mercredi 1 mai 2013
De l’espèce humaine
De l’espèce humaine
Roselyne Bachelot vient ainsi de déclarer de Claude Guéant qu’il était « soit menteur, soit voleur« . Dans l’ordre de l’insulte, il est difficile de faire pire. Moi j’ai vu cette dame, ministre de Jaques Chirac puis de Nicolas Sarkozy, pendant des années où j’étais à l’Elysée, tout sourire quand elle s’adressait au puissant secrétaire général de la présidence de la République, réputé faire ou défaire les carrières des ministres. Maintenant que ce dernier est à terre et inoffensif, il fait bon de s’acheter une petite gloriole médiatique en lui portant le coup de grâce. On croyait avoir tout vu mais non… L’espèce humaine est décidément un puits sans fond.
L'inévitable confrontation
Claude Bartolone a pourtant raison : il faudra bien à un moment une confrontation avec l'Allemagne. L'avenir de l'Europe en dépend
Et pourtant, elle aura lieu ! Sauf à ne plus savoir ce que disent les mots, il faudra bien à un moment ou un autre une « confrontation » avec l'Allemagne d'Angela Merkel. François Hollande, reprenant à son compte les critiques faites à « Merkozy », l'avait promise. Avant de se dégonfler totalement, jusqu'à devenir inexistant sur la scène européenne.
Partout dans le monde, l'Europe est appelée à arrêter le massacre. On compte aujourd'hui plus de 6 millions de chômeurs en Espagne, plus de 3 millions en France, près de 3 millions en Italie et 1,2 million en Grèce. Plus ces pays suivent les mesures d'austérité, plus ils s'enfoncent. Tous comptent sur un redressement de leurs exportations alors que la demande, même pas soutenue par les pays du Nord, Allemagne en tête, est atone. Il faut desserrer l'étau, inviter les pays du Nord à assumer leur formidable réussite économique. Leur faire admettre que l'euro ne peut pas n'être qu'un piège à compétitivité, leur faire comprendre que l'Europe, dont ils tirent aujourd'hui des profits colossaux, ne peut continuer à prospérer que si elle n'est pas seulement une zone de libre-échange mais aussi un espace de solidarité. Bien sûr, les pays du Sud doivent purger leurs excès. Bien sûr, l'Allemagne n'a volé personne. Mais rien ne sert de précipiter l'ajustement, et de précipiter par la même occasion une crise qui, au final, finira par rattraper l'Allemagne, elle-même. La crise est économique, mais aussi politique. Déjà défiantes, les opinions publiques se détournent chaque jour un peu plus de l'idée européenne. La pensée unique, qui sert aujourd'hui aux aboyeurs contre Claude Bartolone, ne suffira pas à les tenir. Il faut donc confronter au plus vite les situations relatives de chaque pays, confronter les idées pour trouver une solution qui ne satisfasse au final qu'une seule entité : l'Europe.
Partout dans le monde, l'Europe est appelée à arrêter le massacre. On compte aujourd'hui plus de 6 millions de chômeurs en Espagne, plus de 3 millions en France, près de 3 millions en Italie et 1,2 million en Grèce. Plus ces pays suivent les mesures d'austérité, plus ils s'enfoncent. Tous comptent sur un redressement de leurs exportations alors que la demande, même pas soutenue par les pays du Nord, Allemagne en tête, est atone. Il faut desserrer l'étau, inviter les pays du Nord à assumer leur formidable réussite économique. Leur faire admettre que l'euro ne peut pas n'être qu'un piège à compétitivité, leur faire comprendre que l'Europe, dont ils tirent aujourd'hui des profits colossaux, ne peut continuer à prospérer que si elle n'est pas seulement une zone de libre-échange mais aussi un espace de solidarité. Bien sûr, les pays du Sud doivent purger leurs excès. Bien sûr, l'Allemagne n'a volé personne. Mais rien ne sert de précipiter l'ajustement, et de précipiter par la même occasion une crise qui, au final, finira par rattraper l'Allemagne, elle-même. La crise est économique, mais aussi politique. Déjà défiantes, les opinions publiques se détournent chaque jour un peu plus de l'idée européenne. La pensée unique, qui sert aujourd'hui aux aboyeurs contre Claude Bartolone, ne suffira pas à les tenir. Il faut donc confronter au plus vite les situations relatives de chaque pays, confronter les idées pour trouver une solution qui ne satisfasse au final qu'une seule entité : l'Europe.
L'artisan, un héros bien malmené
En refusant de réformer le statut de l'auto-entrepreneur, l'État a confirmé un choix de société : des groupes d'un côté et des bricoleurs de l'autre
L'artisan pourrait être au cœur de tous les discours. Lui qui travaille de ses mains, lui qui dispose d'un vrai savoir-faire, lui qui est installé sur le territoire, lui dont l'emploi ne se délocalise pas, il pourrait être propulsé héros des temps modernes. Comme il a le mérite de plus en plus d'avoir de l'ambition, d'innover, d'oser, il pourrait être paré de toutes les vertus. Les nouveaux artisans ne sont plus de ceux qui se contentent de perpétuer leur savoir-faire. Ils sont capables d'innover, de monter en franchises leurs succès locaux et de les faire prospérer. L'arme anti-crise, là voilà. Elle est là, diffuse sur le territoire, ne demandant qu'à se développer. Il n'y aurait plus qu'à et pourtant… rien du tout !
Promise par François Hollande, la réforme du statut d'auto-entrepreneur n'aura pas lieu. Les métiers du bâtiment sont pourtant soumis à une double concurrence déloyale. Celle défiscalisée et déréglementée des auto-entrepreneurs et celle des grands groupes qui prennent tous les marchés d'importance, la faute à la massification des marchés publics, la faute à une réglementation de plus en plus complexe, taillée sur mesure pour ceux qui disposent de services juridiques permanents.
L'artisanat est pris à la gorge. Trop gros et trop petit à la fois, il est victime, en bas, d'une absence totale de réglementation et, en haut, d'une hyper réglementation. Il est grignoté par les deux bouts. L'État, lui, obsédé par des logiques technocratiques et tenu par quelques lobbys, refuse de voir et de savoir.
Tant pis pour la France. L'artisanat y survivra, mais son potentiel de croissance et de création de vrais emplois est clairement bridé. À Paris, à droite comme à gauche, on préfère des auto-entrepreneurs, presque toujours paupérisés, aux salariés de mieux en mieux protégés de l'artisanat. Un vrai choix de société.
Promise par François Hollande, la réforme du statut d'auto-entrepreneur n'aura pas lieu. Les métiers du bâtiment sont pourtant soumis à une double concurrence déloyale. Celle défiscalisée et déréglementée des auto-entrepreneurs et celle des grands groupes qui prennent tous les marchés d'importance, la faute à la massification des marchés publics, la faute à une réglementation de plus en plus complexe, taillée sur mesure pour ceux qui disposent de services juridiques permanents.
L'artisanat est pris à la gorge. Trop gros et trop petit à la fois, il est victime, en bas, d'une absence totale de réglementation et, en haut, d'une hyper réglementation. Il est grignoté par les deux bouts. L'État, lui, obsédé par des logiques technocratiques et tenu par quelques lobbys, refuse de voir et de savoir.
Tant pis pour la France. L'artisanat y survivra, mais son potentiel de croissance et de création de vrais emplois est clairement bridé. À Paris, à droite comme à gauche, on préfère des auto-entrepreneurs, presque toujours paupérisés, aux salariés de mieux en mieux protégés de l'artisanat. Un vrai choix de société.
La leçon de Soros à l'Allemagne
Tombeur de la livre sterling, George Soros invite l'Allemagne à éviter le pire : soit elle accepte les euro-bonds, soit elle part
« Il est capital que l'Allemagne procède à un choix définitif entre une acceptation des euro-bonds et un départ de la zone euro. » George Soros, financier philanthrope qui a fait tomber la livre sterling en 1992, n'y va pas par quatre chemins. Lors d'une conférence donnée la semaine dernière à Francfort, il a rappelé quelques vérités toutes simples mais dont personne en Europe ne semble avoir conscience.
Oui, l'Allemagne a bien joué. Elle a tiré pleinement profit de l'euro en menant une politique de compétitivité agressive. Comme les autres, au même moment, jouaient les cigales, la crise de l'euro était inéluctable. Comment en sortir ? En faisant comme l'Allemagne ? « Les réformes budgétaires et structurelles menées en 2006 par le gouvernement Schroeder ont en effet fonctionné », reconnaît George Soros mais « l'austérité fonctionne en augmentant les exportations tout en réduisant les importations. Or, lorsque tout le monde effectue la même démarche, cela ne fonctionne tout simplement pas. »
Les pays du Sud, écrasés par le poids de la dette, n'ont donc aucune chance de se redresser. Comme une sortie de l'euro des pays défaillants, un par un, serait une catastrophe, George Soros ne voit plus que deux solutions : où l'Allemagne accepte les euro-bonds, c'est-à-dire une mutualisation de la dette publique européenne, où elle sort de l'euro. Dans ce cas, l'euro se déprécierait immédiatement. Les pays du Sud retrouveraient leur compétitivité et… pourraient émettre des euro-bonds. Évidemment, si l'Allemagne reste dans l'euro, il faudra mettre des conditions à l'emploi des euro-bonds, mais ça n'a rien d'insurmontable. Dans tous les cas, il faut que l'Allemagne choisisse, sinon l'Europe tout entière va sombrer dans une interminable crise. George Soros prévient : « Plus les Allemands tarderont, plus lourds seront les dégâts. »
Oui, l'Allemagne a bien joué. Elle a tiré pleinement profit de l'euro en menant une politique de compétitivité agressive. Comme les autres, au même moment, jouaient les cigales, la crise de l'euro était inéluctable. Comment en sortir ? En faisant comme l'Allemagne ? « Les réformes budgétaires et structurelles menées en 2006 par le gouvernement Schroeder ont en effet fonctionné », reconnaît George Soros mais « l'austérité fonctionne en augmentant les exportations tout en réduisant les importations. Or, lorsque tout le monde effectue la même démarche, cela ne fonctionne tout simplement pas. »
Les pays du Sud, écrasés par le poids de la dette, n'ont donc aucune chance de se redresser. Comme une sortie de l'euro des pays défaillants, un par un, serait une catastrophe, George Soros ne voit plus que deux solutions : où l'Allemagne accepte les euro-bonds, c'est-à-dire une mutualisation de la dette publique européenne, où elle sort de l'euro. Dans ce cas, l'euro se déprécierait immédiatement. Les pays du Sud retrouveraient leur compétitivité et… pourraient émettre des euro-bonds. Évidemment, si l'Allemagne reste dans l'euro, il faudra mettre des conditions à l'emploi des euro-bonds, mais ça n'a rien d'insurmontable. Dans tous les cas, il faut que l'Allemagne choisisse, sinon l'Europe tout entière va sombrer dans une interminable crise. George Soros prévient : « Plus les Allemands tarderont, plus lourds seront les dégâts. »
Le double langage de François Hollande aux entrepreneurs
Le chef de l'État sait que les entreprises sont les seules à pouvoir améliorer la situation du chômage. Il a annoncé une batterie de mesures. Dans le même temps, le PS dépose une proposition de loi sur la cession des sites rentables critiquée par les patrons.
La journée de lundi ne se voulait pas une simple opération séduction. Ce devait être le point de départ d'une nouvelle relation entre des chefs d'entreprise, animés par un sentiment de défiance, et un président de la République bien conscient qu'il ne peut se couper de la seule population capable d'améliorer la situation de l'emploi. C'est donc le chef de l'État en personne qui a prononcé le discours de clôture des Assises de l'entrepreneuriat et a annoncé «un plan d'ensemble» - découlant des propositions des neuf groupes de travail mis en place en janvier dernier - visant à «valoriser la place de l'entrepreneur dans la société française» et à «soutenir le financement et le développement des entreprises».
Que des clôtures d'Assises se déroulent dans la salle des fêtes de l'Élysée, c'est suffisamment «rare» pour que l'entourage du chef de l'État le souligne. «Je tenais à m'adresser directement à vous qui prenez chaque jour des risques pour notre économie et pour l'emploi», a d'ailleurs souligné François Hollande, souriant, devant 300 patrons. Tout en relevant, dans une allocution largement teintée de libéralisme, que «notre société doit valoriser la réussite sous toutes ses formes, le talent quel que soit son domaine. Et la performance quelle que soit la taille de l'entreprise».
«Ce qui est nouveau, c'est que la gauche adopte un discours à ce point positif sur le rôle de l'entrepreneuriat ; c'est un signal fort et important», analysait-on hier à l'Élysée.
Il faut dire que François Hollande avait, aux yeux des dirigeants, beaucoup à se faire pardonner. Une campagne durant laquelle les entreprises et les riches ont été pris pour cible fiscale ; se faire pardonner ensuite la mise en place d'une taxe à 75 % pour les hauts revenus, un «symbole» pour la gauche ayant stigmatisé la réussite, la prise de risque et dégradé l'attractivité du pays ; ou encore se faire pardonner l'épisode désormais célèbre des «pigeons» - ces patrons de start-up qui ont pris de plein fouet une réforme sur les plus-values de cessions, provoquant un large mouvement de révolte sur les réseaux sociaux. Autant d'épisodes qui, durant des mois, ont brouillé les messages du gouvernement qui se voulait pro-entreprises, à l'image de la création du crédit d'impôt compétitivité ou la création de la Banque publique d'investissement.
«Revenir sur les malentendus»
Pour joindre les actes à la parole, le chef de l'État a donc annoncé hier toute une série de mesures, allant de la sensibilisation de l'entrepreneuriat à l'école, en passant par la création d'un «visa entrepreneur» ou encore l'amélioration du statut de la Jeune entreprise innovante. Surtout, François Hollande a mis un point final au désaccord profond qu'il avait avec les «pigeons» sur la fiscalité (voir ci-dessous). «Je veux revenir sur les malentendus qui ont pu apparaître à l'automne dernier», a insisté François Hollande.
C'est vrai «il a pu y avoir par le passé des malentendus, voire des maladresses», admettait hier la ministre des PME, de l'Innovation et du Numérique, Fleur Pellerin. Mais celle-ci veut désormais croire que «les choses sont claires: le chemin du redressement économique, celui qui nous permettra de remporter la bataille de l'emploi et de la cohésion sociale, ce chemin - que nous prenons résolument -, c'est celui de soutien aux entreprises françaises», a-t-elle dit lors du discours d'ouverture des Assises.
Au-delà de la journée de lundi, c'est un travail de reconquête, patron par patron, secteur par secteur, que l'exécutif a entrepris. François Hollande s'est mis à voir régulièrement des chefs d'entreprise, en dehors des situations précises qui nécessitent qu'un dirigeant soit reçu au Palais. Juste pour prendre le pouls. Hier encore, il déjeunait avec Jean-Dominique Senard (président de la gérance du Groupe Michelin), Gilles Schnepp (PDG de Legrand) et Thierry de La Tour d'Artaise (PDG du Groupe SEB) notamment. «Il est affable, écoute, s'intéresse, pose des questions sur la stratégie choisie par l'entreprise ; mais on sait rarement ce qu'il pense», conclut néanmoins un grand patron, récemment invité à sa table.
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