Réforme des retraites : ce que ferait l'opposition
Le mouvement contre la réforme des retraites semble marquer le pas et, dans les manifestations, les opposants au texte entendent prendre leur revanche dans les urnes en 2012. Si le Parti socialiste et les autres partis de gauche sont présents dans les cortèges, ils ne proposent pas les mêmes solutions au problème du financement des régimes de retraites. Un seul point fait consensus : la "méthode Sarkozy" est jugée brutale et unilatérale, et tous promettent de véritables négociations avec les syndicats. Revue des principales positions de la gauche et du centre sur le mouvement et la réforme des retraites.
|
LES PATHÉTIQUES DE GAUCHE. |
PARTI SOCIALISTE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
"La suite de la lutte, ça ne dépend pas que de nous, mais je pense que la mobilisation enjambera les vacances de la Toussaint", estime
Benoît Hamon, porte-parole du PS, qui a appelé à toutes les manifestations depuis le début du mouvement. Même après la journée d'action du 6 novembre, il faut
"continuer à dire en quoi le texte est mauvais et exiger de vraies négociations". Sur les grèves, Benoît Hamon
"comprend que la répétition, avec les jours non payés, soit difficile pour certains", mais soutient les décisions de l'intersyndicale. Et rappelle que le PS n'entend pas cesser la bataille politique :
"Nous avons déposé un recours au Conseil constitutionnel, pour poursuivre la bataille sur le terrain juridique."
Le PS demande en premier lieu la non-promulgation du texte pour permettre
"l'ouverture de négociations qui remettent tout à plat", rappelle Benoît Hamon.
Quelle réforme en 2012 ?
Dans son
contre-projet sur la réforme des retraites, le PS propose un retour à l'âge légal de départ à 60 ans et à 65 ans pour la retraite à taux plein. Il défend également une prise en compte de la pénibilité plus importante que celle prévue par le gouvernement. Surtout, rappelle M. Hamon, il insiste sur une
"meilleure répartition du financement entre capital et travail", avec une mise à contribution des revenus du capital et une augmentation
"modérée et étalée dans le temps" des cotisations patronales et salariales
.
Le PS prévoit également un allongement de la durée de cotisation, qui passerait à 41,5 ans d'ici à 2020. Lors d'un
"rendez-vous en 2025", une nouvelle augmentation est envisagée,
"limitée à la moitié des gains de l'espérance de vie". Martine Aubry s'est engagée à ce que la nouvelle réforme soit votée en 2013.
LES VERTS-EUROPE ÉCOLOGIE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
"Il faut attendre le 6 novembre pour voir si la mobilisation faiblit tant que cela, souffle
Jean-Vincent Placé, secrétaire national adjoint des Verts.
Et attendre de voir la suite, si des jeunes bougent notamment." Pascal Durand, délégué général
Europe Ecologie, est plus prudent, soulignant qu"
il ne [lui]
appartient pas en tant que parti de mener le mouvement, il faut être respectueux des syndicats et des manifestants. On soutient, appuie, relaie", rappelle-t-il.
Après le remaniement du gouvernement,
"le nouveau premier ministre devra s'interroger s'il veut ouvrir un nouveau round de négociations", estime Jean-Vincent Placé.
"Il y a eu des cas comme le CPE, de lois promulguées mais pas appliquées."
Quelle réforme en 2012 ?
"Il faut construire une alternative, une contre-réforme d'ici à 2012", affirme Pascal Durand.
Mais des divergences persistent au sein d'Europe Ecologie et des Verts, qui s'étaient illustrées par un accrochage entre
Daniel Cohn-Bendit et Jean-Vincent Placé au printemps dernier. Pascal Durand estime aujourd'hui que les écologistes doivent se distinguer
"en n'affirmant pas comme les autres partis avoir des solutions toutes faites, mais en construisant avec les syndicats, dès maintenant, en vue de 2012, une contre-réforme". En respectant le
"marqueur de solidarité" du départ à 60 ans, mais en ne disant pas non plus que
"tout est figé".
Jean-Vincent Placé renvoie lui vers la
"position officielle" du parti, plus marquée à gauche, qui prévoit notamment un retour à l'âge légal de départ à 60 ans et à 65 ans pour la retraite à taux plein. Il évoque même un retour à une durée de cotisation de quarante ans,
"un point à négocier avec nos partenaires, dont le PS". Pour assurer le financement, les
tracts des Verts proposent des
"solutions écologistes durables", de taxer les plus-values, les revenus boursiers et du patrimoine, de revenir sur les exonérations de taxation des heures supplémentaires et une hausse des cotisations sociales, patronales et salariales.
FRONT DE GAUCHE
Faut-il poursuivre le mouvement ?
Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) a été très clair, jeudi matin, sur
RTL :
"Le rendez-vous c'est le 6 novembre prochain et malheur à qui rompt les rangs au moment où l'intersyndicale nous appelle au combat." Pour le Parti de gauche comme pour le PCF, il faut poursuivre la mobilisation et soutenir les syndicats. Le Front de gauche a également lancé des collectes de soutien aux grévistes.
Pour Jean-Luc Mélenchon, le temps n'est pas à la présidentielle, mais bien à la poursuite du mouvement :
"Là, nous sommes dans la bataille, donc ce n'est pas le moment de commencer à spéculer sur demain, après-demain et le reste."
Quelle réforme en 2012 ?
Le Parti de gauche comme le Parti communiste, qui participent au Front de gauche, ont déjà annoncé qu'ils reviendraient sur toutes les mesures de l'actuelle réforme : retour sur le droit à la retraite à 60 ans et à 65 ans à taux plein. Les communistes veulent tenir compte de la pénibilité par branche d'activité pour permettre des départs anticipés. Les députés PCF et PG avaient déposé en septembre une
proposition de loi qui propose une réforme alternative à celle du gouvernement avec un changement radical du financement. Il s'agit notamment d'assujettir les revenus financiers des entreprises à une contribution d'assurance-vieillesse (30 milliards d'euros), de moduler les cotisations patronales selon que les entreprises privilégient l'emploi ou la spéculation, de revenir sur l'exonération des heures supplémentaires.
La proposition visait également à taxer d'avantage les stock-options, les parachutes dorés et autres indemnités de départ. Le Parti de gauche propose également (voir ses
propositions) d'
"assurer un taux de remplacement moyen d'au moins 75 % du dernier salaire".
MOUVEMENT DÉMOCRATE Faut-il poursuivre le mouvement ?
Le parti centriste n'a pas participé au mouvement contre la réforme des retraites, "
mais nous avons soutenu ceux qui considéraient comme nous que cette réforme est injuste et insuffisante", nuance
Robert Rochefort, vice-président du MoDem et responsable de l'économie au sein du "cabinet fantôme" du parti.
François Bayrou avait estimé, au début du mouvement, que le passage à 67 ans à taux plein était une injustice pour de nombreux salariés, notamment les femmes.
"Nous avons trouvé que les directions des syndicats ont été responsables", assure-t-il, même s'il souligne que
"le MoDem n'a pas trouvé que les blocages des raffineries était quelque chose de très astucieux. La mobilisation des jeunes a aussi pu sembler étrange". "On sent que le mouvement est en train de reculer et que les syndicats ont un problème pour gérer la fin de la mobilisation car le gouvernement les a pratiquement humiliés en ne lâchant rien", tranche-t-il.
Aujourd'hui,
"il ne faut pas ne pas promulguer le texte. C'est mauvais pour la démocratie", assure Robert Rochefort.
Quelle réforme en 2012 ?
Le MoDem assume le passage à 62 ans pour l'âge légal, étalé sur une durée de huit ans, mais prône un retour à 65 ans pour la retraite à taux plein. Comme le PS, il défend une augmentation de la durée de cotisation à 41,5 ans
. Le parti centriste envisage
"des taxes sur les revenus complémentaires au salaire, comme l'intéressement ou la participation", une
"hausse de la contribution des salariés et de la contribution des revenus du capital, dans une proportion similaire", souligne Robert Rochefort.
Le vice-président du MoDem
promet également que son parti
"réfléchira à la mise en place d'un système de retraite à points, qui permet de gagner des points en fonction qu'on travaille plus ou moins, au lieu de comptabiliser uniquement les trimestres". Sur le long terme, François Bayrou plaide depuis longtemps en faveur d'une refonte de tous les régimes de retraite, dont les régimes spéciaux, avec la mise en place d'une
"retraite à la carte". Une proposition qui figurait déjà dans ses
propositions en 2007.
MAINTENANT QU'ELLE EST PASSÉE, AUCUN PARTI POLITIQUE N'OSERA Y RETOUCHER.
FORFANTERIE ET DÉMAGOGIE : LES DEUX MAMELLES DE L'OPPOSITION