TOUT EST DIT

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vendredi 20 avril 2012

Travail illégal : scandale autour de Hollande (Sunday Times)

La presse anglaise vient de sortir une nouvelle affaire autour de François Hollande. L’ancien chauffeur du candidat socialiste aurait travaillé pour Hollande sans être payé et aurait été menacé de mort par le directeur de cabinet du compagnon de Valérie Trierweiler. Une énième affaire tut par les journalistes français mais révélée par les médias étrangers.

Mohamed Belaid, ancien chauffeur de François Hollande, accuse les équipes du candidat de l’avoir fait travailler illégalement en ne le payant que quelques fois « au black ». Des pratiques de l’exploitation humaine qui ne collent pas avec les beaux discours du candidat démago. La présumée victime accuse également Faouzi Lamdaoui, le chef de cabinet du président de Conseil général de la Corrèze, de l’avoir physiquement menacé plusieurs fois, quand il a essayé de rendre publique cette information.
Rendre publique une information négative pour le candidat socialiste ?!! En France ??!! Quelle folie !!! Tout le monde sait très bien qu’il est interdit de diffuser la moindre information compromettante pour Hollande et ses barons. Au mieux vous serez considéré comme un manipulateur de « boules puantes », au pire comme un fasciste. C’est pour cette raison que les journalistes se contentent de déverser des flots « d’informations » sur la vie privée et les amis d’amis d’amis de Nicolas Sarkozy et refusent d’évoquer la moindre « boule puante » concernant les aveux de magouilles politiques de Hollande…
Désormais, c’est la presse anglaise ou américaine qui doit sortir des informations négatives sur François Hollande, tant nos journalistes corrompus sont entrés en campagne. Le pire, dans ce comportement totalitaire, c’est que la majorité des journaleux doivent avoir l’impression de bien faire leur travail, d’être objectifs et professionnels. La bonne blague !
Un employé direct du favori à l’élection suprême raconte qu’il n’a pas été payé pour son travail, qu’il n’était pas déclaré et qu’il a reçu des menace de mort de la part des équipes du candidat et aucun journaliste n’imagine évoquer l’affaire. Si le Sunday Times a pris la peine d’en parler, c’est que cette affaire est incroyablement importante pour notre campagne. On a un candidat qui se dit de gauche et parle de justice sociale en permanence, alors que, concrètement, il se comporte comme un requin capitaliste qui exploite la misère.

Crise économique : les extrêmes profitent de l’indigence des propositions des partis de gouvernement

Cette semaine, le "nettoyeur" Pascal Emmanuel Gobry insiste sur la cohérence des programmes économiques de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, tout en les critiquant.
A deux jours du premier tour, que retenir du débat économique de cette campagne ? A première vue, rien. Comme le signale l’économiste-blogueur Stéphane Ménia, cette campagne a été la plus indigente de mémoire d’homme en termes d’idées, surtout économiques. Et bien sûr, c’est particulièrement affligeant étant donné que nous sommes en période de crise économique grave.
A y regarder de plus près, il y a bien une chose à signaler : c’est, face à la mort cérébrale des candidats de gouvernement, la cohérence des propositions économiques des extrêmes. Par cela je ne veux pas dire que les propositions économiques des extrêmes sont bonnes -dans la plupart des cas, elles ne le sont pas -mais que au moins, contrairement à celles des candidats de gouvernement, elles sont parfois cohérentes, du point de vue de la science économique.

Deux exemples frappants :

  • Lorsque la crise de l’euro s’est aggravée, Jean-Luc Mélenchon a été le premier et le seul à demander que ça soit la Banque centrale qui rachète la dette des États, afin de calmer les marchés et d’augmenter la masse monétaire. Solution cohérente, à mille lieux de l’analyse complètement erronée du couple Sarkozy-Merkel, qui prend une crise monétaire pour une crise de la dette. Mélenchon avait raison, et il a été ridiculisé de toutes parts. Et, indirectement par le biais de l’opération LTRO, la BCE de Mario Draghi a suivi ses conseils et effectivement calmé la crise.
  • Tout aussi ridiculisée, la volonté de Marine Le Pen de sortir de l’euro et de revenir au franc. Pourtant, l’origine de la crise de l’euro est le fait que nous avons une politique monétaire à taille unique pour des économies à grandes différentes de productivité. La fin de la monnaie unique est une solution parfaitement cohérente à ce problème. Le retour au franc est-il une solution-miracle ? Bien sûr que non, il y a beaucoup de problèmes et de très bonnes raisons d’être contre un retour au franc. Mais, économiquement, c’est une réponse infiniment plus cohérente à la crise que les gesticulations merkoziennes, qui empilent les absurdités économiques.

Comprenez-moi bien : si les idées de M. Mélenchon ou Mme Le Pen arrivent au pouvoir, je serais le premier à prendre un aller-simple pour un autre pays. Dans l’ensemble, notamment sur le protectionnisme et la vénération d’un Etat-pieuvre qui décide de tout, leurs idées économiques sont nauséabondes.
S’il fallait noter les idées économiques des candidats, personne n’aurait la moyenne. Mais un correcteur objectif devrait donner des points à M. Mélenchon et Mme Le Pen pour avoir, eux au moins, avancé une poignée d’idées cohérentes, face au néant des partis de gouvernement.
C’est évidemment très inquiétant pour notre démocratie. Dans L’Etrange défaite, l’historien Marc Bloch remarque que 1940 aurait pu se passer autrement : sur le papier, l’armée française était au moins aussi puissante que la Wehrmacht. Si la France s’est effondrée, c’est à cause d’une capitulation de nos élites, notamment politiques, pendant toute la décennie qui a précédé la guerre. Bien sûr, nous sommes loin de 1940, et il n’y a aujourd’hui aucun Hitler qui nous menace. Mais cette campagne a donné la preuve pour ceux qui la cherchaient encore d’une démission des élites d’une ampleur qui ne peut qu’inquiéter les étudiants de l’histoire.

Sarkozy-Gerra : le face-à-face du rire

Invité de RTL vendredi matin, le président-candidat est resté pour assister à l'émission de Laurent Gerra. Un sommet d'humour ! 
 C'est le face-à-face que l'on attendait tous ! La rencontre au sommet qui fait trembler la France entière à deux jours d'une élection cruciale ! Nicolas Sarkozy a assisté au supplice de Tantale : il est resté dans le studio de RTL pour voir et entendre Laurent Gerra se moquer de lui, de ses tics de langage, de ses comportements, de ses amis. Et en plus, il a aimé et (beaucoup) ri. Permis de conduire, permis de chasse, permis de pêche..., toutes les variations autour du permis sont autorisées... Gérard Depardieu, Enrico Macias, Haroun Tazieff se succèdent dans la bouche de l'imitateur le plus écouté de France. Quelques secondes de répit dans une fin de campagne pas toujours souriante.


La chronique de Laurent Gerra devant Nicolas... par rtl-fr
ET QUE LES PISSE-FROIDS SOCIALISTES SE TAISENT

Tesson : "Nicolas Sarkozy seul contre tous"

La campagne du premier tour s'est résumée à une seule question : "Pour ou contre Sarkozy". Dommage, la France méritait mieux. 

 

On dit : cette élection se joue entre la droite et la gauche. C'est un leurre : cette élection se joue entre Sarkozy et la coalition objective de l'ensemble de ses adversaires. Si Hollande devait l'emporter le 6 mai, sa victoire ne serait pas celle de la gauche, elle serait celle de l'anti-sarkozysme. Hollande porterait sur ses épaules les intérêts de son camp certes, mais également ceux de l'extrême droite, de la droite transfuge ("je ne suis pas socialiste, mais je vote Hollande"), du centre, des Verts et de l'extrême gauche. Triste destin et lourde responsabilité !
Cette analyse n'est un sophisme que dans les apparences. Certes, le type de scrutin qui gouverne l'élection présidentielle réduit le second tour à un duel schématique qui contraint l'électeur à un vote radical. Mais ce duel n'a de sens que s'il s'inscrit autour d'une ligne de partage idéologique entre gauche et droite. Tel est le principe fondateur de la Ve République. Or, la campagne du premier tour que nous venons de vivre est allée totalement contre ce principe, elle l'a bafoué. Elle n'a eu pour ainsi dire aucun contenu idéologique. Elle s'est résumée à une mascarade référendaire, dont l'enjeu n'était pas l'avenir de la France, mais l'avenir de Sarkozy. Pour ou contre Sarkozy.

Le premier tour est décisif

On peut le comprendre de la part des électeurs de gauche, puisque Sarkozy est de droite. On ne parviendra jamais en revanche à le comprendre venant des électeurs de droite, dont un grand nombre semblent prêts aujourd'hui à sacrifier leurs convictions et leurs intérêts à leurs humeurs et à la mode du temps. Qu'ils aient été déçus par les comportements du président sortant, soit. Par son bilan politique, c'est déjà beaucoup plus discutable. Mais par son projet pour les cinq années à venir rapporté à celui de Hollande, c'est pour le moins déconcertant.
On entend cette objection : le vote du premier tour n'a qu'une conséquence relative, et l'on peut se permettre d'y affiner son choix, quitte à le polariser au second tour. C'est oublier que le premier tour crée une dynamique périlleuse. Le premier tour est décisif.

Une forme de terrorisme

La gauche est experte en matière de diabolisation. Elle s'est servie longtemps de Le Pen pour donner mauvaise conscience à la droite. C'est Sarkozy qu'elle utilise depuis quelques années à cet effet avec une habileté et une mauvaise foi redoutables. Cette tactique lui tient lieu de politique et l'exonère de toute réflexion idéologique. C'est une forme de terrorisme. La droite est tombée tête baissée dans le piège, embarrassée comme à l'ordinaire de ses complexes. Le paradoxe veut que Marine Le Pen se soit, de ce fait, peu à peu banalisée, quasiment blanchie par l'effet de cette machination perverse. Elle est aujourd'hui l'une des alliées objectives de Hollande dans la chasse à l'animal. Si bien que voter demain Le Pen, c'est voter Hollande. De même que voter Bayrou, c'est risquer de voter Hollande, puisqu'il ne sait pas pour qui voter et qu'il ne le saura jamais.
La droite est majoritaire dans ce pays, c'est un fait. Or, elle risque d'être battue. Il y a chez elle un masochisme, une frivolité suicidaire, un fascinant tropisme du cocuage.

François Hollande veut envoyer des soldats en Syrie

Le candidat affirme qu'en cas d'élection la France appuierait une intervention militaire de l'ONU.
Le candidat PS à l'Élysée, François Hollande, a affirmé vendredi que, s'il était élu et si une intervention militaire en Syrie était décidée par l'ONU, la France "y participerait". "Si elle se fait dans le cadre de l'ONU, nous participerons à cette intervention", a déclaré François Hollande sur Europe 1 interrogé sur une éventuelle intervention militaire de l'ONU en Syrie pour "protéger les civils".

La France a plaidé jeudi, lors d'une réunion de représentants d'une douzaine de pays à Paris, pour un renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, qui doit disposer de "moyens terrestres et aériens" et a imputé au régime de Bachar el-Assad les violations du plan Annan. Lors de cette réunion, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé que le régime syrien n'avait pas respecté le cessez-le-feu et a jugé que les observateurs de l'ONU devaient disposer de "moyens terrestres et aériens" pour accomplir leur mandat.
IL N'EST PAS ÉLU QU'IL SE PREND DÉJÀ POUR LE CHEF DES ARMÉES !
N'EST-CE PAS LUI QUI A REPROCHÉ À NICOLAS SARKOZY LE COÛT DE L'INTERVENTION EN LIBYE ?
PAS COHÉRENT LE GUIGNOL.

Hollande et Syrie : Juppé ironise sur celui qui "court après le train"

Le chef de la diplomatie Alain Juppé a ironisé vendredi sur le candidat socialiste à la présidentielle, jugeant qu'il courait "toujours après le train" en politique étrangère avec sa déclaration préconisant une participation française à une opération de l'ONU en Syrie.

"Le problème avec François Hollande c'est qu'en matière de politique étrangère il court toujours après le train. Il y a belle lurette que la position de la France est connue: nous ne participons à des opérations militaires que dans le cadre d'un mandat des Nations unies", a rappelé Alain Juppé sur la chaîne de télévision BFM-TV.
"Mais quand on a dit ça, on n'a rien dit. La France n'est pas spectateur aux Nations unies, elle n'attend pas que les Nations unies décident, elle est acteur, elle construit les solutions et c'est ce que nous ne cessons de faire depuis des semaines et des semaines", a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, François Hollande avait affirmé que s'il était élu et si une intervention militaire en Syrie était décidée par l'ONU la France "y participerait". "Si elle se fait dans le cadre de l'ONU, nous participerons à cette intervention", a déclaré M. Hollande sur Europe 1, interrogé sur une éventuelle intervention militaire de l'Onu en Syrie pour "protéger les civils".
"La France est disponible bien sûr s'il y a une résolution du Conseil de sécurité", a insisté Alain Juppé. "Mais le problème n'est pas là, le problème est de savoir (s'il) peut y avoir une résolution du Conseil de sécurité. C'est très facile de dire qu'on interviendra si..., ça ne dérange personne".
Jusqu'à présent, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à toute résolution de l'ONU prévoyant des mesures coercitives.

Cette gauche qui a toujours favorisé les riches plus qu’elle ne veut bien le dire

Durant sa campagne, la critique des riches a été l'un des chevaux de bataille de François Hollande. Une attitude qui laisse penser, à tort, que la gauche a toujours agi contre les intérêts des mieux lotis financièrement.
Après plusieurs semaines passées à abuser le malade France sur son état (« mais non, mais non, votre cancer métastasé n’est pas si grave, un peu d’aspirine et tout ira mieux... et n’écoutez surtout pas les mauvaises langues qui vous parlent d’une chimiothérapie urgente et carabinée »), les discours de campagne s’attaquent maintenant à la rubrique gastronomique : un tel a mangé avec un tel, il y a deux ans, un autre a reçu ses soutiens à l’hôtel Crillon pour une bonne bouffe, un troisième a mangé avec BHL dans un restaurant étoilé. J’ai même trouvé dans la presse canadienne mention du petit restaurant portugais où Marine Le Pen a promis de faire son repas de fête si elle remporte l’élection.
Certes, ces polémiques font partie des boules puantes habituelles lancées en fin de campagne, des piques pour candidats à bout de souffle, qui contribuent à nourrir le rejet grandissant (et justifié) de la démocratie représentative chez des Français obscurément inquiets, mais volontiers tentés par une rasade quinquennale de ronron et d’insouciance.
Au-delà du constat mi-rassurant : en cinq ans, Nicolas Sarkozy aura compris que la nourriture du Fouquet’s ne vaut pas tripette, mi-inquiétant : le Crillon n’est guère mieux, et en plus le cadre est vraiment surfait, cette affaire sans intérêt est quand même l’occasion de poser une bonne fois pour toutes la question qui fâche : la gauche et l’argent.
Je veux bien qu’on tente de me faire croire que les riches sont de droite, et que les gens de gauche sont pauvres ou étrangers à l’argent. Mais enfin, je voudrais quand même rappeler quelques vérités bien connues des (pas forcément très) initiés, et que les Français ont le droit de savoir.
Je prends l’exemple du bonus de Maurice Lévy, patron de Publicis. L’intéressé avait proposé en 2011 une augmentation d’impôts pour les plus riches et avait renoncé à sa rémunération fixe de 1 million d’euros, pour encaisser 16 millions de primes variables en mars 2012. Doit-on rappeler que la présidente du conseil de surveillance du groupe n’est autre qu’Elisabeth Badinter, bien connue pour les leçons de bien-pensance de gauche qu’elles nous a si longtemps infligées ? Son fils, Simon Badinter, est l’un des directeurs du groupe. Et, parmi les administrateurs indépendants de Publicis, on trouve Hélène Ploix, ancienne conseillère de Laurent Fabius, qui a mené une carrière brillante à la Caisse des Dépôts sous la gauche. On imagine mal que tous ces gens n’aient pas donné leur accord aux choix provocateurs de Maurice Lévy en matière de rémunération.
En tout cas, s’ils sont choqués par ces pratiques, ils ont la faculté de remercier le contrevenant, ce qu’ils ne semblent pas décidés à faire.
Personnellement, peu me chaut que Pierre, Paul ou Jacques gagne de l’argent et aille manger au Crillon, à la Tour d’Argent, ou ailleurs. En revanche, rien n’est plus agaçant que le retour de cette bien-pensance où des gens qui se prosternent devant l’argent tentent de passer pour des Robins des Bois.
François Hollande, interrogé sur ce point sur BFM a d’ailleurs lancé: « Je suis une personne aisée. Mais me faire traiter de gauche caviar par l'incarnation de la richesse insolente». C’est ici que dans le storytelling des sociaux-démocrates français, il manque une étape majeure : la contribution décisive qu’ils ont eux-mêmes apportée à la constitution d’une « richesse insolente » dans notre pays.
Car, ne l’oublions pas, le coup d’envoi à l’enrichissement démesuré, aux rémunérations sans cesse plus importantes, aux fortunes décomplexées, cette déstructuration systématique des valeurs héritées de la France gaulliste, fut donné par la gauche moderne, les fameux « rocardiens », qui furent des avant-gardistes mondiaux en matière de dérégulation tous azimuts.
Dans ce grand mouvement, la loi bancaire de 1984 a joué un rôle essentiel, puisqu’elle a permis la constitution d’une industrie financière tout de suite après le fameux tournant de la rigueur de 1983. Industrie financière qui est à la source de cette débauche spéculative, de cette cupidité sans limite dont la crise abyssale que nous traversons est le résultat immédiat.
Faut-il ici rappeler le refus obstiné de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des Finances, de fiscaliser les stock-options ? Certes, la loi Fabius de 2001 introduisit une fiscalité progressive sur ces fameux instruments de rémunération des grands patrons, mais en multipliant les exemptions et les cas spécifiques. C’est paradoxalement la droite qui a, depuis 2002, rendu leur régime de moins en moins attractif, en rendant leur attribution de plus en plus transparente.
Mon propos n’est pas d’inverser les croyances. Je ne suis pas en train de soutenir que la droite serait plus ennemie de l’argent que la gauche. En revanche, maintenir l’illusion que la gauche, que le candidat Hollande incarne, serait un mouvement populaire indépendant des grandes fortunes de ce pays est évidemment un fantasme. Une rodomontade. Une carabistouille.
Simplement, ce que la droite de Nicolas Sarkozy affichait grossièrement, la gauche de Hollande tente de le cacher.

Du billard à quatre bandes 


Hollande ou Sarkozy ? Avant de connaître, dans dix-sept jours, la réponse à ce choix fondamental, le premier tour, véritable partie de billard à quatre bandes, va éclaircir le jeu.

Le rapport droite-gauche : celui qui sortira en tête, dimanche soir, bénéficiera d'un avantage certain. Mais qui ne suffira pas. Si c'est François Hollande, les reports escomptés des voix du Front de gauche, des écologistes et d'une partie des centristes lui assurent la victoire. Si c'est Nicolas Sarkozy, tout dépendra des électorats de François Bayrou et de Marine Le Pen, difficilement conciliables.
Pour les deux favoris, l'abstention et l'indécision seront des éléments importants. La désaffection prononcée à l'égard de Nicolas Sarkozy et l'adhésion limitée à François Hollande peuvent réserver des surprises à la baisse. L'espoir de devenir majoritaire dépend alors du poids des protestataires de leur camp. Les écarts et les fluctuations des sondages du premier tour incitent à la plus grande prudence.
Si la droite échoue, l'UMP va être soumis à des forces centrifuges vers le Front national, d'une part, ne serait-ce que pour sauver des circonscriptions. Vers un pôle centriste, d'autre part, François Bayrou essayant de redevenir le fédérateur d'une nouvelle UDF.
Si la gauche perd, l'UMP en reprend pour dix ans, le PS éclate, l'ancienne génération est mise en retraite anticipée et Jean-Luc Mélenchon devient le pilier d'un grand parti de gauche radicale.
Le rapport au sein de la gauche : Jean-Luc Mélenchon sera une clé du scrutin et du climat politique futur. Si le vote utile le fait redescendre de son nuage sans que ça nuise à la gauche, le projet socialiste et la cohérence d'un futur gouvernement sont préservés. Si le Front de gauche acquiert l'autorité d'un arbitre, le programme de François Hollande sera soumis à rude contestation sociale et spéculative. Et le PS seul, vainqueur de la présidentielle, pourrait se retrouver sans majorité nette à l'Assemblée.
Dans tous les cas, Jean-Luc Mélenchon influencerait le choix d'un Premier ministre : très social, genre Martine Aubry, ou très consensuel, style Jean-Marc Ayrault. Au-delà, son problème sera de gérer le capital obtenu : en l'absence d'accord électoral, il disposera de peu de députés. La loi électorale fait que l'on peut peser 15 % en France sans avoir un seul élu !
Le rapport au sein de la droite : si le FN déjoue les sondages, Nicolas Sarkozy a tout à redouter. Marine Le Pen, recentrée sur ses thèmes originels, est bien placée pour le faire perdre. Elle le menace d'un score étriqué au premier tour, de reports a minima au second tour et de triangulaires aux législatives.
En dehors du FN et du MoDem, Nicolas Sarkozy n'a guère de réserves. Ça a d'ailleurs été l'une des difficultés de sa campagne : séduire l'un sans faire fuir l'autre.
Le poids du centre : depuis l'abandon de Jean-Louis Borloo et d'Hervé Morin, invisibles dans la campagne, il n'y a plus de centre droit. Quant à François Bayrou, il s'est placé dans une posture qui lui interdirait logiquement, au-delà de son choix personnel, toute consigne de vote. Il risque en plus de terminer sur un score qui, loin de le faire roi, ne lui permettrait même pas d'être faiseur de roi.

Chiant 

Un événement à ne pas manquer, ce week-end à Marseille : le festival du film chiant. Oui, vous avez bien lu, son créateur Emmanuel Germond entend célébrer des films qui ont fait peu d’audience, parce qu’ils ont été considérés comme « trop longs, maladroits, muets, amateurs ou un peu trop politiques ». En un mot, chiants. Cela ne vous rappelle rien… ? Cette campagne présidentielle, bien sûr. Elle fut longue, très longue, jalonnée de chutes et de gaffes, verbeuse sans être toujours éloquente, et très, très politique. Fut-elle chiante ? Oui, souvent. Mais c’est que, comme les films du même registre, elle « demande un petit effort aux gens ». S’il est donc plus agréable d’admirer Jean Dujardin et Bérénice Bejo dans « The Artist », il faudrait trouver un moment pour regarder Nicolas Sarkozy, François Hollande et les autres dans « Présidentielle 2012 », un film dont notre avenir dépend… Chiant, oui. Alors un effort, et votez.

Juppé et le "copier-coller" de Hollande

Devant la presse étrangère, réunie jeudi matin à Paris, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a fait le bilan de la diplomatie menée par son président pendant cinq ans. Souvent sur la défensive, il a insisté sur les succès de Nicolas Sarkozy en évitant de trop se projeter vers l'avenir. 

Exercice délicat pour Alain Juppé. Jeudi matin, face aux membres de l'Association de la presse étrangère, le locataire du Quai d'Orsay a dû faire le bilan de la politique étrangère que Nicolas Sarkozy a menée, alors même qu'il n'a pas été son ministre pendant cinq ans. Contraint d'évoquer l'action de Bernard Kouchner et de Michèle Alliot-Marie, qui l'ont précédé à son poste, Alain Juppé a surtout voulu parler des "succès" de son président : le retour de la France dans l'Otan, la présidence française de l'Union européenne, les sommets du G8 et G20 présidés par la France, les interventions en Libye et en Côte d'Ivoire, et la signature du Pacte européen en janvier dernier.
Surtout ne pas parler des choses qui fâchent. Mais les correspondants des médias étrangers à Paris sont justement là pour parler de ces sujets. Les relations entre la France et certains pays d'Afrique, les tensions entre Paris et Pékin, la résistance de la Russie dans le dossier syrien ou les Rafale que Dassault peine à vendre au Brésil… Rien n'est épargné au ministre. "Nos relations avec ce pays sont excellentes", a-t-il pondéré chacune de ses réponses. "A vous entendre, tout va mal avec tout le monde", a-t-il même lâché en fin de conférence de presse.

"Une absence de toute idée nouvelle"

A plusieurs reprises, Alain Juppé s'est cantonné dans son rôle de diplomate, refusant de s'avancer sur les dossiers de Florence Cassez ou du nucléaire iranien. Même sur la crise syrienne, il a répété la position officielle de la France déjà énoncée dans les communiqués du Quai d'Orsay. En revanche, dès qu'il s'agissait de parler présidentielle, l'homme politique a repris le dessus.
En bon soldat, Alain Juppé a ainsi attaqué bille en tête François Hollande, dont "le discours en matière de politique étrangère est un mauvais copier-coller de ce qu'a fait Nicolas Sarkozy en cinq ans". "Il y a chez lui une absence de toute idée nouvelle, à l'exception de l'Afghanistan, dont un retrait précipité de nos troupes serait techniquement impossible et militairement déshonorant", a encore critiqué le ministre.

Juppé cite Cohn-Bendit

Mais c'est au sujet de la renégociation souhaitée par François Hollande des traités européens, signés en janvier dernier, que l'ancien Premier ministre est le plus en verve. Faisant le lien entre "Europe forte" et "France forte", Alain Juppé n'a pas résisté à la tentation de citer Daniel Cohn-Bendit : "La position de François Hollande constitue une bourde historique."
Pour le ministre d'Etat, le socialiste fait de la démagogie : "Je suis absolument convaincu qu'il ne renégociera rien. Ce qui se passera? Il ajoutera un protocole additionnel sur la croissance." L'utilisation du futur, et non du conditionnel, est notable. Et de reprendre l'argumentaire de l'UMP, après avoir assuré qu'un volet 'croissance' était déjà présent dans le traité signé en janvier : "François Hollande n'a rien inventé sinon un risque majeur de déstabilisation financière des marchés."
S'il cite le candidat socialiste, Alain Juppé n'en a pas oublié ses autres concurrents. A Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, il a rappelé que "ceux qui veulent sortir de l'Europe" sont dans "l'utopie". Mais cela ne l'a pas empêché de pointer le problème de certaines frontières de l'Union, dont celle qui sépare la Grèce de la Turquie – "une vraie passoire". Un élément déjà entendu dans le discours de la candidate du Front national. A l'adresse de la gauche radicale, Alain Juppé n'a eu qu'une phrase, lapidaire : "Quand on voit que certains candidats ont le poing levé et chantent l'Internationale en meetings, on se dit qu'une partie de la classe politique est restée au XXe siècle."

"Fabius est déjà installé dans mon bureau"

Le rendez-vous d'Alain Juppé devant la presse étrangère avait pour thème : "Le bilan de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy". L'avenir? Alain Juppé a refusé d'en parler, que ce soit sur le programme de l'UMP ou sur les dossiers en cours. Le ministre a ainsi refusé de préciser le calendrier ou les positions de la France, à long terme, sur les dossiers syrien ou iranien. Nicolas Sarkozy, en tant que candidat, est avant tout une victime : "Dans cette campagne, neuf candidats tapent ensemble sur le dixième, qui est donc celui de l'UMP."
Quant aux médias, "et je ne parle pas de la presse étrangère" ajoute Alain Juppé, "les journalistes ont déjà élu leur président, François Hollande". Avant de fustiger une nouvelle fois les socialistes "qui se distribuent déjà les places" : "Ségolène Royal est déjà installée à l'Assemblée nationale, Laurent Fabius dans mon bureau…" Le même Alain Juppé voyait pourtant, la semaine dernière au détour d'une interview, François Bayrou nommé à Matignon.

Jean d'Ormesson : "J'ai décidé de soutenir Nicolas Sarkozy"

L'académicien Jean d'Ormesson publie dans Le Monde daté de ce vendredi une lettre dans laquelle il affiche clairement son soutien à Nicolas Sarkozy. 
Il s'est rendu au meeting de Nicolas Sarkozy sur la place de la Concorde, dimanche dernier. Le dimanche 11 mars, on l'a aperçu à Villepinte. Dans Le Monde de ce vendredi 20 avril, Jean d'Ormesson publie des extraits d'une lettre, intitulée Message aux indécis par Jean d'Ormesson, dans laquelle l'académicien fait part de son soutien inconditionnel en faveur de Nicolas Sarkozy. « Pendant cinq ans, avec courage, Sarkozy a tenu le pays hors de l'eau », s'exclame l'académicien, qui s'étonne par ailleurs du traitement réservé au candidat de l'UMP durant la campagne. En véritable défenseur des opprimés, Jean d'Ormesson s'indigne contre les maux dont Nicolas Sarkozy a pu faire l'objet de la part de l'opposition : « Menteur », « voyou », « escroc »... Pour l'académicien s'en est trop, et surtout injuste.

Hollande, un candidat "sympathique"

Au delà des discours, Jean d'Ormesson préfère d'ailleurs s'attacher aux « exemples vivants ». S'il avoue volontier que François Hollande est un candidat « sympathique », « intelligent » et « charmant », il lui reproche en revanche d'être « socialiste ». Et il n'en démord pas : « Voter Hollande, c'est voter pour faire des Français ce que sont devenus les Grecs ». Si Hollande était élu, « les dégâts seraient cruels », prophétise même l'académicien.
Car, selon lui, François Hollande n'est pas l'homme de la situation. « Il n'est pas l'homme des grandes crises », juge-t-il. Contrairement à Nicolas Sarkozy qui, malgré des « crises violentes », a su accomplir « des réformes nécessaires à la survie d'un modèle social que les autres nous envient. Et, à pluysieurs reprises, à sauver l'Europe et l'euro ». Autant de raisons qui ont poussé l'académicien à se ranger derrière Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy : «La France n'a pas le droit à l'erreur»

À deux jours du premier tour, les sondages vous sont défavorables. Pensez-vous pouvoir renverser la situation?
Nicolas SARKOZY.- À deux jours d'une élection qui représente un choix historique pour la France, mon état d'esprit est celui d'une grande détermination. Il en faut! Je suis engagé dans un combat où, depuis quatre semaines, je suis seul contre neuf candidats. Pour autant, jamais dans ma longue carrière je n'ai vu un électorat aussi mobilisé. Je recommande donc à tous les observateurs d'attendre tranquillement le résultat du premier tour. Et je ne doute pas des surprises qu'il nous réservera. Ensuite s'ouvrira une nouvelle période. Ce sera une tout autre histoire. Je passerai de 10 % à 50 % de temps de parole. Nous nous affronterons enfin projet contre projet, personnalité contre personnalité. Les Français seront alors devant un choix crucial pour la France.
Depuis le début de la crise de 2008, tous les chefs d'État et de gouvernement ont été remerciés par les électeurs. Qu'est-ce qui vous donne encore confiance?

Ceux qui ont perdu sont ceux qui n'avaient pas pris les décisions nécessaires. Il était normal que le gouvernement socialiste grec tombe, que le gouvernement socialiste espagnol de José Luis Zapatero perde, que le gouvernement socialiste portugais perde. J'ai fait face à la mauvaise humeur des Français pendant le quinquennat, mais aujourd'hui ils peuvent constater que j'ai agi pour protéger la France et les Français. Le pouvoir d'achat? Nous sommes le seul pays où il a augmenté chaque année. Les déficits? Nous les avons davantage réduits que ce à quoi nous nous étions engagés. Nous sommes à 5,2 % de déficit et nous avions promis 5,7 %. La croissance? Nous sommes le seul pays d'Europe qui n'a pas connu un seul trimestre de récession depuis le début de l'année 2009. La réforme des retraites? J'ai protégé la France du risque d'une cessation de paiement de notre régime de retraite en choisissant de le réformer. Mieux, les retraites ont été actualisées: nous avons pu verser 3 milliards d'euros de pouvoir d'achat en plus pour 15,5 millions de retraités. Et je promets dans mon projet de verser les retraites le premier de chaque mois et non plus le 8.
Cette réalité est-elle perçue par les Français? Il leur est difficile de se consoler en se disant que c'est pire en Espagne…
Quelle image nous faisons-nous des Français? Ils sont lucides. Aujourd'hui, ils peuvent parfaitement comparer. En 1981, quand M. Mitterrand promettait tout, et qu'il dut totalement changer sa politique en 1983, on pouvait dire que les Français n'étaient pas informés, que le monde n'était pas encore «un village». Aujourd'hui, ils sont informés de tout. Ils ont vu la Grèce, ils voient l'Espagne. Je ne dis pas «après moi, le chaos», cela n'a pas de sens de le dire. Je dis seulement que, quel que soit le président choisi par les Français, s'il relâche la pression sur la réduction des déficits, nous serons emportés. L'Europe est convalescente. La France n'a pas le droit à l'erreur! Mais M. Hollande propose quoi? De créer 61.000 postes de fonctionnaires en plus. Est-ce vraiment la priorité? Il n'y a pas un seul pays qui fasse cela. Il dit qu'il faut augmenter les cotisations sociales pour baisser l'âge de la retraite. Il veut augmenter le smic pour aider le pouvoir d'achat des petits salaires, mais il veut supprimer les heures supplémentaires, qui profitent à 9 millions de salariés. Il veut augmenter de 25 % l'allocation de rentrée scolaire. A-t-on les moyens de faire tout cela? Croyons-nous une minute que ce qui se passe en Espagne ne se passera pas en France parce que M. Hollande serait élu?
Vous avez dit au début de la campagne: «Je suis beaucoup plus prudent qu'on ne l'imagine.» N'est-ce pas cela qui a déçu les électeurs qui ont voté pour vous en 2007?
Je sais qu'une partie des Français qui m'ont fait confiance veut encore davantage de réformes. Mais depuis combien de temps un président appartenant à notre famille peut-il dire aux Français: «En cinq ans de mandat, je n'ai pas reculé devant la rue» ? Tous les engagements que j'ai pris ont été tenus. Le seul qui ne l'a pas été? La réduction du chômage. Pourquoi? Parce qu'il y a eu une crise mondiale. Certains sont peut-être déçus, mais quel est le président de la République qui a mieux que moi pacifié et rassemblé sa majorité? Vous souvenez-vous des combats fratricides à droite? À la différence de ce qui s'est passé pour certains de mes prédécesseurs, il n'y a pas de rupture entre les professions de santé et nous, les agriculteurs et nous, les familles et nous. Alors, certains, à droite, voudraient aller plus loin, sur le temps de travail par exemple. Mais je ne veux pas faire les 39 heures payées 35. Je ne dirai pas aux gens «il faut travailler plus pour gagner moins». Je ne le ferai pas. Ce n'est pas dans ma politique.

Votre projet est essentiellement orienté vers la réduction des déficits, mais, pour parvenir à cet objectif, il faut pouvoir s'appuyer sur la croissance économique. Comment peut-on conjuguer discipline budgétaire et soutien à l'activité?
Force est de constater que nous le faisons déjà puisque nous réduisons plus vite que prévu notre déficit et qu'il y a quand même de la croissance. Nos projections sont crédibles: pour 2012, nous visons 0,7 % de croissance et nous disposons déjà d'un acquis de 0,5 %. Pour aller au-delà, nous devons baisser le coût du travail et développer l'innovation et non, comme le propose François Hollande, augmenter les cotisations des entreprises et des salariés, ce qui sera un frein à la croissance. Je crois à la TVA antidélocalisations, qui est indispensable pour améliorer notre compétitivité. En ce qui concerne la discipline budgétaire, nous n'avons pas le choix et je ne remettrai pas en cause mon objectif de zéro déficit en 2016. La France paie 42 milliards par an pour rembourser le seul intérêt de sa dette. Si elle ne tient pas ses promesses de réduction de déficit, ses créanciers perdront confiance et exigeront des taux d'intérêt plus élevés. Les amis de Jean-Luc Mélenchon et d'Eva Joly ne voteront jamais pour une telle discipline! En 1981, il avait fallu deux ans pour remettre en question les erreurs économiques de François Mitterrand; en 2012, cela ne tiendrait pas deux jours.
Quelles initiatives concrètes supplémentaires pouvez-vous engager pour stimuler la croissance?
Je propose aux Français un nouveau modèle de croissance, qui s'appuie sur un gigantesque effort en faveur de la revalorisation du travail, de la recherche, de l'investissement et de l'innovation. Cela passe par une réforme essentielle: l'instauration d'un droit à la formation professionnelle pour chacun. Nous devons changer le système actuel, dans lequel seulement 10 % des chômeurs ont accès à l'enveloppe de 35 milliards d'euros de la formation. C'est intenable. Et lorsque les demandeurs d'emploi auront bénéficié d'une formation, ils devront accepter un emploi correspondant à cette formation. Il faut ensuite en terminer avec l'égalitarisme à l'école, qui ne lui permet plus de remplir sa mission. Environ 100.000 enfants se trouvent en très grande difficulté au moment d'entrer au collège car ils ne maîtrisent pas la lecture ou l'écriture. Ce n'est pas acceptable et je propose de donner le pouvoir au chef d'établissement et au maire de la commune de débloquer jusqu'à 2000 euros par enfant en difficulté pour aider les familles à financer un soutien extérieur. Cette mesure coûterait 200 millions d'euros, mais c'est un investissement majeur pour l'avenir de ces enfants et pour la société, parce que ce sont les mêmes que nous n'arrivons pas ensuite à intégrer dans l'emploi. Enfin, il faut diviser par deux le nombre d'étrangers qui immigrent en France chaque année, car notre système ne peut plus absorber le flux actuel. Je veux instaurer un examen de français et de connaissance des valeurs républicaines pour toute personne de plus de 16 ans souhaitant s'installer dans notre pays.
Que proposez-vous au niveau européen?
L'Europe doit imposer un principe de réciprocité à tous ses partenaires commerciaux et à leurs entreprises, qui doivent respecter les mêmes normes sociales et environnementales que les nôtres. Plus encore, la France exigera que, d'ici à un an, tous les marchés publics soient réservés à des entreprises qui produisent en Europe, comme le font les États-Unis avec leurs entreprises à travers le «Buy American Act» depuis 1933, ou bien la Chine et le Japon avec leurs entreprises. Je réfute le protectionnisme, car je crois au libre-échange et au marché. Mais l'Europe est le marché le plus ouvert au monde, et je considère que le libre-échange suppose un minimum de réciprocité.
Êtes-vous prêt à faire la politique de la chaise vide si les autres pays européens ne vous suivent pas?
Non, car ce qui était possible à six au temps du général de Gaulle n'a plus de sens dans une Europe à vingt-sept. En revanche, je suis prêt à prendre des mesures unilatérales en attendant que les autres nous rejoignent.
Vous avez promis des référendums si vous êtes réélu. Quel en serait le calendrier?
Avant la fin de 2012. Le référendum, c'est faire des Français les garants de mes engagements. Le référendum n'est pas obligatoire, mais il peut être nécessaire. Prenons l'exemple de l'immigration. Aujourd'hui, il y a deux juges: le juge administratif, juge de l'expulsion; et le juge judiciaire, juge de la rétention. Quand le juge judiciaire suspend la rétention avant que le juge administratif ait décidé de l'expulsion, comment voulez-vous expulser quelqu'un que vous n'avez plus à disposition? Pour cela, j'ai besoin d'une réforme de la Constitution. Mais le Sénat est à gauche. Si le Sénat ne veut pas voter, j'irai au peuple. Sur la formation professionnelle, s'il y a blocage, j'irai au peuple.
Quelle question précise poseriez-vous aux Français?
Sur l'immigration, une question: «Êtes-vous d'accord pour que ce soit le juge administratif qui juge l'ensemble du contentieux de l'éloignement des étrangers?» Sur la formation professionnelle, deux questions: «Êtes-vous d'accord pour la reconnaissance d'un nouveau droit réel à la formation?» Et «êtes-vous d'accord pour qu'à l'issue de cette formation celui qui en a bénéficié soit obligé d'accepter une offre d'emploi correspondant à cette formation?»
Craignez-vous une montée du vote pour le Front national?
À ceux qui sont tentés par le vote pour le Front national, je dis: «À quoi votre vote pour Jean-Marie Le Pen a-t-il servi?» Cela a permis à François Mitterrand de faire deux septennats. À tous ceux qui sont tentés de voter pour Marine Le Pen, je dis que cela permettrait à François Hollande de gagner. Voulez-vous le droit de vote pour les étrangers? La régularisation de tous les sans-papiers? Le laxisme à l'égard de la délinquance? L'augmentation du nombre de fonctionnaires? Voulez-vous pour la France le sort de l'Espagne? Je ne juge pas les gens qui votent pour les extrêmes. Mais la tentation de renverser la table ne sert à rien si on la renverse sur soi-même. Le vote extrême est un mensonge, et les mensonges n'ont jamais apaisé les souffrances, ils les ont augmentées.
La gauche critique votre bilan sur la sécurité et propose d'augmenter les effectifs de police…
Je ne recevrai pas de leçons de la gauche sur ce sujet. Sur la sécurité, les chiffres sont absolument formels: chaque année depuis 2002, l'insécurité a reculé dans notre pays. Il n'y a jamais eu aussi peu de crimes, jamais autant d'élucidations de crimes et délits. Aujourd'hui, le taux d'élucidation est de 40 %. Du temps de M. Jospin, on ne retrouvait qu'un coupable sur quatre. L'augmentation des effectifs de police ne fera pas reculer l'insécurité. Ce qu'il faut, c'est l'amélioration des conditions de travail et des outils de la police scientifique et technique. La gauche n'a voté pour aucun des fichiers que j'ai créés. Or, aujourd'hui, si on retrouve un violeur sur deux, c'est parce qu'il y a le fichier des empreintes génétiques. Bien sûr qu'il reste de l'insécurité. Que faut-il faire? D'abord passer à 80.000 places de prison au lieu de 57.000. Ensuite, je rappelle que 5% des délinquants font 50% de la délinquance. De ce point de vue, la suppression des peines planchers promise par M. Hollande serait une erreur gravissime. Il faut également changer notre politique sur les mineurs, et remplacer le juge pour enfants par deux juges: un juge de l'éducation et un juge de la sanction.
Faut-il réformer l'ordonnance de 1945 sur les mineurs?
Il faut la revisiter. Je plaide pour que tout délinquant, mineur ou majeur, pris en flagrant délit, soit jugé en comparution immédiate, pour qu'il y ait le moins de temps possible entre le délit et sa sanction. Enfin, je veux généraliser l'expérience des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels pour les faits les plus graves.
Comment réagissez-vous à la proposition de François Rebsamen de punir d'une simple contravention la consommation de cannabis?
Alors que tant de familles sont confrontées aux drames de la drogue chez les jeunes, le signal qui serait envoyé à la société par la dépénalisation de l'usage du cannabis est catastrophique. Si on fait passer le message que la consommation de drogue ce n'est rien, puisqu'on passerait d'un délit à une contravention, voire à rien du tout comme le propose Mme Joly, sur quoi les familles pourront-elles s'appuyer pour tenter de convaincre un adolescent que la drogue, ça tue? Et la drogue, ça commence par le cannabis. Si c'est la seule chose que M. Hollande trouve à dire aux jeunes, c'est qu'on n'a pas la même vision de l'avenir de la jeunesse. Je veux au contraire que nous protégions les enfants contre ce fléau en renforçant la vigilance des forces
François Hollande assure qu'en cas de victoire il appliquera son programme et rien que son programme…
Personne ne l'obligeait à signer un contrat de législature avec Eva Joly. Voilà un homme qui signe un accord et qui, quelques jours après, nous dit qu'il ne l'appliquera pas. Quelle confiance les Français peuvent-ils lui accorder? Si François Hollande a sacrifié 24 réacteurs nucléaires -la moitié de notre parc- pour Eva Joly qui pèse 2 %, que va-t-il céder à Jean-Luc Mélenchon qui pèse six fois plus? La vérité, c'est que François Hollande sera l'otage de ses alliés. Otage du PS, otage de M. Mélenchon, otage de Mme Joly. Voyez-vous, en 2012, cet attelage Hollande-Mélenchon-Joly pour préparer la France aux défis du XXIe siècle, pour répondre aux crises auxquelles nous sommes confrontés? Pensez-vous que les Français sont si peu lucides qu'ils envisagent cela d'un cœur léger? Imaginons que Ségolène Royal ait été élue à ma place en 2007, et voyons les dégâts qu'aurait pu causer une telle présidence.
L'inexpérience gouvernementale de François Hollande est-elle un handicap?
Je ne pointe pas son inexpérience, parce que cela peut se corriger, mais les dangers de son projet. Personne ne l'obligeait à dire que la priorité de la France, c'est 60.000 enseignants de plus, personne ne l'obligeait à remettre en cause la réforme des retraites ou le quotient familial. La vraie question, c'est pourquoi François Mitterrand, en deux septennats, n'a-t-il voulu confier aucune responsabilité gouvernementale à François Hollande? C'est une question à poser aux mitterrandistes, pas à moi. Le seul bilan de François Hollande, ce sont ses dix ans à la tête du PS, avec une priorité, ne jamais trancher, et peut-être son action à la tête du conseil général de Corrèze, qui est aujourd'hui le plus endetté de France.
Vous avez parlé de rassemblement et d'unité nationale. Quelles initiatives pourriez-vous prendre?
D'abord, attendons ce que les Français vont dire au premier tour. Ensuite, je veillerai, parce que c'est ma conviction, à élargir la majorité présidentielle. La France est un pays éruptif, parfois violent, où il faut de la diversité et la sagesse de ne pas nommer que des amis. Mais refuser le sectarisme, cela ne veut pas dire se renier soi-même ou transiger sur l'essentiel.
Mais vos anciens ministres d'ouverture, Fadela Amara ou Martin Hirsch, soutiennent François Hollande…
Mes convictions sont si fortes qu'elles ne changent pas parce que deux ou trois personnes se révèlent être des gens sans grande élégance.
Faut-il revoir les règles sur l'égalité de temps de parole entre les candidats et les parrainages?
C'est la dernière élection avec ces règles, parce que tout ceci conduit à la caricature de la démocratie. Nous sommes dans une égalité formelle qui n'est pas une égalité réelle. Nous aurons une discussion avec les formations politiques représentées au Parlement pour mettre à plat l'ensemble de ces règles et les moderniser.
Peut-il y avoir aux législatives de juin des accords ponctuels entre certains élus UMP et le Front national?
Je n'ai jamais fait d'accord et je n'ai jamais accepté d'accord avec le Front national. Mais qu'il me soit permis de dire mon étonnement devant le fait que les accords entre l'extrême gauche et la gauche sont vécus comme quelque chose de parfaitement démocratique et naturel. Et que le seul fait de parler à tous les Français, y compris à ceux tentés par le FN, serait pour moi une faute morale selon mes adversaires et certains commentateurs. Quelle malhonnêteté! Quelle caricature!

de l'ordre contre les trafics à la sortie des écoles.

«Si Bayrou nous rejoint, ce sera dans la transparence»

LE FIGARO.- Pourriez-vous annoncer avant le 6 mai le nom de votre premier ministre?
Nicolas SARKOZY.- Attendons le résultat du premier tour. Je trouve qu'une campagne doit être faite en vérité. Tout doit être mis sur la table, le projet, la personne, ses engagements. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas exclu, même si une élection n'est pas une histoire de tandem, d'aller assez loin dans la transparence de mes choix.
Quelle attitude tenir vis-à-vis de François Bayrou entre les deux tours?
L'élection présidentielle ne se gagne pas par des négociations ou des promesses. Je me reconnais dans ce qu'a pu dire François Bayrou sur certains sujets, mais lui ai-je fait une proposition moi-même? Si certains de mes amis se sont exprimés à ce sujet, ce n'était pas en mon nom. D'abord, parce que le choix du premier ministre, c'est la décision du président de la République. Deuxièmement, parce qu'il ne faut jamais se partager les postes avant que les Français aient choisi. Si François Bayrou devait rejoindre une majorité éventuelle, ce serait dans la transparence et sur des engagements programmatiques clairs, pas parce que tel ou tel aurait reçu des promesses.


"Le mensonge de Hollande sur les riches


Pour Philippe Tesson, le candidat du PS, qui se pose en chantre de la vérité, abuse le peuple à force de saillies faciles. 


On se doutait bien qu'ils nous feraient le coup de l'argent. C'est classique et c'est tellement français. Convenons que c'est de leur devoir, de leur fonction même. Ils sont la gauche, ils sont là historiquement, philosophiquement, moralement, politiquement pour défendre le peuple contre les effets de l'injustice dont l'argent est l'une des causes majeures, l'un des marqueurs essentiels, la source même. D'ailleurs, ils n'ont pas tort, l'argent est devenu obscène, il s'étale sans pudeur et sans vergogne. Les disparités qu'il a créées depuis ces dernières années dans les conditions sociales sont insupportables.
Vraiment la tête du méchant crétin
Mais on n'imaginait pas qu'ils iraient aussi loin, aussi bêtement et, surtout, de cette manière à la fois élémentaire et insidieuse. Mitterrand en son temps avait stigmatisé l'argent. Mais il l'avait fait sans cette vulgarité désinvolte, gauloise, qui n'est pas à la hauteur de l'enjeu présidentiel. Il n'avait pas désigné "les riches". Il n'avait pas dit "on est riche à partir de 4 000 euros par mois". Il y a des "riches" à 4 000 euros qui vivent modestement. Il le sait, Hollande. Il ne vient pas des bas-fonds. Il n'a pas de revanche à prendre. Il connaît la valeur des choses. Il a fait l'ENA, le pauvre !

Hollande laisse entendre que les riches sont des salauds

Ce qu'on entend dans la bouche de Hollande n'est donc pas ce qu'il pense. Sa bouche ne dit pas la vérité de sa pensée, ne dit pas la vérité tout court. Donc il ment, il joue. Pourtant, il veut être président et il dit qu'un président doit dire la vérité, qu'un président doit respecter les hommes et les rassembler. Il met en garde le peuple contre l'intolérance, contre les généralisations expéditives.
Hollande dit, à raison : tous les musulmans ne sont pas des terroristes. Pourquoi ne dit-il pas alors "tous les riches ne sont pas des salauds" ? Pourquoi laisse-t-il entendre que tous les riches sont des salauds ? Pourquoi n'explique-t-il pas, après avoir relu Chateaubriand, que l'argent est méprisable, mais qu'il a son "mérite" ? Pourquoi n'explique-t-il pas la nature de ce "mérite", alors qu'on sait et qu'il sait mieux que personne que s'il est élu il devra compter avec et sur ce "mérite".
Au lieu de quoi il abuse le peuple à force de saillies faciles, comme mardi dernier lorsqu'il évoquait le déjeuner au Crillon des donateurs de la campagne UMP, en y ajoutant une référence douteuse à Marie-Antoinette. Croit-il intelligent d'exciter la passion du peuple, alors qu'il aura besoin demain de la sagesse du peuple pour faire passer la potion qu'il lui infligera ? Pense-t-il que le régime fiscal qu'il imposera aux riches suffira à régler les problèmes budgétaires de la France ? Ou alors augmentera-t-il la dose au point d'assécher la richesse à sa source ? Qu'il laisse donc à Mélenchon, qui le joue d'ailleurs très bien, le rôle révolutionnaire, et qu'il adapte sa posture à l'emploi du réformateur social-démocrate modéré qu'il est et pour lequel il est fait !

Pour le PS, il y a le bon et le mauvais argent

Si cette campagne a été si antipathique et souvent si médiocre, c'est en grande part du fait de cette tonalité revancharde qu'elle a prise dès le début, notamment sur le chapitre de l'argent. Ce thème-là valait un authentique débat, une sérieuse mise au clair. L'opinion l'attendait, car c'était légitime. L'abus de pouvoir de l'argent pollue aujourd'hui la vie sociale. Il est devenu une insulte à la justice.
Il fallait prendre le problème par le haut : l'engagement moral et la proposition implacable. Au lieu de quoi la gauche l'a pris par le bas : la démagogie, le discours de la haine, les riches paieront et tous les problèmes seront réglés. Les riches évidemment identifiés à la droite, comme si tous les électeurs de gauche étaient à gauche et étaient tous pauvres. Avez-vous remarqué la discrétion qui a entouré l'affaire Maurice Lévy ? Quel bruit aurait retenti si l'actionnaire de l'heureux homme avait été de droite ! Pour la gauche socialiste, il y a le bon argent et le mauvais. Excusez-moi, mais les pauvres ne font pas la différence. 

Le paradoxe Bayrou 


C’est un paradoxe récurrent. Une présidentielle est censée se gagner au centre, et les sondages valident largement cette idée, puisque François Bayrou a longtemps été le candidat le plus aimé des enquêtes. Et pourtant il y a fort à parier qu’il ne sera pas, cette fois encore, qualifié pour le deuxième tour.
Il avait failli provoquer une énorme surprise en 2007, surtout à cause de la faiblesse de la candidate de gauche. Cette fois-ci, le PS a « bétonné » sa campagne avec des primaires qui ont mis François Hollande dès l’année dernière sur un piédestal inatteignable par le MoDem. Et François Bayrou n’a pas su, avant l’entrée en lice de Nicolas Sarkozy, regagner à droite ce qu’il perdait à gauche.
En 2007 Bayrou avait été l’arbitre du 2 e tour et cette fois-ci encore, le PS et l’UMP lui envoient des émissaires pour obtenir ses faveurs. Nicolas Sarkozy lui a tendu une perche grosse comme l’Hôtel Matignon en remarquant qu’il n’était pas obligé, en cas de réélection, de choisir un Premier ministre dans les rangs de l’UMP. Et l’idée circule aussi à gauche : Bayrou à la tête du gouvernement contribuerait à rassurer les Européens et les marchés en cas d’élection de François Hollande. Ce ne serait pas du luxe.
L’hypothèse de mettre le centriste… au centre de l’exécutif est alléchante, sauf qu’elle ne se fera pas. Bayrou a exclu lui-même de seconder un président avec lequel il ne serait pas « profondément en phase ». Or, son inimitié pour Sarkozy n’a d’égale que son exaspération devant le programme socialiste… Surtout, à moins d’une surprise de dernière minute, il n’a plus, en 2012, le poids qu’il avait en 2007. La montée du tribun Mélenchon tire le PS à gauche, alors qu’il y a cinq ans, Ségolène Royal penchait vers une alliance au centre. À l’inverse, le retour en force du Front national tire Sarkozy nettement à droite. Les clins d’œil à Bayrou sont factices : ils s’adressent à son électorat plus qu’à sa personne.
Il a fait l’erreur en 2007 de s’enfermer dans un ni droite ni gauche qui n’a jamais réussi au centre. La seule fois où l’un de ses représentants a accédé à l’Élysée, c’est quand Giscard a clairement choisi la droite, en 1974. Le ni-ni handicape, encore et toujours, François Bayrou. Une présidentielle se gagne au centre, certes. Mais c’est au centre-gauche ou au centre-droit. 
Pas entre deux chaises.

Sarkozy, patriote économique


C'était un débat interdit. Une génération entière, formatée par Jacques Delors, François Mitterrand et Jacques Attali, a construit un modèle de développement économique aussi naïf qu’inconnu dans le monde : une Europe totalement ouverte et offerte aux vents mauvais de la mondialisation.
Cette génération, convertie au libre-échangisme et à la dérégulation des marchés, au lendemain de l’effondrement social produit par les balivernes de 1981, porte une responsabilité historique dans l’affaiblissement de l’Europe, à travers les délocalisations industrielles, l’abandon des politiques de filières et la politique de l’euro fort. La gauche française, relayée par ses partenaires traditionnels et les eurocrates de Bruxelles, a sacrifié les producteurs aux consommateurs et les ouvriers aux spéculateurs. Nous en payons aujourd’hui la facture sociale.
Tout au long de son mandat, Nicolas Sarkozy a fait sauter les tabous. D’abord en apportant une réponse politique, rapide et massive aux crises financière, économique et sociale de 2008 et 2009. Ensuite en rappelant que la protection de la France, de son économie et de son modèle social passait par le renforcement des frontières européennes. En exigeant, à Villepinte, la révision des accords de Schengen sur la libre circulation des personnes puis en soulignant la nécessité que l’argent public européen soit réservé aux entreprises qui produisent sur notre territoire et qu’une part des marchés publics soit réservée aux PME européennes, il répond avec bon sens à ceux qui avaient désarmé notre pays et notre continent face à une mondialisation qui n’a jamais été aussi agressive. Lutter « à armes égales » (titre de mon rapport au premier ministre, 2006, La documentation française) est justice et nécessité. Partout dans le monde, les grands États, de tradition libérale, comme les États-Unis, ou de tradition autoritaire, comme la Russie et la Chine, soumettent les investissements extérieurs à des contrôles politiques et administratifs, tantôt sophistiqués (comme le CFIUS, Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis), tantôt brutaux, quand la Chine laisse entendre qu’elle n’achètera plus d’Airbus si l’Europe maintient sa taxation du CO2 émis par les compagnies aériennes. L’Italie, elle-même, vient d’adopter un décret afin de protéger ses secteurs stratégiques, allant même au-delà des textes européens, qui réservent aux États membres de l’Union une capacité de veto aux investissements extracommunautaires dans les entreprises des secteurs de la défense et de la sécurité nationale : l’ancien commissaire européen Mario Monti, parangon du libéralisme, considère, à juste titre, comme “stratégiques” les secteurs de l’énergie, des transports et des communications.
Nicolas Sarkozy vient de donner une dimension concrète au patriotisme économique européen en promouvant la notion de réciprocité. On ne peut tolérer chez nous que ce que l’on nous autorise ailleurs. Comment accepter que la SNCF, présidée par l’ancien directeur de cabinet de Martine Aubry, choisisse pour le compte de la région Île-de-France, présidée par un élu socialiste, des trains du constructeur canadien Bombardier, alors même qu’à l’époque, le Canada n’avait pas ratifié l’accord OMC sur les transports ? Pourquoi Air France, dont l’État détient 15 % du capital, s’apprêtait-elle à commander, pour l’essentiel, des Boeing et non des Airbus afin de renouveler sa flotte de long-courriers, quand Iberia et Lufthansa faisaient le choix du constructeur européen, dont les programmes industriels ont été soutenus par le contribuable européen ? C’est encore un président socialiste de la région Midi-Pyrénées qui prit la défense des lois du marché pour s’opposer à l’appel que j’avais lancé avec plus de 180 députés, de toutes sensibilités politiques, afin qu’Air France ne devienne pas Air Boeing. Quelle trahison dans la région d’Airbus !
Nicolas Sarkozy a rappelé que nos entreprises avaient bien une nationalité : non pas seulement celle que leur confèrent des critères juridiques, mais celle qu’assigne le pouvoir politique : dans ses voyages internationaux, il se fait accompagner des présidents d’Airbus et d’Alstom, non de ceux de Boeing et de Bombardier. Quand il crée le premier fonds souverain français, le Fonds stratégique d’investissement (FSI), doté de 20 milliards d’euros, il entend « protéger nos savoir-faire industriels jugés irremplaçables » : plus de 150 000 emplois industriels ont été consolidés ! Quand il relance la politique de soutien aux filières industrielles, contre le dogmatisme libéral européen, il sauve des centaines de milliers d’emplois de l’automobile comme il avait sauvé notre système bancaire dans la crise financière de 2008, dans le silence assourdissant de la Commission européenne.
Comme toujours, quand le marché ne fonctionne pas, c’est la voix politique qui s’impose et c’est celle de Nicolas Sarkozy qui, une fois de plus, a ouvert un débat en Europe qui ne se refermera plus. Il a fourni des propositions d’un président patriote et protecteur de nos intérêts industriels.
 

Monsieur le Président…


C’est fait. Vous êtes élu. Enfin presque. Mais vous le savez déjà, c’est vous. Bientôt, vous allez vous adresser aux Français, remercier vos électeurs, dire que vous pensez aussi aux autres et annoncer des lendemains qui déchantent. Puis-je vous rappeler quelques notions de base ? Elles datent de 2007 ; je les crois toujours valables aujourd’hui.
Vous avez fait des promesses ; oubliez-les. Sauvez-en une, la moins coûteuse, que vous tiendrez à l’économie. Comme vous n’aviez pas de programme, on ne pourra vous accuser de ne pas le tenir. Il vous faudra improviser. Les événements se chargeront de vous montrer la voie. Tout est en route. Les autres pays, nos partenaires, ne vous ont pas attendu. Tant bien que mal, vous allez monter dans le train et découvrir des réalités que vous avez préféré fuir durant la campagne. Les chefs d’État et les premiers ministres avec lesquels vous allez travailler vous prendront comme vous êtes. N’essayez pas de les impressionner ; ils ont une piètre idée de vos déclarations passées et connaissent mieux que vous l’état de votre pays. D’une façon générale, évitez les embrassades, les tutoiements, les prénoms. Le président des États-Unis s’appelle le président des États-Unis, la chancelière d’Allemagne, madame Merkel. Ne les considérez pas comme des amis, vous les mettriez dans l’embarras.
A propos des amis, vous en avez, gardez-les pour vous. Nous ne voulons pas le savoir. Que vous donniez un coup de main ici ou là, c’est naturel. Que ce ne soit qu’un coup de main. Même chose pour votre famille. Vous en avez une, deux peut-être, nous en sommes heureux. Débrouillez-vous pour qu’on n’en parle pas. Vous entrez seul à l’Élysée. Dites-vous que la familiarité, la confidence, la confiance vous sont interdites. Vous connaissez beaucoup de journalistes. C’est fini. Vous tiendrez des conférences de presse, vous participerez à des émissions de télévision, vous répondrez à des interviews, mais vous garderez la distance qui convient. C’est votre intérêt. Méfiez-vous des visiteurs du dimanche, ceux qui promettent le secret et publient aussi sec des livres qui vous feront dire n’importe quoi. Il y a des spécialistes.
Ne réglez pas vos comptes. Cela ne sert à rien. Ne faites pas virer qui vous a déplu, ne faites pas nommer qui vous plaira. Vous apprendrez à la longue que les médias aux ordres ne vous rapportent qu’une mauvaise réputation. Ne cherchez pas non plus à vous en bâtir une. C’est après, quand vous aurez quitté le pouvoir, que l’on dira qui vous étiez. Si vous aimez la choucroute, aimez la choucroute. Si vous lisez Proust, lisez Proust. Dans les deux cas, ne vous forcez pas. Dites-vous bien que cela se verra.
Vous allez nommer un premier ministre. Choisissez-le dans la majorité parlementaire, travailleur, expérimenté et loyal. Abandonnez toute idée de société civile ou d’ouverture. C’est toujours un naufrage. Ne passez pas votre temps à parler à l’opposition. Elle s’opposera de toute façon. Ne lui faites aucun cadeau. Elle vous les renverra dans la figure.
En politique étrangère, souvenez-vous que la France reconnaît des États, non des régimes. Vous allez vous apercevoir que vous êtes lié par des traités, des engagements, mais aussi des pactes et des négociations que le public ne connaît pas. Respectez la parole donnée si vous voulez qu’on respecte celle qu’on vous donnera. Ne vous embarquez pas dans des aventures romantiques pour détourner l’attention ou montrer que vous n’êtes pas de bois. Elles sont ruineuses et se terminent par des catastrophes pires que celles que vous avez voulu dénoncer.
Ne vous plaignez pas du poids de votre charge. Chacun sait que vous en rêviez et que c’est passionnant. Et puis, ce n’est pas très difficile. Il y a là-dedans beaucoup de routine et un peu d’intuition. Aussi, ne vous faites pas trop présent. Ne sautez pas sur tout ce qui passera. Il est inutile de manifester votre compassion à chaque fait divers, d’avoir une opinion sur tout et d’être multicompétent. Ne croyez pas non plus les charlatans qui vous diront de vous faire rare. Quand la France aura besoin de vous, vous le sentirez. Pour le reste, souhaitez-vous bonne chance. 
Personne ne le fera à votre place.