jeudi 6 février 2014
EXCLUSIF. Le document confidentiel qui accable Belkacem
Théorie du genre. Après avoir menti aux Français sur la théorie du genre à l’école, Najat Vallaud-Belkacem, ministre déléguée des Droits des femmes, tente désespérément de se raccrocher aux branches en faisant signer aux partenaires sociaux, une tribune rédigée…par son propre cabinet !
Valeurs actuelles révèle aujourd'hui les méthodes utilisées par Najat Vallaud-Belkacem et son cabinet. Loin de vouloir mettre un terme à la polémique sur la théorie du genre, le gouvernement tente coûte que coûte de l’imposer. Et cette fois en mouillant les partenaires sociaux, pourtant étrangers à ce débat.
Il est proposé à des organisations de plusieurs sensibilités (CFDT, FO, CGT, CFTC, Medef entre autres), de cosigner un texte, défendant les ABCD de l'égalité. Les ABCD, très critiqués depuis le succès de La Manif Pour Tous du dimanche 2 février, ont pour but d'inculquer aux enfants la théorie du genre, de manière déguisée.
Intitulé « Nous ne ferons pas l’égalité dans l’emploi sans un apprentissage de l’égalité à l’école ! » le texte explique que « la transmission d’une culture de l’égalité ne peut se faire, aujourd’hui comme hier, sans aborder la question de l’égalité entre les filles et les garçons, l’égalité entre les femmes et les hommes ». En d’autres termes, en expliquant la théorie du genre à des enfants de CP.
Transformer la société
Le but de Belkacem : que le Gender devienne réalité. « Ce n’est évidemment pas une question de théorie. C’est une nécessité démocratique mais c’est aussi un impératif pour lutter et annuler des inégalités professionnelles ».
Le dernier paragraphe rédigé par les services de la ministre est clair : « nous soutenons l’esprit et la démarche des ABCD de l’égalité » !
Une tribune signée par...le directeur adjoint de cabinet de Belkacem
Valeurs actuelles a pu consulter ce document. Il ressort de son étude que ce texte n’est pas l’œuvre des partenaires sociaux, mais qu’il a été rédigé par un proche conseiller de la ministre : Thierry Breton, chargé de l'égalité professionnelle à son cabinet. En outre, la dernière relecture du texte a été supervisée par Jérôme Teillard, directeur adjoint du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem !
Matignon supervise l’opération
Contactés par Valeurs actuelles, certains cosignataires de cette tribune affirment l’avoir reçue directement par le cabinet du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.
La pression de Belkacem
Afin de faire signer son manifeste par le plus grand nombre de représentants d'organisations sociales, le cabinet de Belkacem a fait savoir aux potentiels signataires que certains ont déjà donné leur accord pour signer le texte. Et qu’il faut aller vite !
2014: la Grèce quitte l’euro
Deux grecs au chômage pour un en emploi
La réalité est encore plus dramatique, puisque c'est deux grecs qui sont au chômage pour un grec qui bénéficie d'un emploi: ce ratio étant le plus élevé au monde. L'effort à fournir par les grecs devrait donc être surhumain - et inhumain - si leur ambition est d'égaler ce ratio en vigueur auprès des pays à croissance molle, comme la France.
Le rythme de créations d'emploi devrait en effet atteindre une cadence formidable pour atteindre un ratio de 1.5, alors que les salaires en Grèce sont toujours plus élevés que dans des pays comme la Pologne et la Hongrie. Autrement dit, la Grèce ne pourra toujours pas miser sur son secteur à l'exportation pour redresser sa croissance, en dépit d'efforts de productivité intenses qui ont été consentis et malgré des salaires réels en chute libre. L'année 2014 ressemblera donc aux années précédentes, malgré les prédictions du gouvernement grec, de l'Union européenne et du F.M.I. qui - il est vrai - se trompent systématiquement depuis plusieurs années en prévoyant l'imminence d'une reprise grecque.
Un budget en excédent, hors intérêts
Pourtant, l'économie de ce pays a changé ces deux dernières années. En effet, la Grèce affiche désormais un excédent commercial, principalement grâce à son secteur du tourisme en progression de 12% en 2013, et du fait d'un chômage massif et d'une déprime économique qui se sont logiquement traduits par un recul sensible de ses importations. Toujours est-il que la Grèce n'a plus besoin aujourd'hui d'emprunter sur les marchés comme elle n'a plus besoin de l'assistance de l'Europe pour financer ses nouvelles dépenses. En outre, après avoir réalisé quelque 110 milliards d'euros d'économies en 2012 et en 2013, le budget grec sera excédentaire dès 2014! Ce pays ne disposera évidemment pas de revenus suffisants pour lui permettre de s'acquitter des intérêts de sa dette phénoménale, mais il peut désormais se targuer d'être en capacité de payer ses dépenses courantes.
La donne a changé
En d'autres termes, ce n'est pas seulement les statistiques et les chiffres qui ont évolué. C'est l'ensemble de la donne grecque qui, aujourd'hui elle aussi, a changé. S'il est vrai que les innombrables prédictions selon lesquelles la Grèce serait chassée de l'euro en 2011 ou en 2012 ont toutes fait fausse route. S'il était littéralement impossible à ce pays de quitter la monnaie unique en 2012 ou en 2013 car il n'avait aucunement les moyens d'assurer sa subsistance. L'excédent commercial de 2013 et l'excédent budgétaire prévu cette année lui permettraient et lui donneraient tous les moyens de claquer la porte de l'euro, s'il le souhaitait. De fait, la Grèce serait aujourd'hui capable de quitter unilatéralement la monnaie unique sans être réduite à quémander pas plus l'assistance de l'Union européen que celle du F.M.I.
Un remboursement graduel des dettes
Son excédent commercial l'autoriserait en effet à retrouver une drachme solide, qu'elle pourrait en outre dévaluer afin de doper ses exportations. Son gouvernement comme son ordre public ne seraient pas menacés car le pays aurait à sa disposition des fonds en quantités suffisantes pour payer ses factures. La Grèce ne ferait pas forcément défaut, puisque ses dettes pourraient être graduellement remboursées dans une drachme qu'elle serait en mesure d'imprimer en cas d'extrême urgence. Bref, une sortie grecque de l'euro serait loin de représenter une catastrophe, en tout cas pour la Grèce. Le fait est que, en ce début d'année 2014, nul ne saurait balayer d'un revers de main l'éventualité d'un « Grexit ».
Va-t-on mettre fin à la stratégie du pire?
Les grecs se rebelleront-ils contre la stratégie du pire systématiquement employée par les autorités européennes, elles-mêmes sous la botte allemande ? Qui consiste à analyser la crise sous le seul prisme des déficits et à n'y remédier - en toute logique - que par l'austérité budgétaire. Qui punit par la même occasion celles et ceux qui sont le moins responsables du déclenchement de la crise, c'est-à-dire les peuples ? La technocratie européenne s'est en réalité donnée à cœur joie dans l'imposition de cette rigueur au sein des pays européens périphériques comme en France, tant et si bien que les grecs - les espagnols, les italiens, les portugais - en sont aujourd'hui au stade du questionnement existentiel. Tous ces sacrifices en valent-ils la peine ? L'Europe - cette Europe là !- en vaut-elle la peine ? Quand les seules réponses et que les seuls signaux émanant d'Allemagne et de Bruxelles se déclinent en chômage et en économies supplémentaires, lesquels ne manqueront pas de se traduire à leur tour en une radicalisation supplémentaire ?
TROIS QUESTIONS À - Théodore Passas
Depuis le 1er janvier, la Grèce a pris à la suite de la Lituanie la présidence tournante de l’Union Européenne. Même s’il s’agit d’une obligation institutionnelle, la conjoncture économique de la Grèce fait de cette fonction un véritable défi que le pays entend bien relever. Nous nous sommes entretenus avec l’Ambassadeur de Grèce en France, Théodore Passas, afin qu’il nous éclaire sur les projets que la Grèce souhaite mener.
Nonfiction - Comment envisagez-vous la présidence de l'Union européenne de votre pays? Quels symboles renvoie-t-elle au peuple grec et plus largement au peuple européen?
T.P - Nous espérons que la Présidence grecque de ce semestre marquera le retour de la Grèce à la normalité. En ce qui concerne les perspectives économiques, surtout par rapport aux années précédentes la Grèce va beaucoup mieux. Le pays a dégagé un excédent structurel primaire après plusieurs années de déficits, et on attend un excédent primaire encore plus important cette année égal à 6.5% du PIB en termes structurels, ainsi qu’une croissance après six années consécutives de récession. Nous avons aussi réalisé des réformes structurelles qui ont permis de récupérer une partie importante de la compétitivité perdue après l'adhésion du pays dans la zone euro. Les investisseurs ont commencé à s’intéresser de nouveau à la Grèce.
Par ailleurs la Grèce étant le pays le plus touché par la crise, surtout au niveau social avec le chômage au plus haut niveau européen, le pays a la responsabilité morale mais aussi la sensibilité de promouvoir autant que possible des solutions aux problèmes quotidiens des citoyens notamment en ce qui concerne l’emploi et la lutte contre le chômage, en priorité chez les jeunes. Juste avant les élections européennes et vu la hausse de l’euroscepticisme partout en Europe, la Grèce devrait mettre à profit sa Présidence pour faire évoluer le profil social de l’Europe pour que le projet européen redevienne de nouveau attirant aux yeux des citoyens européens et surtout des jeunes.
Pensez-vous qu'il s'agisse d'une bonne opportunité pour faire face aux difficultés économiques et sociales que votre pays connait depuis quelques années?
Tout d’abord la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne est surtout une obligation institutionnelle pour chaque pays membre. Toutefois étant donné que nous faisons face partout en Europe à un euroscepticisme qui conteste la fondation même du projet européen, le devoir européen de la Grèce est d’avancer un nouveau récit de la construction européenne. Car, pour la majorité des jeunes Européens, l'idée de l'Europe est liée à l'austérité et à la crise économique.
Dans ce contexte, il est vrai que le programme d’ajustement de la Grèce est un défi au niveau européen dont dépendent la crédibilité et l’avenir de l’Europe dans un monde où son rôle se rétrécit de plus en plus et dans le même temps doit faire face à plusieurs défis économiques, démographiques et sociaux.
Quels sont les grands projets que vous souhaitez voir mis en œuvre au niveau européen? Quels moyens vous donnez-vous pour les réaliser?
Notre tout premier devoir sera de promouvoir les priorités des citoyens, des peuples, de la société civile. Nous développerons un modèle de croissance européen susceptible de nous faire dépasser la crise, qui a touché tous les pays d'Europe : partout, la croissance, la compétitivité, le chômage, le financement de l'économie réelle posent problème. En particulier, le secteur financier doit mieux accompagner l'économie réelle. Nous devrons restaurer l'idée même d'État social européen.
Notre deuxième priorité sera la gouvernance économique. Les défauts des institutions actuelles sont flagrants. Nous avons besoin de nouveaux mécanismes pour faire fonctionner la zone euro à dix-huit membres. Nous devons aussi proposer des améliorations de la gouvernance économique mondiale. Nous nous attacherons à achever la procédure législative instaurant l'union bancaire et le mécanisme résolution unique.
Notre troisième priorité sera constituée par les questions humanitaires et de sécurité. La protection des frontières européennes contre l'immigration illégale doit faire l'objet d'une plus grande coordination : ce problème ne concerne pas seulement les pays frontaliers, c'est un problème européen. Et nous devons le faire avec dignité et respect des droits de l’homme surtout pour ces personnes désespérées fuyant des pays ravagés par la guerre et l’impasse absolue.
La quatrième priorité sera la politique maritime intégrée européenne. Ce sujet comporte plusieurs dimensions, puisqu'il concerne la politique de l'énergie, l’emploi, le tourisme, les activités maritimes et l'environnement. Il s'agit également de délimiter les zones maritimes en se conformant au droit international de la mer.
Concernant les moyens, malgré le fait que cette présidence soit placée sous le signe de l’austérité, aussi bien sur le plan du financement que du symbolisme, nous consacrerons tous nos efforts pour que cette présidence soit couronnée de succès. Nous sommes riches déjà d’une expérience de quatre présidences largement réussies par le passé et nous sommes déterminés à mener efficacement cette présidence en coopération avec toutes les institutions impliquées pour faire avancer des volets comme la gouvernance budgétaire ou l’union bancaire dans une période pré-électorale avant un scrutin européen crucial pour l’avenir des peuples européens
Nonfiction - Comment envisagez-vous la présidence de l'Union européenne de votre pays? Quels symboles renvoie-t-elle au peuple grec et plus largement au peuple européen?
T.P - Nous espérons que la Présidence grecque de ce semestre marquera le retour de la Grèce à la normalité. En ce qui concerne les perspectives économiques, surtout par rapport aux années précédentes la Grèce va beaucoup mieux. Le pays a dégagé un excédent structurel primaire après plusieurs années de déficits, et on attend un excédent primaire encore plus important cette année égal à 6.5% du PIB en termes structurels, ainsi qu’une croissance après six années consécutives de récession. Nous avons aussi réalisé des réformes structurelles qui ont permis de récupérer une partie importante de la compétitivité perdue après l'adhésion du pays dans la zone euro. Les investisseurs ont commencé à s’intéresser de nouveau à la Grèce.
Par ailleurs la Grèce étant le pays le plus touché par la crise, surtout au niveau social avec le chômage au plus haut niveau européen, le pays a la responsabilité morale mais aussi la sensibilité de promouvoir autant que possible des solutions aux problèmes quotidiens des citoyens notamment en ce qui concerne l’emploi et la lutte contre le chômage, en priorité chez les jeunes. Juste avant les élections européennes et vu la hausse de l’euroscepticisme partout en Europe, la Grèce devrait mettre à profit sa Présidence pour faire évoluer le profil social de l’Europe pour que le projet européen redevienne de nouveau attirant aux yeux des citoyens européens et surtout des jeunes.
Pensez-vous qu'il s'agisse d'une bonne opportunité pour faire face aux difficultés économiques et sociales que votre pays connait depuis quelques années?
Tout d’abord la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne est surtout une obligation institutionnelle pour chaque pays membre. Toutefois étant donné que nous faisons face partout en Europe à un euroscepticisme qui conteste la fondation même du projet européen, le devoir européen de la Grèce est d’avancer un nouveau récit de la construction européenne. Car, pour la majorité des jeunes Européens, l'idée de l'Europe est liée à l'austérité et à la crise économique.
Dans ce contexte, il est vrai que le programme d’ajustement de la Grèce est un défi au niveau européen dont dépendent la crédibilité et l’avenir de l’Europe dans un monde où son rôle se rétrécit de plus en plus et dans le même temps doit faire face à plusieurs défis économiques, démographiques et sociaux.
Quels sont les grands projets que vous souhaitez voir mis en œuvre au niveau européen? Quels moyens vous donnez-vous pour les réaliser?
Notre tout premier devoir sera de promouvoir les priorités des citoyens, des peuples, de la société civile. Nous développerons un modèle de croissance européen susceptible de nous faire dépasser la crise, qui a touché tous les pays d'Europe : partout, la croissance, la compétitivité, le chômage, le financement de l'économie réelle posent problème. En particulier, le secteur financier doit mieux accompagner l'économie réelle. Nous devrons restaurer l'idée même d'État social européen.
Notre deuxième priorité sera la gouvernance économique. Les défauts des institutions actuelles sont flagrants. Nous avons besoin de nouveaux mécanismes pour faire fonctionner la zone euro à dix-huit membres. Nous devons aussi proposer des améliorations de la gouvernance économique mondiale. Nous nous attacherons à achever la procédure législative instaurant l'union bancaire et le mécanisme résolution unique.
Notre troisième priorité sera constituée par les questions humanitaires et de sécurité. La protection des frontières européennes contre l'immigration illégale doit faire l'objet d'une plus grande coordination : ce problème ne concerne pas seulement les pays frontaliers, c'est un problème européen. Et nous devons le faire avec dignité et respect des droits de l’homme surtout pour ces personnes désespérées fuyant des pays ravagés par la guerre et l’impasse absolue.
La quatrième priorité sera la politique maritime intégrée européenne. Ce sujet comporte plusieurs dimensions, puisqu'il concerne la politique de l'énergie, l’emploi, le tourisme, les activités maritimes et l'environnement. Il s'agit également de délimiter les zones maritimes en se conformant au droit international de la mer.
Concernant les moyens, malgré le fait que cette présidence soit placée sous le signe de l’austérité, aussi bien sur le plan du financement que du symbolisme, nous consacrerons tous nos efforts pour que cette présidence soit couronnée de succès. Nous sommes riches déjà d’une expérience de quatre présidences largement réussies par le passé et nous sommes déterminés à mener efficacement cette présidence en coopération avec toutes les institutions impliquées pour faire avancer des volets comme la gouvernance budgétaire ou l’union bancaire dans une période pré-électorale avant un scrutin européen crucial pour l’avenir des peuples européens
La cote de confiance de François Hollande replonge
Le président de la République atteint un plancher historique avec une cote de confiance à 19 %, selon notre baromètre TNS Sofres-Sopra Group-Figaro Magazine de février.
L'embellie n'aura pas duré longtemps pour François Hollande. Le président de la République atteint un plancher historique avec une cote de confiance à 19 %, la plus faible pour un président au bout de 21 mois de mandat. En guise de comparaison, Jacques Chirac était à 35 %, à quelques semaines de la dissolution en 1997, et Nicolas Sarkozy, en 2009, à 37 %. François Hollande est nettement en dessous de son score du premier tour de la présidentielle.
Le couac c'est toi...dégage ! |
C'est à gauche que le chef de l'État baisse le plus aujourd'hui. Il ne reste majoritaire auprès des sympathisants socialistes que d'un tout petit point (49 % contre 48 %) quand les autres catégories de la gauche l'ont abandonné depuis longtemps.
Et ce ne sont pas les récents choix du Président qui feront revenir ses électeurs de 2012: pacte de responsabilité, abandon du projet sur la famille, autant de décisions qui troublent son électorat sans pourtant lui attirer les bonnes grâces de l'opposition.
Seulement 1 % des sympathisants UMP lui font confiance… Mais le pire est peut-être dans le chiffre global de ceux qui ne font pas du tout confiance au président de la République: 51 % (+5). Plus de la moitié des Français! Un score très élevé qui montre que, contrairement à ce que prétendent les socialistes, le mal est plus profond qu'un simple rejet de la politique du gouvernement.
Baromètre février publié par LeFigaro
Vie privée-vie publique : une distinction inadéquate
Il n’est pas sûr que la distinction vie privée-vie publique, qu’on nous ressort constamment aujourd’hui en forme de séparation absolue, notamment au sujet des frasques du Président, soit la plus adéquate. Il en existait jadis une autre, sans doute plus opportune : for interne et for externe.
Les frontières entre privé et public ne sont pas, en effet, aussi tranchées. La famille, qui est par excellence le lieu de rencontre de la morale et de la politique, en est un exemple flagrant comme matière mixte. Un crime commis dans la vie privée reste un crime public. Et, même s’il n’y avait pas mort d’homme, il fut un temps où l’adultère pouvait être passible de la justice à certaines conditions. Certes, Jean Madiran aimait à dire que la loi politique ne peut et ne doit imposer de façon coercitive que ce pourquoi l’Etat peut requérir les « gens d’arme », et il ne faut pas en abuser. Elle touche le for extérieur dans des limites raisonnables, impuissante quant au for interne et incompétente en ce qui concerne une grande part du privé. L’autorité ne peut décemment envoyer les gendarmes « tenir la chandelle », selon l’expression populaire, pour voir ce qui se fait ou non dans le lit conjugal.
Immunité de contrainte
C’est assurément le droit du citoyen au respect de son intimité et à une certaine immunité de contrainteen matière morale et religieuse dans de justes limites. A moins d’un totalitarisme insupportable à la mode d’Orwell, pas plus que dans le sanctuaire de la conscience le pouvoir politique ne peut s’ingérer dans le « sanctuaire familial ». Il doit respecter l’exigence de l’amour des époux et leur autorité sur leurs enfants. Ailleurs, la politique n’est pas non plus la morale, même si elle est y ordonnée. Une certaine tolérance légale est de mise selon l’état des mœurs de la société : « C’est pourquoi la loi n’impose pas d’emblée à la multitude des imparfaits ce qui est le fait d’hommes vertueux, à savoir de s’abstenir de tout mal. Sans quoi les imparfaits, n’étant pas de force à porter de tels préceptes, tomberaient en des maux plus graves, selon le dire des Proverbes : “Qui trop se mouche, fait jaillir du sang” » (Somme théol., I-II, 96, 2).
La loi réfrène seulement les actes extérieurs « autant que leur malice peut troubler l’état de paix de la cité », explique saint Thomas d’Aquin. Lequel ajoute qu’il ne serait pas plus raisonnable pour la loi deprohiber tous les vices que de prescrire toutes les vertus, devant seulement le faire pour ceux et celles qui touchent essentiellement au bien commun : « La loi humaine ne prohibe pas tous les vices dont les vertueux s’abstiennent mais seulement les plus graves, dont il est possible à la majeure partie des gens de s’abstenir, et surtout ceux qui tournent au détriment d’autrui, sans la prohibition desquels la société ne saurait se maintenir. »
Le baiser qui tue
Un fait divers récent illustre les limites de la politique ou du moins son décalage avec la morale : cette plainte pour empoisonnement déposée par une malade du sida contaminée par son compagnon qui ne l’avait pas informée de sa séropositivité par soi-disant « pudeur » (cf. Présent du 29 janvier). Si elle n’apporte pas la preuve (au for externe) de la volonté de cet homme d’attenter à la vie de sa compagne, la justice ne pourra sans doute conclure qu’à un non-lieu dans une affaire aussi intime et personnelle qui concerne précisément la vie privée. Devant certaines formes de conduite (im)morale, la politique, ses lois et sa justice demeurent sans effet. Le baiser qui sauve (celui de saint François au lépreux) ou le baiser qui tue (celui de Judas à Jésus) échappent à leur ordre…
On ne demande pas, en somme, à la politique de se mêler directement, intimement, de la vie privée et sexuelle des gens. On lui demande, comme médiation nécessaire, de prendre en compte, favoriser et défendre institutionnellement la seule forme de vie commune, sexuellement et moralement indispensable au bien commun, qui est le mariage. Le devoir politique n’est pas d’abord de guérir la luxure mais de la réfréner, de l’obliger au moins à se dissimuler. Aussi bien dans sa politique que dans sa vie privée, François Hollande manque totalement à ce devoir, lésant aussi bien, au for externe, la dignité de sa fonction que celle de sa malheureuse concubine. Il est en cela doublement condamnable et la procédure de destitution engagée contre lui légitime.
Politique du boomerang
Politique du boomerang
Il y en a vraiment assez de cette « politique du boomerang » qui n'en finit pas, au gré des alternances, de caractériser les rapports de la gauche et de la droite. Dernier exemple en date : la très maladroite pression exercée par le cabinet de Christiane Taubira auprès du procureur général de Paris, François Faletti, pour l'inviter à rejoindre un placard doré à la Cour de cassation. L'intéressé – si l'on peut dire ! – a décliné l'offre en faisant connaître, par lettre opportunément médiatisée, sa réprobation quant à la méthode utilisée. Gardons-nous, dans cette affaire, de toute naïveté en refusant d'entrer dans le jeu outré des uns et la banalisation candide des autres.
Bien sûr qu'il n'y a pas là matière à « scandale d'état », comme a tout de suite voulu l'insinuer la droite, oublieuse de ses pratiques passées. Mais dire qu'il « n'y a pas là de quoi fouetter un chat », ainsi que l'a minimisé la gauche, relève d'une exagération inverse, faisant peu de cas des grandes déclarations de la Garde des sceaux sur l'indépendance des magistrats du parquet. Il fallait aussi le toupet amnésique de Najat Vallaud-Belkacem pour dénoncer « une exploitation politicienne extrêmement choquante ».
Bref, dans ce dossier l'hypocrisie généralisée domine. Christiane Taubira, dont on sait l'aptitude à faire le ménage parmi les collaborateurs ne partageant pas sa « sensibilité », est aussi peu exemplaire que ses prédécesseurs, l'arrogance en plus. Mieux vaudrait, dès lors, plutôt que d'entretenir l'illusion d'une justice totalement indépendante, reconnaître les règles d'un « spoil system » à la française en se gardant bien de faire la leçon aux autres.
Pas plus que la droite, la gauche n'a entrepris une réforme du Conseil supérieur de la magistrature entérinant la coupure radicale du cordon ombilical entre le pouvoir et le parquet dont « l'absence d'indépendance » était justement pointée tout récemment par la Commission européenne. Pas étonnant qu'en France, corruption, conflits d'intérêts et contentieux politico-financiers soient majoritairement enterrés par des magistrats d'un parquet… sensible.
L’ENJEU
L’ENJEU
Sur les rives de la mer Noire, des destins croisés et parallèles. Seulement séparés par quelques kilomètres et une frontière. Alors que l’Ukraine, toujours aux prises avec les convulsions de l’ère post-soviétique, tourne le regard vers l’Occident, l’Empire lance sa campagne de promotion à l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver. Un enjeu majeur pour le président Poutine qui, à cette occasion, n’a pas hésité à poser skis aux pieds, crosse de hockey à la main ou caressant une panthère… Histoire de mettre en scène le retour de la Russie au rang de grande puissance. Le budget initial a été multiplié par cinq. 37 milliards d’euros, un record. Il a fallu construire ex nihilo une station de ski là où n’existait qu’une station balnéaire. Un massacre à la tronçonneuse pour les militants écologistes… invités à se taire. Et l’on passe sur les menaces islamistes qui pourraient surgir du Daguestan voisin. À l’heure où sèchent les peintures, le contraste est saisissant. Entre les rues d’une ville inondée de soleil et les blanches pentes de la piste Rosa Khoutor (2.200 m d’altitude) où s’ouvrira dimanche le bal des descendeurs. Entre la sage agitation des derniers préparatifs et la folie qui s’emparera de Sotchi dès que l’émotion du sport aura franchi le premier portail.
Une seule solution... la dissolution ?
Les péripéties politiques du 3 février et leurs suites autour des questions de Loi sur la Famille, de PMA et de GPA méritent de retenir toute notre attention. Et en en premier lieu s’agit-il de péripéties ? ou d’une nouvelle fêlure du lien entre démocratie et orientations libérales ?
Rappel du contexte :
Le 26 janvier, une manifestation baptisée rageusement « Dies Irae » rassemble plusieurs (dizaine de ?) milliers de factieux d’origine diverses, de « Riposte laïque » à Civitas et traverse Paris en vociférant des slogans haineux et de guerre civile qui auraient dû valoir à ses organisateurs des poursuites. Seuls des « casseurs » furent inquiétés.
Une semaine après, le 2 février, des dizaines de milliers de catholiques, accompagnés de quelques autorités d’autres religions, sous l’appellation « la manif pour tous » a poursuivi l’offensive réactionnaire qu’ils avaient menée au printemps dernier (qu’ils qualifient de « français ») en essayant d’imposer par la force le retrait d’une mesure largement accepté par une majorité de citoyens et portée par une très large majorité de parlementaires : le mariage pour tous (on parlera même alors d’une délirante organisation de putsch à laquelle auraient été mêlés des proches de hauts gradés de l’armée dont le chef du cabinet militaire du Président de la République). Cette fois-là la cible était les amendements PMA et GPA que des parlementaires socialistes étaient censés porter dans la cadre de la loi sur la Famille, et le délire portait sur le « poison » qui serait instillé parmi les écoliers par l’imposition d’une « théorie du genre », obsession imaginaire de ces milieux catholique, pour reprendre les mots de Christian Estrosi.
Rappel des faits :
Le 3 février, le Ministre de l’intérieur, ministre de la police et des cultes, proclame clairement la capitulation du Gouvernement devant un lobby ayant pris goût à la rue et s’érigeant comme seul détenteur des valeurs de la famille et de la société française. Le Ministre indique que tout amendement relatif à la PMA et à la GPA serait bloqué sans même qu’il soit question de débat. Il s’arroge ainsi les prérogatives de la Ministre en charge de la Famille et celles du Ministre chargé des relations avec la Parlement, s’érigeant pour sa part en « principal ministre » comme sous la monarchie.
Le Président du Groupe PS à l’Assemblée nationale renâcle mais est « recadré », comme on dit aujourd’hui, par le Premier ministre qui annonce purement et simplement le retrait de l’ordre du jour de la session parlementaire d’un projet de loi sur la famille par ailleurs intéressant.
Questionnements :
Ces errements formels au regard de pratiques gouvernementales et parlementaires montre la dégradation continue d’institutions à bout de souffle. Les Parlementaires socialistes, élus sur un programme « raisonnablement » progressiste, se trouvent muselés dans leurs éventuelles initiatives. Le PS qui dans l’opposition se gaussait des parlementaires « godillots » voit sans rien dire se renforcer cette pratique de concentration des pouvoirs entre les mains du Président et du « principal ministre ». Faut-il rappeler la rebuffade subie par le Premier Ministre au lendemain de son annonce d’une profonde remise à plat fiscale, ou l’éviction de la Ministre, socialiste, de l’Ecologie défendant son budget, et tout ce que l’on appelle « couacs » et qui ne sont la plupart du temps que une prise de contrôle sur de toute expression personnelle ?
Au-lendemain de cette « folle journée », quelques parlementaires socialistes ont cependant exprimé le désir de représenter sous forme de propositions de loi des segments de la loi de Madame Bertinotti. Nous verrons ce qu’il en adviendra. Car pour ajouter au trouble, le Canard Enchaîné le 5 février qu’une reculade sur la loi Famille était envisagée depuis longtemps. Et le Premier ministre semble cèder du terrain devant la grogne des élus. En tout état de cause, félicitons le Ministre de l’Intérieur d’avoir, par ses déclarations à l’emporte-pièce, donné le crédit de ces positions incertaines à la Manif pour tous qui n’en demandait pas tant !
On rêve !
Mais ce pas-de-clerc n’est pas le seul. Et la chanson du moment devrait être « La défense élastique » lancée par Pierre Dac sur la Radio de Londres « Chaque pas en avant doit être immédiatement suivie de deux pas sur le côté… »http://www.deezer.com/track/13775059.
Les épisodes se succèdent qui vont tous dans le même sens. Les moindres protestations des « pigeons » et autres volatiles sont suivis de reculs du Pouvoir. Les cartons jaunes brandis par le MEDEF à Lyon suffisent à mettre en place ce Pacte de responsabilité, non social-démocrate, mais libéral, que tout le monde a considéré comme un changement radical (ce qui n’est pas évident à nos yeux) de la politique gouvernementale.
En tout cas, ce n’est en rien le « Changement maintenant » pour lequel, nombreux nous nous sommes battus en 2012.
Et pendant ce temps-là, les élus et militants, dans les contraintes électorales et d’appareil qui pèsent sur eux, avalent couleuvres sur couleuvres et font en privé la soupe à la grimace.
Dès lors, on se demande en quoi le cumul des mandats serait un problème dès lors que l’Assemblé ne serait qu’une Chambre d’enregistrement ?
On se demande s’il est moralement possible de maintenir des femmes et des hommes de gauche en situation d’entériner une politique pour laquelle ils n’ont pas été élus et vis-à-vis de laquelle ils sont de plus en plus nombreux à exprimer, à voix plus ou moins haute, des doutes ?
On se demande si les palinodies auxquels se livrent dirigeants et élus EELV et que dénonçait récemment, sur France Culture, Hervé Kempf, peuvent être vraiment « durables » ?
Plus profondément et compte tenu de la crise des institutions souvent évoquée, du décalage entre le Président et l’opinion publique (ce qu’avère les sondages malgré la légère hausse récemment enregistrée) on peut légitimement se demander si la solution ne serait pas purement et simplement une dissolution et un retour aux urnes qui donnerait (ou non) au Président une majorité conforme à ses nouvelles orientations et au changement dans lequel il est désormais engagé.
La démocratie, en gagnant en clarté et en sincérité, s’en trouverait sans doute renforcée.
Mais est-il encore temps ? Mario Soares, militant social-démocrate, un des fondateurs du PS portugais, ancien premier ministre, ancien cacique de l’Internationale socialiste, interrogé par l’Humanité-Dimanche, après avoir constaté : « Mais il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui il n’existe plus ni partis socialistes, ni démocrates chrétiens. Ils ont été détruits ou convertis. Il n’existe plus que des partis ultra-réactionnaires, plus ou moins néo-libéraux et favorables aux marchés » n’hésite pas à mettre en garde : « Il faut mesurer que l’austérité conduit le Portugal, mais aussi l’Europe, sur le chemin de la dictature ».
Faut-il rappeler qu’ Hayek disait qu’il préférait un dictateur libéral à une démocrate qui ne le serait pas ? Rappeler que Maggie Thatcher encourageait Friedmann et les Chicago Boys auxquels Pinochet avait livré le Chili au lendemain de son coup-d’état ?
Peut-on ne pas envisager les conséquences politiques du développement des inégalités, du rétrécissement de l’oligarchie, des pratiques de l’austérité au profit de la finance ?
Peut-on devant la preuve quotidiennement faite de ce que la doxa nous conduit au mur continuer à penser que "There is no alternatives", le TINA thatchérien ?
Une récent sondage internet conduit par le groupe S0S montrait que 70% des personnes ayant répondu affirmaient que l’on ne pourrait sortir de la crise actuelle que par un profond bouleversement des règles. C’est optimiste !
Paul Jorion dans son dernier ouvrage "Misère de la Pensée économique" [2013-Fayard] développe des "solutions" pour endiguer et subvertir le capitalisme financier ; à l’issue de son analyse des mécanismes de la fianance, dont il a été un acteur, ces solutions paraissent évidentes, aussi hérétiques soient-elles. Et à partir de là, l’anthropologue et sociologue crie "There is ALWAYS an alternative"
Il est plus que temps de se rassembler, d’y travailler, de la faire triompher.
Nous sommes loin de la question initiale de la PMA et de la GPA ? pas sûr.
Le 26 janvier, une manifestation baptisée rageusement « Dies Irae » rassemble plusieurs (dizaine de ?) milliers de factieux d’origine diverses, de « Riposte laïque » à Civitas et traverse Paris en vociférant des slogans haineux et de guerre civile qui auraient dû valoir à ses organisateurs des poursuites. Seuls des « casseurs » furent inquiétés.
Une semaine après, le 2 février, des dizaines de milliers de catholiques, accompagnés de quelques autorités d’autres religions, sous l’appellation « la manif pour tous » a poursuivi l’offensive réactionnaire qu’ils avaient menée au printemps dernier (qu’ils qualifient de « français ») en essayant d’imposer par la force le retrait d’une mesure largement accepté par une majorité de citoyens et portée par une très large majorité de parlementaires : le mariage pour tous (on parlera même alors d’une délirante organisation de putsch à laquelle auraient été mêlés des proches de hauts gradés de l’armée dont le chef du cabinet militaire du Président de la République). Cette fois-là la cible était les amendements PMA et GPA que des parlementaires socialistes étaient censés porter dans la cadre de la loi sur la Famille, et le délire portait sur le « poison » qui serait instillé parmi les écoliers par l’imposition d’une « théorie du genre », obsession imaginaire de ces milieux catholique, pour reprendre les mots de Christian Estrosi.
Rappel des faits :
Le 3 février, le Ministre de l’intérieur, ministre de la police et des cultes, proclame clairement la capitulation du Gouvernement devant un lobby ayant pris goût à la rue et s’érigeant comme seul détenteur des valeurs de la famille et de la société française. Le Ministre indique que tout amendement relatif à la PMA et à la GPA serait bloqué sans même qu’il soit question de débat. Il s’arroge ainsi les prérogatives de la Ministre en charge de la Famille et celles du Ministre chargé des relations avec la Parlement, s’érigeant pour sa part en « principal ministre » comme sous la monarchie.
Le Président du Groupe PS à l’Assemblée nationale renâcle mais est « recadré », comme on dit aujourd’hui, par le Premier ministre qui annonce purement et simplement le retrait de l’ordre du jour de la session parlementaire d’un projet de loi sur la famille par ailleurs intéressant.
Questionnements :
Ces errements formels au regard de pratiques gouvernementales et parlementaires montre la dégradation continue d’institutions à bout de souffle. Les Parlementaires socialistes, élus sur un programme « raisonnablement » progressiste, se trouvent muselés dans leurs éventuelles initiatives. Le PS qui dans l’opposition se gaussait des parlementaires « godillots » voit sans rien dire se renforcer cette pratique de concentration des pouvoirs entre les mains du Président et du « principal ministre ». Faut-il rappeler la rebuffade subie par le Premier Ministre au lendemain de son annonce d’une profonde remise à plat fiscale, ou l’éviction de la Ministre, socialiste, de l’Ecologie défendant son budget, et tout ce que l’on appelle « couacs » et qui ne sont la plupart du temps que une prise de contrôle sur de toute expression personnelle ?
Au-lendemain de cette « folle journée », quelques parlementaires socialistes ont cependant exprimé le désir de représenter sous forme de propositions de loi des segments de la loi de Madame Bertinotti. Nous verrons ce qu’il en adviendra. Car pour ajouter au trouble, le Canard Enchaîné le 5 février qu’une reculade sur la loi Famille était envisagée depuis longtemps. Et le Premier ministre semble cèder du terrain devant la grogne des élus. En tout état de cause, félicitons le Ministre de l’Intérieur d’avoir, par ses déclarations à l’emporte-pièce, donné le crédit de ces positions incertaines à la Manif pour tous qui n’en demandait pas tant !
On rêve !
Mais ce pas-de-clerc n’est pas le seul. Et la chanson du moment devrait être « La défense élastique » lancée par Pierre Dac sur la Radio de Londres « Chaque pas en avant doit être immédiatement suivie de deux pas sur le côté… »http://www.deezer.com/track/13775059.
Les épisodes se succèdent qui vont tous dans le même sens. Les moindres protestations des « pigeons » et autres volatiles sont suivis de reculs du Pouvoir. Les cartons jaunes brandis par le MEDEF à Lyon suffisent à mettre en place ce Pacte de responsabilité, non social-démocrate, mais libéral, que tout le monde a considéré comme un changement radical (ce qui n’est pas évident à nos yeux) de la politique gouvernementale.
En tout cas, ce n’est en rien le « Changement maintenant » pour lequel, nombreux nous nous sommes battus en 2012.
Et pendant ce temps-là, les élus et militants, dans les contraintes électorales et d’appareil qui pèsent sur eux, avalent couleuvres sur couleuvres et font en privé la soupe à la grimace.
Dès lors, on se demande en quoi le cumul des mandats serait un problème dès lors que l’Assemblé ne serait qu’une Chambre d’enregistrement ?
On se demande s’il est moralement possible de maintenir des femmes et des hommes de gauche en situation d’entériner une politique pour laquelle ils n’ont pas été élus et vis-à-vis de laquelle ils sont de plus en plus nombreux à exprimer, à voix plus ou moins haute, des doutes ?
On se demande si les palinodies auxquels se livrent dirigeants et élus EELV et que dénonçait récemment, sur France Culture, Hervé Kempf, peuvent être vraiment « durables » ?
Plus profondément et compte tenu de la crise des institutions souvent évoquée, du décalage entre le Président et l’opinion publique (ce qu’avère les sondages malgré la légère hausse récemment enregistrée) on peut légitimement se demander si la solution ne serait pas purement et simplement une dissolution et un retour aux urnes qui donnerait (ou non) au Président une majorité conforme à ses nouvelles orientations et au changement dans lequel il est désormais engagé.
La démocratie, en gagnant en clarté et en sincérité, s’en trouverait sans doute renforcée.
Mais est-il encore temps ? Mario Soares, militant social-démocrate, un des fondateurs du PS portugais, ancien premier ministre, ancien cacique de l’Internationale socialiste, interrogé par l’Humanité-Dimanche, après avoir constaté : « Mais il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui il n’existe plus ni partis socialistes, ni démocrates chrétiens. Ils ont été détruits ou convertis. Il n’existe plus que des partis ultra-réactionnaires, plus ou moins néo-libéraux et favorables aux marchés » n’hésite pas à mettre en garde : « Il faut mesurer que l’austérité conduit le Portugal, mais aussi l’Europe, sur le chemin de la dictature ».
Faut-il rappeler qu’ Hayek disait qu’il préférait un dictateur libéral à une démocrate qui ne le serait pas ? Rappeler que Maggie Thatcher encourageait Friedmann et les Chicago Boys auxquels Pinochet avait livré le Chili au lendemain de son coup-d’état ?
Peut-on ne pas envisager les conséquences politiques du développement des inégalités, du rétrécissement de l’oligarchie, des pratiques de l’austérité au profit de la finance ?
Peut-on devant la preuve quotidiennement faite de ce que la doxa nous conduit au mur continuer à penser que "There is no alternatives", le TINA thatchérien ?
Une récent sondage internet conduit par le groupe S0S montrait que 70% des personnes ayant répondu affirmaient que l’on ne pourrait sortir de la crise actuelle que par un profond bouleversement des règles. C’est optimiste !
Paul Jorion dans son dernier ouvrage "Misère de la Pensée économique" [2013-Fayard] développe des "solutions" pour endiguer et subvertir le capitalisme financier ; à l’issue de son analyse des mécanismes de la fianance, dont il a été un acteur, ces solutions paraissent évidentes, aussi hérétiques soient-elles. Et à partir de là, l’anthropologue et sociologue crie "There is ALWAYS an alternative"
Il est plus que temps de se rassembler, d’y travailler, de la faire triompher.
Nous sommes loin de la question initiale de la PMA et de la GPA ? pas sûr.
Le diktat socialiste en France
La quenelle, quoi ! A ce propos j’ai décidé de donner la parole à un Français normal qui voulait cracher toute son amertume en pleine figure d’un Président normal. Il s’appelle Charles Adrien et il est politologue.
La Voix de la Russie. Le Jour de Colère, les Français se sont prononcés et de façon pacifique, mais M. Valls a déployé un dispositif de sécurité à toute épreuve avec plusieurs bataillons de CRS. En même temps, Monsieur le Ministre a bien voulu se prononcer en dénonçant une droite réunissant des forces sombres destructrices pour la République Française. Qu’en pensez-vous ?
Charles Adrien. Mon opinion personnelle que je vais vous donner : tout d’abord je rappellerai qu’un ministre de l’Intérieur est un ministre de la répression. C’est celui que l’on envoie toujours contre des gens qui ne sont pas forcément les voyous, mais quelquefois ce sont des gens honnêtes qui croient encore que l’on obtient des réussites dans la paix. Nous verrons bien quelle sera la solution. Vous parlez des propos de ce Valls que je me refuse d’appeler « Monsieur » parce que ça se mérite… Pour ce qui est de ce Valls, il ne faut pas oublier qui il est. C’est un héritier des Brigades Internationales Rouges. Il défend une République que maintenant Peillon et toute la bande ont rabaissé au niveau de la Première République : celle-là qui n’oublions pas, avait recours à la guillotine et aux noyades de Nantes, aux exécutions somma ires et au génocide. Alors si c’est ça la République, je ne vois pas pourquoi on aurait de l’amour pour ce genre de pays !
Quand c’était une République au sens de la Res-publica et éventuellement un peu comme sous la Troisième République, on vivait là en liberté. Maintenant la liberté est supprimée tous les jours un petit peu plus ! L’image la plus simple c’est de voir la persécution que l’on fait à ce chanteur qui a inventé la quenelle : Dieudonné. Là on nous annonce que deux petits jeunes avaient été arrêtés… Et c’est tout juste comme si c’était un crime contre l’humanité parce que l’un avait pris en photo l’autre qui faisait la quenelle. Alors où est la liberté ? Vous voyez que l’on n’a plus la possibilité de s’exprimer librement en Gaule ! Ou plus exactement en Hollandie comme dit ProRussia.tv parce que pour moi ce n’est plus la France.
LVdlR. Quel est votre pronostic pour les événements à venir ?
Charles Adrien. Vous savez, ma devise est Carpe diem ! Autrement dit, profitons du jour ! Profitons du temps qu’ils nous ont donné. Quelle saloperie, quel mauvais tour va encore nous réserver l’Amérique ou le Nouvel Ordre Mondial ? Je n’en sais rien ! J’ai peur que l’on ne soit bouffé ! J’ai des amis dans les grandes banques qui me disent que l’on peut être persécuté comme la Grèce ou l’Espagne, etc. Je n’ai pas beaucoup d’espoir… Alors la volonté de Dieu est ce qu’elle est… Ce ne sera pas d’ailleurs la première fois que la France est foutue par terre. Mais les autres fois elle s’est relevée ! J’espère que ces braves gens que je suis de tout cœur vont pouvoir faire chier le monde socialiste ! Mais j’ai peur que – hélas ! – la gentillesse cela ne paie pas. Mais c’est mon avis personnel, je le répète ! Je ne dis pas que j’ai raison. Je note seulement une chose : la France devient un pays qui se soviétise. Tout d’abord cela a été une dictature socialiste, comme l’URSS, ou l’Allemagne national-socialiste ou la République espagnole. Et je rappelle que tous ces régimes qui ont été liberticides et criminels ont toujours déclenché des guerres mondiales. Alors est-ce qu’il faut espérer ou désespérer.. ? Est-ce qu’on peut faire autre chose que prier ? Je ne sais pas et c’est pour cela que je vous dis : « Carpe diem ! » Faisons ce qui est dans nos possibilités ! Défendons chacun notre créneau ! Et puis on essaiera de subsister. Pour ce qui est de la France, de toute façon, il faudra un miracle pour que ça change ! Et on essaie de nous balancer le petit Sarkozy : il ne faut tout de même pas oublier que c’est lui qui est à l’origine de tout cela. Ce n’est plus droite ou gauche. Pardonnez-moi mais si c’est la droite de l’UMPS ; ce n’est pas la droite !
Commentaire de l’Auteur. J’ai comme l’impression que la France navigue dans du yahourt. Ce sentiment d’incompréhension pesante se trouve encore envenimé par l’instigation à la violence propre aux dernières manœuvres gouvernementales. Le mot-clé pour moi est : A quoi bon ? A quoi bon agacer les bonnes gens qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts et boucler les fins de mois? Le Président normal ne comprend-il pas qu’il faut au moins voter le budget de la défense et payer la solde des militaires qui défendent le pays loin de leurs familles et maisons respectives ? Pourquoi fallait-il donc inventer l’histoire de l’écotaxe tout en sachant à quel point les Bretons sont… Bretons ? Je ne crois pas que les énarques aux commandes soient tellement privés de bon sens. Alors force m’est de constater que la logique existe, mais c’est une logique qui marche au détriment de la France, un peu comme celle de Marie-Antoinette qui, pour défendre ses biens et sa famille, n’a pas hésité à faire appel à son bon frère l’Empereur d’Autriche pour qu’il envahisse la France la libérant de « la vermine révolutionnaire ». Cette bonne dame a agi également en toute logique qui s’est terminée en coupe-cigare, bien malheureusement !
Qu’est-ce que nous arrive, Monsieur Valls ?
Cette question, je me la pose tous les matins : qu’est-ce que nous arrive? Pourquoi nous sommes devenus comme ça ? Pourquoi nous sommes obligés de déballer les questions les plus intimes sur la place publique ? Un doute commence à se tortiller dans nos esprits, accompagné d’une très grande question encore… question de sens de ces manifestations. On crie à n’en plus pouvoir… et on ne nous entend toujours pas !
Les pouvoirs ne nous entendent pas.
Il y a un moyen le plus simple de faire taire un adversaire : lui coller une étiquette. Faire dévier la discussion – rien n’est plus simple pour celui qui possède l’art creux du rhétorique. Je suis contre le mariage homosexuel – Tu es homophobe. Je suis contre la procréation médicalement assisté – Tu es rétrograde et conservateur. Je pense toujours que l’histoire du prince charmant qui sauve la princesse est bonne pour mes petits-enfants. – T’es contre l’égalité des chances Prince-Princesse. Je porte un manteau matelassé. - T’es un bourge.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a dénoncé dans « Le Journal du dimanche » l'apparition d'un « Tea Party à la française » et appelle la « droite républicaine » à s'en « démarquer clairement ». Il explique le danger de l’apparition de ce Party et en dénonce sa plateforme « négationniste » Il a raison de pointer du doigt sa fragilité face à la possible récupération par des mouvements extrémistes. Ses attaques font apparaitre clairement que « trop de messages » équivaut « l’absence de message », il vaut mieux séparer le bon grain de l'ivraie.
Ce qui ne voit pas Monsieur Valls, c’est que curieusement, il rejoint là-dessus l'ancienne égérie de la « Manif pour tous », Frigide Barjot, qui a appelé sur BFMTV à ne pas se joindre à la manifestation du dimanche 2 février. Elle a dénoncé une manif fourre-tout aux mots d'ordre radicaux et qu’«on ne peut pas mélanger les droits de l'enfant et la fiscalité » Dans son petite intervention sous la pluie battante de Paris, elle fait référence à la rencontre entre le président Hollande et Pape François, qui ont parlé, entre autres, de la dignité humaine. L’énoncé de Madame dite Barjot est plein de paradoxes : « La dignité humaine ne se défend pas dans la violence et dans les cris C’est pour cela qu’on demande que ça ne soit pas dans la rue, mais à des manifestations pacifiques, manifestations de dialogue » Reste à savoir ce qu’elle sous-entend en parlant de « manifestations de dialogue »
Ce que Monsieur Valls ne voit pas (ou s’obstine à laisser croire qu’il ne le voit pas)… ce qui ne voit pas non plus Monsieur Valls, c’est ce qu’il appelle « le tourment de la société » n’est pas agité par les forces sombres. Encore une fois on retrouve une étiquette bien collée peut faire dévier la discussion, et boucher la voie pour les « manifestations de dialogue » dont s’inquiète tant Madame Frigide Barjot.
En parlant du Jour de colère le ministre a évoqué « une fronde des « anti » : anti-élites, anti-Etat, anti-impôts, anti-Parlement, anti-journalistes... Mais aussi et surtout des antisémites, des racistes, des homophobes... Tout simplement des antirépublicains ». Et, tout de suite après, il a jugé le climat comparable avec celui des « années 1930 ». Curieuse affirmation, surtout si on connait un peu l’histoire de la France. Effectivement, les années 1930 peuvent avoir une certaine ressemblance avec nos jours. La France est lourdement touchée par la crise économique d’après la Grande guerre. Et même si le pays entre assez tardivement dans la crise, dont, apparemment, il a été protégé durant quelques années, la France est touchée par la Grande Dépression en 1931. La crise entraîne une baisse assez longue de la production industrielle, entre les années 1929 et 1935 la production industrielle recule de 25 %. Elle commence plus tard à en sortir, et en 1938 n’a toujours pas retrouvé son niveau de production d’avant la crise. Et là, c’est le tournant assez révélateur : en 1936 la France se dote d'un gouvernement de gauche qui instaure, entre autres de nombreux droits sociaux. La production n’a pas encore remplis les caisses, et on commence déjà à partager les bénéfices… Autre détail similaire est que le gouvernement est impuissant face aux bouleversements européens de l’époque, ce gouvernement a entamé un large politique d'alliance qui ne mène la France nulle part. Non-intervention à la guerre d’Espagne, signature de l’accord de Munich… jusqu’à la collaboration pendant la Seconde Guerre Mondiale et le Gouvernement de Vichy…
Ce n’est peut-être pas le hasard que cette déclaration de Manuel Valls intervient la veille du 60ème anniversaire de la manifestation antigouvernementale du 6 février 1934. C’est peut-être à cet évènement organisé par des groupes de droite et d’associations d'anciens combattants à Paris qu’il pense en parlant de « forces sombres » Mais il est difficile d’associer cette manifestation qui tourna à l'émeute sur la Place de la Concorde faisant 15 morts [et plus de 2 000 blessés, au défilé de la «Manif pour tous», hétéroclite mais pacifiste.
Le contexte est tout autre !
Il ne s’agit pas de provoquer la chute du gouvernement, mais de lui faire entendre la raison. « C'est la France qui est visée dans son idéal », annonce Monsieur Valls, en nous mettant en garde suite aux interpellations lors du Jour de Colère. Mais, visiblement, il n’a pas des mêmes idéaux que ceux de la «Manif pour tous». De tous ceux qui essayent de faire entendre raison, de stopper l’invasion rampante du gouvernement dans le comportement de tous et du chacun, dans l’éducation d’enfants, dans toute sorte de questions…. qui… auparavant… se réglaient tout simplement dans la famille.
Ni Dante, ni Shakespeare, ni Dumas n’ont suivi des cours de sensibilisation à l’égalité de chances, on ne leur a pas « enseigné » que tout le monde a droit d’aimer… Cela ne leur ait pas empêché de créer les œuvres au nom de l’Amour qui vivent dans l’esprit et les cœurs.
Et pourquoi ne pas se préoccuper de ces sentiments qui élèvent, plutôt que coller les étiquettes ?
Qu’est-ce que nous arrive, Monsieur Valls ?
Le tambour et la breloque
Cela pour brosser un tableau horrifiant de la société française qui est tourmentée, selon le ministre, « par les forces sombres de la division ». Manuel Valls explique : « Nous assistons à la constitution d’un Tea Party à la française. S’engouffrant dans la crise de projet et de leadership de la droite, et face au recentrage du Front national, une droite conservatrice et réactionnaire s’est libérée. Avec l’opposition au mariage pour tous, elle a décuplé ses forces ».
C’est là que je me permettrais, cher amis, d’attirer votre attention à cette dernière phrase de M. Valls qui constitue à la fois un aveu involontaire et une explication exhaustive de ce qu’il appelle « une fronde des anti ». En effet, il a tout à fait raison d’affirmer que c’est avec l’opposition au mariage pour tous que cette droite que M. Valls juge « conservatrice et réactionnaire » avait décuplé ses forces.
Soyons objectifs quand même ! Des anti-élites, des anti-impôts, des antisémites et des racistes existaient toujours en France, et cela bien avant l’adoption de la loi sur le mariage pour tous. D’autre part, ce n’est pas pour la première fois que les socialistes sont au pouvoir en France, sauf que François Mitterrand aurait abhorré l’idée même de loi contre-nature qu’un autre François vient d’imposer aux Français. Et qu’on me raconte pas des sornettes comme quoi ceux qui protestent contre cette loi et contre celle sur l’adoption des enfants par des couples homosexuels, ne sont que des homophobes bornés et abjects. Car il n’est pas exclu que si les socialistes français d’aujourd’hui, continuent toujours, en dépit du bon sens, de bafouer la nature au nom de la tolérance et de « la théorie du genre », ils seront un jour bien fichus d’autoriser les mariages entre les zoophiles et leurs chèvres ou levrettes avec, bien entendu, le soutien enthousiaste de nombreuses ligues des droits de l’animal.
Bref, en dénonçant les soi-disant « forces sombres de la division » M. Valls prétend découvrir le pot aux roses, alors que ce pot déjà passablement défoncé se trouve depuis lurette sous le nez des socialistes français.
Reniements, renoncements, changements de cap : quel capital politique reste-t-il encore à François Hollande ?
Si la désertion du PS sur les sujets sociaux et économiques ne date pas d'hier, la récente reculade du gouvernement sur la PMA/GPA représente un sérieux camouflet pour la gauche "culturelle" qui reste convaincue du bien-fondée de son projet de société. Un fait qui diminue encore le bien faible soutien populaire à l'actuel locataire de l'Elysée.
Les récentes déclarations de Manuel Valls confirmant que le gouvernement s'opposerait aux amendements sur la PMA et la GPA ne satisfait pas tout le monde à gauche, Christiane Taubira ayant promis mardi matin sur Europe 1 que ces mesures finiraient par être adoptées. Jusqu'à quel point ce renoncement sur un projet culturel phare du programme de François Hollande peut-il coûter à l'actuelle majorité ?
Jérôme Sainte-Marie : La première conséquence négative est bien entendu d’installer l’image d’un pouvoir faible, prompt à retirer ses projets face à la rue. Ceci entre en résonance avec une perception dominante de l’opinion, installée avant l’élection de François Hollande, et confortée par différentes affaires dont celles de l’écotaxe ou du salaire des enseignants des classes préparatoires. En second lieu, un électorat motivé par les « questions de société », c’est à dire en clair une inflexion libertaire des modes de vie, est indisposé. Ses effectifs ne sont pas infinis, mais il est fortement installé dans les villes-centre et constitue une ressource militante du Parti socialiste. En outre, cela popularise l’idée que tant la PMA que la GPA étaient des projets gouvernementaux, alors même qu’elles sont désapprouvées majoritairement par l’opinion publique.
Si le pacte de responsabilité est approuvé par une majorité de Français, une récente enquête IFOP/Atlantico démontre que seulement 30% de ceux qui se réclament de la gauche considèrent la baisse des charges comme "un facteur déterminant" pour les entreprises. Le "tournant social-démocrate" ne risque t-il pas d'être vu comme une trahison économique pour les anciens électeurs de François Hollande ? Dans quelles proportions ?
Le dévoilement de la politique économique et sociale du gouvernement, dans une logique tout à fait différente du discours de campagne de François Hollande, aura nécessairement un coût politique et électoral. Dans son électorat, la discussion sur le bien fondé de la réduction de la dépense publique est nécessairement biaisée par le fait qu’une bonne partie en bénéficie. Par exemple, les trois quarts des fonctionnaires ont voté au second tour pour le candidat socialiste. En outre, la politique de redistribution génère une forme de clientélisme électoral, ce qui rend tout retour en arrière difficile politiquement. L’inconnue principale réside dans la force qu’aura l’argument de l’emploi, très présent dans le discours présidentiel, et qui pourrait faire accepter cette logique de compétitivité.
Au-delà du Parti socialiste, les alliés du Front de gauche et d'EELV ne sont pas particulièrement enchantés des dernières décisions gouvernementales. Alors que Jean-Luc Mélenchon a demandé à punir le gouvernement lors des prochaines échéances, peut-on dire que le risque de scission à gauche soit bien réel aujourd'hui ?
La campagne des municipales l’illustre, les logiques d’appareil l’emportent, à court terme, sur la cohérence politique. C’est ainsi que l’on voit le Front de gauche divisé à Paris, avec le ralliement des communistes, dès le premier tour, aux listes Hidalgo. Les partis satellisés autour des socialistes sont pour l’heure discrets. L’intérêt électoral d’un accord coûte que coûte avec le PS sera moindre pour les élections européennes, mais lors de ce scrutin les électeurs de la gauche de la gauche ont tendance à plus s’abstenir que les autres. Il faut également mentionner un obstacle idéologique majeur : lorsque les principaux tenants d’une politique de gauche y renoncent ouvertement, la crédibilité de celle-ci est directement atteinte. Par rapport à cela, le thème de la trahison convainc peu les Français.
D'aucuns évoquent l'idée que François Hollande saura malgré tout reconquérir l'opinion à travers une ligne "patriote" et "sociale" d'ici 2017 (voir ici). Un tel revirement pourrait-il permettre de remonter la pente ?
Il y aurait là un paradoxe bien improbable. François Hollande est l’antithèse de Jean-Pierre Chevènement. Très attaché à l’Europe, fervent partisan du oui en 2005, il s’apprête à accentuer une politique bien davantage appréciée à Bruxelles ou à Londres que parmi ses électeurs peu dotés en capital économique ou social. Je crois que l’on sous-estime le choc que constituera la réduction forte et rapide de la dépense publique. Nous entrons dans une période sans précédent depuis la guerre, où l’Etat, dont on critique la difficulté à protéger complètement les Français, va assumer une volonté de moins protéger. Il y aura sans doute, et cela a déjà commencé, une réaction « patriote » et « sociale », mais il est douteux qu’elle puisse être dirigée par un Président ayant affiché une toute autre logique.
La barbarie
La barbarie
Le 4 février 2014, nous apprenons que dans l’Isère, trois adolescents de 12 à 15 ans ont lynché un jeune handicapé mental, Yoan, "pour s’amuser" et diffusé la scène sur Internet. Les atrocités, dans la société française, nous y sommes habitués, enfants et personnes âgées, femmes seules martyrisés, passages à tabac, viols, massacres. Seule une infime partie de la réalité franchit le seuil de l’indifférence et atteint nos oeilles. Pourtant, l’agression violente et gratuite d’une personne handicapée mentale, je ne sais pourquoi, me procure un frisson d’horreur supplémentaire (sans doute parce qu’elle incarne l’humanité en ce qu’elle a de plus fragile). Certes, les auteurs de cet acte sont des adolescents privés de repère, de référence, de notion de l’interdit, des premiers rudiments d’éducation. Mais il y a pire, cette perversité de l’espèce humaine à l’état de nature qui s’exprime sans barrières. La barbarie n’appartient pas seulement au passé, mais aussi sous des formes plus diffuses et diluées, au présent. L’avenir lui ouvre grand les bras, ce bel avenir sans livres, sans morale, sans respect ni compassion, avenir de l’individu roi dès son plus jeune âge, sans dieu ni maître, arbitre du bien et du mal, où martyriser les plus faibles, enfants, malades, isolés, puis diffuser leur martyr sur Internet fera office de loisir suprême. Non, non, je ne suis pas pessimiste, pas du tout, en aucun cas! Je regarde le monde, la vie, les autres, n’ai aucune illusion sur l’homme en général. Réaliste, lucide, c’est tout…
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