avril 2009, l'OMS lança une alerte mondiale. On allait voir ce qu'on allait voir.
À condition d'en réchapper, car le pire était plus sûr que jamais. Il y avait obligation de se laver les mains sans cesse. Il était interdit de s'embrasser. Et pendant que Roselyne commandait masques et vaccins à la pelle, Edgar, lui, mon dieu, n'allait pas trop mal. Aujourd'hui, alors que
la première rit un peu jaune, le second aurait retrouvé toute sa sérénité si ses petits copains ne continuaient pas
à se moquer de lui : "Il est grippé-é ! Il est grippé-é !" Qu'importe ! Les autorités locales en ont fait un héros. Le "patient zéro", qui n'était d'ailleurs ni le premier ni le dernier à être infecté, aura bientôt sa statue sur la colline, façon Manneken-Pis. De là-haut, il pourra compter les victimes de la "pandémie". Trente fois moins que pour une "grippe saisonnière" normale ! Au moins saura-t-on à quoi s'en tenir la prochaine fois. Si jamais devait se profiler, un de ces quatre, une menace extraordinaire, genre "grippe volcanique", imaginons n'importe quoi, promis juré, on ne s'affolerait pas.
Muchas gracias, Edgar !
Didier Pobel
Voile intégral : l'interdiction générale est-elle applicable ?
A l'instar de Xavier Bertrand, la plupart des députés UMP se sont félicités de l'annonce gouvernementale d'un projet de loi d'interdiction générale du voile intégral dans tout l'espace public français. "Une interdiction claire, nette et lisible du port du voile intégral dans tout l'espace public et pas seulement dans les services publics est le meilleur choix", a déclaré le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, jugeant que la protection de "la dignité de la femme" est une "question primordiale".
Mais l'applicabilité de cette loi et sa conformité à la Constitution sont mises en doute par les opposants au projet. Pour Gérard Collomb, sénateur-maire PS de Lyon, une telle loi "sera inapplicable" ; l'interdiction ne serait possible que dans les lieux publics. "Je connais un certain nombre des policiers lyonnais qui me disent aujourd'hui : 'Nous, on va aller dire aux gens sur tel ou tel marché, par exemple à Vénissieux, vous allez enlever votre burqa. Difficile à faire appliquer !'"
Le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, est lui aussi opposé à l'interdiction générale. "J'aime la loi, je n'aime pas l'interdiction générale", a déclaré sur RMC le médiateur, également maire UMP de Bapaume (Pas-de-Calais). "Je pense que le Conseil d'Etat a donné une notion assez intéressante qui consiste à dire qu'il conviendrait dans certains lieux, à certains moments, d'interdire le port du voile intégral", a-t-il ajouté. "Je ne sais pas comment on va faire avec les Saoudiennes qui viennent acheter sur les Champs-Elysées, par exemple", a encore fait valoir M. Delevoye, considéré comme proche de Jacques Chirac.
UNE PROCÉDURE "SEREINE"
Selon SOS Racisme, une loi d'interdiction totale serait "contraire à la Constitution et à la Convention européenne des droits de l'homme". "Lutter pour le droit des femmes, écrit encore SOS Racisme, est indissociable du combat antiraciste mais le présent projet de loi ne poursuit en aucune façon cette finalité […]. Il s'inscrit tout au contraire dans un contexte de stigmatisation dont les responsables politiques sont en tous points responsables."
Interrogé par l'AFP, le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau estime en effet qu'une loi d'interdiction générale serait censurée par le Conseil constitutionnel. Selon lui, "Une interdiction générale est sans fondement juridique, disproportionnée et inapplicable [...]. Si la loi est votée, il y aura une saisine, et une censure, du Conseil constitutionnel. Car s'il applique sa jurisprudence traditionnelle, il constatera que l'interdiction, parce que générale, est disproportionnée par rapport à l'objectif recherché, n'a pas de fondement juridique et porte atteinte aux principes de la Déclaration des droits de l'homme."
En revanche la présidente de l'association Ni Putes ni Soumises s'est réjouie de l'annonce gouvernementale. "C'est la victoire des femmes, c'est le début d'une nouvelle page pour l'émancipation des femmes des quartiers populaires à qui on va proposer autre chose que l'enfermement ou la mort sociale", a déclaré Sihem Habchi, présidente de l'association qui revendique 6 000 adhérents dont 20 % d'hommes. Elle "demande du courage politique pour voter une loi de protection et d'émancipation des femmes".
"Je souhaite qu'on examine rapidement le projet de loi, sans perdre de temps, mais sans précipitation", a déclaré de son côté le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP). Interrogé sur France Info, il a fait part de son souhait d'une procédure "non accélérée", "sereine", pour l'examen du texte. "Prenons le temps du débat, recherchons le consensus républicain pour aboutir à ce que cette pratique cesse sur le territoire de la République."
Internet est devenu, en Chine, le seul espace public disponible, le lieu de tous les rêves, de toutes les ambitions. La révélation d'affaires, d'espionnage informatique hautement sophistiqué a braqué les projecteurs sur les méthodes, plus que douteuses, peut-être employées par l'État chinois en vue de pousser ses avantages politiques et industriels. Ce qui est frappant, c'est la prolifération des hackers chinois, leur sophistication, leur mise en réseau, leur capacité à se partager le travail pour frapper des cibles préalablement désignées.
À cet égard, j'ai été témoin d'une affaire caractéristique : dans la province du Shanxi, se sont constitués des réseaux bien protégés d'arnaque sur Internet (vente de marchandises inexistantes, par exemple). Pour appâter le client naïf, sont recrutés des jeunes des provinces les plus défavorisées qui, après un lavage de cerveau et une formation aux techniques d'amorçage, sont collés, jour et nuit, sur l'écran en quête de leurs proies. Rien ne leur est versé, mais on les berce de promesses de richesses à venir. Une mise en esclavage, en quelque sorte. L'un d'eux a pu récemment sortir du réseau mais, son nom étant compromis puisqu'il fut l'un des participants des fraudes commises, il n'ose pas déposer une dénonciation.
Encore un trait inquiétant de la prolifération d'Internet : la révélation d'abus réels ou imaginaires est devenue un sport national. On montre, par exemple, une vidéo de quelqu'un ayant torturé un animal ou commis un acte contre la civilité publique. On demande aux internautes d'aider à identifier cette personne. Une fois son nom connu, on multiplie les accusations et, presque automatiquement, la personne se trouve licenciée et, le plus souvent, obligée de déménager.
Internet peut être un lieu de dépendance, d'exploitation et de persécution, mais cela ne doit pas occulter le rôle fantastique qu'il joue dans la formation de la société civile chinoise. Les opinions peuvent être exprimées, échangées, discutées, les nouvelles peuvent circuler plus librement qu'ailleurs. Des scandales commis par des cadres y ont été dénoncés à juste propos etles internautes ont pu, à maintes reprises, faire reculer le gouvernement. La censure n'y peut rien : les Chinois s'arrangent pourlire les sites interdits et apprennent à décrypter toutes les nouvelles.
Un véritable bras de fer s'est engagé entre gouvernement et population. Les autorités veulent que des logiciels pirates soient automatiquement installés sur les nouveaux ordinateurs ; elles interdisent désormais l'enregistrement d'un site par un individu n'agissant pas au nom d'une organisation ; elles emploient une armée de mercenaires pour intervenir sur les forums... Mais ces manoeuvres restent, pour l'instant, impuissantes à instaurer un véritable contrôle idéologique.
Internet contribue donc puissamment à rendre la classe moyenne chinoise consciente de son identité et de sa puissance. Si c'est l'esprit de ressentiment, d'égoïsme et de lucre qui prédomine, Internet ne sera jamais le vecteur d'une véritable civilité. Aux organisations sociales, religieuses et culturelles de l'utiliser au mieux pour qu'il soit le véhicule d'une Chine qui puisse débattre paisiblement avec elle-même et avec le monde.
(*) Institut Ricci, Taipei.
Les principales spécificités du régime de la fonction publique
Si les règles d'âge et de durée de cotisation s'appliquent à l'ensemble des assurés, le régime de la fonction publique conserve des spécificités. Souvent montrées du doigt, elles ne sont pas toujours plus avantageuses que les règles en vigueur dans le privé.
Si les règles d'âge et de durée de cotisation s'appliquent à l'ensemble des assurés, le régime de la fonction publique conserve des spécificités. Souvent montrées du doigt, elles ne sont pas toujours plus avantageuses que les règles en vigueur dans le privé.
· Pension : un mode de calcul différent
Les pensions des fonctionnaires sont calculées sur la base de 75 % de leurs six derniers mois de salaire, contre 50 % de la moyenne des 25 meilleures années dans le privé. C'est en apparence un avantage, mais la réalité est plus complexe : ce calcul exclut, contrairement au privé, les primes, qui représentent en moyenne 20 % de la rémunération des agents. Il n'est pas pertinent de comparer le niveau moyen des pensions, car les fonctionnaires sont en moyenne plus diplômés et mieux rémunérés (à l'Education nationale notamment). Si on compare les taux de remplacement (le niveau de pension en pourcentage du dernier salaire), en tenant compte des primes, certaines études montrent qu'ils sont très proches.
· Un taux de cotisation plus faible
Le taux de cotisation retraite des fonctionnaires s'élève à 7,85 % de leur traitement, contre 10,55 % du salaire dans le privé. Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron, estime qu'il y a là « un vrai sujet ». L'augmentation de 1 point de cotisation rapporterait 600 millions d'euros par an. Certains syndicats sont ouverts à une hausse… à condition que la politique salariale vienne compenser cette évolution, ce qui annulerait les économies réalisées.
· Les mères de trois enfants peuvent s'arrêter plus tôt
Les fonctionnaires mères de trois enfants ou plus peuvent partir en retraite après 15 ans de service. Le dispositif a été étendu, pour les enfants nés à partir de 2005, aux pères qui se sont arrêtés de travailler pendant deux mois lors de la naissance. En 2008, 11.300 personnes en ont bénéficié dans les fonctions publiques d'Etat, territoriale et hospitalière (soit 10,5 % des départs à la retraite). Le coût de ce dispositif est de 1,2 milliard d'euros par an, estime l'OFCE. Comme le remarque Georges Tron, « le sujet est politique, mais aussi juridique » car la Commission européenne juge le dispositif contraire à l'égalité hommes-femmes pour les enfants nés avant 2005.
Les autres avantages familiaux des fonctionnaires sont très proches de ceux du privé, mais il y a tout de même des différences. Les fonctionnaires parents de trois enfants bénéficient d'une majoration de pension de 10 %, comme dans le privé, mais ils ont aussi un avantage spécifique, de 5 % par enfant supplémentaire. Les majorations de durée d'assurance accordées aux parents sont également différentes dans le public et dans le privé.
· Certaines professions peuvent partir avant 60 ans
Les fonctionnaires qui ont travaillé au moins 15 ans dans des emplois dits « en catégorie active » peuvent partir à 55 ans : les douaniers, les policiers municipaux, les pompiers ou les égoutiers. L'âge d'ouverture des droits descend à 50 ans pour les personnels des services actifs de la police nationale, les gardiens de prison et les contrôleurs aériens. Pour les militaires, les droits sont ouverts après 25 ans de service pour un officier et 15 ans pour un non-gradé. Les instituteurs et les infirmières peuvent également partir à 55 ans, mais la loi prévoit l'extinction progressive de ce droit.
· Des pensions de réversion plus faibles mais automatiques
Les veuves et veufs d'agents de l'Etat bénéficient de pensions de réversion de 50 % de la retraite du conjoint décédé, contre 54 % dans le privé. Mais cette pension est versée sans conditions de ressources ni d'âge, contrairement au privé, où un plafond est instauré et où il faut avoir au moins 55 ans.
· Décote : une convergence en cours
Comme les salariés du privé, les fonctionnaires subissent une décote sur leur pension lorsqu'ils partent avant d'avoir obtenu tous leurs trimestres. Mais la montée en puissance de cette décote est très progressive, jusqu'en 2020.
· Les « retraites cocotiers » d'outre-mer
Les anciens fonctionnaires qui résident dans certaines collectivités d'outre-mer bénéficient d'une majoration de pension. Elle est de 35 % à La Réunion et Mayotte, 40 % à Saint-Pierre-et-Miquelon et 75 % à Wallis-et-Futuna, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Environ 33.000 personnes en bénéficient, ce qui coûte plus de 300 millions d'euros par an. La loi prévoit néanmoins l'extinction progressive de ce dispositif.
· Des minima de retraite plus avantageux
Le minimum garanti, qui assure un niveau plancher pour les plus petites retraites dans le public, est plus avantageux que le dispositif du minimum contributif dans le privé.
· La règle des 15 ans
Les agents qui ont travaillé moins de 15 ans dans la fonction publique ne bénéficient pas des règles du régime de retraite des fonctionnaires : leurs droits sont transférés au régime général et alignés sur les règles du privé.
SNCF : le dernier combat de Didier Le Reste
Après quinze jours de conflit, la CGT apparaît paradoxalement comme la grande perdante de la grève à la SNCF. Aveuglé par son antagonisme avec SUD et par son contentieux personnel avec Guillaume Pepy, Didier Le Reste s'est lancé dans une bataille quasi perdue d'avance. Récit de ce mouvement qui pourrait changer les relations sociales à la SNCF.
Il voulait un dernier grand mouvement. Une grève d'envergure, son « décembre 1995 » à lui, à quelques mois de son départ programmé du poste de secrétaire général de la CGT-cheminots fin 2010. Cela se murmurait depuis des mois. D'une certaine manière, Didier Le Reste est parvenu à remplir son objectif. Voilà deux semaines que les cheminots mènent la lutte, mettant la pagaille sur le réseau ferré. En termes de durée, c'est un record pour la dernière décennie ! Certes, la grève de l'hiver 1995, menée par son grand rival Bernard Thibault - « il le jalouse depuis longtemps », persifle un opposant -, avait duré, elle, trois semaines. Mais ça reste bien suffisant pour asseoir une réputation d'opposant inflexible, alors que le dirigeant de la CGT-cheminots compte se lancer en politique une fois retiré du syndicalisme.
Las ! A l'heure du bilan et alors que direction et syndicats se sont enfin retrouvés hier, c'est un Didier Le Reste affaibli qui émerge. « Cette grève a échoué, elle a été droit dans le mur comme c'était prévisible », juge Jean-Daniel Bigarne, le secrétaire général de l'Unsa, qui n'a pas pris part au conflit. « Guillaume Pepy en ressort considérablement renforcé, cela a donné de la force à une direction qui n'en avait pas », renchérit un autre syndicaliste, peu suspect de faire partie du fan club du président de la SNCF. N'en jetez plus ! Si la grève a duré longtemps, elle a peu mobilisé. Guère plus de 5.000 cheminots en moyenne chaque jour, sur les quelque 155.000 que compte l'entreprise. D'habitude premiers à débrayer, les conducteurs et contrôleurs de trains ont fait profil bas, avec un taux de participation qui a tourné autour de 30 %. Une misère.
Montrer les muscles
On est loin des ambitions initiales. Loin du rêve d'un grand mouvement réunissant trois syndicats (CGT, Unsa, et CFDT-FGAAC) pour faire plier la direction. C'est ce qu'avait imaginé Didier Le Reste il y a maintenant un mois. Quelques jours après la grève interprofessionnelle du 23 mars, une invitation est lancée aux représentants des deux autres organisations pour des réunions interfédérales. Des séances auxquelles n'est pas convié SUD-rail. Ces dernières années, celui-ci est devenu la bête noire du premier syndicat de la SNCF. « A la CGT, ils ont peur de se faire doubler sur leur gauche », résume Jean-Daniel Bigarne à l'Unsa.
Depuis quelques semaines, les signaux d'alerte se sont multipliés. On dit que de nombreux militants ont rendu leurs cartes pour aller chez SUD. « Certains bastions (à Toulouse, Marseille, Montpellier ou Clermont-Ferrand) ont aussi fait part de leur mécontentement devant la répétition de grèves de 24 heures lancées par la CGT ces derniers mois, et ce sans résultat. Ces militants voulaient un grand conflit reconductible, quitte à suivre le prochain lancé par SUD », explique un bon connaisseur du monde cégétiste. La menace est prise au sérieux. Dès lors germe l'idée à la CGT d'un mouvement au long cours pour montrer ses muscles à sa population la plus radicale.
Mais il ne faut surtout pas que SUD se greffe dessus et en profite ! En cette fin mars, on décide de tout faire pour isoler l'importun. D'ordinaire, les réunions interfédérales se font au CCE de la SNCF, près de la Gare de l'Est à Paris. Trop risqué : le syndicat trublion pourrait s'inviter à l'improviste. Pour éviter ce piège, la CGT décide de faire la première réunion à son siège, à Montreuil. « Quasiment une première », raconte un participant. Pour la seconde séance, quatre jours plus tard, retour au siège du CCE. Mais les membres de l'Unsa et de la CFDT-FGAAC ne reçoivent le numéro exact de la salle que quelques minutes avant le début de la réunion. Façon d'éviter les fuites. « C'était une atmosphère de conspiration anti-SUD », poursuit le même syndicaliste.
Le plan élaboré par Didier Le Reste est assez simple. Sept préavis de grèves catégorielles - et reconductibles -seront déposés à partir du mercredi 7 avril. Le jeudi 8, un autre préavis concernera tous les cheminots, mais pour une grève « carrée » de 24 heures. « Ce qu'imaginait la CGT, c'est que le vendredi 9 au matin, après le point d'orgue de la veille, la direction allait être obligée de céder pour un retour à la normale avant le week-end des vacanciers », décrypte un syndicaliste.
Revendications floues
Les autres fédérations sont loin d'être convaincues. D'emblée, l'Unsa prévient qu'elle ne se joindra pas au mouvement. « Il fallait garder nos forces en vue de la réforme des retraites », souligne Jean-Daniel Bigarne. A la CFDT-FGAAC, on hésite. Certes, il existe un réel mécontentement au sein de la population cheminote, tourneboulée par la réorganisation managériale voulue par Guillaume Pepy. Pour autant, les premiers retours de la base indiquent que l'enthousiasme pour un tel mouvement est bien faible.
D'autant qu'il apparaît rapidement que la CGT ne sait pas vraiment où elle va. « Quand on commence une grève, on sait comment on veut la finir », décrypte un syndicaliste. Rien de tel ici. Les mots d'ordre - de la politique de l'emploi à la question des salaires en passant par la réorganisation du fret -sont tellement larges que personne ne voit trop quelles mesures concrètes pourraient être obtenues. Contactée par certains syndicalistes, la direction de la SNCF fait en plus passer un message clair : il n'y aura rien d'accordé pendant la grève, c'est une question de principe. « Il nous est rapidement apparu que la CGT avait très mal pensé et organisé ce mouvement », résume Bruno Duchemin à la CFDT-FGAAC.
Revendications floues, perspectives de victoire faibles : la CFDT-FGAAC comprend qu'il ne faut pas s'embarquer dans cette galère. Début avril, elle décide de s'asseoir à la table des négociations et obtient satisfaction (avec l'Unsa) sur plusieurs points, notamment salariaux. Son appel à la grève n'a plus lieu d'être. Le piège peut alors se refermer sur la CGT. Abandonnée par ses deux comparses, elle voit débouler le banni du début : SUD dépose de son côté son propre préavis, pour la même date. En football, on appelle cela du marquage à la culotte. Voilà la CGT embarquée dans une grève incertaine avec son pire ennemi…
Cela ne va pas faire reculer Didier Le Reste, décidé à continuer. « Son contentieux personnel avec Guillaume Pepy l'a aveuglé », jugent plusieurs connaisseurs du microcosme ferroviaire. Les deux hommes - « deux caractériels soupe au lait », selon quelqu'un qui les connaît bien -ne s'apprécient guère. Un « intrigant », « pas fiable », avec une stratégie « qui change tous les jours » : en privé, Didier Le Reste n'est pas tendre avec le président de la SNCF. Juste retour des choses. Depuis le début de son mandat, Guillaume Pepy tente de faire émerger un pôle syndical réformiste, pour diminuer le poids de la CGT. Sans succès pour le moment. Mais cette volonté agace Didier Le Reste, qui entend peser sur la stratégie de l'entreprise.
La grève - qui débute finalement le 7 avril -ne va faire qu'attiser le conflit entre les deux hommes. « Je l'ai appelé plusieurs fois depuis le lancement du mouvement, mais il ne m'a jamais pris en ligne », s'étonne Didier Le Reste. Au deuxième jour de grève, celui-ci s'invite avec une cinquantaine de grévistes au siège de la compagnie ferroviaire, pour forcer la direction à le recevoir. Guillaume Pepy ne se donne pas la peine de le faire, et c'est le DRH, François Nogué, qui s'en charge. « En 1995, Bernard Thibault était reçu par les ministres. C'est forcément perçu comme une humiliation », relève un bon connaisseur du monde ferroviaire.
Les premiers jours du conflit ne sont pas de nature à rasséréner le leader cégétiste. Les chiffres de mobilisation sont mauvais. Seuls les bastions traditionnels (Rouen, Marseille, Montpellier, Clermont-Ferrand…) ont répondu présent. On a bien recours à quelques ficelles comme les grèves de 59 minutes - dont seul SUD use d'habitude -, mais la dynamique ne prend pas. La grande grève nationale s'est transformée en de multiples conflits locaux, certes très virulents, mais circonscrits.
Comment sortir de ce bourbier ? Après quelques jours, tout le monde a compris que la CGT attend un geste de la direction. Un soupirail pour lui permettre de sortir un tant soit peu honorablement de cette grève. Elle attendra longtemps. Guillaume Pepy fait passer un message : « Pas question de se retrouver avec Didier Le Reste dans le salon feutré d'un hôtel Mercure parisien. » Le patron sait qu'il joue son mandat. La crise a précipité un peu plus le fret ferroviaire dans le gouffre, et a contrarié fortement ses objectifs de développement. Il lui faut ce succès symbolique, pour crédibiliser sa stratégie : en finir avec la « gréviculture », un terme inventé par son mentor Louis Gallois. Raison pour laquelle il ne peut y avoir de négociations pendant la grève.
Pendant une semaine, ce discours va être répété. Il recevra même le soutien de Dominique Bussereau au gouvernement, pourtant jamais avare d'une pique pour Guillaume Pepy. Puis, parce qu'il faut bien trouver une solution à ce conflit inextricable, ce dernier consent mercredi dernier une ouverture : d'accord à des « discussions » - et sûrement pas des négociations ! -mais pour s'entendre sur un calendrier de rencontres, et uniquement au niveau local. Ordre est donné aux directeurs régionaux.
Un tournant
Dans la soirée, une dépêche AFP venue de Marseille relaie un communiqué de la CGT claironnant que « la mobilisation contraint la direction régionale à faire des propositions ». Didier Le Reste reçoit aussitôt un coup de fil courroucé de François Nogué : « Vous arrêtez ça tout de suite ! » Pour le leader cégétiste, c'est « incompréhensible ». C'est pourtant très clair : la direction veut une victoire complète, et ne laissera pas la centrale s'en sortir « avec les faux-semblants habituels », selon l'expression d'un syndicaliste.
Dès lors, la CGT s'en remet aux votes des assemblées générales locales. Jeudi dernier, certains de ses responsables imaginent que la sortie de crise sera rapide. Raté. Dans les bastions de la grève - où émergent de réelles revendications locales -, les esprits sont chauffés à blanc par SUD, qui cherche à savonner la planche de la CGT. Didier Le Reste a perdu la main sur ce mouvement, qui s'éteint à petit feu. « Cela peut devenir un tournant dans les relations sociales de l'entreprise. Pour la première fois depuis longtemps, le rapport de forces a tourné en faveur de la direction. L'idée que la négociation paye plus que la grève acquiert enfin de la crédibilité », analyse un bon connaisseur de la SNCF. L'hypothèse est toutefois encore fragile. La réforme des retraites sera à cet égard un bon révélateur.
RENAUD HONORE,
Retraites : Aubry tarde à faire des propositions
La première secrétaire du PS sera reçue par le ministre du Travail, Éric Woerth, le 28 avril pour discuter de la réforme.
Une position claire et unanime du PS sur les retraites? Peut-être, mais ce n'est pas sûr… Mercredi, la première secrétaire, Martine Aubry, a réuni toutes les sensibilités du parti pour «affiner les propositions» et étudier la «stratégie» à adopter vis-à-vis du gouvernement. François Hollande, Laurent Fabius, Bertrand Delanoë ou Henri Emmanuelli étaient notamment présents. Autant de nuances sur le fond que Martine Aubry voudrait rapprocher pour éviter le sentiment de cacophonie.
Impossible d'échapper au débat. La réforme du système de financement des retraites est l'une des priorités de Nicolas Sarkozy qui attend un projet de loi en Conseil des ministres en juillet. Le 28 avril, la numéro un de l'opposition doit être reçue par le ministre du Travail, Éric Woerth. Mais pour autant, le PS n'est pas pressé de faire connaître le détail de ses propositions.
Martine Aubry n'a pas apprécié qu'Éric Woerth ironise sur les premières pistes qu'elle a évoquées, notamment sur les nouvelles sources de financement. «Il nous consulte ou nous insulte?» grinçait-elle, mardi devant quelques journalistes. «Il dit que nos propositions sont aberrantes alors qu'on n'en a pas fait!» plaidait-elle.
Le problème du jour est avant tout tactique. Le PS doit d'abord composer avec les syndicats, en première ligne, que Martine Aubry a tous reçus. Mercredi, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a vu «un certain nombre de points» d'accord entre ses positions et celles de la première secrétaire. Par exemple, la défense de l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans.
Crainte d'être instrumentalisée
Sur d'autres points, c'est plus compliqué. Alors que certains au PS, comme François Hollande ou Manuel Valls, estiment que le PS doit sortir de l'ambiguïté, Martine Aubry, elle, craint le piège et demande de connaître les projets du gouvernement avant de se dévoiler. «Je n'ai aucune confiance dans ce gouvernement. Ils ne sont que dans la manipulation.» Martine Aubry redoute Nicolas Sarkozy si elle ouvre la porte en se disant favorable à un allongement de la durée de cotisation.
Au fond, la première secrétaire n'y est pas hostile, à condition que la question globale de la prise en charge du vieillissement soit abordée ainsi que celle du travail tout au long de la vie : entrée tardive des jeunes dans la vie active, taux d'emploi des seniors, niveau des pensions… Par ailleurs, fait-elle remarquer, il est déjà prévu que la durée de cotisation passe à 41 ans. L'ancienne ministre du Travail du gouvernement de Lionel Jospin a aussi quelques principes en tête. Élargissement des sources de financement au nom de la «justice». Stabilité du mode de calcul. «Il faut que les gens connaissent les règles à l'avance», dit-elle. Elle n'est donc pas sur la même ligne que François Hollande qui plaide pour des bilans d'étape tous les cinq ans. Elle souhaite enfin un système «avec plus de souplesse».
Mais il est trop tôt pour détailler tout cela. Le dossier a beau être sur la table des responsables politiques depuis vingt ans, Martine Aubry estime encore qu'il n'y a pas d'urgence. «Le gouvernement nous dit qu'il faut résoudre le problème de déficits prévus dans quarante ans en deux mois. Mais que fait-il pour les déficits d'aujourd'hui?» explique-t-elle.