dimanche 6 novembre 2011
L'ultimatum d'Eva Joly aux socialistes
L'ultimatum de la candidate écologiste porte à la fois sur la date et le contenu d'un éventuel accord. "L'accord avec le PS doit intervenir avant notre conseil fédéral du 19 novembre. Au-delà du 19 novembre, il n'y a plus d'accord", a-t-elle déclaré sur France 3.
Eva Joly a érigé l'arrêt du chantier de l'EPR, projet de réacteur nucléaire dans la Manche, comme condition sine qua non. "Si François Hollande dit non pour arrêter le chantier de Flamanville, il n'y aura pas d'accord", affirme-t-elle. "Si nous achevons cet EPR-là, nous aurons l'énergie nucléaire pour les cinquante prochaines années, ce qui rend la sortie du nucléaire impossible. Nous voulons sortir du nucléaire", a insisté l'ancienne magistrate.
Dans une interview accordée le 15 octobre à Ouest-France, François Hollande avait déclaré que "si toutes les conditions de sécurité sont réunies, au regard de ce qu'a déjà coûté le chantier et de l'intérêt même de ce réacteur, je proposerai de terminer Flamanville." Le candidat du PS souhaite faire passer la part de l'électricité nucléaire en France de 75 % à 50 % à l'horizon 2025. Un objectif insuffisant pour les écologistes.
Eva Joly est également revenue sur la candidature de Cécile Duflot à Paris pour les élections législatives, jugée "absolument légitime". "Nous ne sommes pas les supplétifs du Parti socialiste. C'est nous qui portons l'avenir", a-t-elle affirmé. Cette candidature complique les négociations entre le PS et EE-LV, qui réclame trois circonscriptions parisiennes sur dix-huit.
>> Lire "Circonscriptions : socialistes et écologistes vont négocier serré sur le cas Cécile Duflot"
UN NÉGOCIATEUR CRITIQUE "LA DÉSINVOLTURE" DU PS
Le négociateur officiel du PS, Michel Sapin, a déclaré qu'"il ne saurait y avoir d'ultimatum sur une date qui a été fixée par les deux partis", rappelant que le PS et EELV avaient "une volonté commune" d'aboutir à un accord à la mi-novembre.
Un peu plus tôt,, Jérôme Gleizes, un des négociateurs écologistes, avait critiqué la "désinvolture" du Parti socialiste. "Le PS a des méthodes particulières de négociation. Michel Sapin s'exprime dans les médias mais ne rencontre pas les négociateurs", a-t-il déploré.
Jérôme Gleizes regrette que la question de l'EPR "paralyse le reste des sujets comme la retraite ou l'aéroport Notre-Dame-des-Landes". "Le temps avance, et il n'y a même pas de début de texte", ajoute-t-il, précisant que "la situation rappelle celle de 2007 où il n'y avait pas eu d'accord".
"Qu’il dégage, mais qu’on garde l’euro!"
En Grèce, le discrédit des responsables politiques, Papandréou en tête, est à la mesure de l’attachement du pays à l’Europe.
Le spectre du retour à la drachme
Pas de centre des impôts pour payer la taxe
Une majorité de Grecs favorables à un gouvernement d'union et à l'euro
Les Grecs sont majoritairement en faveur d'un gouvernement d'union nationale, proposé par l'exécutif socialiste à une opposition de droite réticente, et plébiscitent à près de 80 % l'ancrage dans l'euro, selon trois sondages publiés dimanche par la presse.
Mais au moment où leurs dirigeants mènent des transactions pour tenter de former un gouvernement de coalition pour succéder au premier ministre, Georges Papandréou, poussé vers la sortie par ses troupes et la rue, les Grecs ne sont qu'une petite minorité à leur faire confiance pour sortir le pays de la crise : 43 % ne se retrouvent dans aucun dirigeant selon Ethnos, 52 % ne font confiance à "personne" selon un troisième sondage de Pulse, publié par Elefthéros Typos (droite). Ces sondages confirment aussi l'avance d'environ de dix points de la Nouvelle-Démocratie (droite) de M. Samaras sur le Pasok (socialiste , au pouvoir), avec des intentions de vote d'environ 30 % pour le premier et 20 % pour le deuxième. Mais ces scores ne permettraient pas au premier de disposer d'une majorité absolue au Parlement.
NÉGOCIATIONS
Des négociations vont rapidement débuter en Grèce en vue de former un gouvernement de coalition chargé d'adopter des mesures d'austérité nécessaires à l'obtention d'une aide financière pour éviter au pays la faillite, a déclaré Le premier ministre George Papandréou. Le gouvernement en place se réunira aujourd'hui de manière informelle. Le chef du gouvernement socialiste a rencontré hier le président Karolos Papoulias. Il lui a déclaré qu'un consensus politique était essentiel pour prouver la détermination de la Grèce à rester au sein de la zone euro. Il a jugé que la Grèce devait à tout prix éviter à court terme des élections législatives anticipées qu'aurait précipitées la chute de son gouvernement en cas d'échec lors du vote de confiance.
La zone euro compte rappeler lundi à la Grèce qu'elle ne recevra plus aucun centime sans s'engager clairement à réaliser les économies promises, et va se mettre au travail en parallèle pour renforcer son pare-feu financier visant à protéger si nécessaire l'Italie de la crise. Après une semaine folle où la zone euro a une nouvelle fois failli vaciller, les ministres des Finances de l'Union monétaire doivent se réunir lundi à Bruxelles à partir de 17 heures au sein de l'Eurogroupe.
L’UE l’a bien cherché
Un système qui n'a plus grand chose à voir avec la démocratie
La Grèce engluée dans la quête d'un gouvernement de coalition sans Papandréou
La Grèce est restée samedi engluée dans une crise politique menaçant son maintien dans la zone euro, après le refus du leader de la droite d'oeuvrer à un gouvernement de coalition aux conditions posées par le Premier ministre pourtant prêt à passer la main.
Après avoir arraché dans la nuit la confiance au Parlement, avec le seul soutien de 153 députés socialistes, soit huit voix d'avance, le Premier ministre Georges Papandréou a fait entrer dans le jeu le chef de l'Etat, Carolos Papoulias, auquel il a présenté sa proposition d'un exécutif de transition et de consensus.
Après une nouvelle rebuffade opposée par son rival conservateur Antonis Samaras, M. Papandréou a fait un pas de plus en demandant à M. Papoulias de convoquer les chefs de partis pour les forcer à discuter. Le président recevra M. Samaras dimanche à 11H00 GMT.
Mais aucune convergence de vues n'apparaît entre les deux grands partis grecs au terme de cette cinquième journée du psychodrame politique à rebondissements vécu par les Grecs quasiment en direct à la télévision. Le point d'achoppement reste la réticence de M. Samaras à soutenir les mesures de rigueur dictées par les bailleurs de fonds du pays.
Contesté au sein de ses troupes et confrontée à la fronde de la rue, M. Papandréou n'a accepté de préparer sa sortie que pour permettre un "gouvernement de coopération" qui puisse mettre en oeuvre d'ici au début 2012 le plan européen de désendettement adopté fin octobre à Bruxelles, "condition pour que nous restions dans l'euro".
"L'absence d'un consensus risquerait d'inquiéter nos partenaires européens sur notre volonté de rester dans l'euro", a-t-il mis en garde.
Son porte-parole, Ilias Mossialos, a ensuite stipulé pour la première fois que la Grèce était dans l'obligation de ratifier au parlement "avant fin 2011" le plan de la zone euro, car ses partenaires "n'attendront pas" davantage.
M. Mossialos a aussi reproché à M. Samaras de vouloir "opérer un tri entre ce que nos partenaires nous donnent et ce qu'ils nous demandent", et de vouloir "l'argent européen et la baisse de la dette mais sans partager la responsabilité (...) pour les mesures difficiles qui en découlent".
M. Samaras avait de fait dénoncé plus tôt l'exigence de M. Papandréou qu'il soutienne "avec le plan de Bruxelles, les nouvelles mesures d'austérité". Mais il a souligné "accepter les objectifs de convergence et les réformes structurelles" conditionnant le soutien européen à la Grèce même s'il refuse de "donner un chèque en blanc" en vue de nouveaux sacrifices.
Il a réitéré sa contre-proposition d'organiser des élections anticipées début décembre, y voyant la garantie d'un "retour du pays à la normale".
Une exigence rejetée par M. Papandréou, qui s'efforce de calmer la panique déclenchée en Grèce et dans la zone euro par son projet, entre-temps retiré, de référendum sur le plan européen.
Cette partie de ping-pong risque toutefois de vite lasser partenaires et créditeurs européens. Après s'être laborieusement entendu sur une formule permettant à la Grèce d'effacer un tiers de sa dette et de débloquer de nouveaux soutiens de 130 milliards d'euros en sus des prêts de 110 milliards consentis en mai 2010, ils attendent d'Athènes un strict respect de ses engagements.
D'autant que la Grèce négocie, pour garder la tête hors de l'eau, le déblocage d'ici fin février d'un premier soutien massif de 80 milliards dans le cadre de l'accord de Bruxelles, comme l'a rappelé le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos qui doit participer au conseil de l'Eurogroupe prévu lundi à Bruxelles.
A sa sortie du bureau de M. Papoulias, M. Papandréou s'est d'ailleurs entretenu avec ce ministre-clé et ex-rival malheureux, que des médias grecs citent comme un candidat possible à la direction d'un nouvel exécutif. Il a également convoqué une réunion ministérielle pour dimanche dans la soirée.
Selon M. Papandréou, le mandat d'un gouvernement de consensus sera de sauver le pays de la faillite et de l'ancrer dans l'euro en sécurisant aussi d'ici au 15 décembre le versement d'une tranche vitale (8 milliards d'euros) de prêts européens.
Samedi, seules deux petites formations de droite dissidentes de la Nouvelle Démocratie -le parti d'extrême droite Laos de Georges Karatzaferis et l'Alliance démocratique de la libérale Dora Bakoyanni- s'affirmaient prêtes à jouer le jeu, avec un renfort potentiel d'une vingtaine de députés mais un capital de légitimation politique réduit.
"Prenez Papandreou, prenez Samaras ce sera pareil", estimait dans la matinée le retraité Takis Haralambos, en faisant ses courses aux halles d'Athènes. Selon lui, M. Samaras ferait mieux d'ignorer le consensus, car "ce n'est pas lui qui a signé les accords avec Merkel et Sarkozy".
Le PS fustige l'interview TV Sarkozy/Obama
« Ce qu'a révélé cette émission au-delà de la communication, c'est de bonnes intentions - ça a été même un catalogue -, mais peu de traductions concrètes. Ne serait ce que sur le seul cas de la taxe sur les transactions financières, qui a été présentée comme un objectif commun, (...) il n'y a ni engagement précis, ni calendrier, ni même instrument qui pourrait être appliqué de la même façon aux Etats-Unis et en Europe », a déploré le candidat socialiste à la présidentielle. Il estime que les deux chefs d'Etat qui venaient faire le compte-rendu du G20 « ne pouvaient pas dire autre chose ». Selon lui, le sommet qui s'est tenu à Cannes pour tenter de remédier à la crise de l'euro « n'a en définitive rien changé à la condition de vie ni des Américains ni des Européens ».
"On aurait voulu..."
De son côté, Pierre Moscovici a critiqué également une « opération de communication ». Sur France Info, il a déclaré : « Je me réjouis qu'on célèbre l'amitié franco-américaine, en même temps l'aspect électoraliste de la démarche, l'intérêt pour le président de la République, n'aura échappé à personne », a-t-il ajouté. « On aurait voulu que des avancées se fassent sur la régulation financière il n'y en a pas. Il était prévu de débattre de la croissance, on n'en a pas parlé. Les Chinois ont fait de très vagues concessions sur la flexibilité de leur monnaie, le yuan, mais ils sont restés spectateurs, c'est normal on s'est mis complètement entre leurs mains », a-t-il notamment détaillé."Se passer de la pommade sur le dos"
Parmi les premiers à réagir, les communistes n'ont vu dans cet exercice que deux dirigeants « se passer de la pommade sur le dos ». « Cette interview n'ayant pour but que de donner un ''coup de pouce'' à Nicolas Sarkozy pour sa campagne est parfaitement indécente! », a fustigé le PCF. « Il y en a marre de cette propagande », a lancé Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, à propos de la « leçon » télévisée de Nicolas Sarkozy « avec son nouvel ami Obama ».Face aux journalistes David Pujadas et Laurence Ferrari, les deux chefs d'Etat se sont tour à tour couverts d'éloges. Barack Obama a salué le « dynamisme » et le « leadership » de Nicolas Sarkozy sans lesquels « on n'aurait pas pu réussir en Libye, de même qu'en Afghanistan ». Ce dernier a rétorqué : Barack Obama est « un homme que l'on peut convaincre », « un homme courageux » avec qui il a « plaisir à travailler ».
Grèce : retour sur une semaine de chaos politique
Quatre jours après être rentré du Sommet de Bruxelles, le premier ministre grec George Papandréou avait annoncé inopinément qu'il soumettrait à référendum l'accord européen historique du 27 octobre. Une annonce calamiteuse, qui provoqua la panique des marchés, la stupéfaction des chefs d'Etat et de gouvernement européens, la colère de la population comme de l'élite politique grecque. Contesté au sein de son propre parti (le Pasok, socialiste), Papandréou dut renoncer jeudi à son projet baroque de consultation populaire. L'urgence aujourd'hui pour la Grèce est d'obtenir le versement de la sixième tranche (huit milliards d'euros) du prêt exceptionnel consenti en mai 2010 par l'UE et le FMI, et pas de se plonger dans une période d'incertitude électorale.
La droite exige la démission de Papandréou
Après avoir habilement laissé courir des rumeurs sur son éventuelle démission, et susciter l'éclosion d'ambitions suprêmes - et bien sûr rivales - au sein du Pasok, Papandréou a su reprendre la main vendredi, pour obtenir dans la nuit un vote de confiance du Parlement en sa faveur (153 voix pour, 146 contre). Dans son discours précédent le vote, le premier ministre s'était engagé à travailler à la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui serait ensuite capable d'obtenir l'approbation du plan européen par une majorité qualifiée du Parlement grec.Samedi, en milieu de journée, Papandréou s'est donc rendu chez le Président de la République hellénique (doté de pouvoirs plus symboliques que réels, à l'image des présidents allemand ou italien), pour lui demander de convoquer les chefs de parti en vue de la constitution d'une grande coalition. Mais Antonis Samaras, le leader du grand parti d'opposition Nouvelle Démocratie (centre droit) a ensuite déclaré publiquement qu'il exigeait la démission préalable de Papandréou, à ses yeux trop décrédibilisé pour prétendre former un tel gouvernement d'union nationale. Se rendant compte qu'il n'avait aucune chance d'obtenir la démission de Papandréou, le leader de l'opposition a réclamé ensuite la tenue immédiate d'élections anticipées, une proposition que le Pasok estime «irresponsable» dans les circonstances présentes.
Papandréou parviendra-t-il néanmoins à gagner l'adhésion de plus petits partis et à élargir ainsi son assise parlementaire ? Il est trop tôt pour le dire. Pour le moment, il a réussi à sauver son siège. L'important désormais pour les leaders européens est que le Parlement grec adopte le plan de sauvetage du 27 octobre, et, constitutionnellement, une majorité simple y suffirait. Ensuite, il faudra que le pays applique les mesures de rigueur qui lui ont été demandées. Faute de cela, la Grèce n'aurait plus que l'option de quitter la zone euro, une éventualité que 70% des Grecs jugent aujourd'hui catastrophique…
« Au moins, Merkel et Sarkozy travaillent »
Est-on sorti de cette crise grecque ?
MICHEL ROCARD. Probablement pas. Il ne suffit pas d’avoir renoncé au référendum pour que tout redevienne normal.
On saura si on en est sorti s’il n’y a pas de défaut grec dans les quinze jours qui viennent. Mais le résultat, c’est qu’on demande à la Grèce de diminuer le niveau de vie de tous ses habitants de 20%. Il est évident qu’un gouvernement démocratiquement élu ne peut faire ça. J’ai beaucoup réfléchi à l’attitude de Papandréou et un détail a échappé à beaucoup de monde : il vient de changer l’essentiel de la composition du haut commandement militaire. Cela veut donc dire que la question du maintien de l’ordre dans le pays est un problème sérieux. A Athènes, on réfléchit au rôle que devra jouer l’autorité militaire.
Vous regrettez que Sarkozy et Merkel aient fait pression sur Papandréou pour qu’il abandonne son référendum ?
Cela a agacé mesdames et messieurs nos dirigeants politiques et ça a perturbé leur soigneux calendrier qui voulait que la Grèce soit derrière eux au moment où ils entraient dans le G20. On a déstabilisé, décrédibilisé Papandréou. Il aurait fallu l’aider à être l’homme de la situation plutôt que de lui compliquer la vie. Qu’est-ce qu’on fait derrière? Qui va diriger la Grèce? Nous allons nous trouver devant une situation de blocage politique terrible. Georges Papandréou est un ami, je le respecte. C’est le fils d’un ancien Premier ministre grec, mais il est beaucoup moins populiste et beaucoup plus sérieux que n’était son père. C’est un grand seigneur d’une certaine façon.
Le tandem Merkozy, comme l’appelle la presse européenne, a-t-il bien géré la crise ?
Au moins, le tandem franco-allemand travaille et cherche une solution, dont naturellement chacun veut qu’elle soit compatible avec ses intérêts nationaux. La situation générale des liquidités mondiales est telle que, s’il y a un défaut de paiement à l’intérieur de la zone euro, il y aura un mouvement spéculatif torrentiel. Ce sont les mêmes banques qui ont des créances en Grèce, en Italie… Or, on ne distingue pas les créances quand la panique s’en mêle! M. Sarkozy et Mme Merkel essaient de colmater les brèches. Jusqu’à présent, ils y arrivent en partie.
Vous paraissez peu critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy…
Le président Sarkozy est un homme dont on a mesuré l’impulsivité et une certaine discontinuité. Donc ce président a des faiblesses considérables. Dans son bilan, ce qu’il a fait sur la scène financière internationale est ce qu’il y a de mieux. Mais ça ne suffit pas.
Avec la crise, le projet du PS et de son candidat, François Hollande, vous paraît-il réaliste ?
Non, si on doit y voir une prévision sur l’avenir. Mais ce qu’il a de réaliste, c’est de mettre l’accent sur les choses fortes : nous ne pouvons pas sortir de cette crise en retrouvant la même croissance qu’avant, ni en rythme ni en contenu. Trop de gaspillage, trop de consommation de produits fossiles énergétiques, trop de déchets, trop de gaz à effet de serre… Nous avons besoin d’écologiser nos modes de vie.
Etes-vous favorable, comme les écologistes, à une sortie du nucléaire ?
Non et François Hollande doit tenir bon face à eux. La folie post-Fuku- shima a été grande. Le fait qu’un accident nucléaire soit intolérable et scandaleux n’implique pas qu’on cesse de réfléchir. La renonciation au nucléaire pour revenir à plus de charbon, c’est n’importe quoi. J’aurais tendance à me battre pour que toutes nos académies des sciences nous fournissent des indices de dangerosité. Et qu’avec cela on puisse sereinement choisir l’énergie la moins dangereuse.
Mme Lagarde : "Nous soumettrons l'Italie de Silvio Berlusconi au test de la réalité"
Est-ce que le report des nouveaux moyens financiers pour le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n'est pas dommageable ? C'est à lui de mettre en œuvre les décisions de l'accord de Bruxelles du 27 octobre. Il a décidé d'accélérer le pas pour pouvoir solliciter une augmentation de ses moyens auprès des Etats et des acteurs privés. Nous travaillons avec lui sur les pays européens, mais le FMI ne prête qu'à des Etats.
Les droits de tirage spéciaux (DTS) des pays européens seront-ils placés dans ce Fonds ? Ils ont la faculté de le faire.
La Grèce s'en sortira-t-elle ? Laissons retomber la poussière des événements de ces derniers jours. Il nous faut plus de clarification politique pour pouvoir poursuivre nos déboursements et nos programmes.
Mais la Grèce ne sera-t-elle pas à court d'argent mi-décembre ? Elle aura clarifié sa situation politique d'ici là.
Peut-on éviter une nouvelle récession ? Nous nous trouvons dans une configuration dangereuse où se combinent des prévisions de croissance révisées à la baisse et des taux de chômage jamais atteints, même si l'on constate une éclaircie aux Etats-Unis. Un cercle vicieux s'est installé, fait de croissance réduite, de rééquilibrage budgétaire qui freine la reprise et d'indécision politique. Ce G20 a eu le mérite de montrer une détermination collective pour rééquilibrer les politiques, grâce à un cadre pour la croissance validé par ses vingt membres et doté d'un plan d'action.
La Chine, qui dispose d'excédents, en fait-elle assez pour soutenir la conjoncture ? La réduction de l'excédent de sa balance extérieure est en cours. Encore faut-il analyser le phénomène : tient-il à l'augmentation de la consommation domestique et de l'investissement ? En tout cas, la Chine va dans la bonne direction.
A-t-elle accepté, comme le bruit en a couru, de laisser s'apprécier plus vite son yuan ? Là aussi, les choses progressent.
Le sommet de Cannes est-il un échec ? Je rapporte de ces deux jours une liste considérable de travaux pour le FMI. Certains sont en cours, comme les programmes en faveur de l'Irlande, du Portugal ou de la Grèce. L'Italie nous a demandé de travailler avec elle sur un monitoring de sa politique budgétaire et de ses réformes. Je vais y envoyer tous les trois mois une équipe composée sans doute de cinq ou six spécialistes. Nous publierons leurs rapports sur ces questions. Nos missions sont aussi de long terme. L'ensemble des pays du G20 ont déclaré leur détermination à assurer des ressources suffisantes au Fonds et notre conseil d'administration travaille sur les modalités.
Autre projet : un nouvel instrument financier pour répondre à la demande des pays solides, mais qui subissent des chocs externes. Le G20 l'a endossé dans son principe et je le soumettrai à mon conseil d'administration fin novembre. Ce mécanisme n'est pas destiné à l'Italie ou à d'autres pays de l'eurozone. Nous comptons plutôt l'utiliser, si besoin est, dans d'autres zones, comme l'Amérique latine ou l'Asie par exemple. Enfin, le G20 a validé le rôle du Fonds en matière de surveillance des déséquilibres nés des politiques des grands pays. Clairement, le FMI est désigné comme le gardien de la stabilité.
Je repars donc de ce G20 avec un plan de travail et des ressources.
A Londres, en 2009, il avait été décidé un abondement de 500 milliards de dollars (362milliards d'euros) pour le FMI… Je considère que j'ai obtenu une promesse d'augmentation de nos moyens qui s'adaptera aux circonstances. C'est tout ce qu'il me faut.
Aider davantage la Grèce ? Une majorité de Français y sont opposés
La Grèce commence à donner le tournis aux Français. Une majorité désapprouve (63 %) l'augmentation de la contribution financière française à hauteur de 15 milliards d'euros dans le cadre du plan d'aide à la Grèce, selon un sondage Ifop pour Dimanche Ouest-France.
La France a prêté à la Grèce 11,5 milliards d'euros, ce qui lui a rapporté 200 millions d'euros d'intérêts, avait déclaré le président de la République Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée le 27 octobre.
Les personnes âgées de 65 ans et plus sont en majorité favorables au plan de sauvetage avec 54 %, tout comme les sympathisants UMP (55 %) et MoDem (60 %) et les cadres supérieurs (48 %). Les classes moins aisées comme les ouvriers et les employés y sont clairement moins favorables avec respectivement 26 % et 23 % d'avis favorables, tout comme les sympathisants du Front national avec seulement 14 %.
Enfin, 89 % des Français estiment que "l'argent prêté à la Grèce est de l'argent perdu, parce que la Grèce ne pourra pas rembourser", un chiffre en augmentation de deux points par rapport à septembre dernier. Mais en même temps, ils sont 89 % (cinq points de mieux qu'en septembre) à estimer que "les difficultés de la zone euro vont s'accroître dangereusement si le problème de la dette grecque n'est pas réglé".
LA SORTIE DE LA ZONE EURO, MAUVAISE POUR LA GRÈCE
Une enquête menée par TNS Sofres et Mediaprism pour iTélé indique qu'une courte majorité de Français (54 %) soutenait le référendum sur le plan de sauvetage de la Grèce, avant l'annonce de son annulation au motif "qu'il est normal que le peuple grec se prononce sur des mesures qui l'impacteront directement", contre 45% qui estimaient qu'au contraire "cela aurait été une mauvaise chose car un vote négatif aurait mis en péril l'ensemble de la zone euro ".
Selon cette enquête, les Français sont aussi très partagés sur les conséquences pour l'UE d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro : 51 % estiment que ce serait "une bonne chose", contre 47% d'avis contraire. Une majorité (62 %) estime que la sortie de la zone euro serait "une mauvaise chose" pour la Grèce.