lundi 12 mars 2012
Les Américains découvrent tardivement le "socialiste" Hollande
L'ambassadeur de l'Union européenne aux Etats-Unis, Joao Vale de Almeida donnait récemment une série d'entretiens pour essayer de contrer les dérapages anti-européens des républicains. Outre le sauvetage de la Grèce, il a eu la surprise d'être interrogé par la chaîne CNBC sur "les conséquences que pourrait avoir l'élection d'un socialiste en France". A peine avait-il qualifié de "nuances" les différences entre les familles politiques, qu'il a été interrompu par le présentateur : "Sacrée nuance que d'avoir un socialiste qui remplace un conservateur !"
Les Américains n'en sont plus tout à fait à l'époque où l'élection de François Mitterrand, et l'entrée de communistes dans un gouvernement allié, avaient semé l'effroi au Pentagone. Mais l'éventualité de devoir se séparer d'un ami aussi proche que Nicolas Sarkozy les chagrine. Beaucoup n'ont pas tout à fait réalisé que M. Hollande pourrait remporter l'élection présidentielle française.
CONTACTS
Du côté de l'administration américaine, les responsables semblent d'ailleurs pris de court. "On dirait qu'ils font du refoulement", dit un diplomate parisien. "Les Américains savent ce qu'ils ont. Ils aiment ce qu'ils ont. Et ils ne savent pas ce qu'ils vont avoir", résume une source européenne à Washington.
Le candidat du Parti socialiste (PS), il est vrai, ne s'est pas beaucoup manifesté. Après les effusions du G20 à Cannes (Alpes-Maritimes) et le coup de pouce du président Barack Obama à Nicolas Sarkozy, il lui était difficile de frapper à la porte de Washington, dit une source de son entourage.
Mais les échéances approchent. Et l'administration Obama s'est tout à coup inquiétée car la France sera évidemment représentée aux sommets du G8 et de l'OTAN, entre le 18 et le 21 mai. Washington a donc commencé à prendre des contacts avec les socialistes.
Jean-Yves Le Drian, le responsable des questions de défense du candidat PS, a ainsi été invité d'urgence à Washington. Dimanche 11 mars, le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, réputé proche de M. Hollande, est arrivé dans la capitale américaine pour une visite officielle de trois jours ; il va rencontrer les principaux acteurs de la politique étrangère au Congrès : les sénateurs John Kerry (Massachusetts) et John McCain (Arizona).
Washington ne veut pas de discordances sur l'Afghanistan au sommet de l'OTAN à Chicago (Illinois), dans la ville de M. Obama. Côté français, on souligne que sur ce sujet, M. Hollande est ouvert à la discussion et "très lisible".
Le dollar revigoré
C’est à n’y rien comprendre… La décision grecque – de pratiquer un
swap d’obligations - a conduit Fitch à abaisser la note de la Grèce et à
placer le pays en "défaut partiel" après l'annonce des résultats de
l'échange de dette. Mais, prévient l’agence, la note du pays devrait
être remontée une fois l'opération finalisée. Ce rebondissement du
feuilleton grec a aussi conduit l'ISDA, l'organisation professionnelle
chargée des contrats d'assurance contre le risque de crédit (CDS, credit
default swaps), à déterminer à l'unanimité que les investisseurs
assurés pourraient être remboursés ! En attendant, dans un marché que le
succès du plan de réduction de la dette grecque n'a pas suffi à
rassurer sur les perspectives de la zone euro. La devise européenne reculait
vendredi face à un dollar revigoré par un rapport encourageant sur
l'emploi américain ; il tombait alors à 1,3120 dollar contre 1,3274
jeudi. De son coté, le billet vert a un comportement déconcertant : généralement,
de bons indicateurs économiques favorisent l'appétit pour le risque, ce
qui a tendance à faire baisser le dollar, considéré comme une valeur
refuge ; or, c'est exactement le contraire qui se produit actuellement, a
constaté le cambiste, car ces chiffres encourageants sur le front de
l'emploi, remettent davantage en question la probabilité de nouvelles
mesures de la banque centrale américaine (Fed), ce qui est positif pour
le dollar…En tous cas, le pétrole a suivi l'affaire grecque en
progressant à 107.4 dollars le WTI et à 125.98 dollars le Brent; en fait
, l'affaiblissement du dollar favorisait dans le temps les matières
premieres; aujouyrd'hui, tout est différent?
A SAVOIR. La monnaie unique européenne accentuait sensiblement son repli face à un dollar stimulé par des statistiques bien meilleures qu'attendu sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis, considéré comme un baromètre de la vigueur de la première économie mondiale. Selon le rapport mensuel du département du Travail publié vendredi, le pays a créé 227.000 emplois de plus qu'il n'en supprimait en février, bien plus qu'attendu par les analystes, même si le taux de chômage restait stable à 8,3%. "C'est intéressant car généralement, de bons indicateurs économiques favorisent l'appétit pour le risque, ce qui a tendance à faire baisser le dollar", considéré comme une valeur refuge, a commenté Ray Attrill, de BNP Paribas. "Or, c'est exactement le contraire qui se produit actuellement", a constaté le cambiste, "car ces chiffres encourageants sur le front de l'emploi, remettent davantage en question la probabilité de nouvelles mesures" de la banque centrale américaine (Fed), ce qui est positif pour le dollar.
A NOTER. L'euro continuait en outre de pâtir des inquiétudes pour les perspectives de la zone euro que le succès de la restructuration de la dette grecque n'arrivait pas à dissiper. Après avoir grimpé nettement jeudi, porté par l'optimisme des investisseurs, "l'euro a fléchi dès l'annonce de la réussite de l'échange d'obligations par le gouvernement grec (...) la progression des derniers jours était un peu arrivée à bout de souffle", a souligné Jane Foley, analyste de Rabobank. "La Grèce a clairement réussi à éviter une faillite incontrôlée (...) mais le marché s'inquiète que le précédent grec puisse ouvrir la voie à une restructuration de dette dans d'autres pays fragiles, comme le Portugal", a expliqué Mme Foley. De fait, pour Derek Halpenny, de Bank of Tokyo-Mitsubishi, "l'incapacité des dirigeants européens à renforcer suffisamment les pare-feux en zone euro a fait grimper d'un cran les risques de contagion de la crise, et peu d'investisseurs croient très fermement que la Grèce soit une exception en Europe". Au final, la Grèce a obtenu la participation de créanciers représentant 95,7% de la dette détenue par le secteur privé, laquelle se monte à 206 milliards d'euros sur un total de plus de 350 milliards. Pour parvenir à un tel résultat, elle a dû se résoudre à déclencher des clauses imposant aux créanciers récalcitrants de se rallier à l'offre.
ET AUSSI. Cette décision a conduit Fitch à abaisser la note de la Grèce et à placer le pays en "défaut partiel" après l'annonce des résultats de l'échange de dette. La note du pays devrait être remontée une fois l'opération finalisée. Elle a aussi conduit l'ISDA, l'organisation professionnelle chargée des contrats d'assurance contre le risque de crédit (CDS, credit default swaps), à déterminer à l'unanimité que les investisseurs assurés pourraient être remboursés.
PETROLE. Les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse vendredi à New York, le marché saluant de bons chiffres de l'emploi aux Etats-Unis mais s'inquiétant d'un recul de la demande mondiale.
Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril a pris 82 cents par rapport à la clôture de jeudi, pour finir à 107,40 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a clôturé à 125,98 dollars en hausse de 54 cents par rapport à la clôture de jeudi.
A SAVOIR. Après une ouverture en baisse et un début de séance hésitant, de bons chiffres mensuels sur l'emploi, baromètre de la santé économique aux Etats-Unis, ont enthousiasmé le marché, a constaté Phil Flynn, de PFG Best.
Les Etats-Unis ont connu en février un nouveau mois d'embauches massives, même si celles-ci n'ont pas suffi à faire baisser le chômage, qui est resté inchangé à son niveau le plus bas depuis trois ans, à 8,3%.
La création nette de 227.000 créations en février a été saluée par le président américain Barack Obama qui a estimé que l'économie américaine était plus forte après la publication de ces chiffres.
Cette tendance haussière a toutefois été contrebalancée par la hausse plus importante qu'attendu du déficit commercial des Etats-Unis, qui s'est fortement creusé en janvier, atteignant son plus haut niveau depuis octobre 2008 à 52,6 milliards de dollars.
Cela inquiète, car le marché se rend compte que la flambée des prix du pétrole a un impact réel sur la demande, a indiqué M. Flynn.
A NOTER. Ces préoccupations étaient en outre accentuées par l'annonce vendredi de la révision à la baisse de la prévision de demande mondiale de brut en 2012 pour le deuxième mois consécutif par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Dans son rapport mensuel, l'Opep, toujours inquiète pour la croissance dans les pays développés, notamment dans la zone euro, évalue à 88,63 millions de barils par jour (mbj) la demande de brut pour 2012 contre 88,76 mbj il y a un mois.
La faible croissance dans les économies de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) affecte négativement la demande de pétrole, a relevé le cartel dans son rapport.
Dernier facteur, l'euphorie grecque de (jeudi) est en train de perdre de sa force, a noté Tom Bentz, de BNP Paribas. Les courtiers ont massivement vendu l'euro après l'annonce (du succès de l'opération de restructuration de la dette) en Grèce, (...) suivant l'adage +Achetez sur la rumeur, vendez sur les faits+, ce qui pesé sur le cours du pétrole, a précisé Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric).
ET AUSSI. L'affaiblissement de la monnaie unique face au billet vert rend moins attractifs les achats de matières premières libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises.
«On va devoir m'écouter» (Hollande)
François Hollande,
candidat socialiste à la présidentielle française, a affirmé que les
autres leaders européens allaient devoir l'écouter sur une renégociation
du pacte budgétaire s'il était élu, dans une interview à l'hebdomadaire
Spiegel à paraître lundi.
M. Hollande a fait campagne en France en annonçant une renégociation du
pacte budgétaire, tout juste adopté par 25 pays de l'Union européenne
sur 27.
Ce pacte, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2013, a notamment
été soutenu par la chancelière allemande Angela Merkel et le président
français Nicolas Sarkozy. Il engage à plus de discipline budgétaire et à
la mise en place de mécanismes de plafonnement de la dette.
Volet sur la croissance
Certains aspects du pacte sont "raisonnables" a admis le candidat
socialiste, favoris des sondages pour l'élection présidentielle qui se
déroulera les 22 avril et 6 mai. Il a expliqué qu'il ne voulait pas tout
remettre en cause mais ajouter un volet sur la croissance sans laquelle
il est persuadé qu'aucune remise en ordre des finances publiques ne
sera possible.
"Ce qui me gêne avant tout c'est qu'il n'y ait rien sur la croissance
dans le pacte budgétaire", a-t-il déclaré à l'hebdomadaire allemand Der
Spiegel. "Si le peuple français valide ma position, celle-ci devra être
entendue par les autres pays", a-t-il dit. "Pour cette raison, je
voulais avertir suffisamment tôt les autres chefs d'Etat. On va devoir
m'écouter".
Front «anti-Hollande»
Le candidat socialiste à l'élection présidentielle s'est par ailleurs
prononcé, à court terme, non pas pour des eurobonds qui mutualiseraient
les dettes européennes, mais pour des obligations communes ponctuelles
dont la finalité serait de financer des «projets d'avenir».
L'hebdomadaire de centre-gauche Der Spiegel avait affirmé la semaine
dernière que les chefs de gouvernement conservateurs de quatre pays
européens (Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni) s'étaient entendus pour boycotter François Hollande pendant la campagne présidentielle en refusant de le recevoir.
Cette alliance supposée s'expliquerait par la volonté de M. Hollande de renégocier le pacte budgétaire. Elle a été démentie par les intéressés.
M. Hollande a déclaré au Spiegel avoir un "grand respect" pour Mme
Merkel. Il a confirmé que son premier déplacement, s'il était élu
président de la République, serait à Berlin pour rencontrer la
chancelière.
L'étrange razzia nocturne du Musée du Caire
Le mystère du Musée du Caire supplantera-t-il celui de la grande pyramide ? Un an après le début de la révolution égyptienne, la lumière n'a pas été faite sur le pillage de ce temple de l'égyptologie qui a eu lieu dans la nuit du 28 janvier 2011 et au cours duquel 54 objets de grande valeur auraient été dérobés et 70 endommagés ou détruits. Sur les pièces déclarées volées, 25 seulement auraient été retrouvées.
Quand, après avoir d'abord nié les vols, Zahi Hawass, le pittoresque ministre des antiquités d'Hosni Moubarak, a fini au bout d'un mois par dénoncer des "chercheurs d'or" qui seraient passés par la verrière à l'aide d'une corde, il s'est heurté aux ricanements des archéologues. Ceux-ci accusent quant à eux des membres du musée, agissant sur ordre du gouvernement d'Hosni Moubarak, de s'être introduits dans le bâtiment par la porte d'entrée pour se livrer à un pillage destiné à discréditer les révolutionnaires massés sur la place Tahrir.D'autres voix avancent encore l'hypothèse d'un acte symbolique de vengeance contre un bâtiment qui était pour beaucoup, et ce malgré la chaîne humaine formée par les manifestants pour le protéger, un symbole parmi d'autres du régime corrompu. "De nombreuses statues ont été délibérément écrasées, des momies démembrées, et des pièces jetées par terre", explique Megan Rowland, auteur d'un mémoire sur le sujet à l'université de Cambridge.
"Un tel degré de vandalisme rappelle la mise à sac du musée de Bagdad et évoque un acte de vengeance politique, poursuit-elle. Avant la révolution, le musée était un symbole de l'aliénation que le régime imposait aux Egyptiens : un des nombreux espaces réservés au tourisme de masse. Si l'on ajoute à cela les salaires très bas des employés du musée, il n'est pas difficile d'imaginer le ressentiment engendré. Il est très significatif que le magasin de souvenirs du musée ait été attaqué. Zahi Hawass s'est moqué de la prétendue ignorance des voleurs, qui auraient pris les souvenirs pour des originaux. Mais il est poursuivi pour corruption dans l'obtention du contrat d'exploitation de ce magasin." L'ex-directeur du musée, Wafaa El-Saddiq, a même accusé des membres de la police touristique de s'être vengés du Conseil suprême des antiquités d'Egypte qui les payaient misérablement.
DÉBATS ENFLAMMÉS
Ce musée va très mal. Son nouveau directeur, Tarek El-Awadi, a démissionné le 10 février : manque de moyens, a-t-il expliqué. C'est pourtant l'un des plus importants du monde... D'architecture coloniale, d'abord administré par les Français, devenu ensuite un symbole du nationalisme de Nasser, puis de la corruption du régime Moubarak, et enfin de la violence du Conseil militaire, il fait aujourd'hui l'objet de débats enflammés. Des révolutionnaires dénoncent une institution militarisée vouée à "assouvir les fantasmes des touristes" et à l'entrée de laquelle les Egyptiens sont souvent questionnés et doivent montrer une carte d'identité.
"Lorsqu'en mars 2011 l'armée a installé ses chambres de torture dans les sous-sols, le plus important musée égyptien et celui qui contient les oeuvres de plus grande valeur a été transformé en un lieu où les Egyptiens étaient battus et humiliés", souligne Mohamed El-Shahed, doctorant en architecture à l'université de New York. Les sévices endurés par les jeunes manifestants, battus, violés, torturés à l'électricité et, pour les filles, soumises à des "tests de virginité" sous les voûtes de l'édifice, ont achevé d'en faire un lieu hautement symbolique d'une identité à reconquérir.
"Le musée a très peu de liens avec la population, estime Mohamed El-Shahed, comme beaucoup d'autres dans le pays. Il réduit la culture égyptienne à quelques clichés faciles pour les étrangers. Il ne déploie aucun récit cohérent pour nous, préférant une présentation de thèmes, périodes et personnages pour l'Occident. Dans tout le pays, les musées et leur organisation reflètent une vision de l'histoire égyptienne qui est celle du XIXe siècle européen et qui est divisée en quatre périodes : pharaonique, gréco-romaine, copte et islamique. Nous avons besoin d'un vrai musée national qui transcende ces constructions."
A ce titre, le déménagement, prévu en 2015, du musée hors de la ville, dans le désert de Gizeh, à deux kilomètres des pyramides, fait polémique. "Son déplacement hors du centre-ville va le rendre encore un peu plus inaccessible aux Egyptiens, critique Mohamed El-Shahed. L'investissement de 550 millions de dollars (plus de 416 millions d'euros) dans un nouveau musée alors que 65 % des habitants du Caire vivent dans des bidonvilles, sans le tout-à-l'égout, sans eau potable ni électricité est insultant. Les politiques urbaines et culturelles ne permettront pas au public de bénéficier de ce projet. Ce "Grand Musée égyptien" est un produit de l'ère Moubarak. Cette vision doit cesser. Un nouveau musée des antiquités va naître de cette révolution, mais il doit être installé sur la place Tahrir."
Pilleurs d'Egypte
Assise au bord du Nil, Ilka Klose
contemple avec sérénité le soir qui tombe sur son chantier de fouilles
de l'île Eléphantine, au sud de l'Egypte. Sur l'autre rive, le désert
mordoré d'Assouan déploie ses courbes qui regorgent de sépultures
inexplorées. Les felouques s'esquivent, les ibis s'envolent, une paix
envahit le paysage. Un calme trompeur. Ilka se blottit au fond de son
fauteuil en osier : "Quand la nuit tombe, la dune est envahie par des chercheurs de trésors", commente placidement la jeune archéologue allemande en dépliant le papier d'un caramel.
A un millier de kilomètres de la place Tahrir, la révolution
égyptienne n'a eu qu'un écho lointain. Les quinze jours du soulèvement
qui ont fait trembler
Le Caire n'ont pas eu raison du gouverneur, pourtant controversé, de
cette province de Haute-Egypte. Mais elle a réveillé les espoirs d'une
foule hétéroclite de pilleurs de tombes et de trafiquants qui, depuis un
an, se pressent sur la "coupole des vents", une colline rocheuse qui
abrite les tombes des dignitaires de l'Ancien Empire et des sépultures
romaines.
Certes, les pilleurs ont dû modérer leurs ambitions. Dix jours après la chute d'Hosni Moubarak, en février 2011, il était encore possible, à Assouan, d'envisager d'arracher à une carrière de granit rose une statue de Ramsès II de 160 tonnes et six mètres de haut à coups de marteau-piqueur. A Saqqarah, des bas-reliefs ont été découpés à la scie. Les grands sites de Louxor et d'Assouan ont échappé aux voleurs. Mais dans les zones reculées, de nombreuses tombes et magasins archéologiques ont été pillés par des ouvriers des chantiers, notamment au nord de l'Egypte. A Gizeh, à Saqqarah, Dachour, Abousir, Kafr El-Cheikh, à Beheira, dans le delta du Nil, dans le Sinaï, à Alexandrie, Ismaïlia, Sharqiya et Abydos, les pillages nocturnes se sont multipliés. Ce qui fait beaucoup...
Même les nombreux musées du Caire n'ont pas été épargnés : "Pendant la révolution, on vendait des bibelots et du mobilier national venant de musées historiques sur le trottoir pour 30 ou 40 livres (moins de 4 et 5 euros), déplore Christian Leblanc, célèbre archéologue français chargé du chantier du Ramesseum, à Louxor. Heureusement, des Egyptiens cultivés ont racheté ces biens patrimoniaux pour les restituer au Conseil suprême des forces armées."
Plus d'un an après la révolution, l'inventaire des vols et des destructions est inachevé. Et si de nombreux chantiers ont repris, l'Egypte est toujours confrontée à d'importants problèmes de sécurisation des sites. Beaucoup d'inspecteurs sont incapables de défendre leurs magasins et de sécuriser les zones qu'ils découvrent. Pour tenter d'enrayer le trafic, le Conseil international des musées (ICOM), à Paris, vient de publier une "liste rouge d'urgence des biens culturels égyptiens en péril". Pour l'instant, seule une typologie des objets menacés (statues, vases, objets de la vie quotidienne) a été fixée afin que les douaniers aient l'oeil. Mais une liste "de 100 à 300 objets précis", répertoriés, est en préparation, explique Julien Anfruns, directeur de l'ICOM.
Ce dernier fait la liste de toutes ses inquiétudes, en lien direct avec les bouleversements liés à la révolution égyptienne : "Il y a des vols et pillages dans les musées mêmes, et sur les sites, par manque de sécurité. Ensuite, nombre de responsables démissionnent par manque de moyens. Et il y a le manque d'argent lié à la chute de 80 % du tourisme depuis un an." Un exemple : sur les 15 dollars (plus de 11 euros) que coûte un visa touristique, 2 dollars sont prélevés pour financer les sites et les musées de Nubie, à Assouan notamment. "Vous imaginez la perte d'argent !", s'inquiète Julien Anfruns.
L'un des problèmes qui menacent aujourd'hui les sites archéologiques est la multiplication des constructions illégales, qui fleurissent jusqu'au pied des pyramides, comme à Saqqarah. C'est aussi le cas à Assouan, où, en face du cimetière fatimide, Adel Kelany supervise tant bien que mal des fouilles sur un terrain enclavé entre une zone d'habitation et le garage d'un constructeur immobilier. Accroupi sur un gros rocher qui émerge de la boue au milieu des camions et des grues, il tente laborieusement de déchiffrer des inscriptions antiques dans le brouhaha des véhicules qui vont et viennent.
"Après la révolution, les gens se sont mis à construire sans permis dans cette zone archéologique, raconte l'inspecteur au Conseil suprême des antiquités. Avant, lorsque cela se produisait, on allait chercher la police, mais là, il n'y en a plus. Parfois, le Conseil suprême des antiquités nous envoie deux gardiens, mais que voulez-vous faire avec deux gardiens ? On a même tenté de nous voler les pierres du muret de protection du site ! Et encore, nous ne sommes pas les plus embêtés : dans le chantier d'à côté, un type armé vient toutes les deux heures menacer la mission et vendre des morceaux du terrain de fouilles qui ne lui appartient pas. L'an dernier, j'ai demandé que toute la ville d'Assouan soit protégée comme zone archéologique. J'attends la décision. Mais pour le gouvernement, l'exploitation des carrières de granit rapporte beaucoup plus d'argent que les fouilles que nous y menons."
Agents immobiliers improvisés, promoteurs avides, agriculteurs, mal-logés, commerçants : une cohorte encombrante est venue compliquer le travail des archéologues et leurs rapports avec la population. Les spécialistes s'accordent à voir dans ces actes le manque de conscience de certains Egyptiens vis-à-vis du patrimoine archéologique. "Il n'y a pas eu que des vols, précise Christian Leblanc. Mais aussi beaucoup de saccages et d'actes de vandalisme." Au Musée du Caire, 70 objets ont été endommagés ou détruits. A Tell el-Maskhuta, près d'Ismaïlia, la tombe de Ken-Amun (XIXe dynastie) a été détruite, comme celle d'Impy, sur le plateau de Gizeh. A l'inverse, de nombreux sites, tel le Ramesseum de Louxor, ont été protégés par la population et les autorités locales.
Pour comprendre le rapport ambigu qu'entretiennent les Egyptiens avec leur patrimoine et avec les archéologues, certains n'hésitent pas à mettre en cause la politique culturelle du régime Moubarak. "Au cours des deux décennies qui ont précédé la révolution, les monuments de l'Egypte ancienne ont été transformés en marchandises pour attirer les devises des touristes du monde entier. Ce processus a donné à beaucoup d'Egyptiens le sentiment que leur héritage n'était pas à eux et explique, selon moi, en grande partie ce vandalisme", estime Megan Rowland, diplômée en philosophie de l'archéologie à l'université de Cambridge, en Angleterre.
L'arrivée, en 2002, du célèbre et controversé Zahi Hawass - il était parfois surnommé Indiana Jones - à la tête du Conseil suprême des antiquités de l'Egypte a favorisé l'idée d'une réappropriation par les Egyptiens de leur patrimoine, au détriment parfois de missions étrangères, mais sans pour autant impliquer et intéresser les riverains à la gestion des sites archéologiques. Outre une série de demandes fracassantes de restitution d'oeuvres, adressées notamment à la France et à l'Allemagne, Zahi Hawass a certes fait passer en février 2010 une loi annulant le quota de 10 % de biens que les missions étrangères avaient l'habitude de prélever sur leurs découvertes. Mais sa gestion opaque et autoritaire a surtout eu pour but de lever des fonds internationaux au prix d'opérations spectacles qui ont accentué le malentendu avec les populations locales.
"Zahi Hawass incarnait cette idée que les Egyptiens contrôlent leur patrimoine, explique Mohamed El-Shahed, doctorant à l'université de New York et spécialiste de l'architecture égyptienne. Mais ce contrôle s'est traduit par une politique sécuritaire, qui a abouti en réalité à écarter la population des antiquités au profit des touristes." Du nord au sud, les riverains des sites archéologiques gardent un souvenir amer de l'agressivité et de la mégalomanie de Zahi Hawass. Ce dernier a, par exemple, chassé les chameliers de Gizeh, accusés selon lui de "transformer les pyramides en zoo". Sur la colline de Gournah, à Louxor, l'expulsion en 2005 de 20 000 habitants et la destruction de leurs maisons ancestrales au motif qu'elles étaient construites sur des tombes a traumatisé la population, dont une partie a tenté de se réinstaller sur le site après la révolution.
Entre 2009 et 2010, les autorités ont aussi fait construire un mur autour de la zone archéologique de Malqatta, à Louxor, pour repousser les cultivateurs qui grignotaient progressivement le site du palais d'Aménophis III. Sans scrupule, ils ont emmuré le village et sa palmeraie qui étaient depuis des siècles intimement mêlés aux ruines et donnaient au lieu un cachet unique. "Au départ, le projet était de construire de simples petits murets en pierre avec une rambarde métallique, raconte Christian Leblanc, et cela s'est transformé en un mur en béton de deux à trois mètres de haut ; une monstruosité qui enlaidit un paysage exceptionnel, supprime un magnifique panorama et a coûté une fortune."
Un an après la révolution, les Egyptiens n'en finissent pas de découvrir les dégâts causés par la gestion de l'ancien régime. En mai 2011, la directrice du département d'archéologie de l'université du Caire, Azza Farouq, est tombée nez à nez avec 3 000 pièces, non enregistrées, dissimulées dans les toilettes du musée de la faculté : "Elles étaient là depuis les années 1980. Le directeur du musée n'était pas au courant, il m'a dit que c'étaient des pièces sans intérêt. Après vérification, il s'est avéré qu'elles étaient de grande valeur." Mais les ruines et les antiquités ne sont pas les seules victimes des bouleversements qui agitent le pays. Dans une Egypte en pleine révolution culturelle, une nouvelle génération d'archéologues, d'activistes et d'intellectuels critique les "barbons" du Conseil suprême des antiquités, et cherche à se réapproprier un patrimoine qui alimente depuis des siècles les fantasmes du pouvoir et l'intérêt des puissances étrangères.
Attablés à un café du Caire, Ahmed Abd El-Halim et Ahmed Sharaawy jubilent. La révolution est pour eux une occasion inespérée de prendre leur revanche. Trois jours seulement après la chute de Moubarak, ils ont fondé la Coalition des archéologues libres, afin de dénoncer la corruption du Conseil suprême des antiquités en Egypte, la discrimination dont ils estiment avoir été victimes depuis des années, et l'inégalité de leurs conditions de travail en comparaison avec les archéologues étrangers. "Depuis dix ans, le régime a éloigné les archéologues égyptiens des sites. En sortant de la fac, on n'avait aucune occasion de travailler sur le terrain. La plupart d'entre nous finissaient gratte-papier dans un bureau ou dans la sécurité, sans contact avec l'archéologie. Et encore, même ces postes-là, il fallait les acheter ou trouver un piston. Le CSA était gangrené par la corruption. La plupart des fonctionnaires ont acheté leur poste et pistonné leurs proches. Depuis 1999, ils n'ont pas embauché un seul archéologue égyptien, seuls ceux qui étaient proches de Zahi Hawass s'en sont sortis. Et quand on nous offrait un poste d'inspecteur, c'était un contrat précaire payé une misère : 500 livres mensuelles (63 euros)."
Au lendemain de la révolution, le Conseil suprême a été assailli de réclamations par des employés demandant des embauches, des contrats permanents et une revalorisation des salaires. Près de 20 000 inspecteurs ont réclamé leur titularisation. Face à l'ampleur de la mobilisation, l'institution à la direction vieillissante a été confrontée à une crise administrative et financière sans précédent. Les quatre directeurs qui se sont succédé depuis le départ de Zahi Hawass, en juin 2011, ne sont pas parvenus à limiter l'endettement de la maison. D'autant que le pays vit durement la chute des revenus du tourisme. Contraint d'emprunter, le CSA devrait plus de 1 milliard de livres au gouvernement pour payer les salaires de ses effectifs pléthoriques. Sur ses 50 000 employés, beaucoup n'ont pas d'attribution.
De quoi refroidir les ambitions des jeunes archéologues égyptiens, peu armés face au savoir de leurs collègues étrangers. "Il y a un gros problème de formation, estime Khaled El-Enany, professeur à l'université d'Helwan (dans la banlieue du Caire) et chercheur à l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO). Pour un Egyptien, faire une thèse en archéologie est très difficile pour des raisons économiques. Et toutes les sources sont en langue étrangère. Plus de neuf articles sur dix sont en anglais ou en allemand. Les Egyptiens doivent prendre des cours de "français archéologique" pour être au niveau ! Mais le problème central, c'est qu'il n'existe pas en Egypte d'institut de recherche en égyptologie, comme le CNRS en France. Le statut de "chercheur en égyptologie" n'existe pas. Au mieux, vous pouvez vous retrouver professeur, inspecteur ou photographe de chantier. Mais on ne peut pas comparer le niveau d'un chercheur à plein temps avec celui d'un enseignant qui donne quinze heures de cours par semaine. Ce qu'il faut, c'est créer un institut où les égyptologues égyptiens et étrangers puissent travailler ensemble. Pour contrer le discours méprisant de certains collègues occidentaux, il faut donner plus de moyens et de formations aux chercheurs égyptiens."
Les conséquences humiliantes de cette situation sont connues : sur les 63 tombes découvertes dans la vallée des Rois, aucune n'a été exhumée par une équipe égyptienne. La dernière en date, en janvier, a été mise au jour par une équipe suisse. Sensible à cette injustice et troublé par l'incapacité des instituteurs à répondre aux questions des écoliers qui étaient en visite sur son chantier du Ramesseum, Christian Leblanc, en collaboration avec des égyptologues égyptiens, publie une collection complète de plaquettes éducatives distribuées aux enfants. En poste depuis quarante ans, ce Français attend avec impatience la fin de la période de transition politique. Le premier gouvernement issu des rangs du Parlement sera-t-il favorable aux missions étrangères ? Restera-t-il ouvert aux collaborations internationales ou adoptera-t-il une approche nationaliste de la gestion du patrimoine ? "Certes, Zahi Hawass allait à l'encontre des relents néocolonialistes de certains archéologues étrangers, estime Christian Leblanc. Son mot d'ordre, c'était : l'Egypte aux Egyptiens. S'il n'y a rien à redire sur ce point, il n'a pas pris conscience, en revanche, que beaucoup de missions étrangères font un énorme travail de conservation et de valorisation, sans compter la part consacrée à la formation. Au Ramesseum, nous employons 180 ouvriers sur 10 hectares de fouilles et participons, depuis des années, à l'encadrement de jeunes chercheurs égyptiens. Le discours de Zahi Hawass était complètement décalé par rapport à la réalité. Le patrimoine égyptien n'est pas seulement national : il appartient à l'histoire de l'humanité. Mais je suis confiant : les jeunes qui viendront après lui seront plus modérés si nous avons la volonté d'insuffler un véritable partenariat prenant en compte leurs besoins."
Aujourd'hui, une menace islamiste sur le patrimoine archéologique est largement balayée. Les déclarations du cheikh salafi Abdel Moneim Al-Shehat, qui a prétendu recouvrir de cire ou de draps les statues antiques, ont été désavouées par son propre parti (Al-Nour). Tout au plus les salafistes se bornent-ils à souligner que les ruines ne sont pas une priorité. "Le fait que les gens votent islamiste dans les zones touristiques prouve que les islamistes ne sont pas perçus comme une menace pour les antiquités", affirme, confiant, Ahmed Abd El-Halim, l'un des fondateurs des Archéologues égyptiens libres. Partout en Egypte, l'ardeur avec laquelle les jeunes révolutionnaires s'emparent de la référence pharaonique est sans précédent dans l'histoire du pays. Elle résonne d'un espoir dont le souffle créatif témoigne d'une attention renouvelée au patrimoine. Les figures de pharaon, les monuments comme l'obélisque sont détournés à des fins critiques contre le régime militaire. A l'occasion du premier anniversaire de la révolution, le 25 janvier, les révolutionnaires ont présenté, place Tahrir, un obélisque en bois de 40 mètres de haut décoré du nom des martyrs assassinés par l'armée depuis le début du soulèvement.
Face aux figures antiques valorisées par l'ancien régime depuis Nasser, comme le roi Ménès, artisan de l'unification du royaume trois millénaires avant l'ère chrétienne, c'est désormais celle de Maât, déesse de l'harmonie sociale et politique, qui est présentée comme présidant aux destinées de la révolution.
Les Suisses refusent deux semaines de vacances supplémentaires
Passer de quatre à six semaines de congés payés annuels : cette proposition de l'organisation syndicale Travail.Suisse a été très largement rejetée, dimanche, par les Suisses lors d'un vote à l'échelle fédérale. 67 % des électeurs ont voté contre, et la proposition n'a recueilli la majorité des voix dans aucun canton.
Travail.Suisse avait lancé cette initiative pour répondre à la problématique du stress au travail, dont souffrent un tiers des actifs en Suisse selon l'organisation. Elle estime également qu'il est temps que les travailleurs récoltent les fruits de la hausse de la productivité, qui a bondi de 20% entre 1992 et 2007, tandis que les salaires réels n'ont progressé que de 4,3 % dans le même temps. "Nous sommes un peu déçus, mais fiers d'avoir thématisé la question de la surcharge de travail", a déclaré dimanche Martin Flügel à la Tribune de Genève.Ce n'est pas la première fois que les électeurs suisses rejettent une augmentation de leurs congés. En 1985, une proposition de porter le nombre de semaines de vacances de quatre à cinq avait déjà été refusée, et d'autres intiatives proposant d'abaisser la durée légale hebdomadaire du travail ont également été repoussées.
La législation suisse prévoit un temps de travail très supérieur à la moyenne européenne. Outre les 20 jours annuels légaux de congés, les salariés suisses bénéficient de huit à neuf jours fériés - en fonction des cantons. La durée hebdomadaire du travail varie en fonction des secteurs, mais le maximum oscille entre 45 ou 50 heures par semaine, et les Suisses travaillent en moyenne 41 heures par semaine.
Après trois ans de crise, la Grèce obtient un répit
5 octobre 2009, élections
Tout juste élu, Georges Papandréou, premier ministre socialiste, lance : « Nous n’avons pas un jour à perdre ! » pour redresser l’économie. Alors que le gouvernement de droite affichait un déficit officiel à 6 % du PIB, il révèle qu’il est en réalité de 12,7 %. La Commission européenne exige une enquête approfondie pour expliquer ce décalage.
Malgré ces chiffres alarmants, les socialistes décident que la priorité est de relancer l’économie grecque et adoptent un plan pour la croissance de 2,5 milliards d’euros. La lutte contre les déficits est renvoyée à 2011.
Les agences de notation internationale dénoncent ce choix politique et baissent successivement la note de la dette grecque, ce qui renchérit les intérêts auxquels Athènes peut emprunter. Dès décembre 2009, Papandréou renonce à la relance et présente un premier plan de rigueur. De nombreux fonds spéculatifs parient sur une nouvelle dégradation des finances grecques et cette spéculation ne cesse de compliquer la position d’Athènes sur les marchés.
23 avril 2010, appel à l’aide
Athènes est contrainte de demander l’aide de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI). « Le moment est venu », lance Georges Papandréou depuis le port de la petite île de Kastelorizo. Il confirme que son pays ne peut plus emprunter sur les marchés, après que l’agence Standard & Poor’s a dégradé ses émissions au rang des « obligations pourries ». La Commission européenne se veut rassurante et le porte-parole de la Commission économique déclare : « Tout va se passer d’une façon rapide et efficace. »
2 mai 2010, feu vert européen
L’Union européenne donne son feu vert à un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros en contrepartie d’un plan d’économies de 30 milliards d’euros comprenant des coupes salariales de 10 % dans la fonction publique et une réforme des retraites. Des manifestations et grèves se déclenchent contre la rigueur. Lors de l’une d’entre elles, trois personnes, dont une femme enceinte, meurent dans l’incendie d’une banque où a été lancé un cocktail Molotov.
Plusieurs pays semblent sombrer dans un scénario « à la grecque », par contagion, dont l’Espagne, le Portugal et l’Irlande. Les Vingt-sept décident le 9 mai d’un montant à réserver aux pays de la zone euro en péril, qu’ils fixent à 750 milliards d’euros. La Pologne déclare que la crise grecque la conduit à repousser à une date indéterminée son entrée dans la zone euro. La défiance des marchés ne faiblit pas.
31 octobre 2011, référendum avorté et nouveau gouvernement
Georges Papandréou provoque une crise politique en annonçant un référendum sur le plan UE-FMI, qui exige de nouveaux efforts des Grecs. Sous pression européenne, il y renonce le 4 novembre et démissionne le 9 novembre. Le 11 novembre, Lucas Papadémos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne est désigné pour former un gouvernement de coalition (socialistes, droite et extrême droite). Il entame des discussions avec les banques et reçoit le déblocage d’une nouvelle tranche de prêts. Il prépare aussi, en concertation avec la troïka (UE-BCE-FMI), de nouvelles réformes et un renforcement de l’austérité. Un nouveau plan pour la Grèce semble nécessaire, ainsi qu’un abandon d’une partie des créances de la part des banques.
8 mars 2012, effacement de la dette
La Grèce parvient à éviter une faillite incontrôlée en recueillant l’assentiment d’une majorité de ses créanciers privés pour la restructuration de son énorme dette souveraine. L’offre d’échange de dette lancée le 24 février a recueilli près de 84 % d’acceptation de l’ensemble des créanciers privés, dont 85,8 % des seuls détenteurs d’obligations de droit grec, dans le cadre de la restructuration d’une dette souveraine grecque de plus de 350 milliards d'euros, selon les chiffres du gouvernement.
Le taux d’adhésion global est supérieur au seuil minimum défini par la Grèce pour procéder à l’échange, soit 75 %, et le pays évite ainsi un défaut incontrôlé. Le gouvernement recommande l’activation des clauses d’action collective (CAC) attachées aux obligations qui doivent être échangées, ce qui devrait porter au final le taux d’acceptation à 95,7 %.
Les pays de la zone euro saluent unanimement cette avancée. Le Commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, estime qu’il s’agit « d’un jalon essentiel de la réponse globale à la crise en cours ».