Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair ont annoncé, mardi 22 novembre, qu'ils avaient déposé une plainte contre le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, et assigné plusieurs médias pour leur couverture "outrancière" de l'affaire de proxénétisme du Carlton.
"Plusieurs assignations ont déjà été ou vont être délivrées, à L'Express, au Figaro, au Nouvel Observateur, à Paris Match et à VSD", écrivent les avocats du couple, Mes Frédérique Baulieu, Richard Malka et Henri Leclerc. "Les propos tenus par M. Henri Guaino sur la chaîne Paris Première justifient également le dépôt d'une plainte pénale au regard de leur gravité."Dans un communiqué transmis à l'AFP le 14 novembre, les avocats de l'ancien directeur du FMI dénonçaient le "voyeurisme le plus détestable" et des "dérapages inquiétants quant au respect des principes élémentaires des droits de la personne". Epaulés par leur confrère Richard Malka, avocat de Clearstream contre Denis Robert et de Charlie Hebdo lors de l'affaire des caricatures de Mahomet, ils pointaient ceux qui portent notamment atteinte à la vie privée "en fantasmant sur les prétendues intentions ou les états d'âme allégués" du couple "sous couvert d'hypothétiques déclarations de tiers courageusement dissimulés derrière un anonymat revendiqué".
Le Journal du dimanche du 13 novembre avait ainsi publié des témoignages de proches du couple affirmant que DSK était "brisé" et aurait reconnu devoir se faire soigner. Le Figaro annonçait vendredi qu'Anne Sinclair s'apprêterait à tourner la page. Commentant sur France Inter ces articles, Me Henri Leclerc avait dénoncé mercredi "une campagne nauséabonde, racoleuse, grotesque au nom de la vertu" menée par "un certain nombre de journalistes qui préfèrent faire une campagne graveleuse" en provoquant "la mise à mort d'un homme déjà à terre".
"DODO LA SAUMURE AURAIT FAIT IRRUPTION DANS LA CAMPAGNE"
Henri Guaino avait pour sa part estimé vendredi dans l'émission "Zemmour et Naulleau", sur la chaîne Paris Première, que, sans l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn en mai à New York, l'ancien directeur du FMI aurait remporté la primaire socialiste, et que le proxénète présumé "Dodo la Saumure aurait fait irruption dans la campagne". L'affaire Dominique Strauss-Kahn, "ce n'est pas un problème de vie privée, on est à la charnière entre vie privée et délinquance", relevait le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. "Ce qui s'est passé aux Etats-Unis relevait d'un acte judiciairement répréhensible. L'histoire du Carlton de Lille, pardon, mais c'est exactement la même chose. Ce sont ses relations supposées avec des gens qui dirigent des réseaux de prostitution, qui ont d'ailleurs des noms admirables", ajoutait-il.
Le nom de M. Strauss-Kahn est régulièrement cité dans l'affaire de proxénétisme de l'hôtel Carlton de Lille, qui implique des hommes d'affaires et des policiers. Jeudi 10 novembre, le quotidien Libération a ainsi fait état de SMS évoquant des soirées libertines dans plusieurs villes européennes, qui auraient été envoyés par M. Strauss-Kahn à Fabrice Paszkowski, mis en examen pour proxénétisme aggravé et escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs, écroué depuis.