TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 19 avril 2011

La mondialisation… quand ça m'arrange

Maintes philosophies plaident pour une abolition des frontières. Les libéraux, sur le plan économique, appellent ça la mondialisation. Peu importe de fabriquer mon produit en France ou en Chine, du moment que ça me coûte le moins cher possible. L'universalité se retrouve chez certaines grandes religions, qui prônent la paix et l'égalité entre les Hommes ; et également chez les plus anarchistes des utopistes comme Fourier ou Proudhon, en quête d'une harmonie universelle. Quand on passe de la théorie à la pratique, il n'y a plus personne. Se lamenter sur le sort des pauvres Tunisiens opprimés, c'est facile sur le papier. Mais les accueillir et leur offrir le gîte, le couvert et un peu d'espoir, c'est une autre paire de manches. C'est vrai que déraciner des peuples entiers n'est pas une solution durable et que l'intégration de grands flux migratoires a toujours posé problème. C'est aussi pour y remédier que l'Europe avait imaginé les accords de Schengen sur la libre circulation des biens et des personnes. Si l'Italie a accordé des visas en bonne et due forme à des dizaines de milliers de Tunisiens, la France se doit de les accueillir. Sauf si elle décrète qu'il y a risque de troubles à l'ordre public. Sauf si elle juge qu'il est « trop facile d'être généreux avec le territoire des autres », selon Christian Estrosi, député-maire de Nice qui a, pour le moment, échappé au « train de la dignité ». Avec l'assentiment de Bruxelles. Et quitte à créer l'incident diplomatique avec l'Italie - dont la presse parle du choc de deux populismes - car dans le train de Vintimille, il y avait aussi des citoyens européens d'Italie. Une belle démonstration du passage de la théorie des bras ouverts à la pratique du repli sur soi identitaire et sécuritaire. Et si on partait en vacances en Tunisie ?

Alain Juppé "tout à fait hostile" à l'envoi de forces sur le terrain en Libye

Le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Axel Poniatowski, a réclamé lundi à l'OTAN l'envoi de forces spéciales au sol pour éviter "l'enlisement", mais le chef de la diplomatie, Alain Juppé, s'est de nouveau déclaré mardi 19 avril "tout à fait hostile" à un tel déploiement sur le terrain.

Le ministre estime qu'il revient à la rébellion d'assurer le guidage des chasseurs-bombardiers de l'OTAN. "Il appartient au Conseil national de transition (CNT) et ses troupes de faire ce travail. (...) Ils peuvent jouer ce rôle sans qu'il soit nécessaire de déployer des forces au sol", a-t-il insisté.

La Grande-Bretagne a, quant à elle, décidé de dépêcher une équipe de "militaires expérimentés" auprès du CNT. Selon le Foreign Office, elle devra "conseiller le CNT sur la façon d'améliorer ses structures d'organisation militaires, ses communications et sa logistique, ainsi que sur les meilleurs moyens de distribuer l'aide humanitaire et l'assistance médicale". Les militaires britanniques, poursuit-il, "ne seront pas impliqués dans l'entraînement ou l'armement des forces d'opposition" et "ne participeront pas à la préparation ou à l'exécution d'opérations du CNT".
FRAPPES SUR TRIPOLI, AZIZIYE ET SYRTE
L'OTAN a annoncé avoir effectué des frappes "multiples" contre des centres de commandement des forces kadhafistes, y compris dans la région de Tripoli, dans la nuit de lundi 18 à mardi 19 avril. Les cibles visées comprennent notamment "des infrastructures de communication utilisées pour coordonner des attaques contre des civils et le quartier général de la 32e brigade (de l'armée libyenne), situé à 10 kilomètres au sud de Tripoli", a précisé l'Alliance atlantique dans un communiqué.

"L'OTAN continuera sa campagne visant à affaiblir les forces du régime de Kadhafi qui sont impliquées dans les attaques en cours contre des civils", a déclaré le commandant en chef de l'opération protecteur unifié, le général Charles Bouchard, cité dans le communiqué. L'agence officielle libyenne Jana avait indiqué, peu avant, que l'Alliance avait mené des frappes mardi matin sur Tripoli, Aziziye et Syrte, ville natale du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi.

Le point d'indice des fonctionnaires encore gelé en 2012

Le point d'indice sur lequel est calculé le salaire des fonctionnaires français sera gelé en 2012 comme en 2011, au nom de la nécessaire réduction des déficits, a annoncé mardi le gouvernement.
Le ministre du Budget et la Fonction publique, François Baroin, a toutefois assuré que le pouvoir d'achat des fonctionnaires continuerait de progresser de manière "raisonnée" grâce à des augmentations individuelles.
"La situation des finances publiques ne permet pas d'avoir du grain à moudre pour l'année prochaine", a-t-il dit à des journalistes après une rencontre avec les syndicats. "Nous avons réduit nos déficits mais ils sont encore importants."
Le point d'indice représente moins d'un quart de l'évolution du pouvoir d'achat des fonctionnaires, qui a progressé de plus de 10% depuis 2007, a ajouté François Baroin.
Selon le ministère, la rémunération moyenne dans la fonction publique d'Etat devrait augmenter cette année de 3,2% en euros courants, après +3,7% en 2009 et +3,5% en 2010.
En tenant compte de l'inflation, le pouvoir d'achat moyen a progressé de 3,6% en 2009 et 2,0% en 2010, estime-t-il.
"On voit bien que toutes les mesures qui sont hors point d'indice comptent maintenant beaucoup plus que le point d'indice", a dit le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron.
Déçus par le gel du point, les syndicats se réuniront le 28 avril pour décider de leur réponse.

"Nous savons que les personnels sont très déçus et nous ne pourrons pas ne pas être à la hauteur de la déception", a prévenu Brigitte Jumel, responsable CFDT. "Il n'y a pas eu ce matin l'ombre d'une négociation."
Pour Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, "ce qu'on nous propose, c'est une politique salariale au mérite".
"Aujourd'hui, c'est travailler plus pour gagner moins", a-t-elle ajouté, en parodiant un slogan utilisé par Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle en 2007.
François Baroin a évoqué devant la presse les sacrifices imposés aux agents publics en Espagne, en Italie, au Portugal et en Grande-Bretagne pour montrer que la France traitait bien ses fonctionnaires malgré les fortes tensions sur les dettes publiques et Europe et dans le monde.
"Regardez les menaces qui pèsent actuellement sur l'économie américaine", a-t-il dit, en citant la révision de stable à négative de la perspective sur la dette américaine par Standard & Poor's.
Le gouvernement français réduit depuis 2007 le nombre des fonctionnaires, qui dépasse cinq millions, en ne remplaçant qu'un départ en retraite sur deux.
Le programme de stabilité de la France pour 2011-2014 prévoit la suppression d'environ 30.000 emplois (en équivalents temps plein) supplémentaires l'an prochain, pour atteindre le total de 150.000 en moins sur la période 2007-2012.

Le commentaire politique de Christophe Barbier




Lentement, le pays s’effiloche

Nouvelles mesures d'austérité annoncées d'un côté, rumeurs persistantes de restructuration de la dette - et donc de faillite du pays – de l'autre : le choix qui s'offre aux Grecs accompagne une sorte de déliquescence de l'Etat, s'inquiète un éditorialiste. 

Pour le citoyen moyen, le pullover a commencé à s'effilocher. Les signes sont partout. A Corinthe, où 20 chauffards ont investi sans aucune difficulté un commissariat pour faire sauter leurs amendes. A Pérama, où des syndicalistes ont retourné une voiture de police avec des policiers à l’intérieur. A Kératéa où, depuis des mois, se tient une guérilla contre la police, où l’Etat se montre incapable de réagir [les habitants s'opposent à la construction d'une décharge d'enfouissement des déchets].
Aux péages et sur la place de la Constitution [au cœur d’Athènes], où le collectif "Je ne paie pas" agit en toute impunité et prend en otage ceux qui ne veulent pas violer la loi. A Patras, où des encagoulés s’en prennent à un prix Nobel de 80 ans [James D. Watson, prix Nobel de médecine en 1962].
Mais il ne s’agit pas là seulement de violence et d’anarchie. A DEI, [la compagnie nationale d'électricité], la découverte de dons de millions d’euros à une filiale a révolté les syndicats. Dans l’enseignement supérieur, la notification par un "comité des sages" nous indiquant que nous dépensons plus pour un étudiant que le reste de l’Europe, a été accueillie avec des menaces de fermetures d’universités par les professeurs.

Un climat de confusion incroyable

Et dans la santé, où nous dépensons autant que les Etats-Unis, les médecins ferment les hôpitaux aux patients en prétextant un manque de lit et de matériel pour les soigner. Heureusement, dans ce cas-ci, le ministre a immédiatement engagé une procédure disciplinaire. Quant au secteur public, les salariés les mieux payés font des grèves perlées.
Le résultat est que la troïka [FMI-BCE-UE] réalise que le mécanisme de perception d’impôt est pire que celui qui était en place avec les élections de 2009 ! Et tout ceci dans un climat de confusion incroyable dont la plupart du temps les acteurs sont les ministres.
Par exemple, le ministre de la Protection du citoyen qui, après quelques succès comme l’arrestation de membres d’organisation terroristes, a décidé de suivre la méthode de son prédécesseur et refuse de prendre ses responsabilité. De même pour la ministre de l’Environnement qui, jusqu’à présent, n’a rien trouvé à nous dire sur ce que signifie pour l'absence de décharge publique à Kératéa.

Les hôpitaux pourraient bel et bien fermer

Cette même confusion existe dans l’économie, avec des cadres du PASOK [le Parti socialiste au pouvoir] qui flirtent avec la restructuration de la dette, et montrent ainsi qu’ils ne comprennent pas la non concordance de notre problème et de la réalité face à laquelle nous sommes confrontés en Europe et aux marchés.
Parce que, bien évidement, les technocrates de la troïka nous menacent de livrer un avis négatif sur le versement de la quatrième tranche du prêt de 110 milliards d’euros – et si cela ce produisait, la question de la restructuration n’aurait plus aucun sens. Ce dilemme, le Premier ministre George Papandréou l’a encore posé dans son discours en Conseil des ministres [le 15 avril, quand il a annoncé de nouvelles mesures d'austérité].
Ces derniers jours, nous entendons donc les scénarios évoquant l’avenir proche si nous acceptions la restructuration pour le bien du peuple : les administrations n’auraient pas d’argent pour payer les salaires, les hôpitaux fermeraient bel et bien par manque de médecins et de matériel.
Le sondage de To Vima d'aujourd'hui montre qu’une grande partie de l’opinion publique, malgré les problèmes, malgré la déception envers gouvernement, continue de partager ces préoccupations. Il est donc temps que le PASOK, les ministres et les députés comprennent. Il n’y a pas de retour en arrière possible, seulement en avant…




Rumeurs

Démentie, la restructuration de la dette se prépare

Démentie, la restructuration de la dette se prépare Le gouvernement grec a "demandé au FMI et à l’UE la restructuration de l’ensemble de la dette publique grecque", assure Eleftherotypia. Selon le quotidien athénien, "la procédure devrait être discutée en juin pour être appliquée en 2012". La demande aurait été formulée par le ministre des Finances Georges Papaconstantinou lors de la réunion informelle des ministres des Finances de l'UE début avril, et lors de la visite des experts de la troïka FMI-BCE-UE, début avril. "Les démentis autour de la restructuration de la dette sont justifiés, explique le quotidien, car ce genre d’information ne s’annonce pas en amont. Un haut représentant du FMI, se confiant à Eleftherotypia, a affirmé que les démentis continueront jusqu’au dernier moment", précise le journal.

L'Europe des populistes


C'est désormais une tendance lourde. Elle se confirme à presque chaque élection depuis deux ans. La vague populiste grandit en Europe au rythme de la crise. Après les Pays-Bas, la Hongrie, la Suède, le Danemark, la Suisse... c'est au tour de la Finlande d'être touchée. En multipliant son score électoral par cinq, le parti des « vrais Finlandais » rejoint un club de moins en moins fermé et de plus en plus bruyant.

De pays à pays, des distinctions seraient nécessaires pour décrire ce phénomène qui mêle tout à la fois sanction de la classe politique, rejet de la mondialisation, peur des conséquences sociales de la crise. Mais ces mouvements ont tous en commun au moins deux ennemis : l'Europe et l'étranger. Le premier, l'Europe, étant bien sûr, aux yeux de ces « vrais populistes », responsable de la prétendue invasion du second, l'étranger.

En période de crise économique, ces mécanismes de réaction n'ont rien de très surprenant. Les exemples fourmillent dans le passé. À tel point que l'esprit court aisément au souvenir des années 1930, avec la peur, aussi mal dissimulée que sans doute exagérée, de voir le film se répéter.

Il est vrai que cet échafaudage en perpétuelle construction qu'est l'Union européenne y met du sien, beaucoup même, pour s'attirer les foudres des nouveaux tribuns nationalistes. Sur trois sujets majeurs, à savoir la défense de la monnaie unique, l'intervention en Libye et la gestion de la question migratoire, l'Europe est divisée.

La partie de ping-pong que Paris et Rome jouent depuis quelques jours sur le dos des migrants tunisiens en fournit un nouvel exemple. S'il ne s'agissait pas d'êtres humains, il y aurait quelque chose de cocasse. Les deux pays ne discutent pas, ensemble, des moyens de gérer les répercussions de la révolution tunisienne et du conflit libyen, mais tentent de se « refiler » le problème.

Pour quelles raisons ? Essentiellement, des motifs électoralistes. Cantonale, régionale, législative ou présidentielle, qu'importe le scrutin. À Londres, Rome, Paris ou Berlin, il s'agit, surtout, de ne pas froisser l'électeur dont dépend la survie politique du gouvernement. Non pas celle de Catherine Ashton, mais des gouvernements qui l'ont nommée. Même la Belgique, incapable de former un gouvernement, retrouve du nerf pour menacer de fermer ses frontières.

Si la peur a changé de camp à Tunis ou au Caire, en Europe, elle gagne du terrain. En dépit de son PIB, le premier au monde. De son système de protection sociale, si enviable. De son cadre juridique, si riche en garanties pour les droits de la personne. Ces évidences sont devenues presque invisibles dans le débat public, et c'est là un premier succès du populisme. On a plus peur à Helsinki qu'à Carthage.

Or, la question migratoire est un enjeu considérable. International par nature. Aucun pays européen ne peut régler seul un phénomène d'une telle dimension. En matière d'immigration, l'angélisme et le populisme sont les meilleurs moyens de ne pas résoudre la question. Résoudre, c'est-à-dire réguler, ce qui impose des contrôles mais exige aussi d'investir politiquement, économiquement, sur l'autre rive de la Méditerranée. Le plan Marshall ne fut pas une oeuvre de charité, mais un investissement économique pour les États-Unis, alliant pacification et développement. Un projet, en somme. Pas un repli.

Le droit, l’impuissance et la honte

D’un point de vue juridique, en appliquant les accords de Schengen à la lettre, en invoquant des troubles à l’ordre public, la France était dans son droit en bloquant, dimanche, les trains de Vintimille. Cependant, quelle situation ridicule dictée par une de ces décisions intempestives devenue une spécialité du gouvernement français !

Une situation d’autant plus ridicule qu’hier, avec une soixantaine d’euros en poche, des migrants tunisiens ont pu passer la frontière munis de leur visa Schengen délivré par l’Italie... tandis que d’autres moins nantis étaient refoulés, quelquefois menottés comme des criminels. Une image qui fait honte quand on sait comment Paris avait réagi à la révolution tunisienne en soutenant trop longtemps le régime Ben Ali. En oubliant qu’au Maghreb, le Maroc et la Tunisie sont de loin les pays les plus francophiles et les plus francophones. Pour combien de temps encore ?

Certes, l’attitude de l’Italie en accordant 22 000 visas pour « désengorger » ses camps de réfugiés n’est pas « européenne », dans le sens de Schengen. Et le torchon brûle depuis des semaines entre Paris et Rome, ce qui n’arrange rien. Le journal «La Repubblica» résume ce climat malsain en dénonçant «deux populismes qui s’affrontent», un exécutif français qui se «droitise» à un an de la présidentielle en voyant s’envoler le Front National... et un gouvernement Berlusconi soutenu par un parti ouvertement xénophobe (la Ligue du Nord) projetant des écrans de fumée pour fuir un scandale après l’autre. Toutefois, à la décharge de l’Italie, il est aberrant de ne pas tenir compte de sa position géographique avec Lampedusa face à l’Afrique du Nord. Que les «boat people» débarquent sur cet îlot, du moins ceux qui n’ont pas péri noyés, est évident. L’Europe ne veut pas le savoir, détourne les yeux, brandit le traité de Schengen précisant que c’est au «pays d’accueil» de régler le problème. La plus égoïste des politiques de l’autruche !

Alors, quelle solution ? C’est vrai, l’Europe ne peut accueillir tout le monde. La France compte 4 millions de demandeurs d’emploi dont presque un million ne sont pas originaires de l’UE. En même temps, entre 150 000 emplois proposés (selon les syndicats) et 500 000 (selon le Medef) ne trouvent pas acquéreurs. Aussi, paraît-il, parce qu’ils ne sont pas ouverts à l’immigration légale. Chez nos voisins, la situation n’est guère différente. Pourtant, et quel paradoxe, toute l’Europe s’accorde à dire que l’immigration est nécessaire, ne serait-ce que pour faire face au vieillissement des populations. Mais... chut. Le sujet est tabou en période préélectorale. Reste la meilleure des solutions, du moins sur le papier : aider les pays d’émigration pour que leurs habitants puissent se construire un avenir économique sur place. Avec toutefois un nouveau risque à la clé : celui de la délocalisation d’entreprises.

La question de l’immigration sous ses multiples facettes mérite une vraie politique européenne, une politique commune aux 27. Encore faut-il la définir, avoir une vision à long terme, faire preuve de volonté... L’Europe en est-elle capable ? Elle ne sait même pas parer au plus pressé en revoyant Schengen de fond en comble. Un traité qui comme tant d’autres (les textes définissant la «gouvernance» de l’euro, par exemple) ne vaut que par beau temps. Pas quand souffle la tempête...

Les plans de sauvetage, un jeu dangereux

Après la Grèce et l’Irlande, c’est au tour du Portugal de demander une aide à l’UE et au FMI. Mais ne finira-t-on pas par tuer l'euro en soutenant un pays endetté avec l’argent d'autres pays endettés ? Un éditorialiste slovaque ne comprend pas à quel jeu joue l’UE. 

En apprenant que le Portugal a demandé l’aide [du FMI et de l’UE], trois points m’ont littéralement coupé le souffle.
Le premier, c’est l’insoutenable légèreté avec laquelle certains hommes politiques européens quémandent et celle avec laquelle d’autres hommes politiques accordent des sommes astronomiques puisées dans des fonds publics.
A titre d'exemple, le montant demandé par le petit Portugal couvrirait en une seule fois  les coûts de fabrication de 2400 nouveaux kilomètres d’autoroute (pour mémoire, nos dirigeants se couvrent eux-mêmes d’éloges lorsqu’ils parviennent à annoncer 50 ou 100 nouveaux km en quatre ans).

Le gaspillage a continué, tirant l'Europe entière vers le fond

D’autre part, le Portugal demande ces dizaines de milliards d’euros précisément aux autres pays européens, eux-mêmes tous endettés. Et croyez-vous que cela les gêne le moins du monde ?  Pensez-vous ! Ils préconisent même un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) afin de répondre à d’autres éventuelles demandes de pays en faillite. Les dettes se voient allègrement couvertes par de nouvelles dettes. Vous comprenez cela ? Moi pas.
Le deuxième, c’est cette insupportable tendance qu’ont les pays européens à avoir bien conscience de leurs problèmes sans chercher à les résoudre depuis des décennies, mais au contraire en les amplifiant. Le Portugal, pour revenir à lui, a été le premier à enfreindre le Pacte de stabilité dès 2001.
Que s’est-il passé ? Des sanctions découlant naturellement du Pacte de stabilité ont-elles contraint le Portugal à un retour à la raison ? Absolument pas. Le gaspillage a continué, si bien que, dix ans plus tard, Lisbonne n’a en rien assaini ses finances, mais, de fait, elle a fait faillite. La violation d’une règle n’est donc pas punie, mais bien tolérée, même si cela tire l’Europe entière vers le fond. Vous comprenez cela ? Moi pas.

La planification communiste revient par le fenêtre de l'UE

Le troisième, ce sont les conséquences isoutenables que ces dettes colossales en Europe sont en train de provoquer. Les pays européens ne s’endettent pas pour investir dans l’éducation, dans la recherche ou encore dans d’ambitieux projets promettant de futurs retours sur investissement : le gros des dettes européennes provient d’un excès de consommation, de prestations sociales disproportionnées, de retraites non provisionnées, d’un secteur public hypertrophié et surtout d’un niveau de vie bien au-dessus des moyens de millions de personnes.
Les dettes ne sont donc pas contractées au nom d’un avenir meilleur, mais elles hypothèquent cet avenir. Pourtant, loin de susciter une quelconque hostilité, elles sont plutôt approuvées. Vous comprenez cela ? Moi pas.
Le Portugal ne discute pas de l'adoption des réformes, il vient justement de les rejeter. Il réclame 80 milliards d’euros. Il les aura. Sa dette, comme c’est le cas de la Grèce, ne fera qu’augmenter. Il ne la remboursera jamais et la dette de tous les autres pays européens qui financent ce sauvetage va augmenter simultanément.
Telle est l’Europe d’aujourd’hui — autrefois au premier rang mondial — persuadée qu’elle est que sueur et larmes appartiennent au passé, et qu’il suffit de déplacer d’en haut des milliards fictifs d’un FESF à l’autre pour garantir sa prospérité. Je n’ai pas l’habitude de comparer Bruxelles à Moscou. Elles ne correspondent à rien. Mais je crains néanmoins que la planification centrale chère aux communistes, expulsée par la porte de Novembre [1989], nous revienne en pleine figure par la fenêtre de l’UE.

Le vrai danger : ceux qui imposent leur rêve d'un Euro-Etat

Je sais que ce qui est en jeu en Europe, c’est bien plus que l’euro. Je suis conscient du fait que l’Europe sans solidarité a souvent été une Europe belliqueuse. Je sais aussi que le Fonds européen de stabilité financière et ses prêts astronomiques ont pour but de sauver non seulement les trois pays endettés de la zone euro, mais aussi, sans doute, le projet européen tout entier.
Et là réside précisément le cœur du conflit : peut-on sauver la coopération européenne en s’appuyant sur une idée qui semble erronée ? Autrement dit, la paix et la prospérité en Europe ne sont-elles pas davantage menacés par ceux-là même qui, souvent contre la volonté de nations entières, imposent leur rêve de l’Euro-Etat, plutôt que par d’autres qui, depuis le début, affirment qu’une coopération raisonnable au sein de l’Europe ne repose pas nécessairement  sur une monnaie commune, sur des impôts communs, ni sur un grand ministère des Finances omnipotent, mais plutôt sur des règles de fair-play et une compétition dans la diversité ?
Après le petit Portugal, ce sera au tour de la grande Espagne et de la grande Italie. On sera alors au bord de la désintégration de la zone euro. Derrière elle se profilera un le scénario du retour, aujourd’hui inimaginable, à la couronne slovaque. Ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Sauf une : avec la fin des euro-illusions s’achèvera aussi la fuite en avant, couronnée de succès, de la Slovaquie devant son propre vide.

Que peuvent vraiment les Vrais Finlandais ?

Les 19% obtenus par le parti populiste de Timo Soini, le 17 avril, sont un séisme politique national et un souci pour les Européens. Mais il va devoir négocier pour imposer ses idées, et rester uni. Ce qui ne va pas de soi, observe le quotidien Aamulehti. 

Le paysage politique finlandais a complètement changé en un instant quand le parti de Timo Soini, les Vrais Finlandais, sont sortis grands vainqueurs des élections, obtenant 19% des voix contre à peine 4% en 2007. La Coalition nationale, qui obtient 20,4% des voix, est le plus grand parti depuis des années, mais que peut fait son président et actuel ministre des Finances, Jyrki Katainen?
 
Si l'on regarde seulement le résultat du scrutin, la Finlande devrait avoir avant mi-juin un gouvernement avec Katainen, Soini et Jutta Urpilainen, la présidente du Parti social-démocrate, qui rassemble 19,1% des suffrages. Mais Katainen, qui dirige les négociations, se trouve devant une affaire difficile. Les différences de pourcentages entre les partis sont minimales, et le grand champion Soini va rester ferme sur ses objectifs.
Beaucoup de négociations serrées vont se dérouler avant que Katainen, Urpilainen et Soini ne puissent signer le programme du futur gouvernement. Le paquet de sauvetage du Portugal est au centre de la bataille. Les opinions du SDP et des Vrais Finlandais sont connues: les deux partis s'opposent à une aide financière européenne, mais que va faire la Coalition nationale?

La défaite du centre est aussi un évènement historique

Si Bruxelles ne bouge pas et que Katainen ne change pas d’avis, Soini et Urpilainen vont-ils former le gouvernement à deux ? La situation est compliquée, car Soini doit faire partie du jeu, et le parti du Centre doit aller dans l’opposition. La défaite du Centre – le parti du Premier ministre sortant n'obtient que 15,8% – est un évènement historiquement aussi important que la victoire des Vrais Finlandais.
 
L’analyse du résultat de l’élection va prendre encore du temps. Il est trop tôt pour dire si la politique en Finlande va vraiment changer, ou si la route de Soini sera identique à celle de son prédécesseur Veikko Vennamo. Car quand Vennamo était le président du parti, il avait obtenu un bon score aux élections, mais le parti s'est très vite usé.
Après leur victoire, les Vrais Finlandais ont des espoirs énormes. Si le parti ne reste pas uni, la mission de Soini sera très difficile. La coopération entre partis peut réussir si les nouveaux députés des Vrais Finlandais restent disciplinés et ont un sens de la realpolitik.
Le résultat du scrutin indique un désir de changement. Le risque est que si Soini n’arrive pas à tenir son parti et que si la coopération ne réussit pas, cela sera aussi mépriser le désir du peuple. La victoire est énorme, mais avec la bataille post-électorale, elle va perdre ses fruits.

Vu de Berlin

L'UE sous pression

"Le triomphe des populistes de droite finlandais pourrait créer un problème pour  l’UE", s'inquiète Die Welt, qui rappelle que le chef des Vrais Finlandais, Timo Soini a déclaré que "nous avons été trop doux face à l’Europe. Cela doit changer". Alors que son parti pourrait participer au gouvernement, le quotidien allemand note que "le fonds de sauvetage financier ne peut être efficace que si tous les membres de l’UE le soutiennent à unanimité". Or les Vrais Finlandais ont exclu catégoriquement de soutenir les "gaspilleurs de l’UE". Evoquant les discussions sur l'aide au Portugal en crise, Jyrki Katainen, actuel ministre des Finances finlandais et chef de la Coalition nationale, le parti arrivé en tête du scrutin, a annoncé que "s’il y a des gens raisonnables autour de la table et que l'on discute des intérêts de la Finlande, on trouve toujours des solutions."

Le tube et le dentifrice


Avec la déclaration conjointe des présidents américains et français, et du premier ministre britannique, les opérations militaires  en Libye semblent,  sans que les Parlements de ces trois  pays  en aient débattu,  entrer dans une nouvelle phase : il ne s’agit plus de protéger la vie de civils menacés,  comme le demandait   la résolution numéro 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU, mais de se débarrasser de Kadhafi. Cette stratégie, réaffirmée à Doha par les chefs d’Etat de la coalition,  ne semble pourtant pas faire l’unanimité : les dirigeants de l’Inde, du Brésil, de Chine,  de Russie et d’Afrique du Sud, réunis à Sanya  en Chine,  (dans une réunion historique, parce qu’elle constitue  la première manifestation  d’une  volonté stratégique   cohérente de ces cinq pays représentant la moitié de la population de la planète) s’y sont fermement opposés.  Et même les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan, réunis à Berlin,  sont restés réticents.  Les Américains eux-mêmes ne sont semblent pas enthousiastes et  ont retiré la cinquantaine de chasseurs-bombardiers qui étaient en opération ; peu de pays se précipitent pour les remplacer.  Seuls Paris et Londres  prônent vraiment  l’intensification des opérations aériennes.  
 A supposer même qu’on arrive à les poursuivre, elles  ne suffiront  pas : sans une action au sol, il est peu vraisemblable que les révoltés  puissent renverser Kadhafi, ni même sauvegarder la fragile indépendance de la région de Bengazi. De fait, le Conseil national de transition, organe de commandement des révoltés, demande que la coalition lui fournisse des armes, pour mener leurs combats  au sol ;  certains Etats, plus ou moins discrètement, s’y sont déjà engagés. On peut le comprendre : c’est dans la logique de l’action engagée, au grand dam des responsables des budgets, sous  les pressions conjuguées de journalistes, de  diplomates, de militaires et de marchands d’armes.
  C’est oublier les leçons du passé   : en Afghanistan, les armes  fournies  par Washington  aux talibans pour les aider dans leur combat contre  Moscou ont été retournées contre les Américains dès   les troupes soviétiques vaincues. Déjà, on voit accourir en Libye, des deux cotés, des combattants volontaires, dont le seul intérêt est justement de se procurer des armes et de s’aguerrir   pour d’autres luttes.
Cet engrenage n’est pas propre à la Libye. On retrouve cela dans d’autres pays.  Par exemple, en Cote d’Ivoire, où les armes  distribuées aux combattants des deux camps vont maintenant se perdre dans la nature et se retrouver dans les mains les plus diverses, en particulier dans celles des groupes de l’AQMI, en Mauritanie, au Mali, au Tchad, ou ailleurs. On  le retrouvera aussi   partout  où des peuples ne réussiront pas à se libérer seuls d’un dictateur.
Plus généralement, quand le dentifrice est sorti du tube, il est impossible de l’y faire rentrer. Il ne faut donc surtout pas armer des groupes incertains. Mais comme on ne peut évidemment pas espérer gagner cette guerre   simplement avec des frappes aériennes, ni   s’arrêter de le faire pour  se résoudre à revenir ultérieurement bombarder les forces de Kadhafi dès qu’elles reprendront du terrain, il faudrait, en toute logique,  envoyer  des troupes  occidentales au sol, pour  gagner  cette bataille. Impossible ? Evidemment ! Il n’y a pas de solution ? Non, il n’y en a pas. Et on aurait du y penser avant.
j@attali.com

"Printemps arabe" : réussir la révolution économique

Syrie, Libye, Yémen... : suivant l'exemple de la Tunisie et de l'Egypte, les peuples du monde arabe se battent jour après jour pour plus de liberté et de justice.
Des centaines de milliers de jeunes diplômés et des régions entières n'en peuvent plus d'être tenus à l'écart du développement, et d'assister à la prospérité insolente des bénéficiaires des systèmes de rente créés dans les activités de matières premières, d'importation ou de services, et de subir les conséquences du positionnement low cost - à bas coûts - social comme fiscal de leurs pays dans l'économie mondiale.
"Les révolutions cassent le modèle économique dominant actuellement : libéralisation économique faciale, avec déclin du rôle de l'Etat, mais fermeture sociale et politique, sans liberté d'expression et sans redevabilité des gouvernants. Les pays arabes ont ainsi connu le pire des modèles économiques, qualifié de "crony capitalism", le capitalisme des copains", explique Samir Aita, président du Cercle des économistes arabes et rédacteur en chef de l'édition arabe du Monde diplomatique.
Les peuples arabes demandent d'accéder à un modèle économique équitable et viable, porteur de perspectives.
URGENCE SOCIALE EN TUNISIE
Or, l'urgence sociale s'impose déjà, par exemple en Tunisie, où la chute de l'activité touristique se conjugue aux tensions dans les entreprises autrefois détenues par les membres des clans déchus, aux revendications d'un meilleur traitement maintenant que le couvercle de la dictature a sauté...
Etat de droit, dialogue social, investissements massifs, intégration régionale : les clefs du succès économique du "printemps arabe" nécessiteront des actions résolues mais aussi un soutien de tous les pays attachés au succès des révolutions démocratiques.
Bouleversées par la révolution, les économies tunisienne ou égyptienne font face à des urgences : récupérer et gérer les avoirs de l'ancien régime, affronter des mouvements de grève et d'insatisfaction. "Dès que les révolutions ont, d'un côté enlevé la chape du sommet du pouvoir et les privilèges de ses hommes de main, et qu'elles ont libéré de l'autre côté l'expression sociale, tous les mécanismes de fond du modèle dominant sont devenus caducs. On peut alors être surpris des évolutions et des mouvements sociaux en cours ; mais ils ne représentent que la recherche d'un nouvel équilibre, d'un nouveau modèle socio-économique. Et cela va prendre du temps", analyse M. Aita.
Pendant la transition, les finances publiques sont aussi soumises à de fortes contraintes, avec la baisse des entrées de devises et des recettes fiscales.
M. Aita recommande aux gouvernements d'instaurer des formes de contrôle des changes, et de s'endetter auprès du système bancaire - compte tenu de l'importance de l'épargne locale - plutôt que sur des marchés de capitaux toujours méfiants pendant les périodes de changement politique.
Mais là aussi, les perturbations devraient déboucher sur un nouvel équilibre : "Le produit de l'impôt indirect est supérieur à l'impôt direct : les entreprises et les hauts revenus échappent à la fiscalité parce qu'ils sont liés aux pouvoirs politiques. Cela veut dire qu'il y a une base fiscale à exploiter pour des Etats de droit et démocratiques", signale Lahcen Achy, économiste au Carnegie Middle East à Beyrouth.
Le nouvel environnement qui se dessine ainsi appelle une stratégie à plus long terme dans le but de satisfaire les besoins économiques et sociaux laissés en friche : sortir d'une approche favorisant les zones franches et le travail à bas coût - qui a notamment souffert de la concurrence chinoise -, développer le marché intérieur, améliorer les infrastructures, aménager le territoire...
FAIRE SAUTER LES BARRIÈRES
"Le vrai problème des économies arabes est la transition vers une industrie - jusqu'ici dominée par les activités exigeant une main-d'oeuvre importante -, vers des produits de haute technologie. Il y a bien eu des tentatives de montée en gamme dans la "supply chain" (chaîne d'approvisionnement) occidentale : usine Renault au Maroc, sous-traitants aéronautiques en Tunisie, centres d'appels... Mais elles n'ont pas suffisamment pris le relais d'une industrie textile où dominent les bas salaires, ou d'un tourisme en difficulté à cause de la crise mondiale", estime l'économiste Hakim Ben Hammouda.
Cent mille emplois par an ont été créés par les investissements directs étrangers depuis 2003, et 200 000 à 300 000 en comptant les emplois indirects, selon Anima, agence de promotion des investissements dans la zone méditerranéenne. Mais ces chiffres restent plus de dix fois inférieurs aux besoins...
"La Corée du Sud était dans le textile dans les années 1960, mais elle a commencé la transition technologique par des investissements massifs dès les années 1970, et il lui a fallu dix ans pour en arriver là où elle en est. Il faudra plus de dix ans aux pays arabes pour mener cette montée en gamme", ajoute M. Ben Hammouda.
Une stratégie d'investissements locaux massifs - notamment en infrastructures et en formation - permettrait de développer à la fois l'offre de produits et de services, mais aussi le marché intérieur. Elle semble donc indispensable pour réaliser le potentiel économique de ces pays.
Ces investissements pourraient être soutenus, dans une sorte de "plan Marshall" (lancé par les Etats-Unis après la seconde guerre mondiale, celui-ci avait financé la reconstruction de l'Europe de l'Ouest), par les pays soucieux de conforter l'avènement de la démocratie.
Mais les économies arabes ont aussi un énorme gisement de croissance enfoui à développer. Les évolutions et les révolutions démocratiques, si elles prospèrent dans la région, pourraient faire sauter les barrières que les nationalismes ou les différences de régimes ont dressées jusqu'ici.
RESSOURCES PROPICES À UNE CROISSANCE FORTE
Le Golfe, le Maghreb et le pourtour méditerranéen sont dotés, globalement, des ressources humaines, entrepreneuriales, financières et en matières premières propices à un régime de croissance très fort : "Les pays du Maghreb, l'Egypte et la Turquie ont beaucoup à gagner s'ils s'ouvrent ensemble et s'intègrent économiquement : beaucoup plus qu'à une intégration vers le Nord, laquelle ne peut d'ailleurs être relancée efficacement qu'à cette condition d'une intégration préalable sud-sud et sud-est", souligne El Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à Paris-Dauphine.
"Les accords de libre-échange avec l'Union européenne de 1995 - le processus de Barcelone - n'ont en rien permis de développer les économies maghrébines. Déséquilibrés, ils étaient surtout une légitimation politique des régimes en place, en échange d'une police de l'immigration. Et le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) reste un mythe", ajoute-t-il.
Des investissements massifs, une stratégie de montée en gamme, une intégration régionale : le vent de la liberté qui souffle aujourd'hui pourrait rendre ces pistes possibles.
Aujourd'hui, souligne Bénédict de Saint-Laurent, conseiller économique d'Anima, "Les grands groupes privés locaux, quand ils existent (Egypte, Maroc, Tunisie), ont un actionnariat familial et une structure verticale : ils sous-traitent à l'intérieur du groupe, ce qui étouffe l'innovation technologique ou de marché. "
Ces blocages peuvent sauter : "Les "révolutions" arabes libèrent des énergies économiques nouvelles", souligne Samir Aita. Comme après les indépendances, rappelle-t-il, où la croissance a été très soutenue pendant une à deux décennie : bien plus que ces dernières années.

Pour en savoir plus

- "Printemps arabe": réussir la révolution économique, par Antoine Reverchon et Adrien de Tricornot.
- Le Moyen-Orient, nouvelle terre de conquête d'une Turquie en forte croissance, par Guillaume Perrier.
- Questions-réponses: le printemps arabe, les revenus pétroliers et la flambée des prix alimentaires.
- L'économie tunisienne suspendue à la reprise du secteur du tourisme, par François Bostnavaron.
- Entretien avec Elyès Jouini, vice-président de l'université Paris-Dauphine: "démontrer à tous que le choix de la démocratie est un choix gagnant", propos recueillis par Adrien de Tricornot.