TOUT EST DIT

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vendredi 11 avril 2014

"Les dirigeants européens ont en tête un nouveau "haircut" pour la Grèce"

La Grèce a fait son retour jeudi sur le marché en émettant pour 3 milliards d'euros d'obligations à cinq ans. Un succès selon les dirigeants européens. Mais très mitigé selon Ronan Blanc, de Quilvest Gestion, qui n'exclut pas le scénario d'une nouvelle décote de la dette à moyen terme.


C'est l'une des informations fortes du jour. La Grèce, pays symbole de la crise des dettes souveraines européennes qui a déstabilisé la zone euro, a fait son retour sur le marché obligataire ce jeudi. Sur le papier, l'opération est un succès. Trois milliards d'euros ont été levés, au lieu des 2,5 prévus, pour une maturité à cinq ans. Le tout à un taux de rendement moyen de 4,75%, c'est-à-dire en dessous des 5 à 5,25% de rendements envisagés. Près de 550 investisseurs se sont précipités pour une demande totale de 20 milliards d'euros.
"Les marchés internationaux ont exprimé d'une façon incontestable leur confiance dans l'économie grecque, l'avenir de la Grèce et la capacité de la Grèce à sortir de la crise", s'est félicité le Premier ministre Antonis Samaras, qui attend vendredi la visite de grande importance symbolique de la chancelière allemande Angela Merkel.
Les investisseurs européens, eux, sont plus circonspects, à l'image de Ronan Blanc, gérant obligataire chez Quilvest Gestion.
La Tribune : La demande de papier grec a été forte, et les rendements sont inférieurs à ce qui était initialement prévu. Peut-on parler de succès, comme le dit Antonis Samaras?
Ronan Blanc : C'est vrai que la demande a été forte, et, à mon sens, la Grèce aurait pu en profiter pour lever davantage. C'est en tout cas une bonne nouvelle car c'est la première fois qu'elle revient sur le marché primaire pour une maturité moyenne. Jusque là, elle continuait simplement d'assurer un roulement sur des maturités courtes.
Mais il ne faut pas oublier que la Grèce a 50 milliards d'euros de dette qui arrive à terme dans les deux ans. Donc il va falloir sérieusement accélérer les levées de fonds sur le marché si elle veut retrouver son autonomie financière. Ce qu'à mon avis elle ne pourra pas faire.
N'a-t-elle pas aussi profité d'investisseurs en mal de rendements depuis le début de la crise qui secoue les émergents ?
Ce qui se passe, c'est en effet que l'œil du cyclone était sur l'Europe depuis trois ans. Il s'est déplacé depuis un an vers les pays émergents en difficultés. A mon avis, ils vont d'ailleurs y rester pour longtemps, car leur dépendance au financement extérieur et leur profil d'inflation leurs sont très défavorables.
Les investisseurs, qui ont retiré leurs capitaux de ces pays émergents, se sont retrouvés avec des liquidités sur les bras et sont maintenant en recherche de rendements. Ce qui est une bonne chose pour nous. La Grèce y a perçu une bonne fenêtre de tir dont elle a profité intelligemment.

Qu'est-ce qui a poussé les investisseurs à se tourner précisément vers la Grèce ?
Déjà, il faut bien noter que ce sont des hedge funds et des gérants d'actifs risqués qui ont acheté de la dette grecque, en plus des investisseurs domestiques, c'est-à-dire les banques grecques elles-mêmes. Il n'y a rien de surprenant à ce que ces dernières achètent de la dette grecque. Quant auxhedge funds, cela peut avoir du sens de leurs points de vue.
Un des critères pris en compte est qu'il s'agit d'actifs en euros. Or l'euro a un profil intéressant car il a tendance à s'apprécier par rapport au dollar. Ce qui est bien pour des fonds en dollars. Les investisseurs estiment aussi qu'avec une maturité de cinq ans, il y a peu de risque d'avoir entre-temps une nouvelle restructuration de la dette du pays. L'essentiel a déjà été fait avant.
Enfin, il y a la perspective d'une politique monétaire accommodante, régulièrement évoquée, par la Banque centrale européenne (BCE). Elle offrirait aux fonds des débouchés sur le marché secondaire. Ce qui viendrait apporter une garantie supplémentaire en plus de l'OMT (Outright Monetary Transactions, programme de rachat illimité d'obligations d'Etat de la zone euro. Ndlr).
A votre avis, ont-ils eu raison de faire confiance à la BCE et à la solidarité des États-membres entre eux ? De nombreux doutes persistent sur l'OMT, et c'est précisément l'absence de garanties entre États membres, lorsqu'elle est devenue évidente, qui a conduit à une explosion des spreads (écarts de taux) entre les pays à risque et l'Allemagne...
En effet. Je ne crois notamment pas à un quantitative easing (politique monétaire accommodante) par la BCE. A mon avis, elle recourt surtout a une communication efficace sur sa politique monétaire, à la manière de la Fed qui tient un discours tempéré, alors que l'économie américaine tourne bien. Je pense notamment que le risque déflationniste est exagéré.
Ensuite, si la question est de savoir si les investisseurs n'ont pas de mémoire, la réponse est oui. Très échaudés par ce qui s'est passé dans les pays émergents, ils se concentrent aujourd'hui sur le véhicule grec. Mais je pense que c'est une mauvaise appréciation. En effet, même si l'on n'en parle jamais, il y a tout de même une volonté européenne d'introduire dans le prospectus d'émission une clause de haircut (décote) pour que les investisseurs soient mis à contribution au même titre que les institutionnels en cas de nécessité.
Sur les spreads, en revanche, il y a eu effectivement une réévaluation favorable aux pays périphériques de la zone euro, mais les écarts restent conséquents.
La Grèce est-elle sortie d'affaire ?
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 3% l'an prochain. Le consensus de marché est à 1,5%. Si l'on s'en tient aux fondamentaux, on peut envisager de passer d'une récession à une stagflation. Mais je ne crois pas du tout à un scénario de croissance.
La Grèce reste une économie très fermée. Elle ne peut en aucun cas profiter de la demande allemande. Les pressions déflationnistes sont encore très importantes et le chômage reste très élevé. Par ailleurs, de nouveaux efforts vont lui être demandés sur le plan budgétaire en échange des prochaines tranches d'aide, car les bailleurs de fonds ne peuvent plus faire de chèque en blanc. Ce qui entamera encore le potentiel de croissance. Et le risque politique, même si on en parle moins, est encore très présent.
Quel est votre scénario pour les mois et années à venir ?
La Grèce est le pays qui a le plus fait défaut dans l'Histoire européenne. Je pense que les dirigeants européens ont en tête un nouveau haircut dans les quelques années à venir, peut être dans quatre ans, lorsque la zone euro se sera apaisée dans son ensemble. La vraie bonne nouvelle c'est que ce ne sont pas les investisseurs européens qui sont exposés.
Mais honnêtement je ne crois pas à un retour à l'autonomie financière prochainement. A mon avis, la troïka est là pour durer. A savoir si ce sera quatre, cinq ou dix ans, c'est difficile à dire. Je pencherais pour cinq ans environ.

La guerre des gauches est déclarée

La guerre des gauches est déclarée



Avec l'arrivée de Manuel Valls, homme raisonnable, à Matignon, on allait enfin pouvoir respirer. D'autant que sa nomination coïncidait, entre autres, avec le départ du gouvernement de Mme Duflot du ministère du Logement, où, avec la loi absurde qui porte son nom, elle avait réussi à ruiner pour longtemps la politique de l'habitat en France.
Un Valls ne fait pas le printemps. Certes, le Premier ministre parle vrai, comme son maître Rocard, et il a tout ou presque pour lui : le cran, une tête bien faite, des priorités carrées et la confiance du chef de l'État. Mais il n'a apparemment pas de majorité pour sa politique.
Telle est la désolante nouvelle des derniers jours : la gauche socialiste s'est réveillée ; avec ses jobardises économiques à la Diafoirus, elle entend désormais mettre sous surveillance le président et son Premier ministre, coupables, les apostats, de vouloir stopper la dérive des finances publiques. Là serait la cause de tous les maux, et en particulier de la déroute des municipales.
La gauche du PS a bonne conscience. C'est normal : elle est de gauche, c'est un métier et, en plus, un brevet moral. Donc, même quand tout va mal, elle dort bien la nuit, ce qui ne l'empêchera pas de troubler, dans les prochaines semaines, le sommeil de MM. Hollande et Valls.
Si la politique du président n'a pas donné les résultats escomptés, c'est qu'il n'est pas assez à gauche. Emmanuel Maurel, l'un des chefs de file de l'aile dure, a trouvé depuis longtemps l'explication à l'abyssale impopularité du pouvoir : il ne serait pas assez socialiste, figurez-vous ! Il suffisait d'y penser.
Défense de rire. Une centaine de députés socialistes sont sur cette ligne stupide, et le mot est faible. Gageons qu'on trouvera bientôt parmi eux quelques cruches pour déclarer que tout ira mieux avec de nouveaux impôts et quelques nationalisations supplémentaires. Sans oublier une vague d'embauches dans la fonction publique.
La gauche tribunicienne, comme on dit à Sciences po, prétend rester fidèle à de grands principes généreux qu'elle étale comme du miel sur la tartine, la bouche en coeur et la fleur au fusil. Son programme : moins d'Europe et plus de dépenses. Telles sont, selon elle, les conditions du redémarrage de l'économie, qui pourtant, les faits nous l'ont appris, ne peut repartir que sur des bases saines.
Même s'il lui arrive de se dire marxiste, cette gauche soi-disant populaire est, comme la noria souverainiste, l'héritière intellectuelle du bon pharmacien Émile Coué de la Châtaigneraie (1857-1926), initiateur de la fameuse méthode Coué et inventeur avant l'heure de la prophétie autoréalisatrice. Il avait mis au point une sorte de culte et distribuait à ses patients des cordons à vingt noeuds, comme des chapelets, afin qu'ils récitent continuellement la même phrase : "Tous les jours et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux."
Les récitants socialistes du catéchisme néo-con répètent en boucle : "Dépensons et empruntons plus, ça ira mieux." Ne faisant jamais dans la nuance, la gauche de la gauche est convaincue que le monde est divisé en deux. Les gentils et les méchants. Les bons travailleurs et les horribles patrons, suceurs de sang des pauvres. La réjouissante dictature cubaine et l'atroce démocratie américaine. Le dévoué secteur public et le secteur privé.
Si l'économie française décline, qu'à cela ne tienne, Le Monde diplomatique, porte-parole de cette gauche neuneu, a la solution : il faut taxer les riches et relancer la dépense, quitte à creuser les déficits et augmenter la dette. Qu'importe si cette politique débile plomberait davantage les comptes publics et nous éloignerait davantage des perspectives de croissance.
La capacité d'aveuglement de la gauche de la gauche est sans limite. Elle ne tire jamais les leçons du passé. Elle refuse de voir les réalités les plus évidentes : ainsi, les centaines de millions de personnes que la mondialisation a permis de sortir de l'extrême pauvreté au cours des vingt dernières années. C'est un tabou au même titre que le début de "miracle" africain, qui semble gêner nos idéologues antédiluviens, encore dans le déni. Ces phénomènes ne correspondent pas à leurs codes mentaux. Dans les deux cas, c'est en effet le libéralisme économique qui tire vers le haut des populations qui, il n'y a pas si longtemps, figuraient parmi les damnés de la terre.
Mme Aubry peut savourer sa revanche "posthume". Après son échec à la primaire, elle a au moins réussi à pourrir le quinquennat de M. Hollande : lui laissant en héritage un groupe parlementaire Vert, elle a également parachuté dans les circonscriptions une escouade de jeunes invertébrés archéo-socialistes qui, depuis peu, lèvent l'étendard de la révolte contre une politique qualifiée, oh ! le gros mot, de "sociale-démocrate". Des bombes à retardement. Elles peuvent désormais exploser à tout moment, rendant possible le scénario de la dissolution.

Le grand brouillard


Le grand brouillard
Les événements politiques de ces derniers jours ont accru le brouillard politique français à un niveau sidérant. Réécoutons le discours de politique générale du Premier ministre. Il est axé sur la baisse des charges sur les entreprises; les économies budgétaires et la régionalisation. Je ne dis pas que tout cela se traduira dans les faits, mais l’allocution elle-même est pleine d’enseignement. Elle n’a rien de socialiste ou plus généralement "de gauche". Un Premier ministre "de droite" aurait pu prononcer la même allocution, au mot près. Ainsi, la suppression des départements nous est annoncée. Avec eux, c’est un héritage majeur de la Révolution française, donc de gauche au sens historique, qui disparaîtrait. Quant aux grandes régions qui seraient mises en place, cette idée régionaliste est historiquement bien plus de droite que de gauche, renvoyant aux provinces de l’ancien régime et à un penseur que je ne citerai pas. En face, l’opposition ne donne aucun signe de réveil et de renouveau: vacarme dérisoire à l’Assemblée, reprise des hostilités Copé/Fillon sur fond de révélations sordides. Le choix des têtes de listes aux européennes, fondé sur le recasage de politiciens au rancard, parfois battus aux législatives nationales, dégage une sinistre odeur de moisissure. Enfin les supposés "antisystèmes" (fn et fdg) s’enfoncent dans leur délire commun antimondialiste et antilibéral, au rebours de tout réalisme et prise en compte de l’histoire. Bref, dans la sphère des idées, du discours, tout est brouillé, plus personne n’y comprend rien. D’ailleurs, en dehors de la tyrannie des postures et du carriérisme, il y a-t-il encore quelque chose à comprendre?

Harlem Désir secrétaire d'État aux Affaires européennes, une sanction-promotion


Nommé secrétaire d'État aux Affaires européennes, Harlem Désir pourrait vaincre ou échouer. Un cadeau empoisonné offert par François Hollande.

Le nouveau gouvernement de François Hollande est désormais au complet avec 16 ministres et 14 secrétaires d'État. Cependant, une nomination fait polémique. Harlem Désir est le nouveau secrétaire d'État aux Affaires Européennes. Quand certains y voient unepromotion pour l'ancien premier secrétaire du PS, d'autres estiment que ce poste est une sanction

Fragilisé par l'affaire Leonarda

Mr mauvais en tout
Depuis le revers de la gauche aux élections municipales du mois dernier, l'ex-patron de SOS Racisme était très critiqués lorsqu'il était à la tête du PS. 

Son sort était scellé depuis l'affaire Leonarda et le fiasco médiatique qu'elle a entraîné. Le 19 octobre dernier, François Hollande intervient à la télévision pour permettre à l'adolescente de revenir en France, mais seule

Mais dans les minutes qui suivent, Harlem Désir déclare que tous les enfants de la famille Dibrani doivent être accueillis dans l'Hexagone. Le chef de l'État ne pardonnera jamais ce couac spectaculaire au premier secrétaire du parti socialiste. 
On vous jette dans la piscine, soit vous nagez et c'est bon, soit vous vous noyez.Sophie Dessus, député PS
Désormais, se pose la question de savoir comment le débrancher. Faut-il lui faire porter le chapeau de la vague bleue aux élections municipales ? Harlem Désir s'accroche encore mais avec la pression qui monte, il n'a plus le choix : sortir par le haut ou bien être renversé à Solférino.

Le poste de secrétaire d'État est une sanction-promotion que les députés PS ont bien du mal à défendre. Christian Paul n'a pas "trouvé que Harlem Désir avait permis au PS de jouer tout son rôle". Quant à Sophie Dessus, elle estime que l'"on vous jette dans la piscine, soit vous nagez et c'est bon, soit vous vous noyez". 

Mauvais élève au Parlement européen

Ce transfert a priori légitime pour cet eurodéputé qui siège à Strasbourg depuis 15 ans, est entaché par les statistiques. Il est en effet l'un des députés les plus absents au Parlement européen. Son poste ressemble à un cadeau empoisonné.